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14/07/2023

ANTONIO MAZZEO
L’OTAN sort du sommet de Vilnius plus riche, plus agressive et mieux armée

Antonio Mazzeo, Pagine Esteri, 12/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Si, au lieu du sommet de l’OTAN, la capitale lituanienne Vilnius avait accueilli des Jeux olympiques, le podium des vainqueurs aurait certainement accueilli le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, le président usaméricain Joe Biden et le président turc Recep Tayyip Erdoğan.

 Erdoğan, Stoltenberg et Ulf Kristersson à Vilnius. Photo Reuters

Le premier a été récompensé par une nouvelle prolongation de son mandat pour avoir élargi l’adhésion de jure à l’OTAN de la Finlande et de la Suède et l’adhésion de facto de la moitié du monde. Le second pour avoir imposé la vision géostratégique de Washington et du Pentagone à tous les alliés, en réaffirmant la suprématie militaire et nucléaire incontestée des USA et en transformant l’Union européenne et les puissances moyennes du vieux continent en distributeurs automatiques de billets pour financer la folle course mondiale aux armements. Le troisième pour avoir obtenu l’accord unanime des alliés sur le plan de liquidation de la question kurde à coups de raids et de bombes en échange d’un oui à l’entrée de la Suède, autrefois non-alignée, dans l’OTAN. 


 Le grand perdant des “Jeux olympiques” de Vilnius 2023 a été le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy : il s’attendait à être accueilli immédiatement et à bras ouverts par ceux qui lui garantissaient des armes et des munitions d’une valeur de dizaines et de dizaines de milliards d’euros pour les contre-offensives anti-Moscou, mais il a finalement été congédié avec un “on veut bien de toi, mais on se revoit demain” très mal digéré. Très décevantes ont été les performances des chefs diplomatiques et militaires de Londres, Paris, Berlin, Rome et Bruxelles, figurants opaques d’une compétition qui consacre la surpuissance du complexe militaro-industriel et nucléaire transnational, grand sponsor et divinité tutélaire de l’OTAN du troisième millénaire. Une alliance qui sort de Vilnius tout sauf monolithique, mais encore plus agressive et armée, de plus en plus antirusse et antichinoise, et plus prête à intervenir rapidement pour imposer la pax americana dans tous les coins de la planète.

Oliver Schopf, Autriche

 « L’entrée de la Finlande est une étape historique pour l’OTAN et nous serons encore plus grands et plus forts lorsque le processus d’adhésion de la Suède sera achevé », a souligné le secrétaire Jens Stoltenberg à l’issue du sommet qui s’est tenu sur le sol lituanien. « Nous sommes très heureux de l’engagement pris par le président turc de présenter le protocole de ratification de l’adhésion de la Suède à l’OTAN à l’assemblée parlementaire nationale dès que possible. La Turquie et la Suède continueront à coopérer dans la lutte contre le terrorisme. Les autorités de Stockholm ont modifié la constitution, changé les lois et augmenté de manière significative la coopération antiterroriste contre le PKK et repris les exportations d’armes vers la Turquie ». (1) Washington a également œuvré personnellement pour obtenir le feu vert d’Erdoğan à la 32e étoile suédoise de l’OTAN : à la veille du sommet de Vilnius, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a fait savoir au dirigeant turc qu’il était déterminé à autoriser le transfert de 40 chasseurs-bombardiers F-16 à Ankara, une commande attendue depuis plusieurs années par l’armée de l’air turque. (2)

Les invités d’honneur en Lituanie, aux côtés des chefs de gouvernement des deux nouveaux pays membres de l’alliance, étaient également les représentants de l’Union européenne, avec laquelle l’OTAN partage des missions stratégiques et des charges financières afin de renforcer les réseaux de production de guerre et d’infrastructure pour la mobilité des hommes et des moyens militaires, les ministres des Affaires étrangères de la Géorgie, de la République de Moldavie et de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que ceux de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Japon et de la Corée du Sud. Pour l’OTAN, la région Indo-Pacifique joue un rôle fondamental « dans les efforts euro-atlantiques de sécurité et de défense en Ukraine » et dans « la coopération dans le domaine de la cyberdéfense, de la lutte contre le terrorisme et de la production d’armes et de nouvelles technologies ». Dans le document final du sommet de Vilnius, les États membres de l’Alliance atlantique appellent également à un partenariat plus étroit avec certaines des principales organisations internationales et régionales telles que l’ONU, l’OSCE et l’Union africaine. « Nous renforcerons ces interactions afin de promouvoir nos intérêts communs et de contribuer à la sécurité mondiale », promet l’OTAN. « Nous étudions également la possibilité d’établir un bureau de liaison à Genève afin de renforcer nos liens avec les Nations unies ».

Arcadio Esquivel, Costa Roca

Une grande partie du communiqué final du sommet de Lituanie est consacrée à l’ennemi numéro un de l’alliance militaire, la Russie de Poutine. « La Fédération de Russie a violé les normes et les principes qui contribuent à un ordre de sécurité européen stable et fiable », écrivent les pays de l’OTAN. " La Fédération de Russie viole les règles et les principes qui contribuaient à la stabilité et à la prévisibilité de l’ordre de sécurité européen. Elle constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique. (...) La Russie porte l’entière responsabilité de la guerre d’agression, illégale et injustifiable, qu’elle mène contre l’Ukraine, guerre qui ne fait suite à aucune provocation et nuit gravement à la sécurité euro-atlantique et internationale, et pour laquelle elle devra pleinement répondre de ses actes. (…) Nous ne reconnaissons pas et ne reconnaîtrons jamais les annexions, illégales et illégitimes, auxquelles la Russie a procédé, y compris celle de la Crimée. Les crimes de guerre et autres atrocités perpétrés par la Russie ne sauraient rester impunis, notamment les attaques contre des civils et les destructions d’infrastructures civiles, qui empêchent des millions d’Ukrainiens d’accéder aux services de base. (…) La destruction du barrage de Kakhovka est un exemple des terribles conséquences de la guerre déclenchée par la Russie ».