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15/01/2023

  SERGIO FERRARI
16-20 janvier 2023 : Davos se cherche une boussole
Un forum dévalué


Sergio Ferrari , 14 janvier 2023
Traduit par 
Fausto Giudice, Tlaxcala

« Les riches et les puissants se pressent à Davos pour discuter à huis clos du climat et des inégalités en utilisant le moyen de transport le plus inégalitaire et le plus polluant : le jet privé », souligne l'ONG internationale Greenpeace...La planète Terre, en flammes, cherche et attend toujours des solutions climatiques, la démocratie et la relance économique avec équité. Une société mondiale plongée dans l'incertitude. Et dans ce concert, un Davos dévalué. On prend les mêmes et on recommence.

La société civile ne renonce pas à ses critiques

Du 16 au 20 janvier, le Forum économique mondial se réunira à nouveau à Davos sous le thème “De la coopération dans un monde fragmenté”. Plus de 2 500 participants, dont une cinquantaine de chefs d'État ou de gouvernement, arriveront dans la station d'hiver des Alpes. Contrairement au passé, à l'exception du chancelier allemand Olaf Scholz, aucun dirigeant de grande puissance n'a confirmé son voyage à Davos. 

Comme de coutume, des représentants du monde des affaires, de la politique, de la science et de la culture arrivent. Selon les autorités suisses, entre 200 et 300 d'entre eux sont protégés par le droit international (par exemple, des chefs d'État et de gouvernement, des ministres ou des représentants de haut rang d'organisations internationales), ce qui nécessite une sécurité accrue.

Le dispositif de sécurité du Forum économique mondial (WEF) coûtera environ 9,7 millions de dollars, dont un tiers sera financé par le Forum lui-même et le reste par les autorités fédérales, cantonales et municipales suisses, c'est-à-dire les contribuables suisses. Ce facteur a été critiqué à plusieurs reprises par les médias nationaux, qui mettent en cause cette participation excessive de l'État à une initiative privée.

Un monde en crise

Comme le soulignent les organisateurs du Forum, le monde est confronté à une crise débilitante. Ils ajoutent que les conséquences de la pandémie de Covid-19 et la guerre inattendue entre la Russie et l'Ukraine augmentent l'incertitude mondiale, ce qui entraîne une forte baisse de la croissance et une hausse significative de l'inflation. Cela exige des solutions audacieuses et collectives.

Le 53e Forum de Davos s'articulera autour de cinq axes thématiques : les crises énergétique et alimentaire ; l'économie dans une période de forte inflation, de faible croissance et d'endettement élevé ; les contraintes pesant sur l'industrie ; la vulnérabilité sociale dans le contexte d'un nouveau système de travail ; ainsi que les risques géopolitiques dans le cadre d'un nouveau système mondial multipolaire.

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GIDEON LEVY
Des soldats israéliens sont venus raser des maisons palestiniennes ; en chemin, ils ont tué deux jeunes hommes

 

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 14/1/2023
Traduit par 
Fausto Giudice, Tlaxcala

Deux Palestiniens ont été abattus par des soldats des FDI en mission de démolition - pour détruire les maisons des familles de deux autres jeunes hommes, qui avaient tué un officier israélien. La punition collective a donc été aggravée par d’autres meurtres.

La maison rasée de la famille d’Abderrahman Abed, à Kafr Dan, cette semaine. Sur le plafond en béton qui s’est effondré, quelqu’un a dessiné une étoile de David à côté d’une croix gammée, et écrit “Nazisme du siècle”.

Deux énormes bulldozers jaunes sont garés devant la maison d’une famille endeuillée dans le village de Kafr Dan, au nord-ouest de Jénine, en Cisjordanie. L’un des bulldozers appartient au père endeuillé, Mahmoud Abed, et l’autre à son défunt fils, Fouad, qui travaillait avec lui. Il s’agit d’une maison à deux étages, encore dépourvue de finition en plâtre. Les parents et les enfants vivent au rez-de-chaussée ; l’étage supérieur, encore en construction, était destiné à Fouad, 17 ans, l’aîné de cinq enfants.

