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10/02/2025

MOHAMAD ALIAN
Number 9077

Mohamad Alian, 8/2/2025
Translated by Ayman El Hakim

In the documents of the assassins and the notebooks of the executioners, in the archives of the air force intelligence services, his number was: 9077.

A number on his forehead, a number in their records, a number in the endless lists of the dead.

But he wasn't just a number... he was my father, Khaled Alian.

He was a simple man who loved life, had goodness in his heart and always had a smile on his face. He was not a politician, he did not carry a weapon, but the identity of the city of Darayya was a charge in itself.

He was in a country ruled by a criminal, and in a country where your religion and your city determine your destiny.

In 2012, they arrested him for the first time. They took him from us, for no reason, without a trial, without explanation. Maybe it was just a report that earned him a few pounds, and my father's share amounted to moaning.

When he came back months later, he was no longer the same man.

He would look into the distance, as if he could see something that we could not. He would wander and think a lot, as if he had never really left there, as if his soul were trapped within the walls of the cells. He would try to become himself again, he would try to laugh with us, but something was broken in him, and we could not fix it.

Before his body had fully recovered from this arrest, they arrested him again months later, in 2013, in a market in Damascus, after we had fled Daraya, escaping the massacres, without asking him a single question, without giving us the opportunity to say goodbye.

We waited for him for a long time... day after day, month after month, for two whole years, dreaming of the moment when he would return, arrive from afar, smile at us, open the door and say: I'm late.

But the doors that take loved ones away to Syria never bring them back.

He went out and never came back, as if the earth had swallowed him up. We had no certainty, no death to mourn, no life to look forward to, only a deadly void and infinite possibilities.

We waited for him for two years, but he didn't wait... He died after only a fortnight, as it was written on his forehead.

He died there, between the cold walls, in the sunless cells, under the merciless whips, under their bloodthirsty fists. He did not die a natural death, but a death caused by criminal hands, hands that do not consider human beings as anything other than a number to be erased after they have played their part in the whirlwind of torture and the game of death.

He died in Assad's prisons, like tens or hundreds of thousands of others whose mass graves are still being discovered, at the hands of the assassins who ruled Syria with fire and prisons.

When Caesar's photos were released in 2015, I saw him... I saw my father for the first time after all these years.

But he was no longer the man I knew, no longer with his voice, no longer with his gait, no longer with his laughter.

He was a body lying in the dirt among the piles of corpses, in dusty clothes, with a face and a body exhausted by torture, with his number on his forehead, waiting for those around him to take him to the cemetery.

 

I saw him in the photo, and I couldn't leave him there, I couldn't let that photo be his end, so I tried to change the scene with a trembling hand.

I needed to see him in a photo worthy of him, in a kinder place, in the sunlight he had never seen before his death, on green grass, in a clean shroud. I wanted to apologize to him for the cruelty he had suffered.

But I didn't do it to escape reality or to avoid remembering the pain of that image, but because I firmly believe that God changed the scene for him and for all those who had spent time with him from the first moment into something more beautiful.

He honored them and took away their pain when their soul left their body.

MOHAMAD ALIAN
Numéro 9077

  Mohamad Alian, 8/2/2025
Traduit par Ayman El Hakim

Dans les documents des assassins et les carnets des bourreaux, dans les archives des services de renseignement de l’armée de l’air, son numéro était : 9077.

Un numéro sur son front, un numéro dans leurs registres, un numéro dans les listes interminables de la mort.

Mais ce n’était pas qu’un numéro... c’était mon père, Khaled Alian.

C’était un homme simple qui aimait la vie, portait la bonté dans son cœur et avait toujours le sourire aux lèvres. Il n’était pas un politicien, il ne portait pas d’arme, mais l’identité de la ville de Darayya était une charge à elle seule.

Il se trouvait dans un pays dirigé par un criminel, et dans un pays où votre religion et votre ville déterminent votre destin.

En 2012, ils l’ont arrêté pour la première fois. Ils l’ont pris parmi nous, sans raison, sans procès, sans explication. C’était peut-être juste un reportage qui lui a rapporté quelques livres, et la part de mon père s’est résumée à des gémissements.

Lorsqu’il revint des mois plus tard, il n’était plus le même homme.

Il regardait au loin, comme s’il voyait quelque chose que nous ne pouvions pas voir. Il errait et réfléchissait beaucoup, comme s’il n’était jamais vraiment sorti de là, comme si son âme était piégée dans les murs des cellules. Il essayait de redevenir lui-même, il essayait de rire avec nous, mais quelque chose était brisé en lui, et nous ne pouvions pas le réparer.

Avant que son corps ne se remette complètement de cette arrestation, ils l’ont arrêté des mois plus tard, à nouveau en 2013, sur un marché de Damas, après que nous avions fui Daraya, échappant aux massacres, sans lui poser une seule question, sans nous donner l’occasion de lui dire au revoir.

Nous l’avons attendu longtemps... jour après jour, mois après mois, et deux années entières, rêvant du moment où il reviendrait, arriverait de loin, nous sourirait, ouvrirait la porte et dirait : je suis en retard.

Mais les portes qui emportent les êtres chers en Syrie ne les ramènent jamais.

Il est sorti et n’est jamais revenu, comme si la terre l’avait avalé. Nous n’avions aucune certitude, aucune mort à pleurer, aucune vie à attendre, seulement un vide mortel et des possibilités infinies.

