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16/09/2025

FRANÇOIS VADROT
The Netanyahu Scale of Massacres

When the media grades horror the way we mesure earthquakes

François Vadrot, 16/9/2025

Preamble

It all started with the front page of the French Newspaper of Record on the morning of September 16, 2025. It reported that the “Palestinian civil defense” (a carefully chosen formula to avoid the word Hamas) “fears a major massacre” in Gaza, while an Israeli minister rejoiced that “Gaza is burning.” 


The dissonance was striking: on one side a civilian institution fearing a massacre, on the other a political leader celebrating it. But the most disturbing point lay elsewhere: the very idea of a “major massacre.” As if there existed an implicit taxonomy, a bureaucratic classification of killings. Would a “minor” massacre then be acceptable, dissolvable into the routine of daily war tolls?

 From this arose the idea of a Netanyahu scale of massacres: a satire of media language, a graduated accounting of horror, where the word “massacre” only appears once an arbitrary threshold is reached, and where indignation is calculated to the decimal point.


The Netanyahu Scale

Level 0 — Insignificant incidents
Snipers, drones: isolated deaths do not enter the accounting.

Level 1 — Micro-massacre
Fewer than ten dead. Called an “incident” or a “targeted strike.” No photo, just a lost line in a live update.

Level 2 — Moderate blunder
10 to 20 dead. The word “massacre” is forbidden: instead, “an uncertain toll” is evoked.

Level 3 — Minor massacre
20 to 49 dead. Newsrooms admit the term, but in the conditional: “fears of a massacre.”

Level 4 — Major massacre
50 dead or more. A live news feed is opened. The word “massacre” is allowed, but with the adjective: yes, a massacre, but a “major” one.

Level 5 — Catastrophe
100 dead and more. The word “horror” appears, but voiced through an NGO or a historian.

Level 6 — Apocalypse
Several hundred dead in an instant (camp, school, hospital). Described as a “turning point in the conflict,” immediately erased by the next one.

Level 7 — The unspeakable
An editorial is rolled out on the “failure of the international community,” without ever naming the criminal.

Conclusion

On the Richter scale, we measure the strength of earthquakes. On the Netanyahu scale, we measure the media’s tolerance for horror.

FRANÇOIS VADROT
Propositions pour une échelle de Netanyahou des massacres

Quand les médias classent l’horreur comme on mesure un séisme.

 François Vadrot, 16/9/2025

Préambule

Tout est parti de la Une du Journal de référence, ce matin du 16 septembre 2025. On y lisait que la « défense civile palestinienne » ( formule soigneusement choisie pour éviter le mot Hamas) « craint un massacre majeur » à Gaza, alors qu’un ministre israélien se réjouissait que « Gaza brûle ».

La dissonance était frappante : d’un côté une institution civile qui redoute un massacre, de l’autre un responsable politique qui s’en félicite. Mais le plus troublant était ailleurs : l’idée même de « massacre majeur ». Comme s’il existait une taxonomie implicite, un classement administratif des tueries. Un massacre « mineur » serait-il donc acceptable, soluble dans la routine des bilans de guerre ?
De là est née l’idée d’une échelle de Netanyahou des massacres : une satire du langage médiatique, une comptabilité graduée de l’horreur, où le mot « massacre » n’apparaît qu’après un seuil arbitraire, et où l’indignation se calcule à la décimale.



L’échelle de Netanyahou

Niveau 0 — Incidents insignifiants
Snipers, drones : les morts isolées n’entrent pas dans la comptabilité.

Niveau 1 — Micro-massacre
Moins de dix morts. On parle d’« incident » ou de « frappe ciblée ». Pas de photo, juste une ligne perdue dans un direct.

Niveau 2 — Bavure modérée
10 à 20 morts. Le mot « massacre » est interdit : on évoque un « bilan encore incertain ».

Niveau 3 — Massacre mineur
20 à 49 morts. Les rédactions admettent le terme, mais au conditionnel : « craintes d’un massacre ».

Niveau 4 — Massacre majeur
50 morts ou plus. On ouvre un direct. Le mot « massacre » s’impose, mais assorti de l’adjectif : un massacre oui, mais « majeur ».

