23/11/2025

Armes de volonté : le Hamas et le Jihad islamique face au plan de Trump pour Gaza

Jeremy Scahill & Jawa Ahmad, Drop Site News, 23/11/2025

Traduit par Tlaxcala

ملخص المقال باللغة العربية في نهاية الوثيقة

Resumen del artículo en español al final del documento

L’ONU vient d’apposer un sceau de légitimité sur le plan colonial du président Donald Trump pour Gaza. Dans ce reportage exclusif de Drop Site, des dirigeants de la résistance palestinienne évaluent l’état actuel de la guerre.

Introduction

Israël poursuit le siège de Gaza malgré le « cessez-le-feu » officiellement entré en vigueur le 10 octobre. Jour après jour, les forces israéliennes attaquent les Palestiniens dans l’enclave, tuant plus de 340 personnes depuis que Donald Trump a présenté son plan de « paix » comme un accomplissement monumental ouvrant une nouvelle ère. La majorité des morts sont des femmes et des enfants.

Durant la semaine écoulée, les forces israéliennes — qui occupent toujours plus de 50 % du territoire de Gaza — ont avancé encore davantage au-delà de la « ligne jaune ». Israël menace de reprendre son siège total si le Hamas ne désarme pas et ne se rend pas. L’État israélien refuse par ailleurs d’autoriser l’entrée des quantités de nourriture, de médicaments et de produits essentiels convenues dans l’accord.

Le 17 novembre, dans un geste sans précédent, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le plan néocolonial de Trump pour Gaza, incluant le déploiement d’une force internationale qui n’opérerait pas sous commandement onusien, mais sous la direction d’un conseil privé contrôlé par Trump. Selon ce dernier, cette force serait chargée de désarmer la résistance palestinienne et de démilitariser Gaza, afin de priver le peuple palestinien de son droit à l’autodéfense.

Dans le cadre de la série de Drop Site consacrée à la résistance palestinienne depuis le 7 octobre, des responsables de haut rang du Hamas et du Jihad islamique analysent le chemin qui a mené à la situation actuelle. Nous avons mené une série d’entretiens en personne avec ces dirigeants, qui y décrivent les événements ayant précédé l’accord de cessez-le-feu d’octobre, leur position sur le désarmement et sur le plan Trump, ainsi que leur vision de la lutte actuelle pour la libération nationale palestinienne.

Ce rapport de Jeremy Scahill et Jawa Ahmad est long et détaillé, mais nous pensons qu'il vaut vraiment la peine d'être lu.

L’incapacité de la plupart des médias occidentaux à relayer la perspective de la résistance palestinienne constitue une faute professionnelle et nuit profondément à la compréhension du public.


Des membres des Brigades Al-Qassam du Hamas près de la rue Bagdad, dans la ville de Gaza, le 5 novembre 2025. Photo Hamza Z. H. Qraiqea / Anadolu via Getty Images.

 La frappe de Doha

Peu après 15h46, heure de Doha, le 9 septembre, Osama Hamdan — un dirigeant de haut rang du Hamas — reçut l’appel d’un journaliste lui demandant s’il avait entendu parler d’une explosion qui venait de secouer la capitale qatarie. Hamdan se trouvait alors à une réunion, à l’autre bout de la ville, loin des bureaux du mouvement islamique de résistance, situés dans le quartier huppé de Legtaifiya, rue Wadi Rawdan. Il n’avait entendu aucun bruit.

« Il y a eu une explosion à Doha », se souvient-il que le journaliste lui a dit. « Je crois que vos gens ont été ciblés. »
Hamdan commença à appeler d’autres responsables du Hamas. « Personne ne répondait. Tous les téléphones étaient hors service », se remémore-t-il. « Au bout de cinq minutes environ, un des frères est venu me voir et m’a dit : “Il y a eu une frappe aérienne contre le bureau.” »

La tentative d’assassinat à Doha et le récit d’Osama Hamdan

Alors qu’il se rendait sur les lieux, Hamdan apprit par les médias que des responsables israéliens confirmaient une série de frappes visant à assassiner plusieurs dirigeants de haut rang du Hamas.
L’armée israélienne déclara que les membres de la direction visés « dirigeaient depuis des années les activités terroristes », qu’ils avaient « planifié et supervisé le massacre du 7 octobre » et « dirigeaient la guerre contre Israël ».