Nous l’avons attendu pendant deux ans, mais il n’a pas attendu... Il est mort au bout de quinze jours seulement, comme c’était écrit sur son front.

Il est mort là, entre les murs froids, dans les cellules sans soleil, sous les fouets impitoyables, sous leurs poings insatiables de sang. Il n’est pas mort d’une mort naturelle, mais d’une mort provoquée par des mains criminelles, des mains qui ne considèrent pas l’être humain comme autre chose qu’un numéro à effacer après qu’il a joué son rôle dans le tourbillon de la torture et le jeu de la mort.

Il est mort dans les prisons d’Assad, comme des dizaines ou des centaines de milliers d’autres dont on découvre encore les charniers, aux mains des assassins qui ont gouverné la Syrie par le feu et les prisons.

Lorsque les photos de César ont été divulguées en 2015, je l’ai vu... J’ai vu mon père pour la première fois après toutes ces années.

Mais il n’était plus l’homme que je connaissais, plus avec sa voix, plus avec sa démarche, plus avec son rire.

C’était un corps allongé dans la terre parmi les piles de cadavres, dans des vêtements poussiéreux, avec un visage et un corps épuisés par la torture, avec son numéro sur le front, attendant que ceux qui l’entouraient l’emmènent au cimetière.


Je l’ai vu sur la photo, et je ne pouvais pas le laisser là, je ne pouvais pas laisser cette photo être sa fin, alors j’ai essayé de changer la scène d’une main tremblante.

J’avais besoin de le voir sur une photo digne de lui, dans un endroit plus clément, à la lumière du soleil qu’il n’avait jamais vu avant sa mort, sur de l’herbe verte, dans un linceul propre. Je voulais m’excuser auprès de lui pour la cruauté qu’il avait subie.

FRED KAPLAN
Le plan de Trump pour Gaza est l’une des choses les plus dingues que j’aie jamais entendues

Fred KaplanSlate, 4/2/2024
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Lors d’une conférence de presse mardi soir 4 février, Donald Trump a tenu les propos les plus foldingues sur le Moyen-Orient qu’un président usaméricain ait jamais prononcés dans l’histoire.

Il a proposé non seulement que les quelque 2 millions de Palestiniens de Gaza quittent leur patrie - parce que, a-t-il dit, c’est “un trou à rats” et qu’il en sera toujours ainsi - mais aussi que les USA s’en emparent, la “possèdent” (il a lâché cette expression à plusieurs reprises) et la transforment en “Riviera du Moyen-Orient”.

Oui, il a vraiment dit ça.


Le peuple palestinien, que Mister Trump veut expulser de la vieille Gaza, sera-t-il autorisé à revenir vivre dans le nouveau pays des merveilles qu’il envisage ? Eh bien, a répondu Mister Trump, ce sera “une ville internationale”, avec des gens du “monde entier” qui viendront y vivre. Peut-être aussi des Palestiniens, mais en attendant, pendant que les USAméricains reconstruisent le “site de démolition” de Gaza, ces personnes seront accueillies par la Jordanie et l’Égypte.

Oui, a-t-il reconnu, les dirigeants jordaniens et égyptiens insistent sur le fait qu’ils ne veulent pas participer à ce déplacement forcé ; ils ne veulent certainement pas de l’instabilité qu’entraînerait l’arrivée de près de 2 millions de réfugiés palestiniens dans leurs propres villes surpeuplées. Mais Mister Trump est convaincu que ces pays “ouvriront leurs cœurs” et créeront des lieux chaleureux et pacifiques où les réfugiés pourront vivre leur vie loin de la violence que le Hamas leur a imposée.

Ou bien, a imaginé Mister Trump, les Palestiniens pourraient être réinstallés dans “un, deux, trois, quatre, cinq, sept, huit, douze sites, ou un grand site” - peu importe, tant qu’ils “vivent dans le confort et la paix ... Nous ferons en sorte que quelque chose de vraiment spectaculaire puisse être fait”.

Il ne s’agissait pas de remarques spontanées et irréfléchies. Mister Trump a répété ces propos à plusieurs reprises. Il a déclaré qu’il y pensait depuis un certain temps. Il a dit qu’il avait proposé l’idée à des dirigeants de la région qui l’ont trouvée “merveilleuse”. (Il n’a pas identifié les personnes qui l’ont fait marcher, si tant est que quelqu’un ait dit ça).

Il a fait ces déclarations lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, après que les deux hommes se sont entretenus en privé pendant plus d’une heure. Un journaliste a demandé à Netanyahou ce qu’il pensait de l’idée de Mister Trump. Il a semblé aussi surpris que tout le monde, même s’il s’est efforcé d’être poli.

L’objectif d’Israël, a souligné le Premier ministre, est de s’assurer que Gaza ne représente plus jamais une menace pour lui. « Le président Trump porte cette question à un niveau bien plus élevé », a-t-il déclaré. « Il envisage un avenir différent pour ce terrain. ... Il a une idée différente, et cela vaut la peine d’y prêter attention. ... Cela vaut la peine de poursuivre dans cette voie ».

Euh, euh...