Niveau 5 — Catastrophe
100 morts et plus. On parle d’« horreur », mais à travers la voix d’une ONG ou d’un historien.

Niveau 6 — Apocalypse
Plusieurs centaines de morts en un instant (camp, école, hôpital). On évoque un « tournant du conflit », aussitôt effacé par le suivant.

Niveau 7 — L’indicible
On ressort l’éditorial sur « l’échec international », sans jamais nommer le criminel.

Conclusion

Sur l’échelle de Richter, on mesure la force des séismes. Sur l’échelle de Netanyahou, on mesure la tolérance médiatique à l’horreur.


AMEER MAKHOUL
Netanyahou, le discours “spartiate” et la guerre des civilisations

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies, 15/9/2025
Traduit par Tlaxcala

 


Dans son discours du 15 septembre au Département des comptables généraux du ministère israélien des Finances, Netanyahou a exposé sa vision de l’avenir et une dimension fondamentale de sa vision et de ses politiques, fondées sur la permanence de la guerre, déclarant : « Les dangers ne disparaissent pas, ils ne font que changer. » Netanyahou a souligné la nouvelle orientation consistant à contrer l’isolement international en se tournant vers une production militaire autonome.

On ne sait pas si le discours de Netanyahou, qui a coïncidé avec le sommet arabo-islamique de Doha et la visite du secrétaire d’État usaméricain, était lié à ces deux événements en termes de calendrier.

Analyse

Netanyahou reconnaît ouvertement l’isolement dans lequel se trouve Israël, tandis que sa conclusion est de renforcer davantage des politiques qui équivalent à un pari global et à une guerre perpétuelle jusqu’à la « victoire décisive ». Il semble convaincu qu’Israël est capable de l’atteindre, renforcé par les déclarations de Marco Rubio, qui a adopté la position et le récit d’Israël. En réalité, Netanyahou rejette toute main arabe tendue vers la compréhension ou la paix, quelle qu’en soit la forme ou la substance.

Plus dangereuse encore est l’affirmation de Netanyahou, dans le contexte des succès d’Israël dans la guerre contre l’Iran, qu’il existe de nouvelles menaces pesant sur Israël. Il a ajouté : « Même lorsqu’une force est éliminée, d’autres forces remontent à la surface… Je ne les nommerai pas. » Il a poursuivi, s’adressant aux hauts responsables du ministère des Finances : « Réfléchissez entre vous aux dangers. Les dangers ne disparaissent pas, ils ne font que changer. » Netanyahou faisait implicitement allusion à l’Égypte et à la Turquie, tout en justifiant une frappe contre le Qatar.

La question de la fabrication militaire indépendante est apparue sous la présidence de Biden, lorsque celui-ci a interdit la fourniture de bombes massives à Israël avant son occupation et sa destruction de Rafah. Biden considérait que l’armée israélienne les utiliserait contre des civils, tandis que les USA fournissaient à Israël des bombes et des équipements encore plus meurtriers pour la guerre contre le Hezbollah et l’Iran. Trump a depuis levé l’interdiction de Biden.

L’Allemagne a suivi cette ligne, interrompant l’exportation de certaines armes de destruction massive et de munitions pouvant être utilisées contre des civils lors de « l’opération Chariots de Gédéon 2 », selon la position allemande. Le Royaume-Uni et la France ont pris des mesures similaires, tandis que l’Espagne est allée plus loin en interdisant l’utilisation de ses ports pour le transfert d’armes usaméricaines vers Israël, suivie plus tard par l’Italie.

La guerre des civilisations et le “Grand Israël”

Netanyahou attribue l’isolement d’Israël à deux raisons principales : la première est « la migration illimitée des minorités musulmanes vers les pays d’Europe occidentale. Elles ne sont pas encore majoritaires, mais elles sont une minorité influente, bruyante et efficace, ce qui dissuade les gouvernements. Ces questions influencent les dirigeants, et ils ne le nient pas dans les conversations privées. »

L’Israël officiel et sa machine médiatique ont réagi de manière ostensible aux récentes manifestations racistes en Grande-Bretagne contre l’immigration, y exprimant leur soutien. Ils ont également cherché à alimenter le discours populiste européen contre les migrants, les présentant comme antisémites, anti-civilisation occidentale et manipulateurs des positions européennes. Cette rhétorique rappelle les discours de haine autrefois dirigés contre les Juifs européens lors de la montée de l’antisémitisme.

