La fièvre monte en Israël à l’approche de la Journée du Souvenir et de celle dite de l’Indépendance : les partisans d’un sionisme à visage humain menacent de perturber les cérémonies officielles, ce qui donne des sueurs froides aux membres de la coalition au pouvoir, tandis que les organisateur·trices de la Journée conjointe israélo-palestinenne du Souvenir font valoir leur droit à la célébrer. Ce qu’il faut savoir : La Journée du souvenir (Yom HaZikaron LeHalalei Ma’arakhot Yisrael ul’Nifge’ei Pe’ulot HaEivah, Journée de commémoration des soldats tombés pendant les guerres d’Israël et des victimes d’actes de terrorisme) qui tombe le 4 du mois luni-solaire de lyar, aura lieu en cette année 5783 du calendrier hébraïque du lundi 24 avril au coucher du soleil au mardi 25 la nuit venue. Yom Haʿatzmaout, Jour de l‘Indépendance, célébrant la proclamation de l‘État d‘Israël le 14 mai 1948, tombe le 5 lyar. Ci-dessous 3 articles sur les derniers événements du psychodrame collectif qui fracture le camp sioniste. [Fausto Giudice, Tlaxcala]
Le reality show de la fête de l’indépendance d’Israël
Gideon Levy, Haaretz, 19/4/2023
Depuis que la membre de la Knesset Tally Gotliv* a fait irruption dans nos vies, la ministre Miri Regev** est devenue une sorte d’aristocrate britannique par rapport à son héritière - en termes de manières royales, de retenue, de style, de langue anglaise et de litotes. Mais avec la cérémonie d’allumage des flambeaux, la duchesse de Rosh Ha’ayin s’est réveillée et a recommencé à être Miri Regev. Elle a une idée : Si une protestation éclate pendant la cérémonie, les chaînes de télé diffuseront un enregistrement de la répétition générale.
C’est certainement une bonne idée. Cela épargnerait au saint public des spectacles désagréables, et ce à la veille du 75e anniversaire de l’indépendance. Qu’ils manifestent sur le mont Herzl, qu’ils crient, qu’ils protestent, qu’ils se déchaînent, nous ne vous en parlerons pas. Et si nous n’en parlons pas, c’est que cela n’a pas eu lieu. Bonne fête de l’indépendance, Israël. Sans le vouloir, Regev a simplement suggéré d’élargir ce qui est déjà le comportement habituel des médias israéliens.
Médiatiser la réalité en omettant la vérité et en la déformant est, après tout, le pain quotidien des chaînes de télévision. Lorsqu’un jeune se bat pour sa maison et sa dignité et qu’il est abattu pour cela, la télévision ne diffuse que la répétition générale, c’est-à-dire les mensonges dont le porte-parole des FDI l’abreuve. Ils ne nous montrent pas la vie sous l’occupation, seulement la répétition. Ainsi, on nous épargne le désagrément de regarder les scènes dures, les protestations ou les souffrances que nous provoquons.
De même, lorsqu’Israël attaque en Syrie ou à Gaza, les chaînes de télévision ne nous montrent que la narration officielle, afin que personne n’ait la moindre idée de ce que nous attaquons, de qui nous tuons et de ce que nous détruisons - et surtout, pourquoi.
Le crime de Mme Regev, porte-parole de Tsahal à la retraite, est d’avoir voulu étendre au Mont Herzl la propagande mensongère dont elle était responsable à l’époque de sa splendeur. Qu’y a-t-il de mal à cela ? En quoi est-ce pire que les autres fausses narrations que l’on nous sert ad nauseam ? Quand exactement nous a-t-on montré la réalité à la télévision, en ce qui concerne l’occupation en particulier, mais aussi en général ? Quand ont-ils organisé une véritable discussion sur quoi que ce soit ?
L’inconcevable ignorance de l’Israélien moyen sur ce qui se passe non loin de chez lui, et peut-être aussi son obtusité, proviennent avant tout des narrations qui lui sont retransmises à la télévision, au lieu des scènes réelles.
