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20/04/2023

ABDEL BARI ATWAN
La guerre par procuration au Soudan

Abdel Bari Atwan, Rai Al Youm, 18/4/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Une nouvelle calamité montée de toutes pièces par les USA et Israël avec la complicité des régimes arabes

Dagalo, à g., et Al Burhan

Alors que la guerre au Yémen s’achève ou commence à s’achever, une nouvelle guerre est déclenchée au Soudan. Ces deux conflits, qui se déroulent de part et d’autre de la mer Rouge, ont en commun d’être en grande partie des guerres par procuration, dans lesquelles l’intervention extérieure (en particulier celle des pétromonarchies du Golfe) joue un rôle majeur.

C’est vers l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis que le secrétaire d’État usaméricain Anthony Blinken s’est tourné pour les exhorter à redoubler d’efforts afin de rétablir le calme et de mettre un terme à la guerre qui a éclaté samedi entre les deux grands alliés : Le général Abdelfattah Al Burhan et son adjoint le général Mohamed Hamdan Dagalo (alias Hemedti, “Petit Mohamed”). Ce dernier a atteint son grade élevé sans avoir fréquenté aucune académie militaire ou civile, mais grâce à sa direction des Forces de soutien rapide (FSR, milice), fortes de 100 000 hommes - notoirement connues pour leurs meurtres et leur répression (au Darfour) - et à l’acquisition de vastes quantités d’or volé.


Tjeerd Royaards

Plusieurs indices ont mis en évidence les allégeances des parties qui se battent pour le pouvoir au Soudan et l’identité de leurs soutiens extérieurs.

Tout d’abord, l’attaque par les FSR du personnel égyptien stationné à la base militaire de Merowe, dont beaucoup ont été capturés, implique que l’Égypte est accusée de soutenir Burhan et l’armée régulière qu’il commande.

Deuxièmement, les liens étroits entre Hemedti, qui contrôle le commerce de l’or et les mines du Soudan, et le groupe russe Wagner. Les USA ont fait pression sur Burhan pour qu’il expulse le groupe au motif qu’il est un partenaire dans l’extraction et la vente de cet or et qu’il utilise les recettes pour financer la guerre de la Russie en Ukraine, qu’il est le fer de lance de l’influence russe en Afrique et qu’il prépare le terrain pour l’établissement d’une base militaire russe au Soudan.

Direction les Émirats - Omar Dafalla
 
Troisièmement, les Émirats arabes unis sont devenus le plus gros investisseur extérieur au Soudan. Il y a quelques jours, ils ont acheté pour 1,5 milliard de dollars d’or soudanais, que Hemedti contrôle, ainsi que des millions d’hectares de terres agricoles. Les deux parties sont manifestement très proches. Le FSR de Hemedti a combattu aux côtés des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen, en y envoyant des milliers de ses combattants.

Quatrièmement, la position saoudienne reste floue et hésite entre les deux parties. Le fait que les liens de l’Arabie saoudite soient tendus avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, qui sont les principaux soutiens des deux camps rivaux, complique la situation. Les Émirats arabes unis ont envoyé un conseiller présidentiel, plutôt que leur ministre des Affaires étrangères, à la récente conférence ministérielle de Djeddah sur la Syrie, convoquée par le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman. Les relations avec l’Égypte ne sont pas non plus au beau fixe. Le président Abdelfattah Al Sissi n’a pas réussi, lors de sa brève visite de Ramadan à Djeddah, à obtenir le paquet rapide d’aide financière qu’il recherchait. Faisant preuve d’une neutralité affichée, l’Arabie saoudite a exhorté Hemedti et Burhan à se rencontrer à Riyad pour négocier la fin de leur guerre.



Hemedti (le serpent) face à Burhan avec son projet de "Damj" (la fusion des FSR dans l'armée officielle) -Omar Dafalla

Sur le papier, l’armée régulière soudanaise se classe au 75e rang mondial, avec 205 000 hommes, 191 avions de guerre (vieillissants) et 170 chars d’assaut. En théorie, cela signifie qu’elle a le dessus et qu’elle a plus de chances de vaincre les forces rebelles de Hemedti. Mais cela est loin d’être acquis, compte tenu de l’intervention extérieure croissante.

Cette guerre ne peut se terminer que si l’une des parties bat et écrase l’autre, et non par une médiation ou des appels éloquents à un arrêt immédiat. Tout indique qu’elle pourrait se prolonger et se transformer en une guerre civile ou interrégionale qui entraînerait une anarchie armée dans le pays.

Si la guerre du Yémen, qui devait être réglée en trois mois, a duré huit ans, et la guerre civile libanaise quinze ans, combien de temps pourrait durer une guerre civile soudanaise si elle était déclenchée ?

Ce serait une perspective terrible. Les combats ont déjà fait 200 morts et des centaines de blessés, dont de nombreux civils. Il faut espérer qu’un cessez-le-feu sera rapidement conclu*. Mais l’inquiétude et le pessimisme sont justifiés par l’ingérence des acteurs extérieurs qui ont contribué à déclencher cette guerre et qui continuent à jeter de l’huile sur le feu, ainsi que par l’aggravation des querelles entre eux.

