07/09/2025

GIDEON LEVY
Avi Bluth, le “général de bain de sang” en Cisjordanie est le visage moral d’Israël

Gideon Levy, Haaretz, 28/8/2025

Traduit par Tlaxcala

L’Oberkommandant Avi Bluth, chef du commandement central de l’armée, a décidé de leur montrer de quel bois il se chauffe. Avec sa kippa militaire de guingois, son éloquence à glacer le sang, son arrogance sans limites et ses deux poids-deux mesures moraux malsains, il a ordonné la mise en œuvre d’« opérations de remodelage » afin de « dissuader tout un chacun, tout village qui oserait lever la main contre l’un des résidents ».


Les “résidents” en question sont les colons qui commettent quotidiennement des pogroms. En ce qui concerne Bluth, il n’a aucune obligation de défendre qui que ce soit en Cisjordanie, à part les voyous des avant-postes des colonies. « Nous savons comment installer un projecteur », a menacé le général de division à l’adresse des Palestiniens qui « lèvent les mains » alors qu’ils tentent avec leurs dernières forces de défendre ce qui leur reste de la terre qui leur a été volée sous les auspices et avec l’encouragement de Bluth.

Je ne sais rien des “projecteurs”, mais je m’y connais un peu en droit international. Bluth a ordonné à ses soldats de se livrer à des punitions collectives, ce qui constitue un crime de guerre. Si tel est le cas, Bluth est un criminel de guerre qui devrait être extradé vers la Cour pénale internationale de La Haye. Lorsque l’éditeur du Haaretz, Amos Schocken, a exprimé cette vérité évidente, les réseaux sociaux se sont enflammés. Mais lorsque Bluth a fait sa déclaration choquante, les réseaux sociaux sont restés silencieux.

Les propos de Bluth pourraient sembler plus appropriés en allemand – “opérations de remodelage”, “projecteur”, “ chasse”. Mais ils sont tout aussi clairs en hébreu. « Ils subiront des couvre-feux, ils subiront un encerclement et ils subiront des opérations de remodelage », a-t-il déclaré. Tout cela parce qu’un colon a été légèrement blessé par balle alors qu’il conduisait un quad sur des terres volées.


Je me trouvais à Al Mughayyir cette semaine et j’ai vu le résultat de l’« opération de remodelage » menée par Bluth : 3 100 arbres, des oliviers pour la plupart, avaient été abattus et gisaient désormais éparpillés sur le sol. Il est impossible d’être quelqu’un qui aime la terre, quelqu’un qui aime les autres ou tout simplement un être humain et de ne pas être choqué par ce spectacle, à quelques semaines seulement de la récolte des olives. Il est également impossible d’ignorer le contexte qui a conduit à cette attaque.

Sous le couvert de la guerre à Gaza, Al-Mughayyir a perdu toutes ses terres – 43 000 dunams [4 300 hectares] – à l’écart de la zone construite du village. Bluth a permis la construction de 10 avant-postes sauvages tout autour du village et a laissé des colons violents imposer un règne de terreur aux habitants, au point que ceux-ci ont peur de sortir pour travailler leurs terres.

Aujourd’hui, il autorise les voyous à construire des routes illégales menant à leurs avant-postes afin de leur faciliter les attaques contre le village. Sous le commandement de Bluth, deux pogroms se sont soldés par la mort de Palestiniens tués par les tirs de l’armée. Personne n’a été jugé pour ça.

Mais Bluth ne « braquera pas un projecteur » ni ne mènera « d’opérations de remodelage » contre ceux qui « lèvent vraiment la main » contre les autres : les colons. Lui et eux viennent du même village, ont les mêmes cheveux et portent bien sûr les mêmes kippas inclinées avec désinvolture.

Lorsque vous nommez un officier comme Bluth à la tête du Commandement central, vous confiez cette fonction à quelqu’un qui est l’assistant des colons. Certes, les colons ont également intimidé tous les précédents chefs du Commandement central. Mais c’est plus facile lorsque le poste est occupé par un diplômé de la yeshiva pré-militaire de la colonie d’Eli et ancien résident de la colonie de Neveh Tzuf [avec un master en réflexion stratégique obtenu à l'United States Army War College, en Pennsylvanie, NdT]. Comment Bluth a-t-il pu rester impassible lorsqu’il a parlé des personnes « levant la main » et de la punition collective qu’elles méritent ?

Pourquoi ne pas punir les vrais criminels, ceux qui vivent dans ces repaires de malfaiteurs que sont les avant-postes ? Comment peux-tu dormir la nuit, Bluth, avec cette morale raciste ?

