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16/12/2021

GIDEON LEVY
Ce ne sont pas les colons, c'est l'État

 Gideon Levy, Haaretz, 16/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Laissez les colons « violents » tranquilles. Tout comme vous ne pouvez pas faire la différence entre les colonies légales et illégales parce qu'elles sont toutes illégales, vous ne pouvez pas faire la différence entre les colons violents et non violents. Ils sont tous violents, ce sont seulement leurs méthodes qui sont différentes.

 

Une voiture vandalisée par des colons dans les collines du sud d'Hébron, en septembre. Photo : Tomer Appelbaum

Le chroniqueur Rogel Alpher avait raison lorsqu'il a écrit cela, contrairement au rédacteur en chef de The Marker, Sami Peretz, qui a dépassé les bornes en défendant les colons et en brouillant la réalité en déterminant qu'il fallait faire la distinction entre la majorité non violente des colons et la minorité, qui fait ce qu'elle veut dans les collines de Samarie (Haaretz, 15 décembre).

Ils font tous ce qu'ils veulent dans les collines de Samarie, certains avec des gourdins et des haches, d'autres avec des villas sur des terres volées. La plupart des résidents d'Ofra, une colonie censée être « modérée » et bien établie, ont volé des terres privées et se sont installés dessus. Les autres se sont installés sur des terres qui n'étaient pas privées, mais pas moins volées. Ne sont-ils pas violents ? Que dire des fondateurs d'Evyatar, qui n'ont peut-être jamais tué une mouche ? À cause d'eux, neuf manifestants palestiniens ont été tués parce qu'ils n'ont pas accepté de garder le silence sur le vol de leurs biens restants. Ne sont-ils pas violents ?

Tous les colons sont violents dans l'acte même de pillage qu'ils commettent, et toute colonie est un acte de pillage méprisable, laid et illégal. Non seulement il est permis de généraliser, mais c'est un devoir de le faire. Quelle est la différence entre la voyoucratie individuelle et la voyoucratie institutionnelle ? Qu'est-ce qui blesse le plus la victime, les oliviers déracinés par un voyou colon ou sa terre volée par l'État ? Les coups infligés par les adolescents des avant-postes ou ceux infligés par les soldats ?

HAREL/LEVINSON
Après la mise sur liste noire de NSO, Israël craint que les USA ne ciblent toutes les entreprises israéliennes de cyberespionnage

Amos Harel et Chaim Levinson, Haaretz, 14/12/2021
Traduit par Rosalinda Bignone

L'époque où NSO travaillait en secret avec l'encouragement actif du Premier ministre Netanyahou et de la communauté du renseignement est révolue et ne reviendra jamais.

L'entreprise israélienne NSO Group, près de la ville de Sapir, dans le sud d'Israël, en août. Photo : Sebastian Scheiner / AP

 Comme plusieurs autres choses de l'ère Netanyahou qui ne sont plus, la diplomatie cybernétique de l'ancien premier ministre est aujourd'hui confrontée à une situation désespérée. Au cours des dernières années de son mandat, Netanyahou s'est vanté de la triple réussite de sa politique : le renouvellement de la pression économique sur l'Iran grâce à son ami le président usaméricain Donald Trump ; une percée significative dans les relations avec les pays arabes et musulmans ; et un élargissement du cercle d'amis d'Israël dans le monde, en grande partie grâce au secteur de pointe de la haute technologie israélienne.

Lorsque Netanyahou a bénéficié d'un traitement royal en Extrême-Orient, en Europe de l'Est ou même lors d'un rassemblement de dirigeants d'Afrique de l'Est, il l'a attribué à la puissance technologique et économique d'Israël. Partout dans le monde, des pays voulaient être les meilleurs amis d'Israël parce qu'ils voulaient bénéficier du progrès technologique, affirmait-il. Son public aurait eu l'impression qu'Israël apportait le progrès et le bien-être au monde, tout comme il partageait les techniques d'irrigation avancées avec les pays d'Afrique il y a cinq décennies.

La réalité est moins réjouissante. Dans plus d'un cas, ce que Netanyahou a offert à ses nouveaux amis, dont beaucoup étaient des autocrates qui cherchaient à accroître leur pouvoir aux dépens de leurs citoyens, était une cybertechnologie offensive leur permettant de s'immiscer dans la vie privée des gens et de surveiller et espionner les journalistes et les opposants à leur régime.

Parallèlement au resserrement des relations, des liens ont été tissés entre les services de renseignement israéliens et de hauts responsables de ces pays, jetant les bases de l'achat de Pegasus, le logiciel d'espionnage avancé de la société israélienne NSO. Haaretz a détaillé cette méthode dans un reportage sur les coulisses d'un accord conclu avec l'Arabie saoudite il y a plus de trois ans.

Mais l'époque où cette société d'Herzliya travaillait en secret avec l'encouragement actif du Premier ministre et de la communauté du renseignement est révolue, pour ne plus jamais revenir. NSO est maintenant pris dans d'énormes problèmes, suite à la série de révélations sur ses activités et aux sanctions que l'administration Biden lui a imposées le mois dernier.

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
¿Cuidado del ambiente a la uruguaya?

 Luis E. Sabini Fernández, 16-12-2021

Dime de lo que te jactas

y te diré de lo que careces.