09/02/2025

FRED KAPLAN
Le rebootage du Pentagone pour la guerre du futur


Fred Kaplan, The New York Review , 27/2/2025

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Fred Kaplan rédige la rubrique War Stories pour Slate et est l’auteur de sept livres, dont The Insurgents : David Petraeus and the Plot to Change the American Way of War, qui a été finaliste du prix Pulitzer 2014. Son dernier livre, A capital calamity  est un roman satirique.

L’intégration de la volonté d’innovation de la Silicon Valley dans les contrats de défense a été un processus lent, mais la guerre en Ukraine a incité les entreprises technologiques à se lancer dans le secteur de la guerre.

Livre recensé

Unit X: How the Pentagon and Silicon Valley Are Transforming the Future of War (Unité X : Comment le Pentagone et la Silicon Valley sont en train de transformer le futur de la guerre)
 
par Raj M. Shah et Christopher Kirchhoff
Scribner, 319 p., $30.00

En 2006, Raj Shah était capitaine dans l’armée de l’air usaméricaine et pilotait un avion de chasse F-16 pendant la phase d’insurrection de la guerre d’Irak. Peu après le début de son service, il a remarqué un problème avec l’écran d’affichage de son cockpit : le signal des satellites GPS lui permettait de voir une carte du terrain, mais il n’y avait pas de point ou d’icône mobile pour indiquer sa position par rapport aux coordonnées au sol. Parfois, lors de missions près de la frontière entre l’Iran et l’Irak, il ne pouvait pas savoir quel pays il survolait. C’était une situation dangereuse : à 500 km/h, une minute perdue du mauvais côté de la frontière pouvait le mettre à portée des armes de défense aérienne iraniennes.

De retour dans sa caserne, Shah possédait un ancien PC de poche appelé iPAQ, qui lui permettait de jouer à des jeux vidéo. Il l’a chargé de cartes numériques et l’a attaché à son genou pendant qu’il volait. Le logiciel de ce gadget à 300 dollars lui permettait de voir où il se trouvait - des informations de base que les gadgets de son avion à 30 millions de dollars ne pouvaient pas lui fournir.

Shah a soudain réalisé à quel point la Silicon Valley avait pris de l’avance sur les plus grandes entreprises de défense du pays dans certains aspects vitaux des prouesses technologiques. Il a également compris que cela représentait un danger pour la sécurité nationale : l’armée usaméricaine a longtemps conservé un avantage sur ses adversaires grâce à sa supériorité technologique. Les logiciels commerciaux, comme le traqueur de son iPAQ, étaient disponibles dans le monde entier ; à un moment donné, peut-être bientôt, les USA perdraient leur avantage et pourraient perdre la prochaine guerre.

FABER CUERVO
Colombia: timonazo del presidente

Faber Cuervo, 9-2-2025

“La izquierda sola no gana nada en Colombia, difícilmente gana una gobernación o una alcaldía significativa, pero nada más”.

“Cuando nos creemos moralmente superiores al distinto, ya estamos arruinando el proyecto”.

“Sin el otro no podremos conocernos ni construirnos”.

“Somos aquello que respondemos al otro”.

La transmisión del Consejo de ministros no fue ni show ni circo. Fue algo peor: un revulsivo. Y ojalá lo sigan transmitiendo.

Digo “peor” por sus implicaciones inmediatas, las ronchas que genera, las maledicencias, escándalos e incomprensiones. Pero en realidad, finalmente, tiene consecuencias favorables, beneficios para todos.

Se vio a un presidente insatisfecho con los resultados hasta ahora obtenidos. Desatado porque cómo no se desata un director de orquesta si sus músicos no ejecutan a tiempo las notas de la melodía.

Y decepcionado. ¿Cómo no se decepciona un Presidente si comprueba que el internet de las fronteras de Colombia es de los Estados Unidos?

Y embejucado. ¿Cómo no embejucarse si algunos ministros le ladran porque incluye al personajón de Benedetti y a la joven Sanabria en su equipo de gobierno?

El presidente ha cometido errores que han costado caro. Nombrar a Carlos Ramón González (Partido Verde) como director de la Dirección Nacional de Inteligencia de Colombia. Nombrar a Olmedo López (Polo Democrático) en la dirección de la Unidad Nacional para la Gestión del Riesgo de Desastres –UNGRD-. Nombrar a Alejandro Gaviria (liberal centrista) como ministro de educación. Demorar acciones de sustitución de cultivos ilícitos y prevenir actos violentos de los carteles de la droga. No crear un organismo independiente con apoyo internacional para investigar y castigar la corrupción desbordada, para de ese modo reducir la alta impunidad que nos hace un Estado fallido. Retardar la creación de una agencia de prensa propia. Y hay más.

Pero el presidente sabe hacia dónde va. Sabe con quiénes puede trabajar. Tiene objetivos de corto, mediano y largo plazo. Ocurre que los del corto plazo se están aplazando más de la cuenta, no por su culpa, sino porque ha faltado un equipo que lo respalde con todo el vigor y la convicción que se necesitan. Los ministros no lideran, no ejecutan, no se apropian del momento que vivimos, no la dan toda por cumplir metas del Plan de Desarrollo, no se ponen la camiseta del proyecto político del cambio. Los objetivos de mediano y largo plazo quedan para ser ejecutados por los próximos gobiernos progresistas.

