15/06/2021

Resuenan tambores de guerra civil en Afganistán tras la retirada de USA

Traducido del inglés por Sinfo Fernández

Salman Rafi Sheikh (Kasur, Punjab, Pakistán) es un periodista independiente y analista de relaciones internacionales y asuntos de Pakistán. Cubre la política del sur y el oeste de Asia, la política exterior de las grandes potencias y la política pakistaní.
Autor de The Genesis of Baloch Nationalism: Politics and Ethnicity in Pakistan, 1947-1977. Prepara un doctorado en la SOAS University of London.

La guerra civil de Afganistán está entrando en una nueva fase de desestabilización con el resurgimiento de los señores de la guerra y los muyahidines para hacer frente a la embestida de los talibanes.

 Restos de dos atentados con bomba en Kabul en el que murieron siete personas, 12 junio 2021
(Foto: Sayed Khodaiberdi Sadat/AFP vía Anadolu Agency)

A medida que las fuerzas de USA y la OTAN se retiran más rápido de lo previsto de Afganistán, la violencia está aumentando en lo que podría ser un anticipo de una futura guerra más amplia.

Muchos creen que los talibanes tienen como objetivo explotar el vacío dejado por la retirada de las tropas de USA y la OTAN para tomar el control de la capital, Kabul, y restablecer un emirato islámico similar al que USA desalojó del poder después de su invasión de 2001.

En los primeros tres días de junio, al menos 64 miembros del personal de seguridad afgano y 26 civiles murieron en ataques de los talibanes. El más mortífero se produjo en la provincia de Nangarhar el 2 de junio, en el que al menos 40 miembros del personal de seguridad murieron al caer varios puestos de seguridad y una base militar en manos de los combatientes talibanes.

Las victorias de los talibanes en un campo de batalla en rápida expansión son una razón crucial por la cual las fuerzas militares de USA y la OTAN han acelerado sensiblemente sus planes de retirada. Al parecer, no quieren quedar atrapados en una guerra civil que se intensifica y se está moviendo rápidamente desde remotas áreas montañosas a las ciudades.

Los informes de los medios indican que más de la mitad de las fuerzas usamericanas ya han abandonado Afganistán y que la mayoría de ellas se habrán retirado para el 4 de julio, mucho antes de la fecha límite anunciada del 11 de septiembre.

Las fuerzas de la OTAN están asimismo más centradas en la retirada que en su misión de “entrenar, asesorar y ayudar”. El portavoz del Ministerio de Defensa alemán, David Helmbold, dijo a los periodistas en mayo que todas sus tropas, estimadas en más de 1.000, se retirarán a finales de la primera semana de julio.

 

Los soldados usamericanos recuperan sus petates tras regresar a casa, después de un despliegue de nueve meses en Afganistán, el 10 de diciembre de 2020 en Fort Drum, Nueva York. Supuestamente, todas las tropas usamericanas se retirarán de Afganistán antes del 11 de septiembre de 2021.   (Foto: John Moore/AFP/vía Getty Images)

14/06/2021

200 mètres : le train-train en Palestine occupée


 Rosa Llorens, 14/6/2021

Pour leur réouverture, les cinémas semblent nous avoir préparé une pochette-surprise de feel good movies , dont le fleuron est l’hagiographique L’oubli que nous serons, avec l’inévitable Javier Cámara, spécialiste, avec le don qu’il a de se faire rougir le bout du nez pour exprimer des émotions intenses, du mélo.


 Que pouvait-on attendre de 200 mètres, d’Amine Nayfeh, co-production qataro-italo-suédo-jordanienne ? Mustafa habite chez sa mère, à 200 mètres de sa femme et leurs trois enfants, séparé d’eux par le Mur israélien ; lorsque son fils a un accident et que Mustafa veut aller le voir à l’hôpital, ces 200 mètres deviennent, suivant un schéma maintenant bien établi, une odyssée de 200 km. Qu’apporte cette énième variation sur le système d’apartheid routier israélien et de check-points où les Palestiniens s’entassent comme des poissons pris dans la nasse ?

