15/12/2021

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Du Venezuela au Chili, de Caldera à Boric : un seul Chávez et un seul Salvador

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 14/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

La situation actuelle au Chili me semble ressembler de façon de plus en plus frappante à la situation au Venezuela au début des années 1990. À cette époque, ici - comme au Chili aujourd'hui - il y avait 30 ans de post-dictature. Les deux pays - à l'époque - étaient présentés comme des « modèles de démocratie à suivre » et des « exemples pour le monde », sur la base du « succès » du système bipartite de démocratie représentative, dans lequel l'économie était mise au service d'un secteur minoritaire de la population.

"Couvre-feu dans tout le pays-Des dizaines de morts et de blessés" : Venezuela, XXème siècle

 
Les dizaines de milliers de manifestants qui ont pris part au « Caracazo » des 27 et 28 février 1989, un mouvement de protestation populaire de masse qui exprimait leur rejet des mesures néolibérales mises en œuvre par le président Carlos Andrés Pérez, auraient pu s'exclamer : « Ce n'est pas trente pesos, c'est trente ans » [slogan des manifestants chiliens contre l’augmentation du prix du métro, NdT]. Dans le cinquième plus grand producteur et exportateur de pétrole du monde, il y avait 51% de pauvreté. Le sort de Pérez (un homme obstinément corrompu, comme cela a été démontré quelques années plus tard) et de la fausse démocratie était scellé à jamais. Des milliers de morts et de disparus - jusqu'à ce jour - ont été la réponse du gouvernement à la vibrante action populaire.

"Une nouvelle Constitution ou rien" : Chili, XXIème siècle

Mais les deux situations présentent également des différences, dont l'une est très pertinente. Face à la clameur massive des citoyens et à la réprobation du système face à l'inactivité, à la passivité et à la complicité des politiciens, un groupe de soldats patriotes, attentifs à la situation créée, ont mené deux soulèvements en 1992 pour montrer leur soutien au sentiment populaire. Le premier, réalisé le 4 février sous la direction d'Hugo Chávez Frías, un lieutenant-colonel inconnu des forces spéciales, a élevé la combativité, indiqué une voie différente et placé Chávez sur le piédestal des futures batailles à venir. Comme jamais auparavant dans l'histoire du Venezuela, un dirigeant a assumé la responsabilité d'un échec, mais cette fois, la défaite du mouvement « pour l'instant » a donné une trajectoire de victoire à ce qui avait été une défaite ce jour-là.

 

   Rafael Caldera (1916-2009), président vénézuélien de 1969 à 1974 et de 1994 à 1999

Chávez et ses camarades sont allés en prison. L'après- midi même de ce jour, lors d'une réunion spéciale du Congrès, l'ancien président Rafael Caldera est sorti de l'ombre et, avec l'opportunisme de n'importe quel politicien traditionnel méprisable, et à l'aide d'un discours vibrant dans lequel il appelait à revoir les causes réelles du soulèvement, il s'est placé au centre de l'action qui avait secoué la société vénézuélienne jusque dans ses fondements. Deux ans plus tard, Caldera est élu président du Venezuela.

La similitude de la situation dans les deux pays est due au fait qu'au Chili, à   partir du 18 octobre 2019 - comme au Venezuela lors du « Caracazo » - le pays a été secoué par un grand mouvement populaire de répudiation du système néolibéral qui prolongeait la dictature. La manifestation de masse était l'expression des sentiments d'un peuple fatigué après 30 ans d'exclusion et d'appauvrissement, en particulier parmi les secteurs les plus pauvres de la population. La réponse du président Piñera - comme celle de Carlos Andrés Pérez trente ans plus tôt - a été une répression brutale avec pour facteur aggravant le fait qu'il a apporté une nouvelle technique consistant pour les forces de police à tirer dans les yeux pour aveugler les manifestants, exposant ainsi un nouvel attribut de la démocratie représentative.

EMAN ABUSIDU
Argentine : des centaines de personnes demandent symboliquement la citoyenneté palestinienne


Eman Abusidu , MEMO, 11/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 


Eman Abusidu ايمان ابو سيدو est une journaliste palestinienne originaire de Gaza, actuellement correspondante du site Middle East Monitor au Brésil. @EmAbusidu

 

Des centaines d'Argentin·es ont fait la queue devant l'ambassade de Palestine à Buenos Aires pour déposer une demande de citoyenneté palestinienne. La campagne « Je veux être un·e Palestinien·ne » a été menée en soutien au peuple palestinien. De nombreux militants d'organisations de défense des droits hiùmains, d'institutions de la société civile, un certain nombre de parlementaires et de représentants de partis politiques sont venus et ont participé à la campagne pour exprimer leur solidarité et leur soutien à la Palestine.