En el Dpto. de Maldonado en Uruguay se inauguró el 13 de diciembre ppdo. un contenedor de aceite, el usado en las cocinas domésticas. Para su recuperación (como biodiésel) y evitando la contaminación de agua a razón −explican sus patrocinadores− de mil litros por cada litro de aceite ya inservible para las frituras, que se echa por los desagües de las cocinas.
En el maremágnum de descuidos y destrozos ecológicos en que estamos sumidos, en Maldonado y en Uruguay, alardear con la recuperación de miles de litros de agua, cuando estamos en pleno proceso de perder la calidad de millones, resulta al menos sorprendente y paradójico.
Por ejemplo, la planta celulosera que se está montando en el corazón del país programa verter diariamente unos 29 millones de litros de efluentes industriales al (¡pobre!) río Negro. Casi 30 millones de litros diarios que irán contaminando y deteriorando todas las cadenas bióticas que rocen…

Es apenas un ejemplo. Pero si volvemos al aceite “quemado” en los hogares, existe ciertamente otro camino mucho más natural (aunque no dé el monto ínfimo de biodiésel que proclama el inaugurado), y es la biodegradación de dichos aceites en composteras, también domésticas. Claro que esta solución implica trabajo y una toma de responsabilidad propia desde los habitantes; hacerse cargo, siquiera parcialmente, del destrozo planetario que ocasionamos. Y tamaño enfoque tampoco le permitiría a empresas altamente contaminantes, como el grupo Disco, posar en la foto de la “responsabilidad ambiental” que en este momento aprovechan los patrocinadores del aceite reciclable en biodiésel.
En términos mediáticos, lo de las composteras hogareñas “rinde” menos…

15/12/2021

STEVE COLL/ADAM ENTOUS
La historia secreta del fracaso diplomático de Estados Unidos en Afganistán

 Steve Coll y Adam Entous, The New Yorker Magazine, 10/12/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

Un conjunto de documentos inéditos revela un desalentador historial de errores de juicio, arrogancia y engaño que condujo a la caída del gobierno afgano respaldado por Occidente.

(Foto: Lorenzo Tugnoli/The Washington Post/contrasto/Redux)

 
El 14 de abril el presidente Joe Biden puso fin a la guerra más larga de la historia de Estados Unidos, anunciando que las últimas tropas estadounidenses que quedaban en Afganistán se marcharían el 11 de septiembre. En las semanas siguientes, los talibanes conquistaron decenas de distritos rurales y se acercaron a las principales ciudades. A mediados de junio, la República Islámica de Afganistán -el frágil Estado democrático construido por los modernizadores afganos, los soldados de la OTAN y los contribuyentes estadounidenses tras los atentados del 11 de septiembre- parecía estar inmerso en una espiral de muerte. Sin embargo, su presidente, Ashraf Ghani, insistió ante su gabinete en que la República iba a perdurar. En cada reunión, “nos daba seguridades y nos animaba”, dijo Rangina Hamidi, ministra de Educación en funciones. Ghani les recordó que “Estados Unidos no hizo una promesa de que estaría aquí para siempre”.

 

El 23 de junio Ghani y sus asesores subieron a un avión fletado por Kam Air que los llevaría de Kabul a Washington D.C. para reunirse con Biden. Mientras el avión sobrevolaba el Atlántico, se sentaron en el suelo de la cabina para repasar los temas de conversación de la reunión. Los funcionarios afganos sabían que Biden consideraba que su gobierno era desesperadamente díscolo e ineficaz. Aun así, Ghani les recomendó que presentaran “un mensaje a los estadounidenses” de unidad resistente, que podría persuadir a Estados Unidos para que les diera más apoyo en su guerra actual contra los talibanes. Amrullah Saleh, el vicepresidente primero, que dijo sentirse “apuñalado por la espalda” por la decisión de Biden de retirarse, aceptó a regañadientes “mantener una narrativa optimista”.

 

Biden recibió a Ghani y a sus principales asesores en el Despacho Oval la tarde del 25 de junio. “No nos vamos a ir”, dijo Biden a Ghani. Sacó del bolsillo de su camisa una tarjeta de agenda en la que había escrito el número de vidas estadounidenses perdidas en Afganistán e Iraq desde el 11-S, y se la mostró a Ghani. “Aprecio los sacrificios estadounidenses”, dijo Ghani. Luego explicó: “Nuestro objetivo para los próximos seis meses es estabilizar la situación, y describió las circunstancias en Afganistán como un “momento Lincoln”.

 

“La petición más importante que tengo para Afganistán es que tengamos un amigo en la Casa Blanca”, dijo Ghani.

 

“Tenéis un amigo”, respondió Biden.

 

Ghani pidió ayuda militar específica. ¿Podría Estados Unidos proporcionar más helicópteros? ¿Continuarían los contratistas estadounidenses ofreciendo apoyo logístico al ejército afgano? Las respuestas de Biden fueron vagas, según los funcionarios afganos presentes en la sala.

 

Biden y Ghani también hablaron de la posibilidad de un acuerdo de paz entre la República Islámica y los talibanes. Los diplomáticos estadounidenses llevaban años dialogando con los talibanes para negociar la retirada de Estados Unidos y fomentar conversaciones de paz por separado entre los insurgentes y Kabul. Pero las conversaciones habían fracasado, y los talibanes parecían decididos a tomar Afganistán por la fuerza. La probabilidad de que los talibanes “hagan algo racional no es muy alta”, dijo Biden, según los funcionarios afganos presentes.

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GIANFRANCO LACCONE
Des étourneaux et des sangliers : à qui appartient la ville ?