Le seul point positif parmi les rapports contradictoires sur le déroulement de la guerre est que le bon peuple soudanais ne soutient aucun des deux camps. Ils les tiennent tous deux pour responsables de l’effondrement économique, de l’insécurité, de la faim croissante (un tiers des Soudanais se trouvent sous le seuil de la faim selon le Programme alimentaire mondial) et, surtout, de l’échec de l’accord visant à transférer le pouvoir aux groupes civils qui ont mené à bien la révolution contre le régime militaire et ses coups d’État en série.

Le Soudan est victime d’une grande machination qui peut déboucher sur n’importe quelle issue, y compris la partition ou la guerre civile. L’establishment militaire est sans conteste le principal responsable de cette calamité. Les luttes de pouvoir entre les généraux et les commandants sont motivées par des raisons purement égoïstes, sans tenir compte de l’unité territoriale du pays ni des intérêts et du bien-être de sa population.


La "tatbia" (normalisation des relations avec Israël) - Omar Dafalla

C’est ce qui résulte de la normalisation et de la grande escroquerie usaméricaine qui a promis au peuple soudanais la prospérité et la générosité si Burhan serrait la main de Benjamin Netanyahou et si Hemedti se prosternait devant Tel-Aviv et considérait Israël comme un État ami qui résoudra tous les problèmes du Soudan.

En bref, nous assistons à un nouveau désastre majeur concocté par les USA et Israël avec la complicité, volontaire ou involontaire, des régimes arabes.

 NdT

*Un cessez-le-feu humanitaire de 24 heures du 19 au 20 avril, conclu sous les auspices du Triple Mécanisme (ONU-UA-IGAD) n'a tenu que quelques heures. Antonio Guterres vient d'appeler les parties au conflit à un cessez-le-feu de 3 jours à l'occasion de l'Aïd El Fitr.

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
A 75 años de la Nakba y la reacción israelí ante su conmemoración por la ONU

Luis E. Sabini Fernández, 20-4-2023

Estamos a punto de cumplir los 75 años del día en que los sionistas “consagraron” la primera tapa de la conquista del territorio palestino, hasta entonces en disputa cada vez más sangrienta.  Cuando los ingleses retiran sus “fuerzas del orden” de la Palestina histórica que administraron como colonia, aunque siempre con una tendencia a favorecer los reclamos de los judíos sionistas y no los de la vieja comunidad judía (llamada Antiguo Yishuv) y menos todavía a la población árabe, tenida por minusválida (homo non europaeus), llega lo que para los sionistas es su “hora de la verdad”. Fecha del despojo de la sociedad palestina y fundacional para el Estado de Israel: el 14 de mayo de 1948 (5 de lyar de 5708 en el calendario hebreo, 5 de Rayab de 1367 en el calendario musulmán).

El plan sionista para la toma del territorio había quedado puesto a punto el 10 de marzo de ese mismo año, con el nombre de Plan Dalet, que programaba la destrucción de más de 500 aldeas palestinas y el vaciado de varios barrios urbanos. Ese plan se tradujo en miles de palestinos matados (los ataques sionistas fueron apenas repelidos, puesto que se trataba de población civil, casi desarmada (o con escopetas de caza) y varios cientos de miles de palestinos desalojados con violencia de sus moradas, campos y territorios.

El plan (Dalet) estaba a punto, pero fue el retiro militar británico el que dio carta blanca a la acometida. Que los palestinos llaman Nakba.

Ante semejante efeméride y a la vista del agravamiento, siempre mayor del conflicto, y del arrebato cada vez más violento y desembozado de las tropas de una sociedad supermilitarizada, como la israelí, sobre los territorios palestinos, permanentemente bajo maltrato y reducción, redes palestinas han procurado recordar tan triste efeméride desde la ONU.

No deja de ser paradójico, puesto que fue la ONU la que finalmente cohonestó la solución sionista con desconocimiento radical de la presencia y la historia palestina en ese mismo territorio en disputa.

Pero es que las denominaciones, los estados de conciencia, la crítica moral, cambian con los tiempos. Es muy distinto el trámite dado en la ONU, con sus cincuenta y ocho estados miembros en 1948 a la cuestión palestina, con la guía entonces inapelable de EE.UU., el apoyo soviético, la defensa de políticas de apartheid, a lo que podemos observar hoy día, con esta “otra” ONU, con sus casi doscientos estados miembros, donde ha desaparecido el bloque soviético, el Consejo de Seguridad −ahora ligeramente ampliado− no tiene una China perteneciente al eje occidental (y lo que queda de aquella China prooccidental, hoy República de China, es Taiwan), donde ahora se condena expresamente el racismo y todo apartheid, donde ahora sí los estados árabes, −dejados de lado cuando se nombra la Comisión Especial para Palestina (UNSCOP por su sigla en inglés)− tienen cierta presencia.

Es esta ONU de los 75 años la que decidió conmemorar la Nakba.

No vaya nadie a creer que el cambio de la ONU es fuerte y radical. Más bien cosmético, pero necesario por el desgaste. Y cambio al fin. La conmemoración se aprobó apenas con el voto de 90 estados (menos de la mitad de sus componentes), con 30 en contra –una minoría de peso− y 47 abstenciones (faltando por lo tanto los que se abstuvieron hasta de abstenerse, es decir, según la nómina, otros 26).


Es cierto que de la nómina de 193 “estados miembros de la ONU” hay una larga veintena de unidades políticas nominales, con poblaciones de pocos miles de habitantes (no sabemos si no habrá incluso alguna con centenares…), muchas de las cuales tienen adhesión poco menos que permanente a algunas “grandes naciones” de las que son como apéndices. También hay que recordar que en esa nómina no figuran ni palestinos ni kurdos, ni tantas otras naciones sin reconocimiento jurídico.

