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21/12/2023

GIDEON LEVY
Israël serait-il différent sans Netanyahou ?

Gideon Levy, Haaretz, 21/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Si Benjamin Netanyahou n’avait pas été Premier ministre pendant 16 ans, est-ce que cette terrible guerre n’aurait  pas éclaté ?

La guerre aurait-elle été différente ? Peut-on être sûr que la surprise et le fiasco du 7 octobre n’auraient pas eu lieu ? Les otages n’auraient-ils pas été pris ? Israël n’aurait pas perpétré une tuerie de masse aussi horrible à Gaza ?


La prison israélienne d’Ofer en Cisjordanie, à 4 km à vol d’oiseau [mais à plusieurs heures de route pour les Palestiniens] de Ramallah, en 2019. Photo: Olivier Fitoussi

Il ne s’agit pas de questions “et si”, ni de réduire d’un iota l’ampleur de la responsabilité de Netanyahou et la gravité de ce qu’on peut lui reprocher pour ce qui s’est passé. Netanyahou doit partir, hier, aujourd’hui, demain, comme l’ensemble du gouvernement de zéros qu’il a formé et qui nous a conduits au bord de l’abîme.

Mais existe-t-il des dirigeants en Israël qui agiraient d’une manière fondamentalement différente à l’égard de Gaza et des Palestiniens ? Certainement pas.

Faire porter à Netanyahou l’entière responsabilité de tous les malheurs d’Israël revient à dire que s’il n’avait pas été là, tout aurait été différent. C’est ce que les partisans du « Tout sauf Bibi » font depuis le premier jour. Sans Netanyahou, Gaza n’aurait pas été une prison, les colonies n’auraient pas pourri Israël et Tsahal aurait été une armée morale.

Ce n’est pas vrai, bien sûr. Il y a suffisamment de choses pour lesquelles, sans Netanyahou, Israël aurait été un meilleur endroit, mais la levée de la malédiction de l’occupation et du siège n’en fait pas partie.

Il existe en Israël des hommes politiques honnêtes, pleins de bonnes intentions, qui sont plus modestes et plus fidèles à leurs positions que lui - il aurait été plus agréable d’être des occupants sous leur direction.

Israël serait resté le même État d’apartheid, mais avec de plus beaux atours. Netanyahou a corrompu le système politique et l’a infecté, il a détruit la justice et les forces de l’ordre, et pour ce qui est de sa conduite personnelle, mieux vaut ne pas entrer là-dedans.

Mais lorsqu’il s’agit du cœur du problème, le cœur qu’Israël fuit comme le feu, le cœur que Netanyahou avait prévu d’éliminer de l’ordre du jour, il semble que Netanyahou ait agi comme l’ont fait ses prédécesseurs et comme le feront ses successeurs.

Hormis les efforts louables d’anciens premiers ministres comme Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Ehud Barak, Ehud Olmert et Ariel Sharon pour trouver une solution, ne serait-ce que partielle, aucun d’entre eux n’avait l’intention d’accorder aux Palestiniens le minimum de justice qu’ils méritent, sans lequel il n’y a pas de solution.

Tous les premiers ministres se sont rangés du côté de la poursuite de l’occupation et du siège de Gaza. Aucun d’entre eux n’a songé un seul instant à autoriser la création d’un véritable État palestinien, doté des pleins pouvoirs, un État comme les autres. Il ne leur est pas venu à l’esprit de libérer la bande de Gaza du siège qui l’étrangle. S’il n’y avait pas eu tout cela, peut-être que le Hamas n’existerait pas.

Le siège de Gaza n’a pas été mis en place par Netanyahou ; le “gouvernement du changement” [Lapid-Gantz-Bennett] n’a pas pensé à le lever. L’argent du Qatar a peut-être été versé au Hamas de manière plus responsable sous Naftali Bennett, mais la politique a été fondamentalement la même. Personne n’a pensé à ouvrir Gaza au monde, même de manière contrôlée - la seule politique qui n’ait pas été tentée, et la seule qui aurait pu, peut-être, faire avancer une solution.

Il est également difficile d’évaluer si l’armée israélienne aurait été différente sous un autre premier ministre.

Le fiasco aurait-il été évité ? Ce n’est pas certain. Les missions d’occupation qui sont devenues la majorité des activités de Tsahal n’ont pas été inventées par Netanyahou. N’importe quel autre premier ministre aurait également orienté des forces et des ressources insensées pour satisfaire les colons et leurs caprices. C’est ainsi que les choses se sont passées sous tous les gouvernements d’Israël.

