Ci-dessous, 2
articles sur le général de division Yehuda Fuchs (54 ans), qui vient de se
démettre de son poste de commandant en chef des forces d’occupation
israéliennes en Cisjordanie, qu’il occupait depuis 2021. Auparavant, il avait
commandé la Division de Gaza depuis 2016 et été deuxième attaché militaire à
Washington depuis 2019. Les journalistes décortiquent le discours de départ à
la retraite de cet éminent représentant de l’“armée la plus morale du monde”,
qui va sans doute se lancer en politique dans l’“unique démocratie
(génocidaire) du Moyen-Orient”. Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala
Le commandant en
chef d’Israël en Cisjordanie n’est pas un “moraliste” : il n’est qu’un
hypocrite de plus
Gideon
Levy, Haaretz, 11/7/2024
Comme tout ce qui
concerne l’armée israélienne, les généraux peuvent être divisés en trois
groupes. Le plus grand est celui des individus sans visage dont les noms, et
encore moins les opinions, sont inconnus de la plupart des Israéliens. Ils gravissent les
échelons, prennent leur retraite, vont travailler pour
une entreprise de défense et c’est tout. Les deux autres sont des groupes
minoritaires : d’une part les droitiers, les colons, les religieux, les
militants et d’autre part les “moralistes”, les “gauchistes”, ceux qui “tirent
puis pleurent”* et se retirent avec une
réprimande retentissante. C’est généralement le pire groupe et le plus
hypocrite, et c’est celui auquel appartient le chef sortant du
commandement central de Tsahal, le général de division Yehuda Fuchs.
Le commandant du Commandement central, le général
Yehuda Fuchs, en mai. Photo : unité du porte-parole de Tsahal
Au cours de sa
mission de trois ans, Fuchs a été érigé en ennemi des colons, soi-disant. Le
groupe le plus cynique et le plus extorqueur de la société israélienne, qui
pourrait apprendre aux ultra-orthodoxes une ou deux choses sur le
chantage, connaît son travail : les colons attaquent pour terroriser.
Quiconque a des doutes sur la véritable attitude de Fuchs à l’égard des
colons ferait bien d’écouter son discours de départ à la retraite.
À l’en croire, la
grande majorité des colons sont des citoyens respectueux de la loi. Il n’y
a rien à ajouter à propos de Fuchs. Pas un seul colon ne respecte la loi,
et encore moins le droit international - qui, comme c’est étrange, s’applique aussi
à Israël - et la plupart d’entre eux sont fiers de leurs émeutiers, qui
réalisent le “miracle” de la ministre Orit Strock*. Fuchs était un ami des
colons, comme tous les chefs du Commandement central, de Rehavam Ze’evi
(1968-72) à lui-même, tous esclaves soumis du « peuple des collines ».
Mais le chef du
commandement central est avant tout l’assujettisseur de la population
palestinienne. Le mandat de Fuchs en Cisjordanie a été l’un des plus cruels pour
les Palestiniens. C’est toujours le cas avec les généraux éclairés. Fuchs
laisse derrière lui une Cisjordanie en ruines - exsangue, écrasée, sans
emploi, menaçant d’exploser, obstruée et pauvre comme elle ne l’a jamais été
depuis la seconde Intifada.
Aucun officier de
principe ne peut être responsable d’une telle cruauté - même si Ben
Caspit***, un authentique représentant du centre militariste et ultranationaliste
qu’il croit éclairé, écrit sur X : « Fuchs est un officier de principe avec des
valeurs, un patriote israélien, qui n’a pas fui les questions difficiles. ...
Merci, Yehuda ».