Gianfranco Laccone, Comune-Info, 28/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

 

Les pages locales des quotidiens parlent de plus en plus des animaux « sauvages » dans les villes. Des ours, cerfs et élans qui, en Amérique du Nord, errent parmi les maisons et les poubelles, aux images récentes d'une famille de sangliers dans la banlieue nord de Rome, pendant les heures de classe, se promenant parmi les citoyens effrayés et d'autres personnes décidées à prendre les inévitables photos. Et puis il y a les étourneaux, dont la photo de leur vol attire de nombreux likes sur les réseaux dits sociaux, provoquant des commentaires contradictoires : admirables pour leur vol, insupportables pour leurs déjections. Qu'ont en commun ces animaux considérés comme sauvages et, surtout, qu'ont-ils en commun avec nous, les sapiens (comme nous appellent ironiquement les animaux de la série de films d'animation « Madagascar ») ?

 

À Rome, ils traversent (en bande) dans les bandes

 

Tout d'abord, nous parlons de deux espèces animales, le sanglier (classé Sus scrofa par Linné en 1758), un mammifère artiodactyle appartenant à la famille des suidés, et l'étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris, Linné, 1758), un oiseau de la famille des sturnidés, qui appartiennent à deux mondes apparemment éloignés, mais qui sont unis par certaines capacités peu prises en compte par « l'homme occidental » : l'intelligence, l'adaptabilité et la capacité de migration, éléments communs avec le genre humain, ainsi que la capacité de choix et la curiosité. Les observations et les différentes études réalisées sur ces animaux nous amènent à considérer ces aspects comme fondamentaux. Bien qu'ils puissent sembler peu orthodoxes pour la plupart, ils parlent du fonctionnement de la psyché et de la mémoire, des mécanismes qui ont été jusqu'à présent peu étudiés, même dans l'espèce humaine.

 

La lecture des textes scientifiques est souvent corroborée par l'expérience directe et, pour ceux qui vivent à Rome, par les témoignages recueillis dans la ville (Rome est la première commune agricole d'Europe) : une ville qui a toujours vu des volées d'oiseaux circuler dans les parcs au cœur de la métropole, auxquelles s'ajoutent désormais des familles de sangliers, et un vol saisonnier d'étourneaux estimé, selon les vagues, entre un et quatre millions et demi d'individus par vague migratoire. De plus, pour ceux qui, comme moi, vivent dans un immeuble qui a la particularité originale d'avoir deux magnolias géants dans son petit jardin intérieur, il est possible d'observer le retour et le départ quotidien des étourneaux, hôtes d'un collège-dortoir.

Chez les animaux que nous appelons sauvages, il existe un truc imprévisible résultant de la volonté, de la recherche d'harmonie, qui s'exprime de manière différente mais significative. Les deux exemples du sanglier et de l'étourneau sont quelques-unes des nombreuses manifestations de cette imprévisibilité : tant dans le vol des étourneaux que dans le trot calme et curieux d'une famille de sangliers dans la circulation romaine.

Un vol d'étourneaux à Rome

AMIRA ABO EL-FETOUH
Le film « Amira » : du sperme sioniste dans la matrice du cinéma arabe !

Amira Abo El-Fetouh , MEMO, 13/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

La Dre Amira Abo el-Fetouh est une dentiste et écrivaine égyptienne qui concentre son travail sur les questions politiques et littéraires. @amiraaboelfetou

Je suis à court de mots pour décrire le film Amira. Le moins que l'on puisse dire de ce film est qu'il s'agit d'un film vil et méprisable qui non seulement offense les honorables prisonniers palestiniens, qui paient le prix de leurs prises de position héroïques et de la défense de leur liberté, mais qui est également offensant pour tous les Palestiniens et la cause palestinienne elle-même, la cause la plus juste au monde.


Malheureusement, tous ceux qui ont bricolé ce film honteux, Amira, sont arabes. Ils sont Jordaniens, Égyptiens, Émiratis et Saoudiens. Les acteurs sont jordaniens, le réalisateur et le scénariste sont égyptiens. Quant à la production, il s'agit d'une production conjointe de plusieurs sociétés en Égypte, dont l'universitaire imposteur Moez Masoud, en Jordanie, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. Imaginez, tous ces individus réunis pour narguer l'honneur et la dignité du peuple palestinien !


Le film tourne autour d'un scénario fabriqué de toutes pièces et contaminé par des objectifs malveillants dans le but de créer la confusion et de jeter le doute sur la lutte palestinienne la plus honorable et la plus innovante, le sperme que les prisonniers palestiniens réussissent à faire sortir de leurs cellules, contre la volonté des geôliers de l'occupation, contrairement à ce que le film tente de prouver en insistant lourdement.


Amira, la fille dont parle ce film ignoble, est une jeune fille de dix-sept ans qui est née par insémination artificielle, alors que son père était emprisonné dans les prisons de l'occupation, et qu’il s’est débrouillé pour envoyer son sperme à sa femme, comme ils en avaient convenu. Amira était fière de son père qui était emprisonné par l'occupation, se considérant comme la fille d'un combattant palestinien. Elle lui rendait souvent visite avec sa mère et, lors de l'une de ces visites, le prisonnier héroïque a demandé à sa femme de renouveler l'expérience, ce qu'elle a d'abord refusé, avant d'accepter. Il lui envoie son sperme et, cette fois, nous sommes surpris de constater que les médecins déclarent que le mari est stérile et ne peut pas avoir d'enfants.

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Du Venezuela au Chili, de Caldera à Boric : un seul Chávez et un seul Salvador

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 14/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

La situation actuelle au Chili me semble ressembler de façon de plus en plus frappante à la situation au Venezuela au début des années 1990. À cette époque, ici - comme au Chili aujourd'hui - il y avait 30 ans de post-dictature. Les deux pays - à l'époque - étaient présentés comme des « modèles de démocratie à suivre » et des « exemples pour le monde », sur la base du « succès » du système bipartite de démocratie représentative, dans lequel l'économie était mise au service d'un secteur minoritaire de la population.