Selon Israël, la frappe avait pour objectif d’assassiner le chef du Hamas à Gaza, le Dr Khalil Al-Hayya. « Nous attendons de voir les résultats », déclara un responsable israélien.

Au moment des frappes, Benyamin Netanyahou participait à un événement organisé par l’ambassade usaméricaine à Jérusalem.
Il s’en vanta immédiatement : « Au début de la guerre, j’ai promis qu’Israël atteindrait ceux qui ont perpétré cette horreur. Aujourd’hui, c’est fait. »

Ces frappes israéliennes représentaient une escalade spectaculaire, d’autant qu’elles furent menées sur le territoire du Qatar, pays allié des USA, qui abrite le CENTCOM, l’un des principaux centres névralgiques militaires USaméricains au Moyen-Orient.

Les bureaux du Hamas à Doha avaient été établis en 2011 à la demande directe du gouvernement usaméricain, précisément afin de maintenir une voie de communication diplomatique ouverte avec le mouvement. Le Qatar, avec l’Égypte, joue depuis longtemps un rôle crucial de médiateur dans les conflits et négociations régionales.

Pour Hamdan, l’objectif israélien était clair : « C’était un message politique évident : Netanyahou ne voulait ni cessez-le-feu ni solution.
Il voulait éliminer la délégation qui négociait. En frappant au Qatar, il a montré qu’il ne respectait même pas ceux qui cherchent à obtenir un accord. »


Fumée s’élevant après les explosions survenues dans la capitale qatarie Doha, le 9 septembre 2025. Photo Jacqueline Penney / AFPTV / AFP via Getty Images.

Désinformation et bilan humain

Quelques minutes après les frappes, les réseaux sociaux furent inondés de comptes pro-israéliens affirmant que : Khalil Al-Hayya avait été tué, ainsi que Khaled Mechaal et Zaher Jabbarin.

Netanyahou se félicita publiquement de frappes visant « les chefs terroristes du Hamas ».

Mais Hamdan découvrit rapidement qu’aucun dirigeant majeur n’avait été tué. « Ils ont concentré les frappes sur l’endroit où ils pensaient que la réunion se tenait », explique-t-il. « Mais ils ont échoué. »

En réalité, les frappes tuèrent Hammam Al-Hayya, fils du Dr Khalil Al-Hayya, son secrétaire personnel, trois assistants et gardes du corps ainsi qu’un officier de sécurité qatari.

L’armée israélienne tira entre 10 et 12 missiles sur le complexe, détruisant les bureaux administratifs et l’appartement de la famille Al-Hayya. L’épouse du dirigeant, sa belle-fille et ses petits-enfants furent blessés.

Hamdan dut annoncer lui-même la mort de son fils à Al-Hayya. Ce dernier, qui avait déjà perdu un autre fils — Osama — tué dans une frappe israélienne en 2014, a perdu de nombreux membres de sa famille dans le génocide en cours.

Dans une déclaration publique empreinte de dignité, Al-Hayya affirma ensuite : « La douleur de perdre mon fils, mon compagnon, le directeur de mon bureau et les jeunes autour de moi, c’est une douleur immense. Nous ne sommes pas faits de fer ou de pierre. Nous pleurons nos martyrs, nos familles, nos frères. Mais ce que je vois chaque jour — les tueries, la tyrannie, les assassinats, la destruction à Gaza — me fait oublier ma douleur personnelle. Parce que je sens qu’ils sont tous comme mes propres enfants. »

Une frappe motivée par les négociations

Bien qu’Israël justifie publiquement la frappe de Doha au nom du 7 octobre, la réalité était toute autre : Il s’agissait d’éliminer l’équipe de négociation du Hamas au moment exact où elle examinait une nouvelle proposition usaméricaine.