Netanyahou et son gouvernement considèrent la visite de Rubio, secrétaire d’État usaméricain dont les positions idéologiques s’alignent sur celles de Trump contre l’immigration (qu’il qualifie de « menace pour la sécurité nationale »), comme une opportunité d’inciter les deux à se débarrasser du « danger » en expulsant de force les migrants. Pour Netanyahou, la question de l’expulsion des migrants s’aligne logiquement avec ses intentions de déplacer la population de Gaza et même de la Cisjordanie.

Le second message, adressé principalement à Trump et à son administration a été l’affirmation de Netanyahou : « Des pays comme le Qatar et la Chine influencent l’opinion publique par d’énormes investissements dans des campagnes sur les réseaux sociaux. Cela change la position internationale d’Israël. Nous devrons investir des sommes énormes là-dedans. » Ce message visait également le ministère des Finances afin d’allouer des budgets à cet effet.

Netanyahou passe effectivement dans son discours de la doctrine du marché libre ouvert mondialement et intérieurement à celle d’une économie fermée basée sur l’autosuffisance et l’isolement défensif. Ce n’est pas une fin en soi, mais une partie d’une vision qui accepte les guerres perpétuelles comme une réalité. Il a déclaré : « Au moins dans les années à venir, nous devrons nous défendre et savoir comment frapper l’ennemi. » Il a ajouté qu’Israël devait être géré comme « Sparte », qui a mené de nombreuses guerres contre Athènes : « Nous devrons développer des industries d’armement ici. Nous serons à la fois Athènes et une grande Sparte. Nous n’avons pas d’autre choix. »

Conclusion

Netanyahou reconnaît que l’isolement international actuel d’Israël n’est pas temporaire ou éphémère, mais constant et durable, tandis qu’il mise sur les valeurs de Trump et sur les populistes européens.

S’il reste au pouvoir, l’approche de Netanyahou face à l’isolement international est de s’enfermer dans des intentions de guerre permanente, ne comptant que sur des solutions militaires sans aucune voie politique. Il ne s’intéresse ni à la normalisation ni même aux accords d’Abraham.

Il menace implicitement à la fois l’Égypte et la Turquie, indiquant que l’opération militaire israélienne à Doha n’est pas la fin du chemin.

Il défie les pays exportateurs d’armes en insistant sur la production indépendante de l’arsenal militaire d’Israël, ce qui nécessiterait des budgets sans précédent et peut-être indisponibles, même avec de grands changements économiques.

Netanyahou s’aligne presque totalement sur l’agenda et l’administration de Trump dans leur hostilité envers les immigrés, l’Islam et la Chine, embrassant la xénophobie et une théorie du « choc des civilisations » soutenu. Il se positionne aux côtés des forces populistes européennes — même celles qui sont antisémites — tant que leur rhétorique est anti-immigrés, cherchant à provoquer des affrontements internes en Europe avec les mouvements propalestiniens.

En exploitant la question des immigrés palestiniens et arabo-islamiques en Europe et en exigeant de gros budgets pour une propagande visant à promouvoir le récit israélien, Netanyahou cherche à ouvrir un front direct contre les mouvements de solidarité avec la Palestine, les diabolisant par une rhétorique raciste comme le produit de l’immigration et une menace pour la position « européenne blanche » selon le discours colonial.

En parallèle avec le mouvement isolationniste MAGA (« Make America Great Again »), Netanyahou promeut sa doctrine isolationniste « spartiate », que l’on pourrait résumer par MIGA : « Make Israel Great Again ».

Ces changements idéologiques dans la rhétorique de Netanyahou confirment que les évolutions des positions internationales en faveur des droits palestiniens isolent de plus en plus Israël. Pourtant, les conclusions de Netanyahou ne feront qu’approfondir et aggraver cet isolement, prouvant qu’il ne s’agit pas d’une phase passagère.

