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02/06/2021

La gauche usaméricaine, la question juive et la compulsion de répétition

Gilad Atzmon, 2/6/2021

Traduit par Fausto Giudice

Il y a quelques jours, Ynet (le plus grand média israélien) a rapporté que le mouvement progressiste usaméricain a fini par reconnaître le rôle problématique de ses éléments juifs. Le média israélien a révélé qu'aux yeux de cercles progressistes émergents au sein de la gauche usaméricaine, les Juifs sont perçus comme des « oppresseurs blancs » au cœur de l'injustice sociale aux USA. Le reportage de Ynet se fonde sur une étude récente réalisée par Dafna Kaufman, analyste à l'institut israélien Reut.

Rashida Tlaib et Ilhan Omar, députées fédérales de l'aile gauche du Parti démocrate, se sont attirées les foudres de la droite et des sionistes pour leurs prises de position en faveur des Palestiniens. Insultées par Trump, diffamées comme "antisémites", elles sont interdites d'entrée en Israël depuis août 2019

«Le discours contemporain de la gauche américaine divise la société en carrés (identitaires) : vous êtes soit avec nous, soit contre nous - et les Juifs sont laissés de côté ». Ynet résume l'argument de Kaufman. « Bien que la grande majorité des Juifs usaméricains soutiennent le Parti démocrate, les cercles progressistes ne permettent plus vraiment aux Juifs de prendre part à la lutte pour le changement social, tant qu'ils continuent à être pro-sionistes et à exprimer activement leur judéité ».  Vous avez peut-être déjà remarqué que l'organe de presse israélien ne se réfère pas uniquement aux « sionistes », comme le font la plupart des militants de la solidarité avec les Palestiniens par peur des « Juifs dans leur mouvement ».  Le média israélien se réfère aux « Juifs », à la « judéité » et aux « sionistes » comme à un spectre organique intégral de la vie, de la culture, de l'identité et de la politique juives.  

Aux origines de la présence noire en Oklahoma
Un aspect peu connu de la "Conquête de l'Ouest"

Victor Luckerson, Run It Back, 22/1/2020

Traduit par Fausto Giudice

Le centenaire du massacre raciste de Tulsa est une occasion de revenir sur l’histoire des communautés noires en Oklahoma. L’auteur explique comment deux groupes totalement différents ont été traités comme un seul et même groupe.

Pour Eliza Whitmire, le voyage vers l'Oklahoma était un souvenir amer. Elle était née esclave dans la nation Cherokee, sur une grande plantation dans les montagnes de Géorgie. Lorsque les milices yankees ont forcé le peuple cherokee à quitter sa terre natale en 1838 - une atrocité aujourd'hui connue sous le nom de «  Piste des larmes » - Eliza Whitmire et de nombreux autres esclaves de la tribu ont  participé à cette marche éreintante. Ils et elles ont servi de chasseurs, d'infirmières et de cuisinier·ères tout au long du voyage hivernal brutal à travers le sud-est. Ils s'occupaient du bétail pendant la journée et menaient patrouille de sécurité la nuit. Ils et elles ont défriché la piste elle-même, traversant les étendues sauvages du sud vers l'inconnu. Whitmire survécut au voyage, mais de nombreux·ses esclaves furent parmi les milliers qui moururent au cours d'un voyage vers l'Ouest qu'ils et elles n'avaient jamais demandé.

Pour De'Leslaine Davis, le voyage vers l'Oklahoma était une opportunité. Ce natif de Caroline du Sud occupait des emplois subalternes au Kansas lorsqu'un ami l'a convaincu de s'aventurer au sud, dans le Territoire indien. Le 22 avril 1889, le gouvernement usaméricain ouvrait près de deux millions d'acres [810 000 hectares] de terre à la colonisation publique. Premier arrivé, avec un piquet en bois et une carabine Winchester, premier servi. Davis et son compagnon étaient là à midi, tenant les rênes de leurs chevaux derrière une ligne invisible qui séparait des milliers de futurs colons des « terres non attribuées » (les terres avaient été « attribuées » aux Amérindiens dans le cadre de leur déportation vers l'Oklahoma, mesure annulée après la guerre civile). Les deux hommes étaient probablement les seuls visages noirs en vue. Mais lorsqu'un coup de feu retentit, le groupe entier se transforma en une avalanche de sabots et de chariots au galop et de jambes lancées dans une course désespérée.

Davis obtint une centaine d'acres [40 hectares] près de la rivière Canadian, juste à l'ouest de l'actuelle Oklahoma City. Au cours des années suivantes, des milliers d'autres Afro-USAméricains participeront à d'autres courses à la terre, rejoignant Davis en tant que colons dans une région déjà peuplée d'autochtones et de Noirs.

Whitmire et Davis sont partis vers l'Ouest pour des raisons différentes - l'une sous la contrainte, l'autre de son plein gré. Pendant de nombreuses années, ils auraient eu des raisons de se méfier les uns des autres. Ils auraient même pu ne pas se considérer comme étant de la même race. Mais lorsque les historiens blancs ont finalement décidé de cataloguer les souvenirs de ces pionniers de l'Ouest dans les années 1930, ils furent considérés comme un seul peuple : Nègres. De couleur. Noirs.

Nunna daul Isunyi,  la Piste des larmes, au cours de laquelle le peuple Cherokee fut déporté en 1838 du Tennessee, de la Géorgie, de la Caroline du Nord et de l'Alabama vers le "Territoire indien" -aujourd'hui l'Oklahoma. L'opération fit 8 000 morts