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21/11/2024

FRANCISCO CARRION
Le Maroc utilise le changement de position de la France comme monnaie d’échange pour exiger de nouvelles concessions de la part de l’Espagne


Un homme politique marocain souligne publiquement que la démarche de Macron impose à l’Espagne d’adopter “une position plus claire et essentiellement opérationnelle”.

Francisco Carrión, El Independiente, 15/11/2024
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Mohamed VI avec le président français Emmanuel Macron à Rabat. Photo EFE

Il était prévisible, mais le mouvement a commencé à se manifester de toute évidence. Pour s’imposer, sans demi-mesure ni euphémisme. À peine deux semaines après la visite d’Emmanuel Macron à Rabat, méritant tous les honneurs et agrémentée d’accords d’une valeur de 10 milliards d’euros, le régime marocain offre en public les premiers témoignages exigeant de nouvelles concessions de la part de l’Espagne et l’avertissant qu’elle est à la traîne.

La thèse défendue dans les officines de Rabat est que le virage copernicien opéré par Pedro Sánchez en mars 2022 a vite et mal vieilli. Il est dépassé par les événements et manifestement insuffisant au regard de la nouvelle position du président français, ardent défenseur depuis juillet non seulement des « trois pages » du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, mais aussi de la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole, dont l’Espagne reste la puissance administrante de jure.

« Il ne fait aucun doute que le soutien exprimé par Sánchez dans sa lettre à Mohamed VI le 14 mars 2022 était à l’époque un pas courageux et considérable, mais dans le contexte actuel, il ne suffit pas que  l’Espagne considère la proposition marocaine d’autonomie présentée en 2007 comme la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste pour la résolution de la question du Sahara », déclare Mohamed Benabdelkader, ancien ministre de la Justice (2019-2021, dans le gouvernement El Otmani II) et dirigeant de l’Union socialiste des forces populaires, une organisation sœur du PSOE et incluse dans l’Internationale socialiste* avec le soutien exprès de la rue Ferraz [siège du PSOE, NdT], dans une interview accordée au média officiel marocain Rue20.com

Cette affirmation n’est pas isolée au sein de l’establishment alaouite, même si, jusqu’à présent, on avait évité de la formuler aussi clairement en public. Pour Benabdelkader, « la nouvelle perspective qui s’ouvre au niveau régional et mondial nécessitera certainement l’adoption d’une position plus claire et essentiellement opérationnelle ». Un avertissement direct à Sánchez, lancé par un parti d’opposition mais qui pratique une loyauté absolue envers le makhzen, qui pourrait être un avant-goût de nouvelles exigences et concessions.


Sanctions commerciales

La principale serait de suivre les traces de l’Elysée et de proclamer la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. C’est l’intention du Maroc, qui a célébré un prétendu erratum publié dans le BOE [Journal officiel de l’État espagnol, NdT] l’année dernière comme un signe qu'on était sur la bonne voie. En février, El Independiente a rapporté que le gouvernement espagnol avait reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara dans le cadre d’un appel d’offres pour la rénovation de l’école espagnole d’El Ayoun, accompagné d’une série de documents l’identifiant comme un territoire marocain. L’information a provoqué des versions contradictoires entre les ministères de l’Education et de la Culture, respectivement aux mains du PSOE et de Sumar. Finalement, le département d’Ernest Urtasun [ministre de la Culture, NdT] a refusé de rectifier le document, affirmant qu’elle s’était produite des mois auparavant, lorsque le socialiste Miquel Iceta dirigeait le ministère.

L’un des leviers que le Maroc utilisera pour imposer de nouvelles concessions est l’atout commercial, en élargissant et en attisant le différend entre les entreprises espagnoles et françaises. Lors de la tournée de Macron, le Maroc a récompensé la nouvelle direction prise par la France avec des contrats de milliards après deux années de crise déclenchée par l’espionnage du président français et d’une bonne partie de son cabinet par les services marocains utilisant le logiciel israélien Pegasus. Le gros lot est revenu à la société française Alstom avec la fourniture de 18 trains pour la future ligne ferroviaire à grande vitesse Kénitra-Marrakech, qui, pour 1,8 milliard d’euros, était en concurrence avec les sociétés espagnoles CAF et Talgo, la société coréenne Hyundai Rotem et la société chinoise China Railway Rolling Stock Corp.

« Quelle que soit la lecture en Espagne du nouveau rapprochement de la France avec le Maroc, il est clair que les médias de notre pays voisin ibérique, en soulignant l’ampleur des projets signés entre la France et le Maroc lors de cette visite, et en insistant sur l’engagement de Paris à accompagner Rabat dans la défense de son initiative d’autonomie, auront compris deux choses importantes », argumente l’homme politique marocain. La première est que le « partenariat d’exception renforcé » entre la France et le Maroc est un signal d’alarme pour l’Espagne qui a besoin d’une stratégie plus compétitive et coordonnée sur le marché marocain. La seconde est que le président français, en plaçant la barre plus haut, a montré l’exemple que la nouvelle dynamique de la question du Sahara marocain nécessite non seulement des mots, mais des gestes, et appelle à des actions concrètes en plus des belles déclarations ». Cette semaine, l’ambassadeur de France à Rabat s’est rendu pour la première fois dans les territoires occupés du Sahara, accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires et d’une promesse d’ouverture de consulat, le prix habituel exigé par la diplomatie alaouite.

