10/05/2022

SEVIM DAĞDELEN
Depuis la base de Ramstein, l'Allemagne suit le programme de guerre US

 

Sevim Dağdelen, Junge Welt, 27/4/2022

Traduit par Le Cri des Peuples

Sevim Dağdelen (Duisburg, 1975) est membre du Bundestag allemand (chambre basse fédérale) depuis 2005 pour Die Linke (le parti de gauche). Elle est présidente  de la Commission des Affaires étrangères et porte-parole du groupe parlementaire pour la politique internationale et le désarmement.

Négociations pour la paix, au lieu de Panzers pour la guerre !


Ce n'est pas le moment de se laisser prendre à la propagande de guerre. Le nouveau militarisme met au défi notre résistance.

La guerre en Ukraine n'est plus qu'une question d'armes, d'armes, d'armes. Plus d'armes et des armes toujours plus lourdes. Tous les tabous de l'après-guerre tombent. La diplomatie est passée par pertes et profits.

Un nouveau militarisme allemand dans le sillage du militarisme américain est le point de référence de ce gouvernement allemand. Alors que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, est à Moscou pour promouvoir un cessez-le-feu rapide et la fin de la guerre, les membres de l'OTAN poussent l’alliance militaire à faire la guerre à la Russie.

Les soldats ukrainiens ne sont qu'un moyen de parvenir à une fin. Entre-temps, l'objectif est devenu de porter la guerre en Russie même.

Ramstein est la grande base aérienne usaméricaine dans le sud-ouest de l'Allemagne.

Ramstein signifie guerre

L'OTAN est préoccupée par la victoire et rien d'autre. À cette fin, Washington a convoqué une réunion spéciale des représentants de l’industrie d’armement à la base aérienne américaine de Ramstein, en Rhénanie-Palatinat.

Au lieu de soutenir Guterres et de considérer le conseil de guerre américain sur le sol allemand comme un affront politique calculé à la souveraineté démocratique [de l'Allemagne], le gouvernement SPD/Verts a envoyé la ministre de la défense Christine Lambrecht pour y participer et a annoncé qu'il allait de l'avant à toute vapeur : le gouvernement du SPD [sociaux-démocrates], des Verts et du FDP [libéraux-démocrates] livre maintenant des chars allemands à l'Est, comme cela lui a été exigé. Jusqu'à la victoire. Il ne doit pas y avoir de paix négociée.

L'ambassadeur ukrainien et militant néonazi Andrij Melnyk s'est finalement imposé à la table du cabinet du chancelier Olaf Scholz. Il ne fait aucun doute que les armes allemandes finissent par aller aux bataillons d'extrême droite intégrés à la Garde nationale et à l'armée ukrainienne, et personne au sein du gouvernement allemand ne montre la moindre inquiétude à ce propos.

« Guépard », « Martre », « Puma », « Renard », « Boxer », « Léopard » : ce qui ressemble à la liste inoffensive de l'encyclopédie « La vie des animaux, par Grzimek » menace de devenir le programme d'extension du conflit ukrainien en une troisième guerre mondiale contre la puissance nucléaire russe. En fournissant des armes lourdes, l'Allemagne et l'OTAN deviennent de facto des cobelligérants dans la guerre.

Le militarisme défie notre résistance

La situation est brûlante. Et l'administration américaine jette de l'huile sur le feu, ce qui permet au gouvernement allemand de s’enflammer à son tour. Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a annoncé à Ramstein que Washington remuerait « ciel et terre » pour armer l'Ukraine en vue d'une nouvelle guerre. Et le sous-secrétaire d'État parlementaire britannique aux forces armées, James Heappey, déclare à Kiev qu'il est légitime d'attaquer la Russie avec des armes britanniques et de mener des frappes sur son territoire.

Lambrecht fournit les chars allemands qui seront utilisés pour gagner la guerre d'usure. Ramstein est le symbole d'un programme de guerre de l'OTAN. Les gagnants ont déjà été déterminés : les fabricants d'armes. Ce programme est mené sur le dos des populations en Europe. Ce n'est pas le moment de se laisser duper par la propagande de guerre. Le nouveau militarisme met au défi notre résistance.