Dans Paradise now, de 2005, où jouait déjà Ali Suliman, celui-ci menait, sur les chapeaux de roues, une discussion passionnée sur l’emploi de la violence, avec une Palestinienne de la diaspora revenue au pays avec un point de vue occidental. Ici, il a pour co-passagère Anne, une jeune Allemande qui filme plus vite que son ombre, artifice de narration qui ne se prend pas vraiment au sérieux, et qui sert à Nayfeh à se moquer lui-même, et à se justifier, des ficelles éculées qu’il emploie. L’identité d’Anne est longtemps mystérieuse : ne serait-elle pas une espionne israélienne (ici, apparaît la hantise de la manipulation, comme dans Omar, chef-d’œuvre de Hany abu-Assad, de 2013) ? Effectivement, on finit par découvrir qu’elle parle hébreu couramment, et que son père est juif ; son naïf fiancé, Kifah, se met alors en colère et essaie de s’emparer de sa caméra et peut-être de la casser, comme dans Five broken cameras, film que les Israéliens avaient tenté de faire passer pour palestinien (en jouant grossièrement de l’ambiguïté entre le héros à la caméra, palestinien, et celui qui le filmait, qui, lui, est juif) et qui était en fait l’œuvre de la propagande israélienne. Kifah, en faisant des reproches à Anne, parle aussi de ce film : pourquoi veux-tu nous filmer ? pour montrer combien les Palestiniens sont malheureux et que les gentils Israéliens s’occupent de nous ? Five broken cameras avait en effet pour but d’enfermer les Palestiniens dans une attitude victimiste et une stratégie légaliste et judiciaire (filmez les violences israéliennes, réunissez des preuves, adressez-vous aux tribunaux, mais surtout ne sortez pas de la légalité ; pendant ce temps, le Mur et les expropriations de Palestiniens avançaient). 

Mais Mustafa tranche le débat en obligeant Kifah à rendre sa caméra à Anne, confirmant ainsi le statut de fétiche de l’objet et la pertinence de la stratégie qui va avec, et ridiculisant la position que représente Kifah, traité de révolutionnaire à la manque (sa manie d’arracher des drapeaux israéliens n’a d’autre résultat que de retarder Mustafa dans son itinéraire vers l’hôpital). Cela permet même au réalisateur de traiter Kifah de raciste, parce qu’il se met en colère contre une fille qui veut aider les Palestiniens, parce qu’elle est a un père juif. On nous suggère même qu’une Européenne à moitié juive peut mieux aider les Palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes, divisés par leurs querelles internes. A ce propos, il y a une curieuse séquence, où des Palestiniens empêchent un jeune co-passager d’escalader le Mur, en criant : « Ce secteur de mur est à nous »...La séquence se termine brutalement par un fondu au noir, et on n’en saura pas plus.


Où nous mène donc le réalisateur ? Quelles perspectives pour la famille de Mustafa et tous les Palestiniens pris au piège du Mur et de toutes les chausse-trapes administratives mises au point par les Israéliens pour leur pourrir la vie ? Le dénouement est stupéfiant de futilité : Mustafa continue à téléphoner tous les soirs pour souhaiter une bonne nuit à ses enfants et à leur envoyer des signaux lumineux ; mais il a trouvé un système d’éclairage avec des ampoules de toutes les couleurs qui ravit la famille ! A quoi bon lutter, quand le bonheur, c’est simple comme une ampoule… Salwa, la femme de Mustafa l’a compris depuis longtemps, elle qui, tranquillement collaborationniste, a sollicité pour son fils un stage d’été dans un club de foot israélien, le Maccabi de Haïfa, et qui reproche à son mari de leur compliquer bêtement la vie par son entêtement à ne pas demander la nationalité israélienne.
 