Voir la vidéo

L'initiative a été lancée par le Comité argentin de solidarité avec le peuple palestinien, avec la collaboration de la Ligue argentine des droits de l'homme, entre autres organisations, pour demander symboliquement la nationalité palestinienne.

Les portes du siège de l'ambassade de Palestine et de son consulat ont été ouvertes pour accueillir les citoyens et habitants d'Argentine. L'ambassade de Palestine a célébré cette initiative et a confirmé son importance pour « attirer l'attention sur le fait que la question de la Palestine n'a pas encore été résolue et que les Palestinien·nes sont toujours privé·es de l'exercice de leurs droits inaliénables, qui ont été reconnus par l'Assemblée générale de l’ONU ». Dans le même temps, l'ambassade a souligné que l'acte de solidarité est « une expression d'amour, de paix et de justice de l'Argentine envers le peuple palestinien ».

L'initiative a été ouverte par les mots de Roman Catalano, dirigeant du syndicat des travailleurs du service public, qui a réitéré l'honneur de demander la citoyenneté palestinienne. Tilda Rabie Fernandez a prononcé un discours au nom du Comité argentin de solidarité avec le peuple palestinien, soulignant l'importance de cette initiative et son rôle dans le soutien au peuple palestinien et à sa lutte.

14/12/2021

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
De Venezuela a Chile, de Caldera a Boric: Un solo Chávez y un solo Salvador


 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 14/12/2021

La situación actual de Chile se me hace cada vez más asombrosamente similar a la de comienzos de la década de los 90 del siglo pasado en Venezuela. En ese instante, aquí –al igual que en Chile hoy- se vivían 30 años de pos dictadura. Los dos países –en su momento- fueron presentados como “modelo de democracia a seguir” y “ejemplo para el mundo” a partir del “éxito” del sistema de democracia representativa bipartidista en el que la economía se puso al servicio de un sector minoritario de la población.

Venezuela, Siglo XX

“No son treinta pesos, son treinta años” hubieran podido exclamar las decenas de miles de manifestantes que protagonizaron el “caracazo” del 27 y 28 de febrero de 1989, movimiento popular de protesta que se expresó en forma masiva como expresión del rechazo a las medidas de corte neoliberal implementadas por el presidente Carlos Andrés Pérez. En el quinto mayor productor y exportador de petróleo del mundo, había un 51% de pobreza. El destino de Pérez (contumaz corrupto como quedó demostrado pocos años después) y de la falsa democracia, quedaron sellados para siempre. Miles de muertos y desaparecidos -hasta hoy- fueron la respuesta del gobierno a la vibrante acción popular.


Chile, Siglo XXI

Pero ambas situaciones también tienen diferencias, una de ellas muy relevante. Ante el clamor multitudinario de la ciudadanía y la reprobación del sistema ante la inactividad, pasividad y complicidad de los políticos, un grupo de militares patriotas, atentos a la situación creada, produjeron dos alzamientos durante el año 1992 para manifestar su apoyo al sentir popular. El primero de ellos, realizado el 4 de febrero bajo la conducción de Hugo Chávez Frías, un desconocido teniente coronel de Fuerzas Especiales, elevó el espíritu de lucha, señaló un camino distinto y colocó a Chávez en el pedestal de las futuras batallas que habrían de sobrevenir. Como nunca antes en la historia de Venezuela un líder asumió la responsabilidad por un fracaso, pero esta vez,  la derrota “por ahora” del movimiento le imprimió un derrotero de victoria a lo que ese día había significado una derrota.

Affaire Assange : les garanties des USA sont-elles fiables ?




Ce vendredi 10 décembre 2021 était la journée mondiale pour les Droits de l’Homme, célébrant l’adoption en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le même jour, deux journalistes ont reçu à Oslo leur Prix Nobel de la Paix, alors qu’à Londres, Julian Assange voyait sa persécution se confirmer pour avoir commis le « crime » de journalisme.
Tandis que les criminels mis en lumière par ses révélations restent libres de continuer leurs forfaits en toute impunité.