Que savez-vous du camp de réfugiés de Jénine ? Et que voulez-vous savoir ? Seulement la narration éculée du “nid de terroristes”. Et que savez-vous de la vie (et parfois de la mort) de centaines de milliers de jeunes Palestiniens, de leurs rêves et de leurs chances ? Seulement ce qu’on vous a dit dans la narration. La télévision israélienne est en grande partie devenue le studio d’enregistrement de Regev : de pures absurdités au lieu d’une réalité douloureuse ; du pain (programmes de cuisine) et des cirques (émissions de téléréalité) au lieu de la vie elle-même. Et surtout, de la propagande au lieu de la vérité. Chaque chaîne a sa propre propagande, et toutes ensemble cachent le problème le plus crucial : l’occupation.
Mais la proposition de la ministre, qui sera probablement mise au rebut par les chevaliers de la vérité des chaînes, a aussi ouvert une fenêtre fascinante sur l’incroyable sainteté des cérémonies nationales israéliennes. On n’avait pas vu depuis longtemps une telle vigilance en prévision de cérémonies creuses. Qui allumera le flambeau ? C’est devenu une question existentielle. Seule la question de savoir qui viendra sur les concessions des cimetières militaires la surpasse en fatalité. Les propositions rivalisent d’absurdité : dicter des discours uniformes à tous les hommes politiques ou interdire l’accès aux cimetières à ceux qui n’ont pas servi dans l’armée. Comme toujours, entre l’important et l’insignifiant, Israël choisit le second.
Il faut le dire : les cérémonies stériles, tout comme les émissions stériles, sont de fausses cérémonies. On peut manifester n’importe où, même dans les cimetières ; tout doit être rapporté, cela aussi. Les âmes sensibles des Israéliens, y compris celles des familles endeuillées, le supporteront, sans médiation ni dissimulation. Le deuil est de toute façon une affaire extrêmement privée. En attendant, une protestation se prépare déjà contre la répétition principale, par sécurité. C’est comme ça que ça se passe dans l’état d’absurdité le plus total.
NdT
*Tally (ou Tali) Gotliv (Revital Gottlieb), née en 1975 est une avocate sulfureuse et députée du Likoud. Elle a critiqué avec véhémence la décision du gouvernement de geler provisoirement le projet de refonte judiciaire, provoqué par la vague de protestations en cours.
** Miriam “Miri” Siboni, épouse Regev, née en 1965, est ministre des Transports, des infrastructures nationales et de la sécurité routière dans le gouvernement de coalition actuel. Membre du Likoud, elle a été générale de division et porte-parole de l’armée.
“Pour quoi les puissants sont-ils
tombés ?”
La semaine
prochaine, Israël célèbrera son jour le plus douloureux. Cette année, ce sera
très différent
Judy Maltz, Haaretz, 19/4/2023
Des familles endeuillées ont demandé aux ministres du gouvernement de ne pas s’approcher des cimetières militaires lorsqu’Israël célébrera la Journée du souvenir mardi, un appel qui risque de tomber dans l’oreille d’un sourd. Je pense que nous devons nous préparer à des scènes sans précédent", prévient un expert.
Lors de la grande manifestation de samedi dernier à Tel Aviv contre le projet de coup d’État judiciaire du gouvernement, plusieurs dizaines de manifestants s’étaient organisés en une ligne horizontale sur la route principale menant à la scène centrale. Avec une rangée de bougies allumées sur le sol, il était difficile de les manquer.
Une femme tenait une pancarte écrite à la main qui demandait : « Pour quoi les puissants sont-ils tombés ? »
Un autre portait une affiche avec cette douloureuse question : « Mon frère est mort pour un Israël démocratique. Est-il mort en vain ? »
Une vieille photo en noir et blanc d’un jeune soldat était collée sur un
morceau de carton brandi par un autre manifestant. Le texte sous la photo disait
: « Le sang de mon frère crie sur la terre ».
Les T-shirts noirs portés par les membres du groupe de familles endeuillées
réunis lors des manifestations hebdomadaires comportaient
une légère déformation des célèbres mots du grand poète hébreu Haïm Nahman
Bialik qui figurent sur de nombreux monuments commémoratifs en Israël. À la
place du mot “vie” à la fin du texte, on peut lire : « Dans leur mort, ils
nous ont légué la démocratie ».
Jamais auparavant les jours précédant la journée de commémoration des soldats israéliens tombés au combat n’ont été aussi tendus. Les veillées très médiatisées organisées ces dernières semaines par des membres de familles endeuillées, dans le cadre des principales manifestations du samedi soir, ne sont probablement qu’un avant-goût de ce à quoi les Israéliens peuvent s’attendre en ce jour le plus sacré qui soit.