 
Le site du quotidien tunisien La Presse nous éclaire sur les non-dits du film : 200 mètres « nous fait vivre de façon perceptible les « indignités » terribles de la vie quotidienne des Palestiniens ». C’est-à-dire qu’il sollicite seulement notre compassion : ce film « n’est pas du tout dans le discours de la « Cause ». [...]c’est le cinéma de la « Cause » avec du discours au premier degré sur la « Cause » qui a fait fuir beaucoup de gens devant la « Cause » parce qu’il nous donne une impression de déjà vu ». Difficile de faire mieux dans le sens de la contre-vérité : alors que les grands films engagés d’Elia Suleïman ou Hany abu-Assad étaient de vrais coups de poing, les gentils films victimistes de leurs épigones délavés tournent en rond, accumulant les redites insipides. 
 
Face à son fiancé, Anne se défend en disant : « Je voulais juste comprendre cette merde de situation » : il y a bien longtemps qu’on a compris, et les films qui veulent encore nous éclairer sur les difficultés pratiques des Palestiniens sont parfaitement anachroniques : aujourd’hui, il faut aller plus loin. Certes, ce sont les hasards de la production et de la programmation qui amènent ce film en salle après la nouvelle agression d’Israel contre Gaza, et cette situation nouvelle qu’est la solidarité des Palestiniens au-delà de leurs différences de statut légal, voulues par Israel pour les diviser. 
 
Mais les hasards du calendrier montrent bien que cette histoire familiale entre un Palestinien de Cisjordanie qui refuse de demander la nationalité israélienne et sa femme pourvue de cette nationalité expose une situation trop conforme aux intérêts israéliens et de toute façon dépassée.

Il business del Sahara occidentale

Sebastián Ruiz-Cabrera, El Salto, april 2021

Tradotto da Alba Canelli, edito da Fausto Giudice

Una serie di articoli di ricerca che esplorano vari pilastri che contribuirebbero a mantenere la situazione di eccezionalità nei territori occupati del Sahara occidentale. Questa serie è stata resa possibile grazie alla ONG basca MUNDUBAT e al finanziamento del Comune di Madrid.

 1- Violare la vita
2-Rompere il vento
3-La macchia del deserto
4-
Il mare indomabile

Aprire documento

13/06/2021

Un mundo ingente de pornografía bélica
Cómo amasé toda una enciclopedia de atrocidades de forma accidental

Nick Turse, Tom Dispatch, 10/6/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández

Nick Turse (1975) es un periodista de investigación, historiador y autor usamericano, jefe de edición de TomDispatch y miembro del Type Media Center. Es autor de “Tomorrow’s Battlefield: U.S. Proxy Wars and Secret Ops in Africa” y “Kill Anything That Moves: The Real American War in Vietnam”; su obra más reciente es “Next Time They’ll Come to Count the Dead: War and Survival in South Sudan”.