Ce vendredi 10 décembre 2021, onze ans après la première arrestation de Julian Assange au Royaume-Uni, deux juges de la Haute Cour britannique ont cassé le refus d'extrader Julian Assange vers les USA décider par la Magistrates' Court le 4 janvier 2021. Les juges ont accepté les assurances diplomatiques données par les USA concernant les conditions d'incarcération d'Assange dans ce pays : pas d'incarcération en prison de haute sécurité, pas de soumission à des mesures administratives spéciales (SAM), sauf si de futures circonstances justifiaient de les appliquer, et la possibilité de demander la détention en Australie, le pays d’origine d'Assange. 

 Ce 10 décembre 2021, deux juges britanniques se sont laissés influencer par des garanties étasuniennes dont l'histoire montre qu'elles ont déjà été rompues à plusieurs reprises !
En effet, pour la défense d’Assange, les « assurances » avancées par l’accusation n’en sont absolument pas, car elles sont non contraignantes et peuvent être annulées à tout moment.
Par le passé, dans nombre d’autres affaires d’extradition, les USA ont avancé des « assurances », sortes de garanties de bon traitement, et n’en ont pas tenu compte une fois le détenu arrivé sur leur sol.
Et puis, comment faire confiance aux assurances avancées par ceux-là même qui ont envisagé de kidnapper Assange voire même de l’assassiner sur le sol britannique 1.

Enfin, les SAM, « Special Administrative Measures », ne sont qu’un des nombreux dispositifs de détention « dure » des USA, où 95% des prisonniers qui sont à l’isolement aujourd’hui, soit près de 80.000 détenus, le sont par application d’autres régimes que les « SAM ».

Amnesty International et Reporters sans frontières ont estimé que ces garanties étaient non fiables

Les avocats de Julian Assange ont immédiatement fait part de leur décision de faire appel devant la Cour Suprême.

Mais en attendant, Julian Assange est redevenu extradable et menacé d’une peine de 175 années de prison s’il est extradé vers les USA. 

Julian Assange n'a plus connu un jour de liberté depuis son arrestation en 2011.
Il est incarcéré depuis deux ans et demi à la prison de haute sécurité de Belmarsh (surnommée le Guantanamo britannique) sans aucune condamnation.

Il vit dans un stress permanent qui a provoqué un accident vasculaire cérébral alors même qu'il assistait par lien vidéo à l'audience d'appel du 27 octobre.
Nils Melzer, le Rapporteur Spécial de l’ONU sur la torture a déclaré : « Si Julian Assange meurt en prison, il aura effectivement été torturé à mort » .

Plus que jamais, l’interminable procédure de cet imbroglio judiciaire s’apparente à une persécution.
Julian Assange paie depuis plus de 11 ans le fait de nous avoir informés.

Il est urgent d'obtenir sa libération et d'exiger de notre pays un soutien juridique.

La mobilisation du plus grand nombre peut contribuer à faire changer la situation, c'est à cela que nous nous attelons.

1- https://news.yahoo.com/kidnapping-assassination-and-a-london-shoot-out-inside-the-ci-as-secret-war-plans-against-wiki-leaks-090057786.htm 

Quelques photos de la manifestation qui a eu lieu ce lundi 13 décembre devant l'ambassade du Royaume-Uni à Bruxelles













13/12/2021

Un coin du voile est levé sur les massacres de civils palestiniens et libanais et de prisonniers arabes après la proclamation de l’État d’Israël

Les révélations sur les massacres de civils palestiniens et libanais et de prisonniers arabes lors de la guerre de 1948-1948, dont le gouvernement israélien était parfaitement au fait, n’émeuvent pas grand-monde en Israël. Sauf la rédaction du journal Haaretz et son journaliste Gideon Levy. Lisez ci-dessous l’éditorial du journal, l’article de l’historien Adam Raz, qui a fouillé les archives accessibles, et le commentaire désabusé de Gideon Levy, le tout traduit par mes soins.- Fausto Giudice, Tlaxcala

L'armée israélienne, « la plus morale du monde », ne peut continuer à fuir son passé

Editorial de Haaretz, 12/12/2021

Les soldats de l'armée israélienne ont commis des crimes de guerre pendant la guerre d'indépendance [1948-1949], notamment des massacres dans les villages palestiniens capturés lors des batailles décisives dans la plaine entre la côte et Jérusalem, en Galilée et dans le Néguev.

Les personnes qui vivaient à l'époque ont décrit les meurtres en masse de civils palestiniens par les troupes qui ont conquis leurs villages, les pelotons d'exécution, les dizaines de personnes rassemblées dans un bâtiment qui a ensuite explosé, les crânes d'enfants fracassés à coups de bâton, les viols brutaux et les villageois à qui on a ordonné de creuser des fosses dans lesquelles ils étaient ensuite abattus.