Pero de cualquier modo, la presencia de, grosso modo, media ONU atenta al abuso de la ocupación sionista, calificando la relación del “Estado de conquista” [1] de Israel con la población palestina como inaceptable, nos revela cuán difícil es preservar indefinidamente un atropello impunemente, y nos permite ver la reacción sionista e israelí ante la denuncia.

Sucintamente, pasemos revista a las instancias. El 1º de diciembre de 2022, hace apenas 4 meses, la Asamblea General de la ONU vota un reconocimiento a la Nakba, ante su inminente 75º aniversario, el 14 de mayo de 2023 (falta menos de un mes). Con los resultados de la votación que acabamos de ver.



Junto con ese resultado, reñido pero demoledor para la preservación de la “intocabilidad” de Israel, sobrevinieron varias otras resoluciones que atienden cuestiones claves del conflicto; por ejemplo, la que pide se  “detenga[n
] todas las acciones contrarias al Derecho Internacional destinadas a alterar la composición demográfica y estatutos de los Territorios Palestinos Ocupados y el fin de las actividades en asentamientos.” [2]

Se trata del rechazo frontal a la política habitual y normal de Israel… desde hace décadas. Es como si estuviéramos viendo que el cántaro que fue tantas veces con impunidad…  se rompió.

De todos modos, como parece inherente a estas grandes estructuras burocráticas y globales, otra resolución postula, vuelve a postular, “soluciones” que se han encarado reiteradamente y que nunca solucionaron un ápice:

“La A. G. de la ONU ha aprobado una resolución en la que subraya la necesidad ‘urgente’ de realizar esfuerzos colectivos para lanzar negociaciones creíbles sobre todos los asuntos de estatus final y lograr una paz justa y duradera, fundamentada en las resoluciones del organismo internacional.”[3] Lo que ignora, deliberadamente, esta resolución y sus piadosos firmantes es que tales “esfuerzos colectivos” se hicieron a esta altura del proyecto colonizador, muchas veces –resoluciones ONU 181 (1947), 194 (1948), 242 (1967), 338 (1973), 446 (1979), 479 (1980)− y muchas más, además de las negociaciones bipartitas o tripartitas todas aclamadas como inminentes triunfos y todas fallidas; las de Camp David, de Taba, de Oslo, y un largo etcétera.

¿Por qué tales fracasos?

Sintetizando, porque ambas partes han sido irreductibles. Con una diferencia fundamental: los palestinos fueron hollados, vejados, maniobrados y ante la resistencia, matados, y eso no ha sido proclive a conversación o diálogo alguno.


Los judíos que organizaron el proyecto sionista tenían tal superioridad material, tal claridad en el proyecto político, que constituyeron siempre la parte fuerte ante una sociedad inicialmente desconcertada y que iba siendo despojada de a poco. Y por eso, nunca, entiéndase bien, nunca aceptaron retacear sus objetivos, con salidas tipo “solución de dos estados”, por ejemplo. Un proyecto colonialista niega de raíz toda equivalencia o igualdad entre colonizadores y colonizados. Forma parte de la estructura mental y material de tal tipo de proyectos.

Por eso, si estaba ‘a punto de estallar la paz’, los sionistas buscaron los resortes para agravar el conflicto. Entendámonos: un pueblo organizado y armado siempre tiene enorme, aplastante ventaja contra un pueblo desarmado, incluso cuando en ese pueblo se gesten agrupaciones armadas, guerrillas de resistencia.

Basta comparar los planteles militares del Estado israelí, con decenas de miles de hombres y mujeres armados y dispositivos militares y securitarios de enorme voltaje, con las agrupaciones armadas irregulares que se han ido creando a lo largo de las décadas entre los palestinos para ver la enorme diferencia en dispositivos militares y violentos a disposición.

Por todo lo que hemos estado reseñando, el reconocimiento de la ONU a la Nakba constituye una amenaza inquietante al proyecto del Estado de Israel. Por ejemplo (con cierta tardanza que no hay, sino que interpretar políticamente), en 2022 la ONU ha resuelto condenar la anexión israelí de los Altos de Golán, arrebatados a Siria en 1967, una ocupación “legalizada” por Israel en 1981 y reconocida únicamente por USA en 2019. Cuarenta y un año después, la ONU declara “nula” esa “ampliación” territorial de Israel. Pensemos todo lo que tendría que decirse sobre el arrebato tira a tira del territorio palestino que no fuera conquistado/arrebatado en 1948.[4]

Riyad Mansur, el representante de palestinos ante la ONU, contestó a ciertas críticas elevadas por representantes de varios países que rechazan “criticar exclusivamente a Israel”, adoptando una suerte de equidistancia ante el conflicto y sus secuelas más penosas. Mansur aclaró: “Lo que señala únicamente a Israel no es la cantidad de críticas legítimas dirigidas a sus crímenes y violaciones sino el nivel de impunidad del que disfruta pese a las condenas.” [5] Touché! Mencionar la impunidad, la carta blanca de que dispone Israel, resulta auspicioso.

Mansur remató su alocución en la ONU sosteniendo que “la única forma de acabar con la ocupación israelí es acabar con la impunidad". Me permito pensar que la única forma de acabar con la impunidad es acabar con la ocupación. Y el primer paso, mencionar “la cosa”.