La carte du Maroc, avant et après
«Pour la France le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine»
Le ministère français des Affaires étrangères a modifié la carte du Maroc sur son site internet pour inclure le territoire du Sahara occidental dans la cartographie du pays maghrébin, profitant du voyage de Macron à Rabat.

Débloquer la cession de l’espace aérien
La stratégie du Maroc consiste également à avancer sur certains dossiers qui n’ont pas été satisfaits depuis la lettre de Sánchez à Mohammed VI en mars 2022. Parmi eux, la cession de l’espace aérien du Sahara occidental, actuellement contrôlé depuis les îles Canaries. Dans le jargon aéronautique, FIR est une région d’information de vol où est assuré un service d’information de vol et d’alerte (ALRS). L’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale] délègue le contrôle opérationnel d’une FIR donnée à un pays, en l’occurrence, celle qui couvre les îles Canaries et le Sahara occidental relève de l’Espagne.

Le groupe de travail mis en place par le Maroc et l’Espagne depuis le virage copernicien du gouvernement espagnol dans le conflit du Sahara et le début de la « nouvelle ère » des relations hispano-marocaines se penche sur la question du transfert de la gestion, qui - s’il est réalisé - constituerait une violation du droit international. Le partenaire de la coalition s’oppose ouvertement à cette mesure. « Nous rejetons la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental. Nous rejetons également la souveraineté du Maroc sur les eaux territoriales et l’espace aérien », ont déclaré des sources de Sumar à notre journal il y a plusieurs mois. D’autres mesures qui auraient conduit à la reconnaissance du statut marocain du territoire, comme l’installation d’un centre de l’Institut Cervantes, ont été suspendues**.

Ces nouvelles exigences de Rabat, exprimées par un politicien socialiste, interviennent au milieu de l’impasse dans laquelle se trouvent les bureaux de douane de Ceuta et Melilla, complètement bloqués du côté marocain et avec le sentiment qu’ils ne seront pas ouverts parce que, pour les autorités marocaines, cela signifierait reconnaître les frontières terrestres avec l’Espagne, ce qu’elles nient avec insistance.

Le PSOE omet le Maroc dans son document cadre du Congrès

Dans ce contexte de concurrence entre la France et l’Espagne pour obtenir les faveurs du Maroc, l’absence de toute mention du Maroc et du conflit du Sahara dans le document cadre du PSOE pour son congrès qui se tiendra à la fin du mois à Séville est frappante. Le document se targue que « le PSOE a ramené l’Espagne au premier plan de la politique internationale et a porté notre prestige et notre influence à des niveaux sans précédent dans l’histoire récente de notre pays », mais omet toute référence au Maroc.
Lors du Congrès de 2021, la rue Ferraz avait cependant décrit le Maroc comme un « partenaire clé sur la rive sud de la Méditerranée », donnant un avant-goût des actions qui allaient suivre dans les mois suivants. « Nous devons continuer à renforcer ces liens et ces intérêts, ce qui nous permettra de surmonter certaines difficultés. C’est pourquoi, au cours des prochaines années, nous progresserons dans le partenariat stratégique bilatéral à long terme que les gouvernements socialistes ont toujours promu ; d’autre part, et comme elle l’a fait depuis son entrée en fonction, l’Espagne continuera à défendre en Europe le caractère stratégique que ce pays a pour l’Espagne et pour l’Europe », promettait le document.

L’Espagne et la France, par leurs actions diplomatiques de ces dernières années, ont été prises dans la rivalité entre le Maroc et l’Algérie. « L’Algérie partage avec le Maroc la tendance à considérer ses interlocuteurs en fonction de leur position sur la question. Au fil des ans, alors que le Maroc a abandonné l’option du référendum, Alger s’est accroché au principe de l’autodétermination, rendant impossible toute négociation de sortie de crise », note Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb et membre du comité de rédaction du magazine français en ligne Orient XXI. « En conséquence, le conflit du Sahara occidental s’est figé, ce qui est préjudiciable, d’une part, aux Sahraouis et, d’autre part, à l’ensemble du Maghreb, dans la mesure où cela empêche l’intégration de la région. L’Algérie perçoit désormais la coopération entre le Maroc et Israël comme une menace, ce qui accroît la tension et éloigne un peu plus la solution à la question du Sahara occidental », conclut-elle.

NdT
*Le Front Polisario fait  partie de l’Internationale socialiste en tant que membre consultatif.