Hace poco quería mostrarle una foto a mi esposa, así que abrí la aplicación de fotos en mi teléfono y me quedé aterrado cuando vi lo que allí había. No es lo que piensan. Mucha gente se preocupa por lo que pueda acecharles en sus teléfonos inteligentes. Fotos comprometedoras. Mensajes de texto ilícitos. Contactos vergonzosos. Pornografía. Lo que vi fue un video, en la secuencia de fotos entre una imagen de un documento que había enviado a un editor y una toma de mi perro, un clip de un hombre en Burkina Faso al que le cortaban el antebrazo.
Una imagen fija de ese acto ya es bastante dura. Pero el video es mucho peor. La víctima yace en el suelo, suplicando, gritando, mientras otro hombre, blandiendo un machete, lo obliga a colocar su brazo derecho sobre un banco de madera. El atacante está tratando de facilitar la amputación para que le permita hacer un corte más limpio. Pero “facilitar” es un término relativo. El agresor corta, una y otra y otra vez, tomándose tiempo para burlarse de su víctima. Y vas viendo cómo sucede. Lentamente. Ves la angustia en el rostro del hombre cuyo brazo está sangrando, aún casi intacto, que luego cuelga en un ángulo extraño, para finalmente aparecer apenas adherido.
El video dura un minuto y 18 segundos. Parece más largo. Mucho más largo. Escuchas los gritos del torturado. Miras el balanceo final, luego ves a la víctima pateando con las piernas hacia adelante y hacia atrás, retorciéndose agónicamente de dolor en el suelo.
Me estremezco al pensar en cuántos videos e imágenes similares acechan en mi teléfono: guardados entre las fotos, en los archivos, en cadenas de textos de fuentes, de colegas, de personas que reparan cosas, de contactos. Hay uno de un hombre tirado en una calle de la República Democrática del Congo cuando un agresor con un machete intenta cortarle la pierna por debajo de la rodilla. Todavía recuerdo el sonido exacto de sus gritos incluso años después de haberlo visto por primera vez. Está también el video de los combatientes kurdos capturados.
Recuerdo cómo la segunda mujer asesinada, justo antes de que le disparen en la cabeza, observa la ejecución de su camarada. No suplica, no llora, ni siquiera se inmuta. Ni una sola vez.


Fernando Botero, Abu Ghraib 43, 2005

12/06/2021

Biden en Belgique : il faut lui parler de Julian Assange !
Biden in Belgium: we must talk to him about Julian Assange!


 Communiqué de presse (English below)

Ayant appris la visite du nouveau président des États-Unis, Joe Biden, à Bruxelles ces 14 et 15 juin, sachant qu'à cette occasion, outre sa participation au sommet de l'OTAN, il rencontrera notre souverain Philippe 1er et notre premier ministre Alexander De Croo, les comités Belgium4Assange et Free.Assange.Belgium voudraient se saisir de cette opportunité pour demander que lors de cette rencontre soit évoquée la situation de Julian Assange.

Si nous le pouvions, nous aimerions parler au Président Biden de l'injustice faite à Assange et de son pouvoir de l'arrêter.

Nous savons qu'aux États-Unis une résolution bipartisane visant à faire abandonner les charges contre Julian Assange vient d'être introduite à la chambre des représentants et que dans cette résolution, des démocrates et des républicains s'unissent pour dénoncer les accusations portées contre Julian Assange pour ce qu'elles sont : une menace pour la liberté du journalisme et la liberté d'expression.

11/06/2021

Israel hat immer behauptet, seine Landeroberungen 1967 seien nicht geplant gewesen. doch freigegebene Dokumente beweisen das Gegenteil

Adam Raz, Haaretz, 3.6.2021
Übers. OHOV/Tlaxcala

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Im Gegensatz zu der Behauptung, dass Israel sich nach dem Krieg im Juni 1967 unerwartet im Besitz von Gebieten fand, enthüllen deklassierte Dokumente detaillierte Richtlinien, die von den Israelischen Verteidigungsstreitkräften (IVK) im Vorfeld der langwierigen Polizeimission erstellt wurden, mit der sie beauftragt werden sollten.


Arabische Kriegsgefangene werden mit verbundenen Augen zum Verhör in die Altstadt von Jerusalem geführt, 8. Juni 1967. Foto Goren / AP

Jahrelang behauptete der Mainstream der israelischen Geschichtsschreibung, dass die Entscheidungsträger des Landes von den Früchten des Sieges, die im Juni 1967 blitzschnell geerntet wurden, überrascht wurden. „Der Krieg“, sagte Verteidigungsminister Moshe Dayan drei Tage nach seinem Ende, „entwickelte sich und rollte an Fronten, die nicht beabsichtigt waren und von niemandem, auch nicht von mir, vorher geplant waren“. Auf der Grundlage dieser und anderer Aussagen setzte sich die Ansicht durch, dass die Eroberung der Gebiete im Krieg das Ergebnis eines schnellen Hineinschlitterns war, eine neue Realität, die niemand wollte.