Gilad Erdan, a su vez el representante israelí ante la ONU, criticó que las resoluciones aprobadas busquen "culpar a Israel de todo lo que pasa en Oriente Próximo, absolviendo a los palestinos de su responsabilidad en esta situación.”[6] En rigor, dado que el ataque a la sociedad palestina provino de un sionismo violento, hay motivo para culpar a Israel de “todo”. Recordemos que para la misma ONU el rechazo y la violencia defensiva, del atacado, tiene otro valor que la violencia del desencadenante de todo conflicto.

Erdan ha sostenido que "cada vez que se presentan propuestas de paz, los palestinos las rechazan, negándose a negociar o a ceder una pulgada”. Esto es psicológica o psiquiátricamente llamativo: que un representante del estado israelí sostenga que son los palestinos quienes jamás han cedido ni un tranco de pollo, cuando a lo largo de las décadas, si vemos una parte que jamás ha cedido un ápice, territorial, judicial, laboral, ambiental, ha sido Israel.

Erdan finalmente se quejó ante el pedido de conmemoración del 75º aniversario de la Nakba, que es a la vez el 75º aniversario de la creación del Estado de Israel. “Han plantado una cláusula que presenta su visión distorsionada de la verdad”. No es versión distorsionada, porque los hechos históricos a los que se refiere la Nakba son ciertos, ilevantables. Pero, eso sí, muy incómodos para que suenen junto a la conmemoración del 75o. aniversario de la creación del Estado de Israel.  “Nunca es triste la verdad, lo que no tiene es remedio.”

La exhortación final de este embajador israelí es por demás preocupante (siempre según la fuente Europa Press, 1º de dic. 2022): "Dejen de apoyar los libelos palestinos y de votar a favor de estas invenciones peligrosas".

La descalificación moral por “libelos” califica más bien al autor. Invocar “invenciones”  palestinas, cuando la ideación del Estado de Israel no provino de la realidad, sino, en todo caso, como una inferencia milenaria a partir de un libro entendido como libro de historia sin serlo,  convocando así el sionismo a corporizar un sueño o aspiración, lo que a su vez  también se lo puede considerar una invención, no deja de ser penoso.

Y si advertimos que el sionismo ha constituido una invención peligrosa, la invocación de Erdan es realmente, permítaseme el neologismo, esquizopeligrosa.

 Notas

[1]   Así describe con acierto el historiador Miguel Ibarlucía el asentamiento sionista (Editorial Canaán, Buenos Aires, 2012).

[2]   Resolución de la A. G. de la ONU, 28 nov. 2022.

[3]   EUROPA PRESS INTERNACIONAL, 1o. dic. 2022.

[4]   En 1947 la UNSCOP propone por mayoría (con el rechazo de la minoría que no acepta la partición) un 52% para un estado judío y un 47% para un estado palestino (y el 1% restante como territorio internacionalizado, administrado por la ONU, en Jerusalén). Con el retiro británico, los dispositivos militares del recién inaugurado Estado de Israel se apropian del 78% de la Palestina histórica. Y a lo largo de las décadas, Israel ha ido tomando tierra de lo que fue quedando en manos palestinas, asfixiando más y más la vida material y cotidiana de la población remanente.

[5]    E P I, ob. cit.

[6]   Ibíd.

 Viñetas de Carlos Latuff, Brasil

ACTIVIDAD ABIERTA Y GRATUITA A TRAVÉS DE ZOOM CON INSCRIPCIÓN PREVIA



Israël : le Grand Magic Circus de la dissonance mémorielle

La fièvre monte en Israël à l’approche de la Journée du Souvenir et de celle dite de l’Indépendance : les partisans d’un sionisme à visage humain menacent de perturber les cérémonies officielles, ce qui donne des sueurs froides aux membres de la coalition au pouvoir, tandis que les organisateur·trices de la Journée conjointe israélo-palestinenne du Souvenir font valoir leur droit à la célébrer. Ce qu’il faut savoir : La Journée du souvenir (Yom HaZikaron LeHalalei Ma’arakhot Yisrael ul’Nifge’ei Pe’ulot HaEivah, Journée de commémoration des soldats tombés pendant les guerres d’Israël et des victimes d’actes de terrorisme) qui tombe le 4 du mois luni-solaire de lyar, aura lieu en cette année 5783 du calendrier hébraïque du lundi 24 avril au coucher du soleil au mardi 25 la nuit venue. Yom Haʿatzmaout, Jour de lIndépendance, célébrant la proclamation de l‘État dIsraël le 14 mai 1948, tombe le 5 lyar. Ci-dessous 3 articles sur les derniers événements du psychodrame collectif qui fracture le camp sioniste. [Fausto Giudice, Tlaxcala]

  Le reality show de la fête de l’indépendance d’Israël

Gideon Levy, Haaretz, 19/4/2023

Depuis que la membre de la Knesset Tally Gotliv* a fait irruption dans nos vies, la ministre Miri Regev** est devenue une sorte d’aristocrate britannique par rapport à son héritière - en termes de manières royales, de retenue, de style, de langue anglaise et de litotes. Mais avec la cérémonie d’allumage des flambeaux, la duchesse de Rosh Ha’ayin s’est réveillée et a recommencé à être Miri Regev. Elle a une idée : Si une protestation éclate pendant la cérémonie, les chaînes de télé diffuseront un enregistrement de la répétition générale.