Les massacres - dont le plus connu est celui de Deir Yassin, près de Jérusalem, et les moins connus d'Al-Dawayima, Hula, Reineh, Salha, Meron, Al-Burj, Majd al-Krum et Safsaf - font partie du patrimoine de combat des Forces de défense israéliennes et de l'histoire d'Israël, au même titre que les batailles héroïques du col de Mitla, de la Colline des munitions et de la Ferme chinoise, qui ont été livrées par des armées régulières.

L'anniversaire du massacre d'Al-Dawayima - 29 novembre 1948, par Kamel Al Mughanni , 1982

Mais Al-Dawayima n'est pas enseigné dans les écoles publiques, et les cadets des écoles d'officiers de l'armée ne font pas d'excursions pour voir les vestiges du village sur lequel le Moshav Amatzia a été établi. Ils ne lisent pas les témoignages des survivants du massacre et ne discutent pas des dilemmes moraux du combat dans un environnement civil - même si aujourd'hui, comme en 1948, la plupart des opérations militaires sont dirigées contre des Palestiniens non armés.

Ce silence n'est pas une coïncidence, et il est dicté d'en haut. Les massacres étaient connus à l'époque, discutés par les dirigeants politiques et ont fait l'objet d'une enquête dans une certaine mesure. Un officier a même été jugé pour le meurtre de civils, reconnu coupable, condamné à une peine ridiculement légère et a finalement reçu une importante nomination publique. Mais l'Israël officiel fuit l'histoire depuis lors, faisant tout son possible pour empêcher la divulgation des crimes et pour purger les archives de toutes les preuves restantes.

L'historien Adam Raz a été le premier à révéler (Haaretz, 10 décembre) le contenu des discussions des réunions du cabinet consacrées au « comportement de l'armée en Galilée et dans le Néguev » lors de ses grandes opérations d'octobre 1948. Quelques membres du cabinet ont exprimé un véritable choc et ont demandé que les responsables soient punis. Le Premier ministre et ministre de la Défense David Ben-Gourion qualifie les actions de « choquantes », mais en pratique, il couvre l'armée et empêche une véritable enquête. Ce faisant, il a jeté les bases de la culture de soutien et de dissimulation qui prévaut toujours au sein des FDI (et de la police israélienne) en matière de brutalité à l'encontre des civils palestiniens et libanais.

Un État de 73 ans n'a pas besoin de fuir son passé ou de le couvrir de la fausse couverture de la « pureté des armes » et de « l'armée la plus morale du monde ». Il est temps de reconnaître la vérité, et d'abord de publier le rapport du premier procureur général, Yaakov-Shimshon Shapira, sur les massacres de l'automne noir de 1948 ; de rétablir le texte expurgé du procès-verbal de la réunion du cabinet au cours de laquelle Shapira a présenté ses conclusions et d'organiser un débat public approfondi sur leurs implications aujourd'hui.

 

Des documents classifiés révèlent des massacres de Palestiniens en 1948 - et ce que les dirigeants israéliens savaient

Adam Raz, Haaretz, 9/12/2021

Les témoignages continuent de s'accumuler, des documents sont révélés, et peu à peu une image plus large se dessine des actes de meurtre commis par les troupes israéliennes pendant la guerre d'indépendance. Les procès-verbaux des réunions du cabinet en 1948 ne laissent aucun doute : les dirigeants israéliens étaient au courant en temps réel des événements sanglants qui se sont déroulés pendant la guerre d'indépendance.



Eliahou Eric Bokobza
, Le mal, huile sur toile, 150X200, 2005

Les discussions ont été empreintes d'émotion. Le ministre Haim-Moshe Shapira a déclaré que tous les fondements moraux d'Israël avaient été sapés.

Le ministre David Remez a fait remarquer que les actes qui ont été commis nous font sortir de la catégorie des Juifs et de la catégorie des êtres humains tout court. D'autres ministres ont également été consternés : Mordechai Bentov se demande quel genre de Juifs il restera dans le pays après la guerre ; Aharon Zisling raconte qu'il a passé une nuit blanche - les criminels, dit-il, frappent l'âme de tout le gouvernement. Certains ministres demandent que les témoignages fassent l'objet d'une enquête et que les responsables soient tenus de rendre des comptes. David Ben-Gourion reste évasif. Finalement, les ministres décident d'ouvrir une enquête. Le résultat est la création du « comité chargé d'examiner les cas de meurtre dans [par] l'armée ».

