Original : Stop the Zionist, Islamophobic and State Attacks Against Dar al Janub!
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Dar al Janub a besoin de votre soutien, signez la lettre de solidarité à la fin de l’appel !
Après 20 ans d’existence, l’association autrichienne Dar al Janub (Maison du Sud) - Union pour l’antiracisme et la politique de paix - est menacée d’interdiction. Dar al Janub[i] (DaJ) a été fondée en 2003 dans le contexte des manifestations contre les guerres menées par les USA en Irak et en Afghanistan. Alors que les voix anti-impériales étaient de plus en plus marginalisées dans les universités et les médias autrichiens, Dar al Janub a toujours été un lieu où des personnes d’horizons politiques, idéologiques et nationaux différents pouvaient se rassembler pour pratiquer la solidarité internationale en remettant en question les discours hégémoniques sur le Sud global. Pour ce faire, nous avons créé une scène pour les voix marginalisées. En 2004, nous avons organisé notre premier “grand” événement : l’exposition « Aidun - nous reviendrons » en souvenir de la Nakba palestinienne. Dar al Janub a publié des déclarations politiques et organisé des manifestations, des événements d’information, des missions d’enquête en Palestine et dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, ainsi que des conférences internationales. Nous avons essayé de soutenir les femmes musulmanes et migrantes en organisant des cours d’allemand et d’arabe, des ateliers de lutte contre le racisme, des festivals et des événements sportifs, ainsi que des services de garde d’enfants pour les femmes issues de l’immigration. Notre objectif principal a toujours été de repenser les structures racistes et de renforcer la solidarité internationale avec les peuples du Sud.
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Les méthodes de réduction au silence, d’isolement et d’encapsulation
Il est bien connu que le travail de solidarité avec la Palestine est particulièrement difficile dans des pays comme l’Autriche, qui ont été directement impliqués dans le génocide de peuples et de communautés marginalisés en Europe. Les attaques contre Dar al Janub n’étaient donc pas surprenantes. La critique de notre association à l’égard de l’État-colonisateur européen d’Israël et la solidarité avec le peuple palestinien ont suscité la colère des personnes et des institutions qui sympathisent avec le projet sioniste et en tirent profit. Après 1990, au niveau culturel, dans la majorité des cas, les personnes ayant une attitude de gauche/progressiste ont tourné leur “antifascisme” dans le sens d’une compatibilité avec le sionisme. Des membres de la DaJ ont été qualifiés à plusieurs reprises d’antisémites et des invités renommés à des conférences ont été humiliés publiquement par des articles diffamatoires dans les journaux. Ce type de diffamation nous accompagne depuis 20 ans - mais pas seulement nous.
Une méthode assez courante pour faire taire les voix du Sud à Vienne a été le retrait des espaces publics ou universitaires, en qualifiant les événements d’antisémites et/ou de menace potentielle et en leur refusant les espaces d’expression publique à l’intérieur ou à l’extérieur des universités. En 2018, l’université de Vienne a interdit un événement public avec le vétéran du Black Panther Party et de la Black Liberation Army Dhoruba Bin Wahad[ii] et a continué à le faire en 2022[iii]. Le même traitement a été réservé à Ronnie Kasrils[iv], l’un des camarades de Nelson Mandela dans la lutte contre l’apartheid sud-africain. Une nouvelle mesure préoccupante de nos jours est le dépôt de poursuites-bâillons (“Strategic Lawsuits Against Public Participation” : “ Poursuites stratégiques contre la participation publique”) contre des activistes. Un membre de BDS-Autriche, par exemple, fait actuellement l’objet d’un tel procès[v]. Pour l’utilisation du logo de la ville de Vienne, 40 000 euros de dédommagement sont demandés. Pour citer le professeur anticolonialiste Ward Churchill, il semble que de nombreux “petits Eichmann”[vi] s’emploient à couvrir des politiques injustes par une série de diffamations. C’est une évolution que l’on peut observer partout dans le monde aujourd’hui, mais en ce qui concerne la réévaluation incomplète par l’Autriche de son passé nazi, ces tactiques de diffamation sont très efficaces. Elles dominent le discours et le poussent encore plus loin dans la direction de la criminalisation.
La fiche infamante de DPI
La préparation de la criminalisation et des interdictions
« Le prochain niveau, c’est maintenant ! » - En 2021, l’université de Vienne et le centre autrichien de documentation sur l’islam politique (DPI) ont publié une « carte de l’islam » [vii], qui montre plus de 600 lieux musulmans ou affiliés à l’islam en Autriche. Depuis 2022, DaJ est également mentionné sur cette « carte » stigmatisante.
Ce projet et le DPI lui-même sont une construction du parti chrétien-démocrate (ÖVP) et du Parti vert. Bien avant la mise en œuvre de la « carte de l’islam », le parti social-démocrate (SPÖ) a présenté des lois spéciales contre les musulmans en 2017. Il semble que le soutien politique inconditionnel d’Israël, combiné à la stigmatisation des musulmans, fasse partie de l’agenda politique de tous les partis en Autriche.
Récemment, en décembre 2023, une étude douteuse et non scientifique[viii] de la fondation DPI (« Centre de documentation sur l’islam politique », en allemand : « Dokumentationsstelle Politischer Islam »), financée par le gouvernement actuel, a décrit Dar al Janub comme un « groupe extrémiste de gauche et antisémite » qui soutient « différents groupes classés comme organisations terroristes »[ix]. L’ « étude » ne cite pas explicitement les groupes spécifiques qui seraient soutenus par Dar al Janub, elle n’explique pas non plus pourquoi les activités de Dar al Janub devraient être considérées comme antisémites et laisse de côté notre coopération de plusieurs années avec des groupes juifs comme Women in Black[x] ou Jewish Voices for a Just Peace à Vienne[xi], ainsi que nos contacts avec les représentants de Neturei Karta[xii] en Autriche, jusqu’à ce qu’ils soient exclus et expulsés de toutes les institutions juives traditionnelles en Autriche, ce qui les a contraints à quitter l’Autriche.
Après la publication de l’étude du DPI, les journaux publics et privés et les chaînes de télévision ont adopté sa condamnation volontairement et sans esprit critique. DaJ a été étiqueté comme une sorte de groupe antisémite et conspirateur de sympathisants de la terreur. Des médias[xiii] et des hommes politiques[xiv][xv] de tous bords demandent publiquement au gouvernement de la ville d’annuler le contrat de location des salles de notre centre social[xvi]. Les murs, les portes et les fenêtres de notre centre ont été à plusieurs reprises barbouillés de slogans racistes ou attaqués à l’acide. En outre, certains membres de DaJ ont été intimidés et ont même reçu des menaces de mort après avoir été dénoncés et affichés avec leur visage non censuré et leur nom complet dans l’émission de télévision publique nationale ORF.
