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14/03/2025

Vient de paraître : Les passeurs de révolte
Un livre sur les étudiants et intellectuels étrangers et postcoloniaux en France dans les années 1968

 Eloïse Bidegorry, Fabula, 13/3/2025

Françoise Blum, Guillaume Tronchet (dir.)
Les Passeurs de révolte
Étudiants et intellectuels étrangers et postcoloniaux en France dans les années 1968

  • Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. "Histoire", 2025
  • EAN : 9782753598348
  • 250 pages
  • Prix : 24 EUR
  • Date de publication : 13 Mars 2025

Les passeurs de révolte dont il est question dans ce livre sont les étudiants et intellectuels étrangers et postcoloniaux en France dans les années 1968. Ces étudiants et intellectuels constituent des voix singulières et déploient des discours et des répertoires d’action qui leur sont propres dans les contestations des années 1968. Certes, leur grammaire protestataire peut se fondre dans celle de l’ensemble des révoltés (tractage, affichage, pétitions, manifestations, occupations de locaux, etc.) mais certaines revendications leur sont spécifiques. C’est le cas des discours profitant de la tribune offerte par les mobilisations pour informer, alerter et mobiliser autour des luttes sociales et politiques des pays dont ces étudiants sont originaires (Maroc, Tunisie, Argentine, etc.). C’est aussi le cas des discours revendiquant un statut égal à celui des étudiants nationaux, que l’on retrouve au cœur des demandes de la Tricontinentale. Ce livre s’inscrit dans une historiographie des années 1968, profondément renouvelée depuis une dizaine d’années à l’aune de la question globale. L’histoire des mobilisations sociales et politiques des années 1968 invite en effet désormais à interroger concrètement « les lieux et les moments de “passage”, les “passeurs” et bien sûr “ce qui passe”, textes idées, modèles, répertoires d’action » (Boris Gobille). C’est de cela qu’il est question ici : du rôle et de la place des étudiants et intellectuels étrangers dans les processus d’internationalisation des révoltes.

Sommaire

Préface de Ludivine Bantigny

Introduction…

Tribunes

  • Les étudiants portugais en France en mai-juin 1968
  • La révolte étudiante de Mai 68 et les départements d’outre-mer
  • Étudiants polynésiens pendant Mai 68 : les jeunes pousses du mouvement identitaire Mā’ohi
  • À la recherche du Mai 68 des Cambodgiens en France

Rencontres

  • Des « rencontres improbables ». Étudiants et intellectuels britanniques en France en mai 1968
  • « Let’s go to the barricades! ». Des GI déserteurs dans les mouvements de mai-juin 1968 en France
  • Penser un féminisme à partir de l’Amérique latine : mobilisations des femmes latino-américaines en Europe des années 1968

Trajectoires

  • Paris, capitale mondiale des intellectuels révolutionnaires ?
  • Transferts, liens, connexions : Conrad Detrez, écrivain-militant et figure des circulations contestataires des années 1968
  • Entre références intellectuelles et politiques des années 68 : la trajectoire du jeune brésilien étudiant en économie devenu professeur d’anthropologie
  • Le cinéma s’insurge ». 1968, Casablanca – Łódź – Paris

Documents commentés

  • Les étudiants et ouvriers grecs en mai-juin 1968 en France à travers quelques tracts
  • L’occupation de la Maison de l’Argentine à la Cité internationale universitaire de Paris en mai-juin 1968
  • Étudiants et intellectuels tunisiens en France en mai-juin 1968
  • Étudiants et ouvriers italiens en France en mai-juin 1968

Postface de Michelle Zancarini-Fournel.

Acheter le livre

Françoise Blum est ingénieure de recherche CNRS au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains. Elle travaille sur les mouvements sociaux en Afrique subsaharienne, sur les socialismes africains et la décolonisation. Elle a notamment publié Révolutions africaines : Congo, Sénégal, Madagascar (Presses universitaires de Rennes, 2014), avec Pierre Guidi et Ophélie Rillon, Étudiants africains en mouvement, codirigé Socialismes africains/Socialismes en Afrique (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021) et Les partis communistes occidentaux et l’Afrique (Hémisphères, 2022).

Guillaume Tronchet, haut fonctionnaire et historien, est agrégé et docteur de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (ENS-PSL, Paris 1, CNRS). Spécialiste de l’histoire internationale des universités et des mobilités étudiantes, il a publié plusieurs ouvrages et articles sur ces thématiques, et a été responsable à l’École normale supérieure du projet de recherche GlobalYouth, lauréat de l’Agence nationale de la recherche, entre 2017 et 2023.

GIDEON LEVY
En fin de compte, le Hamas est toujours là

Gideon Levy, Haaretz, 13/3/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

En fin de compte, seul le Hamas subsiste. Après 17 mois d’effusion de sang, le Hamas est toujours là. Après la mort de centaines de soldats israéliens et de dizaines de milliers d’habitants de Gaza, le Hamas reste là. Après des destructions de l’ampleur de celles de Dresde, le Hamas est là. Après d’innombrables promesses israéliennes, le Hamas est là pour rester. En fait, seul le Hamas reste à Gaza. Nous devons le reconnaître et en tirer les conclusions.