Je prends Gaza, tu gardes le Sahara occidental : grandes manœuvres entre Washington et Rabat, via Tel Aviv et Abou Dhabi

L’intérêt des USA pour le Maroc passe maintenant par Gaza, au cas où celui-ci pourrait contribuer d’une manière ou d’une autre à imposer la Pax Americana dans ce territoire, pour lequel le président usaméricain a déjà esquissé un plan.

Ignacio Cembrero, El Confidencial, 09/02/2025
Traduit par 
Tafsut Aït BaâmraneTlaxcala


Photo d’archives de Trump avec le président des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed al-Nahayan (Reuters/Jonathan Ernst).

Donald Trump est de retour à la Maison Blanche. Il a été le premier président d’une démocratie à reconnaître, en 2020, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Rabat réfléchit actuellement à la manière de tirer le meilleur parti du magnat new-yorkais pour ce qu’il appelle sa « cause nationale », à savoir l’ancienne colonie espagnole.

En décembre 2020, Trump s’était engagé à ouvrir un consulat usaméricain à Dakhla, la deuxième ville du Sahara, mais son successeur, Joe Biden, a retardé l’ouverture de ce consulat. Rabat espère désormais qu’il franchira le pas, mais il s’agit d’une initiative mineure par rapport aux rêves que la diplomatie marocaine nourrit pour les terres dont elle s’est emparée il y a un demi-siècle grâce à la Marche verte.

Selon une source diplomatique au fait des intentions marocaines, le plan diplomatique du Maroc est de tenir une conférence internationale aux Émirats arabes unis (EAU), son principal allié arabe, sous l’égide des USA et des puissances européennes, à commencer par la France, qui donnerait sa bénédiction à la « marocanité » du Sahara occidental.

« Le Maroc espère maintenant obtenir le feu vert international final » sur le Sahara « lors d’une conférence qui se tiendra aux EAU en avril écrit. Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales, dans un article publié par le think-tank barcelonais CIDOB [voir version française ci-dessous].  Rabat tenterait ainsi de « forcer les États européens récalcitrants [Royaume-Uni, Italie, etc.] et l’ONU elle-même à se rallier », prédit Lovatt, dans un entretien avec El Confidencial. « Il y a déjà eu des contacts diplomatiques en ce sens », affirme-t-il, tout en doutant que la date initiale d’avril soit respectée.

Le gouvernement socialiste espagnol pourrait difficilement éviter de participer à une telle conférence s’il souhaite continuer à entretenir des relations harmonieuses avec son voisin marocain. La conférence s’inscrirait également dans la lignée de la lettre que le Président Pedro Sánchez a adressée le 14 mars 2022 au roi Mohammed VI, s’alignant sur la solution d’autonomie que ce dernier préconise pour résoudre le conflit du Sahara.

Les autorités marocaines refusent de donner plus de détails sur ce plan d’autonomie de trois pages, qu’elles ont présenté en 2007, comme l’a souligné en octobre devant le Conseil de sécurité Staffan de Mistura, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Elles s’efforcent cependant de promouvoir des associations sahraouies qui, aux yeux de l’Occident, pourraient faire de l’ombre au Front Polisario, le mouvement qui représente la majorité.

Il y a d’abord eu le Mouvement sahraoui pour la paix, dirigé par Hach Ahmed Barical, qui a été discrédité après qu’un rapport du Centre national du renseignement espagnol, révélé par El País en 2022, l’a décrit comme le chef d’une  « organisation-écran » des services de renseignement extérieur marocains.. Les services marocains ont maintenant parrainé à El Ayoun Initiative sahraouie, dirigée par une femme, Gasmula Ebbi, ancienne députée à Rabat, qualifiée par la propagande de "Pasionaria du Sahara".

En échange de la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara en 2020, le roi Mohamed VI a dû offrir une contrepartie à Trump : établir des relations diplomatiques avec Israël. Il s’est ainsi rallié aux « accords d’Abraham » finolés par le gendre du président, Jared Kushner, auxquels d’autres pays musulmans (EAU, Bahreïn, Soudan) avaient déjà adhéré.

Aux yeux de l’administration Trump, le Maghreb n’a que peu d’importance. Pour le mobiliser en sa faveur, le Maroc doit lui offrir quelque chose en retour, comme il l’a fait en 2020 avec Israël. Que peut-il faire maintenant ? « Jouer un rôle quelconque dans la bande de Gaza post-conflit avec le consentement des parties », a répondu Hugh Lovatt dans son article. En mai dernier, l’administration Biden a déjà sondé le Maroc, l’Égypte et les Émirats arabes unis sur leur volonté d’intégrer une force de maintien de la paix à Gaza une fois la guerre terminée, comme l’a révélé le Financial Times.

Un câble pour réchauffer Albion
Dossier SOLIDMAR N°3/2025

« Une idée folle » aux yeux d’un paysan anglais, un projet magnifique selon tous les responsables marocains : que penser du Xlinks Morocco-UK Power Project en cours de réalisation ? Ce projet vise à transporter par câble sur 3 800 km de l’énergie électrique d’origine solaire et éolienne du Maroc au Royaume-Uni, ce qui en ferait le câble sous-marin le plus long du monde. Ci-dessous 3 articles provenant de la BBC, traduits et édités par Solidarité Maroc.

