Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

05/02/2023

KATARINA DJORDJEVIC
#metoo : quand les femmes se révoltent, personne ne doit être lésé

 Katarina Djordjevic, FemPers, 7/2/2023
Original :
#metoo: När kvinnor revolterar får ingen komma till skada
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Katarina se présente ainsi : « Je suis née en Suède ou j’ai grandi avec une mère finlandaise, un père serbe et trois frères. J’ai eu la chance d’étudier un an au Canada, et de travailler au Vietnam, en Afrique du Sud et à La Réunion. Aujourd’hui je travaille à Paris en tant que chef infographiste de modélisation pour des films d’animation. J’ai fait des formations sur l’écriture de scenario et la réalisation des films documentaires, et mon rêve est de faire une série documentaire sur des sociétés matriarcales. J’habite Paris ou j’élève seule mon fils de 11 ans. Les questions qui m’intéressent le plus : la paix, l’égalité et la durabilité ». Facebook

 « Lorsque les femmes se rebellent contre des siècles, voire des millénaires de sexisme, alors là personne ne doit être lésé. On attend des femmes qu’elles soient polies et pondérées, même lorsqu’elles font la révolution ! »

Katarina Djordjevic réfléchit à ce qu’est une révolution et à la manière d’aller de l’avant après #metoo.

Eleanor Shakespeare, The Guardian

Il est temps d’aborder un aspect de #metoo qui a été absent dans le débat, à savoir une perspective plus large sur le fonctionnement des révolutions.

Selon le dictionnaire de l’Académie suédoise, une révolution est un « changement violent, généralisé, profond (souvent soudain) des conditions existantes à certains égards (par exemple dans les conditions sociales, culturelles) ; bouleversement, subversion, remodelage (...) ».

#metoo a été à plusieurs reprises comparé à une révolution, et si l’on observe l’ambiance en Suède lorsque le mouvement #metoo était le plus intense, on peut dire qu’il y avait une certaine humeur révolutionnaire. Bien que #metoo ait en fait été lancé aux USA en 2007 par Tarana Burke, il y a eu quelque chose de soudain dans le fait que tant de personnes en Suède, ensemble, se sont levées et ont témoigné au même moment à l’automne 2017. Quelque chose qui avait été longtemps, longtemps refoulé a soudainement fait surface et pour beaucoup des hommes contre lesquels les témoignages étaient dirigés, et pour leurs familles, #metoo a eu des conséquences violentes. L’objectif de #metoo était de provoquer un changement et il s’agissait de conditions sociales et culturelles. En ce sens, #metoo correspond tout à fait à la définition d’une révolution. Même si c’était sous une forme comparativement très douce et inachevée.

Les révolutions historiques, étrangement, sont souvent perçues comme quelque chose de positif. Dans le monde du film, la rébellion de l’esclave Spartacus contre les maîtres de l’Empire romain est romantisée et nous voyons de pauvres paysans marcher vers Versailles pour renverser la monarchie détachée e la réalité. Le psychiatre et essayiste Franz Fanon encourage le peuple à recourir à la violence contre la puissance coloniale française en Algérie.

La Révolution française a été terriblement sanglante. Sous la Terreur, plus de mille personnes ont été exécutées en une seule année, dont de nombreux enfants. Beaucoup étaient innocents et jugés par des tribunaux populaires arbitraires. Pourtant, nous ne nous concentrons pas sur ces victimes et leurs pauvres parents, mais nous nous intéressons surtout aux personnes qui sont mortes de faim et aux festins de la famille royale dans les années précédant la révolution.

À ma connaissance, aucun film n’a jamais été réalisé sur l’angoisse d’un maître romain lorsque ses esclaves se rebellent. Nous ne l’entendons jamais se plaindre qu’il a tout perdu. Nous ne tenons pas les esclaves responsables du sang qui coule pendant leur rébellion. Nous ne nous demandons pas s’ils sont allés trop loin.

Lorsque nous discutons de la rébellion contre les puissances coloniales, personne ne dit avec indignation « Une victime était une victime de trop ! Personne, pas une seule personne n’aurait dû être lésée ! »

La rébellion contre les puissances coloniales a entraîné de nombreuses souffrances et la mort de nombreux innocents, mais nous sommes en mesure de mettre ces souffrances en perspective avec celles qui ont précédé la rébellion. Nous sommes compétents pour comprendre les mécanismes humains qui se mettent en branle lorsque quelque chose est allé trop loin, lorsque trop de douleur et de frustration se sont accumulées... Toute cette énergie est nécessaire pour que la révolution puisse démarrer. Mais c’est aussi cette énergie, qui lorsqu’elle se déchaîne devient facilement ingérable, qui rend les révolutions dangereuses, voire mortelles.

Nous le comprenons dans le cas de toutes les révolutions. Sauf une. Celle des femmes.

Lorsque les femmes se rebellent contre des siècles, voire des millénaires de sexisme, personne ne doit être lésé. Nous attendons des femmes qu’elles soient polies et pondérées, même lorsqu’elles font la révolution !

Nous oublions complètement qu’être pondérés va à l’encontre du phénomène même de la révolution. Une révolution n’est jamais calme. La dynamique d’une révolution est précisément qu’elle déferle comme une vague, que les émotions prennent le dessus, que les inhibitions disparaissent et que les gens sont invités à suivre. Les révolutions ne sont pas belles. Les révolutions sont horribles et sanglantes et causent de terribles souffrances. C’est précisément la raison pour laquelle il est si important de créer une société où les gens ne sont pas opprimés, où les gens ne doivent pas vivre longtemps avec le sentiment d’être traités injustement. Précisément pour éviter que les révolutions n’aient à se produire.

La révolution #metoo n’a jamais été achevée. Si #metoo était devenu une véritable révolution, beaucoup, elle aurait probablement coûté la vie beaucoup plus de personnes. Nous avons donc probablement de la chance que les femmes soient aussi sages et pondérées qu’elles le sont, et que #metoo n’ait jamais eu pour but de renverser les piliers du système actuel, mais d’apporter un changement au sein du système.