L’histoire toxique de l’Autriche
On ne peut comprendre cette dynamique sans se pencher sur l’histoire contemporaine de l’Autriche et sur la manière dont les cent dernières années ont façonné la manière dont l’Autriche traite non seulement les personnes “autres”, mais aussi les opinions “autres”. L’État autrichien considère son soutien inconditionnel à Israël comme une « raison d’État » et le justifie par sa « responsabilité historique » en raison de l’implication de l’Autriche dans le génocide des Juifs. Dans le même temps, d’autres minorités victimes du génocide, comme les Roms et les Sintis, sont confrontées à un racisme structurel et individuel sans être défendues. L’Autriche fait la distinction entre les victimes dignes et indignes et, par conséquent, ses politiques de lutte contre l’ « islam politique » et l’ « antisémitisme » sont généralement accompagnées d’une touche réactionnaire visant à criminaliser les personnes et les associations musulmanes critiques. Ces politiques créent une atmosphère intimidante, en particulier pour les musulmans qui sont classés en bons, c’est-à-dire apolitiques, et en mauvais, c’est-à-dire politiques et non démocratiques.
Un autre exemple de cette politique est l’ « Opération Louxor », l’une des plus grandes actions policières de l’histoire post-fasciste autrichienne. Après 21 000 heures d’observation, 960 policiers ont effectué des descentes dans une soixantaine d’appartements, d’entreprises et de salles d’associations dans différentes villes d’Autriche et 30 personnes ont été immédiatement arrêtées et interrogées. Cependant, les résultats de cette gigantesque entreprise ont été plutôt minimes. En fin de compte, aucune personne n’a été légalement condamnée. L’un des magazines d’information autrichiens les plus influents, Profil[xvii], a qualifié l’opération de « scandale politique mettant en cause les pouvoirs publics » et a conclu dans un article qu’« aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, il ne reste pas grand-chose des condamnations ». Pourtant, il reste beaucoup de séquelles de ces accusations : des petits enfants traumatisés qui ont été arrachés à leur lit la nuit lors de cette action policière, emmenés dans le froid sous la menace d’une arme, une diffamation qui a entraîné des pertes d’emploi et une communauté intimidée qui, pendant des années, n’a plus osé exercer le droit de réunion garanti par la Constitution, des universitaires qui ont quitté le pays parce que le climat politique autrichien avait été empoisonné. Un climat politique qui devient aujourd’hui encore plus répressif avec la guerre d’Israël contre la population de la bande de Gaza.
OPÉRATION LOUXOR : SCÉNARIO D'UN SCANDALE
On peut se demander pourquoi le gouvernement de droite de l’ÖVP et des Verts a dépensé/gaspillé tant de ressources pour un résultat pratiquement nul. Peut-être par pur opportunisme :
En effet, l’opération Louxor n’a eu lieu que parce que, d’une part, le climat social et politique était mûr - les musulmans et les migrants étaient considérés comme les “autres” orientaux. D’autre part, l’État autrichien et son gouvernement voulaient prouver au niveau international qu’ils étaient prêts à prendre des mesures dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » afin que l’Autriche soit parfaitement préparée à affronter les prochaines décennies de guerre et de crise.
Selon l'enquête de profil, l'Opération Louxor a été déclenchée sur l'incitation des Émirats Arabes Unis [lire l'enquête en français ici]
La police viennoise a adopté des mesures strictes à l’encontre de l’“islam politique”, un ennemi politique construit de longue date[xviii]. Il semble que ces mesures aient été bien accueillies afin d’intimider davantage, de réduire les droits des citoyens et de diviser les musulmans autrichiens entre les bons et tranquilles musulmans et les mauvais “musulmans politiques”. Sebastian Kurz, l’ancien chancelier autrichien, souhaitait obtenir les voix de l’énorme réservoir d’électeurs d’extrême droite (environ 30 %) et l’opération Louxor a été présentée de manière médiatiquement efficace comme une grande attaque contre la terreur et l’“islam politique”.
La construction de l’islam politique et l’opération Louxor n’ont pas été les seules mesures visant à gagner du pouvoir politique au profit de programmes racistes antimusulmans : “cours sur les valeurs” obligatoires et racistes pour les migrants, amendements restrictifs à la loi autrichienne sur l’islam, fermeture de mosquées et interdiction du port du foulard pour les enseignants des écoles et des jardins d’enfants : toutes ces mesures ont été accompagnées d’une couverture médiatique raciste qui a conduit à une augmentation significative de l’islamophobie et du racisme antimusulman au cours des dix dernières années. Selon le Centre de documentation sur l’islamophobie et le racisme antimusulman (Dokustelle Islamfeindlichkeit & antimuslimischer Rassismus)[xix], la croisade du gouvernement contre l’islam dit “politique” est une tentative de faire taire les voix critiques au sein des communautés musulmanes et les autres voix critiques qui s’opposent aux mesures gouvernementales racistes, restrictives et d’exploitation[xx].
La fabrication de l’image de Dar al Janub
« Derrière la façade », affirme l’article de presse diffamatoire[xxi], Dar al Janub « cache une vision du monde qui attribue tout le bien au Sud et tout le mal à l’Occident ». Afin de démontrer à quel point l’“agenda caché” de DaJ est dangereux, les médias ont montré la photo d’un de nos membres rencontrant Ismaïl Haniyeh, membre du bureau politique du Hamas, dans la bande de Gaza. Le DPI et les médias négligent le fait que la photo a été prise en 2011, lorsque Dar al Janub a participé à une délégation internationale[xxii] apportant de l’aide humanitaire à la bande de Gaza assiégée. Dans cette logique, DPI devrait également condamner l’ancienne députée britannique Claire Short pour avoir rejoint cette délégation et le journal britannique The Guardian devrait être placé sur la liste des organisations terroristes, pour avoir publié un article[xxiii] d’Ismaïl Haniyeh en 2012.
En Autriche, la coalition des politiques, des médias et de la recherche sous contrat tente d’étiqueter Dar al Janub comme une organisation terroriste qui collabore avec le Hamas. Lisa Fellhofer, directrice du DPI, insinue en outre : « L’engagement social et la liberté d’expression ont été utilisés par les membres de Dar al Janub pour dévaloriser d’autres personnes, ce qui constitue la base de la radicalisation ». Lisa Fellhofer et son institut financé par le gouvernement tentent de nous convaincre que tous les efforts déployés par Dar al Janub au cours de ses 20 années d’existence - organisation d’expositions en souvenir de la Nakba, organisation de missions d’enquête dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, organisation d’un projet social de deux ans à Naplouse soutenant une société de bienfaisance sociale locale, etc. - n’avaient qu’un seul but, celui de « dévaloriser les autres ». En d’autres termes, une bande de partisans terroristes radicaux et antisémites déployaient tous ces efforts dans le seul but de cultiver et d’exercer leur vision antisémite du monde. Comme le décrit Dhoruba bin Wahad, à l’ère des médias sociaux, « la perception devient réalité ». Une image suffit à stigmatiser 20 ans de travail politique et social comme étant illégal[xxiv].