Les candidats s’échauffent sur la ligne de départ. Chacun d’entre eux sera un meilleur Premier ministre que Netanyahou. Ils seront certainement plus honnêtes, plus modestes et plus décents que lui. Mais l’un d’entre eux parviendra-t-il à infléchir la trajectoire descendante d’Israël ?

Yair Lapid a annoncé qu’il était favorable à l’entrée de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, puis il a immédiatement changé d’avis, et il est déjà contre. Lapid n’a pas d’opinion.

Benny Gantz et Gadi Eisenkot participent à la conduite de la guerre, avec tous ses crimes, qui s’avérera pourtant vaine. Aucun d’entre eux n’a proposé une nouvelle voie, une voie que nous n’avons jamais essayée auparavant. Il n’y a que la force et encore la force.

Netanyahou doit partir, cela ne fait plus aucun doute. Mais Israël poursuivra sa course [à l’abîme].


JORGE MAJFUD
Mais tout ça, c’est la faute de ces emmerdeurs de gauchards
L’araignée et les mouches

Jorge Majfud, 20/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

En raison de la guerre de l'OTAN en Ukraine et du blocus de la Russie qui en découle, les sanctions contre le Venezuela se sont un peu relâchées au cours de l'année 2023. Les sanctions, les blocus et le harcèlement des USA et de l'Union européenne se sont radicalisés il y a dix ans et ont mis fin à une longue période de croissance économique et de réduction de la pauvreté dans ce pays, ce que la propagande a réussi à vendre comme un échec historique. Ce n'est pas une coïncidence si l'hyperinflation historique du Venezuela est tombée à 185 % par an, ce qui est inférieur au taux atteint par l'Argentine cette année.


Comme nous le répétons depuis des années, les dettes (inflationnistes) des néo-colonies sont nécessaires pour les maintenir dans un état de nécessité productive, ce qui est très similaire à la logique qui se reproduit dans ces mêmes sociétés entre les travailleurs qui arrivent à peine à joindre les deux bouts et une oligarchie qui les diabolise comme “parasites de l'État” lorsqu'ils reçoivent un quelconque subside ou lorsqu'ils sont déjà foutus et qu'ils ne peuvent plus porter de sacs de ciment.

À cause de ces dettes éternelles, les néo-colonies sont obligées de produire, d'exporter et d'acheter des dollars pour “honorer leurs engagements”. En même temps qu’on exige de ces colonies la “responsabilité fiscale”, on oublie aux USA que nous sommes les champions de l'irresponsabilité fiscale, avec des déficits et des dettes pharaoniques qui ne cessent de croître, mine de rien. Qui peut nous malmener et nous bloquer, alors que nous avons l'armée la plus puissante du monde ? Historiquement inefficace pour toute guerre, mais toujours puissante pour harceler les autres et, plus encore, pour forcer notre population à se saigner davantage au nom d'une terreur inoculée par les médias - des réactions à nos propres interventions qui, lorsqu'elles ne suffisent pas, sont inventées avec davantage de provocations ou d'attaques sous faux drapeau.

Alors qu'une économie impériale est inévitablement très productive, la nôtre est basée sur la consommation (70 %) et non sur la production. En fait, nous n'avons pas besoin de produire beaucoup ; nous n'avons même pas besoin de payer des impôts pour rembourser les dettes du gouvernement, un instrument des entreprises qui attisent les guerres partout où cela est nécessaire pour maintenir le déficit croissant de l'État et les transferts massifs de capitaux de la classe ouvrière vers leurs coffres insatiables à Londres et à Wall Street.

Les dollars ont été inventés de toutes pièces, même plus sous forme de papier. Bien sûr, on peut imprimer des dollars, mais on ne peut pas imprimer de la richesse. L'impression massive d'une monnaie mondiale est un moyen d'extraire la valeur d'autres régions qui la détiennent comme réserve ou comme épargne personnelle. Si l'inflation n'explose pas dans le pays qui l'imprime, c'est parce qu'une grande partie de cette inflation est exportée.

Il s'agit également d'un instrument d'extorsion. Si un pays n'est pas endetté, il doit l'être. C'est ce qu'avait reconnu le tout nouveau ministre argentin, Luis Caputo, lorsqu'en 2017 il a assuré que le retour au FMI et le prêt massif reçu « nous permet de laisser plus de place au secteur privé ; il n'y a pas de signe de crise ; c'est préventif ; c'est la première fois qu'un gouvernement [celui de Mauricio Macri] fait des choses comme ça, préventives... »

L'endettement massif, comme celui de l'Argentine, est inflationniste, presque autant que le blocage du crédit et des marchés au Venezuela (par les champions du marché libre), parce qu'ils obligent ces pays à imprimer de la monnaie ou à s'abstenir d'investir dans leur propre société. Aujourd'hui, le fait qu'en Argentine, les néolibéraux aient à nouveau nationalisé (étatisé) les dettes privées est une nouvelle insulte à l'intelligence du peuple - bien sûr, il n'était pas nécessaire d'avoir une grande intelligence non plus ; un peu de mémoire suffisait.