AMEER MAKHOUL
Netanyahu, el discurso “espartano” y la guerra de civilizaciones

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies, 15/9/2025
Traducido por Tlaxcala

 


En su discurso del 15 de septiembre en el Departamento de Contadores Generales del Ministerio de Finanzas de Israel, Netanyahu expuso los rasgos del futuro y una dimensión fundamental de su visión y de sus políticas, basadas en la permanencia de la guerra, afirmando: «Los peligros no desaparecen, solo cambian». Netanyahu subrayó la nueva orientación de contrarrestar el aislamiento internacional mediante una producción militar autosuficiente.

No está claro si el discurso de Netanyahu, que coincidió con la cumbre árabe-islámica en Doha y la visita del secretario de Estado de USA, estaba relacionado con estos dos eventos en cuanto a su calendario.

Análisis

Netanyahu reconoce abiertamente el aislamiento en el cual se encuentra Israel, mientras que su conclusión es profundizar aún más en políticas que equivalen a una apuesta total y a una guerra perpetua hasta la “victoria decisiva”. Parece convencido de que Israel es capaz de lograrlo, respaldado por las declaraciones de Marco Rubio, quien ha adoptado la postura y la narrativa de Israel. En la práctica, Netanyahu rechaza cualquier mano árabe tendida hacia el entendimiento o la paz, sea cual sea su forma o sustancia.

Más peligrosa aún es la afirmación de Netanyahu, en el contexto de los logros de Israel en la guerra contra Irán, de que existen nuevas amenazas para Israel. Añadió: «Incluso cuando una fuerza es eliminada, otras fuerzas emergen... No las nombraré.» Continuó, dirigiéndose a altos funcionarios del Ministerio de Finanzas: «Piensen entre ustedes en los peligros. Los peligros no desaparecen, solo cambian.» Netanyahu insinúa implícitamente tanto a Egipto como a Turquía, además de justificar un ataque contra Catar.

El tema de la fabricación militar independiente surgió durante la presidencia de Biden, cuando él prohibió el suministro de bombas masivas a Israel antes de su ocupación y destrucción total de Rafah. La consideración de Biden era que el ejército israelí las usaría contra civiles, mientras que USA proporcionaba a Israel bombas y equipos aún más letales para la guerra contra Hezbolá e Irán. Trump ha levantado desde entonces la prohibición de Biden.

Alemania siguió esta línea, deteniendo la exportación de ciertas armas de destrucción masiva y municiones que podrían usarse contra civiles en la «Operación Carros de Gedeón 2», según la posición alemana. El Reino Unido y Francia tomaron medidas similares, mientras que España fue más allá al prohibir el uso de sus puertos para transferir armas usamericanas a Israel, seguida después por Italia.

La guerra de civilizaciones y el “Gran Israel”

Netanyahu atribuye el aislamiento de Israel a dos razones principales: la primera es “la migración ilimitada de minorías musulmanas a los países de Europa occidental. Aún no son mayoría, pero son una minoría influyente, ruidosa y efectiva, lo que disuade a los gobiernos. Estos asuntos influyen en los líderes, y ellos no lo niegan en conversaciones privadas”.

El Israel oficial y su maquinaria mediática respondieron de forma ostentosa a las recientes manifestaciones racistas en Gran Bretaña contra la inmigración, expresándoles su apoyo. También buscaron agitar el discurso populista europeo contra los migrantes, presentándolos como antisemitas, anti-civilización occidental y manipuladores de las posiciones europeas. Esta retórica recuerda al discurso de odio dirigido en su momento contra los judíos europeos durante el auge del antisemitismo.

Netanyahu y su gobierno ven la visita de Rubio, secretario de Estado usamericano cuyas posiciones ideológicas se alinean con las de Trump contra la inmigración (a la que llama “una amenaza para la seguridad nacional”), como una oportunidad para instar a ambos a librarse del “peligro” expulsando por la fuerza a los migrantes. Para Netanyahu, la cuestión de deportar migrantes se alinea lógicamente con sus intenciones de desplazar a la población de Gaza e incluso de Cisjordania.

El segundo mensaje, dirigido principalmente a Trump y a su administración, fue la afirmación de Netanyahu: “Países como Catar y China influyen en la opinión pública mediante enormes inversiones en campañas en redes sociales. Esto cambia la posición internacional de Israel. Tendremos que invertir sumas enormes en ello”. Este mensaje también iba dirigido al Ministerio de Finanzas para asignar presupuestos a tal efecto.

