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20/01/2025

Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect

Discours du 30 Juin 1960, jour de l'indépendance du Congo


Patrice Emery Lumumba (né le 2 juillet 1925) aura été une étoile filante dans le ciel  de l’Afrique à peine indépendante. Élu Premier ministre en 1960, destitué quatre mois plus tard, il est assassiné le 17 janvier 1961, suite à un complot mêlant la puissance coloniale belge, la CIA et les services secrets français. Ce que toutes ces puissances ne lui pardonnaient pas, c’était de vouloir rompre avec le colonialisme qui, au Congo, fut particulièrement féroce. Patrice Lumumba a scellé son destin le jour même de l’Indépendance, par son discours, non prévu. En disant la vérité du colonialisme, il se condamnait à mort.

Le 30 juin 1960, jour de l'indépendance du Congo, le Palais de la Nation à Léopoldville (l'actuelle Kinshasa) reçoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des représentants du gouvernement belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour célébrer cette nouvelle ère pour le Congo.  L'évènement est radiodiffusé dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s'amasse devant le Palais de la Nation pour assister à un évènement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le président Kasavubu fassent un discours pour l'indépendance du Congo mais le Premier ministre Lumumba élu par le parlement ne l'entendit pas de cette oreille.
Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de légitimation de la colonisation, une véritable apologie de l'œuvre du roi Léopold II.  

"L'indépendance du Congo constitue l'aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique".

Il sonnait aux oreilles des nationalistes congolais comme une insulte à la mémoire des millions de morts générés par la politique monstrueuse du roi Lépold II, grand-oncle du roi Baudoin. "Pour caractériser le colonialisme léopoldien, les sources les plus diverses utilisaient les notions et les concepts les plus évocateurs pour l'époque, curse ("malédiction"), slave state ("Etat esclavagiste"), rubber slavery ("esclavage du caoutchouc"), crime, pillage...Aujourd'hui on n'hésite plus à parler de génocide et d'holocauste" (Elikia M'Bokolo, Le livre noir du colonialisme. XVIè-XXIè siècle : de l'extermination à la repentance, p.434). On peut d'ailleurs pour évaluer l'ampleur de la monstruosité coloniale au Congo sous Léopold II consulter de nombreuses références*.

Un documentaire britannique intitulé 
« Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire »   réalisé par Mark Dummett et produit par la BBC a suscité les foudres de la maison royale et du ministre des affaires étrangères Louis Michel lors de sa diffusion sur la RTBF le 8 avril 2004. Le passage incriminé était un commentaire faisant le parallèle entre la colonisation de Léopold II et le génocide hitlérien. Même si bon nombre de ces enquêtes sont postérieures à 1960, ni la Belgique, ni les Congolais ne pouvaient ignorer le cataclysme pour le Congo que fut le règne de Léopold II. Les travaux de l'avocat afro-américain George Washington Williams, du missionnaire afro-américain William Shepperd, du journaliste britannique Edmund Dene Morel, du consul britannique Roger Casement, du premier mouvement des droits de l'homme (Anti-Slavery International) furent à l'origine d'une commission d'enquête belge instituée par décret le 23 juillet 1904 et dont les témoignages ne furent pas publiés. Cette commission fut relayée par une de nombreux articles dans la presse et par une abondante littérature dont les fleurons les plus célèbres sont Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad (1905) et The crime of the Congo (1909) de Sir Arthur Conan Doyle.

Le discours de Baudoin Ier en faisant l'apologie de son grand-oncle et de l’œuvre coloniale apparaît pour les colonisés comme un discours de légitimation des nombreuses humiliations et discrimination qui ont jalonné la colonisation : arrestations arbitraires, exécutions sommaires, répressions sanglantes, spoliations et expropriations... En juin 1960, aucun Noir ne dépassait le grade de sergent-chef dans la Force Publique (force coloniale belge), et le dérisoire statut "d'évolué", censé couronner les efforts d'assimilation des indigènes, concerne à peine un millier de Congolais sur treize millions.