Dans les jours précédant les frappes, l’administration Trump avait transmis au Hamas, via les médiateurs qataris, un texte présenté comme une nouvelle initiative de cessez-le-feu.
Ce document exigeait notamment la remise immédiate de tous les captifs israéliens — vivants et morts — détenus à Gaza.

Du point de vue du Hamas, cette “offre” ressemblait à un piège : elle était vague, elle n’engageait pas clairement Israël à mettre fin au génocide, elle ne garantissait aucune levée du siège ou retrait militaire.

Le Hamas se souvenait aussi qu’en mai, Trump avait renié une promesse similaire faite lors d’un échange visant à libérer le soldat usaméricano-israélien Edan Alexander.

Funérailles à Doha

Les funérailles furent organisées dès le lendemain, dans la capitale qatarie. Elles rassemblèrent une foule nombreuse : diplomates, responsables politiques, membres de la diaspora palestinienne, journalistes, et figures du mouvement national.

Le cercueil du fils de Khalil Al-Hayya — Hammam — fut porté en tête du cortège, suivi de ceux des quatre membres du Hamas tués dans la frappe, ainsi que celui de l’officier de police qatari. Les dirigeants du Hamas, visiblement éprouvés, prononcèrent des discours de deuil et de résilience.
Ils insistèrent sur le fait que l’attaque ne briserait pas la volonté palestinienne de poursuivre les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre — malgré l’évidence que l’objectif israélien était précisément d’éliminer la délégation chargée de négocier.


Funérailles à Doha du fils de Khalil Al-Hayya, de quatre membres du Hamas et d’un officier qatari tués lors de la frappe israélienne. Photo Diwan de l’Émirat du Qatar / Anadolu via Getty Images

Le Hamas avait accepté un accord avant les frappes israéliennes

Le 18 août — soit trois semaines avant la tentative d’assassinat de Doha — les factions palestiniennes avaient déjà accepté un accord de cessez-le-feu élaboré par les USA et Israël.

Cet accord, appelé “cadre Witkoff”, du nom de l’émissaire spécial usaméricain Steve Witkoff, comportait 13 points. Il incluait :

  • un cessez-le-feu de 60 jours,
  • la reprise de l’aide humanitaire,
  • la libération de la moitié des captifs israéliens, vivants ou morts,
  • la possibilité de prolonger la trêve pendant que les négociations se poursuivaient.

Pour les dirigeants palestiniens, il s’agissait d’un compromis difficile, mais acceptable, afin de stopper l’hécatombe à Gaza. Mohammad Al-Hindi, chef de la délégation du Jihad islamique, raconte : « Trump pensait que le Hamas ne remettrait jamais vingt captifs d’un seul coup. Nous avons consulté toutes les factions et décidé d’accepter l’accord Witkoff. »

Des concessions palestiniennes majeures

Dans l’accord du 18 août, les Palestiniens avaient accepté :

  • la libération immédiate de huit captifs le premier jour,
  • l’absence de calendrier clair pour le retrait israélien du corridor de Philadelphie,
  • une zone tampon israélienne plus profonde que ce qu’ils avaient exigé,
  • la possibilité d’un accord même sans garantie que la guerre cesserait complètement.

Selon un haut responsable qatari, le Hamas avait accepté 98 % de ce que les USA et Israël réclamaient.

Pourtant…

Israël ne répondit jamais. Les USA firent porter la faute au Hamas

Lorsque les Palestiniens annoncèrent qu’ils acceptaient l’accord, Israël ne donna aucune réponse officielle.

Au lieu de cela :

  • les responsables usaméricains déclarèrent que le Hamas bloquait les négociations,
  • l’armée israélienne accéléra les bombardements,
  • Israël annonça une nouvelle offensive terrestre imminente,
  • les médias israéliens affirmèrent que les Palestiniens « refusaient la paix ».