Nous sommes en novembre 1948. Les témoignages de massacres perpétrés par des soldats des Forces de défense israéliennes contre des Arabes - visant des hommes non armés ainsi que des personnes âgées, des femmes et des enfants - s'accumulaient sur la table du cabinet. Pendant des années, ces discussions ont été cachées au public par les censeurs militaires. Aujourd'hui, un rapport d'enquête réalisé par Haaretz et l'Institut Akevot pour la recherche sur les conflits israélo-palestiniens rend publics pour la première fois les échanges animés entre les ministres à ce sujet et révèle des témoignages sur trois massacres jusqu'alors inconnus, ainsi que de nouveaux détails sur la tuerie de Hula, au Liban, l'un des crimes les plus flagrants de la guerre.

En octobre 1948, les FDI ont lancé deux opérations de grande envergure : Au sud, l'opération Yoav, qui ouvre une route vers le Néguev, et au nord, l'opération Hiram. Dans cette dernière, en 30 heures, des dizaines de villages arabes du nord ont été envahis et des dizaines de milliers d'habitants ont fui ou ont été expulsés de leurs maisons. En moins de trois jours, les FDI ont conquis la Galilée et ont également étendu leur emprise sur les villages du sud du Liban. L'écrasante majorité d'entre eux n'a pas pris part aux combats. La plupart des échanges de tirs ont eu lieu entre les FDI et l'Armée du salut arabe, composée de volontaires originaires de pays arabes.

Au moment de la campagne israélienne de conquête de la Galilée, il restait 120 000 Arabes dans la région, soit la moitié du nombre qui y résidait à la veille de l'adoption du plan de partage par les Nations Unies, en novembre 1947. L'avancée rapide des FDI vers la frontière nord a mis les soldats en contact avec la population restée dans les villages, parmi laquelle se trouvaient des personnes âgées, des femmes et des enfants. Le sort des Palestiniens est désormais entre les mains des forces israéliennes. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les massacres perpétrés contre les civils et contre les soldats arabes faits prisonniers. À la fin de la guerre, il restait environ 30 000 Arabes dans le nord.

Les atrocités de la guerre de 1948 sont connues grâce à divers documents historiques : lettres de soldats, mémoires inédits écrits en temps réel, procès-verbaux de réunions tenues par des partis politiques, et d'autres sources. Les rapports sur les enquêtes militaires et gouvernementales sont pour la plupartclassifiés, et la lourde main de la  censure militaire continue d'entraver la recherche universitaire et les reportages d'investigation. Néanmoins, les sources ouvertes donnent une image qui devient lentement plus claire. Par exemple, les témoignages sur des massacres jusqu'alors inconnus qui ont eu lieu à Reineh, à Meron et à Al-Burj, qui sont examinés ci-dessous.

Les meurtres de Reineh

Le village de Reineh, près de Nazareth, a été conquis avant même l'opération Hiram, en juillet 1948. Quelques mois plus tard, Aharon Haim Cohen, du département de la fédération syndicale Histadrut qui s'occupe de la population arabe, exige qu'un représentant de la section parallèle du Mapam, un parti de gauche qui fait partie du gouvernement, apporte les précisions suivantes : « Pourquoi 14 Arabes ont-ils été assassinés dans le village de Reineh au début du mois de septembre, parmi lesquels une femme bédouine et aussi un membre de l'Alliance des travailleurs de la Terre d'Israël, Yusuf al-Turki ? Ils ont été saisis à côté du village, accusés de contrebande, emmenés au village et assassinés ». Le cheikh Taher al-Taveri, l'un des dirigeants de la communauté palestinienne du nord, a soutenu que le massacre de Reineh « n'est pas le seul » et que ces actes étaient « perpétrés à des fins de vol ». Les familles des victimes ont affirmé que les personnes assassinées avaient sur elles des centaines de lires, une somme très importante.

Le village d'Al-Burj (aujourd'hui Modi'in) a également été conquis en juillet 1948, lors de l'opération Dani. Selon un document, dont l'auteur est inconnu, qui a été retrouvé dans les archives de Yad Yaari, quatre hommes âgés sont restés dans le village après sa capture : « Hajj Ibrahim, qui aidait à la cuisine militaire, une femme âgée malade et un autre homme âgé et une femme [âgée] ». Huit jours après la conquête du village, les soldats ont envoyé Ibrahim cueillir des légumes afin de l'éloigner de ce qui allait se produire. « Les trois autres ont été emmenés dans une maison isolée. Ensuite, un obus antichar ('Fiat') a été tiré. Lorsque l'obus a manqué sa cible, six grenades à main ont été lancées dans la maison. Elles ont tué un homme et une femme âgés, et la femme âgée a été mise à mort avec une arme à feu. Ensuite, ils ont incendié la maison et brûlé les trois corps. Lorsque Hajj Ibrahim est revenu avec sa récoltre, on lui a dit que les trois autres avaient été envoyés à l'hôpital de Ramallah. Apparemment, il n'a pas cru à cette histoire, et quelques heures plus tard, il a lui aussi été mis à mort, avec quatre balles ».