Dar al Janub, tel qu’il est dans la réalité
En fait, Dar al Janub a pratiqué quelque chose qui n’est pas si familier à de nombreux politiciens, journalistes, employés d’ONG et “scientifiques” sous contrat comme Fellhofer : nous avons travaillé et continuons à travailler sans être payés pour une cause en laquelle nous croyons. De plus, nous avons rassemblé notre propre argent et celui de nos amis et familles pour garantir que les coûts de notre local et de tout ce que nous avons organisé (conférences, etc.) soient couverts. En fait, cela nous a permis de devenir indépendants du financement de l’État et ce n’est qu’à travers ce processus que nous avons compris ce qu’est réellement la liberté d’expression et comment elle pourrait être. Nous n’avons reçu de financement que dans la phase initiale de notre association[xxv], que nous avons rendue totalement transparente ; tout a été donné à ceux qui en avaient besoin. Toute personne intéressée par ce qui s’est passé avec l’argent reçu peut consulter notre page d’accueil, où tous nos projets et financements externes sont archivés.
En ce qui concerne l’accusation de dévaloriser les gens, nous aimerions savoir quelles personnes auraient dû être dévalorisées par notre travail. Des dirigeants politiques criminels ? Des PDG cupides ? Des journalistes impitoyables ? Honnêtement, nous ne comprenons pas pourquoi les profiteurs de l’exploitation et de la guerre prennent toujours si mal le fait d’être critiqués pour les crimes et les génocides qu’ils commettent ou soutiennent. Nous avons peut-être critiqué leurs actions, mais ils se sont dévalorisés eux-mêmes en agissant de la sorte.
Ce n’est pas Dar al Janub qui a divisé le monde, réduit en esclavage des millions de personnes, colonisé plus de 90 % de la planète et qui poursuit toujours ces guerres et ces crimes, en prétendant toujours agir pour la plus grande cause (« Foi, Civilisation, Commerce, Sécurité, Justice, Démocratie »...). Ils utilisent ces termes respectés pour justifier leurs crimes et ce sont eux qui dévaluent et sacrifient nos valeurs éthiques communes et le bien-être des générations futures pour leur propre profit.
Dar al Janub s’est toujours opposé à toutes les formes de racisme parce que le racisme est l’une des causes profondes de la division de notre monde entre oppresseurs et opprimés. Dar al Janub tente de repenser l’histoire, le présent et l’avenir afin de trouver la paix et l’égalité pour tous, et pas seulement pour quelques privilégiés.
Michel-Rolph Trouillot écrit dans son article « Une histoire impensable » [xxvi] sur la révolution en Haïti (1791-1804) : « [l]a littérature sur l’esclavage dans les Amériques et sur l’Holocauste suggère qu’il peut y avoir des similitudes structurelles dans les silences globaux [...] l’effacement et la banalisation ne sont pas uniques à la révolution haïtienne » [xxvii]. En fait, la révolution haïtienne constitue un bon point de référence pour la situation actuelle en Palestine/Gaza. Au 18ème siècle, personne dans le monde occidental ne pouvait même penser à la possibilité que les esclaves haïtiens puissent s’organiser, se révolter et établir une société sans esclaves, tout comme personne ne croyait que les Palestiniens pourraient se réorganiser et résister après ces décennies de fragmentation et de colonisation. Après 100 ans d’occupation, de nettoyage ethnique, de massacres brutaux et d’apartheid, les Palestiniens se battent pour une liberté dont le soi-disant “Occident” ne pense même pas qu’elle puisse s’appliquer à eux. Le concept de liberté et le droit de résister, y compris militairement, à une puissance occupante, semblent parfaitement clairs dans le contexte de l’Ukraine (blanche), alors que les Palestiniens (noirs, bruns et arabes) se voient refuser les mêmes droits. En ce qui concerne ces deux poids, deux mesures, ce sont les Palestiniens qui sont dévalorisés de nos jours, en particulier en Autriche.
Cependant, cette ambiguïté remonte à l’époque où les droits de l’homme ont été “pour la première fois” proclamés lors des révolutions américaine et française. Selon Trouillot, « c'était une époque de changement et d'incohérence. Peu de penseurs avaient la politique de leur philosophie ». À l’époque des « grandes révolutions » (française et américaine), la plus grande révolution dont nous avons été témoins aujourd’hui a été la première révolution par laquelle les esclaves ont pu se libérer et déclarer leur propre État en Haïti en 1804. Toutefois, cette révolution n’a pas été perçue comme telle, car les esclaves n’étaient pas considérés comme des êtres humains égaux jouissant des mêmes droits que les Blancs. Dans ce contexte, nous considérons Dar al Janub comme un mémorial du passé et du présent colonial de l’Europe, un lieu qui nous rappelle que la construction et la réalisation impériale de l’“Occident” et du soi-disant “reste” (du monde) par la conquête coloniale de l’“Amérique” a détruit les libertés individuelles et l’hétérogénéité au sein même de l’Europe : Les musulmans (et les juifs) ont été expulsés du sud de l’Europe, les soi-disant hérétiques ont été brûlés et les femmes ont été brutalement assassinées et brûlées comme dangereuses sorcières. Dar al Janub s’est toujours considéré comme un correctif constructif dans une société post-fasciste qui a parfois du mal à gérer son propre passé et son propre présent. « Nous avons tous besoin d’histoires qu’aucun livre d’histoire ne peut raconter, mais elles ne se trouvent pas dans les salles de classe - pas dans les salles d’histoire, en tout cas. Elles se trouvent dans les leçons que nous apprenons à la maison, dans la poésie et dans les jeux de l’enfance, dans ce qui reste lorsque nous fermons les livres d’histoire avec leurs faits vérifiables »[xxix].
Contre-révolution, faux radicaux et vrais terroristes
Si l’on ose se pencher sur l’histoire des révolutions en Europe, il convient de se demander quel humanisme a été réalisé, imposé ou défendu par ces “révolutions”. Une quarantaine d’années après la Révolution française, la France a occupé l’Algérie arabe et y est restée jusqu’en 1962. Pendant ces 130 années, 50 % de la population algérienne a été tuée au nom de la civilisation et l’État français n’a pas quitté l’Algérie de son plein gré. De nombreux révolutionnaires allemands ayant échappé à la répression de la révolution de 1848 ont participé à la création et à la colonisation de l’État du Texas, réservé aux Blancs. Cette participation signifiait l’expulsion et l’extermination de la population indigène et l’établissement d’une société esclavagiste. Dans ce contexte, l’historien Gerald Horne parle de contre-révolution et apporte ainsi un éclairage différent sur ce “projet de civilisation”[xxx].