"Couvre-feu dans tout le pays-Des dizaines de morts et de blessés" : Venezuela, XXème siècle

 
Les dizaines de milliers de manifestants qui ont pris part au « Caracazo » des 27 et 28 février 1989, un mouvement de protestation populaire de masse qui exprimait leur rejet des mesures néolibérales mises en œuvre par le président Carlos Andrés Pérez, auraient pu s'exclamer : « Ce n'est pas trente pesos, c'est trente ans » [slogan des manifestants chiliens contre l’augmentation du prix du métro, NdT]. Dans le cinquième plus grand producteur et exportateur de pétrole du monde, il y avait 51% de pauvreté. Le sort de Pérez (un homme obstinément corrompu, comme cela a été démontré quelques années plus tard) et de la fausse démocratie était scellé à jamais. Des milliers de morts et de disparus - jusqu'à ce jour - ont été la réponse du gouvernement à la vibrante action populaire.

"Une nouvelle Constitution ou rien" : Chili, XXIème siècle

Mais les deux situations présentent également des différences, dont l'une est très pertinente. Face à la clameur massive des citoyens et à la réprobation du système face à l'inactivité, à la passivité et à la complicité des politiciens, un groupe de soldats patriotes, attentifs à la situation créée, ont mené deux soulèvements en 1992 pour montrer leur soutien au sentiment populaire. Le premier, réalisé le 4 février sous la direction d'Hugo Chávez Frías, un lieutenant-colonel inconnu des forces spéciales, a élevé la combativité, indiqué une voie différente et placé Chávez sur le piédestal des futures batailles à venir. Comme jamais auparavant dans l'histoire du Venezuela, un dirigeant a assumé la responsabilité d'un échec, mais cette fois, la défaite du mouvement « pour l'instant » a donné une trajectoire de victoire à ce qui avait été une défaite ce jour-là.

 

   Rafael Caldera (1916-2009), président vénézuélien de 1969 à 1974 et de 1994 à 1999

Chávez et ses camarades sont allés en prison. L'après- midi même de ce jour, lors d'une réunion spéciale du Congrès, l'ancien président Rafael Caldera est sorti de l'ombre et, avec l'opportunisme de n'importe quel politicien traditionnel méprisable, et à l'aide d'un discours vibrant dans lequel il appelait à revoir les causes réelles du soulèvement, il s'est placé au centre de l'action qui avait secoué la société vénézuélienne jusque dans ses fondements. Deux ans plus tard, Caldera est élu président du Venezuela.

La similitude de la situation dans les deux pays est due au fait qu'au Chili, à   partir du 18 octobre 2019 - comme au Venezuela lors du « Caracazo » - le pays a été secoué par un grand mouvement populaire de répudiation du système néolibéral qui prolongeait la dictature. La manifestation de masse était l'expression des sentiments d'un peuple fatigué après 30 ans d'exclusion et d'appauvrissement, en particulier parmi les secteurs les plus pauvres de la population. La réponse du président Piñera - comme celle de Carlos Andrés Pérez trente ans plus tôt - a été une répression brutale avec pour facteur aggravant le fait qu'il a apporté une nouvelle technique consistant pour les forces de police à tirer dans les yeux pour aveugler les manifestants, exposant ainsi un nouvel attribut de la démocratie représentative.

EMAN ABUSIDU
Argentine : des centaines de personnes demandent symboliquement la citoyenneté palestinienne


Eman Abusidu , MEMO, 11/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 


Eman Abusidu ايمان ابو سيدو est une journaliste palestinienne originaire de Gaza, actuellement correspondante du site Middle East Monitor au Brésil. @EmAbusidu

 

Des centaines d'Argentin·es ont fait la queue devant l'ambassade de Palestine à Buenos Aires pour déposer une demande de citoyenneté palestinienne. La campagne « Je veux être un·e Palestinien·ne » a été menée en soutien au peuple palestinien. De nombreux militants d'organisations de défense des droits hiùmains, d'institutions de la société civile, un certain nombre de parlementaires et de représentants de partis politiques sont venus et ont participé à la campagne pour exprimer leur solidarité et leur soutien à la Palestine.

Voir la vidéo

L'initiative a été lancée par le Comité argentin de solidarité avec le peuple palestinien, avec la collaboration de la Ligue argentine des droits de l'homme, entre autres organisations, pour demander symboliquement la nationalité palestinienne.

Les portes du siège de l'ambassade de Palestine et de son consulat ont été ouvertes pour accueillir les citoyens et habitants d'Argentine. L'ambassade de Palestine a célébré cette initiative et a confirmé son importance pour « attirer l'attention sur le fait que la question de la Palestine n'a pas encore été résolue et que les Palestinien·nes sont toujours privé·es de l'exercice de leurs droits inaliénables, qui ont été reconnus par l'Assemblée générale de l’ONU ». Dans le même temps, l'ambassade a souligné que l'acte de solidarité est « une expression d'amour, de paix et de justice de l'Argentine envers le peuple palestinien ».

L'initiative a été ouverte par les mots de Roman Catalano, dirigeant du syndicat des travailleurs du service public, qui a réitéré l'honneur de demander la citoyenneté palestinienne. Tilda Rabie Fernandez a prononcé un discours au nom du Comité argentin de solidarité avec le peuple palestinien, soulignant l'importance de cette initiative et son rôle dans le soutien au peuple palestinien et à sa lutte.

