02/10/2022

5 domande a Fausto Giudice, autore di “Joe Hill, in memoriam”

Milena Rampoldi, 12/7/2022

Come hai scoperto Joe Hill?

Ero un giovane immigrato in Svezia alla fine degli anni Sessanta. Erano gli "anni d'oro" della socialdemocrazia al potere, che dichiarava ogni dissenso come "devianza", da trattare con mezzi psichiatrici. Mi identificavo con i "dannati della terra" e trovavo la morale luterana imperante incomparabilmente ipocrita. Chi diceva di volere il bene del popolo aveva riscritto la storia, cancellando l'"altro movimento operaio", che aveva combattuto il capitale con mezzi tutt'altro che pacifici. Joe Hill era una figura leggendaria in questo cosiddetto "altro movimento sindacale". Nel 1970 mi ritrovai con qualche centinaio di emarginati come comparsa nel film di Bo Widerberg su Joe Hill nei quartieri meridionali di Stoccolma. Tutto quello che conoscevo di lui fino ad allora era la canzone che Joan Baez cantò a Woodstock. Joe Hill mi diceva che la classe operaia svedese non era sempre stata il pacifico pachiderma della rappresentanza socialdemocratica. E ho scoperto Anton Nilsson, "l'uomo dell'Amalthea". Questo operaio ventunenne, insieme a due compagni, aveva piazzato una bomba vicino a una nave chiamata Amalthea, ormeggiata a Malmö, che ospitava i crumiri inglesi importati dai padroni contro uno sciopero dei portuali, nel 1908. Anton Nilsson fu condannato a morte e la sua pena fu commutata in ergastolo a seguito di una campagna internazionale, condotta in particolare dall'International Workers of the World, il sindacato in cui Joe Hill era attivo negli Stati Uniti.

Cosa ci dice oggi Joe Hill?

Il suo messaggio essenzialmente consiste in due cose: 1. è possibile organizzare i più sfruttati, i più oppressi in modo intelligente ed efficace, adattando le forme di organizzazione alla realtà sociale di coloro che stanno "sotto", i migranti, le donne, i precari, i non qualificati, quello che fece IWW, evitando qualsiasi forma di burocrazia socialdemocratica. Ecco cos'è l'"altro movimento operaio", in contrapposizione ad apparati come la DGB tedesca, l'AFL-CIO yankee o la LO svedese: un movimento che si attiene alla realtà della classe, che è mobile, fluida e mutevole. 2 – si possono inventare forme di comunicazione popolari, creative, incisive e umoristiche. Le canzoni di Joe Hill ne sono un esempio meraviglioso.

C'è qualche Joe Hill oggi?

Non che io sappia. Alcuni rapper potrebbero esserlo, se scegliessero di cantare con e per i lavoratori che si stanno organizzando presso Amazon, McDonalds, Starbucks, Deliveroo, Uber e tutte le altre aziende del "nuovo capitalismo",  nuovo solo nelle sue forme.

Che cosa avrebbero fatto oggi Joe Hill e l'IWW?

Avrebbero organizzato gli "altri" lavoratori, camminando su due gambe: sul contatto fisico e su quello virtuale. È quanto sta accadendo, ad esempio, in Cina, dove i giovani lavoratori delle fabbriche mondiali, senza un sindacato che li difenda, utilizzano i social media per rivendicare i propri diritti e per organizzarsi.

Perché la collezione "Erga Omnes"?

"Erga Omnes", "Per tutti", era il motto dei ribelli schiavi guidati da Spartaco che misero a repentaglio la Repubblica romana tra il 73 e il 71 a.C. Questa collana si propone di pubblicare libri sulle grandi figure, a volte dimenticate, delle rivolte logiche – per usare le parole di Rimbaud - attraverso i secoli.

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01/10/2022

GIDEON LEVY
Ahmad essayait de protéger les passants contre des colons violents : il a été tabassé et emprisonné par des flics israéliens

Gideon Levy & Alex Levac (photos), Haaretz, 1/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Des colons juifs commettent des dégâts dans une ville palestinienne, lançant des pierres, brisant des fenêtres. La police et les soldats israéliens regardent, mais ne font rien pour retenir les colons. Les Palestiniens qui tentent de se défendre sont tabassés et arrêtés. C’est l'histoire d'Ahmad Shaaweet

Ahmad Shaaweet, cette semaine. Il est allé chercher le petit déjeuner pour ses collègues et a essayé de défendre les passants palestiniens. Il a été tabassé et arrêté.