La ministre des Transports Miri Regev déguisée en statue de la liberté pour la fête de Pourim au début du mois. Photo: David Bachar

C’est certainement une bonne idée. Cela épargnerait au saint public des spectacles désagréables, et ce à la veille du 75e anniversaire de l’indépendance. Qu’ils manifestent sur le mont Herzl, qu’ils crient, qu’ils protestent, qu’ils se déchaînent, nous ne vous en parlerons pas. Et si nous n’en parlons pas, c’est que cela n’a pas eu lieu. Bonne fête de l’indépendance, Israël. Sans le vouloir, Regev a simplement suggéré d’élargir ce qui est déjà le comportement habituel des médias israéliens.

Médiatiser la réalité en omettant la vérité et en la déformant est, après tout, le pain quotidien des chaînes de télévision. Lorsqu’un jeune se bat pour sa maison et sa dignité et qu’il est abattu pour cela, la télévision ne diffuse que la répétition générale, c’est-à-dire les mensonges dont le porte-parole des FDI l’abreuve. Ils ne nous montrent pas la vie sous l’occupation, seulement la répétition. Ainsi, on nous épargne le désagrément de regarder les scènes dures, les protestations ou les souffrances que nous provoquons.

De même, lorsqu’Israël attaque en Syrie ou à Gaza, les chaînes de télévision ne nous montrent que la narration officielle, afin que personne n’ait la moindre idée de ce que nous attaquons, de qui nous tuons et de ce que nous détruisons - et surtout, pourquoi.

Le crime de Mme Regev, porte-parole de Tsahal à la retraite, est d’avoir voulu étendre au Mont Herzl la propagande mensongère dont elle était responsable à l’époque de sa splendeur. Qu’y a-t-il de mal à cela ? En quoi est-ce pire que les autres fausses narrations que l’on nous sert ad nauseam ? Quand exactement nous a-t-on montré la réalité à la télévision, en ce qui concerne l’occupation en particulier, mais aussi en général ? Quand ont-ils organisé une véritable discussion sur quoi que ce soit ?

L’inconcevable ignorance de l’Israélien moyen sur ce qui se passe non loin de chez lui, et peut-être aussi son obtusité, proviennent avant tout des narrations qui lui sont retransmises à la télévision, au lieu des scènes réelles.

Que savez-vous du camp de réfugiés de Jénine ? Et que voulez-vous savoir ? Seulement la narration éculée du “nid de terroristes”. Et que savez-vous de la vie (et parfois de la mort) de centaines de milliers de jeunes Palestiniens, de leurs rêves et de leurs chances ? Seulement ce qu’on vous a dit dans la narration. La télévision israélienne est en grande partie devenue le studio d’enregistrement de Regev : de pures absurdités au lieu d’une réalité douloureuse ; du pain (programmes de cuisine) et des cirques (émissions de téléréalité) au lieu de la vie elle-même. Et surtout, de la propagande au lieu de la vérité. Chaque chaîne a sa propre propagande, et toutes ensemble cachent le problème le plus crucial : l’occupation.

Mais la proposition de la ministre, qui sera probablement mise au rebut par les chevaliers de la vérité des chaînes, a aussi ouvert une fenêtre fascinante sur l’incroyable sainteté des cérémonies nationales israéliennes. On n’avait pas vu depuis longtemps une telle vigilance en prévision de cérémonies creuses. Qui allumera le flambeau ? C’est devenu une question existentielle. Seule la question de savoir qui viendra sur les concessions des cimetières militaires la surpasse en fatalité. Les propositions rivalisent d’absurdité : dicter des discours uniformes à tous les hommes politiques ou interdire l’accès aux cimetières à ceux qui n’ont pas servi dans l’armée. Comme toujours, entre l’important et l’insignifiant, Israël choisit le second.

Il faut le dire : les cérémonies stériles, tout comme les émissions stériles, sont de fausses cérémonies. On peut manifester n’importe où, même dans les cimetières ; tout doit être rapporté, cela aussi. Les âmes sensibles des Israéliens, y compris celles des familles endeuillées, le supporteront, sans médiation ni dissimulation. Le deuil est de toute façon une affaire extrêmement privée. En attendant, une protestation se prépare déjà contre la répétition principale, par sécurité. C’est comme ça que ça se passe dans l’état d’absurdité le plus total.

NdT

*Tally (ou Tali) Gotliv  (Revital Gottlieb), née en 1975 est une avocate sulfureuse et députée du Likoud. Elle a critiqué avec véhémence la décision du gouvernement de geler provisoirement le projet de refonte judiciaire, provoqué par la vague de protestations en cours.

** Miriam “Miri” Siboni, épouse Regev, née en 1965, est ministre des Transports, des infrastructures nationales et de la sécurité routière dans le gouvernement de coalition actuel. Membre du Likoud, elle a été générale de division et porte-parole de l’armée.

“Pour quoi les puissants sont-ils tombés ?”
La semaine prochaine, Israël célèbrera son jour le plus douloureux. Cette année, ce sera très différent

Judy Maltz, Haaretz, 19/4/2023

Des familles endeuillées ont demandé aux ministres du gouvernement de ne pas s’approcher des cimetières militaires lorsqu’Israël célébrera la Journée du souvenir mardi, un appel qui risque de tomber dans l’oreille d’un sourd. Je pense que nous devons nous préparer à des scènes sans précédent", prévient un expert.