Si nous voulons juger équitablement le soulèvement #metoo, dans le même esprit que nous jugeons les autres soulèvements contre l’injustice, nous ne devons pas oublier que ce sont les injustices elles-mêmes qui sont la cause principale de la souffrance que le soulèvement crée. Si nous ne blâmons pas les esclaves qui se rebellent contre l’esclavage, nous ne devrions pas non plus blâmer les femmes qui se rebellent contre le sexisme. C’est l’esclavage et le sexisme qui sont le principal problème.

Les souffrances causées lors d'une révolution sont essentiellement une conséquence de l'injustice qui a précédé le soulèvement. Si nous voulons éviter les souffrances qu'entraînent les soulèvements et les révolutions, et dont même des innocents peuvent pâtir, nous devrions peut-être nous attaquer à toutes ces choses qui peuvent provoquer le genre de frustration qui, au fil des années d'accumulation, peut amener les personnes à se regrouper et, ensemble, à chambarder soudainement le monde que nous connaissons.

 

GIDEON LEVY
Un adolescent palestinien a été tué lors d’une manifestation. Israël n’a pas laissé sa famille faire son deuil en paix

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 4/2/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Un jeune Palestinien participe à une manifestation violente et un policier lui tire dessus et le tue. Israël refuse de remettre le corps, et la police des frontières arrive et arrache les drapeaux palestiniens et les affiches de deuil.

Sa famille pleure Wadia Abu Ramouz, un adolescent palestinien tué par la police israélienne lors d’une manifestation à Jérusalem

 

Aziza, une jeune fille de 15 ans vêtue de noir, se tient dans la cour de sa maison et utilise du ruban adhésif pour fixer aux murs des photos de son frère décédé. Son visage est sans expression. Des affiches de deuil avaient été accrochées ici un jour plus tôt, mais la police aux frontières s’est présentée à la maison et a déchiré toutes les photos et tous les drapeaux de l’espace de deuil. La famille n’a pas non plus reçu le corps du garçon - la police l’a pris à l’hôpital et refuse de le rendre.

 

Wadia Abu Ramouz, un jeune homme de 17 ans originaire de Jérusalem, a été grièvement blessé la semaine dernière après avoir reçu une balle dans le ventre par des policiers. Les policiers ont déclaré qu’il leur avait jeté des pétards et des bombes incendiaires. Il est mort deux jours plus tard au centre médical Shaare Zedek, les mains et les pieds menottés. Pendant la majeure partie de cette période, sa famille n’a pas été autorisée à être auprès de lui, pas même pendant ses dernières heures. Son corps a ensuite été saisi, et lundi dernier, l’espace de deuil a été démantelé par la police. C’est ainsi que se déroule le meurtre d’un jeune Palestinien à Jérusalem.

 

Un complexe résidentiel, des maisons empilées les unes sur les autres sur la pente d’une colline, au centre d’une ruelle étroite à la limite entre le village de Silwan et le quartier de Jabal Mukaber, la rue Al-Kurama. Ce sont les favelas de Jérusalem : des bidonvilles densément peuplés qui étaient autrefois des villages à la périphérie de la Jérusalem palestinienne et qui en sont aujourd’hui les quartiers défavorisés. Honteux, ils sont plantés à flanc de colline, maison contre maison, rues de la largeur d’une voiture, avec des ordures éparpillées partout, comme dans un camp de réfugiés, le tout sous l’égide de l’occupation.

 

Abdel Aziz Abu Ramouz, 46 ans, père de cinq enfants qui travaille comme nettoyeur dans la cuisine de la Yeshiva d’Hébron à Jérusalem, a perdu son fils aîné à la fin de la semaine dernière. Aujourd’hui, il est assis avec ses frères et ses neveux, qui lui ressemblent tous étrangement, dans la cour, peu de temps après que la police des frontières a supprimé tous les signes de deuil, lundi.

 

L’enterrement est interdit, tout comme le deuil. Le clip vidéo de l’action de la police - montrant une importante force de la police aux frontières, armée, blindée et équipée de la tête aux pieds, remontant l’étroite allée menant à la maison, comme s’il s’agissait d’une opération particulièrement audacieuse et secrète derrière les lignes ennemies, leur seul but étant d’arracher les affiches et les bannières de deuil - est un exemple extrêmement grotesque et ridicule de l’occupation à Jérusalem. Ces officiers sont sans doute sérieusement convaincus qu’ils agissent pour la sécurité du pays.

 

Pour les hommes de la famille Abu Ramouz, qui travaillent tous à Jérusalem-Ouest et parlent couramment l’hébreu, ce n’est pas seulement une heure de deuil mais aussi une heure de rage. Au deuil qu’ils vivent s’ajoute un sentiment d’humiliation et d’affront dû au comportement barbare des forces de sécurité, dont le summum a été d’être privés de la possibilité de se séparer convenablement de leur fils avant sa mort, puis de la confiscation de son corps, qui les opprime désormais par-dessus tout.

 

 Abdel Aziz Abu Ramouz, tenant une affiche commémorative avec la photo de son fils décédé, Wadia, cette semaine.


Wadia était en 12ème année à l’école Al-Shamla pour garçons et avait commencé à préparer ses examens du bac cette année. Mercredi soir dernier, après être rentré de l’école, il est sorti, à la demande de son père et de son oncle, pour leur acheter des cigarettes au supermarché d’Ain Luza, dans la vallée entre les quartiers. Il était environ 20 h 30 - la famille dit qu’elle ne savait pas qu’en chemin il rencontrerait une grande manifestation de jeunes en colère qui jetaient des bombes incendiaires, des pétards et des pierres sur la police. Les passions étaient à vif, après qu’un jeune de 17 ans eut été tué le matin même dans le camp de réfugiés de Shuafat lors d’une opération de démolition de maisons.

 

Qu’il ait participé ou non aux jets de pierres, Wadia a été abattu d’une balle dans l’estomac, à bout portant, par un policier en civil qui se faisait passer pour un Arabe, selon les témoignages transmis à la famille. Le témoignage ajoute qu’il est resté étendu en sang dans la rue pendant 45 minutes, jusqu’à ce qu’une ambulance israélienne soit autorisée à l’évacuer. Il a été emmené à Shaare Zedek, où il a subi plusieurs opérations au cours des deux jours suivants. La balle avait explosé dans son abdomen et dévasté ses organes internes.