Fouad est décédé dans la soirée du premier jour de l’année 2023. Bonne année, Kafr Dan. En 2022, les forces de défense israéliennes ont tué six résidents locaux. Ce village militant de 8 000 habitants est influencé par l’esprit de résistance déterminé qui émane du camp de réfugiés voisin de Jénine.

Les signes de deuil et de souffrance sont palpables ici : dans le deuil qui envahit la maison de Fouad ; dans le modeste mémorial à l’autre bout du village - un drapeau de la Palestine déployé sur une parcelle de terre gorgée de sang, entourée de pierres - qui marque l’endroit où la deuxième victime des FDI cette même nuit, Mohammad Hoshiyeh, 23 ans, d’un village voisin, a été tué ; et à l’hôpital Ibn Sina de Jénine, où les médecins soignent encore un habitant de Kafr Dan de 18 ans, Ezzedine Abed, qui a été grièvement blessé cette même nuit. Et puis il y a les deux tas de décombres que les troupes israéliennes ont laissés derrière elles cette semaine - des vestiges des maisons des familles des combattants palestiniens qui ont pris part à une attaque au poste de contrôle voisin de Jalameh le 14 septembre. En face des monticules, des villageois étaient assis sur des chaises en plastique, pleurant la destruction de leurs maisons comme le font les personnes dans les tentes de deuil pour leurs morts.

L’establishment de la défense israélienne a décidé de marquer le premier jour de la nouvelle année en démolissant les maisons des familles des deux jeunes hommes, D’Abderrahman Abed et Ahmed Abed, qui ont tué le major des FDI Bar Falah lors de l’incident du barrage routier. Les deux Palestiniens, membres de l’un des clans les plus importants de leur village, ont été tués lors d’un échange de coups de feu avec les forces israéliennes, dans lequel Falah était impliqué.

Un modeste mémorial à Kafr Dan marque l’endroit où la deuxième victime des FDI cette même nuit, Mohammad Hoshiyeh, 23 ans, d’un village voisin, a été tué.

Vers 22 heures, le 1er janvier, une importante force de soldats et de gigantesques engins de terrassement a encerclé Kafr Dan et lancé une invasion, prenant position et bloquant les routes du village, ainsi que son accès depuis l’extérieur, jusqu’au lendemain matin. Les occupants des deux maisons destinées à la démolition, distantes de quelques centaines de mètres, ainsi que leurs voisins, ont été emmenés par les troupes dans une mosquée voisine. Puis ce furent les explosions. Les deux étages de la maison de la famille d’D’Abderrahman ont été démolis ; seul le deuxième étage de la maison d’Ahmed a été détruit.

Immédiatement après l’incursion de l’armée, les inévitables affrontements violents ont éclaté entre les soldats et les jeunes de la région qui tentaient en vain de défendre leur village, accompagnés de personnes des communautés voisines venues aider à la résistance. L’un de ces derniers, Mohammed Hoshiyeh, a reçu une balle dans la tête à l’entrée de Kafr Dan. D’après ce que l’on sait, il a jeté des pierres sur les soldats et a également tenté d’ériger des barrières de pierre avant d’être tué. La plupart des jeunes ont jeté des pierres et des bouteilles de peinture sur les troupes, mais certains ont tiré sur elles à balles réelles.

Tout au long du jour de l’An, Fouad Abed et son père étaient sortis travailler. Vers 18 heures, Fouad est rentré chez lui, s’est douché, a pris un repas léger et, après 21 heures, a pris la voiture familiale pour se rendre au gymnase, comme il le faisait tous les soirs. L’une des photos figurant sur les affiches de deuil placées chez lui le montre vêtu d’un T-shirt de style militaire, les résultats de son entraînement étant clairement visibles : c’était un jeune homme robuste et musclé. Sur cette même photo, on le voit tenant un pistolet, un fusil en bandoulière. (Selon son père, la photo a été prise lors d’un mariage, mais cela semble peu probable). La mère de Fouad, Noha, lui a demandé d’acheter du lait maternisé pour sa sœur de 8 mois, en rentrant de la salle de sport.