Tout a commencé à cause d'un drapeau. Un drapeau palestinien a été accroché à un poteau électrique sur la rue principale d'Hawara, une ville au sud de Naplouse. La route 60 se trouve également être la principale route nord-sud en Cisjordanie, tant pour les Palestiniens que pour les colons. Le drapeau n’a pas plu à un groupe de colons qui voyageaient sur la route, alors ils l'ont déchiré et jeté.

Dans une région occupée, où la plupart des habitants voit le drapeau de Palestine comme leur drapeau national et où il n'y a aucune restriction légale à le faire flotter, mais où les drapeaux de l'État occupant sont omniprésents et presque tous les panneaux routiers portent le nom de colonies juives – dans cette région, chaque bâtard est roi, comme le dit le proverbe, et chaque colon est seigneur de la terre.

Les incidents ont commencé à la mi-mai. Lorsque les jeunes d'Hawara ont découvert que les colons avaient enlevé leur drapeau de la route, ils ont décidé de lancer leur propre protestation. Le lendemain, la rue principale de leur ville a été décorée de drapeaux palestiniens. Alors la guerre du drapeau à Hawara a commencé. Les jeunes hissent leurs drapeaux, les colons les déchirent et font des défâts dans toute la ville afin de punir les habitants rebelles qui n'obéissent pas aux ordres des seigneurs du pays. Pendant ce temps, la police et l'armée restent inactives et ne font que défouler ensuite leur rage contre les Palestiniens, qui tentent simplement de défendre leurs biens. Les soldats israéliens sont également mobilisés pour l'opération de nettoyage et ont commencé à descendre les drapeaux, sans aucun motif légal pour le faire, bien sûr. La police, pour sa part, n'hésite pas à procéder à des arrestations, mais seulement parmi les citadins palestiniens, victimes de la violence. Les policiers et les soldats sont également réputés avoir tabassé occasionnellement des locaux. Après tout, l'ordre public doit être préservé.

Cela dure depuis plus de quatre mois, presque sans arrêt, avec des épisodes fréquents, presque quotidiens, de violence. Ce n'est que cette semaine, pendant les vacances de Rosh Hashanah, quand les colons se tenaient à l'écart de la ville, que le calme est revenu – quoique momentanément. L'histoire d'Ahmad Shaaweet raconte tout.


Cette semaine, nous n'avons pas vu de drapeaux dans la rue principale d'Hawara. Peut-être que les Palestiniens ont cédé ici aussi. Dans la grande mais vide salle du conseil de Hawara, nous avons rencontré Shaaweet, une victime de violence policière. Marié et père de deux filles, Shaaweet, 39 ans, travaille dans un atelier de pièces détachées automobiles dans la rue principale de la ville. Son bras gauche est dans le plâtre. En mai dernier, un habitant de la région a photographié un policier en train d'asperger ses yeux de gaz poivré à bout portant, lors d'un des premiers raids de colons après un hissage de drapeaux. L'image parle d'elle-même : des policiers projettent du gaz dans les yeux d'un résident qui ne semble pas du tout les mettre en danger.

Lundi dernier, le 19 septembre, Shaaweet a quitté la boutique lors d'un autre pogrom, pour aller chercher le petit déjeuner pour ses collègues, comme il le faisait tous les jours. Il a vu des colons jeter divers objets, y compris des chaises et des tables, jeter des pierres sur des voitures palestiniennes sur la route, stopper de force la circulation et briser des vitrines.

Il se souvient d'avoir vu un groupe de colons dans la rue lancer des objets sur des voitures et une dizaine de véhicules de la police et de l'armée stationnés à proximité. Les habitants ont commencé à se rassembler ; les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser. Un certain nombre de colons pulvérisaient du poivre sur les Palestiniens, tandis que d'autres se rendaient au restaurant où Shaaweet se dirigeait, le Fast Meal, et commençaient à jeter par terre des saladiers placés sur le comptoir et à jeter des tables et des chaises sur les passants.