Depuis la création de Dar al Janub en 2003, l’Occident a déclenché et poursuivi de nombreuses guerres dans le monde entier : en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, etc. et a soutenu de nombreuses guerres par procuration au “Moyen-Orient”, en Afrique et dans les Amériques. Alors que des groupes de réflexion comme le DPI dénoncent nos activités comme une “dévaluation des autres peuples” et même comme antisémites, c’est en fait le contraire qui se produit. Critiquer Israël, l’Amérique et l’Europe pour leurs violations des droits humains n’est pas une “dévaluation” des individus, c’est notre droit démocratique à la liberté d’expression, et il est basé sur l’hypothèse que tous les peuples devraient avoir la même “valeur”. L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP)[xxxi] garantit la liberté d’opinion et la liberté d’expression, qui sont la « pierre angulaire de toute société libre et démocratique ».
Il faut également dire que les attaques mentionnées contre Dar al Janub, BDS et ses partisans constituent une violation claire de la liberté d’expression. Dans leur rapport sur la situation des défenseurs des droits humains en Autriche, les rapporteurs spéciaux des Nations unies déclarent : « Le but avoué de l’appel au boycott du BDS n’est pas de préconiser une discrimination arbitraire des citoyens israéliens, mais de cibler une politique délibérée de l’État et de promouvoir le respect du droit international public »[xxxii].
Alors que les organisations internationales de défense des droits humains comme Amnesty International condamnent clairement les violations du droit international commises par Israël en commettant le crime d’apartheid, leur comité national autrichien est toujours resté silencieux lorsque Palästina Solidarität Österreich, BDS, Dar al Janub ou d’autres militants pro-palestiniens étaient publiquement humiliés, criminalisés ou faisaient l’objet de poursuites judiciaires. Le fait qu’ils aient effectivement manifesté leur solidarité avec des militants pour le climat qui ont dû faire face à une répression étatique similaire soulève la question de savoir s’ils considèrent les Palestiniens et ceux qui sont solidaires avec eux comme ayant la même valeur ?
L’instrumentalisation du slogan “Plus jamais ça”
Depuis 1999, lorsque l’ancien militant d’extrême-gauche et ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a appelé à la guerre contre l’ex-Yougoslavie[xxxiii], le slogan antifasciste “Plus jamais ça” a été recadré et instrumentalisé. Aujourd’hui, “plus jamais ça” signifie “Encore et toujours ça” ! “Encore et toujours” contre les peuples du Sud - avec ou sans droit international. Les personnes de conscience qui ont grandi dans ce pays savent que le slogan “plus jamais ça” pose un défi profond et troublant à tous ceux qui tentent de l’élaborer, de le comprendre et de le mettre en pratique dans un lieu historique tel que l’Autriche. Dès le début, les membres fondateurs de Dar al Janub ont interprété leur responsabilité historique dans le cadre d’une histoire globale. Une histoire globale de pouvoirs d’injustice et une histoire globale de personnes qui ont résisté et qui résistent encore à ces crimes. En février 1945, trois mois avant la libération du régime nazi, 500 détenus du camp de concentration autrichien de Mauthausen ont réussi à s’échapper du camp. La plupart d’entre eux étaient des officiers soviétiques. Sous le slogan « Aucun homme ne peut être ramené vivant au camp », les SS, les unités de la police locale, les unités de la Wehrmacht, les SA, les jeunesses hitlériennes, le Volkssturm et les habitants de la région ont entamé une chasse à l’homme qui est entrée dans l’histoire de l’Autriche sous le nom de « chasse au lièvre du Mühlviertel »[xxxiv]. Seules onze personnes ont survécu à cet acte de barbarie humaine sans précédent. Chasser des personnes comme s’il s’agissait d’animaux dans les forêts de Haute-Autriche en février, par une température de -8°C, résonne dans l’histoire autrichienne jusqu’à aujourd’hui, alors que les personnes affamées et torturées qui ont réussi à échapper à l’endroit le plus inhumain de l’histoire de l’humanité (un camp de concentration) n’ont trouvé aucun ( !) endroit sûr en dehors du camp de la mort, à l’exception de ces onze ( !) personnes qui ont pu se cacher dans les étables et les maisons de certains membres courageux de la société civile. En tant que Dar al Janub, nous saluons les quelques Autrichiens courageux qui ont caché ceux qui ont échappé aux camps, et ils auront toujours une place spéciale dans nos cœurs. En tant que Dar al Janub, nous nous sentons liés à toutes les personnes courageuses qui, dans le monde, ont lutté et continuent de lutter contre ces guerres d’injustice et, en fin de compte, contre leurs peurs et les nôtres.
Nous saluons ceux qui tentent de s’élever contre les différents systèmes d’oppression malgré les tentatives de censure de la ville de Vienne et du gouvernement autrichien, qui ont une longue tradition d’annulation d’événements, même avec des personnes de renommée internationale. En 2001, par exemple, Edward Said a été invité à Vienne par la Société Freud (du nom de Sigmund Freud), qui lui a ensuite refusé le droit de s’exprimer en raison de son engagement politique en faveur des droits des Palestiniens. Son commentaire était le suivant : « Freud a été chassé de Vienne parce qu'il était juif. Aujourd'hui, je suis chassé parce que je suis Palestinien ». En 2011, nous avons organisé une grande conférence avec Joseph Massad, Ilan Pappé et Salman Abu Sitta. Le titre était “Remapping Palestine”. Quelques semaines avant l’événement, la Wiener Zeitung, un journal autrichien basé à Vienne, a écrit : « Le mécontentement à propos de “Remapping Palestine” : un universitaire indigne de confiance agite les esprits »[xxxvi]. Dans cet article, Ilan Pappe était décrit comme une “personne difficile”. La secrétaire générale de la Société Israël-Autriche Susi Shaked lui a même dénié son identité israélienne en déclarant selon le journal : « Remapping Palestine est un symposium totalement inutile et unilatéral. Pas une seule déclaration israélienne n’y est tolérée ». Elle a ajouté que “Remapping Palestine” signifiait en fait la ré-occupation d’Israël/Palestine. Sans honte ni réflexion éthique, les journaux et les politiciens autrichiens ont dénoncé un universitaire israélien avec le soutien de représentants juifs/israéliens sans se demander si l’Autriche est en mesure de dénoncer des Juifs indépendamment de leurs opinions politiques ou, plus encore, de censurer la critique de la colonisation et de l’assassinat systémique d’un peuple colonisé. En décrivant ainsi un universitaire de renommée mondiale comme Ilan Pappé, ils ont dépassé toutes les bornes de l’intégrité personnelle.