Mahmoud, 38 ans, le père, qui avait deux fils et trois filles, s’est assis cette semaine sur l’aire non pavée devant sa maison, pleurant son fils. Son visage et sa voix brisée en disaient long. Fouad a fréquenté une école locale jusqu’en seconde, puis a rejoint son père aux travaux de terrassement sur son bulldozer JCB jaune. Selon sa famille, le dernier soir de sa vie, il a essayé de rentrer de la salle de sport mais s’est heurté à des barrières érigées par les troupes israéliennes au centre du village, près du diwan, un lieu de rassemblement du clan élargi des Abed. Fouad a laissé la voiture près du diwan et a continué à pied. Il a probablement rejoint les lanceurs de pierres.

Le père endeuillé, Mahmoud Abed (à gauche).

Au deuxième étage d’une petite maison au centre du village, un soldat se cachait. En dessous de la maison se trouvaient trois véhicules de l’armée. Le soldat à l’étage a tiré des volées de balles réelles sur les jeunes qui s’étaient rassemblés dans la rue. Fouad a été touché : six balles l’ont atteint, au cou, à la poitrine et à l’estomac. Il était 22h40. Ezzedine Abed, 18 ans, qui se trouvait non loin de là, a reçu une balle dans la poitrine. La taille des trous causés par les tirs dans les murs des bâtiments adjacents, que nous avons vus cette semaine, indique que des armes lourdes ont été utilisées.

L’unité du porte-parole des FDI a fait la déclaration suivante à Haaretz cette semaine : « Le 1er  janvier 2023, lors de la démolition des maisons des terroristes de l’affrontement à côté du barrage routier de Jalameh, de violents troubles ont éclaté, avec notamment des jets de pierres, de cocktails Molotov et d’engins [explosifs], l’incendie de pneus et des tirs massifs sur les forces [israéliennes]. Les combattants des FDI ont utilisé des moyens de dispersion de la foule et ont tiré sur les individus armés qui leur avaient tiré dessus. Les circonstances de la mort des personnes tuées sont en cours de clarification ».

Il est important de rappeler que les incursions des forces militaires et la démolition des maisons de personnes innocentes constituent l’ordre normal des choses, le prétendu “bon ordre” dans les territoires, et que la résistance légitime à cet ordre constitue une perturbation de l’ordre qui doit être réprimée par tous les moyens.

Comme la plupart des villageois, les membres de la famille de Fouad se sont serrés les uns contre les autres dans leur maison pendant l’incursion de cette nuit fatidique. Plus tard dans la nuit, des informations ont commencé à apparaître sur les médias sociaux selon lesquelles l’adolescent avait été blessé et évacué. Sa famille a tenté, mais en vain, de se rendre à l’hôpital. Kafr Dan était soumis à une sorte de couvre-feu. Toutes les routes étant bloquées par l’armée, il était dangereux, voire impossible, de quitter la maison alors que la mission de démolition se poursuivait. La famille endeuillée se souvient que les soldats étaient particulièrement agressifs cette nuit-là.

Mahmoud Abed, le père de Fouad, devant sa maison.

Près de cinq heures de peur et d’inquiétude paralysantes pour Fouad se sont écoulées avant que sa famille ne puisse quitter sa maison : à 2 h 40 du matin, les parents de l’adolescent ont réussi à partir pour l’hôpital Ibn Sina, emmenant avec eux sa sœur de 12 ans, Adain, qui était si traumatisée par les événements qu’elle a presque perdu connaissance, disent-ils. L’armée les a laissés passer et ils ont filé vers Jénine.

Cependant, lorsqu’ils sont arrivés à l’hôpital, Fouad n’était plus là. Ibn Sina n’a pas de morgue. Il a été déclaré mort juste après minuit et son corps a été transporté à l’hôpital gouvernemental de Jénine, situé à proximité, à l’entrée du camp de réfugiés de la ville. Ayant déjà appris en chemin que leur proche était mort, la famille s’est rendue directement à la morgue pour voir le corps.