Shaaweet a demandé aux soldats de disperser les émeutiers qui agressaient les locaux. Un Palestinien handicapé à proximité a photographié les événements avec son téléphone portable. Un colon les a attaqués et a poussé Shaaweet et l'homme handicapé. Puis certains soldats se sont joints et ont également commencé à attaquer les gens, se souvient-il. Un colon l'a attaqué. Alors que Shaaweet essayait de le repousser, il a vu des policiers approcher. Il était sûr qu'ils contiendraient les colons et aideraient à mettre fin aux agressions. « Je suis avec vous, mais méfiez-vous des colons », dit-il à un officier en hébreu cassé.

En réponse, cependant, l'agent lui a ordonné de dégager vers une place voisine, où il a commencé à tabasser Shaaweet. D'autres policiers se sont joints à lui, traînant Shaaweet derrière leur véhicule, où ils lui ont ordonné de s'asseoir par terre, apparemment pour qu'ils puissent le menotter. Pendant ce temps, les colons s'approchaient. Shaaweet avait peur de rester là, immobilisé – les colons étaient susceptibles de le frapper. Il a dit aux officiers : « Si vous avez peur de moi, alors menottez-moi, mais je ne vais pas rester  assis par terre. »

Un policier a pulvérisé du poivre dans les yeux d'Ahmad Shaaweet lors d'une des premières attaques de colons à Hawara, en mai. Photo fournie par Ahmad Shaaweet

Enragés, les officiers lui ont saisi le bras droit, le tordant avec force et le liant derrière son dos. La douleur a été intense. Les officiers ont alors commencé à le frapper sur tout le corps avec leurs crosses de fusil. Quand il a baissé la tête pour se protéger, ils l’ont frappé là aussi. La force du coup l'a jeté au sol.

Les policiers, remarquant apparemment que son bras gauche était grièvement blessé à ce moment-là, lui ont menotté les mains par devant. Ils lui ont aussi entravé les jambes. Cette personne qui est allée chercher le petit déjeuner pour ses collègues et qui a essayé de défendre les passants palestiniens, s'est retrouvée en état d'arrestation. Pendant ce temps, les colons ont continué leur déchaînement, brisant la devanture du restaurant KFC en bas de la rue et les fenêtres de quelques voitures. Personne ne les a arrêtés. Shaaweet était assis, enchaîné et souffrant, par terre.

Il a ensuite été emmené au poste de police dans la colonie urbaine d'Ariel, où il a été amené à s'asseoir devant un climatiseur glacial. Sa douleur a augmenté. Il avait de la difficulté à respirer parce que ses côtes étaient cassées. Ce n'est qu'au bout de deux heures qu'un officier de la police israélienne s'est approché de lui. Shaaweet demanda, et reçut, un verre d'eau mais ne put le tenir dans sa main à cause de la douleur. Il se pencha, posa le verre sur son genou et le sirota. (Il nous montre comment il l'a fait mais demande à ne pas être photographié, parce qu'il pense que c'est humiliant.)

Shaaweet a demandé un médecin et on lui a dit qu'il devrait d'abord subir un interrogatoire. Il a été emmené dans une cellule de détention et a eu un déjeuner, qu'il n'est pas parvenu à manger à cause de la douleur. Il y avait deux lits dans la cellule, mais quatre détenus palestiniens. Les autres l'ont aidé à s'allonger sur l'un des lits et l'ont couvert. Ses vêtements étaient déchirés et sales de la violence qu'il avait endurée.

Vers 16 heures, il a été conduit à la salle d'interrogatoire. Au début, Shaaweet a dit qu'il n'accompagnerait pas l'officier qui était venu le prendre s’il ne recevait pas de soins médicaux, mais il a finalement changé d’avis après avoir reçu la promesse qu'une ambulance était en route. Dans la salle d'interrogatoire, les ambulanciers du service médical d'urgence de Magen David Adom l'ont examiné. Il raconte qu'ils lui ont dit que s'ils l'évacuaient à l'hôpital, il devrait payer pour ça.

Les colons à Hawara en mai. Photo : JAAFAR ASHTIYEH / AFP

« Vous m'avez frappé et m'avez amené ici, et vous voulez que je paie ? » a-t-il dit aux policiers. « Je révélerai demain au tribunal tout ce qui m'est arrivé. »

Après quelques tractatives, il a été libéré sous caution de 2 000 shekels (570€ ) et a reçu l'ordre d'appeler ses proches pour qu’ils apportent l'argent. On lui a dit qu'il était soupçonné d'avoir agressé des policiers de service, qui l'ont accusé d'avoir agressé l'un d'eux avec son coude. « Qu’est-ce que vous portez ? », leur a-t-il demandé « Vous portez un gilet et un équipement de protection du corps et [vous avez] un fusil. Si j’avais attaqué un officier avec mon coude, vous verriez des marques sur le coude. » Il a suggéré qu'ils vérifient son coude pour des bleus.