08/05/2022

بولات اوکودژاوا: دهمین گُردانِ زمینیِ ما
روز پیروزی

بولات اوکودژاوا

     این جا،

پرنده گان نمی خوانند

  درختان نمی بالند

تنها مائیم،

شانه به شانه کاشته می شویم

درین زمین.

زمین می سوزد و می چرخد

دودی ، میهنِ مان را پوشانده 

راهی جز پیروزی نمانده است.

 پیروزی برایِ همه

 به هربهائی 

 به انتظارِ ما آتشِ مرگ باری است

 چه ناتوان است ، اما

 رهاکنید تردید ها را.....!

 به تنهائی فرومی ریزد در شب ، دهمین گُردانِ زمینیِ ما .

 به پایان نرسیده جنگ

   فرمانِ دیگری می رسد

 به جُستجویِ ما سرگردان است نامه رسان.

  اُوج می گیرد شفقی سُرخ

 مسلسل ها ، بی وقفه به آتش

 راهی جز پیروزی نمانده است .

 پیروزی برایِ همه

 به هر بهائی

 به انتظارِ ما آتشِ مرگ باری است

 چه ناتوان است ، اما

 رهاکنید تردیدها را.....!

 به تنهائی فرومی ریزد درشب ، دهمین گُردانِ زمینیِ ما.

 از کورسک تا اُری اُل

 ما را تا دروازۀ دشمن کشانده است ، جنگ

 آری ، این چنین است.....ای برادر....!

 روزگاری به یاد می آوریم ، همۀ این ها را 

 و باورمان نمی شود.

 اینک ما ، نیازی جز پیروزی نداریم.

 پیروزی برایِ همه

 به هربهائی

 به انتظار ما آتشِ مرگ باری است

 چه ناتوان است، اما

 رهاکنید تردیدها را.....!

 به تنهائی فرومی ریزد در شب ، دهمین گُردانِ زمینیِ م

Min. 36:00


Boulat Okoudjava
Notre 10ème Bataillon amphibie
Jour de la Victoire

Traduit par Mikaela Honung
 

Boulat Chalvovitch Okoudjava ‘1924-1997) fut un auteur-compositeur-interprète soviétique d’origine géorgienne. Considéré comme l'un des plus importants chanteurs de langue russe, avec Vladimir Vyssotski, son œuvre exprime son horreur de la guerre, l'observation patiente de la société soviétique et les amours douloureuses. Il est LE chanteur du quartier de l'Arbat à Moscou. On le surnomme parfois le « Brassens soviétique ». Il est également l'auteur de plusieurs romans.
« Cette voix qui chantait comme personne avant, sans aucune fausse note de patriotisme, sur Moscou, sur la guerre, traduisait la nostalgie d'une patrie qui n'est plus. Rien de politique dans ses chansons, mais tant de sincérité, tant de douleur que les autorités n'ont pas pu le supporter. Poursuivi par la haine et la sottise, Boulat Okoudjava aura sans doute été le premier poète persécuté sous nos yeux».
Vladimir Boukovski (Mémoires)

Ici les oiseaux ne  chantent pas
Les arbres ne poussent pas
Et nous seuls, épaule contre épaule,
Poussons ici sur la terre.
La planète brûle et tourne
La fumée recouvre notre patrie
Et donc, il nous faut la victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

A peine la bataille finie
Retentit un nouvel ordre de combat
Le facteur va devenir fou
A nous chercher.
Une fusée rouge traverse le ciel
Une mitrailleuse tire.
Et donc, il nous faut la victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

De Koursk et d’Orel
La guerre nous a menés
Aux portes de l’ennemi
C’est comme ça, mon frère
Un jour, nous nous souviendrons de tout cela
Et nous-mêmes n’y croirons pas.
Mais aujourd’hui, il nous faut une victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

Min. 36:00


BULAT OKUDZHAVA
Our Tenth Amphibious Battalion
Victory Day

Translated by  John Catalinotto 

Bulat Shalvovich Okudzhava (1924-1997) was a Soviet singer-songwriter of Georgian origin, one of the founders of the Russian genre called "author's song" (avtorskaya pesnya). He wrote some 200 songs, a mixture of Russian poetry and folk traditions and the French chansonnier style, represented by such Okudzhava contemporaries as Georges Brassens.
Although his songs were never overtly political (in contrast to those of his fellow bards), the freshness and independence of Okudzhava's art represented a subtle challenge to the Soviet cultural authorities, who for many years refused to give official sanction to his songs.