En 2016, le Parlement autrichien a d’abord invité, puis annulé l’invitation de Hedy Epstein, une survivante de l’Holocauste qui a perdu ses deux parents à Auschwitz. Son activisme en faveur des droits humains, y compris en Palestine, a fait d’elle une « survivante de l’Holocauste pas classique », comme l’a dit Efraim Zuffrom (Centre Wiesenthal)[xxxvii]. Même l’activiste et compositeur antifasciste Mikis Theodorakis a subi le même traitement irrespectueux[xxxviii]. Une simple critique d’une organisation pro-israélienne semble donner aux médias autrichiens le droit de traiter les voix critiques de manière aussi irrespectueuse. Jusqu’à aujourd’hui, l’Autriche semble avoir une conception très claire de ce qui est “bon” et de ce qui est “mauvais”. Dans cette tradition, l’État et ses institutions font également la distinction entre les bons et les mauvais Juifs. Il y a trois générations, des technocrates nazis comme Adolf Eichmann prenaient également de telles décisions à Vienne, décidant quelles “bonnes” familles juives seraient autorisées à émigrer en Palestine et lesquelles seraient envoyées dans les camps d’extermination. Il n’est pas étonnant que d’autres voix critiques juives réfléchissent à deux fois avant de prononcer un discours dans des pays comme l’Autriche ou l’Allemagne. En Allemagne, par exemple, l’universitaire américaine Judith Butler a déjà déclaré qu’elle avait été traitée à plusieurs reprises de manière irrespectueuse et caricaturée de façon grossière, qualifiant les rapports la concernant d’“agressifs” et même d’“antisémites”[xxxix].
Posons une question hypothétique : si un Palestinien parvenait à s’enfuir par un tunnel de Gaza, sous la Méditerranée jusqu’en Autriche, trouverait-il alors refuge dans un appartement autrichien ? Il s’agit d’une question hypothétique car les Palestiniens ne fuient pas aujourd’hui, ils résistent. Non pas hypothétiquement, mais dans la brutalité réelle de l’Autriche post-fasciste, les fonctionnaires et les meurtriers (de masse) ont non seulement vécu sans être affectés dans ce pays, mais ils y ont également fait de brillantes carrières. Le médecin euthanasiste Heinrich Gross est mort de causes naturelles en 2005, alors qu’il était un membre respecté et riche de la société. Dans les décennies qui ont suivi 1945, il a continué à travailler comme médecin et à poursuivre en justice ceux qui avaient échappé à ses expériences de torture[xl]. La dé-nazification de l’Autriche n’a jamais été achevée - ou plutôt n’a jamais été commencée. En fait, il y a eu tellement de membres du NSDAP en Autriche que les partis politiques de gauche et de droite se sont disputés leurs votes et que personne n’a voulu parler du passé. L’expression “plus jamais ça” a été prononcée du bout des lèvres, sans aucune intention de s’attaquer aux causes profondes du génocide, à savoir le racisme, la cupidité et la concurrence impérialiste. Et les partis qui ont ouvert la voie à la réintégration des nazis dans la société sont les mêmes que ceux qui veulent aujourd’hui criminaliser Dar al Janub.
Nous ne nous distancierons pas d’un millimètre
Au cours des 20 dernières années, nous avons pu coopérer avec certains des plus grands défenseurs des droits humains, activistes et historiens. Ils ont (ou ont eu) des parcours différents, appartiennent à des associations et des institutions différentes, comme Salman Abu Sitta, Peter Melvin (RIP), Paula Abrams Hourani (RIP), Joseph Massad, Ali Huwaidi, Ronnie Kasrils, Farid Esack, Ilan Pappé, Dhoruba al-Mujahid Bin Wahad, Karam Khella (RIP), Rolf Becker, Helga Baumgarten, Silvia Baraldini, Gerald Horne, Ward Churchill, Gerry Maclochlainn, Andrea Komlosy, ...
Toutes ces personnes ont pris un certain nombre de risques, certaines ont survécu à l’Autriche nazie et fasciste, d’autres ont survécu au système carcéral américain brutal, d’autres ont survécu aux bombes israéliennes au Liban, d’autres encore ont mis fin au racisme blanc en Afrique du Sud. Et tous n’ont jamais renoncé à élever la voix contre l’injustice, la suprématie blanche, ainsi que la paresse académique et la superficialité.
Ces personnes ont dû prendre beaucoup de risques, certaines ont même tout risqué, et elles l’ont fait par amour de l’humanité, parce qu’elles avaient le sentiment que nous sommes tous liés d’une manière ou d’une autre en tant qu’enfants d’une seule famille : l’humanité !
Non, nous ne nous distancierons pas d’une seule personne que nous avons rencontrée, d’un seul groupe avec lequel nous avons coopéré ou d’une seule histoire politique sur laquelle nous avons travaillé.
Oui, nous nous opposons à la perpétration de crimes de guerre, justifiés par l’instrumentalisation du slogan “Plus jamais ça”, car nous exigeons qu’un génocide ne soit plus jamais perpétré contre qui que ce soit et où que ce soit dans le monde.
Oui, nous nous distançons des politiques de guerre injustes et des mesures racistes du gouvernement autrichien, de l’UE, des USA et de l’“extrême centre”[xli].
Oui, nous sommes solidaires du peuple qui résiste en Palestine et de tous les groupes et personnes dans l’UE et aux USA qui sont confrontés à la répression de l’État en raison de leur travail de solidarité.
Nous exigeons
- l’arrêt immédiat du site de surveillance raciste “Islam Map”[xlii] par l’Université de Vienne
- l’appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza par le gouvernement autrichien, car c’est l’obligation de l’Autriche conformément à l’article III de la Convention de Genève pour la prévention et la répression du crime de génocide[xliii]
- le gouvernement autrichien doit cesser de violer le droit à la liberté d’expression en attaquant des groupes comme Dar al Janub et le BDS, comme l’ont demandé les rapporteurs spéciaux de l’ONU[xliv].
Si vous pensez que le travail de Dar al Janub a un impact positif et qu’il devrait se poursuivre sans être confronté à la répression juridique et aux attaques des sionistes et des médias autrichiens, signez et partagez cette lettre !