Désigner l'impérialisme mondial comme la cause première des grandes crises économiques et sociales ne signifie pas déresponsabiliser ses administrateurs nationaux. Et surtout, les bradeurs bien de chez nous. Cela ne signifie pas non plus qu'il faille ériger un pays en modèle pour les autres. Bien sûr, il est inutile de clarifier ce point. La pensée cavernicole ne mourra jamais, car elle est efficace comme peu d'autres : « Cuba oui ou Cuba non », « Salvador oui ou Salvador non » ; « Vous vivez aux USAA et vous critiquez son gouvernement, pourquoi n'allez-vous pas vivre au Venezuela ? » ; « Si vous critiquez le massacre de Gaza, pourquoi n'allez-vous pas vivre en Iran ? » ; "si vous critiquez le massacre de Gaza, pourquoi n'allez-vous pas vivre en Iran" ; « Si vous défendez tant les immigrés, pourquoi ne les emmenez-vous pas dormir dans la chambre de votre fils ? » ; « Si vous défendez tant les homosexuels, pourquoi ne couchez-vous pas avec l'un d'entre eux ? » Bref, la dialectique classique de l'ivrogne qui commence à perdre l'euphorie du dernier verre.


 Autre erreur classique : la décontextualisation historique et géopolitique de toute réalité. Pour les libertariens affranchis (néolibéraux), le monde est aussi plat qu'une pizza. Il n'y a pas de classes sociales, pas de nations hégémoniques. Il n'y a pas d'empires ni de parasites oppresseurs. Tout ce qui se passe dans un pays, en particulier dans un pays périphérique, est purement et simplement la faute de de ces emmerdeurs de gauchards. Les gouvernements font la différence, pour le meilleur ou pour le pire, mais ils ne sont pas les seuls à décider de leur propre contexte, comme peut le faire celui d’un pays capitaliste situé au centre. C'est-à-dire un pays impérial - hégémonique, si le mot empire heurte les sensibilités.

À une époque, le capitalisme a fonctionné pour une grande partie des Européens et des USAméricains, mais le même capitalisme (plus radical, plus libéré) n'a jamais fonctionné pour le Honduras, le Guatemala, l'Inde ou le Congo. Au contraire, parce qu'être une puissance impériale et extractive, l'araignée qui tisse sa toile et domine depuis le centre, ce n'est pas la même chose que d'être l'une des mouches dans la toile. Historiquement, les pays non alignés ont subi des sanctions économiques et financières, voire militaires (invasions, coups d'État, assassinats de leurs dangereux dirigeants, attentats sous fausse bannière, tous bien documentés), qui ont ensuite été traduits en “échecs” que la propagande impériale a vendus et vend comme des démonstrations que les idéologies alternatives “ne fonctionnent jamais” et autres clichés similaires propagés par les médias mondiaux, par les agences secrètes et, surtout, par les majordomes créoles, qui se sont toujours chargés de reproduire à l'infini les idéologies parasitaires des esclavagistes et des oligarchies coloniales.

C'est tout. Nous insistons sur ces points depuis des décennies. Dans certains livres, comme Moscas en la telaraña, nous avons exposé ces mêmes idées de manière plus complète et, à mon avis, plus claire, et je n'insisterai donc pas davantage ici. Mais il est nécessaire de rappeler (et de répéter ad nauseam) les aspects les plus simples qui sont stratégiquement oubliés. Toujours. Comme, par exemple, qu'il n'y a pas de développement sans indépendance économique ; qu'il n'y a pas d'indépendance sans union des non-alignés ; qu'il n'y a pas de voies propres sans indépendance culturelle ; que la périphérie n'est qu'une réalité géopolitique, pas nécessairement philosophique et culturelle...

Des choses simples que les empires du Nord se sont chargés, au cours des derniers siècles, de détruire à tout prix. Tout cela au nom de la liberté et de la prospérité - tout ce que les mouches répètent lorsqu'elles sont disséquées par l'araignée salvatrice.