Al-Hindi : « Ils ont donné à Israël une excuse pour intensifier les frappes et prétendre que nous refusions un accord — alors que nous l’avions accepté. »

Una pauta escrita con sangre: la jerarquía del genocidio desde Al-Fashir hasta El-Geneina y su conexión con la guerra de los EAU contra Sudán

 

Darfur Union in the UK (Unión de Darfur en el Reino Unido), 15/11/2025

نمطٌ مكتوب بالدم: هرمية الإبادة الجماعية من الفاشر إلى الجنينة وصلتها بحرب الإمارات على السودان

A Pattern Written in Blood: The Hierarchy of Genocide from Al-Fashir to El-Geneina and Its Connection to the UAE’s War on Sudan

 

Traducido por Tlaxcala

 

Durante casi tres años, el mundo ha visto surgir fragmentos de horror desde Sudán: una fosa común descubierta aquí, un barrio arrasado allá, un convoy de familias huyendo y perseguido en la carretera. Sin embargo, lo que ocurre hoy en Al-Fashir no es un episodio aislado. Es el capítulo más reciente de un proyecto más amplio y meticulosamente organizado de exterminio. Un patrón de genocidio perfeccionado de una ciudad sudanesa a otra: El-Geneina, Kutum, Zalingei, Nyala, El-Obeid, Al-Gezira, y ahora culminando en la ciudad sitiada e invadida de Al-Fashir.


Marcha “¡Fuera las manos de Sudán!” en Londres el 9 de noviembre de 2024. Foto Mark Kerrison/In Pictures via Getty Images

Esto no es caos.
Esto no es un «conflicto tribal». Esto no es un colapso del orden.
Es un sistema jerárquico y coordinado de violencia, posibilitado, financiado, armado y dirigido con intención.

Y en el centro de ese sistema están las Fuerzas de Apoyo Rápido (RSF), respaldadas por los Emiratos Árabes Unidos, junto con las redes extranjeras que las sostienen.

 

I. Un genocidio con plano: el modelo reciclado de aniquilación

Lo que ocurre en Al-Fashir ha ocurrido antes, casi paso a paso, en Darfur y en todo Sudán.
El modelo es consistente:

1.      Rodear la ciudad: asedio, puntos de estrangulamiento, bloqueos.

2.     Cortar las comunicaciones: apagón, interferencias, intimidación a periodistas.

3.     Hambrear y aterrorizar: cortar comida, agua y medicinas.

4.    Invadir con violencia abrumadora: drones, artillería, columnas de combatientes.

5.     Separar a los civiles por origen étnico: los hombres ejecutados; las mujeres violadas en masa.

6.    Saquear, incendiar y vaciar la ciudad: hogares, mercados, hospitales.

7.     Fosas comunes y charcos de sangre: pruebas confirmadas por satélite.

8.    Enviar equipos mediáticos para blanquear la situación y decir al mundo que «la vida es normal».

El-Geneina siguió este guion primero.
Luego Kutum y Zalingei. Después Nyala, Jebel Aulia, Madani y cientos de aldeas rurales.
Y ahora Al-Fashir sufre la misma crueldad calculada, pero a una escala no vista desde el genocidio de Ruanda.

 

II. El-Geneina: la primera Al-Fashir

La Darfur Union in the UK documentó —ampliamente, públicamente y con rigor— lo ocurrido en El-Geneina mediante decenas de artículos en nuestro sitio web.

En El-Geneina, como en Al-Fashir:

• Se cavaban fosas comunes a plena luz del día.
• Cuerpos yacían en las calles, la sangre corriendo por las alcantarillas.
• Mujeres eran violadas, a menudo frente a sus familias.
• Distritos enteros fueron vaciados, incendiados y borrados.
• El gobernador de Darfur Occidental, Khamis Abbakar, fue asesinado bajo custodia, un crimen difundido con orgullo por los perpetradores, seguido de la profanación del cadáver.