Mais c’est ce que Bluth a appris à Eli : que les Juifs sont les seigneurs de la terre. Les colons ont le droit de brûler, détruire, déraciner et assassiner à leur guise. Les Palestiniens, considérés comme des Untermenschen, n’ont le droit de rien faire : ils ne peuvent pas quitter leurs villages, travailler en Israël, récolter leurs olives, et parfois même respirer. Tel est le sionisme de Bluth. Et tel est le sionisme de l’armée dont Bluth est le visage.

Chaque personne a un nom, qui lui est donné par Dieu. Le nom de famille Bluth signifie “sang” en allemand [et en yiddish, NdT]. Ce général de bain de sang est désormais devenu le visage de la Cisjordanie et l’image morale de tout le pays. Peut-être sera-t-il nommé pour commander le prochain génocide, après Gaza.

 

CAROLINE DUPUY
“Todos perdieron”: cómo un programa de migración sionista privó a Marruecos de su floreciente comunidad judía

Caroline DupuyMiddle East Eye, 3-8-2025
Traducido por Tlaxcala

En la década de 1960, más de la mitad de los judíos marroquíes abandonaron el país con la promesa de un futuro mejor en Israel. Middle East Eye habló con quienes decidieron quedarse en el reino norteafricano.


18 de mayo de 2022: un miembro de la comunidad judía reza durante la Hilula de los Tsadikim, la peregrinación a las tumbas de santos y rabinos famosos, en el cementerio judío de Mequínez, Marruecos, construido en 1682 y restaurado recientemente en el marco de un programa de rehabilitación de más de 160 cementerios judíos de Marruecos  impulsado por el rey Mohammed VI en 2010. Foto: Fadel Senna/AFP

No es ningún secreto que muchos judíos dejaron Marruecos rumbo a Israel en la década de 1960, dentro de un programa sionista conocido oficialmente como Operación Yajín.

Una misión encubierta, diseñada por el Mossad y dirigida por la Agencia Judía, la Operación Yajín buscaba aumentar la población judía del recién proclamado Estado llevándolos desde Marruecos. En esa época se desarrollaban operaciones similares en distintas partes del mundo.

Entre 1961 y 1964, se calcula que 97.000 judíos —el 54,6 % de la comunidad del reino— dejaron Marruecos. Antes de la operación, unos 225.000 judíos vivían en este país del norte de África.

Hoy en día, se estima que unos 160.000 judíos de origen marroquí viven en Israel, constituyendo el segundo grupo migrante más numeroso después de los judíos procedentes de las ex repúblicas soviéticas.

El aspecto menos conocido de este periodo lo encarna la comunidad judía marroquí que permaneció —o que regresó de Israel después de haber emigrado y vivido allí unos años. Ellos conforman los aproximadamente 2.000 judíos que viven actualmente en el país, la comunidad judía más grande que queda en el norte de África.

El escritor judío marroquí Jacob Cohen describe a esta comunidad, antes floreciente, como «una especie rara».

Nacido en 1944 en Mequínez, Cohen forma parte del pequeño grupo que permaneció en Marruecos durante la migración masiva. Vio cómo su comunidad se evaporaba ante sus propios ojos.

«Estaba convencido de que debíamos irnos, de que los judíos marroquíes no teníamos futuro en Marruecos. Ese fue el gran éxito de las organizaciones sionistas presentes en Marruecos», declaró a Middle East Eye.

Una cosa estaba clara, dijo: «No había antisemitismo abierto; los pocos judíos que vivían en Marruecos no tenían problemas. Pero existía este sentimiento generalizado de que el futuro ya no estaba allí, si no para ellos mismos, al menos para sus hijos».

“Fue una tragedia”

Según diversas fuentes académicas, la Operación Yajín se sustentó en un entendimiento entre el primer ministro israelí David Ben-Gurión y el difunto rey de Marruecos Hasán II.

Para compensar a Marruecos por la pérdida de miembros valiosos de su comunidad, Israel habría aceptado pagar 500.000 dólares, más 100 dólares por emigrante para los primeros 50.000 judíos marroquíes que partieron, y 250 dólares por cada emigrante adicional. La organización con sede en Nueva York Hebrew Immigrant Aid Society habría contribuido con 50 millones de dólares a Yajín.

Fanny Mergui, de 80 años, originaria de Casablanca, fue una de los miles que partieron en 1961. Recuerda cómo los movimientos juveniles israelíes llegaron a Marruecos para convencer a los judíos de emigrar y, a quienes como ella tenían el «perfil adecuado», a unirse al movimiento.

«[Decían que] Marruecos era independiente [del dominio colonial francés desde 1956], y que nosotros teníamos nuestro propio país [Israel], que ya no teníamos razón para permanecer en Marruecos», contó a MEE.