« Il a essayé de rentrer à la maison mais il n’y est pas arrivé », raconte aujourd’hui son père. « Disons qu’il a jeté des pierres - six balles dans son corps ? ». Il nous montre le téléphone portable de Fouad, taché de son sang et avec un billet de 20 shekels glissé dans l’étui.

Un nouveau jour s’est levé en même temps que la nouvelle année à Kafr Dan. Abdulkarim Sadi, chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, est arrivé dans le village un peu après 8 heures du matin pour documenter ce qui s’était passé pendant la nuit, et a été surpris de voir que les véhicules et les troupes de l’armée étaient toujours là. Sadi s’est empressé de trouver un abri dans une maison voisine. Les unités balistiques de l’armée avaient fait exploser la maison d’Ahmed Abed à 4h30 du matin, et vers 8 heures, elles avaient dynamité la maison d’Abderrahman. Les troupes se sont finalement retirées vers 10 heures du matin.

La maison des Abed

Au début de la semaine, Ezzedine Abed, qui souffre d’une grave blessure à la poitrine, a été transféré des soins intensifs d’Ibn Sina, où il se trouvait depuis qu’il a été abattu, à un service ordinaire pour y poursuivre son traitement.

Lorsque nous arrivons à la maison démolie d’Abderrahman Abed, deux jeunes hommes sont assis à proximité, regardant les ruines. Il s’agit de Mustafa, le frère d’Abderrahman, et de Wahal, son neveu. La maison semble être couchée sur le ventre. Des drapeaux de la Palestine et d’organisations impliquées dans la lutte palestinienne sont éparpillés parmi les décombres. Sur le plafond en béton qui s’est effondré, quelqu’un a dessiné une étoile de David à côté d’une croix gammée et écrit, en arabe “nazisme du siècle”. Les rubans rouges et blancs de la police israélienne gisent sur le sol à proximité.

Huit âmes avaient vécu dans cette maison, en plus d’Abderrahman, et certainement aucune d’entre elles n’avait de lien avec ce qu’il a fait. Son grand-père, Subkhi, âgé de 85 ans, et sa grand-mère, Shawkiya, 78 ans, vivaient également avec les frères et sœurs et les parents d’Abderrahman. Le couple âgé a maintenant déménagé dans un appartement loué à Kafr Dan.

Non loin de la maison rasée se trouve ce qui reste du deuxième étage de la maison d’Ahmed Abed, qui s’est effondré sur le premier étage et a causé davantage de destruction. Quelques femmes sont assises en face des décombres, regardant en silence les dégâts.

 

 

GIDEON LEVY
Une prise de contrôle hostile d'une institution hostile

Gideon Levy, Haaretz, 14/1/2023
Traduit par 
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le nouveau ministre israélien de la Justice, Yariv Levin (Likoud), avec l'appui du Premier ministre, procède à une prise de contrôle hostile de la Cour suprême. Le tollé que cela a provoqué est compréhensible, mais il ne tient pas compte du fait que la tentative de prise de contrôle vise une institution hostile à la démocratie. Oui, je le pense vraiment. La Cour suprême, dont la tentative de prise de contrôle a semé une telle panique chez tous les amoureux de la démocratie, a joué un rôle décisif dans la destruction de la démocratie israélienne.

La juge en chef Esther Hayut et ses collègues juges de la Cour suprême israélienne à la Haute Cour à Jérusalem au début du mois. Photo : RONEN ZVULUN/ REUTERS

Cette bataille pathétique sur le caractère de la démocratie israélienne, une démocratie destinée uniquement aux privilégiés, est la blague de l'année. C'est une tempête dans une tasse de thé de l'apartheid : Notre démocratie-pour-les-juifs-seulement est en danger. Sauvez-la ! Tout le pathos et toutes les pièces d'artillerie ont été sortis pour sauver cette fausse démocratie.

