30/11/2025

”اللعنة المباركة“ التي تعيد تعريف إسرائيل: حدود عالمية، المنعطف الغزّاوي، ونظام جديد

جدعون ليفي ، هآرتس 
2025/11/19

   ترجمها تلاكسكالا 

متظاهرون يحتجّون ضد رئيس الوزراء بنيامين نتنياهو والحرب على غزة، بالقرب من القدس في سبتمبر.
تصوير: أوليفييه فيتوسي

تنهال علينا الأخبار السارّة كهدايا من السماء. ففي وسائل الإعلام يُقدَّم كلّ شيء كهزائم وكوارث، لكن لم نشهد منذ زمن طويل تغييرًا يبعث الأمل.

وإليكم القائمة: يشهد الإسرائيليون والفلسطينيون تسارعًا في في عملية توسّع رقعة الصراع ليأخذ بعدًا دوليا ؛ وقد أقرّ مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة قرارًا يسير في الاتجاه الصحيح؛ وتُعاد إسرائيل إلى حجمها الحقيقي بسرعة مشجّعة، كما أن مصير الفلسطينيين يُنتزَع أكثر فأكثر من سيطرتها الحصرية. من الصعب طلب المزيد. فما عُرض في إسرائيل كسلسلة من الهزائم المهينة هو في الواقع مجموعة من التطورات المشجّعة.

أهمّ هذه التطورات هو إعادة إسرائيل إلى حجمها الفعلي. فالقوة العظمى عادت قوة عظمى، ودولة تابعة عادت إلى مكانها الطبيعي. لقد انتهت الحالة التي كان يصعب فيها معرفة من في جيب من؛ ذلك التشوّش في الأدوار بين القوة العظمى والدولة التابعة، الذي استمرّ عقودًا، قد وصل إلى نهايته. وهذه أنباء جيّدة لإسرائيل.

لقد مات جنونُ العظمة، وانتهى وهمُ الدولة بعظمتها وقدرتها المطلقة. وهذا أمر جيّد. لم يعد بإمكان إسرائيل أن تفعل ما تشاء. كان لا بدّ لمجازر غزة أن تنتهيليس لأن رئيس الوزراء بنيامين نتنياهو أراد ذلك، بل لأن الرئيس الأميركي دونالد ترامب أمر بذلك. ولولا تدخّله لاستمرّت المجازر.

 أما «الهزيمة» المتمثلة في صفقة تزويد السعودية بطائرات F-35 فليست بالضرورة هزيمة. فقد تؤدّي لامركزية السلاح في المنطقة إلى كبح إسرائيل، التي تصرّفت حتى اليوم كبلطجيّ الحيّ الذي يخشاه الجميع: تقصف وتغتال في كل مكان، وتنتهك كلّ سيادة ممكنة، ويُسمح لها بكل شيء ولا تُعاقَب على شيء.

لقد انتهى هذا الأمر، وهذا جيّد لإسرائيل، لأن كثيرًا من الكوارث التي حلّت بها كانت نتيجة مباشرة لغطرستها وعدوانيتها، وكأنّ لا دولة غيرها في المنطقة. الآن هناك دولة أخرى. لن تكون إسرائيل الوحيدة في الجوار التي تمتلك أحدث طائرة مقاتلة في العالم؛ ولن تبقى هذه القدرة حكرًا عليها، و ستضطر للتفكير مليًا قبل غارتها التالية في المنطقة.

 


رئيس الوزراء الإسرائيلي بنيامين نتنياهو يتحدّث في الهيئة العامة للكنيست، البرلمان الإسرائيلي، في القدس الأسبوع الماضي.