 

Vers 22 heures, son oncle Ramzi a appris qu’un jeune de Silwan avait été grièvement blessé. Grâce aux médias sociaux, ils ont rapidement appris qu’il s’agissait de Wadia. Le téléphone du jeune homme fonctionnait encore, mais personne n’a répondu. Ramzi a appelé son frère Abdel Aziz, le père de Wadi, et avec Hadil, 40 ans, la mère de l’adolescent, ils ont commencé à faire le tour des hôpitaux de Jérusalem. Ils n’avaient aucune idée de l’endroit où Wadia avait été emmené ; personne n’avait pris la peine de les informer.

 

À l’hôpital universitaire Hadassah d’Ain Karem et, de l’autre côté de la ville, à Hadassah Mount Scopus, ils ont été informés qu’aucun blessé portant le nom de leur fils n’avait été admis. Ils se sont rendus plusieurs fois à Shaare Zedek, où on leur a dit à chaque fois que personne du nom de Wadia Abu Ramouz n’y était patient. Il s’est avéré que, pour des raisons obscures, Wadia avait été admis sous un autre nom. Ce n’est qu’à 4 heures du matin, après avoir fait appel aux services d’un avocat, que les parents ont réussi à retrouver le jeune homme, mais les visites, aussi brèves soient-elles, étaient interdites. De nombreux policiers surveillaient le patient ainsi que l’entrée de l’unité de soins intensifs, où il était hospitalisé.

 

Quelqu’un leur a montré les vêtements de Wadia, afin qu’ils en soient sûrs. Wadia était déjà dans la salle d’opération. Les policiers les ont cependant jetés hors du bâtiment, comme des chiens errants, de sorte que les deux jours suivants, ils ont été contraints de passer la plupart de leur temps sur le parking de l’hôpital. Au début, les parents ont été rejoints par des proches, puis par la famille élargie.

 

Les proches ont demandé que les parents soient autorisés à rester avec leur fils pendant un court moment, mais la police a refusé. Ce n’est qu’après que leur avocat eut déposé une requête au tribunal qu’une ordonnance a été rendue pour permettre aux parents de passer un peu de temps au chevet de leur fils. Abdel Aziz et Hadil sont entrés dans la chambre - et quatre minutes plus tard, ils ont été de nouveau expulsés. Ils ont constaté que Wadia était inconscient, qu’il était menotté et enchaîné au lit par les mains et les pieds, et que divers tubes entraient et sortaient de son corps. Ils ont pris sa photo en cachette, la dernière photo de leur fils. Deux oncles âgés du jeune homme ont demandé à être autorisés à entrer dans la pièce, mais ils ont essuyé un refus.

  



L’oncle de Wadia, Ramzi, accroche un drapeau palestinien

 

Au cours des deux jours suivants, les parents ont été autorisés à entrer trois fois de plus, pour quelques minutes seulement à chaque fois. Le reste de la famille a attendu dans le parking. Pendant cette période, Wadia a subi plusieurs opérations et a reçu de multiples transfusions sanguines. Son état s’est stabilisé et, vendredi après-midi, les médecins ont annoncé aux parents que son état s’était amélioré. À 21 heures, ils sont entrés pour ce qui devait être la dernière fois. Wadia a bougé sa main et a même embrassé sa mère. Les parents étaient pleins d’espoir.

 

Vers 22 heures, les membres de la famille élargie ont reçu l’ordre de quitter le parking ; la police et les gardes de sécurité les ont menacés de ne pas autoriser les parents à voir Wadia s’ils restaient sur place. La famille est partie, seuls les parents restant, au huitième étage, près de l’entrée de l’unité de soins intensifs. Le soir même, après être rentré chez lui, Ramzi, l’oncle, a vu dans les médias sociaux une information selon laquelle Wadia était mort. Il a immédiatement appelé son frère, qui lui a dit que Wadia était en vie.

 

Personne n’avait informé les parents, qui se trouvaient juste à l’extérieur de l’unité de soins intensifs, de la mort de leur fils.

 

Peu de temps après, Abdel Aziz et Hadil ont reçu l’ordre d’attendre au sixième étage, car un patient du COVID était sur le point d’arriver, bien que la véritable raison soit apparemment d’emmener le corps de leur fils en “garde à vue” sans interférence. D’autres membres de la famille, qui s’étaient précipités à l’hôpital, désemparés, nous racontent qu’ils ont été soumis aux coups de la police. « Je vous donne cinq minutes pour sortir, ou vous allez voir quelque chose que vous n’avez jamais vu auparavant », les a menacés l’un des officiers, se souviennent-ils.

 

« Est-ce une façon de se comporter ? » dit Ramzi maintenant. « Au lieu de nous consoler, ils nous ont menacés. Ils nous ont sauté dessus et nous ont poussés dehors. Notre fils est mort, ayez un peu de sentiment pour nous. Quelle violence. Je suis conducteur de bétonnière et je travaille avec des Juifs toute la journée. Le père de Wadia travaille dans une yeshiva pour les religieux. C’est comme ça qu’ils se comportent avec nous ? Nous ne leur avons jamais rien fait, le garçon n’a jamais rien fait, mec. Il a déjà passé la partie écrite pour son permis de conduire et voulait faire le test. Il travaillait parfois comme nettoyeur pour les juifs à Mahaneh Yehuda [marché aux fruits et légumes], et maintenant ses amis ont peur d’aller à l’école, parce que la police pourrait les tuer aussi ».

 

 Abdel Aziz Abu Ramouz avec son fils Omar

 Un porte-parole de la police israélienne a déclaré cette semaine en réponse à une question de Haaretz : « Voilà à quoi ressemble une image déformée de la réalité, au milieu de la présentation de faits et d’allégations sans fondement.

 

« L’assaillant a été neutralisé lorsqu’il a mis en danger la vie des combattants de la police aux frontières, avec un autre assaillant, alors qu’ils tiraient des pétards et lançaient des cocktails Molotov sur eux à quelques mètres.