En su discurso, Netanyahu pasa efectivamente de la doctrina del mercado libre abierto global y nacional a la doctrina de una economía cerrada basada en la autosuficiencia y el aislamiento defensivo. Esto no es un fin en sí mismo, sino parte de una visión que acepta las guerras perpetuas como realidad. Declaró: “Al menos en los próximos años, tendremos que defendernos y saber cómo golpear al enemigo”. Añadió que Israel debe ser gestionado como “Esparta”, que libró muchas guerras contra Atenas: “Tendremos que desarrollar industrias armamentísticas aquí. Seremos tanto Atenas como una gran Esparta. No tenemos otra opción”.

Conclusión

Netanyahu reconoce que el aislamiento internacional actual de Israel no es temporal o pasajero, sino constante y sostenible, mientras apuesta por los valores de Trump y por los populistas europeos.

Si permanece en el poder, el enfoque de Netanyahu para enfrentar el aislamiento internacional es atrincherarse en intenciones de guerra permanente, confiando únicamente en soluciones militares sin ninguna vía política. No le interesa la normalización ni siquiera los Acuerdos de Abraham.

Amenaza implícitamente tanto a Egipto como a Turquía, señalando que la operación militar israelí en Doha no es el final del camino.

Desafía a los países exportadores de armas insistiendo en la producción independiente del arsenal militar de Israel, lo que requeriría presupuestos sin precedentes y posiblemente indisponibles, incluso con grandes cambios en la economía.

Netanyahu se alinea casi completamente con la agenda y la administración de Trump en su hostilidad hacia los inmigrantes, el Islam y China, abrazando la xenofobia y una teoría de “choque de civilizaciones” sostenido. Se posiciona dentro de las fuerzas populistas europeas —incluso aquellas que son antisemitas— mientras su retórica sea antinmigrante, buscando provocar enfrentamientos internos en Europa con los movimientos propalestinas.

Al explotar la cuestión de los inmigrantes palestinos y árabe-islámicos en Europa y al exigir grandes presupuestos para la propaganda destinada a promover la narrativa israelí, Netanyahu busca abrir un frente directo contra los movimientos de solidaridad con Palestina, demonizándolos con retórica racista como producto de la inmigración y como una amenaza a la postura “blanca europea” según el discurso colonial.

En paralelo con el movimiento aislacionista MAGA (“Make America Great Again”), Netanyahu promueve su doctrina aislacionista “espartana”, que podría resumirse como MIGA – “Make Israel Great Again”.

Estos cambios ideológicos en la retórica de Netanyahu confirman que las transformaciones en las posiciones internacionales a favor de los derechos palestinos aíslan cada vez más a Israel. Sin embargo, las conclusiones de Netanyahu solo profundizarán y empeorarán este aislamiento, demostrando que no se trata de una fase pasajera.

Errico Malatesta : Mussolini au pouvoir

Errico Malatesta (1853-1932) : écrivain, propagandiste et révolutionnaire anarchiste italien. Étudiant en médecine à Naples, déjà républicain, il adhéra à l’anarchisme après la Commune de Paris (1871). Il participa à des révoltes dans le monde entier, de l’Égypte à l’Argentine, alternant entre prisons et exils. Ce texte fut publié dans le journal qu’il dirigeait, Umanità Nova, le 25 novembre 1922. 103 ans plus tard, il reste malheureusement d’une actualité brûlante et d’une portée universelle. -Tlaxcala

Originale italiano English

Pour couronner une longue série de crimes, le fascisme a finalement pris le contrôle du gouvernement.

Et Mussolini, le Duce, tant pour se distinguer, a commencé par traiter les députés au parlement comme un maître insolent traiterait des serviteurs stupides et paresseux.

Le parlement, celui qui devait être « le paladin de la liberté », a donné sa mesure.