Photos : Oded Balilty/ AP / Moti Milrod / ingimage, photoshoppées par Anastasia Shub

Lors de la grande manifestation de samedi dernier à Tel Aviv contre le projet de coup d’État judiciaire du gouvernement, plusieurs dizaines de manifestants s’étaient organisés en une ligne horizontale sur la route principale menant à la scène centrale. Avec une rangée de bougies allumées sur le sol, il était difficile de les manquer.

Une femme tenait une pancarte écrite à la main qui demandait : « Pour quoi les puissants sont-ils tombés ? »

Un autre portait une affiche avec cette douloureuse question : « Mon frère est mort pour un Israël démocratique. Est-il mort en vain ? »

Une vieille photo en noir et blanc d’un jeune soldat était collée sur un morceau de carton brandi par un autre manifestant. Le texte sous la photo disait : « Le sang de mon frère crie sur la terre ».

Les T-shirts noirs portés par les membres du groupe de familles endeuillées réunis
lors des manifestations hebdomadaires comportaient une légère déformation des célèbres mots du grand poète hébreu Haïm Nahman Bialik qui figurent sur de nombreux monuments commémoratifs en Israël. À la place du mot “vie” à la fin du texte, on peut lire : « Dans leur mort, ils nous ont légué la démocratie ».

Jamais auparavant les jours précédant la journée de commémoration des soldats israéliens tombés au combat n’ont été aussi tendus. Les veillées très médiatisées organisées ces dernières semaines par des membres de familles endeuillées, dans le cadre des principales manifestations du samedi soir, ne sont probablement qu’un avant-goût de ce à quoi les Israéliens peuvent s’attendre en ce jour le plus sacré qui soit.

Omri Shabtay, au centre, avec Avivit Gera à sa gauche, tenant une photo de son frère décédé, lors de la manifestation en faveur de la démocratie à Tel Aviv samedi dernier. Photo : Judy Maltz

Perturber les discours

Les cimetières militaires israéliens sont généralement bondés le jour du souvenir (qui tombe cette année le 25 avril). À 11 heures, les sirènes retentissent dans tout le pays, tandis que les Israéliens observent deux minutes de silence. Des représentants du gouvernement s’adressent ensuite aux civils et aux soldats rassemblés autour des pierres tombales.

Des milliers de membres de familles endeuillées ont déjà signé des lettres suppliant les ministres du gouvernement de rompre avec la tradition cette année, par respect pour eux, et de rester à l’écart des cimetières. Ils représentent sans doute la majorité des Israéliens qui s’opposent à la réforme judiciaire du gouvernement et craignent qu’elle ne sonne le glas de la démocratie dans le pays.

Nombreux sont ceux qui ont menacé de perturber les discours, voire pire, si leur demande était rejetée.

Omri Shabtay, dont le père a été tué lors de la guerre du Kippour en 1973, affirme qu’il aurait préféré ne pas se présenter. « Ce sera la première fois que je ne me tiendrai pas sur la tombe de mon père le jour du souvenir », déclare ce professeur d’histoire et d’éducation civique de 53 ans.

Le Jour du Souvenir a toujours été un symbole de consensus dans un Israël de plus en plus divisé. C’est le seul jour de l’année où la plupart des Israéliens sont prêts à mettre leurs différences de côté par respect pour les jeunes hommes et femmes qui ont donné leur vie pour le pays. Alors qu’aux USA, le Memorial Day est connu pour les soldes dans les centres commerciaux et les barbecues dans les jardins, en Israël, c’est un moment de réflexion et de deuil, avec des chansons tristes et des témoignages déchirants entendus tout au long de la journée à la radio.

Ce n’est pas un hasard si ceux qui ont décidé des dates des fêtes nationales israéliennes ont placé le Jour du Souvenir un jour avant le Jour de l’Indépendance. C’était une façon de rappeler aux Israéliens le coût très élevé de leur indépendance.

Le frère cadet d’Orly Eshkar, un pilote, a été tué dans la catastrophe d’hélicoptère de 1997 au cours de laquelle 73 soldats israéliens ont perdu la vie. Elle a l’intention de se rendre sur sa tombe au cimetière militaire et d’assister à la cérémonie, comme elle le fait chaque année. Elle n’a cependant pas encore décidé si elle répondra aux appels à la retenue.

« Personne n’a envie de voir des cris ou des manifestations dans les cimetières, et c’est pourquoi nous supplions les politiciens de ne pas venir », explique cette grand-mère de 65 ans qui travaille dans le secteur de la haute technologie. « Ils nous ont traités d’anarchistes, de terroristes et de traîtres, et nous ont dit d’aller au diable. Mais tant qu’aucun membre du gouvernement n’aura présenté d’excuses pour ces paroles horribles, je pense qu’ils ont perdu le droit de participer à ces cérémonies ».

Avner Ben-Amos, un historien de l’université de Tel-Aviv qui étudie les rituels de commémoration, cite un autre facteur expliquant l’indignation de tant de familles endeuillées cette année. « C’est le premier gouvernement que nous avons avec autant de membres qui n’ont jamais servi dans l’armée », note-t-il, en faisant référence aux membres des partis ultra-orthodoxes et même orthodoxes.