** L’Institut Cervantes, qui dépend du ministère espagnol des Affaires étrangères, est dirigé par le poète grenadin Luis García Montero, militant historique d’Izquierda Unida (Gauche Unie), parti qui participe à la coalition gouvernementale de Pedro Sánchez à travers la plateforme Sumar de la vice-présidente du gouvernement Yolanda Díaz. En voyage au Maroc en mars dernier, il a déclaré : « Lors de ce voyage, la possibilité » d’ouvrir une annexe de Cervantes à El Aaiún n’a pas été envisagée.
L’Institut Cervantes compte actuellement six centres actifs au Maroc : Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan, Marrakech et Fès. Le projet d’en ouvrir un à El Ayoun avait suscité les critiques du Front Polisario et de l’eurodéputé Manu Pineda. Selon des sources espagnoles, 12 000 habitants d’El Ayoun parlent l’espagnol. D’autre part, une décision d’ouvrir une annexe de l’Institut à Tindouf en Algérie pour enseigner l’espagnol à des réfugiés sahraouis, prise en 2019, ne s’est jamais concrétisée. L’Institut est présent à Alger et Oran.
 

Pedro Sánchez devra faire encore un effort pour mériter une Koumiya


20/10/2024

DOHA CHAMS
L’“écosystème de la résistance” libanaise : environnement nourricier contre environnement nourricier ?

 Doha Chams, Al Araby Al Jadid, 18/10/2023

Original: بيئة حاضنة مقابل بيئة حاضنة؟

Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Le terme « écosystème de la résistance » a longtemps été brandi pour désigner les Libanais qui soutiennent la résistance à l’ennemi israélien.
Je n’ai jamais aimé ce terme. Il implique que la résistance à l’ennemi est d’abord un choix d’une communauté confessionnelle particulière de Libanais*, et deuxièmement, indépendamment des lois libanaises qui déclarent explicitement qu’Israël est un ennemi, c’est une position libre garantie par la démocratie et la liberté d’expression !