Perturber les discours
Les cimetières militaires israéliens sont généralement bondés le jour du souvenir (qui tombe cette année le 25 avril). À 11 heures, les sirènes retentissent dans tout le pays, tandis que les Israéliens observent deux minutes de silence. Des représentants du gouvernement s’adressent ensuite aux civils et aux soldats rassemblés autour des pierres tombales.
Des milliers de membres de familles endeuillées ont déjà signé des lettres suppliant les ministres du gouvernement de rompre avec la tradition cette année, par respect pour eux, et de rester à l’écart des cimetières. Ils représentent sans doute la majorité des Israéliens qui s’opposent à la réforme judiciaire du gouvernement et craignent qu’elle ne sonne le glas de la démocratie dans le pays.
Nombreux sont ceux qui ont menacé de perturber les discours, voire pire, si leur demande était rejetée.
Omri Shabtay, dont le père a été tué lors de la guerre du Kippour en 1973, affirme qu’il aurait préféré ne pas se présenter. « Ce sera la première fois que je ne me tiendrai pas sur la tombe de mon père le jour du souvenir », déclare ce professeur d’histoire et d’éducation civique de 53 ans.
Le Jour du Souvenir a toujours été un symbole de consensus dans un Israël de plus en plus divisé. C’est le seul jour de l’année où la plupart des Israéliens sont prêts à mettre leurs différences de côté par respect pour les jeunes hommes et femmes qui ont donné leur vie pour le pays. Alors qu’aux USA, le Memorial Day est connu pour les soldes dans les centres commerciaux et les barbecues dans les jardins, en Israël, c’est un moment de réflexion et de deuil, avec des chansons tristes et des témoignages déchirants entendus tout au long de la journée à la radio.
Ce n’est pas un hasard si ceux qui ont décidé des dates des fêtes nationales israéliennes ont placé le Jour du Souvenir un jour avant le Jour de l’Indépendance. C’était une façon de rappeler aux Israéliens le coût très élevé de leur indépendance.
Le frère cadet d’Orly Eshkar, un pilote, a été tué dans la catastrophe d’hélicoptère de 1997 au cours de
laquelle 73 soldats israéliens ont perdu la vie. Elle a l’intention de se
rendre sur sa tombe au cimetière militaire et d’assister à la cérémonie, comme
elle le fait chaque année. Elle n’a cependant pas encore décidé si elle
répondra aux appels à la retenue.
« Personne n’a envie de voir des cris ou des manifestations dans les
cimetières, et c’est pourquoi nous supplions les politiciens de ne pas venir »,
explique cette grand-mère de 65 ans qui travaille dans le secteur de la haute
technologie. « Ils nous ont traités d’anarchistes, de terroristes et de
traîtres, et nous ont dit d’aller au diable. Mais tant qu’aucun membre du
gouvernement n’aura présenté d’excuses pour ces paroles horribles, je pense
qu’ils ont perdu le droit de participer à ces cérémonies ».
Avner Ben-Amos, un historien de l’université de Tel-Aviv qui étudie les rituels de commémoration, cite un autre facteur expliquant l’indignation de tant de familles endeuillées cette année. « C’est le premier gouvernement que nous avons avec autant de membres qui n’ont jamais servi dans l’armée », note-t-il, en faisant référence aux membres des partis ultra-orthodoxes et même orthodoxes.
Le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, par exemple, a été exclu de l’armée en raison de son implication dans des activités terroristes lorsqu’il était adolescent. Ben-Gvir, qui dirige le parti Otzma Yehudit, doit s’adresser aux familles rassemblées mardi matin au cimetière militaire de Be’er Sheva, où une confrontation semble presque inévitable.
« Je pense que nous devons nous préparer à des scènes sans précédent
dans les cimetières militaires cette année », déclare Ben-Amos.
Le ministre extrémiste Itamar Ben-Gvir s’exprimant lors d’une marche de droite dans l’avant-poste d’Itamar, en Cisjordanie, au début du mois. Photo : Moti Milrod
Mourir en vain
Avivit Gera, qui a perdu son frère aîné lors de la guerre de Kippour, animera mardi matin une cérémonie commémorative alternative organisée par un groupe de familles actives dans le mouvement de protestation. La cérémonie devrait se dérouler, symboliquement, à l’extérieur du bâtiment de Tel Aviv où la déclaration d’indépendance d’Israël a été signée il y a 75 ans.