 

« Lors d’une fouille qui a été effectuée sur leurs personnes, un lot de pétards, un couteau et un drapeau du Hamas ont été saisis. Après qu’ils ont été blessés, les forces de sécurité ont immédiatement convoqué le personnel médical et ont pris des mesures pour les évacuer afin qu’ils reçoivent un traitement médical dans un délai beaucoup plus court que celui allégué faussement dans la requête. En outre, les combattants ont aidé les équipes médicales lors de l’évacuation, et quelques jours plus tard, l’assaillant a été déclaré mort à l’hôpital. Comme il était en état d’arrestation pendant son hospitalisation, des gardes ont été postés sur le site et les visites ont été autorisées conformément à la décision du tribunal. Il convient de noter que nous n’avons connaissance d’aucune allégation de violence à l’hôpital et que, s’il en existe une, elle doit être examinée par les personnes autorisées.

 

« Au cours des derniers jours, des activités de répression ont été menées dans la zone de sa résidence, suite au déploiement de drapeaux du Hamas et d’affiches exprimant un soutien au terrorisme, en violation de la loi. Nous continuerons à agir avec détermination contre toute personne qui met en danger ou tente de porter atteinte à la vie des civils ou des forces de sécurité ».

 

La tente jaune sur le toit de l’immeuble, où l’oncle passe les nuits d’été, a été arrachée par la police aux frontières. Quelques perches à linge ont été cassées. En bas dans la cour, la police a utilisé des couteaux pour entailler la bâche qui était tendue au-dessus de l’espace de deuil. Un drapeau palestinien solitaire flotte sur un poteau électrique. Les policiers n’ont pas réussi à l’atteindre ; peut-être reviendront-ils avec une grue pour finir le travail. Un groupe de membres de la police aux frontières se tient au coin de la rue, non loin de la maison, au cas où une affiche serait collée ou un drapeau hissé. Certains membres de la famille ont déjà réussi à le faire.

 

En face, des drapeaux israéliens flottent sur des dizaines de sites où des colons ont envahi Silwan ces dernières années. « Aucun drapeau ne nous rendra le garçon », dit un autre oncle, Sami. « J’ai un drapeau israélien sur ma plaque d’immatriculation, et ça ne me dérange pas. Un drapeau n’est rien. Mettez des drapeaux où vous voulez, mais comportez-vous envers nous avec respect. Je suis un Arabe de merde et tu es un sale Israélien, et on s complète bien ».

 

Ce à quoi l’oncle Ramzi ajoute : « Ces mots, vous pouvez les transmettre au peuple israélien, pas au gouvernement israélien : Nous voulons vivre bien. Nous demandons à tous ceux qui ont un cœur de nous donner le corps, pour que nous puissions enterrer le garçon ».

 

Entre-temps, Aziza a fini de coller les photos de son frère décédé sur les murs de la maison. Une force de la police aux frontières a probablement déjà été dépêchée sur les lieux du crime.

 

JORGE MAJFUD
Les cent millions de morts du communisme
Et les mille millions du capitalisme

 Jorge Majfud, Escritos Críticos, 29/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Résumé d’un chapitre du livre à paraître “Moscas en la telaraña” (Des mouches dans la toile d’araignée)

Je sais que ce n’est nécessaire d’aucun point de vue, mais pour commencer, je tiens à préciser que je ne suis pas communiste. J’ai d’autres idées, moins parfaites, sur ce que devraient être la société et le monde, qui n’est pas celui-ci, si fanatiquement fier de ses propres crimes. Mais comme j’ai horreur de la propagande du maître qui accuse toute autre forme de pensée de propagande, me voici à contre-courant une nouvelle fois.

Dans La frontera salvaje (2021), nous nous sommes arrêtés à l’Opération Oiseau-Moqueur, l’un des plans les plus secrets et, en même temps, les plus connus de la guerre psychologique et culturelle organisée et financée par la CIA pendant la guerre froide. Examinons maintenant l’un des cas les plus médiatisés et viralisés des années 1990, Le Livre noir du communisme, publié par l’ex- maoïste Stéphane Courtois et d’autres universitaires en 1997. Nous ne nous attarderons pas maintenant sur la psychologie bien connue du converti, car ce n’est pas nécessaire. Le livre était une sorte de Manuel du parfait idiot latino-américain*, mais du premier monde et avec beaucoup plus de vie médiatique.


Ce livre est à l’origine des innombrables publications sur les réseaux sociaux sur “les cent millions de morts du communisme”, alors que ses auteurs eux-mêmes estiment un nombre inférieur, entre 65 et 95 millions. Les spécialistes du domaine (les auteurs ne le sont pas) ont noté que Courtois a répertorié tous les événements où un pays communiste était impliqué et a pris le chiffre le plus élevé dans tous les cas.

Par exemple, la Seconde Guerre mondiale est attribuée à Hitler et à Staline, alors que c’est le second qui est le principal responsable de la défaite du premier, et que c’est le premier, et non le second, qui a causé cette tragédie. En outre, il conclut que Staline a tué plus qu’Hitler, sans examiner les raisons de chaque tragédie et en attribuant à Staline une partie des 70 à 100 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale, alors que l’un a commencé la guerre et l’autre l’a terminée. Les vingt millions de morts russes sont attribués à Staline. Les spécialistes de l’ère soviétique estiment la responsabilité de Staline à un million de morts, ce qui est un chiffre horrible, mais bien en deçà de ce qui lui est attribué et encore plus loin de tous les massacres causés par les autres superpuissances victorieuses, les anciens alliés de Staline.