Cada uno de los rasgos de aquella campaña de exterminio reaparece hoy en Al-Fashir.
La única diferencia es la escala, y la velocidad con la que las RSF pasan de la masacre a la manipulación mediática.

 

III. Violencia sistemática y jerárquica, nunca «combatientes indisciplinados»

Las atrocidades en Al-Fashir no son actos espontáneos de soldados rebeldes. Son el producto de una cadena de mando con:

• liderazgo estratégico,
• redes logísticas,
• suministros militares extranjeros,
• y un marco ideológico destinado a expulsar a las comunidades no árabes de sus tierras.

Cada fase —desde el asedio hasta el saqueo, desde los videos de tortura hasta las ejecuciones masivas— responde a una doctrina centralizada posibilitada por los Emiratos Árabes Unidos:

• Suministran armas y municiones.
• Envían drones avanzados utilizados para bombardear zonas civiles.
• Proporcionan mercenarios de múltiples regiones.
• Controlan centros logísticos en Chad, Libia y Puntlandia.
• Gestionan narrativas políticas a través de medios bajo su control.

Esto no es apoyo.
Esto es dirección estratégica.
Y debido a este respaldo, las RSF actúan con absoluta impunidad, seguras de que cada masacre recibirá cobertura diplomática y mediática.

 

IV. Borrando las pruebas: la guerra mediática de los EAU

Una vez invadida Al-Fashir, los medios alineados con los Emiratos se apresuraron a entrar.
Sky News Arabia, propiedad de intereses emiratíes, envió Tsabih Mubarak y otros corresponsales,

no para documentar el genocidio, sino para borrarlo.

Grabaron calles seleccionadas.
Sonrieron junto a ruinas aún manchadas de sangre.
Evitaron las fosas comunes.
Evitaron los hospitales donde civiles heridos eran ejecutados.
Evitaron los lugares donde mujeres fueron violadas en masa.

Esta es la rama mediática del genocidio: una máquina de propaganda activada en cuanto termina la matanza, para reemplazar la realidad con «normalidad».

Y en línea, miles de cuentas automatizadas, influenciadores financiados por los EAU y redes coordinadas intentan ahogar los testimonios sudaneses bajo narrativas fabricadas.

Pero su campaña fracasa. Cada hora, voces sudanesas rompen el cerco. Más pruebas se filtran.
Más sobrevivientes hablan. Más documentación emerge.
Como siempre, la verdad supera a la propaganda.

 

V. Al-Fashir hoy: un genocidio en tiempo real

Lo que ocurre ahora en Al-Fashir no es «posconflicto». Sigue en marcha.

• Civiles ejecutados en grupos, a menudo tras separación étnica.
• Mujeres violadas por unidades proporcionadas por los EAU.
• Familias obligadas a pagar rescates por sus familiares secuestrados.
• Barrios enteros incendiados.
• Charcos de sangre captados por satélites de Maxar.
• Civiles torturados en vídeo para aterrorizar a otros.

Este es un genocidio en presente.

 

VI. Una impunidad construida sobre patrocinio extranjero

Cada atrocidad es facilitada por:

• Armas de los EAU (transportadas a través de Chad, Libia y el Cuerno de África).
• Bombardeos aéreos realizados con drones suministrados por los Emiratos que atacan refugios, hospitales y centros de alimentos.
• Estrategia militar coordinada por agentes de inteligencia emiratíes integrados en la estructura de mando de las RSF.
• Equipos mediáticos enviados a Al-Fashir para limpiar la narrativa.

Por eso las RSF luchan sin restricciones: porque no luchan solas.

 

VII. Un llamado al mundo: dejar de fingir que esto es «local»

El genocidio en Al-Fashir, como antes en El-Geneina, no es «sudanés». No es «tribal». No es «caos en un Estado frágil».
Es un proyecto transfronterizo de exterminio patrocinado por un Estado, con logística bien financiada, armas avanzadas, mando externo y protección política deliberada. Para abordarlo, el mundo debe reconocer estos hechos.

