Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Est-il permis de regarder dans une autre direction ? Est-ce même possible ? La blessure grave du policier des frontières Barel Hadaria Shmueli a plongé Israël dans une manifestation presque sans précédent d'inquiétude et de couverture médiatique, associée à un aveuglement moral. Son père désemparé réprimande les dirigeants du pays, quelqu'un enregistre les conversations pénibles et les envoie à d'autres, quelqu'un d'autre s'empresse de les rendre publiques et d'en faire toute une histoire ; un compte-rendu minutieux est tenu et une dénonciation est émise pour quiconque a mis trop de temps à rendre visite ou n'a pas rendu visite du tout ; le chef d'état-major des FDI et les ministres du gouvernement se faufilent dans l'hôpital par la porte de derrière de peur que les accusations furieuses de la famille à leur encontre ne soient rendues publiques, tandis que les prières de masse se poursuivent à l'extérieur.
Un manifestant gazaoui porte un jeune blessé lors d'affrontements avec les forces israéliennes au cours d'une manifestation près de la frontière israélienne, samedi 22 août. Photo : Said Katib / AFP
Il existe un système de classement pour les blessés, également, en termes d'intérêt public, tout comme pour les morts et les captifs - sur la base de leur identité, de leurs affiliations et de leur politique. Il y a Hadar Goldin et Shmueli et il y a d'autres familles. Shmueli n'est pas le premier, et ne sera pas le dernier, à être gravement blessé. La douleur de sa famille et de ses amis est tout à fait humaine et compréhensible. Elle l'est moins pour tous les autres.
Une fois de plus, à la frontière de Gaza, les choses sont chamboulées. La victime devient l'accusé, le tyran devient la victime. À travers la fente du mur de Gaza, il n'est permis de tirer que dans une seule direction. Tirer dans la direction opposée est un crime pour lequel les deux millions d'habitants de Gaza doivent être punis. Shmueli est un policier et un tireur d'élite qui a été amené à la clôture pour tirer sur les manifestants. Selon quel critère moral est-il acceptable qu'un tireur d'élite israélien tire sur des manifestants alors qu'un Palestinien n'a pas le droit de tirer sur ceux qui lui tirent dessus ?