En 1945, le général LeMay a dévasté plusieurs villes japonaises, dont Nagoya, Osaka, Yokohama et Kobe, trois mois avant les bombes atomiques. Dans la nuit du 10 mars, LeMay ordonne le largage de 1 500 tonnes d’explosifs sur Tokyo à partir de 300 bombardiers B-29. 500 000 bombes pleuvent de 1 h 30 à 3 h du matin. 100 000 hommes, femmes et enfants ont été tués en quelques heures et un million d’autres ont été gravement blessés. Un précédent pour les bombes au napalm a été testé avec succès. "Les femmes couraient avec leurs bébés comme des torches enflammées sur le dos", se souviendra Nihei, un survivant. "Je ne m’inquiète pas de tuer des Japonais", a déclaré le général LeMay, le même général qui, moins de deux décennies plus tard, recommanderait au président Kennedy de larguer quelques bombes atomiques sur La Havane pour résoudre le problème des rebelles barbus. Au début des années 1980, le secrétaire d’État Alexander Haig dira au président Ronald Reagan : "Donnez-moi juste l’ordre et je transformerai cette île de merde en un parking vide".

Le livre de Courtois énumère deux millions de morts en Corée du Nord attribués au communisme sur les trois millions de morts totaux, sans tenir compte du fait que les bombardements aveugles du général MacArthur et d’autres “défenseurs de la liberté” ont anéanti 80 % du pays. Depuis 1950, des centaines de tonnes de bombes ont été larguées en une seule journée, qui, selon Courtois, ses répétiteurs de Miami et l’oligarchie latino-américaine, n’auraient pas été responsables de la mort de nombreuses personnes.

Courtois compte également un million de morts au Vietnam à cause des communistes, sans considérer qu’il s’agissait d’une guerre d’indépendance contre les puissances impériales de la France et des USA, qui a fait au moins deux millions de morts, dont la plupart n’étaient pas des combattants mais ont subi les classiques bombardements aériens usaméricains (inaugurés en 1927 contre Sandino au Nicaragua) et l’utilisation du produit chimique Agent Orange, qui a non seulement a rayé de la carte un million d’innocents sans distinction mais dont les effets sur les mutations génétiques se font encore sentir aujourd’hui.

Il attribue également la barbarie du régime des Khmers rouges au Cambodge entièrement au “communisme”, juste parce que le régime était communiste, sans mentionner que Pol Pot avait été soutenu par Washington et les entreprises occidentales ; que c’est le Vietnam communiste qui a vaincu les USA, ce qui a mis fin à cette barbarie, alors que l’Occident a continué à soutenir les génocidaires en les reconnaissant à l’ONU comme gouvernement légitime jusque dans les années 1980. Entre 1969 et 1973, il est tombé plus de bombes sur le Cambodge (500 000 tonnes) que sur l’Allemagne et le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Il en a été de même pour la Corée du Nord et le Laos. En 1972, le président Nixon a demandé : « Combien en avons-nous tué au Laos ? » Ce à quoi son secrétaire d’État, Ron Ziegler, a répondu : « Environ dix mille, ou peut-être quinze mille ». Henry Kissinger a ajouté : « Au Laos, nous avons également tué environ dix mille, peut-être quinze mille personnes ». Le dictateur communiste qui suivra, Pol Pot, dépassera largement ce chiffre, massacrant un million de ses concitoyens. Les Khmers rouges, enfants de la réaction anticolonialiste contre l’Occident, ont été soutenus par la Chine et les USA. C’est un autre régime communiste, celui du Vietnam, qui a vaincu les USA, a mis fin au massacre de Pol Pot après le massacre de 30 000 Vietnamiens. Outre les personnes massacrées par les bombes de Washington rien qu’au Laos et au Cambodge, des dizaines de milliers d’autres personnes continuent de mourir depuis la fin de la guerre, à cause de bombes qui n’ont pas explosé lors de leur largage.

Le plus grand nombre ajouté aux 94 millions de victimes du communisme concerne la famine catastrophique qui a sévi dans la Chine de Mao dans les années 1960. Cette famine de 1958-62 n’a pas fait 60 millions mais, très probablement, entre 30 et 40 millions et n’était en aucun cas un plan d’extermination délibéré et raciste, à la manière ceux des nazis en Allemagne ou des Britanniques en Inde. La nécessité de l’industrialisation a été répétée dans des pays comme le Brésil et l’Argentine, et leur seul péché a été d’être en retard. Dans le cas de la Chine, elle a combiné une politique désastreuse avec des problèmes climatiques. Néanmoins, l’espérance de vie en Chine a commencé à s’améliorer rapidement à partir des années 1960. Pendant la même période de la guerre froide, le nouvel État démocratique indien a commencé à améliorer l’espérance de vie de sa population. Mais cela n’était pas dû à un quelconque plan, mais simplement au fait de ne plus être une colonie affamée, brutalisée et pillée par l’Empire britannique, qui, rien qu’entre 1880 et 1920, a été responsable de la mort de 160 millions de personnes.

1878

Cependant, en cette période de démocratie capitaliste en Inde, les décès attribuables à l’absence de réformes sociales s’élèvent à 100 millions. Amartya Sen, économiste mondialement primé et professeur à l’université de Harvard, et Jean Drèze, de la London School of Economics, avaient publié en 1991 Hunger and Public Action, où ils analysaient avec une rigueur statistique plusieurs cas négligés de famines mondiales causées par des systèmes, des modèles et des décisions politiques. Au chapitre 11, ils observent : « Si l’on compare le taux de mortalité de 12 pour mille de l’Inde avec celui de 7 pour mille de la Chine et si l’on applique cette différence à une population de 781 millions d’habitants en Inde en 1986, on obtient une estimation de la surmortalité en Inde de 3,9 millions par an ».

La presse grand public n’a pas repris l’histoire et le monde n’en a pas entendu parler. Au contraire, six ans plus tard, Le Livre noir du communisme et d’autres ouvrages du même genre commercial, qui se vendent vite, se consomment vite et sont faciles à digérer, sont devenus célèbres comme par magie.

Nous avons précédemment analysé la position de l’intellectuel et diplomate indien et britannique Shashi Tharoor et des professeurs Jason Hickel et Dylan Sullivan sur l’impact des politiques impériales du capitalisme, qui contredit les récits populaires les plus promus par les médias grand public et les agences gouvernementales, ce qui pourrait être résumé par l’une de leurs conclusions : "Dans toutes les régions étudiées, l’incorporation dans le système mondial capitaliste a été associée à une baisse des salaires en dessous du minimum vital, à une détérioration de la taille humaine et à un pic de la mortalité prématurée ».