Baudoin Ier :

"Ne compromettez pas l'avenir par des réformes hâtives, et ne remplacez pas les organismes que vous remet  la Belgique, tant que vous n'êtes pas certains de pouvoir faire mieux...N'ayez crainte de vous tourner vers nous. Nous sommes prêts à rester à vos côtés pour vous aider de nos conseils, pour former avec vous les techniciens et les fonctionnaires dont vous aurez besoin."

Au discours pro-colonial du roi Baudoin répondra le discours officiel insignifiant du président du parlement, Joseph Kasavubu qui remercie le roi et en appelle à Dieu : "...Dans une attitude de profonde humilité j'ai demandé à Dieu qu'il protège notre peuple et qu'il éclaire tous ses dirigeants...".

Puis il y eut l'allocution non annoncée du Premier Ministre Patrice Emery Lumumba à la grande surprise du gouvernement belge et de la maison royale. Son discours, pour les Congolais, fut libérateur  de tant d'humiliations, de brimades et de crimes contre l'humanité subis et jamais dénoncés publiquement. Il fut interrompu à huit reprises par les applaudissements de la foule  et son discours fut couronné par une véritable ovation tandis que le roi Baudoin devint livide selon nombre d'observateurs. Lumumba intervint immédiatement après l'allocution du président congolais. C'est Joseph Kasongo, le président de la chambre des représentants qui donna la parole au Premier ministre à la grande stupéfaction du gouvernement Eyskens et du roi. Aucun des spectateurs de cette journée n'avait eu le projet de texte de Lumumba, ni la presse, ni les Belges, ni les Congolais. Jean Van Lierde, ami belge de Lumumba, raconte comment il a vu Lumumba corriger son texte durant l'allocution du roi Baudoin et du président Kasavubu. C'est le contenu du discours qui va sceller le sort de Lumumba et montrer au monde entier de quelles valeurs, de quelle idéologie politique il était trempé. Pour la première fois, un "nègre" devenu le plus haut responsable du gouvernement congolais, révèle au monde entier le sort que les colonisés ont subi sous le joug colonial au Congo. Comble du déshonneur, il ne s'adresse ni au roi, ni au gouvernement belge mais aux Conglais, reléguant les anciens colons au rôle de spectateurs.

Ce portrait de Lumuba, commandé au peintre Bernard Safran pour orner la couverure du TIME MAGAZINE du 22 août 1960, ne parut jamais, car il fut remplacé au dernier moment par un portrait de Dag Hamarskjِöld, le Secrétaire général de l'ONU, qui venait de mourir dans un accident d'avion, resté inexpliqué à ce jour, au...Congo

Discours du 30 Juin 1960

Congolais et Congolaises,

Combattants de l'Indépendance aujourd'hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

 A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

MAURIZIO LAZZARATO
Guerre ou révolution
Pourquoi la paix n’est pas une alternative

 

La guerre de Palestine n’a pas commencé le 7 octobre 2023. La guerre d’Ukraine n’a pas commencé le 24 février 2022, ni même le 20 février 2014. Nous sommes tous embarqués, de près ou de loin mais toujours en temps réel, direct, dans une guerre civile mondiale. Toutes les certitudes, toutes les identités, tous les clichés sont ébranlés, tous les abris sont bombardés. Comment agir ? Mais avant cela, comment penser ? La French-Italian Theory, autrement dit les théories développées par Foucault, Deleuze, Guattari, Negri, Hardt, Agamben, Rancière et leurs disciples, s’avère à chaque instant incapable d’armer une résistance intellectuelle, psychologique, morale, en un mot politique, qui soit efficace, face aux catastrophes qui nous tombent dessus. Reprenons donc les choses à zéro et relisons quelques classiques. C’est à cet exercice ardu mais stimulant que Maurizo Lazzarato nous invite, dans une trilogie dont voici le premier volet en français, qui sera suivi des deux autres dans les mois qui viennent.