   
 
The birds aren't singing here,
The trees aren't growing
And only we, shoulder to shoulder
Are growing here in the earth.
The earth lit up is spinning,
Smoke covers  our homeland.
And thus, we need a victory,
One for all. We're ready to pay any price!

(Chorus) A fiery death awaits us
Yet that can't stop us.
Cast doubt away
Journey into night
Separately
Our tenth
Amphibious Batallion.
Our tenth
Amphibious battalion.

As soon as the battle ceases
Another order comes
The postman will go crazy
Looking for us.
Let red rockets fly,
Fire off the machine guns.
And thus, we need a victory,
One for all. We're ready to pay any price!

(Chorus) A fiery death awaits us
Yet that can't stop us.
Cast doubt away
Journey into night
Separately
Our tenth
Amphibious Batallion.
Our tenth
Amphibious battalion.

From Kursk and Orel
The war has brought us
Up to the doors of our enemy.
That's how it is, brother…
Someday we'll remember it
And we won't believe it ourselves,
But now we need a victory,
One for all. We're ready to pay any price!

(Chorus) A fiery death awaits us
Yet that can't stop us.
Cast doubt away
Journey into night
Separately
Our tenth
Amphibious Batallion.
Our tenth
Amphibious battalion.

Min. 36:00


Bulát Okudzháva
Nuestro 10º batallón de desembarco
Día de la Victoria

Traducido por   Josafat S. Comín
 

Bulát Shálvovich Okudzháva (1924-1997) fue un cantautor soviético de origen georgiano, uno de los fundadores del género ruso llamado «canción de autor» (avtorskaya pesnya). Escribió unas 200 canciones, mezcla de la poesía y las tradiciones folclóricas rusas y el estilo chansonnier francés, representado por contemporáneos de Okudzhava tales como Georges Brassens.
Aunque sus canciones nunca fueron abiertamente políticas (en contraste con las de sus compañeros bardos), la frescura y la independencia del arte de Okudzhava representaron un desafío sutil a las autoridades culturales soviéticas, que durante muchos años se negaron a dar sanción oficial a sus canciones.

Aquí no cantan los pájaros
ni crecen los árboles.
Y sólo nosotros, hombro con hombro,
nos arraigamos aquí, en la tierra.
El planeta arde y gira,
el humo cubre nuestra patria.
Y eso significa que necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Acaba de cesar el combate,
y ya está sonando otra orden
el correo se va a volver loco
buscándonos.
Vuela un cohete rojo,
dispara la ametralladora.
Y eso significa que necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Desde Kursk y Oriol
la guerra nos ha llevado
hasta las mismas puertas del enemigo.
Eso es lo que hay, hermano…
Algún día nos acordaremos de todo esto
y ni nosotros mismos nos los creeremos,
pero hoy necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Min. 36:00


Булат Окуджава
Десятый наш десантный батальон
День победы

Здесь птицы не поют,
Деревья не растут,
И только мы, к плечу плечо
Врастаем в землю тут.

Горит и кружится планета,
Над нашей Родиною дым,
И значит, нам нужна одна победа,
Одна на всех - мы за ценой не постоим.
Одна на всех - мы за ценой не постоим.

Припев:

Нас ждет огонь смертельный,
И все ж бессилен он.
Сомненья прочь, уходит в ночь отдельный,
Десятый наш десантный батальон.
Десятый наш десантный батальон.

Лишь только бой угас,
Звучит другой приказ,
И почтальон сойдет с ума,
Разыскивая нас.

Взлетает красная ракета,
Бьет пулемет неутомим,
И значит нам нужна одна победа,
Одна на всех - мы за ценой не постоим.
Одна на всех - мы за ценой не постоим.

Припев:

Нас ждет огонь смертельный,
И все ж бессилен он.
Сомненья прочь, уходит в ночь отдельный,
Десятый наш десантный батальон.
Десятый наш десантный батальон.