14/12/2021

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
De Venezuela a Chile, de Caldera a Boric: Un solo Chávez y un solo Salvador


 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 14/12/2021

La situación actual de Chile se me hace cada vez más asombrosamente similar a la de comienzos de la década de los 90 del siglo pasado en Venezuela. En ese instante, aquí –al igual que en Chile hoy- se vivían 30 años de pos dictadura. Los dos países –en su momento- fueron presentados como “modelo de democracia a seguir” y “ejemplo para el mundo” a partir del “éxito” del sistema de democracia representativa bipartidista en el que la economía se puso al servicio de un sector minoritario de la población.

Venezuela, Siglo XX

“No son treinta pesos, son treinta años” hubieran podido exclamar las decenas de miles de manifestantes que protagonizaron el “caracazo” del 27 y 28 de febrero de 1989, movimiento popular de protesta que se expresó en forma masiva como expresión del rechazo a las medidas de corte neoliberal implementadas por el presidente Carlos Andrés Pérez. En el quinto mayor productor y exportador de petróleo del mundo, había un 51% de pobreza. El destino de Pérez (contumaz corrupto como quedó demostrado pocos años después) y de la falsa democracia, quedaron sellados para siempre. Miles de muertos y desaparecidos -hasta hoy- fueron la respuesta del gobierno a la vibrante acción popular.


Chile, Siglo XXI

Pero ambas situaciones también tienen diferencias, una de ellas muy relevante. Ante el clamor multitudinario de la ciudadanía y la reprobación del sistema ante la inactividad, pasividad y complicidad de los políticos, un grupo de militares patriotas, atentos a la situación creada, produjeron dos alzamientos durante el año 1992 para manifestar su apoyo al sentir popular. El primero de ellos, realizado el 4 de febrero bajo la conducción de Hugo Chávez Frías, un desconocido teniente coronel de Fuerzas Especiales, elevó el espíritu de lucha, señaló un camino distinto y colocó a Chávez en el pedestal de las futuras batallas que habrían de sobrevenir. Como nunca antes en la historia de Venezuela un líder asumió la responsabilidad por un fracaso, pero esta vez,  la derrota “por ahora” del movimiento le imprimió un derrotero de victoria a lo que ese día había significado una derrota.

Affaire Assange : les garanties des USA sont-elles fiables ?




Ce vendredi 10 décembre 2021 était la journée mondiale pour les Droits de l’Homme, célébrant l’adoption en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le même jour, deux journalistes ont reçu à Oslo leur Prix Nobel de la Paix, alors qu’à Londres, Julian Assange voyait sa persécution se confirmer pour avoir commis le « crime » de journalisme.
Tandis que les criminels mis en lumière par ses révélations restent libres de continuer leurs forfaits en toute impunité.

Ce vendredi 10 décembre 2021, onze ans après la première arrestation de Julian Assange au Royaume-Uni, deux juges de la Haute Cour britannique ont cassé le refus d'extrader Julian Assange vers les USA décider par la Magistrates' Court le 4 janvier 2021. Les juges ont accepté les assurances diplomatiques données par les USA concernant les conditions d'incarcération d'Assange dans ce pays : pas d'incarcération en prison de haute sécurité, pas de soumission à des mesures administratives spéciales (SAM), sauf si de futures circonstances justifiaient de les appliquer, et la possibilité de demander la détention en Australie, le pays d’origine d'Assange. 

 Ce 10 décembre 2021, deux juges britanniques se sont laissés influencer par des garanties étasuniennes dont l'histoire montre qu'elles ont déjà été rompues à plusieurs reprises !
En effet, pour la défense d’Assange, les « assurances » avancées par l’accusation n’en sont absolument pas, car elles sont non contraignantes et peuvent être annulées à tout moment.
Par le passé, dans nombre d’autres affaires d’extradition, les USA ont avancé des « assurances », sortes de garanties de bon traitement, et n’en ont pas tenu compte une fois le détenu arrivé sur leur sol.
Et puis, comment faire confiance aux assurances avancées par ceux-là même qui ont envisagé de kidnapper Assange voire même de l’assassiner sur le sol britannique 1.

Enfin, les SAM, « Special Administrative Measures », ne sont qu’un des nombreux dispositifs de détention « dure » des USA, où 95% des prisonniers qui sont à l’isolement aujourd’hui, soit près de 80.000 détenus, le sont par application d’autres régimes que les « SAM ».

Amnesty International et Reporters sans frontières ont estimé que ces garanties étaient non fiables

Les avocats de Julian Assange ont immédiatement fait part de leur décision de faire appel devant la Cour Suprême.

Mais en attendant, Julian Assange est redevenu extradable et menacé d’une peine de 175 années de prison s’il est extradé vers les USA. 

Julian Assange n'a plus connu un jour de liberté depuis son arrestation en 2011.
Il est incarcéré depuis deux ans et demi à la prison de haute sécurité de Belmarsh (surnommée le Guantanamo britannique) sans aucune condamnation.

Il vit dans un stress permanent qui a provoqué un accident vasculaire cérébral alors même qu'il assistait par lien vidéo à l'audience d'appel du 27 octobre.
Nils Melzer, le Rapporteur Spécial de l’ONU sur la torture a déclaré : « Si Julian Assange meurt en prison, il aura effectivement été torturé à mort » .

Plus que jamais, l’interminable procédure de cet imbroglio judiciaire s’apparente à une persécution.
Julian Assange paie depuis plus de 11 ans le fait de nous avoir informés.