Si, avec les mêmes critères que Courtois et ses répétiteurs, on continuait à compter les millions d’indigènes tués aux Amériques dans le processus qui a rendu le capitalisme possible en Europe, les dix millions de morts au moins que le roi belge Léopold II a laissés dans l’entreprise appelée Congo et tant d’autres massacres de Noirs en Afrique qui n’ont pas d’importance, ou en Inde, ou au Bangladesh, ou au Moyen-Orient, on dépasserait facilement plusieurs centaines de millions de morts dans n’importe quel Livre noir du capitalisme.

Plus que ça. Utsa Patnaik, économiste de renom et professeure à l’université Jawaharlal Nehru, a calculé que la Grande-Bretagne a volé à l’Inde 45 billions de dollars rien qu’entre 1765 et 1938 et a causé, au cours de ces siècles, la mort non pas de cent millions mais de plus d’un milliard de personnes. Le chiffre auquel aboutit son livre publié par Columbia University Press de New York, qui semble à première vue exagéré, n’est pas moins excessif que celui attribué par Courtois sur la même base - mais mieux documenté.

Un seul des deux récits fait les gros titres et atteint sa cible : dans les démocraties détournées, ce n’est pas le poids des vérités qui compte, mais la somme des opinions inoculées.

NdT

* Manuel du parfait idiot latino-américain : essai de de Plinio Apuleyo Mendoza, Carlos Alberto Montaner et Álvaro Vargas Llosa (le fils), préfacé par Mario Vargas Llosa (le père), publié en 1996, qui se voulait une réponse “libérale” aux Veines ouvertes de l’Amérique latine (1971) d’Eduardo Galeano. Les auteurs ont récidivé en 2077 avec une suite, El regreso del idiota (Le retour de l’idiot). Commentaire d’Atilio Boron sur l’opus : « un catalogue de trivialités, de mensonges et de faussetés sur les causes du sous-développement de nos pays et qui, selon l’analyse incisive de ces auteurs, est dû au penchant malsain des Latino-américains pour l’étatisme et le caudillisme (...) une monstruosité, préfacée par Mario Vargas Llosa, qui démontre irréfutablement que la droite est incapable de produire des idées et que son discours est incapable de transcender le niveau des bons mots, le niveau le plus élémentaire et primaire de l’intellection. » (in Página 12, 29/3/2008)

 

JORGE MAJFUD
Los cien millones de muertos del comunismo
Y los mil millones del capitalismo

Jorge Majfud, Escritos Críticos, 29-1-2023

Resumen de un capítulo del libro de próxima aparición Moscas en la telaraña

Sé que no es necesario desde ningún punto de vista, pero para comenzar me gustaría aclarar que no soy comunista. Tengo otras ideas menos perfectas sobre lo que debería ser la sociedad y el mundo, que no es este, tan fanáticamente orgulloso de sus propios crímenes. Pero como me molesta la propaganda del amo que acusa a cualquier otra forma de pensamiento de propaganda, ahí voy otra vez contra la corriente.

En La frontera salvaje (2021) nos detuvimos en Operación Sinsonte, uno de los planes más secretos y, al mismo tiempo, más conocidos de la guerra psicológica y cultural organizada y financiada por la CIA durante la Guerra fría. Ahora veamos uno de los casos más promocionados y viralizados de los años 90s, como lo fue Le Livre noir du communisme, publicado por el ex maoísta Stéphane Courtois y otros académicos en 1997. No nos detendremos ahora sobre la conocida psicología del converso, porque no es necesario. El libro fue una especie de Manual del perfecto idiota latinoamericano pero del primer mundo y con mucho más vida mediática.

 

De este libro proceden las infinitas publicaciones de las redes sociales sobre “los cien millones de muertos del comunismo”, aunque sus propios autores estiman un número menor, entre 65 y 95 millones. Especialistas en el área (sus autores no lo son) observaron que Courtois enlistó cualquier evento donde estuviese involucrado un país comunista y tomó la cifra más alta en cualquier caso.

Por ejemplo, la Segunda Guerra mundial es atribuida a Hitler y a Stalin, cuando fue este último el primer responsable de la derrota del primero, y fue el primero, no el segundo, el causante de esa tragedia. Es más, llega a la conclusión de que Stalin mató más que Hitler, sin considerar las razones de cada tragedia y atribuyendo parte de los 70 a 100 millones de muertos en la Segunda Guerra a Stalin, siendo que uno comenzó la guerra y el otro la terminó. Los veinte millones de muertos rusos son atribuidos a Stalin. Los especialistas en la Era soviética estiman la responsabilidad de Stalin en un millón de muertos, lo cual es una cifra horrenda, pero lejos de lo que se le atribuye y aún más lejos que cualquiera de las matanzas causadas por las otras superpotencias vencedoras, ex aliadas de Stalin.

En 1945, el general LeMay arrasó con varias ciudades japonesas, como Nagoya, Osaka, Yokohama y Kobe, tres meses antes de las bombas atómicas. En la noche del 10 de marzo, LeMay ordenó arrojar sobre Tokio 1500 toneladas de explosivos desde 300 bombarderos B-29. 500.000 bombas llovieron desde la 1:30 hasta las 3:00 de la madrugada. 100.000 hombres, mujeres y niños murieron en pocas horas y un millón de otras personas quedaron gravemente heridas. Un precedente de las bombas de Napalm fueron probadas con éxito. “Las mujeres corrían con sus bebés como antorchas de fuego en sus espaldas” recordará Nihei, una sobreviviente. “No me preocupa matar japoneses”, dijo el general LeMay, el mismo que menos de dos décadas después le recomendará al presidente Kennedy lanzar algunas bombas atómicas sobre La Habana como forma de resolver el problema de los rebeldes barbudos. A principio de los 80s, el secretario de Estado Alexander Haig le dirá al presidente Ronald Reagan: “Sólo deme la orden y convertiré esa isla de mierda en un estacionamiento vacío”.