El silencio es complicidad. Negarse a nombrar a los EAU es complicidad. Repetir el lenguaje de las RSF es complicidad. Enviar periodistas a blanquear Al-Fashir es complicidad. Tratar el genocidio como un «conflicto» es complicidad.

 

VIII. Conclusión: las pautas solo terminan cuando se les enfrenta

Al-Fashir no es una anomalía: es la última prueba de un sistema de destrucción sin control durante décadas. El mismo plano. Las mismas armas. La misma ideología. Los mismos perpetradores.
Los mismos patrocinadores.

El genocidio se repite cuando el mundo finge no verlo.

La Darfur Union in the UK seguirá documentando, exponiendo y exigiendo responsabilidades a todo actor —sudanés o extranjero— que haya contribuido a la destrucción de nuestro pueblo. Porque esta vez, el mundo no podrá decir: «No lo sabíamos.»

Nosotros, la Darfur Union in the UK y la diáspora sudanesa, exigimos lo siguiente al gobierno británico y a la comunidad internacional:

1.      Imponer sanciones específicas a los Emiratos Árabes Unidos por patrocinar y facilitar genocidios y crímenes de guerra en Sudán.

2.     Designar a las Fuerzas de Apoyo Rápido (RSF) como organización terrorista según la legislación del Reino Unido.

3.     Abrir una investigación parlamentaria y judicial sobre el uso de armas o tecnología británica en Sudán, y sobre los sistemas financieros que pudieron facilitar estos traslados.

4.    Condenar públicamente el papel de los EAU ante las Naciones Unidas y en todos los foros internacionales, y exigir su cooperación con investigaciones independientes sobre crímenes de guerra.

5.     Apoyar un acceso humanitario sin restricciones a Al-Fashir y Darfur, priorizando la ayuda médica para víctimas de violencia sexual y hambre.

6.    Garantizar la rendición de cuentas por la propaganda de guerra, incluido el uso indebido de medios para ocultar pruebas de crímenes en curso.


Un canevas écrit dans le sang : la hiérarchie du génocide, d’El-Fasher à El-Geneina, et son lien avec la guerre menée par les Émirats arabes unis contre le Soudan


Darfur Union in the UK (Union du Darfour au Royaume-Uni), 15/11/2025

نمطٌ مكتوب بالدم: هرمية الإبادة الجماعية من الفاشر إلى الجنينة وصلتها بحرب الإمارات على السودان

A Pattern Written in Blood: The Hierarchy of Genocide from Al-Fashir to El-Geneina and Its Connection to the UAE’s War on Sudan

Traduit par Tlaxcala

 

Depuis presque trois ans, le monde voit surgir des fragments d’horreur du Soudan : une fosse commune découverte ici, un quartier incendié là, un convoi de familles en fuite traqué sur la route. Mais ce qui se déroule aujourd’hui à El-Fasher n’est pas un événement isolé. C’est le dernier chapitre d’un projet d’extermination plus vaste, méticuleusement organisé. Un schéma de génocide affiné d’une ville soudanaise à l’autre : El-Geneina, Kutum, Zalingei, Nyala, El-Obeid, Al-Gezira, et culminant maintenant dans la ville assiégée et envahie d’El-Fasher.


Manifestation « Bas les pattes du Soudan» à Londres le 9 novembre 2024. Photo Mark Kerrison/In Pictures via Getty Images

Ce n’est pas le chaos.
Ce n’est pas un « conflit tribal ».
Ce n’est pas un effondrement de l’ordre.
C’est un système de violence hiérarchisé, coordonné, rendu possible, financé, armé et dirigé intentionnellement.

Et au cœur de ce système se trouvent les milices des Forces de soutien rapide (FSR), soutenues par les Émirats arabes unis (EAU), ainsi que les réseaux étrangers qui les alimentent.