Bienvenus en enfer, par José Alberto Rodríguez Avila, Cuba

Indépendamment de mon interprétation, quelle est la définition d’un écosystème ?
Comme tous les termes au Liban, chacun a un codage idéologique/sectaire. Ceux qui utilisent ce terme à l’intérieur du pays, ainsi bien chez l’ennemi, veulent se référer exclusivement à la communauté chiite, alors que les partisans de la résistance libanaise, qu’ils soient islamistes, de gauche ou nationalistes, ne se limitaient jamais à telle ou telle communauté.
 Les Libanais se souviennent encore que certains des principaux agents de l’occupation israélienne du sud avant la libération de l`an 2000 étaient musulmans chiites et chrétiens maronites. La trahison n’a pas de religion, comme l’ont prouvé les soi-disant « l’armée du Liban-Sud » d’Antoine Lahad,  alliée à Israël à l’époque, et les arrestations répétées d’agents [d’Israël] par la suite.
Cependant, depuis le début de l’agression israélienne, Israël utilise une définition plus large de l’“environnement nourricier” [du “terrorisme”, autrement dit la résistance]. Ainsi, il a considéré que toute personne hébergeant des Libanais déplacés des zones bombardées par l’ennemi, que ce soit dans la Bekaa, le sud du pays ou la banlieue sud de Beyrouth, en particulier dans les zones mixtes multiconfessionnelles, était accusée de collaborer avec l’écosystème de la résistance, et donc avec la résistance elle-même. Leur punition, malgré leur statut de civil, est tout simplement le bombardement par des missiles lourds de dizaines de tonnes d`explosifs, comme le phosphore, interdits à l’échelle internationale, dont les sources se promènent entre notre mer et notre ciel violés, matin et soir, avec des armes données à Israël par le partenaire usaméricain.
Ce même partenaire qui a empêché, et empêche toujours, l’armée libanaise de posséder des armes, même défensives, qui lui permettraient de résister à la domination aérienne israélienne, et de protéger ainsi les civils et le territoire libanais. D’ailleurs c’est ce qui a justifié historiquement la résistance populaire libanaise sous toutes ses formes.
Cependant, à l’exception de quelques cacophonies ici et là, amplifiées par les médias anti-résistance, et malgré le bombardement de diverses zones résidentielles accueillant des personnes déplacées, faisant des centaines des morts et blessés, Israël a échoué. Il n’a pas réussi à déclencher le conflit confessionnel sur lequel il misait. Depuis le début des déplacements forcés, les Libanais ont accueilli chaleureusement leurs frères déplacés, quelle que soit la confession à laquelle ils appartenaient, en particulier dans les zones connues pour leur tendance à la « pureté sectaire ».
C’était rafraîchissant à entendre et à voir. Les différents dialectes régionaux ont commencé à se mélanger sur toute la carte du pays, à l’image de ce à quoi une nation devrait ressembler. Je l’ai remarqué un jour à Tripoli et un autre jour dans mon village, où l’on pouvait entendre un mélange de dialectes régionaux que l’on n’avait jamais l’habitude d`entendre.
À Achrafieh, un quartier christianisé depuis la guerre civile, où je suis allée aider dans une cuisine ouverte par un ami pour nourrir les personnes déplacées, un peu perdue, j’ai arrêté un passant et lui ai demandé l’adresse que j’avais sur moi. L’homme a souri et m’a répondu, à ma grande surprise, avec un « pur » accent du sud, qui m’est tombé dans les oreilles comme une note juste dans une symphonie de cacophonie sectaire, à laquelle, malheureusement, nous étions trop « habitués » pour nous attendre à entendre cet accent dans cet endroit.
Achrafieh, Tariq El Jdideh, le Chouf, Zghorta, Akkar, Jbeil [Byblos], Batroun, Deir al-Ahmar... Tous ces lieux sont en train de devenir un environnement incubateur, selon la définition israélienne.
Une définition insidieuse et dangereuse, que la récente déclaration de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock, qui a justifié les bombardements de civils, a rendu encore plus dangereuse si elle est adoptée comme précédent dans les guerres futures.
Et je me suis interrogée : que penserait cette ministre “intelligente” [ouais, enfin…,NdlT], dont le gouvernement a utilisé hier une frégate de la FINUL pour intercepter un drone libanais lancé par la résistance vers l’ennemi avec lequel elle est engagée dans une bataille féroce ? Et si nous utilisions la définition israélienne élargie d’un écosystème, mais dans le sens inverse, et avec une petite réflexion sur la performance collective de l’Occident depuis un an jusqu’à aujourd’hui, que ce soit au Liban ou en Palestine ? Quelles seront les conséquences ?
Intuitivement, les États-Unis d’Amérique, avec leur composante sioniste, et la majorité des pays européens complices de la guerre d’Israël, deviendront aussi, dans ce sens, un environnement nourricier ! Avec une différence morale majeure, ils sont une couveuse pour les criminels de guerre, qu’ils soutiennent par la parole, les actes, les armes et la diplomatie.
Aujourd’hui, Israël ressemble plus que jamais à une base militaire avancée pour l’Occident collectif. Le poids d’une entité qui n’a aucune morale, aucun respect pour le droit international ou les considérations humanitaires. Son « écosystème » l’encourage à poursuivre sa brutalité en s’abstenant, en plus de le soutenir en armes et en expertise, de le punir, même au prix de la vie de ses citoyens, comme c’est le cas pour la FINUL.
D’autre part, l’adhésion aux lois internationales pendant les guerres, qui étaient destinées à préserver notre humanité, est presque une faiblesse dans la performance de la résistance contre un ennemi psychologiquement perturbé et brutal.
Dans un monde qui observe depuis plus d’un an le génocide à Gaza, en Cisjordanie et en Palestine en général, en plus de ce qu’il a commencé à faire au Liban, surtout depuis les assassinats que le monde « libre » a traités comme s’il s’agissait d’un comportement légitime, suivi du massacre des bipeurs, le bombardement de civils sous le prétexte qu’ils sont l’environnement incubateur de la résistance, pour ensuite les déplacer et les prendre pour cible. Tout cela fait que l’idée de viser l’environnement de soutien de l’ennemi, qui est au moins les colons armés et au plus les soutiens internationaux, est un objectif que les personnes endeuillées peuvent considérer comme plus que légitime, et c’est très dangereux.
Depuis le début de l’agression contre le Liban, des amis européens et usaméricains, notamment de pays qui soutiennent farouchement Israël, nous appellent pour prendre de nos nouvelles. Ils nous disent qu’ils sont de tout cœur avec nous et nous demandent s’ils peuvent nous aider d’une manière ou d’une autre.
Il est vrai que nous avons besoin de toute l’aide possible, et nous en sommes reconnaissants, mais ce dont nous avons vraiment besoin, c’est qu’ils influencent positivement les politiques de leurs gouvernements afin d’empêcher leurs dirigeants fascistes de faire d’eux et de leur pays une simple couveuse pour le monstre.
Si cette définition d’incubateur échappe à tout contrôle, elle pourrait conduire à des représailles aveugles dans une réaction qui exprime le désespoir face à une justice internationale défaillante. Une justice qui, aujourd’hui plus que jamais, semble brisée et impuissante.
Le simple fait d’y penser m’effraie. Mon Dieu, que l’avenir de cette planète est sombre !

NdlT

*Le Liban compte 18 communautés confessionnelles : quatre musulmanes, douze chrétiennes, une druze et une juive. Depuis 1943, le système politique en vigueur est confessionnaliste, ce qui a eu des conséquences tragiques (notamment la guerre civile de 1975-1990)

 

 

09/10/2024

DOHA CHAMS
Un monde qui finit et un autre qui ne commence même pas : Beyrouth, octobre 2024

Doha Chams, Al Araby Al Jadid, 4/10/2024

Original : عالم ينتهي وآخر لا يبدأ

Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

 Rouler dans la rue, c’est ce que je ressentais, comme si mes pieds étaient devant moi et que mon corps les rattrapait. Parfois, je restais comme ça un moment, je faisais une pause pour retrouver un équilibre que je me sentais sur le point de perdre, puis je me remettais à marcher de plus en plus lentement, malgré moi, comme une vieille femme seule et désemparée qui porte un poids trop lourd pour elle.


Beyrouth ces derniers jours. Photo Diego Barra Sanchez/The New York Times/Redux/Laif

Il fallait que je sorte. Je suis allée à la banque, j’ai récupéré l’« argent de poche» mensuel de mon dépôt qui avait été bloqué pendant six ans. Puis j’ai marché comme une vagabonde, comme une machine en ruine, comme le van numéro 4 qui, malgré toutes les destructions, circule encore de la banlieue dévastée qui m’a amenée ici, jusqu’à la rue Hamra.