El libro de Courtois enlista dos millones de muertos en Corea del Norte atribuidas al comunismo de los tres millones totales de muertos, sin considerar que los bombardeos indiscriminados del General MacArthur y otros “defensores de la libertad” barrieron con el 80 por ciento del país. Desde el año 1950, se solían arrojar cientos de toneladas de bombas en un solo día, todo lo cual, según Courtois y sus repetidoras de Miami y la oligarquía latinoamericana, no habrían sido responsables por la muerte de mucha gente.

Courtois también cuenta un millón de muertos en Vietnam debido a los comunistas, sin considerar que se trató de una guerra de independencia contra las potencias imperiales de Francia y de Estados Unidos, las que dejaron al menos dos millones de muertos, la mayoría no en combate sino bajo el clásico bombardeo aéreo estadounidense (inaugurado en 1927 contra Sandino en Nicaragua) y del uso del químico Agente Naranja, que no sólo borró del mapa a un millón de inocentes de forma indiscriminada sino que sus efectos en las mutaciones genéticas se sienten aún hoy.

También atribuye la barbarie del régimen de los Jemeres Rojos en Camboya enteramente a “el comunismo”, sólo porque el régimen era comunista, sin mencionar que Pol Pot había sido apoyado por Washington y las corporaciones occidentales; que fue el Vietnam comunista que derrotó a Estados Unidos el que puso fin a esa barbarie mientras Occidente continuó apoyando a los genocidas reconociéndolos en la ONU como gobierno legítimo hasta los años 80. Entre 1969 y 1973, cayeron sobre Camboya más bombas (500.000 toneladas) que las que cayeron sobre Alemania y Japón durante la Segunda Guerra. Lo mismo les ocurrió a Corea del Norte y a Laos. En 1972, el presidente Nixon preguntó: “¿Cuántos matamos en Laos?” A lo que su secretario de Estado, Ron Ziegler, contestó: “Como unos diez mil, o tal vez quince mil”. Henry Kissinger agregó: “en Laos también matamos unos diez mil, tal vez quince mil”. El dictador comunista que los seguirá, Pol Pot, superará esa cifra por lejos, masacrando a un millón de su propio pueblo. Los Jemeres Rojos, hijos de la reacción contra el colonialismo de Occidente, fueron apoyados por China y Estados Unidos. Otro régimen comunista, el Vietnam que derrotó a Estados Unidos, puso fin a la masacre de Pol Pot luego de una matanza de 30.000 vietnamitas. Aparte de los masacrados por las bombas de Washington solo en Laos y Camboya, decenas de miles más siguieron muriendo desde el fin de la guerra, debido a las bombas que no explotaron al ser arrojadas.

El mayor número que suman a los 94 millones de víctimas del comunismo se refiere a la catastrófica hambruna de la China de Mao en los 60s. Esta hambruna de 1958-62 no causó 60 millones, sino, muy probablemente, entre 30 y 40 millones y en ningún caso fue un plan de exterminio deliberado y racista, estilo nazi en Alemania o británico en India. La necesidad de industrialización se repitió en países como Brasil y Argentina y su único pecado fue haber llegado tarde. En el caso chino, combinó una política desastrosa con problemas climáticos. Pese a todo, la expectativa de vida en China comenzó a mejorar rápidamente a partir de los 60s. Durante el mismo período de la guerra fría, el nuevo estado democrático en India comenzó a mejorar las expectativas de vida de su población. Pero no se debió a ningún plan sino, simplemente, a haber dejado de ser una colonia hambreada, brutalizada y expoliada por el Imperio británico, que sólo entre 1880 y 1920 fue responsable de la muerte de 160 millones de personas.

No obstante, en este período de democracia capitalista en India, los muertos atribuibles a la ausencia de reformas sociales sumaron 100 millones. El mundialmente premiado economista y profesor de Harvard University, Amartya Sen y Jean Drèze de la London School of Economics, en 1991 habían publicado Hunger and Public Action donde analizaron con rigor estadístico varios casos olvidados de hambrunas mundiales provocadas por sistemas, modelos y decisiones políticas. En el capítulo 11 observaron: “Comparando la tasa de mortalidad de India de 12 por mil con la de China de 7 por mil y aplicando esa diferencia a una población de 781 millones en la India de 1986, obtenemos una estimación del exceso de mortalidad en India de 3,9 millones por año”.

La gran prensa no se hizo eco y el mundo no se enteró. Por el contrario, seis años más tarde saltó a la fama, como por arte de magia, Le Livre noir du communisme y otros del mismo género comercial de venta rápida, de consumo rápido y de fácil digestión.

1878

 Antes analizamos la posición del intelectual y diplomático indio-británico Shashi Tharoor y de los profesores Jason Hickel y Dylan Sullivan sobre el impacto de las políticas imperiales del capitalismo, lo que contradice las narrativas populares más promovidas por los medios dominantes y las agencias de gobierno, lo que se podría resumir en una de sus conclusiones: “En todas las regiones estudiadas, la incorporación al sistema mundial capitalista se asoció con una disminución de los salarios por debajo del mínimo de subsistencia, un deterioro de la estatura humana y un repunte de la mortalidad prematura.

Si, con el mismo criterio de Courtois y sus repetidoras, continuásemos contando los millones de indígenas muertos en las Américas en el proceso que hizo posible le capitalismo en Europa, los al menos diez millones de muertos que el rey belga Leopold II dejó en la empresa llamada Congo y tantas otras masacres de negros en África que no importan, o en India, o en Bangladesh, o en Medio Oriente, pasaríamos fácilmente varios cientos de millones de muertos en cualquier Libro negro del capitalismo.

Más que eso. La reconocida economista y profesora de Jawaharlal Nehru University, Utsa Patnaik, ha calculado que Gran Bretaña le robó a India $45 billones de dólares sólo entre 1765 y 1938 y causó, a lo largo de esos siglos, la muerte no de cien millones sino de más de mil millones de personas. La cifra alcanzada en su libro publicado por Columbia University Press de Nueva York, que a primera vista parece exagerada, no es menos excesiva que la atribuida por Courtois en base a los mismos criterios―sólo que está mejor documentada.