Samedi soir, aux côtés d’autres membres du groupe de familles endeuillées, Gera a brandi un morceau de carton sur lequel était collée la photo de son frère. Sous la photo, elle avait écrit ces mots : « Ophir Beit-Arie, de mémoire bénie, 20 octobre 1973. Il a donné sa vie pour un Israël démocratique ».
« La perte d’un frère fait mal, mais c’est encore pire à cause de cet horrible gouvernement », déclare cette conservatrice de sites archéologiques et naturels âgée de 64 ans. « J’avais l’habitude de dire que mon frère avait été tué au combat. Aujourd’hui, j’ai presque l’impression qu’il a été assassiné ».
Des membres de la coalition au pouvoir et de l’opposition ont exhorté les manifestants à marquer un temps d’arrêt à l’occasion du Jour du Souvenir, par respect pour les morts. Chili Tropper, un député de l’opposition, a signé avec plus de 100 autres députés une pétition appelant les Israéliens à laisser les controverses politiques qui les divisent en dehors des cimetières militaires.
Miriam Peretz, une conférencière populaire qui a perdu deux fils dans l’armée, a récemment lancé un appel similaire sur sa page Facebook. « Le Jour du Souvenoir est un jour de tristesse, mais aussi un jour de fraternité », a écrit l’ancienne candidate à la présidence. « C’est un jour où je me sens accueillie par la grande famille que j’appelle la nation d’Israël. C’est un jour d’empathie et de partage de notre douleur, un jour où la nation étreint les familles endeuillées et où les amis rendent hommage, même 30 ans plus tard. C’est l’amitié, la fraternité, le ciment de l’unité ».
Cependant, Gera ne voit aucune raison de faire une pause dans les manifestations à l’occasion du Jour du Souvenir.
« Au contraire », dit-elle. « En ce jour sacré, la dernière chose que nous devrions faire, c’est de jouer le jeu des politiciens ».
Boaz Zirkel et sa sœur Maya sont les organisateurs du groupe des familles endeuillées lors des manifestations de Tel Aviv. Leur frère aîné, Yonatan, a été tué lors de la première guerre du Liban.
Boaz, 46 ans, explique que ce qui les a poussés à agir, c’est le sentiment grandissant que leur frère est mort en vain. « Ce gouvernement bafoue les valeurs pour lesquelles mon frère s’est battu » [quelles valeurs exactement ?, NdT], déclare ce père de trois enfants, originaire de Givatayim, dans la banlieue de Tel-Aviv.
Boaz Zirkel, avec la pancarte suspendue autour du cou, à côté d’Omri Shabtay à Tel Aviv samedi soir dernier. La pancarte de Shabtay porte des photographies de son père Arye, tué près du canal de Suez en octobre 1973, et de son oncle Simcha, décédé deux ans plus tôt dans un accident lors d’un entraînement militaire. Photo : Judy Maltz
« Je n’ai plus de frères pour une guerre entre frères », peut-on lire sur la pancarte faite à la main qu’il porte autour du cou.
Sur l’affiche de Shabtay sont collées des photos de son père Arye, tué près du canal de Suez en octobre 1973, et de son oncle Simcha, mort dans un accident d’entraînement militaire deux ans plus tôt. »
« Le Jour du Souvenir est la chose la plus constante de ma vie », déclare Shabtay, qui est le porte-parole du groupe des familles endeuillées. « Chaque année, je me rendais sur la tombe de mon père et lui parlais de tout ce qui m’était arrivé cette année-là. Je lui parlais de mon service militaire, de mes études, de mon mariage et de mes enfants. Ce sera donc étrange de ne pas être là cette année ».
Orit Yaal, historienne du kibboutz Afikim, près de la mer de Galilée, a perdu son frère aîné, Ziv Levin, lors d’une opération militaire au Liban il y a 45 ans. « J’ai toujours pensé que pour construire un pays comme le nôtre, il fallait être prêt à perdre quelque chose », explique cette mère de quatre enfants, âgée de 61 ans. « Mais récemment, j’ai commencé à me demander pour la première fois si cela en valait la peine ».