Die historische Dokumentation, die in den letzten Jahren in den israelischen Staatsarchiven und in den Archiven der israelischen Verteidigungskräfte und des Verteidigungsapparats aufbewahrt wurde, verlangt jedoch, dass wir die Glaubwürdigkeit dieser Ansicht in Zweifel ziehen. Die hier zitierten Informationen stellen nur einen kleinen Teil einer breiten Palette von Dokumenten dar, die in staatlichen Archiven über die Eroberung der Gebiete aufbewahrt werden und die nach wie vor geheim sind. Es bedurfte einer langen Hartnäckigkeit, um die Freigabe einiger Dokumente zu erreichen, auf denen dieser Artikel basiert.

10/06/2021

Israel ha afirmado que sus conquistas territoriales de 1967 no estaban planificadas. Los documentos desclasificados revelan que no fue así

Adam Raz, Haaretz, 3/6/2021

Traducido por Tlaxcala

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En contra de la afirmación de que Israel se encontró repentinamente en posesión de territorios tras la guerra de junio del 67, los documentos desclasificados revelan un conjunto de detalladas directivas  elaboradas por las Fuerzas de Defensa de Israel con vistas a la prolongada misión policial que iba a encomendárseles.

 

Prisioneros de guerra árabes conducidos con los ojos vendados a un interrogatorio en la Ciudad Vieja de Jerusalén, 8 de junio de 1967. Foto Goren/AP

Durante años, la mayor parte de la historiografía israelí sostuvo que los frutos de la victoria cosechados a la velocidad del rayo en junio de 1967 cogieron por sorpresa a los responsables del país.  "La guerra", dijo el ministro de Defensa Moshe Dayan, tres días después de que concluyera, "se desarrolló y movió por frentes que no estaban previstos ni fueron planificados previamente por nadie, incluido yo mismo". Sobre la base de estas y otras declaraciones, arraigó la opinión de que la conquista de los territorios en la guerra fue el resultado de un rápido deslizamiento por una pendiente resbaladiza, una nueva realidad que nadie quería.

Sin embargo, la documentación histórica reunida en los Archivos del Estado de Israel y en los Archivos de las Fuerzas de Defensa y del Establishment de la Defensa de Israel en los últimos años exige que pongamos en duda la credibilidad de esa opinión. La información aquí citada constituye solo una pequeña parte de una amplia gama de documentación que se conserva en los archivos gubernamentales relativa a la conquista de los territorios, documentación que sigue siendo clasificada. Ha sido necesaria una perseverancia larga y tenaz para lograr la desclasificación de algunos de los documentos en los que se basa este artículo.

Los documentos describen los detallados preparativos que el ejército llevó a cabo en los años anteriores a 1967, con la intención de organizar por adelantado el control de los territorios que el establishment de la defensa calculó -con gran certeza- que iban a conquistar en la próxima guerra. Una lectura atenta de la información indica que la captura y retención de estas zonas -Cisjordania a Jordania, la Península del Sinaí y la Franja de Gaza a Egipto, y los Altos del Golán a Siria- no fueron una consecuencia de los combates, sino la manifestación de un planteamiento estratégico y unos preparativos previos.

Moshe Dayan et les colons d'Hébron en juin 1968 : « On n’est pas là pour parler de l’aspect spirituel, mais de l’aspect pratique »

Institut Akevot | Juin 2021

Traduit par Fausto Giudice

L'anniversaire de la guerre des Six Jours, qui a éclaté il y a 54 ans cette semaine, est l'occasion de revenir sur un moment constitutif de l'entreprise de colonisation d'Israël dans les territoires occupés : l'affaire qui a débuté lors du seder de Pessah au Park Hotel d'Hébron en avril 1968. Les transcriptions d'une réunion entre le ministre de la Défense Moshe Dayan et les dirigeants des colons au début du mois de juin 1968 constituent un autre exemple de la manière dont les colons et les services de sécurité ont utilisé très tôt de fausses excuses, des insinuations et des jeux de mots pour tenter de promouvoir et de légitimer l'entreprise de colonisation.