 

I. Un génocide avec un plan : le modèle recyclé de l’anéantissement

Ce qui se passe à El-Fasher s’est déjà produit, presque pas à pas, à travers le Darfour et le Soudan.
Le modèle est constant :

1.      Encercler la ville : siège, points d’étranglement, barrages routiers.

2.     Couper les communications : blackout, brouillage, intimidation des journalistes.

3.     Affamer et terroriser : couper nourriture, eau, médicaments.

4.    Envahir avec une violence écrasante : drones, artillerie, colonnes de combattants.

5.     Séparer les civils par ethnicité : les hommes exécutés ; les femmes soumises à des viols de masse.

6.    Piller, brûler, vider la ville : maisons, marchés, hôpitaux.

7.     Fosses communes et mares de sang : preuves confirmées par satellite.

8.    Envoyer des équipes médiatiques de blanchiment pour dire au monde « la vie est normale ».

El-Geneina a suivi le script en premier.
Puis Kutum et Zalingei. Puis Nyala, Jebel Aulia, Madani, et des centaines de villages ruraux.
Et maintenant, El-Fasher subit la même cruauté calculée, mais à une échelle inégalée depuis le génocide rwandais.

 

II. El-Geneina : la première El-Fasher

La Darfur Union in the UK a documenté — largement, publiquement et minutieusement — ce qui s’est passé à El-Geneina à travers des dizaines d’articles publiés sur notre site.

À El-Geneina, comme à El-Fasher :

• Des fosses communes étaient creusées en plein jour.
• Des corps jonchaient les rues, le sang coulant dans les caniveaux.
• Des femmes étaient violées, souvent devant leurs familles.
• Des quartiers entiers ont été vidés, brûlés, effacés.
• Le gouverneur du Darfour-Ouest, Khamis Abbakar, a été assassiné en détention — un crime fièrement filmé et diffusé par les auteurs, suivi par la profanation du corps.

Chaque élément de cette campagne d’extermination réapparaît aujourd’hui à El-Fasher.
La seule différence est désormais l’échelle — et la rapidité avec laquelle les FSR passent du massacre à la manipulation médiatique.

 

III. Une violence systématique et hiérarchisée, jamais des « combattants indisciplinés »

Les atrocités commises à El-Fasher ne sont pas des actes spontanés de soldats incontrôlés. Elles résultent d’une chaîne de commandement dotée :

• d’une direction stratégique,
• de réseaux logistiques,
• de fournitures militaires étrangères,
• et d’un cadre idéologique visant à expulser les communautés non arabes de leurs terres.

Chaque phase — du siège au pillage, des vidéos de torture aux exécutions de masse — correspond à une doctrine centralisée, rendue possible par les Émirats arabes unis

• Fourniture d’armes et de munitions.
• Envoi de drones avancés pour bombarder des zones civiles.
• Recrutement de mercenaires venus de plusieurs régions.
• Gestion de nœuds logistiques au Tchad, en Libye et au Puntland.
• Contrôle des récits politiques via des médias qui leur appartiennent.

Ce n’est pas du soutien. C’est de la direction stratégique.
Et grâce à cet appui, les FSR agissent en toute impunité, certaines que chaque massacre sera couvert diplomatiquement et médiatiquement.


IV. Effacer les preuves : la guerre médiatique des EAU

Une fois El-Fasher envahie, les médias alignés sur les Émirats ont afflué.
Sky News Arabia, détenue et contrôlée par les intérêts émiratis, a dépêché Tsabih Moubarak et d’autres correspondants, 
non pas pour documenter le génocide, mais pour l’effacer.

Ils ont filmé quelques rues triées sur le volet.
Ils ont souri devant des ruines encore imprégnées de sang.
Ils ont évité les fosses communes.
Ils ont évité les hôpitaux où des civils blessés étaient exécutés.
Ils ont évité les lieux où des femmes ont été violées en masse.

Ceci est le bras médiatique du génocide : une machine de propagande activée dès que le massacre est terminé, pour imposer au monde une version « normalisée ».

