13/08/2025

TIGRILLO L. ANUDO
La mort de Miguel Uribe Turbay en Colombie : changeons le discours

Tigrillo L. Anudo, La Pluma, 13/8/2025
Original
Traduit par Tlaxcala

 La Colombie est une collision permanente d’astéroïdes narratifs. Ils viennent du spectre électromagnétique, de sources inconnues mais connues, ils sont apportés par les vents, poussés par les tempêtes, s’alignent sur des idéologies, s’installent dans les esprits et les cœurs.

Tout n’est pas le fruit du hasard. Les ondes des mots génèrent des échos et des résonances. Des niches accueillantes. Les échos mobilisent les volontés qui partagent leurs énergies. Ils se transforment en événements.

Chaque assassinat politique en Colombie est précédé d’un processus déclencheur avec des déterminants. Les assassinats politiques sont des chroniques de morts annoncées.

La mort de Miguel Uribe Turbay nous attriste, nous démocrates, car aucun Colombien ne devrait mourir pour ses opinions, son affiliation politique ou ses croyances. Tout comme ont été douloureux, à leur époque, les assassinats de Rafael Uribe Uribe en 1914, de Jorge Eliécer Gaitán en 1948, de Héctor Abad Gómez en 1987, de Jaime Pardo Leal en 1987, de Luis Carlos Galán en 1989, celui de Carlos Pizarro en 1990, celui de Bernardo Jaramillo en 1990, celui de Manuel Cepeda en 1994, celui d’Álvaro Gómez Hurtado en 1995, celui de Jesús María Valle en 1998, celui de Jaime Garzón en 1999, celui de plus de 6 000 membres de l’Union patriotique – 1984-2004 -, celui de milliers de leaders sociaux, paysans et syndicaux.

La mort politique est décrétée dans les paroles quotidiennes, lors des déjeuners de travail, dans les réunions entre amis et camarades de parti, lors des fêtes et des moments de détente, dans les récits des médias capitalistes. La mort et le crime se promènent tranquillement dans les esprits animés par des idéologies erronées, c’est-à-dire fanatiques.

Nous attirons également la mort vers nous par les mots que nous utilisons, par la manière dont nous parlons des autres, par les idéologies que nous professons.

Il est temps de nous solidariser avec la famille de Miguel Uribe Turbay, avec l’incertitude et la douleur qu’elle n’aurait pas dû ressentir. Il est temps de rejeter toute forme de violence contre tout Colombien. Il est temps d’invoquer la prudence, le respect des différences politiques, la promotion d’une liberté d’expression responsable, la protection de la vie humaine avant toute autre cause. Il est également temps de demander aux médias capitalistes de changer leur discours.

La violence en général est un phénomène structurel dans la société colombienne. Le modèle de développement économique est violent, la façon de faire de la politique est violente, les pratiques de gouvernance sont violentes, les institutions sont violentes. Tout cela conduit à des réponses et à des issues désespérées et violentes. Il s’agit purement et simplement d’une question d’action-réaction, de réflexe, de comportements conditionnés.

C’est pourquoi, dans un contexte où le fil qui sépare la coexistence pacifique de l’explosion violente est imperceptible, il est nécessaire d’être prudent dans ses propos, de s’exprimer librement mais de manière responsable ; en fin de compte, il est urgent de changer le discours.

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