 



A. RUGGERI/M.VIETA
Javier Milei ha colto il malcontento di una nuova classe operaia informale

Andrés Ruggeri e Marcelo Vieta, Jacobin, 14/12/2023
Tradotto da Fausto Giudice, Tlaxcala

Pubblicato su Jacobin Italia

Originale: Javier Milei Has Tapped Into the Discontent of a New, Informal Working Class
 Español:
Milei captó el descontento de la clase trabajadora informal
Français:
Javier Milei a su capter le mécontentement d’une nouvelle classe ouvrière informelle


Marcelo Vieta è professore associato nel programma di Educazione degli adulti e sviluppo comunitario dell’Università di Toronto. È autore di Workers’ Self-Management in Argentina e coautore di Cooperatives at Work. Bibliografia. @VietaMarcelo


Andrés Ruggeri (Buenos Aires, 1967) è antropologo sociale (UBA) e dal 2002 dirige il programma Facultad Abierta, un’équipe della Facoltà di Filosofia e Lettere dell’UBA che sostiene, consiglia e ricerca le imprese di proprietà dei lavoratori. Dal programma ha coordinato quattro indagini nazionali sulle imprese recuperate e diversi progetti universitari di volontariato e di estensione, oltre alla creazione nel 2004 del Centro di Documentazione delle imprese recuperate che opera nella Cooperativa Chilavert Artes Gráficas. È autore e coautore di diversi libri specializzati sull’argomento e ha tenuto conferenze e corsi in diversi Paesi dell’America Latina, dell’Europa e dell’Asia. Dal 2007 coordina l’organizzazione dell’incontro internazionale ¿La Economía de los Trabajadores? che ha già avuto due edizioni in Argentina, una in Messico e un’altra in Brasile, oltre a un incontro europeo in Francia. È anche autore del libro Del Plata a La Habana. América en bicicleta, in cui racconta il suo viaggio del 1998 attraverso l’America Latina in solidarietà con la Rivoluzione cubana. Successivamente, ha fatto il giro del mondo in tandem attraversando 22 paesi del Terzo mondo con la sua compagna Karina Luchetti. Insegna anche un seminario di specializzazione in Antropologia e Storia (UBA) ed è direttore della rivista Autogestión Para otra economía.  Articoli in diverse lingue. @RuggeriAndres1


La cosa più sorprendente dell’elezione di Javier Milei, ultraliberista di estrema destra, è stata la sua capacità di conquistare gran parte del voto della classe operaia. La capacità di parlare alle ansie del crescente settore precario del paese dovrebbe essere un campanello d’allarme per la sinistra

Il «fenomeno Milei» in Argentina ha preso piede quando il politico di estrema destra ha ottenuto una vittoria inaspettata alle primarie presidenziali di agosto. Ora che indossa la fascia presidenziale, Javier Milei è il primo anarco-capitalista e ultraliberista autoproclamato a guidare una grande economia nazionale.

Il Presidente dell’Argentina Javier Milei arriva per una funzione interreligiosa nella Cattedrale Metropolitana dopo la cerimonia di insediamento presidenziale il 10 dicembre 2023 a Buenos Aires, Argentina. (Marcos Brindicci / Getty Images)

Economista di formazione, Milei si è fatto conoscere come personaggio televisivo e dei social media incline alle imprecazioni e ai toni misogini. Il suo ingresso ufficiale nella politica argentina è avvenuto poco dopo, nel 2021, quando ha ottenuto un seggio al Congresso nazionale. Praticante di lunga data del sesso tantrico, devoto ai guru del neoliberismo Friedrich von Hayek e Milton Friedman e proprietario di diversi mastini inglesi clonati che chiama i suoi «figli a quattro zampe», Milei ha proclamato poche ore dopo aver battuto il suo avversario peronista che «tutto ciò che può essere nelle mani del settore privato sarà nelle mani del settore privato».

Milei ha in mente tutte le 137 aziende pubbliche argentine, come la compagnia energetica statale Yacimientos Petrolíferos Fiscales (Ypf), la vasta rete di media pubblici del paese (Radio Nacional, TV Pública e l’agenzia di stampa Télam), il servizio postale e la compagnia aerea nazionale Aerolineas Argentinas. Ha anche lasciato intendere che smantellerà il sistema sanitario pubblico argentino e privatizzerà gran parte dei sistemi di istruzione primaria e universitaria, compreso l’istituto di ricerca sull’istruzione superiore finanziato con fondi pubblici. Milei ha anche corteggiato i capitali statunitensi per condurre un’estrazione non regolamentata delle ingenti riserve di litio e di gas di scisto del paese. Forse la cosa più sfacciata è che ha promesso di eliminare la Banca centrale argentina, di dollarizzare l’economia (seguendo gli esempi di Ecuador, El Salvador e Zimbabwe), di liberalizzare i mercati e di eliminare i rigidi controlli sui cambi del paese.