Caricature du journal satirique L’Asino [L’Âne]
« Me ne frego » : « Je m’en fous » [sous-entendu de la mort], devise des Arditi, les soldats des troupes d’assaut pendant le Première Guerre mondiale, devenue un slogan des fascistes.
« Latin sangue gentile » : « Noble sang latin » : expression tirée du Canzoniere (1340-1374) de Pétrarque, reprise par Giosué Carducci dans un poème de 1859

Cela nous laisse parfaitement indifférents. Entre un fanfaron qui insulte et menace parce qu’il se sent à l’abri, et une bande de lâches qui semble se délecter de leur abjection, nous n’avons pas à choisir. Nous constatons seulement — et non sans honte — quelle espèce de gens est celle qui nous domine et au joug de laquelle nous ne parvenons pas à nous soustraire.

Mais quel est le sens, quel est l’enjeu, quel le résultat probable de ce nouveau mode d’arrivée au pouvoir au nom et au service du roi, violant la constitution que le roi avait juré de respecter et de défendre ?

À part les poses qui voudraient paraître napoléoniennes et ne sont en fait que des poses d’opérette, quand elles ne sont pas des actes de chef brigand, nous croyons qu’au fond rien ne changera, sauf pour un temps une plus grande répression policière contre les subversifs et contre les travailleurs. Une nouvelle édition de Crispi et Pelloux. C’est toujours la vieille histoire du brigand qui devient gendarme !

La bourgeoisie, menacée par la marée prolétarienne qui montait, incapable de résoudre les problèmes rendus urgents par la guerre, impuissante à se défendre par les méthodes traditionnelles de la répression légale, se voyait perdue et aurait salué avec joie quelque militaire qui se serait déclaré dictateur et aurait étouffé dans le sang toute tentative de soulèvement. Mais à ces moments-là, dans l’immédiat après-guerre, la chose était trop dangereuse, et cela pouvait précipiter la révolution plutôt que l’écraser. En tout cas, le général sauveur n’est pas apparu, ou il n’est apparu que sous la forme d’une parodie. À la place surgirent des aventuriers qui, ne trouvant pas dans les partis subversifs un champ suffisant pour leurs ambitions et leurs appétits, pensèrent spéculer sur la peur de la bourgeoisie en lui offrant, contre une rémunération adéquate, le secours de forces irrégulières qui, sûres de leur impunité, pouvaient se livrer à tous les excès contre les travailleurs sans compromettre directement la responsabilité des prétendus bénéficiaires des violences commises. Et la bourgeoisie a accepté, a sollicité, a payé leur concours : le gouvernement officiel, ou du moins une partie des agents du gouvernement, pensa à leur fournir les armes, à les aider quand, dans une attaque, ils étaient sur le point d’être battus, à leur assurer l’impunité et à désarmer préventivement ceux qui devaient être attaqués.

Les travailleurs ne surent opposer la violence à la violence parce qu’ils avaient été éduqués à croire en la légalité, et parce que, même lorsque toute illusion était devenue impossible et que les incendies et les assassinats se multipliaient sous le regard bienveillant des autorités, les hommes en qui ils avaient confiance leur prêchèrent la patience, le calme, la beauté et la sagesse de se laisser battre « héroïquement » sans résister — et par conséquent ils furent vaincus et offensés dans leurs biens, dans leurs personnes, dans leur dignité, dans leurs affects les plus sacrées.

Peut-être, lorsque toutes les institutions ouvrières eurent été détruites, les organisations dispersées, les hommes les plus haïs et considérés comme les plus dangereux tués ou emprisonnés ou de toute façon réduits à l’impuissance, la bourgeoisie et le gouvernement auraient voulu freiner les nouveaux prétoriens qui désormais aspiraient à devenir les maîtres de ceux qu’ils avaient servis. Mais il était trop tard. Les fascistes sont maintenant les plus forts et entendent se faire payer à usure les services rendus. Et la bourgeoisie paiera, cherchant naturellement à se refaire sur le dos du prolétariat.

En conclusion : misère accrue, oppression accrue.

Quant à nous, nous n’avons qu’à continuer notre combat, toujours pleins de foi, pleins d’enthousiasme.

Nous savons que notre chemin est semé d’embûches, mais nous l’avons choisie consciemment et volontairement, et nous n’avons aucune raison de l’abandonner. Qu’il soit donc bien connu Que tous ceux qui ont un sens de la dignité et de la pitié humaine et veulent se consacrer à la lutte pour le bien de tous sachent bien qu’ils doivent se préparer à toutes les désillusions, à toutes les douleurs, à tous les sacrifices.

