Original : Resignation letter from US Special Envoy for Haiti, Daniel Foote
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Secrétaire d'État des USA
2201 C Street NW
Washington, DC 20520
22 septembre 2021
Cher Secrétaire Blinken,
Avec une profonde déception et des excuses à ceux qui recherchent des changements cruciaux, je démissionne de mon poste d'Envoyé spécial pour Haïti, avec effet immédiat. Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis de déporter des milliers de réfugiés haïtiens et d'immigrants illégaux en Haïti, un pays où les fonctionnaires américains sont confinés dans des enceintes sécurisées en raison du danger que représentent les bandes armées qui contrôlent la vie quotidienne. Notre approche politique d'Haïti reste profondément défectueuse, et mes recommandations ont été ignorées et rejetées, quand elles n'ont pas été rédigées pour projeter un récit différent du mien.
Le peuple haïtien, embourbé dans la pauvreté, otage de la terreur, des enlèvements, des vols et des massacres de bandes armées et souffrant d'un gouvernement corrompu ayant des alliances avec des gangs, ne peut tout simplement pas supporter l’injection forcée de milliers de migrants rentrés au pays et manquant de nourriture, d'abri et d'argent sans une tragédie humaine supplémentaire et évitable. L'État effondré est incapable d'assurer la sécurité ou les services de base, et l'arrivée de nouveaux réfugiés ne fera qu'alimenter le désespoir et la criminalité. L'afflux de migrants à nos frontières ne fera que croître alors que nous ajoutons à la misère inacceptable d'Haïti.
Les Haïtiens ont besoin d'une aide immédiate pour rétablir la capacité du gouvernement à neutraliser les gangs et à rétablir l'ordre par le biais de la police nationale. Ils ont besoin d'un véritable accord entre la société et les acteurs politiques, avec le soutien de la communauté internationale, pour tracer une voie rapide vers la sélection démocratique de leur prochain président et de leur prochain parlement. Ils ont besoin d'une aide humanitaire, d'argent pour distribuer les vaccins COVID et tant d'autres choses.
Mais ce que nos amis haïtiens veulent vraiment, et ce dont ils ont besoin, c'est d'avoir la possibilité de tracer leur propre voie, sans marionnettes internationales ni candidats favoris, mais avec un véritable soutien pour cette voie. Je ne pense pas qu'Haïti puisse jouir de la stabilité tant que ses citoyens n'auront pas la dignité de choisir réellement leurs propres dirigeants de manière équitable et acceptable.
La semaine
dernière, les ambassades des États-Unis et d'autres pays à Port-au-Prince ont
publié une nouvelle déclaration publique de soutien
au Premier ministre de facto non élu, le Dr Ariel Henry, en tant que dirigeant intérimaire d'Haïti, et ont continué
à vanter
son "accord politique", plutôt qu'un autre accord plus large et plus
ancien, élaboré par la société civile. L'orgueil démesuré qui nous fait croire
que nous devrions choisir le gagnant - une fois de plus - est impressionnant.
Ce cycle d'interventions politiques internationales en Haïti a toujours produit
des résultats catastrophiques. De nouveaux impacts négatifs sur Haïti auront
des conséquences calamiteuses non seulement en Haïti, mais aussi aux États-Unis
et chez nos voisins de l'hémisphère.
Copies
à :
L'honorable T. Nuland, Sous-secrétaire
aux affaires politiques L'Honorable B. Nichols, Secrétaire adjoint aux affaires
de l'hémisphère occidental
L'Honorable K.
Merten, Directeur Général intérimaire
L'Honorable Gregory Meeks, Président,
Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis
L'Honorable Andy Levin, membre de la Chambre
des représentants des États-Unis