Les fantômes qui hantent les guerres d'Israël, passées et présentes

Gideon Levy, Haaretz, 12/12/2021

L'éditorial de Haaretz de dimanche demande l'ouverture des archives pour révéler la vérité complète sur ce qui s'est passé ici en 1948, y compris tous les massacres et les crimes de guerre commis par les soldats des Forces de défense israéliennes en 1948-49. Il n'y a, bien sûr, aucune demande de justice.

Moustafa Al Hallaj, Sans titre, 1967, xylographie sur massonite, 30x80cm

Après 73 ans, les citoyens d'Israël ont le droit de savoir ce qui a été fait en leur nom pendant la première guerre de leur pays. Les victimes de cette guerre ont également le droit de connaître les souffrances de leurs familles et les crimes dont elles ont été victimes. Un État qui est fier de son passé ne le dissimule pas. Seul un État qui a honte de ses actes les dissimule. Un Israël qui dissimule son passé est un État qui sait, au plus profond de son cœur, que sa naissance considérée comme vertueuse est le fruit d'un grand et profond péché.

Suite à l'article choquant d'Adam Raz dans le Haaretz de vendredi, révélant des massacres qui ont été rapportés au cabinet et dissimulés depuis, sans qu'aucun des criminels ne soit puni de manière appropriée, il est en effet temps de faire face à la vérité, de traiter ses implications et d'en tirer les leçons. L'éditorial est convaincu que lorsque la vérité éclatera au grand jour, elle provoquera un débat public pénétrant dans tout le pays. L'éditorial se trompe.

Ce train-là est passé il y a belle lurette. Ouvrir les archives et révéler la vérité ne sera d’aucun secours et ne dérangera personne. Le processus de répression et de négation, d'effacement de la réalité et de remplacement par une réalité alternative, de fabrication de justifications pour toute iniquité et de diffusion de mensonges et de fausse propagande, qui a commencé immédiatement après la guerre et ne s'est jamais arrêté, a réussi au-delà de toutes les attentes.

La porte de la vérité est fermée aux Israéliens. La plupart ne considèrent pas les Palestiniens comme des êtres humains comme eux, et donc tout est permis à l'État. Parlez-leur maintenant des massacres, et la plupart hausseront les épaules. Seul Haaretz acceptera de publier ces histoires, et peu de lecteurs seront choqués : ils seront raillés comme « puristes ».

La grande majorité adhérera à la « vérité » qui leur a été inculquée : il n'y avait pas le choix, nous ne voulons pas penser à ce qui se serait passé si la situation avait été inversée, nous étions une minorité contre une multitude, les Arabes ont commencé, ils ont rejeté la partition - et bien sûr, l'Holocauste. Aucune histoire de massacre, aussi barbare soit-elle, ne peut changer quoi que ce soit maintenant. Israël s'est barricadé dans son récit, et rien ne peut fissurer le mur. Une discussion publique approfondie ? Plutôt un bâillement public profond.

Ce n'est pas par hasard qu'Israël se trouve dans cette situation. Ce n'est pas son passé qui le hante. Ce n'est pas le passé qu'il nie. Israël dissimule son passé afin de justifier son présent. Le côté sombre de son passé n'a pas pris fin en 1948 - il n'a jamais pris fin. Les méthodes ont changé, tout comme les dimensions, mais les politiques, les normes morales et l'attitude envers les Arabes n'ont pas changé d'un iota. Si nous admettons le massacre de Hula de 1948, nous devons également admettre le meurtre criminel, vendredi, du neuvième manifestant du village de Beita. Si nous admettons que nous avons dissimulé et couvert le lien avec le massacre d'Al-Burj de 1948, nous devrions également admettre que nous avons menti sur la justification de l'exécution de l'homme au couteau à la porte de Damas de Jérusalem le 4 décembre.