Scioccante, certo, ma queste proposte neoliberiste non sono nuove in Argentina. José Martinez de Hoz, ministro dell’economia della sanguinosa dittatura di Jorge Videla alla fine degli anni Settanta, e Domingo Cavallo, ministro dell’economia di Carlos Menem nei neoliberisti anni Novanta, hanno dato vita a politiche economiche altrettanto regressive. In effetti, Roberto Dromi, ministro dei lavori pubblici di Menem, proclamò quasi alla lettera lo stesso messaggio più di trent’anni fa: «Nulla di ciò che è di proprietà dello Stato rimarrà nelle mani dello Stato».

Il «piano motosega» di Milei (Plan motosierra, la sua versione del «prosciugare la palude» di Trump) sarà probabilmente contestato nelle due camere del Congresso del paese, dove la sua coalizione La Libertà Avanza è in minoranza. Tuttavia, le minacce di misure di austerità possono essere eseguite dal potere presidenziale di legiferare per decreto e molte di esse verranno senza dubbio attuate. A lungo termine, i risultati saranno devastanti per l’Argentina.

Anche se, ancora una volta, non sono senza precedenti. Negli anni Novanta, l’amministrazione Menem ha supervisionato la massiccia vendita di beni pubblici, l’ancoraggio del peso al dollaro (di fatto, un programma di dollarizzazione) e le liberalizzazioni del mercato, il tutto all’insegna del controllo dell’inflazione e dell’austerità. Queste misure hanno portato a una disoccupazione massiccia (ufficialmente oltre il 20%), a tassi record di precarietà e indigenza (oltre la metà della popolazione), alla delocalizzazione di gran parte della capacità produttiva argentina, alla presa di controllo sull’economia nazionale da parte delle multinazionali e a disordini sociali estremi.

La vittoria di Milei suggerisce che, se non altro, il ricordo di questi anni si è affievolito per gran parte dell’elettorato argentino, sommerso da un tasso di inflazione superiore al 185% per il 2023 e da un forte aumento dell’insicurezza, fomentato dalle notizie quotidiane e dai social media.

I prossimi mesi mostreranno fino a che punto il nuovo governo Milei sarà in grado di portare avanti la sua agenda neoliberale e se il suo governo manterrà il consenso durante l’attuazione delle misure annunciate. La risposta dei settori popolari storicamente militanti in Argentina potrebbe essere decisiva. Quel che è certo è che, per l’opposizione politica e per la maggior parte dei lavoratori, la strada da percorrere sarà dura.


Marcelo Spotti

 «Non ce l’aspettavamo!»

Forse la vera novità dell’agenda ultraliberista di Milei è la sua schietta onestà. I nuovi ministri e portavoce del governo hanno già avvertito gli argentini di prepararsi a giorni austeri. Milei ha anche dichiarato che risponderà a qualsiasi forma di protesta sociale con misure repressive estreme, rievocando i giorni più bui della dittatura civico-militare.

Una delle grandi sorprese della vittoria di novembre è stata quella di aver goduto del sostegno dei settori della classe operaia argentina tradizionalmente orientati a sinistra: Il 50,8% degli elettori salariati, il 47,4% dei pensionati, il 50,9% degli elettori del settore informale, il 52,3% dei lavoratori del commercio e quasi il 30% della tradizionale base peronista hanno votato per Milei. Oltre al 25-30% di elettori che costituiscono la base di destra di Milei, circa il 53% dei votanti sotto i trent’anni, e ai voti trasferiti dalla destra tradizionale e dall’alta borghesia che sostenevano la coalizione Juntos por el Cambio di Mauricio Macri e Patricia Bullrich, che messi insieme hanno garantito una comoda vittoria a Milei.

Eppure, nonostante il clamoroso successo di Milei alle primarie di agosto e al ballottaggio di novembre – per non parlare della sua lunga visibilità mediatica – la frase che circola nella sfera politica e intellettuale argentina è «non ce l’aspettavamo!». Questa è stata la posizione ufficiale del governo di sinistra peronista uscente di Alberto Fernández e del candidato in corsa Sergio Massa. La campagna elettorale di Massa, che ha perso, ha cercato di sminuire Milei a uno spettacolo politico marginale da cartoni animati, senza successo.