От Курска и Орла
Война нас довела
До самых вражеских ворот.
Такие, брат, дела.

Когда-нибудь мы вспомним это,
И не поверится самим.
А нынче нам нужна одна победа,
Одна на всех - мы за ценой не постоим.
Одна на всех - мы за ценой не постоим.

Припев:

Нас ждет огонь смертельный,
И все ж бессилен он.
Сомненья прочь, уходит в ночь отдельный,
Десятый наш десантный батальон.
Десятый наш десантный батальон.

Мин. 36:00


GIDEON LEVY
« Faut-il éliminer Yahya Sinwar ? »: de gauche à droite, les sionistes appellent en chœur au meurtre

Gideon Levy, Haaretz, 7/5/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Voilà à quoi ressemble un discours incendiaire : les médias et les réseaux sociaux sont inondés d'appels à assassiner le leader d'un mouvement politique - même s'il s'agit d'un mouvement religieux, extrémiste et violent - dans une quête sanguinaire de vengeance. C'est aussi à cela que ressemble un chœur rauque uniforme : du Meretz de gauche (Uri Zaki) aux kahanistes, des journalistes Amnon Abramovich (TV Channel 12) à Ben Caspit (Maariv), chacun d'entre eux appelle à l'élimination du chef du Hamas Yahya Sinwar. Un État, une voix.

Yahya Sinwar

Ils rivalisent pour trouver l'épithète appropriée et digne de lui, crapule ou ordure. Oh, quels patriotes ! Si seulement c'était possible, le lapider en place publique attirerait des multitudes aux festivités. La nation se contentera au moins de provoquer sa mort par tout autre moyen. C'est la seule réponse que l'État d'Israël, emmené par les médias incendiaires, peut offrir à la suite d'attaques terroristes.

La dernière en date était particulièrement horrible elle ea été perpétré à la hache. Mais le meurtre à la hache est-il vraiment plus cruel que tout autre type de meurtre ? La hache est emblématique de la faiblesse de quelqu'un qui pourrait rêver de tuer en avion au milieu de la nuit. Mais il n'avait pas d'avion, ni même de canon.

Évidemment, le meurtre à la hache est barbare, mais en quoi est-il différent du meurtre d'une jeune fille de 19 ans voyageant innocemment en taxi avant d'être abattue par un soldat ? En quoi, dans l'intention ? Le soldat n'avait-il pas l'intention de tuer en tirant à balles réelles sur un taxi rempli de femmes à Jénine ? Quelle autre intention avait-il ?

De telles questions se posent après chaque attaque terroriste, tout comme la réaction instinctive d'Israël, qui se répète d'une manière qui ne peut que conduire au désespoir. N'oubliant rien et n'apprenant rien, combien de fois l'assassinat sera-t-il proposé comme solution, alors que toutes les fois précédentes, il n'a servi à rien, causant dans la plupart des cas encore plus de dégâts.

Même si l'on met de côté la question de la légalité ou de la moralité d'un État exécutant des personnes sans procès, il reste la question de son efficacité, qui n'a jamais été prouvée.

On peut aussi, d'une certaine manière, ignorer l'image répugnante et pathétique des médias, qui se sont presque unanimement lancés dans une campagne, demandant plus d'assassinats, plus d'invasions, plus de conquêtes.

On ne peut oublier qu'en Israël, les assassinats sont aussi une affaire politique. Ce ne sont pas seulement les cibles qui sont politiques - des personnes qui, dans des États respectueux de la loi, ne sont pas des cibles légitimes - les meurtres proprement dits sont politiques. Ils sont destinés à satisfaire des besoins et des objectifs politiques, en montrant au public que « quelque chose est fait ». Une solution instantanée.

Il est douteux qu'il existe un domaine dans lequel les médias israéliens soient aussi unifiés et influents, exprimant le désir obscène des masses, poussant à mener des attaques violentes de vengeance. « Faut-il éliminer Sinwar ? », demandait une légende sur les fils d'actualité en début de semaine, comme s'il s'agissait d'une émission de télé-réalité. Des meurtres à la demande. Le grand nombre de ces meurtres a masqué l'atmosphère illégitime dans laquelle se déroule la conversation sur la réponse à apporter à ces attaques.