« Qui dit la vérité ? Moi ou les officiers ? », a-t-il demandé, ce à quoi les officiers ont rétorqué qu'il était un menteur.

Nous avons demandé à la police israélienne : pourquoi Shaaweet a-t-il été arrêté, battu et privé de soins médicaux ? Combien de colons ont été arrêtés pendant le pogrom ? L'unité du porte-parole de la police, ignorant certaines des questions, a répondu : « À la suite de troubles dans le village d'Hawara, les FDI et les forces de police sont arrivées sur les lieux. Lors de la dispersion des émeutiers, un suspect a été arrêté. Arrivé au poste de police, il s'est plaint de ne pas se sentir bien et a été emmené par Magen David Adom à l'hôpital pour y être soigné. L'enquête sur l'événement est en cours. Naturellement, nous ne donnons pas de détails sur les enquêtes en cours, mais nous continuerons à enquêter pour obtenir la vérité sur la question. »

Contrairement à la déclaration de la police, le MDA n'a pas emmené Shaaweet à l'hôpital pour un traitement médical.

Ahmad Shaaweet se souvient comment il a été attaqué

À 19 H15, Shaaweet a appelé son beau-frère et lui a demandé d'apporter l'argent de la caution et de le ramener à la maison. Le beau-frère l'a emmené à l'hôpital Rafidia de Naplouse, où sa tête, sa poitrine et son bras gauche ont été radiographiés. On a constaté qu'il souffrait d'une commotion cérébrale, d'ecchymoses autour de ses côtes et d'une fracture du bras. Dans deux semaines, une décision sera prise quant à savoir s'il aura besoin d'une intervention chirurgicale sur le bras gauche qui impliquerait l'implantation d'une tige de platine.

Shaaweet n'est pas encore retourné au travail. Le lendemain de l'incident, les colons se sont à nouveau enfuis au même endroit. Dimanche aussi, la veille de Rosh Hashanah, ils ont attaqué un camionneur à Hawara.

Salma a-Deb'I, chercheuse sur le terrain pour l'organisation de défense des droits humains B’Tselem, a documenté toutes les attaques à Hawara depuis le 17 mai, date à laquelle la guerre du drapeau a apparemment commencé.

À Hawara, ils attendent le 12 octobre, le premier jour de la récolte des olives, avec une certaine inquiétude. Les habitants savent exactement à quoi s'attendre dans leurs oliveraies. Là non plus, il n'y aura personne pour les protéger.

GIANSANDRO MERLI
Non Una Di Meno lance l’opposition féministe au gouvernement à venir en Italie

Giansandro Merli, il manifesto, 29/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Des milliers de femmes dans les rues de Rome, Milan et de nombreuses autres villes pour défendre l'interruption volontaire de grossesse. « Nous craignons que de plus en plus d'obstacles soient placés devant les femmes qui souhaitent avorter. Par exemple avec une forte présence de “pro-vie” au sein des hôpitaux », explique Marta Autore, de NUDM [Non Una Di Meno, Pas Une De Moins, mouvement féministe transnational né en Argentine, qui a essaimé dans toute l’Amérique latine et en Europe du Sud, NdT]

« Ils demandent où sont les féministes. Nous voilà. Nous sommes là », crient-elles au micro. La place répond avec un rugissement : ce “Nous sommes furieuses” qui a appelé à la manifestation n'est pas seulement un slogan. Le cri part du centre géographique de la capitale, à quelques pas de la gare Termini, mais c'est le même qui gronde sur les 16 autres places qui ont vu des manifestations organisées par le mouvement Non Una di Meno (NUDM), de Vérone à Palerme.


Rome, manifestation de NUDM pour la défense de l'avortement libre et gratuit- Photo Cecilia Fabiano

La Journée internationale pour l'avortement libre, sûr et gratuit, qui a été pendant des années l'occasion pour les femmes de se mobiliser, a une signification plus importante trois jours après les élections politiques remportées par la droite. On ne connaît pas encore les noms de l'équipe gouvernementale ni les principaux dossiers sur lesquels elle voudra intervenir, mais il n’y a pas besoin d'un météorologue pour savoir de quel côté le vent souffle.