SOMMAIRE

1.     Comment brancher le Royaume-Uni sur le soleil du désert

2.     Le Maroc peut-il résoudre la crise énergétique de l’Europe ?

3.     “Chaos” redouté dans l’alimentation électrique par câble prévue depuis le Maroc



08/02/2025

AYELETT SHANI
Comment Oded Twik a sauvé sa sœur et ses enfants des griffes de la secte de psychopathes juifs Lev Tahor

Sa sœur a grandi dans un foyer laïc en Israël, a servi comme officière dans l’armée et aimait faire la fête. Après que la secte ultra-orthodoxe Lev Tahor l’a embrigadée, Oded Twik a traversé l’océan pour la sauver, elle et sa famille maltraitée.

Ayelett Shani, Haaretz, 8/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Des membres de Lev Tahor protestent devant l’école de Ciudad de Guatemala où les autorités locales ont emmené leurs enfants, le 15 janvier 2025. Photo Johan Ordonez/AFP

 Veuillez vous présenter.

Je suis Oded Twik, j’ai exactement 50 ans. Je suis marié et j’ai deux filles adorables. J’ai un commerce de produits électriques et je dirige une quincaillerie de quartier à Rishon Letzion.

Le magasin dans lequel nous nous trouvons actuellement. Dites-moi, vos clients savent-ils que le gentil monsieur qui fait des doubles de clés a mené une opération de sauvetage des personnes des griffes de Lev Tahor – Cœur Pur -, une secte religieuse ?

C’est un magasin de quartier. Certains connaissent l’histoire.

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Le mois dernier, les autorités guatémaltèques ont ont exfiltré environ 200 femmes et enfants du site de la secte à Ciudad de Guatemala.. Ils étaient tous dans un état grave, mentalement et physiquement. Les responsables locaux de l’aide sociale et la police ont été consternés par la négligence, la violence et l’ampleur des abus. En 2015, dans une sorte d’opération individuelle, vous avez fait sortir du Guatemala votre sœur et sa famille, qui étaient membres de la secte. Comment s’est-elle retrouvée impliquée dans Lev Tahor ?

Nous avons grandi ici en Israël, dans une famille tout à fait normale. Ma sœur, qui a un an de plus que moi, a servi dans l’armée en tant qu’officière au ministère de la défense, à la Kirya [quartier général de la défense]. Elle aimait la vie à Tel Aviv, elle aimait s’amuser, sortir au Coliseum Club. Après son service, elle a décidé de faire un voyage aux USA. Elle a voyagé un peu, puis a travaillé comme fille au pair dans une famille haredi pour payer le reste du voyage. Au bout d’un certain temps, elle nous a soudain envoyé une photo d’un homme à la barbe immense, qui ressemblait à [Theodor] Herzl, avec la légende suivante : « Je me marie ». Nous avons été choqués.

Avez-vous assisté au mariage ?

Mes parents y sont allés [en 1987]. Mon père est revenu en état de choc. Il a dit que c’étaient des bêtes humaines, qu’ils lui avaient rasé la tête pour qu’elle soit chauve pour le mariage. Mais nous ne connaissions ni ne comprenions rien au monde ultra-orthodoxe, et encore moins aux sectes. Nous nous sommes dit que si c’était ce qui lui permettait de se sentir bien, c’était formidable. Plus tard, j’ai découvert que le fondateur de la secte, Shlomo Helbrans, qui venait de sortir de prison [né en Israël dans une famille laïque, il est devenu un extrémiste religieux et a été condamné aux USA pour enlèvement et libéré en 1996], a envoyé une entremetteuse à la famille pour laquelle elle travaillait et lui a dit : « Je veux cette fille, je veux la marier. Même lorsque j’ai compris ce qui se passait et que j’ai essayé de convaincre mes parents de réagir, ils ont continué à me dire : « Qu’est-ce que tu veux d’elle ? L’essentiel est qu’elle soit heureuse ».

Quand avez-vous réalisé que les choses n’allaient pas si bien ?

En 2011, nous avons rendu visite à la famille de ma femme, à Chicago. La secte était basée à Montréal à l’époque, et j’ai décidé de profiter du voyage pour rendre visite à ma sœur. Elle hésite et me dit : « On verra, on verra ce que mon mari dira ». « C’est absurde », lui ai-je dit. « Je viens. J’ai réservé une chambre d’hôtel ». Il ne m’est pas venu à l’esprit qu’elle ne voulait vraiment pas que je vienne. J’arrive et je vois qu’elle agit bizarrement.

De quelle manière, par exemple ?

ALAIN CAMPIOTTI
Leyendo Haaretz

Alain Campiotti, Le Temps, 13-1-2025
Traducido por Michel Mujica

El autor es un periodista y escritor suizo, columnista en el diario Le Temps

En el turco. Es un restaurante banal, no lejos del aeropuerto Ben Gurion. ¿Por qué ir a comer allí? Porque el hijo, que hizo el servicio militar en la zona, pensó que el shawarma era sabroso. El otro día llevó allí a su padre, Gideon Levy. Las cosas salieron mal. Rápidamente se reunió una multitud alrededor de su mesa y los insultos volaron. Al hijo: “¡Que se joda la madre del que come con los nazis!” Al padre: “¡Eres un nazi porque te preocupas por los niños de Gaza!” A causa de la bronca, tuvieron que marcharse.