Ignorata dall’establishment politico e mediatico, la coalizione di estrema destra di Milei segna l’inasprimento di cambiamenti socioeconomici che hanno ricevuto poca attenzione. A un’analisi più attenta, l’inflazione ostinata e acuta senza una risposta efficace da parte del governo, le sfide persistenti lasciate dalla pandemia, la crescente influenza dei social media e la forte polarizzazione del discorso politico hanno reso l’ascesa di una personalità come Milei – la versione argentina di Jair Bolsonaro o Donald Trump – un fenomeno prevedibile.

L’elefante che nessuno ha visto

Ci si chiede allora perché il «piano motosega» di Milei abbia risuonato tra i poveri e i lavoratori argentini, che saranno i più colpiti dalle sue politiche. Una spiegazione è che Milei arriva sulla cresta dell’onda neoliberale che, per decenni, ha eroso lo stato sociale e la base industriale tradizionalmente forte dell’Argentina (come dimostra il fatto che, tra gli anni Cinquanta e Settanta, il paese ha goduto di lunghi periodi di piena occupazione). L’ondata neoliberista ha portato con sé l’abbraccio totale di una razionalità economica che un tempo sembrava estranea al senso comune argentino.

Durante l’amministrazione neoliberale di Mauricio Macri, dal 2015 al 2019, è diventato un luogo comune parlare degli «elefanti che ci sono passati accanto», riferendosi alle politiche socioeconomiche regressive attuate dal macrismo. Queste politiche comprendevano un massiccio debito finanziato dal Fondo Monetario Internazionale, un’alta inflazione e la fuga di capitali, che i media del paese hanno per lo più ignorato o nascosto. Tuttavia, c’era un altro elefante nella stanza che molti non hanno riconosciuto: la forte crescita del settore lavorativo informale e precario, che esisteva al di fuori di qualsiasi organizzazione sindacale o programma sociale governativo. Il settore informale, in crescita e di dimensioni considerevoli, è stato assente dal dibattito pubblico argentino per un decennio, considerato da economisti e leader politici come un fenomeno passeggero, senza rappresentazione e senza voce politica. Era solo questione di tempo prima che una figura come Milei iniziasse a usare un linguaggio in sintonia con questo nuovo settore della classe operaia.

Costituito da lavoratori dell’economia sommersa, freelance, precarizzati e dei servizi, questo settore è cresciuto in modo esponenziale durante la pandemia. Molti argentini hanno sofferto durante i rigidi periodi di lockdown che si sono protratti per gran parte del 2020 e fino al 2021, ma la pandemia ha colpito in modo particolarmente duro questo nuovo gruppo di lavoratori informali e senza contratto, che hanno continuato a lavorare per tutto il tempo senza le tutele sociali previste per gli altri settori.

Conosciuto ufficialmente come Aislamiento Social, Preventivo y Obligatorio (Isolamento Sociale, Preventivo e Obbligatorio, o Aspo), il mandato di lockdown nazionale ha messo in evidenza le contraddizioni e le complessità legate alla necessità di scegliere tra la cura della salute pubblica e la cura dell’economia. Il governo di Alberto Fernández è salito al potere nel dicembre 2019, pochi mesi prima che la pandemia costringesse la nuova amministrazione ad approvare un pacchetto di misure come l’Atp (Assistenza al Lavoro e alla Produzione) – sussidi salariali per i lavoratori formali per evitare licenziamenti e chiusure di aziende – e l’Ife (Reddito Familiare di Emergenza), una garanzia di reddito rivolta ai lavoratori più precari e disoccupati.

Il governo, tuttavia, ha calcolato male il numero di beneficiari dell’Ife, visto che undici milioni di persone hanno fatto domanda per fondi destinati solo a tre o quattro milioni. Pur comportando un notevole onere per il bilancio nazionale, il governo Fernández alla fine ha concesso l’Ife a dieci milioni di persone. All’epoca si pensò che il governo Fernández avesse commesso una svista, nel peggiore dei casi, dando credito alle accuse di incompetenza amministrativa. In realtà, il nuovo governo non si era reso conto di quanto la struttura del tessuto sociale e della forza lavoro argentina si fosse radicalmente trasformata e deteriorata durante gli anni neoliberali del macrismo.