Le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, par exemple, a été exclu de l’armée en raison de son implication dans des activités terroristes lorsqu’il était adolescent. Ben-Gvir, qui dirige le parti Otzma Yehudit, doit s’adresser aux familles rassemblées mardi matin au cimetière militaire de Be’er Sheva, où une confrontation semble presque inévitable.

« Je pense que nous devons nous préparer à des scènes sans précédent dans les cimetières militaires cette année », déclare Ben-Amos.

Le ministre extrémiste Itamar Ben-Gvir s’exprimant lors d’une marche de droite dans l’avant-poste d’Itamar, en Cisjordanie, au début du mois. Photo : Moti Milrod

Mourir en vain

Avivit Gera, qui a perdu son frère aîné lors de la guerre de Kippour, animera mardi matin une cérémonie commémorative alternative organisée par un groupe de familles actives dans le mouvement de protestation. La cérémonie devrait se dérouler, symboliquement, à l’extérieur du bâtiment de Tel Aviv où la déclaration d’indépendance d’Israël a été signée il y a 75 ans.

Samedi soir, aux côtés d’autres membres du groupe de familles endeuillées, Gera a brandi un morceau de carton sur lequel était collée la photo de son frère. Sous la photo, elle avait écrit ces mots : « Ophir Beit-Arie, de mémoire bénie, 20 octobre 1973. Il a donné sa vie pour un Israël démocratique ».

« La perte d’un frère fait mal, mais c’est encore pire à cause de cet horrible gouvernement », déclare cette conservatrice de sites archéologiques et naturels âgée de 64 ans. « J’avais l’habitude de dire que mon frère avait été tué au combat. Aujourd’hui, j’ai presque l’impression qu’il a été assassiné ».

Des membres de la coalition au pouvoir et de l’opposition ont exhorté les manifestants à marquer un temps d’arrêt à l’occasion du Jour du Souvenir, par respect pour les morts. Chili Tropper, un député de l’opposition, a signé avec plus de 100 autres députés une pétition appelant les Israéliens à laisser les controverses politiques qui les divisent en dehors des cimetières militaires.

Miriam Peretz, une conférencière populaire qui a perdu deux fils dans l’armée, a récemment lancé un appel similaire sur sa page Facebook. « Le Jour du Souvenoir est un jour de tristesse, mais aussi un jour de fraternité », a écrit l’ancienne candidate à la présidence. « C’est un jour où je me sens accueillie par la grande famille que j’appelle la nation d’Israël. C’est un jour d’empathie et de partage de notre douleur, un jour où la nation étreint les familles endeuillées et où les amis rendent hommage, même 30 ans plus tard. C’est l’amitié, la fraternité, le ciment de l’unité ».

Cependant, Gera ne voit aucune raison de faire une pause dans les manifestations à l’occasion du Jour du Souvenir.

« Au contraire », dit-elle. « En ce jour sacré, la dernière chose que nous devrions faire, c’est de jouer le jeu des politiciens ».

Boaz Zirkel et sa sœur Maya sont les organisateurs du groupe des familles endeuillées lors des manifestations de Tel Aviv. Leur frère aîné, Yonatan, a été tué lors de la première guerre du Liban.

Boaz, 46 ans, explique que ce qui les a poussés à agir, c’est le sentiment grandissant que leur frère est mort en vain. « Ce gouvernement bafoue les valeurs pour lesquelles mon frère s’est battu » [quelles valeurs exactement ?, NdT], déclare ce père de trois enfants, originaire de Givatayim, dans la banlieue de Tel-Aviv.

Boaz Zirkel, avec la pancarte suspendue autour du cou, à côté d’Omri Shabtay à Tel Aviv samedi soir dernier. La pancarte de Shabtay porte des photographies de son père Arye, tué près du canal de Suez en octobre 1973, et de son oncle Simcha, décédé deux ans plus tôt dans un accident lors d’un entraînement militaire. Photo : Judy Maltz

« Je n’ai plus de frères pour une guerre entre frères », peut-on lire sur la pancarte faite à la main qu’il porte autour du cou.

Sur l’affiche de Shabtay sont collées des photos de son père Arye, tué près du canal de Suez en octobre 1973, et de son oncle Simcha, mort dans un accident d’entraînement militaire deux ans plus tôt. »

« Le Jour du Souvenir est la chose la plus constante de ma vie », déclare Shabtay, qui est le porte-parole du groupe des familles endeuillées. « Chaque année, je me rendais sur la tombe de mon père et lui parlais de tout ce qui m’était arrivé cette année-là. Je lui parlais de mon service militaire, de mes études, de mon mariage et de mes enfants. Ce sera donc étrange de ne pas être là cette année ».

Orit Yaal, historienne du kibboutz Afikim, près de la mer de Galilée, a perdu son frère aîné, Ziv Levin, lors d’une opération militaire au Liban il y a 45 ans. « J’ai toujours pensé que pour construire un pays comme le nôtre, il fallait être prêt à perdre quelque chose », explique cette mère de quatre enfants, âgée de 61 ans. « Mais récemment, j’ai commencé à me demander pour la première fois si cela en valait la peine ».

Son frère est enterré au cimetière du kibboutz, où elle assiste chaque année à la cérémonie du jour du souvenir. Elle prévoit de s’y rendre cette année encore, mais ne sait pas encore si et comment elle exprimera sa forte opposition au gouvernement actuel.