Sólo que una de las dos narrativas alcanza los grandes titulares y su objetivo: en las democracias secuestradas, no importa el peso de las verdades, sino la suma de las opiniones inoculadas.

04/02/2023

EQUIPE MEDIA
Sahrawi journalist Hmetou El Kaouri sentenced to 20 years in prison

Equipe Media, Occupied Territories of Western Sahara, 3/2/2023

Hmetou El Kaouri* is a journalist for Smara News, in the occupied territories of Western Sahara.

On 7 September 2022, Hmetou El Kaouri went to the El Ayoun police station to renew his identity card and was then arrested and transferred to Smara. A warrant for his arrest dates to 2018.

El Kaouri was on the case file of Mohamed Salem Mayara, a journalist, and Mohamed Aljomayaai, a cameraman.

The three were charged with disruption of traffic, attacking public property, armed gathering, and attempted murder.

The latter charge of attempted murder was expunged from Mayara and Aljomayaai's file, and on 31 March 2018 they were sentenced to 6 months' imprisonment and 18 months suspended prison. They served the sentence and were released.

However, for El Kaouri, the charge of attempted murder was upheld and added to the other charges.

On 23 November 2022 he was sentenced to 10 years' imprisonment in Laayoune.

On 18 January 2023, he was sentenced at second instance to 20 years' imprisonment.

The Committee for the Defence of Human Rights in Smara issued a statement in which they criticise the sentence and denounce the colonial policy without respect for international charters and laws. They also denounce the systematic repression against Saharawis, whether they are activists of the Saharawi cause, human rights activists or journalists.

They add that the charges were trumped up, and the sentence, unjust and harsh, came on top of a mock trial.

Hmetou El Kaouri is detained in El Ayoun prison.

* Hmetou El Kaouri is the name by which he is known to everyone. His Saharawi name is Mahmoud Mohamed Salem El Kaouri. Mahmoud El Kaouri is the name on his Moroccan passport.

EQUIPE MEDIA
Le journaliste sahraoui Hmetou El Kaouri condamné à 20 ans de prison

Equipe Media, Territoires occupés du Sahara occidental, 3-2-2023

Hmetou El Kaouri* est journaliste pour Smara News, dans les territoires occupés du Sahara occidental.


Le 7 septembre 2022, Hmetou El Kaouri s'est rendu au poste de police d'El Ayoun pour renouveler sa carte d'identité et a ensuite été arrêté et transféré à Smara. Un mandat d'arrêt à son encontre remontait à 2018.

El Kaouri était dans le même dossier que Mohamed Salem Mayara, un journaliste, et Mohamed Aljomayaai, un caméraman.

Les trois personnes ont été inculpées de perturbation du trafic, d'attaque de biens publics, de groupement armé et de tentative de meurtre.

Cette dernière accusation de tentative de meurtre a été effacée du dossier de Mayara et Aljomayaai, et le 31 mars 2018, ils ont été condamnés à 6 mois d'emprisonnement ferme et 18 mois avec sursis. Ils ont purgé leur peine et ont été libérés.

Mais pour El Kaouri, l'accusation de tentative de meurtre a été maintenue et ajoutée aux autres accusations.

Le 23 novembre 2022, il a été condamné à 10 ans de prison à El Ayoun.

Le 18 janvier 2023, il a été condamné en deuxième instance à 20 ans de prison.

Le Comité pour la défense des droits de l'homme de Smara a publié une déclaration dans laquelle il critique la sentence et dénonce la politique coloniale sans respect des chartes et lois internationales. Il dénonce également la répression systématique contre les Sahraouis, qu'ils soient militants de la cause sahraouie, activistes des droits de l'homme ou journalistes.

Ils ajoutent que les accusations ont été forgées de toutes pièces, et que la sentence, injuste et sévère, est venue couronner un simulacre de procès.

Hmetou El Kaouri est détenu à la prison d'El Ayoun.

* Hmetou El Kaouri est le nom sous lequel il est connu de tous. Son nom sahraoui est Mahmoud Mohamed Salem El Kaouri. Mahmoud El Kaouri est le nom qui figure sur son passeport marocain.

EQUIPE MEDIA
El periodista saharaui Hmetou El Kaouri condenado a 20 años de cárcel

Equipe Media, Territorios ocupados del Sahara Occidental, 3-2-2023

Hmetou El Kaouri* es periodista de Smara News, en los territorios ocupados del Sahara Occidental.

El 7 de septiembre de 2022, Hmetou El Kaouri acudió a la comisaría de El Aaiún para renovar su documento de identidad y en ese momento fue detenido y trasladado a Smara. Una orden de arresto en su contra se remonta a 2018.

El Kaouri figuraba en el expediente de Mohamed Salem Mayara, periodista, y Mohamed Aljomayaai, cámara.

Los tres fueron acusados de interrupción del tráfico, ataque a la propiedad pública, agrupación armada y tentativa de asesinato.

Este último cargo de tentativa de asesinato fue eliminado del expediente de Mayara y Aljomayaai, y el 31 de marzo de 2018 fueron condenados a 6 meses de prisión y 18 meses de libertad condicional. Cumplieron la condena y quedaron en libertad.

Sin embargo, para El Kaouri se mantuvo la acusación de tentativa de asesinato y se sumó a los demás cargos.

El 23 de noviembre de 2022 fue condenado a 10 años de prisión, en El Aaiún.

El 18 de enero de 2023 fue condenado en segunda instancia a 20 años de prisión.

El Comité para la Defensa de los Derechos Humanos en Smara emitió un comunicado en el que critican la sentencia y denuncian la política colonial sin respeto por las cartas y leyes internacionales. También denuncian la represión sistemática contra los saharauis, ya sean activistas de la causa saharaui, activistas de derechos humanos o periodistas.

Añaden que los cargos fueron inventados, y la sentencia, injusta y dura, corresponde a un juicio farsa.

Hmetou El Kaouri está internado en la prisión de El Aaiún.

* Hmetou El Kaouri es el nombre por el que es conocido por todos. Su nombre saharaui es Mahmoud Mohamed Salem El Kaouri. Mahmoud El Kaouri es el nombre que lleva su pasaporte marroquí.