Giorgia Meloni a répété qu'elle ne modifiera pas le texte de la loi 194 mais qu'elle s'engagera à la mettre en œuvre intégralement en « garantissant les droits de celles qui ne veulent pas avorter ».

« En attendant, nous ne lui faisons pas confiance », di Marta Autore, de NUDM Rome, « et nous craignons que de nouveaux obstacles se dressent devant les femmes qui veulent avorter. Par exemple, avec une forte présence de “pro-vie” dans les hôpitaux, comme l'a proposé Fratelli d’Italia en Ligurie il y a quelques heures ».


En Italie, le problème n'est pas de garantir le droit de ne pas avorter, mais le contraire. En raison des limites de la loi 194 et parce qu'elle est largement ignorée par une objection de conscience répandue : la moyenne nationale est de 70 %, mais dans certains établissements, elle dépasse 80 % ou atteint le total des gynécologues, des anesthésistes et du personnel non médical. « Nous ne pouvons pas permettre que l'avortement soit réservé à celles qui ont les moyens économiques de se rendre dans des établissements publics éloignés ou de se réfugier dans des cliniques privées », disent-elles sur le podium.

Pendant ce temps, la place se remplit et déborde. Plusieurs milliers de personnes partent en procession. Il y a des femmes aux cheveux blancs et des filles aux cheveux teints en vert ou en rose. Des hommes avec des hauts et du rouge à lèvres. Des personnes ayant une identité fluide ou en transition. L'opposition au projet de société de la droite est politique, mais aussi anthropologique. Surtout chez les plus jeunes.

« Nous avons un peu peur du prochain gouvernement, mais nous avons foi dans la solidarité entre les personnes. Aujourd'hui, nous voulons envoyer un message pour défendre la liberté de décider de notre corps », déclarent Eva et Erica. Elles fréquentent le lycée classique Albertelli. Elles ont 16 et 17 ans. Ce n'est pas la première fois qu’elles descendent dans la rue avec NUDM.

Les voix de rappeuses et de trappeuses féministes, notamment d'Amérique latine, résonnent fort depuis le camion. « Soy como las otras / hartas de andar con miedo”, chante l'Argentine Sara Hebe. “Je suis comme les autres / fatiguée d'avoir peur» Notes et mots restituent une trame commune, symbolique mais aussi organisationnelle, que les mouvements transféministes ont tissée ces six dernières années d'un bout à l'autre du globe. Des pancartes écrites en anglais et en espagnol sont brandies au plafond : "Bans off my body", "Mind your uterus", "Ni Una Menos". Des phrases d'accroche qui font écho aux combats des femmes usaméricaines et latino-américaines. Sans place pour les nationalismes anciens ou nouveaux.

« Il y a un conflit mondial sur les droits des femmes et des personnes Lgbtqia+. D'une part, un mouvement réactionnaire qui unit la Cour suprême usaméricaine au gouvernement polonais, via les droites européennes. De l'autre, une vague transféministe qui, de l'Argentine au Mexique, en passant par le Chili et l'Italie, se bat pour changer radicalement la société », explique Autore.

Dans le cortège se trouvaient également des femmes de centre-gauche : Laura Boldrini (certaines manifestantes ont protesté contre sa présence), Monica Cirinnà, Marta Bonafoni. Et puis celles du Kurdistan turc et syrien et de l'Iran. Ces derniers jours, elles ont manifesté avec NUDM pour soutenir le soulèvement dans leur pays.

Des milliers de personnes manifestent également à Milan. « Nous voulons bien plus que la 194 : revenu universel d'autodétermination, éducation sexuelle dans les écoles, abolition de l'objection de conscience [anti-avortement] », affirment les militantes. Des manifestations ont également eu lieu à Turin, Bologne, Naples, Reggio Calabria et dans de nombreuses autres villes plus petites. L'opposition féministe est déjà en marche.