Il est vrai que Yariv Levin, avec le soutien de Benjamin Netanyahou, menace de subordonner le pouvoir judiciaire du gouvernement au pouvoir législatif et de transformer Israël en un État unitaire, avec un seul pouvoir. Évidemment, ce n'est pas une démocratie. Mais ce n'est pas non plus une démocratie lorsque 5 millions de personnes vivent sous ses auspices, sans citoyenneté et sans droits, avec l'approbation de la Haute Cour de justice - c'est-à-dire la Cour suprême siégeant en tant que cour constitutionnelle. Par conséquent, l'hystérie qui a éclaté au sujet de l'atteinte prévue à la Cour suprême est bizarre et même scandaleuse.

Maintenant plus que jamais, au moment le plus difficile, nous ne devons pas oublier la collaboration honteuse de la Cour suprême avec l'occupation. Il ne s'agit pas d'une question de schadenfreude [joie maligne]. Par son soutien à l'occupation, la Cour a semé les graines empoisonnées dont nous récoltons les fruits aujourd'hui. Si elle avait refusé de légitimer l'occupation à l'époque où elle avait le pouvoir de le faire, il n'y aurait pas d'Itamar Ben-Gvir, il n'y aurait pas de colonies et il n'y aurait peut-être même pas d'occupation.

Maintenant plus que jamais, au moment le plus difficile, nous sommes obligés de nous rappeler qu'il s'agit d'une institution qui n'a pas protégé Israël contre l'occupation, et qu'il n'y a donc aucune raison pour que nous la protégions aujourd'hui, comme si le moindre mal qui lui serait fait mettrait fin à notre démocratie inexistante. Israël n'est plus une démocratie. Il est impossible de le considérer comme une démocratie à l'exception de l'occupation : l'occupation est devenue une partie inséparable de l'État, qui définit son système de gouvernement maléfique ; l'apartheid avec l'approbation de la Haute Cour.

Qu'a fait la Haute Cour pour protéger la démocratie contre l'occupation ? Presque rien. Qu'aurait-elle pu faire ? Presque tout. Si elle n'avait pas légitimé les crimes de l'occupation dès le début, approuvé presque tout ce que l'establishment de la défense faisait, fermé les yeux et fait taire sa voix, Israël aurait été différent. La présidente de la Cour suprême Esther Hayut, et plus encore ses prédécesseurs, auraient dû prononcer depuis longtemps un discours retentissant - contre les crimes de l'occupation.

Parce que le peuple palestinien, qui vit sous l'occupation, n'a reçu aucun secours de cette cour, celle-ci a trahi sa confiance. Une cour qui n'a jamais pris de position de principe contre la légalité des colonies ; qui a approuvé les détentions administratives, c'est-à-dire la détention sans procès ; qui a attendu des années avant d'accepter gracieusement de prendre position contre la torture ; qui a approuvé les déportations massives, comme celle de 400 membres du Hamas en 1992, et les démolitions de maisons ; et qui a tourné le dos au droit international est une cour qui a saboté la démocratie.

En fait, ce sont les droitiers et les colons qui devraient être reconnaissants à cette cour d'avoir légitimé l'occupation pour eux. La gauche aurait dû s'y opposer depuis longtemps.

Subordonner le pouvoir judiciaire au pouvoir législatif, et donc effectivement au pouvoir exécutif, est évidemment antidémocratique. Mais c'est exactement ce qui s'est passé avec l'occupation. La Cour suprême a fonctionné davantage comme un tribunal militaire que comme un gardien. Elle était le serviteur obéissant du pouvoir exécutif. Il est impossible de chanter ses louanges aujourd'hui et de déplorer le fait qu'elle soit affaiblie.

Un grand danger guette désormais les droits civils, la liberté d'expression et d'autres libertés en Israël. Par exemple, nous nous retrouverons rapidement avec une Knesset réservée aux Juifs, et ce ne sera que le début.

Le danger est grand et très grave, mais l'un des péchés originels dont Israël récolte aujourd'hui les fruits a été la légitimation généralisée de l'occupation par le système judiciaire. C'est là que tout a commencé. Ce qui a suivi était inévitable.