Il est urgent d'obtenir sa libération et d'exiger de notre pays un soutien juridique.

La mobilisation du plus grand nombre peut contribuer à faire changer la situation, c'est à cela que nous nous attelons.

1- https://news.yahoo.com/kidnapping-assassination-and-a-london-shoot-out-inside-the-ci-as-secret-war-plans-against-wiki-leaks-090057786.htm 

Quelques photos de la manifestation qui a eu lieu ce lundi 13 décembre devant l'ambassade du Royaume-Uni à Bruxelles













13/12/2021

Un coin du voile est levé sur les massacres de civils palestiniens et libanais et de prisonniers arabes après la proclamation de l’État d’Israël

Les révélations sur les massacres de civils palestiniens et libanais et de prisonniers arabes lors de la guerre de 1948-1948, dont le gouvernement israélien était parfaitement au fait, n’émeuvent pas grand-monde en Israël. Sauf la rédaction du journal Haaretz et son journaliste Gideon Levy. Lisez ci-dessous l’éditorial du journal, l’article de l’historien Adam Raz, qui a fouillé les archives accessibles, et le commentaire désabusé de Gideon Levy, le tout traduit par mes soins.- Fausto Giudice, Tlaxcala

L'armée israélienne, « la plus morale du monde », ne peut continuer à fuir son passé

Editorial de Haaretz, 12/12/2021

Les soldats de l'armée israélienne ont commis des crimes de guerre pendant la guerre d'indépendance [1948-1949], notamment des massacres dans les villages palestiniens capturés lors des batailles décisives dans la plaine entre la côte et Jérusalem, en Galilée et dans le Néguev.

Les personnes qui vivaient à l'époque ont décrit les meurtres en masse de civils palestiniens par les troupes qui ont conquis leurs villages, les pelotons d'exécution, les dizaines de personnes rassemblées dans un bâtiment qui a ensuite explosé, les crânes d'enfants fracassés à coups de bâton, les viols brutaux et les villageois à qui on a ordonné de creuser des fosses dans lesquelles ils étaient ensuite abattus.

Les massacres - dont le plus connu est celui de Deir Yassin, près de Jérusalem, et les moins connus d'Al-Dawayima, Hula, Reineh, Salha, Meron, Al-Burj, Majd al-Krum et Safsaf - font partie du patrimoine de combat des Forces de défense israéliennes et de l'histoire d'Israël, au même titre que les batailles héroïques du col de Mitla, de la Colline des munitions et de la Ferme chinoise, qui ont été livrées par des armées régulières.

L'anniversaire du massacre d'Al-Dawayima - 29 novembre 1948, par Kamel Al Mughanni , 1982

Mais Al-Dawayima n'est pas enseigné dans les écoles publiques, et les cadets des écoles d'officiers de l'armée ne font pas d'excursions pour voir les vestiges du village sur lequel le Moshav Amatzia a été établi. Ils ne lisent pas les témoignages des survivants du massacre et ne discutent pas des dilemmes moraux du combat dans un environnement civil - même si aujourd'hui, comme en 1948, la plupart des opérations militaires sont dirigées contre des Palestiniens non armés.

Ce silence n'est pas une coïncidence, et il est dicté d'en haut. Les massacres étaient connus à l'époque, discutés par les dirigeants politiques et ont fait l'objet d'une enquête dans une certaine mesure. Un officier a même été jugé pour le meurtre de civils, reconnu coupable, condamné à une peine ridiculement légère et a finalement reçu une importante nomination publique. Mais l'Israël officiel fuit l'histoire depuis lors, faisant tout son possible pour empêcher la divulgation des crimes et pour purger les archives de toutes les preuves restantes.

L'historien Adam Raz a été le premier à révéler (Haaretz, 10 décembre) le contenu des discussions des réunions du cabinet consacrées au « comportement de l'armée en Galilée et dans le Néguev » lors de ses grandes opérations d'octobre 1948. Quelques membres du cabinet ont exprimé un véritable choc et ont demandé que les responsables soient punis. Le Premier ministre et ministre de la Défense David Ben-Gourion qualifie les actions de « choquantes », mais en pratique, il couvre l'armée et empêche une véritable enquête. Ce faisant, il a jeté les bases de la culture de soutien et de dissimulation qui prévaut toujours au sein des FDI (et de la police israélienne) en matière de brutalité à l'encontre des civils palestiniens et libanais.

Un État de 73 ans n'a pas besoin de fuir son passé ou de le couvrir de la fausse couverture de la « pureté des armes » et de « l'armée la plus morale du monde ». Il est temps de reconnaître la vérité, et d'abord de publier le rapport du premier procureur général, Yaakov-Shimshon Shapira, sur les massacres de l'automne noir de 1948 ; de rétablir le texte expurgé du procès-verbal de la réunion du cabinet au cours de laquelle Shapira a présenté ses conclusions et d'organiser un débat public approfondi sur leurs implications aujourd'hui.

 

Des documents classifiés révèlent des massacres de Palestiniens en 1948 - et ce que les dirigeants israéliens savaient

Adam Raz, Haaretz, 9/12/2021

Les témoignages continuent de s'accumuler, des documents sont révélés, et peu à peu une image plus large se dessine des actes de meurtre commis par les troupes israéliennes pendant la guerre d'indépendance. Les procès-verbaux des réunions du cabinet en 1948 ne laissent aucun doute : les dirigeants israéliens étaient au courant en temps réel des événements sanglants qui se sont déroulés pendant la guerre d'indépendance.