Turin

Milan

Rayan Suleiman, 7 ans, enfant martyr palestinien

 Ci-dessous deux articles sur la plus récente histoire d’horreur de la Palestine occupée, traduits par Fausto Giudice, Tlaxcala

 L'histoire de Rayan : « Tué par la peur quand les soldats sont entrés dans la maison »

Michele Giorgio, Pagine Esteri, 30/9/2022

« Lorsque Yasser, le père de Rayan, a ouvert la porte de la maison et que les soldats (israéliens) sont entrés, il y a eu un grand vacarme. L'enfant avait peut-être peur d'être arrêté car les soldats recherchaient les écoliers qui avaient jeté des pierres sur les voitures israéliennes. Rayan a hurlé de peur puis s'est soudainement effondré sur le sol. Nous l'avons emmené à l'hôpital mais son cœur avait cessé de battre ». C’est le récit de Mohammed Suleiman sur la mort de son neveu Rayan Suleiman, 7 ans, « tué par la peur » hier à Taqua, le village situé à quelques kilomètres de Bethléem où l'armée a fait une descente dans plusieurs maisons à la recherche des garçons de l'école primaire Al-Khansa qui avaient auparavant pris pour cible de leurs jets de pierres des colons israéliens traversant la zone. Une mort par crise cardiaque - les médecins de l'hôpital de Beit Jala ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour sauver la vie de Rayan - qui a créé une forte impression en Cisjordanie occupée où la tension, la colère et la frustration ont atteint des niveaux sans précédent ces dernières années en raison des incursions israéliennes quasi quotidiennes, notamment à Jénine et Naplouse.

L'armée israélienne a confirmé qu'un officier avait interrogé le père de Rayan, ainsi que plusieurs autres parents palestiniens, sur la participation présumée de leurs enfants à des jets de pierres. Mais elle affirme qu'il n'y a pas eu d'incidents pendant l'enquête et que les troupes n'ont pas utilisé de mesures anti-émeutes, comme des gaz lacrymogènes, et qu'il n'y aurait « aucun lien entre la mort de l'enfant et les contrôles dans la zone ». Des témoins palestiniens insistent cependant sur le fait que les soldats se sont lancés à la poursuite des écoliers de Taqua, à tel point que des rumeurs ont d'abord circulé selon lesquelles Rayan était mort en tombant d'une hauteur de plusieurs mètres alors qu'il tentait de s'échapper.

Pour les Palestiniens, cet enfant est le 159ème martyr depuis le début de l'année en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est. Les décès, dont un grand nombre de combattants armés, se sont largement concentrés au cours des six derniers mois, depuis qu'Israël a lancé l'opération militaire “Briser la vague” en Cisjordanie en réaction aux attaques menées au printemps dernier par des Palestiniens de Jénine, qui ont fait 18 morts à Tel Aviv et dans d'autres villes israéliennes. L'opération s'est intensifiée ces derniers mois et certains y voient un lien avec la campagne pour l’image du Premier ministre Yair Lapid pour les élections législatives du 1er novembre, ainsi qu'avec celle menée à Gaza début août contre le Jihad islamique (49 morts palestiniens, dont 17 enfants).

Le climat général est également aggravé par la situation du prisonnier politique Nasser Abu Hamid, du camp d'Al-Amari (Ramallah), atteint d'un cancer et à qui les médecins donnent quelques jours à vivre mais qui n'a pas encore été libéré. L'avocat des droits humains Salah Hamouri, qui a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention sans inculpation par Israël, est également en prison. Hamouri a été arrêté le 7 mars à Kufr Aqab et se trouve depuis en détention administrative, c'est-à-dire sans inculpation ni procès, qui peut être renouvelée indéfiniment. L'avocat fait partie des 30 prisonniers politiques palestiniens détenus sans procès qui ont entamé un jeûne de protestation dimanche.

Entre-temps, la vision d'Israël non pas comme un État juif mais comme un "État de tous ses citoyens" a coûté cher au parti arabe Balad/ Tajamu' al [Ligue Démocratique Nationale], qui a été exclu hier de la participation aux élections du 1er novembre par la Commission électorale centrale. La disqualification avait été demandée par le Likoud de l'ancien Premier ministre Netanyahou, mais était également soutenue par le ministre de la Défense Benny Gantz. Le leader de Balad/ Tajamu' al, Sami Abu Shehadeh, a annoncé qu'il ferait appel de cette décision qui pourrait être annulée par la Cour suprême dans les prochains jours. Aucun problème en revanche pour les formations d'extrême droite Sionisme religieux et Otzma Yehudit, que de nombreux Israéliens accusent de racisme.