Deux combattants du Hamas montent la garde alors qu’un véhicule de la Croix-Rouge arrive sur le site de la remise des corps de quatre captifs israéliens à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, en février. Photo Eyad Baba/AFP

Ce qui n’a pas été réalisé en 17 mois ne le sera pas en 17 autres. Ce qui n’a pas été obtenu par l’usage de la force la plus barbare de l’histoire d’Israël ne sera pas atteint par une force encore plus barbare.

Le Hamas est là pour rester. Il a été gravement frappé sur le plan militaire. Il s’en remettra. Politiquement et idéologiquement, il s’est renforcé pendant la guerre, après avoir ressuscité la question palestinienne, qu’Israël et le monde étaient censés oublier. Le Hamas reste là, et Israël ne peut rien y changer.

Il n’a pas le pouvoir de nommer une entité gouvernante différente à Gaza, non seulement parce qu’il est douteux qu’il en existe une, mais aussi et surtout parce qu’il y a une limite à sa tyrannie. Il ne peut pas remplacer le régime d’une autre nation, comme les USA ont pu le faire par le passé.

C’est pourquoi le blabla sur le “jour d’après est trompeur : il n’y a pas de jour après le Hamas et il est probable qu’il n’y en aura pas de sitôt ; le Hamas est la seule instance dirigeante à Gaza, du moins dans les circonstances actuelles, presque inaltérables. Le “jour d’après” inclura donc le Hamas. Nous devons nous y habituer.

La première conclusion qui en découle est, bien sûr, le caractère insensé de la reprise de la guerre. Elle tuera les derniers otages et des dizaines de milliers d’habitants de Gaza et, en fin de compte, le Hamas subsistera. Mais cette sombre réalité offre également une opportunité de changement dans la bande de Gaza, si Israël et les USA intègrent le fait de la survie du Hamas. Il s’agit d’une organisation dure et cruelle, qui ne peut être remplacée.

Il serait préférable que Gaza ait un autre gouvernement - par exemple, celui des sociaux-démocrates suédois - mais ce n’est pas pour tout de suite. De la ridicule “règle du clan” à l’importation fantaisiste à Gaza de l’Autorité palestinienne dans le sillage des chars israéliens, en passant par l’absurde “gouvernement de technocrates”, tout ça, ce ne sont  que fariboles.

Le roi de Gaza sera issu du Hamas ou désigné avec son consentement. Il est impossible de nommer un dirigeant pour Gaza, pas même le charismatique [sic] Mohammed Dahlan, si le Hamas s’y oppose. L’Autorité palestinienne, qui meurt à petit feu en Cisjordanie, ne reviendra pas non plus à la vie à Gaza.

Tous ceux qui souhaitaient un gouvernement différent auraient dû y penser au moment du désengagement israélien de 2005 de la bande de Gaza, ce qui aurait dû se faire dans le cadre d’un accord avec l’Autorité palestinienne. Mais à choisir entre le bien et le mal, Israël optera toujours pour le second.

Que cal vous plaise ou pas - surtout pas - le Hamas est le seul acteur de la ville. Ce n’est pas un fait particulièrement encourageant, mais nous devons reconnaître les limites de la force, ce qu’Israël et les USA ont du mal à faire. Au lieu de mener une nouvelle guerre “pour chasser le Hamas du pouvoir”, bla bla bla, nous devons nous habituer à son existence. Il s’ensuit que nous devons parler à l’organisation. Même, et surtout, après le 7 octobre.

Nous avons déjà exercé notre vengeance sur le Hamas à la pelle, avec des intérêts composés. Ses commandants, ses assassins, ses violeurs, ses ravisseurs et ceux qui les aident ont reçu leur châtiment. Israël négocie avec le Hamas depuis 17 mois, même si ce n’est pas directement.

Les USA lui ont déjà parlé directement, et le ciel n’est tombé sur la tête de personne. Les pourparlers ont débouché sur des accords, que le Hamas a respectés, démontrant non seulement sa puissance, mais aussi qu’on peut lui faire confiance. Si Israël avait tenu ses promesses comme l’a fait le Hamas, nous en serions déjà aux deuxième et troisième phases de l’accord de cessez-le-feu.

Si Israël avait un homme d’État doté d’une vision et d’un courage, ce qui est sans doute une proposition sans espoir, il essaierait de parler au Hamas. Directement, ouvertement, en public, à Gaza ou à Jérusalem. Nous avons pardonné à l’Allemagne et nous pardonnerons au Hamas s’il se dote lui aussi d’un chef courageux. En attendant, nous devons le défier en essayant. Il y a moins à perdre avec cela qu’avec une nouvelle série insensée de bombardements et de tirs d’artillerie.