Notes
[i] https://dar-al-janub.net/ueber-uns/
[ii] https://www.jungewelt.de/loginFailed.php?ref=/artikel/333783.diffamierung-statt-debatte.html
[iii] https://dar-al-janub.net/ruckblick-und-vorschau-dhoruba-2022/
[v] https://bds-info.at/stadt-wien-gegen-bds/
[vi] https://www.nytimes.com/2009/04/03/us/03churchill.html
[vii] https://www.washingtonpost.com/world/2021/05/29/austria-islam-map/
[viii] https://www.dokumentationsstelle.at/fileadmin/dpi/publikationen/DPI_Focus_Dar-al-Janub.pdf
[x] https://www.facebook.com/fraueninschwarzwien/
[xi] https://www.juedische-stimme.de/
[xii] https://nkusa.org/
[xiii] https://www.meinbezirk.at/wien/c-lokales/wiener-verein-haelt-seit-jahren-hamasverbindungen_a6414546
[xiv] https://www.krone.at/3184865
[xvi] https://wien.orf.at/stories/3235039/
[xvii] https://www.profil.at/oesterreich/operation-luxor-nehammers-debakel/402385727
[xviii] https://www.aljazeera.com/news/2021/5/29/austrian-muslims-to-sue-government-over-islam-map
[xix] https://dokustelle.at/fileadmin/Dokuments/Reports/Report_2022/Dokustelle-Report-2022.pdf
[xx] https://dokustelle.at/fileadmin/Dokuments/Reports/Report_2021/Report_2021-A4-11-2022.pdf, 17
[xxi] https://kurier.at/politik/inland/wiener-verein-zeigt-seit-jahren-verbindungen-zur-hamas/402693862
[xxii] https://icahd.org/2011/11/30/visit-of-international-delegation-to-gaza-november-2011/
[xxiii] https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jun/08/palestinians-reclaiming-our-destiny
[xxiv] https://www.youtube.com/watch?v=Q6PrhoeyLOQ&ab_channel=DaralJanubVereinf%C3%BCrantirassistischeundfriedenspolitischeInitiative
[xxvi] https://iuuk.mff.cuni.cz/~andrew/EAP/Trouillot.pdf
[xxvii] https://iuuk.mff.cuni.cz/~andrew/EAP/Trouillot.pdf, 96
[xxviii] https://iuuk.mff.cuni.cz/~andrew/EAP/Trouillot.pdf, 86
[xxix] https://iuuk.mff.cuni.cz/~andrew/EAP/Trouillot.pdf, 71f.
[xxx] https://www.youtube.com/watch?v=C71DIrOmkBM&ab_channel=UniversityofCaliforniaTelevision%28UCTV%29
[xxxii] https://spcommreports.ohchr.org/TMResultsBase/DownLoadPublicCommunicationFile?gId=27241
[xxxv] https://www.theguardian.com/world/2001/mar/11/theobserver3
[xxxviii] https://www.diepresse.com/661305/antisemitismus-kontroverse-um-theodorakis-in-wien
[xl] https://www.bizeps.or.at/heinrich-gross-ist-gestorben-das-erwartete-ende-eines-nachkriegsskandals/
[xli] Tariq Ali, The Extreme Centre: A Second Warning (London 2015).
[xlii] https://www.islam-landkarte.at/projektbeschreibung
[xliv] https://spcommreports.ohchr.org/TMResultsBase/DownLoadPublicCommunicationFile?gId=27241
Premières signatures:
1.
1. Clare Daly, Member of the European Parliament, Dublin/Ireland
2. Universität Wien for Palestine, Vienna/Austria
3. Verena Prening, BOKU for Palestine, Vienna/Austria
4. Pat Deppen, Black Alliance for Peace Solidarity Network, Philadelphia/USA
5. Dr Daud Abdullah, Middle East Monitor (MEMO), London/UK
6. Trynke, Friesland for Palestine, Leeuwarden, Netherlands
7. Adnan Odeh, Social Charitable Society Center, Nablus/Palestine
8. Filip Slakan Jakovljević, Študentsko društvo Iskra, Ljubljana, Slovenia
9. Dr. Heinz Leitner, Retired Official of the Federal Ministry of Labour, Vienna/Austria
10. Samantha, Judeobolschewiener*innen, Vienna/Austria
11. Dunia Daghlas, Samidoun Brussels, Brussels/Belgium
12. Maria, Perspectives Musulmanes, France
13. Sausan Al-khouli Marín, Asociación Unadikum, Spain
14. Die Angewandte Free Palestine, Vienna/Austria
15. Walaa Alqaisiya, University of Venice, Italy
16. BDS Austria - Boycott, Divestment and Sanctions Austria
17. Azzedine Benabdallah, Parti des Indigènes de la République, Toulouse
18. Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
19. India, The All-African People’s Revolutionary Party, Guinea-Bissau
20. Isra Ibrahim, Milestones Journal, US
21. Jalil Muntaqim, National Jericho Movement, Co-Founder, Spirit of Mandela Coaltion, CC Member, Rochester, Monroe County, New York State
22. Manolo De Los Santos, Executive Director, The People’s Forum, New York/United States
23. CAGE International
24. Nehal, CAGE Austria
25. Agnes Bakuz Canario, Akademie der Bildenden Künste Free Palestine, Vienna
26. Z Panayi, Flinta Kraft Club, Vienna/Austria
27. BDS Berlin
28. Josh Finn, Black Alliance for Peace Solidarity Network, Oneida/USA
29. Nehal, Muslim Network for Palestine, Austria
30. The Palestine Feminist Movement, Vienna
31. Maya, Judeobolschewiener*innen, Vienna
32. Kalonji Changa, Founder FTP Movement and Co-Founder Black Power Media, Atlanta, Georgia/US
33. Gecy Marty, Comitê Internacional Pela Democracia Zurique, Zürich
34. Mohammed Shihab, Shihab Company - COO, Aden/Yemen
35. Palästina Spricht, Germany
36. John Gilbert, U.S. Citizens Against War (Florence), Florence/Italy
37. Kehinde Abdullah, The CODE Project/Founder, Lagos/Nigeria
38. Nasiru Ahmad, Youth for Peace Initiative, Jos/Nigeria
39. Ed Rock, People Before Profit, Dublin/Ireland
40. Wilhelm Langthaler, Antiimperialistische Koordination (AIK), Vienna
41. Verein Palästina e.V., Frankfurt am Main/Germany
42. Dr. Wolfgang Gombocz, KFUG Graz bzw. Akademie der Wissenschaften (SAZU), Ljubljana
43. Palästina Solidarität Duisburg, Germany
44. Gabriella Grasso, PARALLELOPALESTINA, Milano/Italia
45. Ivan Wels, National Education Union International Solidarity Officer, Nottingham
46. Adam Izak, Vrede Met Venezuela Nederland, the Netherlands
47. Xavi Moreno, Federica Porello Dance Company/Technical Director, Celrà/Spain
48. Black Alliance for Peace
49. Kommunistische Organisation (Kommunistische-organisation.de), Germany
50. Franziska Markus, Palästina Initiative Tirol, Innsbruck/Austria
51. Verena, Zaytouna, Mannheim
52. Zaytouna Rhein-Neckar-Kreis, Heidelberg/Germany
53. Mehdi Meftah, Parti des Indigènes de la République, France
54. Halima B., The All-African People’s Revolutionary Party Germany
55. Grassroots Jerusalem, Jerusalem/Palestine
56. Elisa Baş, Climate Justice Activist, Part of Thawra Hamburg, Hamburg/Germany
57. Leyla Abdi Mohamed, Build for Jannah, Jinja/Uganda
58. European Legal Support Center (ELSC), Amsterdam/The Netherlands
59. Margarita Wagner, Freelance Artist, Vienna/Austria
60. Karim Eid-Sabbagh, Unabhängiger Forscher, Berlin Deutschland/Tyros Libanon
61. Laura Steurer, Student, London
62. Fernando Romero-Forsthuber, Filmmaker, Vienna
63. Rene Rauch, Social Worker, Vienna
64. Anneliese Oberdorfer, Retired (Pension), Friesach in Kärnten/Austria
65. Inés Elisa Vivas Rincón, Universidad Bolivariana de Venezuela, República Bolivariana de Venezuela. Caracas
66. Arantxa Polak, Student, Den Haag
67. Selma Oueddan, Student, Breda, The Netherlands
68. Marissa Lauren Jordan, Healthcare, Norwich/England
69. Angelina Illes, PhD Student, Vienna
70. Iris Omari Ansong, Student, Vienna
71. Dr. Sylvie Tappert, Psychotherapist, Berlin
72. Tamara E., Employee, Vienna
73. Hanna Bernhardt, Student, Vienna
74. Ariana Macon, IST Austria, Vienna/Austria
75. Emil Engels, Student, Vienna
76. Helga Suleiman, Activist, Austria
77. Tirlagh Irwin, Music Student, Cork/Eire
78. Arafat Angulo, Scientist, Austria
79. Khaled, Esmat, Engineer, Cairo/Egypt
80. Gunter Zeilinger, Software-Developer Healthcare, Vienna/Austria
81. Radwa Said Abdelazim, Psychiatrist, Cairo
82. William Murphy, Retired, West Point, NY, USA
83. IGOR BEUERMANN, Web Developer, Porto/Portugal
84. Marcela TOBON BOTERO, Défenseur de droits de l’homme et de l’environnement, France
85. Aldo Sebastiani, Employee, Novara, Italy
86. Ann-Christin Kristiansson, Priest Swedish Church in pension, Järfälla/Sweden
87. Isra Doghman, ARTIST FOR PALESTINE, Vienna
88. Richard Sonnenschein, Son of Shoah survivor, grandson/cousin to Shoah dead asks Austria why are Palestinians the Jews of the 21st century?, United States