Par conséquent, il est préférable pour Israël de continuer à dissimuler les destructions et les meurtres en plantant de plus en plus de bosquets du Fonds national juif, afin de s'assurer que la vérité n'éclate jamais à travers les pins. Il serait difficile d'y faire face, après tant d'années à se faire dire que nous avons toujours raison, que nous sommes les victimes, que nous avons l'armée la plus morale du monde, que nous étions la minorité contre la multitude et que les Arabes sont des tueurs nés.

Si 1948 avait pris fin en 1948, si ses crimes avaient alors cessé, il n'y aurait eu aucun problème à admettre la vérité aujourd'hui, à regretter, à présenter des excuses, voire à payer une restitution. Mais parce que 1948 ne se termine jamais, et que ce que nous avons fait alors aux Palestiniens, nous continuons à le faire aujourd'hui, mais avec plus de force, nous ne pouvons pas nous énerver sur ce qui s'est passé alors, de peur que cela ne mine la foi dans ce que nous faisons encore. Par conséquent, chers éditorialistes, les mécanismes de blanchiment et de justification couvriront toute divulgation de 1948. Aucune discussion publique ne sera provoquée. Ne vous inquiétez pas, nous continuons - avec les mêmes crimes, ou des crimes similaires.

ANDREI POPOVICIU/LUBNA MASARWA
Gaza: ¿Qué significa el muro de hierro construido por Israel para los palestinos asediados?

Andrei Popoviciu y Lubna Masarwa, Middle East Eye, 11/12/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

Decenas de antenas, cientos de cámaras y radares están colocados en la fortificación que rodea la Franja de Gaza.

 Aviv Kochavi, jefe del Estado Mayor del Ejército de Israel, pasa por delante de la valla en la frontera con la Franja de Gaza el 7 de diciembre, durante un acto que marcaba el final de la construcción de una barrera que encierra completamente el enclave palestino (Foto: AFP)

 

El nuevo muro y valla de hierro de 1.100 millones de dólares, que se extiende a lo largo de toda la frontera entre Israel y la Franja de Gaza, fue aclamado, cuando se inauguró el pasado martes, como el “único de su clase en el mundo”.

 

Para Israel fue la culminación de tres años y medio de trabajo, la última de una serie de fortificaciones y medidas de seguridad que han aislado a Gaza y a la Cisjordania ocupada, estrangulando las esperanzas de una solución de dos Estados.

 

Para los dos millones de palestinos que viven en Gaza -la mitad de los cuales son niños-, el muro de alta tecnología representa algo más que una innovación tecnológica o de seguridad: es la confirmación de que viven en la mayor “prisión al aire libre” del mundo.

 

“El muro ha causado un enorme impacto psicológico en la población de Gaza, especialmente en los jóvenes”, afirma Ruwaida Amir, profesora y periodista.

 

“Ahora parece realmente que estamos en una prisión con este muro de acero que nos rodea”.

 

Esto es lo que hay que conocer sobre la nueva barrera de Gaza de Israel:

 

Tecnología de seguridad distópica

La barrera más reciente de Israel, que se extiende 65 kilómetros desde la frontera egipcia, rodea la Franja de Gaza y se adentra en el mar Mediterráneo, está plagada de equipos de vigilancia. Decenas de antenas, cientos de cámaras y radares están colocados en la fortificación construida con 140.000 toneladas de hierro y acero.

 

Por encima del suelo, la barrera es una valla que se eleva a más de seis metros de altura. También hay un muro metálico subterráneo equipado con sensores.

 

Los funcionarios israelíes se negaron a comentar la profundidad de la misma, pero se cree que llega hasta varios metros bajo tierra.

 

El muro cuenta con un sistema de armamento controlado a distancia y una barrera marítima con equipos de vigilancia que pueden detectar incursiones a través de las rutas marítimas.

 

El general de brigada Eran Ofir fue el encargado de dirigir la construcción, y lo calificó como “uno de los proyectos más complejos que ha construido el establishment de la defensa [ocupación]”.

 

JONATHAN COOK
La sentencia de Assange es un precedente peligroso para los periodistas y para la justicia británica

Jonathan Cook, Middle East Eye, 10/12/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

La decisión del Tribunal Superior de Justicia de Inglaterra, que allana el camino a la extradición, dificultará aún más que los periodistas puedan hacer rendir cuentas a Estados Unidos.

Simpatizantes de Julian Assange frente a los Tribunales Reales de Justicia en Londres (Reuters)

 

El pasado viernes el Tribunal Superior inglés allanó el camino para que el fundador de WikiLeaks, Julian Assange, sea extraditado a Estados Unidos y juzgado por la publicación de cientos de miles de documentos, algunos de los cuales contenían pruebas de crímenes de guerra estadounidenses y británicos en Iraq y Afganistán.