Puisqu’il ne manque jamais de personnes qui se laissent éblouir par les apparences de la force et ont toujours une sorte d’admiration secrète pour qui triomphe, il y a aussi des subversifs qui disent que « les fascistes nous ont appris comment on fait la révolution ».

Non, les fascistes ne nous ont rien appris du tout.

Ils ont fait la révolution, si l’on veut appeler cela révolution, avec la permission des supérieurs et au service des supérieurs.

Trahir ses amis, renier chaque jour les idées professées la veille si cela convient à son intérêt, se mettre au service des patrons, s’assurer l’assentiment des autorités politiques et judiciaires, faire désarmer par les carabiniers ses adversaires pour ensuite les attaquer à dix contre un, se préparer militairement sans avoir besoin de se cacher, au contraire en recevant du gouvernement armes, moyens de transport et équipements de caserne, puis être appelé par le roi et se placer sous la protection de Dieu... ce sont toutes des choses que nous ne pourrions ni ne voudrions faire. Et ce sont toutes des choses que nous avions prévues qui arriveraient le jour où la bourgeoisie se sentirait sérieusement menacée.

Au contraire, l’avènement du fascisme doit servir de leçon aux socialistes légalistes, qui croyaient, et hélas ! croient encore, qu’on peut renverser la bourgeoisie par les voix de la moitié plus un des électeurs, et ne voulurent pas nous croire quand nous leur disions que si jamais ils atteignaient la majorité au parlement et voulaient — pour ne faire que des hypothèses absurdes — instaurer le socialisme depuis le parlement, ils en seraient chassés à coups de pied au cul !




Errico Malatesta: Mussolini al poder

Errico Malatesta
(1853-1932): escritor, propagandista y revolucionario anarquista italiano. Estudiante en medicina en Nápoles, y ya republicano, adhiere al anarquismo después de la Comuna de París (1871). Participó en revueltas en medio mundo, desde Egipto hasta Argentina, alternando entre cárceles y exilios.  Este texto fue publicado en el periódico que dirigía, Umanità Nova, el 25 de noviembre de 1922. 103 años después, sigue desgraciadamente siendo de candente actualidad y alcance universal.-Tlaxcala

Original italiano  English

En la culminación de una larga serie de crímenes, el fascismo se ha establecido finalmente en el gobierno.

Y Mussolini, el Duce, sólo por distinguirse, ha comenzado por tratar a los miembros del parlamento como un patrón insolente trataría a siervos estúpidos y holgazanes.

El parlamento, que había de ser “el paladín de la libertad”, ha dado su medida.

Esto nos deja perfectamente indiferentes. Entre un matón que amenaza e insulta, porque así se siente seguro, y una banda de cobardes que parece deleitarse en su degradación, no tenemos que escoger. Constatamos solamente — y no sin vergüenza — qué tipo de personas es la que domina y del yugo de quién no podemos escapar.


Viñeta de la revista satírica L’Asino [El Burro]
“Me ne frego”: “No me importa un carajo” [en referencia a la muerte], lema de los Arditi, los soldados de las unidades de asalto durante la Primera Guerra Mundial, adoptado por los fascistas.
«Latin sangue gentile»: «Noble sangre latina»: expresión retomada del Canzoniere (1340-1374) de Petrarca, por Giosué Carducci en un poema de 1859.

¿Pero cuál es el significado, cuál el alcance, cuál el resultado probable de este nuevo modo de arribar al poder en nombre y al servicio del rey, violando la constitución que el rey había jurado respetar y defender?

Aparte de las poses de querer parecer napoleónico y que no son más que poses de opereta, cuando no son actuaciones de jefe bandolero, creemos que en el fondo nada habrá cambiado, excepto, por un tiempo, mayor presión de la policía contra los subversivos y contra los trabajadores. Una nueva edición de Crispi y Pelloux. ¡Siempre es la misma historia del bandido que se convierte en policía!

La burguesía, amenazada por la marea proletaria, incapaz de resolver los problemas urgentes de la guerra, impotente de defenderse con el método tradicional de la represión legal, se veía perdida y habría recibido con alegría a cualquier militar que fuese declarado dictador y que hubiese ahogado en sangre cualquier intento de reconquista.