La dépêche de l’Agence Télégraphique Juive annonçant le coup de force des colons

Lors d'une session plénière de la Knesset tenue le 12 juin 1968, le ministre de la Défense Moshe Dayan répond à plusieurs questions parlementaires soumises par des députés, dont Shmuel Mikunis, du parti communiste, qui demandent des explications sur l'affaire du Seder du Park Hotel à Hébron, qui a débuté environ deux mois plus tôt. Le 11 avril 1968, plusieurs dizaines d'Israéliens juifs ont loué des chambres au Park Hotel d'Hébron, propriété de Palestiniens, pour célébrer la Pâque. Il est vite devenu évident que le groupe avait prévu de rester définitivement dans la ville palestinienne, occupée moins d'un an auparavant, et ils ont refusé de partir. Il s'agit d'un moment crucial dans la politique israélienne en général et dans l'entreprise de colonisation en particulier.

Israël a affirmé que ses conquêtes territoriales en 1967 n'étaient pas planifiées. Des documents déclassifiés révèlent le contraire

Adam Raz, Haaretz, 3/6/2021
Traduit par Fausto Giudice
 

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Contrairement à l'affirmation selon laquelle Israël s'est soudainement retrouvé en possession de territoires après la guerre de juin 67, des documents déclassifiés révèlent des directives détaillées élaborées par les Forces de Défense d’Israël en prévision de la longue mission de maintien de l'ordre qui allait leur être confiée.

 

Des prisonniers de guerre arabes sont conduits, les yeux bandés, à un interrogatoire dans la vieille ville de Jérusalem, le 8 juin 1967. Photo Goren / AP

 

 

Pendant des années, la majeure partie de l'historiographie israélienne a soutenu que les décideurs du pays avaient été pris par surprise par les fruits de la victoire récoltés à la vitesse de l'éclair en juin 1967. « La guerre », a déclaré le ministre de la Défense Moshe Dayan, trois jours après sa conclusion, « s'est développée et s'est déployée sur des fronts qui n'étaient pas prévus et qui n'ont été planifiés par personne, y compris par moi ». Sur la base de ces déclarations et d'autres, l'opinion s'est enracinée que la conquête des territoires dans la guerre était le résultat d'un glissement rapide sur une pente savonneuse, une nouvelle réalité que personne ne voulait.

Toutefois, la documentation historique conservée ces dernières années dans les archives de l'État d'Israël et dans les archives des Forces de défense israéliennes et des établissements de défense exige que nous mettions en doute la crédibilité de ce point de vue. Les informations citées ici ne constituent qu'une petite partie d'un large éventail de documents conservés dans les archives gouvernementales concernant la conquête des territoires, et qui restent classifiés. Une obstination de longue haleine a été nécessaire pour obtenir la déclassification de certains des documents sur lesquels se base cet article.

09/06/2021

Des fissures dans le consensus israélien

 David Shulman, The New York Review of Books, édition du 1er juillet 2021

Traduit par Fausto Giudice

David Shulman (Waterloo, Iowa, 1949) est un indologue israélien, poète et militant pour la paix, connu pour ses travaux sur l'histoire de la religion en Inde du Sud, la poétique indienne, l'islam tamoul, la linguistique dravidienne et la musique carnatique. Il est membre fondateur du mouvement israélo-palestinien Ta'ayush.  Il est l'auteur de Dark Hope : Working for Peace in Israel and Palestine (fr. Ta'ayush, Journal d'un combat pour la paix, Israël-Palestine (2002-2005))  et de Freedom and Despair : Notes from the South Hebron Hills, entre autres ouvrages. Il est professeur émérite à l'Université hébraïque de Jérusalem et a reçu le prix Israël pour les études religieuses en 2016.

