المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

22/06/2021

Les actes les plus bas depuis les hauteurs les plus élevées

Gideon Levy, Haaretz, 14/7/2014

Traduit par Fausto Giudice

Le 8 juillet 2014, Israël lance l'opération  Mivtza' Tzuk Eitan, littéralement « Opération Roc inébranlable », traduit en anglais Protective Edge (Bordure protectrice) contre la Bande de Gaza. Cette attaque, aérienne puis terrestre, qui prendra fin le 26 août, aura été la plus violente menée par Israël contre Gaza depuis juin 1967. Elle a fait 1 500 victimes civiles palestiniennes, dont plusieurs centaines d’enfants, et 12 000 blessés. Le 14 juillet, Gideon Levy publie un édito dans le quotidien Haaretz, qui provoquera l’indignation d’une grande partie des lecteurs israéliens, dont certains se désabonneront, et entraînera de nombreuses menaces de mort contre lui. Le journal décide alors de lui assigner un garde du corps. Voici une traduction de l’article en question.-FG

Les pilotes « héroïques » d'Israël appuient sur des boutons et des manettes, combattant les gens les plus faibles et les plus impuissants.


Un pilote israélien dans un F-15. Photo Alon Ron

Ils sont les plus articulés, les plus polis, les plus brillants et les plus éduqués des soldats. Ils étudient dans les meilleures universités au cours de leur service militaire, viennent des meilleurs foyers, des lycées les plus réputés. Pendant des années, ils sont formés à leur travail, à l'électronique et à l'avionique, à la stratégie et à la tactique, et bien sûr au pilotage. Ils sont la fine fleur de la jeunesse israélienne, destinés à la grandeur. Ils sont vraiment les meilleurs, mon frère : ce sont eux qui deviennent pilotes, les meilleurs pilotes, et ils commettent maintenant les pires actes, les plus cruels, les plus méprisables.

Ils sont assis dans le cockpit et appuient sur des boutons et des joysticks. C'est un jeu de guerre. Ils déterminent la vie et la mort, de leur place élevée dans le ciel, ils ne voient que des points noirs qui courent partout en panique, fuyant pour leur vie, mais aussi certains qui agitent leurs mains dans une peur terrible depuis les toits. La flèche noire pointe vers la cible, et déjà un champignon de fumée noire s'élève - pouf, un léger tremblement de l'aile, comme on dit ; un « bon » coup, et ils sont déjà embarqués pour la prochaine sortie.

Ils n'ont jamais vu un avion ennemi venir vers eux - la dernière bataille aérienne de l'armée de l'air israélienne a eu lieu avant la naissance de la plupart d'entre eux. Ils n'ont jamais vu de près le blanc des yeux et le sang rouge de leurs victimes. Ce sont des héros qui se battent contre les gens les plus faibles, les plus impuissants, qui n'ont aucune force aérienne et aucune défense aérienne, à peine un cerf-volant.

Et ils sont considérés comme des héros par excellence, des vrais mecs, qui iront loin dans la vie civile. Ils épouseront les meilleures filles, vivront dans une belle colonie, deviendront des capitaines d'El Al, des techniciens ou des hommes d'affaires, voteront pour Yair Lapid et Meretz, et élèveront leurs enfants pour en faire des citoyens honnêtes.

Le journaliste de Haaretz Gideon Levy reçoit le principal prix de journalisme d'Israël

Ofer Aderet, Haaretz, 14/6/2021

Traduit par Fausto Giudice

Selon le comité du Prix Sokolow, Gideon Levy « remet en question le consensus israélien grâce à un travail courageux sur le terrain qui fait entendre la voix des Palestiniens » de Cisjordanie et de Gaza.

Le journaliste de Haaretz Gideon Levy est l'un des lauréats du prestigieux PrixSokolow 2021, décerné par la ville de Tel Aviv. Levy, 68 ans, qui écrit pour Haaretz depuis 1982, a remporté le prix du journalisme écrit.


Gideon Levy dans le village de Turmus Ayya, en Cisjordanie, lundi. Photo Alex Levac

Cette semaine, Gideon Levy répondra aux questions des auditeurs du podcast Haaretz Weekly. Pour soumettre votre question, envoyez un courriel à weekpod@haaretz.co.il 

Depuis la première Intifada, Gideon Levy écrit une chronique hebdomadaire, « The Twilight Zone » (Entre chien et loup), sur les souffrances des Palestiniens dans les territoires occupés en 1967. Dans ses articles d'opinion publiés dans Haaretz, il évoque l'injustice de l'occupation et n'hésite pas à exprimer des points de vue impopulaires contre la politique d'Israël, qui suscitent souvent de vives critiques de la part des lecteurs et du grand public.

« Le journaliste Gideon Levy remet régulièrement en question le consensus israélien dans un travail courageux sur le terrain qui apporte les témoignages et les histoires de ceux qui ne sont pas suffisamment exposés dans le débat médiatique local - les voix des Palestiniens de Judée, de Samarie et, dans le passé, de la bande de Gaza », ont écrit les juges dans leur décision d'attribuer le prix. Levy « présente des positions originales et indépendantes qui ne s'abandonnent pas aux conventions ou aux codes sociaux et, ce faisant, enrichit sans peur le discours public « .