Gideon Levy es periodista de Haaretz, uno de los diarios más conocidos de Israel, conocido por sus investigaciones sobre el terreno entre los palestinos y sus despiadados comentarios contra el gobierno de Benyamin Netanyahu y los partidos que dominan la escena política israelí. También es probablemente el periodista más odiado e insultado del país. Sin embargo, este hijo de inmigrantes centroeuropeos era cualquier cosa menos un exaltado. Religioso y nacionalista acérrimo en su juventud, según él mismo afirma, llegó a ser portavoz de Shimon Peres, del Partido Laborista, antes de incorporarse a Haaretz, donde se convirtió en una voz resonante cuando el centenario diario pasó del liberalismo moderado a la crítica de los supremacistas y anexionistas que poco a poco se hacían con el poder en Israel.

Pero este Haaretz tan comprometido no es un órgano de propaganda: trabaja en profundidad. También está abierto a voces que lo desafían, como Israel Harel, colono radical y belicista sin complejos, o el historiador Benny Morris, que aboga constantemente por un ataque a gran escala contra Irán.

Tras el asalto masivo de Hamás el 7 de octubre de 2023, el periódico no vaciló en su denuncia de este horror y en su documentación de las masacres, torturas y violaciones que pudieron probarse. Pero cuando se desataron las represalias en Gaza y luego en otros lugares, puso el mismo celo en describir los abusos de esta guerra sin límites y sin piedad para los civiles, a pesar de los obstáculos de todo tipo. Un periodismo ejemplar y solitario, en la adversidad y el dolor.
En otro lugar, el periódico ofrece una descripción a gran escala, completa con mapas (antes y después) de las ciudades destruidas en Gaza y las tiendas de campaña que han sustituido a las casas, bajo la lluvia torrencial de este día de Año Nuevo para nosotros. Otro texto imagina a toda la población de Jerusalén, Tel Aviv y Haifa concentrada en la playa bajo las inclemencias del tiempo: ésta es la vida de los gazatíes que describe.
El otro sábado, Alain Finkielkraut, en Répliques, su programa de culto en la radio France Culture, abrió una especie de apasionada discusión talmúdica sobre este tema (y sobre el pensamiento de Emmanuel Lévinas). ¿Qué significa «pueblo elegido» para los judíos? Todos estuvieron de acuerdo en que sólo puede significar revelar a otros pueblos (el pueblo palestino, por ejemplo) su parte en la elección. Para los extremistas en el poder en Israel significa algo muy distinto. Para algunos de ellos (diputados), no hay ni un solo inocente entre los 2,3 millones de palestinos de Gaza. Se lo dice la Biblia: ante las trompetas de Josué, las murallas de Jericó se derrumbaron y sus habitantes fueron pasados a cuchillo, hombres, mujeres, niños, ancianos, bueyes, ovejas y burros. Un miembro no fanático de la Knesset se levantó para denunciar la «bajeza moral» de este «mesianismo mendaz, nacionalista, racista y fundamentalista que envenena y destruye el espíritu de Israel».
Cuando Gideon Levy salió el otro día del restaurante de shawarma cerca del aeropuerto Ben-Gurion con su hijo, que había sido ahuyentado a base de insultos, fue abordado en la calle por un joven. Era simpático. Le pidió al odiado periodista su bendición. Un tímido atisbo.

Así que me suscribí hace 400 días, para saber más. Es útil, o indispensable. El martes pasado, oí una noticia de diez segundos en una emisora de radio francesa: 51 gazatíes habían muerto durante el día. Miré a ver qué se decía aquí. No había nada. La guerra dura, uno se acostumbra a ella, y algunas muertes valen más que otras; en aquel momento sólo hablábamos de «Charlie», diez años después.

Con Haaretz, estamos en el meollo, con los ojos abiertos. ¿Le apetece? Por ejemplo, el 1 de enero, cuando estábamos de celebración. Ese día, el periódico llegaba al final de un completo reportaje sobre la «guerra contra la prensa» que, en su opinión, libraba el gobierno de Netanyahu, y no hablaba sólo de los 110 periodistas muertos en Gaza. Se ha puesto en marcha un boicot contra el diario rebelde: no más comunicaciones, no más publicidad, no más ingresos del Estado; un viejo plan puesto en marcha el día en que Amos Schocken, el propietario de Haaretz, hablaba en una conferencia en Londres sobre los «luchadores por la libertad palestinos a los que Israel llama terroristas».

El veterano de Haaretz Zvi Bar'el se pregunta por qué la población israelí ha asimilado tan silenciosamente lo que ocurre en Gaza: destrucción masiva y muerte; le recuerda, y mucho, a la Noche de los cristales rotos en Alemania en noviembre de 1938. Una columnista árabe del periódico lamenta cómo las víctimas de los bombardeos han quedado reducidas a estadísticas, mientras que los niños quedan sepultados bajo las ruinas, sus vidas olvidadas para siempre.