Je marche en me persuadant que je suis en train de visiter l’endroit et non pas d’errer, sans savoir quoi faire. C’est comme si mes intestins flottaient dans mon ventre, aussi erratiquement que le font les astronautes sur la lune à cause de l’apesanteur.

Près du journal As-Safir, qui était à son apogée quand Israël est entré dans Beyrouth en 1982, et dont les employés se tenaient devant sa porte pour empêcher les soldats d’entrer, divers réfugiés de nos patries arabes sinistrées et des déplacés des lieux bombardés, que ce soit les banlieues, le sud, la Bekaa ou même Beyrouth, après qu’Israël a bombardé avant-hier un de ses immeubles résidentiels et assassiné trois dirigeants palestiniens, dont l’un était une de mes connaissances.

Irakiens, Syriens, Soudanais, et Égyptiens, ainsi que les pauvres d’Éthiopie, des Philippines ou du Bangladesh.

Près d’un rassemblement de personnes déplacées, un petit magasin express s’active pour répondre à leurs besoins, et au coin de la rue, je m’attarde devant une petite librairie qui a ouvert ses portes pour je ne sais quelle raison. Je lis les titres des livres proposés, essayant de trouver quelque chose pour me distraire de la tristesse indescriptible qui m’étreint. Comment échapper à la tristesse qui vous habite ?

Une femme d’une cinquantaine d’années, vêtue de noir, comme si elle était en deuil, sort de l’intérieur, une cigarette allumée à la main, pour me demander si j’ai besoin d’aide. Son visage est fatigué, comme si elle n’avait pas dormi depuis des jours. Elle me demande, mais elle me regarde un instant, et puis c’est comme si elle me reconnaissait de quelque part. Elle pose sa cigarette allumée sur le bord du cendrier, puis tend la main avec empressement pour me serrer la main en se présentant par son nom complet, comme si j’étais une vieille amie qu’elle avait enfin rencontrée. Je maudis ma mémoire défaillante tout en essayant de sourire pour camoufler mon ignorance de la personne à qui je parlais. Mais une chaleur émanait de ces yeux, et de ses paumes qui se resserraient autour de ma main.

J’ai regardé ses yeux rougis d’avoir tant pleuré, et elle a regardé à son tour mes yeux gonflés, et nous n’avons pas pu nous empêcher de pleurer ensemble, silencieusement et sans bruit.

Nous étions des étrangères, mais ce que nous pleurions était la même chose. Me voilà enfin en train de pleurer. J’ai laissé mes larmes, retenues par la colère et une douleur unique, couler tranquillement comme si elles avaient enfin trouvé un endroit sûr pour se déverser sans provoquer la jubilation de qui que ce soit.

Elle a pleuré, j’ai pleuré. Sans un mot. Nous nous sommes assises sur un divan coincé entre les nombreux livres poussiéreux de cette librairie étroite, à l’angle de deux rues, rendue encore plus exiguë par le nombre de livres et d’objets qui s’y trouvaient. Une pièce sans lumière, aussi sombre que le ciel à l’extérieur, comme si elle venait d’ouvrir ses portes après une longue période de fermeture. L’odeur était mélangée, entre l’atmosphère d’un pub, remplie d’odeurs de cigarettes éventées, de boissons et de vie nocturne, et l’odeur des livres que personne n’a achetés depuis longtemps. Nous pleurons en silence, puis chacune de notre côté, nous sortons un mouchoir de la boîte, nous essuyons nos larmes et nous ne disons rien. Au bout de quelques minutes, elle soupire et dit avec un sourire triste : « Tu bois du café ? »

J’étais soulagée de pleurer ensemble. Je suis allée jusqu’au quartier Bristol. Devant un petit magasin de téléphonie, deux jeunes hommes étaient assis en train de fumer. J’ai entendu l’un d’eux dire à l’autre qu’il n’osait pas aller voir son magasin dans la banlieue, non pas par crainte des bombardements israéliens « auxquels on est habitués », mais par crainte de constater la destruction de son gagne-pain.

Siham dort également dans la zone portuaire où elle travaille comme infirmière bénévole. La nuit de l’assassinat, vers l’aube, ses jambes l’ont trahie lorsqu’elle a constaté que sa maison, située à quelques rues de l’endroit où les Israéliens ont bombardé la zone, semblait s’effondrer dans la lumière des premiers rayons de l’aube. Elle est restée quelques minutes dans la lumière de l’aube naissante, puis a quitté l’endroit dévasté et a repris la route vers son lieu de travail.

Dans l’immeuble Concorde de la rue de Verdun, près de la rue Hamra, je me rends dans un centre de visas pour me renseigner sur certaines conditions en vue d’une invitation professionnelle dans un pays étranger. Le centre se trouve au cinquième étage du bâtiment, et le journal Al-Akhbar pour lequel je travaillais se trouve au sixième étage. D’habitude, je passe saluer mes collègues. Mais aujourd’hui, je n’ai pas pu.