Eliahou Eric Bokobza
, Le mal, huile sur toile, 150X200, 2005

Les discussions ont été empreintes d'émotion. Le ministre Haim-Moshe Shapira a déclaré que tous les fondements moraux d'Israël avaient été sapés.

Le ministre David Remez a fait remarquer que les actes qui ont été commis nous font sortir de la catégorie des Juifs et de la catégorie des êtres humains tout court. D'autres ministres ont également été consternés : Mordechai Bentov se demande quel genre de Juifs il restera dans le pays après la guerre ; Aharon Zisling raconte qu'il a passé une nuit blanche - les criminels, dit-il, frappent l'âme de tout le gouvernement. Certains ministres demandent que les témoignages fassent l'objet d'une enquête et que les responsables soient tenus de rendre des comptes. David Ben-Gourion reste évasif. Finalement, les ministres décident d'ouvrir une enquête. Le résultat est la création du « comité chargé d'examiner les cas de meurtre dans [par] l'armée ».

Nous sommes en novembre 1948. Les témoignages de massacres perpétrés par des soldats des Forces de défense israéliennes contre des Arabes - visant des hommes non armés ainsi que des personnes âgées, des femmes et des enfants - s'accumulaient sur la table du cabinet. Pendant des années, ces discussions ont été cachées au public par les censeurs militaires. Aujourd'hui, un rapport d'enquête réalisé par Haaretz et l'Institut Akevot pour la recherche sur les conflits israélo-palestiniens rend publics pour la première fois les échanges animés entre les ministres à ce sujet et révèle des témoignages sur trois massacres jusqu'alors inconnus, ainsi que de nouveaux détails sur la tuerie de Hula, au Liban, l'un des crimes les plus flagrants de la guerre.

En octobre 1948, les FDI ont lancé deux opérations de grande envergure : Au sud, l'opération Yoav, qui ouvre une route vers le Néguev, et au nord, l'opération Hiram. Dans cette dernière, en 30 heures, des dizaines de villages arabes du nord ont été envahis et des dizaines de milliers d'habitants ont fui ou ont été expulsés de leurs maisons. En moins de trois jours, les FDI ont conquis la Galilée et ont également étendu leur emprise sur les villages du sud du Liban. L'écrasante majorité d'entre eux n'a pas pris part aux combats. La plupart des échanges de tirs ont eu lieu entre les FDI et l'Armée du salut arabe, composée de volontaires originaires de pays arabes.

Au moment de la campagne israélienne de conquête de la Galilée, il restait 120 000 Arabes dans la région, soit la moitié du nombre qui y résidait à la veille de l'adoption du plan de partage par les Nations Unies, en novembre 1947. L'avancée rapide des FDI vers la frontière nord a mis les soldats en contact avec la population restée dans les villages, parmi laquelle se trouvaient des personnes âgées, des femmes et des enfants. Le sort des Palestiniens est désormais entre les mains des forces israéliennes. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les massacres perpétrés contre les civils et contre les soldats arabes faits prisonniers. À la fin de la guerre, il restait environ 30 000 Arabes dans le nord.

Les atrocités de la guerre de 1948 sont connues grâce à divers documents historiques : lettres de soldats, mémoires inédits écrits en temps réel, procès-verbaux de réunions tenues par des partis politiques, et d'autres sources. Les rapports sur les enquêtes militaires et gouvernementales sont pour la plupartclassifiés, et la lourde main de la  censure militaire continue d'entraver la recherche universitaire et les reportages d'investigation. Néanmoins, les sources ouvertes donnent une image qui devient lentement plus claire. Par exemple, les témoignages sur des massacres jusqu'alors inconnus qui ont eu lieu à Reineh, à Meron et à Al-Burj, qui sont examinés ci-dessous.

Les meurtres de Reineh

Le village de Reineh, près de Nazareth, a été conquis avant même l'opération Hiram, en juillet 1948. Quelques mois plus tard, Aharon Haim Cohen, du département de la fédération syndicale Histadrut qui s'occupe de la population arabe, exige qu'un représentant de la section parallèle du Mapam, un parti de gauche qui fait partie du gouvernement, apporte les précisions suivantes : « Pourquoi 14 Arabes ont-ils été assassinés dans le village de Reineh au début du mois de septembre, parmi lesquels une femme bédouine et aussi un membre de l'Alliance des travailleurs de la Terre d'Israël, Yusuf al-Turki ? Ils ont été saisis à côté du village, accusés de contrebande, emmenés au village et assassinés ». Le cheikh Taher al-Taveri, l'un des dirigeants de la communauté palestinienne du nord, a soutenu que le massacre de Reineh « n'est pas le seul » et que ces actes étaient « perpétrés à des fins de vol ». Les familles des victimes ont affirmé que les personnes assassinées avaient sur elles des centaines de lires, une somme très importante.

Le village d'Al-Burj (aujourd'hui Modi'in) a également été conquis en juillet 1948, lors de l'opération Dani. Selon un document, dont l'auteur est inconnu, qui a été retrouvé dans les archives de Yad Yaari, quatre hommes âgés sont restés dans le village après sa capture : « Hajj Ibrahim, qui aidait à la cuisine militaire, une femme âgée malade et un autre homme âgé et une femme [âgée] ». Huit jours après la conquête du village, les soldats ont envoyé Ibrahim cueillir des légumes afin de l'éloigner de ce qui allait se produire. « Les trois autres ont été emmenés dans une maison isolée. Ensuite, un obus antichar ('Fiat') a été tiré. Lorsque l'obus a manqué sa cible, six grenades à main ont été lancées dans la maison. Elles ont tué un homme et une femme âgés, et la femme âgée a été mise à mort avec une arme à feu. Ensuite, ils ont incendié la maison et brûlé les trois corps. Lorsque Hajj Ibrahim est revenu avec sa récoltre, on lui a dit que les trois autres avaient été envoyés à l'hôpital de Ramallah. Apparemment, il n'a pas cru à cette histoire, et quelques heures plus tard, il a lui aussi été mis à mort, avec quatre balles ».