89. Bassam Saade, MEA, Beirut
90. Abdulwahab Musa, Student, Nigeria
91. Hazel Salisbury, Retired, England
92. JS Chu, Retired health professional, London U.K.
93. Peppi Winter, Student, Vienna
94. Jawahar Sharieff, Advocate, Mumbai/India
95. Muhammad Saud Majid, Law Student, Lahore/Pakistan
96. Manël Chatar, Juriste, Belgium
97. Michelle Lauren, Associate professor, Paris/France
98. Mdesalin, Promoter of human rights and equality, South Africa
99. Rosalie Lorenz, Employee, student, Vienna/Austria
100. Shannon Eriksen, Artist, US
101. Robert Hall, Special Education Teacher, Wind River Indian Reservation, Pavillion, Wyoming USA
102. Marco Van Jura, Software-Developer, Palästina Solidarität Österreich, Vienna
103. Martin Weinberger, Lektor, Korrektor und Erwachsenenbildner, Vienna
104. Murat Temirov, Social and Média Consulting (SOMECON), o.s., projekt direktor, Prague/Czech Republic
105. Laura Otero, Freelance Visual Artist, Pontevedra/Spain
106. Mikel Oleaga, University of Vienna, PhD Candidate, Vienna/Austria
107. James Marron, Republican Socialist, Belfast/Ireland
108. Maria Santos, Retiree, SEIU 521, San Jose, California/USA
109. Syeda Nashra, Indian NGO, India
110. Claudia Berton, Scrittrice, Verona
111. Yusuf Motara, lecturer, South England
112. Sayeed Tasabbir Mahmud, Law Practitioner, Chittagong/ Bangladesh
113. Simona Mencinger, Humanitarian worker, Lebanon
114. Anne-Julie Tobiassen, Student, Oslo/Norway
115. Peter Oberdammer, Historian, Vienna
116. Anita Mirza, Engineer, The Hague
117.Cornelia M., Vienna/Austria
118. Omar Ashour, Alexandria/Egypt
119. Mariella Lath, Vienna/Austria
120. Helya Esmaeili, Vienna
121. Stefan Pum, Vienna
122. Reyine, Vienna
123. Alaulddin AL-SHAMMARI, Vienna/Austria
124. Lisa Visintainer, Vienna/Austria
125. Daniella Vill, Vienna/Austria
126. Nicole Fölß, Austria
127. Ali Shriem, Vienna/Austria
128. Nina Buchner, Austria
129. Nadia Krist, Stuttgart
130. Gerhard Summer, Bludenz
131. Ann-Kathrin Rombach, Balingen/Germany
132. Summer Doris, Austria
133. Joy Apata, Vienna
134. Tamara Nisavic, PSA Linz
135. Salim Nasereddeen, Berlin
136. Christina Kantenseder, Vienna
137. Martina Jefcoat, Tokyo/Japan (from Vienna)
138. Irene Abugattas, Lima/Peru
139. Heide Lath, Vienna
140. Sarah Loehnert, Barcelona/Catalunya
141. Bryony Archer, Austria (Irish)
142. Caroline Lange, Vienna
143. Nidhika, Vienna
144. Can, Student, Vienna
145. Alma, Vienna
146. Abdallah Zaben, Vienna/Austria
147. Rikard Larsson, Göteborg/Sweden
148. David Alterman, Lanús, Buenos Aires/Argentina
149. Sahand Yazdanyar, Washington, D.C.
150. Selena Kastrat, Vienna
151. Shamiran Romina-Bytyqi, Singen/Germany
152. Marija Obradovic, Austria
153. Iris Puicher, Innsbruck
154. Liza, Innsbruck
155. Nim Stehen, Amersfoort, Netherlands
156. Nabil Mady, Colombia
157. Iza Thaler, Ljubljana/Slovenia
158. Gabriela Beganovic Stefanova, Vienna
159. Hannah Breit, Vienna
160. Hibo Bashir, Oslo
161. Büsra Kül, Vienna/Austria
162. J.M. Makalintal, Innsbruck, Austria/Manila, Philippines
163. Lukas Petzl, Vienna
164. Aisha, Qatar
165. Seiji, Vienna
166. Mona Ahewat, Vienna
167. Gala Alica, Vienna
168. AGK, Graz/Austria
169. Belma, Student, Vienna
170. Ron Oppenheim, Vienna
171.Bahareh, Vienna
172. Katharina Hradsky, Vienna
173. Gudrun Assmann, Munich
174. Nicolai Mezaduryan, Vienna
175. Anes, Student, France
176. Stefan Kamola
177. Mia Karpov, Vienna/Austria
178. Mihi Kubiena, Vienna/Austria
179. Bibi, Central European University, Vienna
180. Sara Mencigar, Radenci, Slovenia
181. Atticus El-Wadea, West Palm Beach/US
182. Iman Shaker, Activist, Vienna/Austria
183. Christina Steinmayr, Vienna
184. Sara, France
185. Amir Softić, Vienna
186. Rohan Poojary, Vienna/Austria
187. Aysenur
188. Toby Le, Vienna
189. Daria Chtcheglova, Linz/Austria
190. Johanna Klammer
191. Tarik, Netherlands
192. Sadina Bevab, Graz/Austria
193. David Wögerbauer, Vienna
194. Finn Stark, Bremen/Germany
195. Tibah, Vienna/Austria
196. Mikaela Lindström, Stockholm/Sweden
197. Florian Kaufman, Vienna