Este número de Haaretz habla, por supuesto, de la destrucción del hospital Kamal Adwan en Beit Lahia, justo al norte de Gaza. Poco después, este rudimentario hospital, el penúltimo de esta parte de la Franja, también fue mencionado en un debate del canal LCI, el menos despreciable de los canales franceses de noticias. David Pujadas y sus invitados intentan distinguir lo verdadero de lo falso en este asunto. Porque lo que viene de Gaza está bajo el control de Hamás, ya que el territorio está cerrado a los periodistas. ¿Y no serían  terroristas los pacientes a los que se ve salir con los brazos en alto? ¿Y el médico jefe hecho prisionero, el doctor Hossam Abu Safiya, que tenía un cargo en Hamás, no es otro terrorista? Por otro lado, está la descripción que hace Haaretz del asalto al hospital. Pero cuidao, este periódico es la oposición, es la izquierda…

Haaretz es muy citado en el mundo (la prueba...), pero en Israel es una voz débil: 5% de la audiencia. Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total desde el 7 de octubre de hace 2 años: los pacientes de Kamal Adwan son terroristas, el médico es un combatiente. En este paisaje, Haaretz es un tenue faro de ética antibelicista. La ética...

Esto es también lo que escribe Haaretz todos los días. Pero frente a esta débil voz, está la realidad del poder sin parangón del ejército de Israel, alimentado sin cesar por sus aliados occidentales, de la victoria total y la obliteración de Jericó, de Palestina. El periódico acaba de revelar que está a punto de alcanzarse un acuerdo con Arabia Saudí para un arreglo regional cuyas migajas para los palestinos, si es que alguna vez obtienen alguna, no serán más que la humillación de sus aspiraciones. La lucha de Haaretz se verá entonces como lo que es: heroica, trágica, perdida.

Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total.

Dehors les journalistes, bienvenue aux influenceurs espagnols : la stratégie du Makhzen pour blanchir l’occupation de Dakhla

Pillage, surveillance extrême et blocage de l’information... Telle est la réalité de Dakhla, l’ancienne Villa Cisneros. Le Maroc utilise des influenceurs espagnols pour blanchir son image.

Sara S. Bas et Francisco CarriónEl Independiente, 8/2/2025
Traduit par Tafsut Aït BaâmraneTlaxcala


 « Dakhla, jouez les Robinsons des sables », propose le site ouèbe Visit Morocco. Dakhla, l’ancienne Villa Cisneros espagnole, est un paradis de plages et de dunes vierges et de vagues qui font le bonheur des surfeurs les plus intrépides. Une destination que le régime alaouite veut faire figurer sur la carte, en essayant d’ignorer un immense détail : elle se trouve en effet au Sahara occidental, un territoire occupé « manu militari » par le Maroc depuis un demi-siècle et en attente de décolonisation, selon l’ONU. Un territoire interdit à la presse internationale où de graves violations des droits humains sont commises contre la population sahraouie et où, dans le même temps, les autorités occupantes déroulent le tapis rouge aux influenceurs et aux youtubeurs.

Ces dernières semaines, deux journalistes espagnols ont été expulsés de Dakhla. Ce mercredi, le Maroc a refusé l’entrée dans la ville à Francisco Carrión, reporter d’El Independiente. Il y a une semaine et demie, José Carmona, de Público, a été expulsé. Depuis janvier, en revanche, le régime de Mohamed VI a invité des dizaines d’influenceurs espagnols dans le but de promouvoir Dakhla comme une destination de vacances économique et proche de la péninsule, à seulement trois heures de vol. Selon nos informations, le gouvernement marocain organise des voyages pour promouvoir l’image de cette ville, située au sud du Sahara occidental. Dans le cadre du premier vol direct reliant Madrid à Dakhla, plusieurs influenceurs, se désignant eux-mêmes comme « créateurs de contenu », et des journalistes de voyage ont pu se rendre sur place et visiter la ville pendant plusieurs jours.

Une centaine de personnes - parmi lesquelles des agents de voyage, des journalistes et des influenceurs d’Espagne et du Portugal - ont été invitées à Dakhla par l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Le « voyage de familiarisation » - « Fam Trip », comme on l’appelle dans le jargon des agents et des journalistes du tourisme - s’est déroulé du 8 au 11 janvier et avait pour objectif de « promouvoir Dakhla comme destination principale pour les marchés ibériques » en pleine offensive du régime alaouite pour obtenir un soutien international à sa revendication de marocanité de l’ancienne colonie espagnole, un territoire non autonome en attente de décolonisation, selon l’ONU.

Huîtres et dunes : un voyage royal

« Le Fam Trip offre une introduction complète au potentiel touristique de Dakhla, en mettant en avant ses atouts culturels, ses paysages naturels et ses opportunités d’investissement », expliquent les autorités touristiques marocaines. Selon le programme, les participants ont visité les principales attractions touristiques de l’enclave, ont assisté à des « sessions de réseautage » et à des « présentations conçues pour montrer l’attrait croissant de la région pour les visiteurs internationaux ». Rabat ne cache pas que son objectif est de positionner Dakhla comme « une porte d’entrée pour les touristes latino-américains via le centre d’opérations de Madrid ». Ryanair a rejoint trois autres compagnies aériennes proposant des liaisons internationales avec Dakhla : Royal Air Maroc (RAM), Binter Canarias et Transavia. Toutes opèrent sur des routes subventionnées par l’État marocain.