Le politiche successive del governo Fernández, riprese nella campagna elettorale di Sergio Massa, hanno continuato a ignorare i nuovi lavoratori informali. Negli ultimi quattro anni, la politica sociale ha preso di mira i due gruppi più grandi e visibili di lavoratori argentini: i lavoratori dipendenti e i segmenti di quella che in Argentina è conosciuta come «economia popolare», legata al movimento sociale sindacale di organizzazioni come l’Utep (Unione dei Lavoratori dell’Economia Popolare), che sono formalmente autorizzate a ricevere e ridistribuire sussidi governativi e piani di lavoro per il welfare ai lavoratori informali. Oltre all’errore di calcolo dell’Ife, le esclusioni dell’amministrazione Fernández hanno dimostrato l’esistenza di ampi settori della classe operaia non inclusi in nessuno dei due gruppi.

Questo gruppo di esclusi è costituito da un’ampia gamma di lavoratori non registrati, o in nero, che non godono di alcuna prestazione previdenziale, e dai cosiddetti monotributistas, una categoria eterogenea che raggruppa, tra gli altri, i lavoratori autonomi, i lavoratori delle microimprese, i piccoli imprenditori che non generano entrate sufficienti per rientrare nel sistema fiscale nazionale, vari professionisti e i precari statali. In quest’ultima categoria rientrano anche i lavoratori domestici, i lavoratori delle piattaforme associate alle app di consegna come Uber e Rappi, i commercianti autonomi, i venditori ambulanti, i giovani che fluttuano tra lavori a breve termine e mal pagati e i liberi professionisti. A questi si aggiunge un numero minore di lavoratori di cooperative che, non essendo mai stati considerati come titolari di un rapporto di lavoro distinto, rientrano anch’essi nel sistema fiscale monotributario.

Se analizziamo ulteriormente questo gruppo, scopriamo che, lungi dall’essere una minoranza, costituisce una porzione considerevole della popolazione attiva argentina, è in gran parte giovane e, a parte i lavoratori domestici, è prevalentemente di sesso maschile. Molti di questi lavoratori si sono sentiti ignorati dalla maggior parte delle politiche pubbliche argentine. Ad esempio, durante la pandemia, quando molti di loro non hanno potuto lavorare o hanno dovuto lavorare in condizioni non sicure, non hanno ricevuto l’Atp e sono stati ampiamente esclusi dall’Ife. In quanto monotributistas o lavoratori in nero, continuano a essere esclusi dalla maggior parte degli ammortizzatori sociali argentini.

Sensibili a una campagna mediatica che denigrava la gestione della pandemia da parte del governo, socialmente inibiti dalle misure di lockdown e cronicamente sottopagati, vivevano in condizioni mature per far crescere il loro risentimento. Per la stragrande maggioranza di questi lavoratori, durante la pandemia lo Stato non solo era assente, ma li aveva dimenticati, anche se loro erano considerati «essenziali» e consegnavano cibo e beni consumati dai “garantiti” reclusi per la pandemia.

Come in quasi tutti gli aspetti della vita sociale, la pandemia ha esacerbato e accelerato le tendenze esistenti che stavano già emergendo in modo più lento e stentato. L’elefante dei lavoratori informali è sfuggito a tutti, sia al governo che all’opposizione. È stato ignorato finché il fenomeno Milei non ha attirato la sua attenzione. E Milei ha ricambiato il favore riconoscendo la sua disperazione e capitalizzando i suoi sentimenti.

Un proletariato diviso contro sé stesso

Le trasformazioni nella struttura sociale emergono gradualmente e richiedono tempo per essere viste finché, un giorno, sembrano esplodere. Non è la prima volta che un’esplosione del genere si verifica in Argentina. Negli anni Quaranta, l’intensità del sostegno della classe operaia a Juan Domingo Perón sorprese le classi dirigenti, l’intellighenzia, la sinistra e lo stesso Perón. Il trionfo di Raul Alfonsín nel 1983 per il ritorno della democrazia è stato un altro di questi momenti. Anche la rivolta di massa che ha scosso l’Argentina il 19 e 20 dicembre 2001 è apparsa come un uragano improvviso, inarrestabile e senza una chiara destinazione. L’Argentina si trova ora in un momento simile: il malcontento di massa è palpabile, così come il bisogno sentito di speranza e di un salvatore. Ma perché Milei rappresenta un salvatore per così tanti argentini? Perché l’utopia dell’estrema destra sta seducendo gran parte della classe operaia?