Comenzó a asistir a los clubes juveniles creados por la Agencia Judía, el brazo operativo de la Organización Sionista Mundial encargado de fomentar la inmigración judía a Israel, cuando tenía 10 años. Estos clubes eran una forma de difundir propaganda sionista entre la juventud.

«Vivía al ritmo de la cultura israelí: la patria, los cantos de los pioneros, el socialismo, la libertad, la emancipación, la fraternidad», relató.

La propaganda fue eficaz, y desde su casa en el barrio histórico, Mergui estaba en el lugar perfecto para observar cómo se desplegaba la operación.

«Mandaban autobuses enteros de aldeas a Casablanca, y pasé mi infancia viendo a esa gente marcharse. Bastaba cruzar la calle y estabas justo allí, donde atracaban los barcos, frente a nuestros ojos.»

Mergui describe el estado en que la gente se marchaba como una «especie de psicosis de partida».

«Vi a toda esa gente salir de la medina —abuelas, abuelos, jóvenes y mayores, con sus ollas de cuscús, cestas, especias, todos llorando. Fue una tragedia. La gente no se marchaba con alegría en el corazón», recordó.

Los judíos estaban perfectamente integrados en la sociedad marroquí mayoritariamente musulmana, a la cual habían pertenecido durante más de 2.000 años.

«Los musulmanes marroquíes no nos atacaban, no nos decían que nos fuéramos, al contrario», afirmó.

Sin embargo, en aquel momento, dijo Mergui, el movimiento sionista y el proyecto migratorio prometían «modernidad» y acceso a un nuevo mundo.

«Cuando me fui, en mi mente, y en la de muchos judíos marroquíes, Israel siempre había existido. No pensábamos que íbamos a un país que acababa de surgir. Para nosotros, era la Tierra Santa. Era nuestro país. Era la tierra de la Biblia», dijo.

«Regresábamos a casa, punto. No entendíamos lo que realmente estaba pasando. Me tomó toda una vida comprender lo que le ocurrió a mi comunidad», añadió.

Regreso a Marruecos

Una fuente anónima bien informada dijo a MEE que, además de viajar gratis a Israel, a los migrantes se les ofrecía un lugar permanente donde vivir.

Sin embargo, una vez en Israel, los judíos marroquíes, al igual que otros inmigrantes de países árabes, descubrieron que la realidad no era la que el movimiento sionista les había descrito.

En Israel, los marroquíes fueron los primeros en formar lo que se llamó los “barrios árabes”, según Mergui, quien los describió como “zonas completamente desoladas”.

“Si querías un techo, tenías que construirlo tú misma”, dijo, añadiendo que los judíos árabes eran los más pobres entre las comunidades que llegaban.


Los edificios que quedaban en el barrio Moghrabi (marroquí) de la Ciudad Vieja de Jerusalén el 12 de junio de 1967, tras su demolición por parte de Israel para ampliar el espacio frente al Muro Occidental. Foto Ilan Bruner/Oficina de Prensa del Gobierno de Israel/AFP

El racismo entre comunidades y la desigualdad también fueron un problema.

“Era una ideología colonial. Los judíos europeos, que fueron los primeros en asentarse en Palestina desde Rusia en la década de 1880, se consideraban superiores a nosotros y nosotros sólo podíamos ser ciudadanos de segunda clase”.

No tardó en surgir la protesta entre los nuevos inmigrantes.

“Los judíos marroquíes salieron a las calles con retratos del rey Mohamed V, diciendo: “Queremos volver a casa”, pero eso no era posible; era un viaje de ida”, explicó Mergui. Aunque Mohamed V murió en 1961, los manifestantes usaban su imagen porque el difunto rey era conocido por haber protegido a los judíos durante la Segunda Guerra Mundial, cuando se negó a entregar a la población judía marroquí al régimen nazi.

Regresar a casa no era una opción fácilmente disponible para la mayoría de los judíos marroquíes. Como la operación era clandestina, no tenían documentos de viaje legítimos y su situación de pasaportes estaba ligada a los acuerdos concluidos con Marruecos, explicó.

Después de la guerra árabe-israelí de 1967, la propia Mergui deseó regresar a Marruecos y tuvo la oportunidad al convertirse en dirigente de un club juvenil sionista que ayudaba a reclutar gente para el movimiento.

“Estaba feliz, no porque fuera a trabajar para el movimiento sionista, sino porque me dieron la oportunidad de cuestionar aquella partida apresurada de Marruecos”.

Israel no era su hogar. “Estaba inmersa en una cultura extranjera, que apreciaba, por supuesto —aprendí mucho, no lo niego. Me politicé. Conocí jóvenes de todo el mundo”, contó.