198. Jamila, Uni Wien, Vienna/Austria
199. Jelena G., Vienna/Austria
200. Sebastian S., Vienna/Austria
201. Rosa Areal, Belgium
202. Antoine Effroy, Vienna/Austria
203. Bana Saadeh, Vienna/Austria
204. Lilian Tenus, Vienna
205. Declan Noonan, Cork Ireland
206. Herbert Fitzell, Citizen/ Caring human, Chester, VA USA
207. Cal, ISRAELI REVOLUTION 2024, Tel Aviv
208. Martin Murphy, Human Being, Belfast/Ireland
209. Zahratul ulla, Indonesia
210. Nasrin Paydar, Canada
211. Natalia Elpanova, Russia/Oryol
212. Massimo Barbieri, Italy
213. Christine Pizon, Oswego/USA
214. Yashar Garibzadeh, Norway
215. Orhan Ertan, Emekli, Türkiye
216. Charlotte Moncrieff, England
217. Sabine Ebert-Forbes, Keighley UK
218. Aidan Collins, Ireland
219. Elizabeth Trowell, Novi Sad/Serbia
220. David Ange, Australia
221. Irma Spaho, Most na Soči/Slovenia
222. Natalia Elpanova, Russia/Oryol
223. Laura Topütt, Vienna/Austria
224. Ale Aria, Graz
225. Nicholas Gregson, World citizen, Honiton/England
226. Gillian Tennent, Gullane, Scotland, UK
227. Björn Elisson, Stockholm/Sweden
228. Geert Meijer, Assen/Netherlands
229. Samir Medjad, Oslo
230. Chris Donaldson, UK
231. Alisa Nazaire, USA
232. Mehboob Sadicote, Mumbai/India
233. T. Doran, USA
234. Dalal Saddiqi, Morocco
235. Thomas Linsberger, Austria
236. Katia W, Belgium
237. Nicola, Brussels
238. Ahmed, London
239. George Arctouros, Greece
240. Ola AbdelAziz
241. Arev Papazian, Vienna
242. Lily Mackay, Scotland
243. Graeme McCaffery, UK
244. Engin Artut, Istanbul/Turkey
245. Giuseppe Pinna, Sassari/Italy
246. Martina Segatori, Italy
247. Naomi Günes-Schneider, Vienna
248. Golbon Moltaji, Wien
249. Craig Raeside, United Kingdom
250. Waseem Afzal, Manchester/England
251. Amera, India
252. Godelieve Sluyts, Mechelen/Belgium
253. Marta Mateos Revuelta, Brussels/Belgium
254. Alena B.
255. Andrew Kearney, United Kingdom
256. Amjad Ibraheem, Vienna/Austria
257. Lisa Schrofner, Salzburg/Austria
258. Jim Christiansen, Toronto/Canada
259. Donal Leahy, Galway/Ireland
260. Andrea Forster, Austria
261. Daliah Breit, Linz
262. Tamer, Medical engineer, Germany
263. Kara Coonrod, Springfield/USA
264. Dean sandiego, College, Egypt
265. Monika Kloc, Dingle/Ireland
266. Netto, Vienna
267. Sara Branco, Lisbon/Portugal
268. Peggy Scott, Peterborough Canada
269. Lionel Reinisch, Créteil/France
270. Dala Taher, Canada
271. Z. Ahmad, Netherlands
272. Dianna Nazzal, Berlin
273. Florian Kronawitter, Germany
274. Penelope Papanikalaou, Greece
275. Roberta Pasini, Berlin
276. Renti Rosyalin, Indonesia
277. Razan Alrayyes, Sweden
278. S. Hossain, United States
279. Claire Law, United Kingdom
280. Badree, Kuala Lumpur/Malaysia
281. Nesha Seydel
282. Basim, Chicago/Illinois
283. Hallie Jackson, Raleigh/USA
284. Morgan Streeter, Alabama/USA
285. Yassin Ali, Djibouti
286. Muzaffar Islam, Nellore/India
287. Yahye Abukar, Helsinki Uusimaa/Finland
288. Tiffany McMillan, USA
289. Daoud Ali, Worcester/US
290. Lucia Duarte, Berlin
291. Widia Shinta, Yogyakarta/Indonesia
292. Sam Katbeh, Florida/USA
293. Ron Cohen, London/UK
294. Farron Strobel, Palm Beach Gardens Florida
295. Jelena Peraić, Split/Croatia
296. L. Peraić, Student, Croatia
297. Amelia Mendoza, Stuttgart/Germany
298. Elysse Sison, New Jersey/USA
299. Marzy Marrero
300. Jacob Boulton, US
301. Jp, Sociology Major, Belgium
302. L P, Croatia
303. Abdul Naser Tamim, Germany
304. Michael Joyce, Cork/Ireland
305. Sofia Silva, Portugal
306. Hendrin Walsh, London UK
307. Eva Wegener, self employed, Berlin/Germany
308. Manlio Caputo, Milano/Italia
309. Heather Saenz, Vienna/Austria
310. Ivonne Andrea Losa, Lodi
311. Ahmad Yacob, Ilmenau/Germany
312. Sara Salibi Nasir, Leipzig/Germany
313. Klaus Helms, Schwerin/Meckl.
314. Verena Hopfner, Dornbirn/Austria
315. Nimrod Varga, Vienna/Austria
316. Detlef Fritzsche, Berlin/Germany
317. Håkan Olofsson, Sweden
318. Alina Kranewitter, Vienna/Austria
319. Wilhelm Wagenleitner, Vienna
320. Sarah Nemeth, Vienna
321. Fausto Giudice, Tunis
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