L’attrattiva di Milei per questi settori disincantati e arrabbiati della classe operaia risiede in un discorso che combina soluzioni radicali (anche se da pensiero magico), un nemico facile e un futuro immaginario: una narrativa sgangherata che promette una nuova vita sbarazzandosi dello Stato e della «casta politica» che per troppo tempo ha ignorato i lavoratori e i poveri e li ha lasciati a sé stessi. Il discorso di Milei sulla «rottura» si basa su un’ideologia di neoliberismo estremo il cui fine ultimo, parafrasando David Harvey, è la ricostituzione del potere di classe. Laddove prima i cattivi di questa ideologia erano lo Stato sociale e il comunismo, i nuovi bersagli sono a portata di mano. Per il macrismo, si tratta del populismo del kirchnerismo, il movimento associato al peronismo di sinistra di Néstor e Cristína Fernández de Kirchner. Per Milei, come per Bolsonaro, si tratta di un vago socialismo e comunismo che mette nello stesso cesto i centristi e la sinistra più radicalizzata.

Ciò che rende unico questo nuovo neoliberismo di estrema destra è che la sua ideologia è troppo rozza per le classi ricche, che vogliono il dominio ma anche la prevedibilità per i loro interessi commerciali. Il messaggio di Milei non è un discorso adatto alla classe imprenditoriale, anche se Milei stesso lo ritiene tale e anche se alla fine molti interessi imprenditoriali e commerciali si sono tappati il naso e hanno votato per Milei. In realtà, Milei articola un discorso nichilista per il nuovo proletariato contro sé stesso e i propri interessi.

Il retroscena di questo nichilismo è l’impotenza del governo di Alberto Fernández a soddisfare anche solo nominalmente le elevate aspettative sociali che lo avevano portato al potere nel 2019. L’inefficacia dell’amministrazione uscente può essere legata a diversi fattori: gli obiettivi non raggiunti di un «governo tranquillo» (gobierno tranquilo); la permanente faziosità che l’ha immobilizzata, creando un’opposizione interna spesso più dura di quella ufficiale; e le fallite aspirazioni a mediare accordi con l’opposizione e con i principali settori economici. Nel complesso, l’amministrazione Fernández è stata caratterizzata da una mancanza di acume teorico e politico che si è manifestata quando non è riuscita a rispondere ai problemi strutturali della nuova configurazione sociale dell’Argentina.

Naturalmente, questo non è un problema esclusivo dell’Argentina. I paralleli tra Milei e Trump, Bolsonaro, l’estrema destra europea e altri esponenti dell’estrema destra latinoamericana, come il cileno José Kast e il colombiano Rodolfo Hernández – due figure che hanno sfiorato il governo nelle recenti elezioni – dimostrano che l’Argentina non è l’eccezione ma la nuova regola.

Non c’è futuro?

L’abilità di Milei nel cogliere la frustrazione di un’ampia parte della società argentina non assolve il governo uscente e il progetto politico associato al kirchnerismo. Come in altri paesi in cui l’autoritarismo ha preso piede, la sinistra non è stata in grado di comunicare un progetto alternativo convincente a un’ampia fascia della classe operaia di cui sostiene di essere portavoce. Troppo spesso noi di sinistra – in Argentina e nel mondo – non siamo riusciti a offrire nulla di più di un ritorno ai «bei tempi», ignorando che per i più emarginati quel periodo non è mai stato così bello. Che si tratti di progressismo tiepido o di sinistra radicale, siamo stati così impegnati a difendere le vittorie del passato che raramente abbiamo offerto proposte chiare e complete per futuri alternativi.

A quanto pare, la sinistra argentina non può che offrire ancora la stessa cosa, che è proprio ciò che Milei e i suoi seguaci hanno efficacemente inquadrato come la causa di tutti i mali. Non c’è un progetto, né tanto meno un discorso alternativo, per coloro che si trovano nella parte perdente dell’attuale realtà socioeconomica. Persino l’«economia popolare» e le prospettive, un tempo speranzose, del sindacalismo dei movimenti sociali appaiono troppo conservatrici per i settori informali dimenticati di Milei, e la rivendicazione di programmi di lavoro suona troppo simile alla fatica da cui vogliono fuggire i lavoratori autonomi e informali i freelance, i lavoratori domestici e quelli delle piattaforme.

Se non riusciamo ad articolare un progetto per migliorare il reddito, le condizioni di vita e le capacità produttive di tutti i lavoratori e le lavoratrici, le soluzioni attualmente offerte dalle organizzazioni che rappresentano la classe operaia argentina non saranno mai sufficienti. Se la sinistra non riesce a costruire e a comunicare efficacemente un progetto di trasformazione che dia speranza alle crescenti file del proletariato emergente, il meglio che possiamo fare è aspettare il fallimento di quest’ultima ondata di autoritarismo di ultradestra, che senza dubbio avrà un costo sociale, economico, politico e culturale intollerabile.