Pero en aquellos momentos, inmediatamente después de la guerra, era demasiado peligroso y podía precipitar la revolución en lugar de derribarla. En cualquier caso, el general salvador no apareció, o solo apareció una parodia. En cambio, aparecieron aventureros que, al no encontrar en los partidos subversivos un campo suficiente para sus ambiciones y sus apetitos, pensaron en especular con el miedo de la burguesía ofreciéndole, a cambio de una compensación adecuada, la ayuda de fuerzas irregulares que, seguras de su impunidad, podían entregarse a todos los excesos contra los trabajadores sin comprometer directamente la responsabilidad de los presuntos beneficiarios de las violencias cometidas. Y la burguesía aceptó, solicitó y pagó su colaboración: el gobierno oficial, o al menos una parte de los agentes del gobierno, pensó en proporcionarles armas, en ayudarlos cuando en un ataque estaban a punto de salir perdiendo, en garantizarles la impunidad y en desarmar preventivamente a aquellos que debían ser atacados.

Los trabajadores no supieron oponer la violencia a la violencia porque habían sido educados para creer en la legalidad y porque, incluso cuando toda ilusión se había vuelto imposible y los incendios y asesinatos se multiplicaban bajo la mirada benévola de las autoridades, los hombres en los que confiaban les predicaban la paciencia, la calma, la belleza y la sabiduría de dejarse golpear “heroicamente” sin resistirse, y por eso fueron vencidos y ofendidos en sus bienes, en sus personas, en su dignidad, en sus afectos  más sagrados.

Tal vez, cuando todas las instituciones obreras sean destruidas, las organizaciones disueltas, los hombres más odiados y considerados más peligrosos asesinados o encarcelados o reducidos a la impotencia, la burguesía y el gobierno pretenda poner fin a la nueva guardia pretoriana que ahora aspira a convertirse en amos de quienes antes habían servido. Pero ya es demasiado tarde. Los fascistas ahora son los más fuertes y quieren que se les pague por sus servicios.Y la burguesía pagará, por supuesto, buscará pagar apoyada sobre los hombros del proletariado.

En conclusión, miseria aumentada, opresión aumentada.

En cuanto a nosotros, sólo tenemos que continuar nuestra batalla, siempre llenos de entusiasmo. Sabemos que nuestro camino está sembrado de tribulaciones, pero lo escogimos consciente y voluntariamente, y no tenemos ninguna razón para abandonarlo.

Así que todos quienes tienen un sentido de dignidad y compasión humana y quieren dedicarse a la lucha por el bien de todos sepan que deben estar preparados para todas las desilusiones, todo el dolor, todos los sacrificios.

Ya que nunca faltan los que se dejan deslumbrar por las apariencias de la fuerza y siempre tienen algún tipo de admiración secreta por el vencedor, también hay subversivos que dicen que “los fascistas nos han enseñado cómo hacer una revolución.”

No, los fascistas no nos enseñaron nada.

Hicieron la revolución, si revolución le quieren llamar, con permiso de sus superiores y al servicio de sus superiores.

Traicionar a los amigos, renegar todos los días de las ideas profesadas ayer, si así conviene a la propia ventaja ponerse al servicio del patrón, asegurar el consentimiento de las autoridades políticas y judiciales, desarmar con la policía a los oponentes para luego atacarlos en diez contra uno, prepararse militarmente sin necesidad de ocultarse, incluso recibiendo armas del gobierno, además de vehículos y equipos de cuartel, y luego ser llamado por el rey y ponerse bajo la protección de dios… son todas cosas que no podríamos y no querríamos hacer.

Y son todas cosas que habíamos dicho que ocurrirían el día en que la burguesía se sintiera seriamente amenazada.

En vez, el ascenso del fascismo debe ser una lección para los socialistas legalistas, quienes creían, y ¡ay! aún creen que podemos derrocar a la burguesía por los votos de la mitad más uno de los votantes, y no quisieron creernos cuando les dijimos que si alguna vez alcanzaran una mayoría en el parlamento y quisieran — sólo por hacer suposiciones absurdas — implementar el socialismo mediante el parlamento, ¡les patearían el culo!