Je pars en me disant que mon passage devant les deux journaux pour lesquels j’ai travaillé pendant vingt et un ans n’était peut-être pas une coïncidence. Peut-être que mon travail de reporter sur le terrain en temps de guerre me manquait. Lorsque je l’ai fait, j’ai eu l’impression de contribuer à la défense de ma patrie. Quelque chose qui donnerait un sens à ma vie dans ce pays qui a été « conçu » par les colonisateurs lorsqu’ils ont « dessiné la carte de l’Orient » pour qu’il soit une arène de conflits et de compromissions pour ceux qui détiennent le pouvoir, et non un pays sûr pour son peuple. Aujourd’hui, ils veulent le redessiner. Dans quel but, n’est-ce pas évident ?

Le surplus de pouvoir dont jouit le brutal Israël et la galaxie de puissants intimidateurs qui le soutiennent les fait jouir. Ce n’est pas grave. Allez, on y va. De toute façon, nous n’avons pas le choix. Voyons comment ça se termine.

Sur le chemin du retour, au détour d’un virage, je croise un ancien collègue. Nous sommes à deux mètres l’un de l’autre et il sourit de surprise, heureux de me voir, mais les yeux aussi gonflés que les miens. J’ai envie de pleurer encore pour savoir comment il va, mais il ne dit pas un mot, il me serre dans ses bras sans rien dire, et il pleure aussi.

 

18/08/2024

La polio pourrait faire beaucoup plus de victimes que l’attaque israélienne contre Gaza


QNA/Al Araby Al Jadid, 18/8/2024

Original : شلل الأطفال قد يحصد أضعاف عدد شهداء العدوان الإسرائيلي على غزة

Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

    Ø Les Nations Unies mettent en garde contre une catastrophe sanitaire potentielle due à la propagation du virus de la polio dans l’ombre de la guerre israélienne, le virus ayant été détecté dans les eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Ø La détérioration des conditions sanitaires et l’augmentation des risques: le retour du virus après 25 ans menace la vie de la population, en particulier avec des déficiences nutritionnelles et immunologiques, et le premier cas confirmé d’un enfant à Deir al-Balah.

ØLe Secrétaire général des Nations Unies appelle à un cessez-le-feu humanitaire afin de mettre en œuvre une campagne de vaccination ciblant 640 000 enfants, invoquant l’effondrement du système de santé dû à l’agression israélienne.


Dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 août 2024. Photo Omar al-Qataa/AFP

Alors que les Nations unies appellent à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre la mise en œuvre d’une campagne de vaccination contre la polio dans la bande de Gaza en raison de la catastrophe sanitaire attendue en cas d’épidémie, le directeur général des soins de santé primaires dans la bande de Gaza, Musa Abed, a averti que la propagation du virus de la polio pourrait faire plusieurs fois le nombre de victimes de la guerre israélienne en cours contre la bande assiégée depuis le 7 octobre.

Dans une déclaration à l’Agence de presse du Qatar (QNA), M. Abed a exprimé sa crainte de voir se propager d’autres maladies dans un environnement fertile et avec toutes les causes de propagation dans la bande de Gaza. Il a souligné que le ministère de la santé de la bande de Gaza avait déclaré celle-ci zone épidémique à la fin du mois de juin après que le virus de la polio eut été détecté dans des échantillons d’eaux usées dans les villes de Deir al-Balah (centre) et de Khan Younès (sud), ce qui laisse craindre une véritable catastrophe qui pourrait s’abattre sur la bande de Gaza.

Saeed Salah, directeur de l’hôpital Amis du Patient à Gaza Ville (nord), a mis en garde contre le risque de propagation du virus de la polio parmi les Palestiniens de la bande de Gaza, alors qu’il avait disparu des territoires palestiniens il y a 25 ans grâce à des vaccinations régulières. Salah a déclaré à QNA que le retour du virus de la polio menaçait la vie des gens, compte tenu des conditions difficiles dans la bande de Gaza et de la facilité de transmission de l’infection. Il a souligné que la plupart des habitants de Gaza souffrent actuellement d’une faible immunité en raison de la faim, expliquant que le manque d’aliments sains et nutritifs ne donne pas à leur corps suffisamment d’immunité pour vaincre les maladies.

Cette annonce intervient après que le ministère palestinien de la santé dans la bande de Gaza a annoncé le premier cas de poliovirus à Deir al-Balah chez un enfant de dix mois qui n’avait pas été vacciné contre la maladie, notant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas encore confirmé l’infection. Le ministère a expliqué que le virus se propage à nouveau dans la bande de Gaza en raison de la détérioration des conditions sanitaires due à la guerre qui dure depuis plus de dix mois, de la propagation des maladies infectieuses due à l’écoulement des eaux usées dans les rues et dans les tentes des personnes déplacées, et du manque de produits d’hygiène personnelle et d’eau potable.

Dans le même ordre d’idées, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a mis en garde à plusieurs reprises contre l’aggravation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, face à la propagation du virus de la polio et à la menace qu’il fait peser sur des centaines de milliers d’enfants. Il a indiqué que les Nations unies s’apprêtaient à lancer une campagne de vaccination vitale contre cette maladie à Gaza pour plus de 640 000 enfants âgés de moins de dix ans.