Sinwar n'est pas le pire des ennemis. Son successeur sera pire. Sinwar ne sera pas non plus le premier Yahya du Hamas qu'Israël élimine en vain. L'élimination de Yahya Ayyash, son prédécesseur, n'a rien donné d'autre à Israël qu'une vague d'attentats-suicides au cours desquels 60 Israéliens ont été tués.

Réduire le problème posé par les attaques terroristes à un seul dirigeant est une façon lâche d'éviter de s'attaquer aux véritables problèmes. Comme si la terreur ne découlait pas du blocus, de l'occupation, de la brutalité des policiers à la mosquée al-Aqsa, de la violence des colons et du meurtre d'innocents en Cisjordanie. Comme si la terreur était personnifiée par Sinwar, seulement Sinwar. Si la terreur est Sinwar, tuons-le, et le calme reviendra.

Si la terreur est liée à l'échange de prisonniers contre Shalit, dans lequel Sinwar a été libéré après 23 ans de prison, alors il y a une solution facile. Pas de libération de prisonniers, seulement des assassinats, la « dissuasion », et la paix sera rétablie. Israël a essayé cela mille et une fois sans succès. Cela ne marchera pas non plus maintenant.

Évidemment, nous ne pouvons pas rester silencieux face à la terreur. Au contraire, nous devons en parler. Avec le Sinwar vivant. Lui parler, directement ou indirectement, de la levée du blocus. Lui parler des droits dont son peuple a été privé, de sa dignité bafouée. Nous n'avons jamais, mais jamais, essayé de le faire sérieusement.

06/05/2022

JOANNA STRAUGH
USA : c’est la Cour suprême qu’il faut abolir, pas l’arrêt Roe contre Wade !

Joanna Straugh,workers.org, 3/5/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La Cour suprême des USA dispose des voix nécessaires pour annuler Roe v. Wade, l’arrêt historique de 1973 légalisant l'avortement aux USA. C'est ce qu'a révélé un projet d'avis du juge Samuel Alito qui a fuité dans la presse sans l'autorisation de la Cour. Cette fuite, sans précédent dans l'histoire, visait à alerter le public de l'attaque prévue par la Cour Suprême.

L'une des milliers de manifestant·es lors d'une manifestation d'urgence à Foley Square, New York City, le 3 mai. (WW Photo : Toni Arenstein)

 Selon le projet d’avis, l'annulation de Roe v. Wade est justifiée et mettrait fin aux protections fédérales du droit à l'avortement, permettant aux États de dicter les lois sur l'avortement. Alors que l'opinion majoritaire fait référence aux lois des États comme reflétant « la volonté du peuple », un sondage Gallup de mai 2021 montre que le public usaméricain soutient le droit à l'avortement dans tous les cas ou dans la plupart des cas à 80%.

Pourtant, au moins 23 États interdiraient l'avortement immédiatement si la Cour suprême annulait le jugement Roe v. Wade. D'autres restreindraient davantage l'avortement. De plus, des États comme le Texas et l'Oklahoma ont adopté des lois qui récompensent la population contre les demandeuses d'avortement et les cliniciens qui en pratiquent en offrant des primes de 10 000 $ à toute personne qui identifie et dénonce quelqu'un qui, selon elle, aide une personne à obtenir un avortement. Treize États ont des « lois gâchette » qui appliquent automatiquement une interdiction de l'avortement. 

Quelques États ont promis d'être un « refuge » pour les personnes ayant besoin d'un avortement, mais leurs efforts risquent d'être rendus vains puisque d'autres États annoncent des lois interdisant de franchir les frontières de l'État pour obtenir un avortement. Une restriction qui à la fois oblige et interdit de franchir les frontières de l'État pour se faire avorter intensifie les barrières et toutes les répressions associées à la criminalisation. 

Nombreux sont ceux qui craignent qu'un précédent de ce type puisse renverser d'autres décisions progressistes de la Cour suprême, sans que l'on puisse voir la fin de l'abrogation des droits et de la criminalisation de la population.

