Sergio Rodríguez
Gelfenstein, 29/12/2021
Traduit
par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Une fois célébrée la « fête de la démocratie », qui a ramené la joie au Chili pour la deuxième fois et dans laquelle il a également élu son nouveau président, il est nécessaire de faire quelques réflexions pour l'avenir.
Il me semble que la question à débattre est liée à l'autocritique que devrait faire la gauche en raison de son incapacité à construire une alternative de contenu populaire qui favorise les intérêts de la majorité. Dans cette mesure, le peuple est invité à accepter le « moindre mal » perpétuant ainsi l'aveu de Patrick Aylwin qu'il n'y avait que “la vérité et la justice dans la mesure du possible".” Cette proposition est devenue une doctrine qui réduit l'esprit révolutionnaire du peuple, limite la lutte pour ses intérêts en médiant ses objectifs stratégiques et subordonne la lutte quotidienne à l’aspect strictement électoral dans lequel se jouent les règles de la démocratie représentative.
Dans cette mesure, le “moindre mal” est l'expression de la facilité avec laquelle la gauche renonce à la poursuite de ses objectifs historiques, alors qu'au Chili plus de 50% de la population ne s’identifie pas à ce système et le rejette non seulement du point de vue électoral, mais surtout dans la pratique quotidienne de sa lutte. Le soulèvement populaire du 18 octobre 2019 est l'expression de la capacité du peuple à construire une alternative en dehors du statu quo, au-delà du fait que “pour le moment” (comme l'a dit le Commandant Chávez après l'échec de la rébellion du 4 février 1992), les objectifs n'ont pas pu être atteints. L'incapacité des partis de la gauche traditionnelle à diriger ce mouvement ne peut pas être comprise comme une soumission du peuple au système.
Le soulèvement populaire de secteurs importants de la société chilienne d'octobre 2019 a montré, malgré les insuffisances organisationnelles et de leadership, l'esprit et la volonté d'un peuple qui a subi la perte de 34 de ses enfants, en plus d’environ 12 547 blessés qui ont été hospitalisés d'urgence, parmi lesquels 440 cas de citoyens ayant subi un traumatisme oculaire selon les chiffres donnés par le Bureau du Procureur et l'Institut national des droits humains.
Un peuple abandonné qui accepte le système auquel il est subordonné, n'est pas capable de jouer en ces jours héroïques qui ne pouvaient être paralysés que par la pandémie d'une part, et d'autre part, par l'accord des élites auquel l'actuel président élu a pris une part notable. La manœuvre visait à empêcher que le peuple décide dans la rue pour l'amener dans les espaces de la démocratie représentative, où il a tout à perdre, compte tenu d'un système dans lequel à l'unanimité, des secteurs fascistes à la gauche, on se limite à l'élaboration de politiques « dans la mesure du possible », ils ont squeezé la volonté du peuple pour faire croire qu’elle s’exerce dans les élections.