« C’est un exercice d’équilibre très délicat », dit-elle. « D’un côté, je ne veux pas profaner la mémoire de mon frère ou de tout autre soldat tombé au combat. Mais d’un autre côté, je ressens un énorme besoin de crier ».


Quelques-unes des familles endeuillées lors de la manifestation en faveur de la démocratie la semaine dernière. Les tee-shirts portent l’inscription suivante : « Dans leur mort, ils nous ont légué la démocratie ». Photo : Judy Maltz

Les organisateurs de la Journée alternative du Souvenir déposent une requête devant la Haute Cour contre l’exclusion des familles palestiniennes par Israël

Chen Maanit, Haretz, 19/4/2023

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a fondé sa décision sur le fait que l’armée israélienne devrait fermer la Cisjordanie avant le Jour du Souvenir et le Jour de l’Indépendance, le lendemain.

La journée alternative du souvenir : « La cérémonie commémorative conjointe, organisée par Combatants for Peace (CfP) et The Parents Circle Families Forum, est le plus grand événement israélo-palestinien organisé conjointement pour la paix. La Cérémonie commémorative conjointe est une occasion unique pour les Israéliens et les Palestiniens de faire leur deuil ensemble et d’exiger avec force la fin de la violence actuelle. La cérémonie a lieu chaque année depuis 2006, à la veille de Yom Hazikaron (journée commémorative israélienne). Dans la culture israélienne dominante, les cérémonies qui sont le plus souvent organisées en l’honneur de cette journée servent à renforcer les récits culturels de la douleur, de la victimisation et du désespoir. Notre mémorial commun transforme ce récit en amenant les Palestiniens au mémorial aux côtés des Israéliens. En nous unissant pour pleurer la douleur de l’autre, nous voulons remettre en question le statu quo et jeter les bases d’une nouvelle réalité fondée sur le respect mutuel, la dignité et l’égalité pour tous. En pleurant ensemble, nous ne cherchons pas à mettre les récits sur un pied d’égalité, mais plutôt à transformer le désespoir en espoir et à construire des ponts de compassion. Nous nous rappelons à nous-mêmes et à la société que l’occupation, l’oppression et la violence ne sont pas inévitables ». En 2022, 300 000 personnes ont participé à l’événement retransmis en direct et plus d’un million de personnes l’ont regardé en streaming.

Les organisateurs d’une cérémonie commune entre Israéliens et Palestiniens à l’occasion du Jour du souvenir ont saisi la Haute Cour de justice mercredi, contestant la décision du ministre de la Défense d’interdire aux familles palestiniennes d’entrer en Cisjordanie pour assister à la cérémonie.

La pétition, déposée par les familles israélo-palestiniennes endeuillées pour la paix et par les combattants pour la paix, vise à obtenir une ordonnance de justification de la décision, afin que les Palestiniens puissent entrer en Israël sous réserve d’une inspection de sécurité.

C’est la 18e année que la cérémonie commune, prévue la veille du Jour du Souvenir au parc Yarkon de Tel-Aviv, devrait avoir lieu. Des membres de quatre familles endeuillées - israéliennes et palestiniennes - devraient prendre la parole. Ces trois dernières années, l’événement s’est déroulé en ligne, en partie à cause de la pandémie de coronavirus.

Le ministre de la défense, Gallant, a fondé sa décision sur le fait que l’armée israélienne devrait fermer la Cisjordanie avant le Jour du Souvenir et le Jour de l’Indépendance, le lendemain. Le bureau de Gallant a déclaré que dans la situation sécuritaire complexe actuelle en Cisjordanie, il n’est pas possible d’autoriser les Palestiniens à franchir la frontière.

Les années précédentes, les ministres de la défense avaient émis des ordres similaires sans faire d’exception pour les familles palestiniennes désireuses d’assister à la cérémonie.

La pétition, déposée par les avocats Tamir Blank et Adi Lustigman, affirme que la décision de Gallant « ne tient pas compte de l’État de droit et de l’autorité de la Cour suprême » et la qualifie d’ « atteinte flagrante à la liberté d’expression et au tissu fragile de la démocratie dans l’État d’Israël ». Elle qualifie la cérémonie commémorative de « nouvelle expression du deuil des familles qui ont perdu ce qu’elles avaient de plus cher ». Du point de vue des familles, la cérémonie est “une ouverture à l’espoir” qui “remplacerait la haine qui a conduit à la perte”.

La pétition cite la décision de la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, dans l’affaire de 2019, qui a annulé l’ordre du ministre de la Défense et autorisé l’entrée de la plupart des personnes pour lesquelles les organisateurs avaient demandé une autorisation. Esther Hayut a noté que la cérémonie « a un objectif déclaré et un message clair de réconciliation et de paix. Du point de vue [des familles], il apparaît que des personnes se sont rassemblées ici et cherchent, par leur activité, à changer activement la réalité de l’inimitié et à insuffler de l’espoir ».

Combatants for Peace a répondu : « Bien que certains aient présenté Gallant comme un chevalier de la démocratie, nous constatons qu’il poursuit la ligne du gouvernement extrémiste [actuel] et méprise la Cour suprême et la liberté d’expression. Il est regrettable que cette décision intervienne à la veille Jour du Souvenir, une année où tant d’entre nous cherchent à se rassembler autour de la mémoire de tous ceux qui ont subi des pertes, sans l’intervention de politiciens... »