 « Guerres et révolutions, malgré́ le déni dont elles font l’objet de la part de la pensée critique, continuent à déterminer le début et la fin des grandes séquences politiques. La guerre fait partie intégrante de la machine Capital – État au même titre que la production, le travail, le racisme et le sexisme. Depuis la première guerre mondiale, tous ces éléments sont intégrés de façon indissoluble et fonctionnent ensemble comme un tout. Et comme il y a un siècle, ils ne peuvent que produire des situations comme celles que nous vivons en ce moment. 

 « Le marxisme de la première moitié du XXe siècle, celui qui a organisé et pratiqué la « guerre de partisans » a encore des choses à transmettre, même si une grande partie de ses concepts et mots d’ordre ont vieilli et sont aujourd’hui impraticables. Sa pensée stratégique pour s’opposer à la guerre et au capitalisme (ce que toutes les théories que nous avons élaborées pour le remplacer sont incapables de proposer) a été complètement ignorée alors qu’elle peut constituer une orientation de la pensée et de l’action si on a la capacité de la requalifier par rapport à l’époque. 

« Le poststructuralisme, la déconstruction, la biopolitique, le spinozisme, la pensée écologique, les théories féministes, la micropolitique et la microphysique du pouvoir, etc. , c’est-à-dire tout l’effort qui, à partir des années 60, a été produit pour essayer de construire une alternative à la lutte de classe marxiste (sans la trouver !), risque, s’il ne s’articule pas à une pensée stratégique de la guerre et de la révolution, de rester impuissant, car guerres et révolutions sont toujours et encore, malheureusement , les débouchés « naturels » de l’action du capitalisme et de ses États. »

Table des matières
Introduction
1♦ La guerre en Ukraine, l’Occident et nous
2 ♦ Guerre, capitalisme, écologie : pourquoi Bruno Latour ne peut rien y comprendre
3 ♦ Comment le capitalisme a été pacifié
4 ♦ Michel Foucault : à propos d’une volte-face sur la guerre civile
5 ♦ Mondialisation : machine de guerre, Empire ou impérialisme ?
♦ Postface Les impasses de la French Theory, la pensée critique occidentale
♦ Les artisan·es de ce livre

Maurizio Lazzarato
Guerre ou révolution
Pourquoi la paix n’est pas une alternative
Traduit de l’italien par Rosa Llorens
Édité par Fausto Giudice
Éditions The Glocal Workshop/L’Atelier Glocal
Collection “erga omnes” n° 11
Janvier 2025
210 pages, format A5

Classification Dewey: 300 – 320 – 321 – 324 – 327 -330- 331 – 333- 336- 337- 341 – 355- 801-844-854-901-940-950-960-970

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در غزه، نتانیاهو هرگونه توافقی را برای تضمین بقای سیاسی خود کنار زد

هاآرتص, 14ژانویه 2025
برگردان بفارسی نوسط حمید بهشتی

یادداشت ها در پرانتز از آلن مارشال

[این سرمقاله در هاآرتص شامل دو اقرار است. اولی صریح است: توافق آتش‌بس می‌توانست بیش از یک سال پیش امضا شود، زیرا نتانیاهو آن را به خاطر منافع خود و پروژه آخرالزمانی«اسرائیل بزرگ» کارشکنی کرد. دوم، حاوی این است که: حتی برای "چپ لیبرال اسرائیل" که بسیار مورد تحسین نیز قرار می گیرد - و بهتر از بایدن در ایالات متحده نیست، که بسیار کمتر از ترامپ مایل به برقراری آتش بس است – در زمان بیان حقیقت  ده ها هزار نفر فلسطینی‌ نابود شده ارزش کوچک‌ترین اشاره‌ای ندارند [

بن گویر آنچه را که قبلا مخفی نگه داشته بود با صراحت بیان کرده است: نتانیاهو گروگان ها را برای منافع شخصی خود قربانی کرد.