Son frère est enterré au cimetière du kibboutz, où elle assiste chaque année à la cérémonie du jour du souvenir. Elle prévoit de s’y rendre cette année encore, mais ne sait pas encore si et comment elle exprimera sa forte opposition au gouvernement actuel.
« C’est un exercice d’équilibre très délicat », dit-elle. « D’un côté, je ne veux pas profaner la mémoire de mon frère ou de tout autre soldat tombé au combat. Mais d’un autre côté, je ressens un énorme besoin de crier ».
Quelques-unes des familles endeuillées lors de la manifestation en faveur de la démocratie la semaine dernière. Les tee-shirts portent l’inscription suivante : « Dans leur mort, ils nous ont légué la démocratie ». Photo : Judy Maltz
Les organisateurs de la Journée alternative du Souvenir déposent une requête devant la Haute Cour contre l’exclusion des familles palestiniennes par Israël
Chen Maanit, Haretz, 19/4/2023
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a fondé sa décision sur le fait que l’armée israélienne devrait fermer la Cisjordanie avant le Jour du Souvenir et le Jour de l’Indépendance, le lendemain.
Les organisateurs d’une cérémonie commune entre Israéliens et Palestiniens à l’occasion du Jour du souvenir ont saisi la Haute Cour de justice mercredi, contestant la décision du ministre de la Défense d’interdire aux familles palestiniennes d’entrer en Cisjordanie pour assister à la cérémonie.
La pétition, déposée par les familles israélo-palestiniennes endeuillées pour la paix et par les combattants pour la paix, vise à obtenir une ordonnance de justification de la décision, afin que les Palestiniens puissent entrer en Israël sous réserve d’une inspection de sécurité.
C’est la 18e année que la cérémonie commune, prévue la veille du Jour du Souvenir au parc Yarkon de Tel-Aviv, devrait avoir lieu. Des membres de quatre familles endeuillées - israéliennes et palestiniennes - devraient prendre la parole. Ces trois dernières années, l’événement s’est déroulé en ligne, en partie à cause de la pandémie de coronavirus.
Le ministre de la défense, Gallant, a fondé sa décision sur le fait que l’armée israélienne devrait fermer la Cisjordanie avant le Jour du Souvenir et le Jour de l’Indépendance, le lendemain. Le bureau de Gallant a déclaré que dans la situation sécuritaire complexe actuelle en Cisjordanie, il n’est pas possible d’autoriser les Palestiniens à franchir la frontière.
Les années précédentes, les ministres de la défense avaient émis des ordres similaires sans faire d’exception pour les familles palestiniennes désireuses d’assister à la cérémonie.
La pétition, déposée par les avocats Tamir Blank et Adi Lustigman, affirme que la décision de Gallant « ne tient pas compte de l’État de droit et de l’autorité de la Cour suprême » et la qualifie d’ « atteinte flagrante à la liberté d’expression et au tissu fragile de la démocratie dans l’État d’Israël ». Elle qualifie la cérémonie commémorative de « nouvelle expression du deuil des familles qui ont perdu ce qu’elles avaient de plus cher ». Du point de vue des familles, la cérémonie est “une ouverture à l’espoir” qui “remplacerait la haine qui a conduit à la perte”.
La pétition cite la décision de la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, dans l’affaire de 2019, qui a annulé l’ordre du ministre de la Défense et autorisé l’entrée de la plupart des personnes pour lesquelles les organisateurs avaient demandé une autorisation. Esther Hayut a noté que la cérémonie « a un objectif déclaré et un message clair de réconciliation et de paix. Du point de vue [des familles], il apparaît que des personnes se sont rassemblées ici et cherchent, par leur activité, à changer activement la réalité de l’inimitié et à insuffler de l’espoir ».
Combatants for Peace a répondu : « Bien que certains aient présenté Gallant comme un chevalier de la démocratie, nous constatons qu’il poursuit la ligne du gouvernement extrémiste [actuel] et méprise la Cour suprême et la liberté d’expression. Il est regrettable que cette décision intervienne à la veille Jour du Souvenir, une année où tant d’entre nous cherchent à se rassembler autour de la mémoire de tous ceux qui ont subi des pertes, sans l’intervention de politiciens... »
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