Et en ligne, des milliers de comptes automatisés, d’influenceurs financés par les EAU, et de réseaux coordonnés tentent d’étouffer les témoignages soudanais sous des récits fabriqués.

Mais leur campagne échoue. Chaque heure, des voix soudanaises percent. Plus de preuves émergent.
Plus de survivants témoignent. La documentation s’accumule. Comme toujours, la vérité survit à la propagande.

 

V. El-Fasher aujourd’hui : un génocide en temps réel

Ce qui se passe maintenant à El-Fasher n’est pas de « l’après-conflit ».
C’est en cours.

• Civils exécutés par groupes, souvent séparés par ethnicité.
• Femmes violées par des unités fournies par les EAU.
• Familles forcées de payer des rançons pour leurs proches enlevés.
• Quartiers entiers incendiés.
• Mares de sang visibles sur les images satellites de Maxar.
• Civils torturés filmés pour terroriser les autres.

C’est un génocide au présent.

 

VI. Une impunité rendue possible par un parrainage étranger

Chaque atrocité est facilitée par :

• Des armes fournies par les EAU (transportées via le Tchad, la Libye et la Corne de l’Afrique).
• Des bombardements aériens menés par des drones émiratis ciblant abris, hôpitaux et centres alimentaires.
• Une stratégie militaire coordonnée par des agents de renseignement émiratis intégrés dans la chaîne de commandement des FSR.
• Des équipes médiatiques envoyées à El-Fasher pour blanchir le récit.

Les FSR ne combattent pas seules : elles combattent sous direction étrangère.


VII. Un appel au monde : cesser de prétendre que c’est « local »

Le génocide d’El-Fasher, comme celui d’El-Geneina, n’est pas « soudanais ». Il n’est pas « tribal ». Il n’est pas « le chaos d’un État fragile ».
C’est un projet transfrontalier d’extermination étatique, impliquant une logistique financée, des armes avancées, un commandement externe et une couverture politique délibérée. Pour y répondre, le monde doit reconnaître ces faits.
Le silence est de la complicité. Refuser de nommer les EAU est de la complicité. Répéter le langage des FSR est de la complicité. Envoyer des journalistes blanchir El-Fasher est de la complicité. Traiter le génocide comme un « conflit » est de la complicité.

 

VIII. Conclusion : les canevas ne cessent que lorsqu’on les affronte

El-Fasher n’est pas une anomalie : c’est la dernière preuve d’un système de destruction laissé sans contrôle depuis des décennies. Le même plan. Les mêmes armes. La même idéologie. Les mêmes auteurs. Les mêmes commanditaires.

Le génocide se répète lorsque le monde prétend ne pas le voir.

La Darfur Union in the UK continuera de documenter, d’exposer et de tenir pour responsables chaque acteur — soudanais ou étranger — ayant contribué à la destruction de notre peuple.

Car cette fois, le monde ne pourra pas dire : « Nous ne savions pas. »

Nous, la Darfur Union in the UK et la diaspora soudanaise, formulons des demandes claires au gouvernement britannique et à la communauté internationale :

1.      Imposer des sanctions ciblées contre les Émirats arabes unis pour avoir sponsorisé et permis des génocides et crimes de guerre au Soudan.

2.     Désigner les Forces de soutien rapide (FSR) comme organisation terroriste selon le droit britannique.

3.     Ouvrir une enquête parlementaire et judiciaire sur l’usage d’armes ou de technologies britanniques au Soudan, ainsi que sur les circuits financiers ayant facilité ces transferts.

4.    Condamner publiquement le rôle des EAU aux Nations unies et dans toutes les enceintes internationales, et exiger leur coopération avec les enquêtes indépendantes sur les crimes de guerre.

5.     Soutenir un accès humanitaire sans entrave à El-Fasher et au Darfour, en priorisant l’aide médicale aux victimes de violences sexuelles et de famine.

Exiger des comptes en matière de propagande de guerre, y compris l’usage de médias pour dissimuler des preuves de crimes en cours.