Il convient de noter que l’agression continue de l’occupation israélienne sur la bande de Gaza a provoqué une catastrophe sanitaire, comme en témoignent les agences des Nations unies et diverses organisations internationales, avec l’effondrement du système de santé dans la bande assiégée et ciblée, outre la pénurie de produits d’hygiène de base, l’absence de services d’assainissement, l’accumulation de déchets dans les rues et autour des abris pour les personnes déplacées par la machine de guerre israélienne, et l’absence d’approvisionnement en eau potable, autant de facteurs qui ont créé un environnement propice à la propagation du virus de la poliomyélite. Tout cela a créé un environnement favorable à la propagation de nombreuses maladies, y compris des maladies transmises par l’eau comme le poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) 

 

01/05/2023

Plus de 120 ONG palestiniennes dénoncent le “message spécial” de la présidente de la Commission européenne célébrant les “75 ans d’indépendance d’Israël et d’amitié avec l’Europe”

PNGO Portal, 30/4/2023
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Les organisations de la société civile palestinienne soussignées dénoncent et rejettent avec véhémence la déclaration honteuse faite par la présidente de la Commission européenne, dans laquelle elle a célébré le jour de l’“ indépendance ” d’Israël en utilisant des tropes racistes anti-palestiniens et en niant l’histoire palestinienne et les atrocités de la Nakba. Ces remarques s’écartent des principes politiques et diplomatiques de base et favorisent sans vergogne l’État occupant, qui se livre à la persécution, à l’agression et au terrorisme d’État dans le cadre du régime israélien contre le peuple palestinien.

Dans son discours, Ursula von der Leyen a affirmé qu’Israël avait fait “fleurir le désert”, utilisant un cliché colonial qui repeint en vert le projet colonial d’Israël, son déplacement du peuple palestinien autochtone et la confiscation illégale de ses terres.  Nous rejetons également l’utilisation par Mme von der Leyen de références bibliques qui s’alignent sur le récit de l’occupant israélien, lequel efface le peuple palestinien et nie ses racines profondes dans la terre et son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance nationale dans son État naturel. Cela constitue le fondement de la tristement fameuse “loi sur l’État-nation” raciste qu’Israël utilise aujourd’hui pour asseoir la colonisation et l’annexion complète du territoire palestinien occupé depuis 1967, Jérusalem inclus.

Les horribles événements de la Nakba palestinienne qui ont ouvert la voie à la fondation d’Israël, notamment le déplacement de plus de 750 000 Palestiniens, qui restent à ce jour des réfugiés, la destruction de centaines de villages et de villes palestiniens et des dizaines de massacres, continuent de se manifester aujourd’hui de différentes manières, mais avec le même objectif global de déplacer le peuple palestinien autochtone et de le remplacer par des Israéliens juifs dans toute la Palestine historique, par le biais d’un nettoyage ethnique.

L’incapacité de l’Union européenne à demander des comptes à Israël pour ses innombrables crimes et violations des droits humains, y compris le crime contre l’humanité qu’est l’apartheid, alimente la culture de l’impunité dont jouit Israël dans l’escalade de son agression contre le peuple palestinien et sa terre, en particulier sous l’égide du nouveau gouvernement israélien extrémiste. Au lieu de contribuer à mettre fin aux violations israéliennes et à rendre la justice tant attendue à la Palestine, l’UE continue de récompenser Israël, la puissance occupante, en lui apportant davantage de soutien et de coopération sur les plans politique, économique et technologique.

Nous demandons instamment à l’Union européenne d’assumer ses responsabilités en s’abstenant de tenir des propos aussi incendiaires et répréhensibles et d’appliquer une politique de deux poids, deux mesures dans le traitement des questions liées aux droits légitimes du peuple palestinien, tels qu’ils sont garantis par toutes les lois et tous les accords internationaux pertinents. Nous appelons les élus européens à rassembler le courage et la volonté politique nécessaires pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte le droit international en le tenant pour responsable par des mesures concrètes et efficaces qui s’alignent sur les lois existantes de l’Union européenne et sur les obligations et principes internationaux.

Enfin, nous remercions nos amis et alliés à travers l’Europe de s’être exprimés et d’avoir rejeté ce racisme anti-palestinien manifeste, et nous les exhortons à demander des comptes à leurs représentants. Comme toutes les autres formes de haine et de discrimination, la palestinophobie ne doit pas être tolérée.