 وزیر امنیت ملی، ایتامار بن گویر، روز سه شنبه، 14 ژانویه، به طور غیرقابل انکاری این ظن را تأیید کرد که بنیامین نتانیاهو، نخست وزیر، بازگرداندن گروگان ها را [هر اسرائیلی، از جمله یک سرباز، «گروگان» محسوب می شود، در حالی که هزاران نفر فلسطینی‌هایی که در سیاه‌چال‌های اشغال به سر می‌برند،  حتی اگر زن و کودک باشند «زندانی»] – به تأخیر انداخته است، حتی اگر به قیمت جانشان تمام شود - و جنگ را صرفاً به خاطر منافع شخصی طولانی کرده اند: بقای سیاسی وی.

توافق برای آزادی گروگان ها برای یک سال تمام روی میز بوده است، اما نتانیاهو بارها برای حفظ دولت خود که مبتنی بر اتحاد جنایتکارانه او با کاهانیست های راست افراطی است، کارشکنی کرده است.

 روز سه‌شنبه، بن‌گویر از بزالل اسموتریچ، وزیر دارایی خواست تا او را همراهی کند تا به نتانیاهو بگویند که اگر او توافقنامه‌ای برای آزادی گروگان‌ها امضا کند، هر دو از ائتلاف خارج خواهند شد. بن گویر اذعان کرد: «در طول یک سال گذشته، به یمن قدرت سیاسی خود، چندین بار توانستیم از امضای این توافقنامه جلوگیری کنیم.

او سپس ورود گیدئون سار به ائتلاف را عامل شکست تلاش های او برای جلوگیری از توافق دانست. وزیر امنیت ملی گفت: "اعضای دیگر به دولت پیوسته اند و اکنون از این توافقنامه حمایت می کنند، بنابراین ما دیگر عامل تعیین کننده نیستیم."

خانواده‌های گروگان‌ها و افکار عمومی خواستار بازگشت آنها هستند و بیش از یک سال است که شاهد بوده‌اند که چگونه نتانیاهو توافق‌نامه‌ها را یکی پس از دیگری با بهانه‌های مختلف عملا غیرممکن می سازدد: یک روز در مورد گذرگاه رفح، روز دیگر مسیر فیلادلفیا.

او  را مقصر می دانند به خاطر اینکه گروگان ها را به دلایل سیاسی به حال خود رها کرده است. اما نتانیاهو، دولت و حامیانش ریاکارانه واکنش نشان دادند و به تهاجم پرداختند: چگونه حامیان توافق جرأت کرده اند چنین بی مهری را به او و اردوگاهش نسبت دهند؟ اما اکنون دیگر پرده افتاده است.

بن‌گویر بی شرمانه، رد موافقتنامه را در نگرانی آشکار برای جان گروگان‌ها توجیه نمود. وی گفت: این توافق اجازه آزادی همه گروگان ها را نمی دهد و بر سرنوشت مرگبار سایر گروگان هایی که توافق شامل آنها نیست مهر می زند.

او سپس، گویی که واقعاً به جان شهروندان اسرائیلی اهمیت می‌دهد - و نه به تمایلش برای فدا کردن جان انسان‌ها برای ساختن معبد سوم در قلب یک امپراتوری آپارتاید دیکته شده توسط کرانه باختری و غزه، افزود: «این گزینه انتخاب دشواری برای آزادی گروگان ها نیست. این توافق به قیمت جان بسیاری از شهروندان اسرائیلی تمام خواهد شد که متأسفانه هزینه این توافق را با جان خود خواهند پرداختاین واقعیت که یک وزیر ارشد به این می بالد که یک سال تمام توافق را با موفقیت خنثی کرده است - اگرچه همه می دانند که این اقدامات به قیمت جان ده ها گروگان و بسیاری از سربازان تمام شده است – بیش از هر چیز نشانه فسادی است که رهبری کشور را در بر گرفته است.

اظهارات بن گویر باید به عنوان یک یادآوری مهم تلقی گردد: بازگشت همه گروگان ها و پایان جنگ تنها اولین قدم در راه طولانی برای بازسازی اسرائیل پس از اعمال ناشایست نتانیاهو و باند وی است.