 La dernière vague de violence israélienne contre Gaza a entraîné la réapparition du mouvement national palestinien - ainsi qu'un plus grand scepticisme parmi les Israéliens quant à la possibilité de faire la guerre au Hamas de manière répétée.

La police des frontières israélienne et des colons devant une résidence qui a été reprise à une famille palestinienne dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, le 7 mai 2021. Heidi Levine/Sipa USA

En regardant la dernière série de combats à Gaza, on ne peut échapper à une sinistre impression de déjà vu. Combien de cycles de ce type y a-t-il eu ? Je ne peux pas m'en souvenir. Pire encore, la répétition étrange et compulsive convient à la façon dont beaucoup, voire la plupart des Israéliens - y compris, semble-t-il, les échelons supérieurs de l'armée et des services de renseignement - ont tendance à penser à Gaza et au Hamas. En surface, la logique primitive est la suivante : Le Hamas est une organisation meurtrière et barbare qui ne cherche qu'à tuer autant d'Israéliens que possible et qui ne cesse de renforcer ses capacités militaires à cette fin. En pratique, la seule façon utile de traiter avec le Hamas est donc de le réduire en miettes une fois toutes les quelques années (ou mois), rétablissant ainsi ce que l'armée et le gouvernement israéliens appellent affectueusement la « dissuasion » (c'est leur mot préféré).

Le problème de cette approche est qu'elle ne fonctionne jamais. Pour en revenir au jargon de l'armée, que les Israéliens entendent tous les soirs à la télévision pendant les épisodes de combat : la dissuasion est intrinsèquement entropique ; le passage du temps l'érode inévitablement. D'où la nécessité de ce martèlement périodique. De plus, le décalage peut être remarquablement court. L'armée dit déjà qu'un autre épisode de guerre à Gaza pourrait éclater prochainement.

Si nous allons un peu plus loin, une vision plus mortelle émerge. Comme l'ont suggéré plusieurs commentateurs avisés au cours des dernières semaines, le grand plan stratégique de Benjamin Netanyahou, partagé implicitement avec une partie de la droite israélienne, consistait à maintenir le Hamas en vie en tant que menace constante pour Israël. 1

S'assurer que les Palestiniens restent divisés entre les restes inefficaces de l'Autorité palestinienne à Ramallah et les islamistes extrêmes de Gaza est une façon, peut-être la seule, de permettre au programme israélien d'annexion, de domination et d'expulsion de la Cisjordanie de se poursuivre.

Cette politique a fonctionné, jusqu'à un certain point, comme peut le constater quiconque parcourt la Cisjordanie aujourd'hui. Près de la moitié des réserves foncières disponibles dans la zone C (plus de 60 % de la Cisjordanie, où se trouvent toutes les colonies) ont été allouées aux colonies israéliennes et à leur expansion violente et continue. Je fais l'expérience des tentacules de plus en plus intrusives de l'occupation, sous la forme de colons vicieux et de soldats et policiers pour la plupart hostiles, presque chaque semaine lorsque mes collègues militants et moi-même sommes dans les territoires palestiniens pour protéger, du mieux que nous pouvons, les bergers bédouins et les petits agriculteurs et éleveurs des collines du sud d'Hébron. Les niveaux de violence des colons à l'encontre des Palestiniens et des militants des droits humains ont augmenté de manière exponentielle au cours des derniers mois.2 Dans le système d'occupation, les colons sont au-dessus de la loi.

Il est toutefois possible que la position politico-militaire israélienne par défaut vis-à-vis des Palestiniens commence à se fissurer. Au moins trois résultats de la dernière bataille à Gaza méritent l'attention.

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