Les USA soutiennent une enquête “immédiate et approfondie” sur la mort d'un Palestinien de 7 ans

Jack Khoury, Hagar Shezaf, Yaniv Kubovich, Ben Samuels, Haaretz, 29/9/2022

L'oncle du garçon affirme qu'il est mort d'une crise cardiaque lorsque des soldats israéliens se sont rendus à son domicile en Cisjordanie à la suite de jets de pierres présumés de son frère.

Le porte-parole adjoint du département d'État US a déclaré jeudi qu'il exigeait “une enquête immédiate et approfondie” sur le meurtre d'un Palestinien de sept ans, mort lors d'une intervention de l'armée israélienne dans une ville de Cisjordanie, selon des Palestiniens.

“Nous avons le cœur brisé par la mort d'un enfant innocent”, a déclaré le porte-parole adjoint Vedant Patel.

Le garçon, Rayan Suleiman, a été effrayé et a "fait une crise cardiaque" lorsque des soldats sont venus arrêter ses frères dans la maison de sa famille dans la ville palestinienne de Taqua, près de Bethléem, selon l'oncle du garçon décédé.

Un responsable de la Défense a déclaré à Haaretz que les soldats étaient arrivés au domicile pour interroger les parents du garçon au sujet d'un incident de jet de pierres survenu plus tôt. Le ministère palestinien de la Santé avait initialement publié une déclaration contredisant cette version, affirmant que le garçon avait fait une chute mortelle alors qu'il était poursuivi par l'armée israélienne.

Les Palestiniens ont ajouté que Rayan avait été transporté à l'hôpital dans un état critique et que sa mort avait été prononcée peu après. L'armée israélienne enquête sur cette affaire. Dans un communiqué publié plus tard dans la journée de jeudi, l'armée a déclaré que « les allégations concernant la mort du mineur sont connues. Une première enquête n'a trouvé aucun lien entre sa mort et l'activité des soldats dans la zone ».

Mohammed Suleiman, l'oncle du garçon, a déclaré que Rayan était à la maison avec ses parents et ses deux frères lorsque des soldats ont frappé bruyamment à la porte. Il a ajouté que l'armée voulait arrêter les deux frères, âgés de 8 et 10 ans, pour avoir prétendument jeté des pierres aux soldats. « Le père de Rayan a ouvert la porte et les soldats sont entrés. Ensuite, il y a eu une agitation et beaucoup de cris. Effrayé, [Rayan] s'est effondré et a fait une crise cardiaque », a déclaré Suleiman, ajoutant que l'enfant ne souffrait d'aucun problème médical antérieur. « C'était un garçon en parfaite santé et rempli de joie, et en quelques minutes nous l'avons perdu », a-t-il ajouté.

Une source de l'armée israélienne a déclaré que les soldats poursuivaient un groupe d'enfants qui jetaient des pierres, lorsqu'ils les ont perdus de vue. « Près d'une des maisons, les soldats ont vu un père debout avec ses enfants et les ont identifiés comme les enfants qui jetaient des pierres, bien qu'il ne soit pas clair s'il s'agissait des mêmes enfants. L'officier de l'armée a parlé au père en l'absence des enfants, et après avoir quitté la maison, l'homme a commencé à crier, ce qui a fait comprendre à l'officier que l'enfant était en danger. Selon l'officier, il ne savait pas que l'enfant était blessé ».

Mercredi, quatre Palestiniens ont été tués, dont deux militants recherchés par les FDI, lors d'affrontements dans la ville de Jénine, en Cisjordanie. Selon les Palestiniens, 44 personnes ont été blessées au cours des échanges de coups de feu.

L'armée a déclaré que les soldats avaient été envoyés dans le camp de réfugiés de Jénine pour arrêter Abed Fathi Hazem, le frère du combattant palestinien Raad Hazem qui a tué trois personnes à Tel Aviv en avril avant d'être abattu par les forces de sécurité à Jaffa.

Quelques heures plus tard, le Fatah a appelé à une “journée de colère” [Youm Ghadab] dans toute la Cisjordanie. Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeineh, a déclaré après le raid meurtrier que « l'occupation israélienne accorde peu de valeur à la vie de notre peuple palestinien, et dégrade la sécurité et la stabilité en poursuivant sa politique d'escalade."