تصوير: رونين زفولون/رويترز

كما أنّ استحواذ الولايات المتحدة على إدارة ما يجري في غزة تطوّرٌ إيجابي أيضًا. فعلى مدى عقود، وخصوصًا خلال العامين الماضيين، شاهدنا ما تجيد إسرائيل فعله في القطاع. والنتيجة: غزة أصبحت مقبرة. هناك الآن لاعب جديد في الساحة؛ فلنرَ ما يمكنه أن يفعل. لا يمكن أن يكون أسوأ مما فعلته إسرائيل.

وقد يؤدّي نزع السيطرة من يد إسرائيل إلى عملية مماثلة في الضفة الغربية. إنّ الأمر يقترب من حلم. فقد يؤدّي دخول قوّة دولية إلى الضفة الغربية إلى إنهاء الوضع الذي تعيش فيه أمة بلا حماية ولا حقوق، بينما تسيء إليها أمة أخرى بلا انقطاع. لا يزال هذا رؤية بعيدة، لكنه قد يتحقق.

 

وفي الوقت نفسه، تعزّز الولايات المتحدة علاقاتها مع السعودية. كيف يضرّ هذا بإسرائيل تحديدًا؟ إنّ إسرائيل تطالب بالفعل بتعويض عن فقدان «تفوقها العسكري النوعي»، وكأنّ هذا التفوّق مُنح لها بوعد إلهي إلى جانب حقّها الحصري بهذه الأرض. على أي أساس تعتقد إسرائيل أنها وحدها تستحق الحق في التسلّح حتى الأسنان؟

فلسطينيون يسيرون قرب أنقاض مبانٍ مدمّرة، وسط وقف إطلاق نار بين إسرائيل وحماس، في مدينة غزة، يوم الأربعاء.
تصوير: داوود أبو القس/رويترز

هجمات في كل مرة يحدث فيها ما لا يعجبها، وانتهاكات صارخة لوقف إطلاق النار، واغتيالات وأعمال إرهاب: لا تعتقد إسرائيل فقط أن كل شيء مباح لها، بل تقتنع أيضًا بأن شيئًا لا يحقّ لغيرها.

لقد أفسدت هذه العقليةُ الدولةَ، وربما حان الآن الوقت لنهايتها. فإسرائيل أقلّ طموحًا وأكثر تواضعًا، وأقلّ تسليحًا بأسلحة هجومية، قد تكون لها فرصة في أن تُقبَل أكثر في المنطقة.

في عام 1970، نشر المؤرخ الإسرائيلي شبتاي طيفِت النسختين العبرية والإنجليزية من كتابه حول الثمن الباهظ الذي دفعته إسرائيل مقابل انتصارها في حرب الأيام الستة عام 1967، بعنوان: البركة الملعونة: قصة احتلال إسرائيل للضفة الغربية. واليوم، آن أوان «اللعنة المباركة»: لم تعد اللعنات تهطل علينا، بل لعلّها بركات تُنهي حقبة المسيحانية والغطرسة تجاه الجميع. بداية العودة إلى الواقع.

Gaz, guerre et pillage : les intérêts énergétiques derrière le génocide à Gaza

Yul Jabour, Tribuna Popular, 29/11/2025
Traduit par Tlaxcala

 

Yul Jabour Tannous (Caracas, 1970) est un militant communiste et avocat diplômé de l’Université Centrale du Venezuela. Il a intégré le Parti Communiste du Venezuela (PCV) en 1988, et il est actuellement membre de son Bureau Politique. Il a été député à l’Assemblée nationale du Venezuela pour l’État de Cojedes durant la période 2011-2016 puis pour l’État de Yaracuy entre 2016 et 2021. Il est secrétaire général du Comité de Solidarité Internationale (COSI).


Le génocide à Gaza, exécuté par l’État sioniste d’Israël depuis le 7 octobre 2023, fait partie de la stratégie usaméricaine et européenne de reconfiguration régionale connue sous le nom de « Nouveau Moyen-Orient ». Son objectif est d’affaiblir l’axe de résistance antisioniste, de consolider Israël comme puissance militaire et d’assurer le contrôle des principales sources d’énergie et routes commerciales pour le grand capital.