Les fantômes qui hantent les guerres d'Israël, passées et présentes

Gideon Levy, Haaretz, 12/12/2021

L'éditorial de Haaretz de dimanche demande l'ouverture des archives pour révéler la vérité complète sur ce qui s'est passé ici en 1948, y compris tous les massacres et les crimes de guerre commis par les soldats des Forces de défense israéliennes en 1948-49. Il n'y a, bien sûr, aucune demande de justice.

Moustafa Al Hallaj, Sans titre, 1967, xylographie sur massonite, 30x80cm

Après 73 ans, les citoyens d'Israël ont le droit de savoir ce qui a été fait en leur nom pendant la première guerre de leur pays. Les victimes de cette guerre ont également le droit de connaître les souffrances de leurs familles et les crimes dont elles ont été victimes. Un État qui est fier de son passé ne le dissimule pas. Seul un État qui a honte de ses actes les dissimule. Un Israël qui dissimule son passé est un État qui sait, au plus profond de son cœur, que sa naissance considérée comme vertueuse est le fruit d'un grand et profond péché.

Suite à l'article choquant d'Adam Raz dans le Haaretz de vendredi, révélant des massacres qui ont été rapportés au cabinet et dissimulés depuis, sans qu'aucun des criminels ne soit puni de manière appropriée, il est en effet temps de faire face à la vérité, de traiter ses implications et d'en tirer les leçons. L'éditorial est convaincu que lorsque la vérité éclatera au grand jour, elle provoquera un débat public pénétrant dans tout le pays. L'éditorial se trompe.

Ce train-là est passé il y a belle lurette. Ouvrir les archives et révéler la vérité ne sera d’aucun secours et ne dérangera personne. Le processus de répression et de négation, d'effacement de la réalité et de remplacement par une réalité alternative, de fabrication de justifications pour toute iniquité et de diffusion de mensonges et de fausse propagande, qui a commencé immédiatement après la guerre et ne s'est jamais arrêté, a réussi au-delà de toutes les attentes.

La porte de la vérité est fermée aux Israéliens. La plupart ne considèrent pas les Palestiniens comme des êtres humains comme eux, et donc tout est permis à l'État. Parlez-leur maintenant des massacres, et la plupart hausseront les épaules. Seul Haaretz acceptera de publier ces histoires, et peu de lecteurs seront choqués : ils seront raillés comme « puristes ».

La grande majorité adhérera à la « vérité » qui leur a été inculquée : il n'y avait pas le choix, nous ne voulons pas penser à ce qui se serait passé si la situation avait été inversée, nous étions une minorité contre une multitude, les Arabes ont commencé, ils ont rejeté la partition - et bien sûr, l'Holocauste. Aucune histoire de massacre, aussi barbare soit-elle, ne peut changer quoi que ce soit maintenant. Israël s'est barricadé dans son récit, et rien ne peut fissurer le mur. Une discussion publique approfondie ? Plutôt un bâillement public profond.

Ce n'est pas par hasard qu'Israël se trouve dans cette situation. Ce n'est pas son passé qui le hante. Ce n'est pas le passé qu'il nie. Israël dissimule son passé afin de justifier son présent. Le côté sombre de son passé n'a pas pris fin en 1948 - il n'a jamais pris fin. Les méthodes ont changé, tout comme les dimensions, mais les politiques, les normes morales et l'attitude envers les Arabes n'ont pas changé d'un iota. Si nous admettons le massacre de Hula de 1948, nous devons également admettre le meurtre criminel, vendredi, du neuvième manifestant du village de Beita. Si nous admettons que nous avons dissimulé et couvert le lien avec le massacre d'Al-Burj de 1948, nous devrions également admettre que nous avons menti sur la justification de l'exécution de l'homme au couteau à la porte de Damas de Jérusalem le 4 décembre.

Par conséquent, il est préférable pour Israël de continuer à dissimuler les destructions et les meurtres en plantant de plus en plus de bosquets du Fonds national juif, afin de s'assurer que la vérité n'éclate jamais à travers les pins. Il serait difficile d'y faire face, après tant d'années à se faire dire que nous avons toujours raison, que nous sommes les victimes, que nous avons l'armée la plus morale du monde, que nous étions la minorité contre la multitude et que les Arabes sont des tueurs nés.

Si 1948 avait pris fin en 1948, si ses crimes avaient alors cessé, il n'y aurait eu aucun problème à admettre la vérité aujourd'hui, à regretter, à présenter des excuses, voire à payer une restitution. Mais parce que 1948 ne se termine jamais, et que ce que nous avons fait alors aux Palestiniens, nous continuons à le faire aujourd'hui, mais avec plus de force, nous ne pouvons pas nous énerver sur ce qui s'est passé alors, de peur que cela ne mine la foi dans ce que nous faisons encore. Par conséquent, chers éditorialistes, les mécanismes de blanchiment et de justification couvriront toute divulgation de 1948. Aucune discussion publique ne sera provoquée. Ne vous inquiétez pas, nous continuons - avec les mêmes crimes, ou des crimes similaires.