Aunque antes veía el sionismo “como cualquier otro movimiento colonial que necesitaba asentarse”, todo cambió para ella después de 1967 y de la ocupación por parte de Israel de los territorios palestinos.

“Empecé a darme cuenta de que ese era el verdadero problema y a comprender lo que realmente estaba ocurriendo. Renuncié por completo a vivir en Israel”.

Antes de regresar a Marruecos, Mergui estudió en la Universidad de Vincennes, en París, donde conoció la historia de Palestina.

“Eso marcó mi trayectoria académica y política, y mi conciencia se despertó”.

Durante su estancia en Francia, Mergui se involucró en política, militando tanto en los Panteras Negras israelíes, un grupo que buscaba justicia social para los judíos sefardíes y mizrajíes en Israel, como en la causa palestina.

“Al borde de la extinción”

La opinión pública marroquí apoya abiertamente la causa palestina y se opone al acuerdo de normalización firmado con Israel en 2020 —y los judíos del reino parecen compartir una perspectiva similar.

La mayoría de los judíos marroquíes mantienen un perfil político discreto; sin embargo, muchos miembros de la comunidad condenan las acciones israelíes. Rabat es la ciudad natal de conocidos activistas propalestinos de origen judío marroquí, como Sion Assidon, miembro fundador del movimiento Boicot, Desinversión y Sanciones (BDS) en Marruecos.

No obstante, la política de Oriente Medio no es la única razón por la que los judíos del país decidieron quedarse —o regresar.

Haim Crespin, nacido en la ciudad norteña de Ksar el-Kebir en 1957, explicó que su decisión de permanecer en el reino “no estuvo motivada políticamente”.

Era niño cuando ocurrió la migración masiva.

“Mi padre era comerciante, y teníamos una buena vida aquí. Yo también abrí mi restaurante hace 25 años. No todos los motivos por los que un judío decide quedarse en Marruecos se fundan en aspectos políticos”, dijo a MEE.

El restaurador, que ahora vive en Rabat, defiende la elección de su familia de permanecer en el país a pesar de algunas dificultades que no considera exclusivas de Marruecos.

Mientras que algunos judíos entrevistados por MEE dijeron percibir un aumento del antisemitismo en el reino, no existen datos fiables al respecto. En cualquier caso, eso no es suficiente para obligar a la gente a irse, señaló Crespin. “La gente se mueve por miedo, pero eso ocurre en todo el mundo, entonces, ¿por qué marcharse?”

Cohen, en cambio, es pesimista sobre el destino de la comunidad judía en Marruecos, que el escritor dice estar “al borde de la extinción”.

Él mismo decidió irse a Francia tras haber encontrado, según dijo, “ciertos problemas personales” cuando trabajaba como profesor adjunto en Casablanca, lo que lo llevó a pensar que “los judíos marroquíes tenían en general razón al no considerar que la sociedad marroquí fuera lo suficientemente tolerante e igualitaria como para dar a los judíos los puestos que merecían”.

Sin embargo, reconoce que el reino ha hecho esfuerzos por salvaguardar la identidad judía histórica del país.

En 1997, la Fundación del patrimonio cultural judeo-marroquí estableció en Casablanca el primer museo judío del mundo árabe, que aún funciona hoy en día. La fundación ha preservado más de 167 cementerios y santuarios judíos en todo el reino.

En 2011, la nueva constitución marroquí reconoció la identidad hebrea como parte integral de la identidad marroquí, y en 2020, el rey Mohamed VI aprobó la introducción de la enseñanza de la historia y la cultura judías en las escuelas primarias. Un influyente consejero judío marroquí del rey, André Azoulay, desempeñó un papel clave en resaltar la importancia de este reconocimiento oficial.

“Se está haciendo todo para protegerla, apoyarla y preservarla. Pero su final parece inevitable, y aunque sobreviva, será reducida a su forma más simple”, afirmó Cohen.

“Nada puede hacerse contra este veredicto de la historia”, añadió, destacando las grandes pérdidas que supuso la Operación Yajín.

“Del lado marroquí, todos perdieron. El país perdió una comunidad potencial de uno a dos millones de personas que podrían haber contribuido a su desarrollo, diversidad y armonía.

Del lado judío, fue la erradicación irreversible de una civilización que tardó 15 siglos en formarse y florecer”.

Al describir el periodo migratorio, a Mergui le gusta usar la metáfora de la gente que huye de un edificio en llamas.

“La comunidad judía marroquí estaba completamente perdida. No tenía idea de lo que iba a ser de ella, era como estar en una casa en llamas, y la gente huía”, dijo.

“Entonces, ¿qué haces? Pues corres como todos los demás”.