Gazaoduc


Le sionisme, créé et promu à l’origine par les colonialismes britannique et français au XIX siècle, puis financé par les USA et leurs alliés européens, a porté depuis la création de l’entité sioniste en 1948 un projet de nettoyage ethnique. L’offensive commencée en 2023 constitue l’un des épisodes les plus atroces enregistrés dans l’histoire contemporaine.

Le Bureau des Médias du gouvernement à Gaza a indiqué qu’entre octobre 2023 et octobre 2025, plus de 76 600 personnes avaient été assassinées ou portées disparues sous les décombres, dont 60 % de femmes et d’enfants. Au moins 2 605 Palestiniens ont été tués et plus de 19 000 blessés alors qu’ils cherchaient de l’aide humanitaire.

La destruction des infrastructures atteint 90 %, avec 80 % de la population déplacée, du fait des attaques aériennes, d’artillerie et terrestres, ainsi que du blocus total qui a coupé l’électricité, l’eau, le carburant et les biens essentiels. Les zones résidentielles, les écoles, les hôpitaux et les camps de réfugiés ont été systématiquement bombardés.

Alors que Gaza est ravagée et soumise à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité — avec des bombardements constants et la coupure totale de l’électricité, de l’eau et des combustibles — le ministre israélien de l’Énergie a annoncé que BP (British Petroleum) et ENI (Ente Nazionale Idrocarburi) avaient engagé des « investissements sans précédent » pour l’exploration du gaz naturel*. Une fois encore, combustibles fossiles, capital et guerre se combinent dans l’équation caractéristique des interventions impérialistes contre les peuples.

En 2000, Yasser Arafat annonçait la découverte des premiers gisements au large de la côte de Gaza, baptisés Gaza Marine. Cette zone, appartenant au bassin du Levant méditerranéen, abrite l’une des plus grandes réserves mondiales de gaz offshore, suffisante pour approvisionner cent millions de personnes pendant plus de deux décennies. Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU), ces gisements s’étendent principalement au large de la Palestine et d’Israël, et dans une moindre mesure en face du Liban et de l’Égypte. Le rapport souligne qu’étant un système souterrain interconnecté, les réserves doivent être considérées comme une ressource partagée ; il recommande donc une exploitation conjointe sous une formule équitable de répartition, octroyant aux Palestiniens une participation majoritaire tant dans les gisements situés sous leur sous-sol que dans la part correspondante des réserves communes.

En parallèle aux découvertes palestiniennes, Israël a lancé ses propres explorations aux côtés de la compagnie pétrolière usaméricaine Noble Energy. Entre 2009 et 2010, l’existence de l’énorme gisement de gaz Tamar a été confirmée. Son développement, évalué à 3 milliards de dollars, a été financé par des banques comme JP Morgan, Citigroup, Barclays et HSBC. En 2012, Noble Energy et ses partenaires ont signé un contrat pour fournir du gaz à Israël pour 14 milliards de dollars sur 15 ans, montant pouvant être porté à 23 milliards. Un autre accord a ensuite été signé pour 32 milliards. Ces projets ont transformé radicalement la matrice énergétique israélienne : jusqu’alors, le pays dépendait des importations de gaz et de charbon et devait acquérir 70 % du gaz qu’il consommait (dont 40 % provenaient d’Égypte). En 2018, Tamar générait déjà 60 % de l’électricité d’Israël. En 2020, Chevron a acquis 30 % du projet en rachetant Noble Energy. Bien que les gisements soient situés au large, la plateforme de traitement de Tamar opère à seulement 10 kilomètres au nord de Gaza.