Signataires :

(Palestinian Human Rights Organizations Council (PHROC)) - (The Palestinian NGOs Network (PNGO)) - (AMAN Coalition) - (Al-Haq, Law in the service of man) - (The Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy – MIFTAH) - (Palestinian Centre for Human Rights, Gaza (PCHR)) - (Al-Mezan Center for Human Rights) - (Abdel ـ Shafi Community Health Association ( ACHA)) - (Adam association for the development of family society) - (Addameer – Prisoner Support and Human Rights Association) - (AFKAR Organization for Educational and Cultural Development) - (Agricultural Development Society ) - (Aisha Association for Woman & Child Protection) - (Al Adham for Development) - (Al Ataa’ Charitable Society) - (Al Awda Health and Community Association) - (Al Nahda Association for Development and Growth (NADG)) - (Al Najda Social Association ) - (AL RAAFA ASSOCIATION FOR SOCIALLY DEVELOPMENT & HANDICAPPED CARE) - (Al Sattar Garbee Association for Developing Countryside and Farmer) - (AL-Foukhary Association For Development and Culture) - (Almanal Society for Developing the Rural Women) - (Alnajda Developmental Forum) - (Alrowwad Cultural and Arts Society) - (Altaghreed Association For Culture And Development) - (Al-Tawasol Forum Society ) - (Alternatives Forum - Palestine) - (Amwaj Association for Community Development and Improvement) - (Arab center for Agricultural Development (ACAD) /Ramallah – Gaza) - (Arab World Democracy and Electoral Monitor (Al Marsad)) - (Association for Visually Impaired Graduate League) - (Basma Society for Culture and Arts) - (Beit Lahia Youth Center Association) - (Bisan Center for Research and Development) - (Brilliant Tomorrow for Homes Sons Society) - (Center for Defense of Liberties & Civil Rights “Hurryyat”) - (Center of Women’s Legal Research, Counseling and Protection) - (Central Blood Bank Society) - (Centre for Culture and Development) - (Charitable Family Development Association) - (Community Action Center / Al-Quds University) - (Community Media Center) - (Defense for Children International – Palestine) - (Disability Representative Body Network ) - (Dr. Haidar Abdelshafi Centre for Culture and Development) - (El Amal Rehabilitation Society - Rafah) - (El-Braem Development Society ) - (Faisal Husseini Foundation) - (Federation of Woman Action Committee ) - (Filastiniyat) - (Future Association for Development and Environment ) - (Future Charity Association) - (Gaza Community Mental Health Programme - GCMHP) - (Gaza Urban & Peri-urban Agriculture Platform (GUPAP) | Gaza, Palestine ) - (General Union of Cultural Centers) - (Ghassan Kanafani Development ) - (Human Rights and Democracy Media Center “SHAMS”) - (Jerusalem Human Rights Consortium (JHRC)) - (Jerusalem Legal Aid Center (JLAC)) - (Khuzaa permaculture association center) - (LABOR RESOURCES CENTER - LRC) - (Land Research Center (LRC)) - (Local Association For Social Services ) - (MA’AN Development Center) - (Mabarret Palestine Society for Caring (MPC)) - (Milad Association for Youth Development ) - (Mothers School Society) - (National Center for Rural Development Association) - (National Society for Rehabilitation ) - (Nawa for Culture and Arts Association) - (Al Najat Charity association) - (Palestine Amputee Football Association ) - (Palestinian Agricultural Development Association ) - (Palestinian Agricultural Relief Committees (PARC)) - (Palestinian Center of Organic Agriculture ) - (Palestinian Crescent Society for Relief and Development) - (Palestinian Developmental Women Studies Association ) - (Palestinian Farmers’ Union) - (Palestinian Health Work Committees (HWC)) - (Palestinian Human Rights Organizations Council (PHROC)) - (Palestinian Medical Relief Society (PMRS) ) - (Palestinian Non–Governmental Organization against Domestic Violence against Women (Al Muntada)) - (Palestinian Social Forum (PSF)) - (Palestinian Youth Union) - (PALTEAM Association for Community Development) - (Public Aid Society - Gaza) - (Remedial Education Center - REC) - (Rural Women Development Society (RWDS)) - (Science and Culture Center) - (Teacher Creativity Center) - (The Assembly Benevolent Of Operation ) - (The Civil Commission for the Independence of Judiciary and Rule of Law “Istqlal”) - (The Culture and Free Thought Association) - (The Palestinian Association for Empowerment and Local Development-REFORM) - (The Palestinian Center for the Independence of the Judiciary and the Legal Profession MUSAWA) - (The Palestinian Centre for Human Rights, Gaza (PCHR)) - (The Palestinian Development Women Studies Association) - (The Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy – MIFTAH) - (The Palestinian Institute for Communication and Development PICD) - (The Palestinian Women’s Coalition for the Implementation of UNSCR 1325) - (The Palestinian Working Woman Society for Development (PWWSD)) - (The Palestinian Youth Association for Leadership and Rights Activation- PYALARA) - (The Society of Women Graduates in Gaza Strip) - (The Women’s Studies Centre) - (Union of Agricultural Work Committees (UAWC)) - (Union of Health Care Committees (UHCC)) - (Union of Palestinian Women Committees (UPWC)) - (Wasel Center for Youth Development) - (WEFAQ Society for Women and Child Care) - (Women Media and Development) - (Women’s Affairs Technical Committee) - (Women’s Studies Centre) - (Women’s Action Association for Rehabilitation Women & the Child) - (Women’s Affairs Center /Gaza) - (Women’s Center for Legal Aid and Counselling (WCLAC)) - (Youth Development Association) - (YWCA of Palestine) - (Zeina women’s society)