 

La decisión revocaba una sentencia de enero de un tribunal inferior que había bloqueado la extradición, aunque solo lo hizo por motivos humanitarios: porque Assange corría un grave riesgo de suicidio a causa de las condiciones opresivas de su detención en Estados Unidos.

 

El australiano de 50 años se enfrenta a una pena de hasta 175 años de prisión si es declarado culpable.

 

Amnistía Internacional calificó la sentencia de “parodia de la justicia”, mientras que Rebecca Vincent, de Reporteros sin Fronteras, tuiteó que se trataba de una decisión “atroz” que “marca un momento sombrío para los periodistas y el periodismo en todo el mundo”.

 

Los abogados de Assange dijeron que apelarán la sentencia ante el Tribunal Supremo. Pero la lucha para liberar a Assange -aunque finalmente tenga éxito- se prolongará seguramente muchos años más.

 

El fundador de WikiLeaks ha pasado ya más de una década bajo diversas formas de encarcelamiento: arresto domiciliario, asilo político y, desde principios de 2019, aislamiento en la prisión de alta seguridad de Belmarsh, en Londres.

 

El daño que le está ocasionando es inmenso, según Nils Melzer profesor de derecho y experto en tortura de las Naciones Unidas. Ha advertido en repetidas ocasiones que Assange está sufriendo los efectos de una “exposición prolongada a la tortura psicológica”.

 

La familia y los amigos advierten que está confundiendo habitualmente hechos básicos. En una vista de la semana pasada, le costaba incluso recordar su nombre y edad.

 

Crímenes de guerra

Los motivos de la detención de Assange han cambiado varias veces a lo largo de los años: desde una investigación inicial por presuntos delitos sexuales en Suecia, hasta una violación de la libertad bajo fianza en el Reino Unido y, más recientemente, espionaje.

 

Pero la presencia del Estado de seguridad nacional estadounidense nunca ha estado lejos. Los partidarios de Assange dicen que Washington ha estado influyendo silenciosamente en los acontecimientos, y que solo mostró su mano directamente cuando lanzó la demanda de extradición en 2019.

 

Estaba claro desde el principio que los argumentos esgrimidos por Estados Unidos podrían tener enormes implicaciones para el futuro del periodismo y su capacidad para exigir responsabilidades a los Estados poderosos. Y, sin embargo, las audiencias judiciales solo han recibido una cobertura superficial, especialmente por parte de los medios de comunicación británicos.

 

El caso de la extradición se basa en la afirmación de Estados Unidos de que Assange llevó a cabo espionaje al publicar cientos de miles de materiales filtrados en 2010 y 2011 con socios de alto perfil como el New York Times, Washington Post, Guardian, El País y Der Spiegel. Llamados los archivos de Iraq y Afganistán, los documentos demuestran que el ejército estadounidense cometió crímenes de guerra en esos países, mató a no combatientes y practicó la tortura.

 

Está claro que Estados Unidos quería asegurarse de que no se repitiera una filtración de este tipo.

 

La cuestión era que, si Assange podía ser encarcelado por hacer periodismo, ¿por qué no también los editores de los periódicos con los que publicaba? Encerrar a los altos cargos del New York Times, Guardian y Der Spiegel nunca iba a ser una buena imagen.

 

Este mismo problema frenó a los funcionarios de la administración de Barack Obama. Se sentían acorralados por la Primera Enmienda.

 

Pero con Donald Trump la reticencia se disipó rápidamente. El apoyo de Trump a Assange durante la campaña no impidió que los funcionarios del Departamento de Justicia argumentaran que Assange era un hacker, no un periodista.

 

Con esta premisa, se sintieron libres de redefinir el nuevo periodismo de seguridad nacional basado en lo digital del que Assange y WikiLeaks fueron pioneros al utilizarlo como “espionaje.

 

Para ello, recurrieron a la Ley de Espionaje de 1917, una legislación draconiana de la Primera Guerra Mundial que otorgaba al gobierno poderes para encarcelar a los críticos.

 

Era una medida con graves implicaciones. Los funcionarios de justicia de Trump estaban reclamando de hecho un nuevo tipo de jurisdicción universal: el derecho a juzgar a Assange, a pesar de que no era un ciudadano estadounidense y no estaba acusado de llevar a cabo ninguno de los actos en cuestión en suelo estadounidense.