L'intensité de l'indignation à la perspective de perdre le dernier lambeau de protection des droits reproductifs a enflammé un mouvement de protestation qui s'étend. Des rassemblements ont spontanément éclaté dans les villes des USA le 3 mai, à l'initiative de nombreux groupes. Des majorités de plus en plus larges de jeunes, dont la vie est la plus profondément affectée par ces lois, considèrent cet assaut comme un nouveau point de rupture dans toute une série : démantèlement des syndicats, mise en cage des migrants, attaques contre les jeunes transgenres, brutalités policières racistes, etc.

La perspective de l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade conduit à des appels à en finir avec la Cour suprême elle-même, un organe non élu, nommé à vie, créé pour servir les intérêts de la classe dominante.


Il faut abolir la Cour suprême, pas les droits reproductifs !

01/05/2022

GIDEON LEVY
Hanan Khadour : elle était née en plein couvre-feu de la 2ème Intifada. Elle est morte 19 ans plus tard au milieu des affrontements israélo-palestiniens


Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 30/4/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Lorsque Hanan Khadour est née, Jénine était sous contrôle de l'armée israélienne en raison de l'opération « Bouclier défensif », et son père a dû la porter à l'hôpital dans ses bras. Il y a trois semaines, elle est montée à bord d'un taxi collectif dans la même ville, qui grouillait de soldats et de tireurs d'élite israéliens. Une seule balle a transpercé son corps

Le père endeuillé Mahmoud Khadour, avec son jeune fils Mohammed

Hanan Khadour était née le 1er  décembre 2002. Sa mère, Abir, était à son huitième mois lorsque les contractions ont commencé. L'hôpital le plus proche se trouvait à Jénine, à 12 kilomètres de chez elle dans le village de Faqua, mais il n'y avait aucun moyen de s'y rendre à cause des barrages routiers. C'était la période qui a suivi l'opération « Bouclier défensif » durant la deuxième Intifada, et le camp de réfugiés de Jénine était toujours bouclé. Abir a accouché à la clinique du médecin du village : Hanan est née prématurée. Elle avait un besoin urgent d'un incubateur, mais aucun n'était disponible localement. Le médecin a dit à la famille que la survie du nouveau-né dépendait de son transport urgent à l'hôpital.

Son père, Mahmoud, a décidé qu'il devait tout faire pour donner à sa fille une chance de vivre, comme il dit maintenant.

Mahmoud a appelé le service d'ambulances d'urgence du Croissant-Rouge juste après sa naissance, mais on lui a répondu qu'ils ne pouvaient pas se rendre à Faqua, l'armée ne les laissant pas passer. Il a alors conduit avec le petit bébé jusqu'à la berme de terre que l'armée avait érigée pour isoler le village de Jénine. Il est sorti de la voiture, sa fille dans les bras. Les soldats de l'autre côté de la barrière ont menacé de lui tirer dessus s'il faisait un pas de plus.

« Vous pouvez me tirer dessus », leur a-t-il dit, « mais j'emmène ma fille à l'hôpital ».

« C’est quoi le problème avec ta fille ? », lui a demandé un soldat.


Une banderole commémorative pour Hanan Khadour près de sa maison, cette semaine. « Nous sommes nés à une époque difficile, dans un endroit qui ne réalise pas un seul de nos rêves », dit son père.

« Elle vient de naître, et elle est sur le point de mourir », a-t-il répondu.

Finalement, Mahmoud a fini par franchir la barrière à pied. Une ambulance du Croissant-Rouge l'attendait et a transporté Hanan à l'hôpital de Jénine, où elle a été placée dans une couveuse, où elle a passé le mois suivant. Mais ce n’était pas la fin de son calvaire. Lorsqu'elle a eu un an et qu'elle a commencé à marcher, une anomalie congénitale a été découverte dans sa hanche et elle a été hospitalisée pendant 21 jours, cette fois à l'hôpital Mukassed de Jérusalem-Est, où l'anomalie a été corrigée. Son père n'a pas été autorisé à être avec elle, l'accès lui étant refusé pour des raisons de sécurité.

C’est ainsi qu’a commencé la courte vie d'Hanan Khadour, qui s'est terminée la semaine dernière.