« Visit Morocco nous a contactés par l’intermédiaire de Bushido Talent, une agence d’influenceurs et de marketing digital basée à La Corogne, pour réunir un certain nombre de personnes et faire ce voyage », a expliqué à El Independiente l’une des personnes qui s’est rendue à Dakhla et qui préfère garder l’anonymat. Visit Morocco est la marque sous laquelle opère l’autorité touristique du pays voisin. L’objectif, détaille cette source, est de dissocier Dakhla du conflit découlant de l’occupation par le Maroc du Sahara occidental et d’en faire une destination touristique. « Je n’avais aucune idée de l’endroit où se trouvait Dakhla ni de ce à quoi elle ressemblait avant de voyager », admet-il. Depuis que le Front Polisario a rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 en novembre 2020, les hostilités ont repris le long du mur de 2 720 kilomètres de long qui sépare le territoire occupé par Rabat de celui libéré par le Polisario.

07/02/2025

MICHELLE GOLDBERG
Le Deal sur Gaza de Trump : des crimes de guerre en échange d’un terrain pieds dans l’eau

Michelle GoldbergThe New York Times, 7/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Goldberg est chroniqueuse de la rubrique Opinion du Times depuis 2017. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la politique, la religion et les droits des femmes, et a fait partie d’une équipe qui a remporté un prix Pulitzer pour le service public en 2018 pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel sur les lieux de travail.

Lorsque Donald Trump, s’exprimant aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, a annoncé cette semaine que les USA prendraient le contrôle de Gaza et réinstalleraient « définitivement » sa population ailleurs, peu de politiciens usaméricains l’ont pris au sérieux.


Une plage dans la bande de Gaza. Photo Eyad Baba/AFP — Getty Images

 Après tout, Trump a déjà proféré des menaces impérialistes trollesques contre le Groenland, le Canada et le Panama, mais jusqu’à présent, il ne semble pas prêt à étayer ses fanfaronnades par la force militaire. Et si certaines parties de sa base frissonnent d’excitation à l’idée d’un renouveau national par la conquête, dans l’ensemble du pays, les nouvelles campagnes de construction nationale suscitent peu d’intérêt.

Dans les jours qui ont suivi la proposition grotesque du président, ses conseillers et alliés ont, comme à leur habitude, tenté de la réorienter vers une voie plus sensée. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, par exemple, a prétendu que Trump avait simplement fait une offre généreuse pour aider Gaza à se reconstruire. Israël, cependant, a compris la portée considérable des propos de Trump. Les USA n’ont évidemment pas l’intention de construire une Riviera moyen-orientale à la frontière israélienne. Ce qu’il a fait, cependant, c’est accorder à Israël une nouvelle licence extraordinaire pour écraser les Palestiniens à Gaza, et peut-être aussi en Cisjordanie.

Comment Elon Musk et ses alliés ont pris d’assaut Washington et se sont lancés dans la Grande Mutation

Le milliardaire et ses associés de la Silicon Valley ont atterri dans la capitale et ont immédiatement entrepris de réduire la taille du gouvernement fédéral, reprenant le scénario qu’il avait utilisé après avoir acheté Twitter en 2022.
 Theodore Schleifer et Madeleine NgoThe New York Times, 29/1/2025
Kirsten Grind et Ryan Mac ont contribué à ce reportage.
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Theodore Schleifer est un journaliste qui couvre les milliardaires et leur impact sur le monde pour le Times.

Madeleine Ngo couvre la politique économique usaméricaine et son impact sur la population à travers le pays.

 

Elon Musk, à gauche, à Washington la veille de l’investiture du président Trump. M. Musk s’est vu attribuer un bureau dans l’aile ouest, où il dirige le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale. Photo Doug Mills/The New York Times

Vendredi 24 janvier dans l’ après-midi, la personne la plus riche du monde s’est présentée dans ce qui semble être l’une des agences les plus ennuyeuses du monde pour exiger une liste.

Elon Musk était arrivé au Bureau de la gestion du personnel, une agence au nom banal qui détient un vaste pouvoir de supervision de la main-d’œuvre civile fédérale. Au cours du premier mandat du président Trump, le dirigeant de la nation a utilisé l’agence pour imposer la loyauté à son programme. Pendant son second mandat, il semble que Musk pourrait essayer d’utiliser le bureau pour imposer sa propre vision des choses.

Musk a débarqué à Washington avec une foule d’amis et d’employés rémunérés, déterminé à laisser rapidement son empreinte. Jamais auparavant dans l’histoire moderne, quelqu’un d’aussi riche n’avait joué un rôle aussi actif dans le gouvernement usaméricain, Musk se rendant omniprésent à Washington depuis son arrivée pour l’investiture de Trump. Son avion n’a pas redécollé.

Dès le premier jour de Trump, ce dernier a donné du pouvoir à Musk en créant le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale, une initiative de réduction des coûts menée par le milliardaire de la technologie. Trump a donné au groupe le pouvoir de travailler sur un plan visant, entre autres, à réduire la taille de la main-d’œuvre fédérale.

Se rendant à Washington avec la détermination et la bravade qui le caractérisent, Musk reprend les tactiques qu’il a déployées chez Twitter, qu’il avait racheté en 2022. Il a mis à profit tout le poids de son réseau dans la Silicon Valley, en nommant certains des mêmes dirigeants qui ont licencié 80 % du personnel du réseau social, et en utilisant même les mêmes objets de courriel. Il a promis « des réductions massives d’effectifs dans toute la bureaucratie fédérale », et il s’empresse maintenant de le faire.