Ci-dessous
un exemple plutôt pathétique des cogitations stratégico-tactiques usraéliennes
en ces temps de guerre asymétrique multi-fronts. “Errare humanum est, perseverare autem
diabolicum, et tertia non datur” [L’erreur
est humaine, la persistance [dans l’erreur] est diabolique, et la troisième
possibilité n’est pas donnée] : comment dit-on cela en hébreu moderne ?
-FG
Sud-Liban, 10 août 2006: ce jour-là, entré dans l'histoire comme Majzara Merkava, le massacre des Merkavas, la résistance libanaise détruisit 39 blindés des unités d'élite de l'armée israélienne. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, mais que les plus de 50 ans devraient méditer...
Chuck Freilich, Haaretz, 20/6/2024
Traduit
par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Israël se trouve dans une situation sans précédent de
guerre permanente avec le Hamas à Gaza et un Iran enhardi, alors qu’il est en
train de décider comment réagir à l’escalade des combats transfrontaliers avec
le Hezbollah au Liban. Sa prochaine action doit être la plus calculée et la
mieux calibrée possible - il n’y a pas de place pour l’erreur
Deux hommes se
tiennent près d’un camion et observent les panaches de fumée qui s’élèvent d’un
incendie dans un champ après que des roquettes lancées depuis le sud du Liban
ont atterri près de Katzrin, sur le plateau du Golan, la semaine dernière, dans
le cadre des affrontements transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah. Photo
: AFP
Le nord d’Israël est en flammes, le risque d’une
guerre à grande échelle, voire sur plusieurs fronts, augmente rapidement et
Israël reste empêtré dans le bourbier de Gaza. Le sens commun veut que le
Hezbollah ne soit pas intéressé par une confrontation totale et préfère un
cessez-le-feu, si et quand il sera obtenu à Gaza.
Toutefois, la capacité du Hamas à survivre à l‘attaque massive d’Israël, ainsi
que la détérioration de sa position stratégique, ont renforcé la confiance de l” (Iran, Hezbollah, Hamas, Houthis et diverses milices
chiites) et l’ont probablement incité à prendre davantage de risques. L’“Axe”
semble croire qu’il peut résister à la supériorité conventionnelle d’Israël et
même la vaincre.
Des partisans
du Hezbollah suivent un discours prononcé par le chef du Hezbollah, Sayyed
Hassan Nasrallah, sur un écran lors d’une cérémonie commémorant la mort du
commandant supérieur du Hezbollah, Taleb Sami Abdullah, dans la banlieue sud de
Beyrouth, à Dahiyeh, au Liban, mercredi. Photo : Bilal Hussein, AP
Dans ces circonstances sans précédent, Israël doit
choisir entre cinq options principales. Chacune doit être évaluée en fonction
de ses perspectives de succès militaire et diplomatique et de ses ramifications
intérieures. Plus important encore, la question est de savoir si l’option est
susceptible de produire une amélioration significative de la position
stratégique globale d’Israël, ou si nous paierons un lourd tribut et
reviendrons à la case départ.
Poursuite de la voie actuelle : Jusqu’à présent, Israël et le Hezbollah ont veillé à rester en deçà du “seuil
d’escalade”, un terme intentionnellement vague qui a été mis à rude épreuve et
qui pourrait être insoutenable. Les dégâts subis par les villes, villages et
kibboutzim du nord d’Israël sont importants et s’aggravent, et quelque 60 000
personnes évacuées n’ont pas pu rentrer chez elles depuis plus de huit mois.
Après le traumatisme du 7 octobre, l’opinion publique israélienne en a assez
des interminables rounds de guerre limitée, qui ne font qu’engendrer des
périodes de calme limitées jusqu’au prochain round, et souhaite des solutions
plus permanentes. À l’inverse, l’équilibre de la terreur avec le Hezbollah,
après la guerre de 2006, a tenu pendant 16 ans. Si un retour à ce type de
politique est susceptible d’aboutir à un nouveau cessez-le-feu prolongé, il ne
faut pas l’écarter complètement.
Un cessez-le-feu unilatéral : Cette mesure serait prise dans l’espoir d’isoler le
Hezbollah, de le forcer à cesser ses tirs et de renforcer la légitimité
internationale d’une opération militaire israélienne, si elle s’avérait
nécessaire. Bien entendu, rien ne garantit que le Hezbollah réagira comme on l’espère,
même après un cessez-le-feu israélien prolongé. Une action unilatérale pourrait
être considérée comme un signe de faiblesse et, en tout état de cause, serait
difficile à mettre en œuvre sur le plan politique, en particulier pendant que
les combats se poursuivent à Gaza.