Puis une découverte encore plus importante a suivi : le gisement Léviathan, dont les installations ont commencé à être construites en 2017 après confirmation qu’il contenait des réserves capables de couvrir la consommation d’Israël pendant 40 ans. Sa mise en service en 2020 a consolidé le basculement énergétique : Israël est passé d’un statut d’île énergétique dépendante de l’extérieur à celui d’exportateur net. Les exportations sont dirigées principalement vers l’Égypte et la Jordanie, renforçant sa position de puissance régionale et expliquant en partie l’inaction de ces gouvernements face à la tragédie palestinienne. En juin 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un accord pour importer du gaz israélien comme alternative au gaz russe, via un gazoduc sous-marin longeant Gaza jusqu’en Égypte, où il serait transformé en gaz naturel liquéfié avant d’être envoyé en Europe. Outre les bénéfices économiques, cet accord a renforcé la capacité de pression d’Israël sur l’UE.

En pleine catastrophe humanitaire, en novembre 2023, la Commission européenne a publié une nouvelle liste de projets énergétiques prioritaires, incluant le gazoduc EastMed. Ce projet, officiellement appelé EuroAsia Interconnector, vise à relier la ville israélienne de Hadera, située à 106 kilomètres au nord de Gaza, à la Grèce via Chypre. Le gazoduc sera alimenté par les gisements chypriotes, par Léviathan et, possiblement, par Gaza Marine.

Pendant ce temps, Gaza Marine reste intact sous les eaux, face à un territoire qui aujourd’hui n’a accès à aucun type de combustible. Après l’opération « Plomb Durci » en 2008, les négociations entre la Palestine et Israël ont définitivement échoué et Tel-Aviv a assumé le contrôle effectif des eaux juridictionnelles palestiniennes, militarisant la côte et confisquant les gisements, en violation flagrante du droit international.

En plus du gaz, on trouve en Cisjordanie le gisement pétrolier Meged, dont les réserves sont estimées à 1,5 milliard de barils, d’une valeur dépassant les 100 milliards de dollars. Bien que 80 % du champ se situe en territoire palestinien, Israël l’exploite sans verser la moindre compensation.


À cela s’ajoute le retour du projet israélien du canal Ben Gourion, proposé en 1956, qui connecterait le golfe d’Aqaba à la Méditerranée comme alternative au canal de Suez. Ce serait un canal plus long que celui d’Égypte, et dont la route prévue passe près de la frontière nord de Gaza. Certains analystes soulignent qu’Israël pourrait même tracer le canal en lui faisant traverser Gaza. S’il se concrétisait, ce corridor modifierait les dynamiques du commerce mondial, conférant à Israël une importance stratégique inédite.

Le 10 octobre a été annoncé un prétendu cessez-le-feu à Gaza, promu par les USA et soutenu par la Turquie, l’Égypte et le Qatar. Mais loin d’être un accord de paix, ce mécanisme constitue une extension du soi-disant « Deal du Siècle » : il vise à transformer la bande de Gaza en un protectorat usaméricain de facto et à laisser intacte l’occupation israélienne de toute la Palestine, en particulier d’un territoire dont la richesse énergétique a été systématiquement confisquée.

Cet accord ne vise pas la paix : il fait partie intégrante des projets impérialistes visant à redessiner « un nouveau Moyen-Orient », à assurer le contrôle des routes stratégiques et à sécuriser l’accès aux gisements de gaz du Levant. Dans cette logique, le régime israélien — responsable de la dévastation de Gaza et du pillage énergétique de toute la Palestine — demeure entièrement indemne, protégé par ceux qui bénéficient de son rôle d’enclave militaire et énergétique dans la région.

*NdT: l'alors ministre de l'Énergie Israel Katz (devenu ensuite ministre de la Guerre) a annoncé fin octobre 2023 que 12 licences d'exploration de gaz avaient été accordées pour 3 ans à 2 consortiums : d'une part celui constitué par ENI, Dana Petroleum (filiale écossaise d'une compagnie sud-coréenne) et Ratio Energies, d'autre part celui constitué par BP, la Compagnie pétrolière d'État de l'Azerbaïdjan (SOCAR) et NewMed Energy.