Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

09/12/2022

Franco "BIFO" BERARDI
Feltrinelli m'a accompagné dans son studio

 Franco “Bifo” Berardi , dinamopress.it, 9/12/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Bifo raconte sa rencontre avec l'éditeur, peu avant que celui-ci entre en clandestinité, l'emprisonnement à Bologne, Milan en 1969, le livre Contre le travail. « J'avais dix-neuf ans, je ne connaissais rien du monde de l'édition, ni d'aucun autre d'ailleurs ».

Nous publions ce court texte inédit écrit par Franco “ Bifo” Berardi à l'occasion de la sortie du livre Cambiare il mondo con i libri {Changer le monde avec les livres] (Momo Edizioni) de Mattia Tombolini, illustré par Marta Baroni et avec une note de Carlo Feltrinelli (fils de l’éditeur). Le livre raconte l'histoire de qui était Giangiacomo Feltrinelli, en particulier pour les jeunes.


Illustration de Marta Baroni, tirée du livre Cambiare il mondo con i libri

Au printemps 69, j'ai été détenu dans la prison de San Giovanni in Monte, à Bologne.  Aujourd'hui, il n'y a plus de prison, dans ce bâtiment, mais la faculté d'histoire. C'était une belle prison, pour être honnête, et je n'y ai pas passé un si mauvais moment. Souvent, des groupes d'étudiants passaient sous mes fenêtres en criant Bifo Libero.

J'avais été arrêté pour avoir participé à un piquet de grève des travailleurs de l'usine Longo. La police avait chargé, et quelque temps plus tard, sept personnes, dont moi, ont été arrêtées. Mes compagnons de cellule étaient un syndicaliste nommé Stefano Grossi, qui est mort il y a peu, des étudiants et des militants du mouvement étudiant. Une travailleuse de Longo avait également été arrêtée, mais bien sûr, elle n'était pas détenue dans la cellule avec nous.

Maintenant, la prison est à l'extérieur de la ville, et il n'y a aucun moyen de passer sous les fenêtres pour saluer les détenus.

En tout cas, pendant que j'y étais, j'ai écrit une brochure intitulée Contre le travail.

Dans un langage qui serait obscur pour n'importe qui aujourd'hui (même pour moi lorsque j'ai essayé de le relire), j'ai soutenu une thèse qui semble certainement hors de propos aujourd'hui, mais qui n'a pas perdu son caractère raisonnable. J'ai soutenu que la lutte des travailleurs vise essentiellement (même si ce n'est pas toujours consciemment) à forcer le capital à investir dans la recherche scientifique et le développement technique pour remplacer le travail des travailleurs. Et ce pouvoir des travailleurs est tout ici, dans le pouvoir de forcer le capital à appliquer une innovation scientifique qui se plie aux intérêts de la société et non à ceux du profit.

Comme nous le savons, les choses se sont passées très différemment : la science et la technologie ont été utilisées pour accroître l'exploitation, et non pour réduire le temps de travail. Et l'esclavage est revenu sur la scène du travail.

Lorsque je suis sorti de la prison de San Giovanni in Monte, j'ai travaillé sur ce manuscrit, j'en ai fait un paquet de feuilles dactylographiées, puis je suis allé à Milan.

J'avais l'adresse de la maison d'édition la plus célèbre à l'époque dans nos cercles gauchistes et libertaires, la maison d'édition de Giangiacomo Feltrinelli. Je suis allé au 6 Via Andegari, j'ai pris l'ascenseur et j'ai sonné à la porte. J'ai dit mon nom et ajouté que je voulais voir l'éditeur. J'avais dix-neuf ans, je ne connaissais rien du monde de l'édition, ni d'aucun autre monde d'ailleurs. Et je voulais voir un homme très connu, très riche et surtout influent dans les milieux culturels européens. Je me suis présenté de cette manière, sans avoir aucune référence, aucune expérience préalable, si ce n'est l'expérience de la prison dont je venais d'être libéré. La secrétaire a pris une note, m'a demandé d'attendre et est revenue quelques minutes plus tard en compagnie d'un grand homme moustachu.

Giangiacomo Feltrinelli m'a accompagné dans son studio, un petit espace avec un toit mansardé et des coussins sur le sol, m'a fait asseoir sur une chaise et m'a demandé ce que je voulais.

Je lui ai donné le tapuscrit et lui ai dit que je l'avais assemblé pendant une récente incarcération. J'ai découvert qu'il était au courant de mon histoire et de mon emprisonnement, il a hoché la tête comme pour dire qu’il en avait entendu parler, mais il ne s'y est pas attardé. Il a pris le texte et a promis de le lire. Il m'a accompagné jusqu'à la sortie. Une semaine plus tard, il m'a appelé, m'a dit qu'il avait lu mon livre et qu'il voulait me revoir. Je suis retourné à Milan, il m'a fait asseoir à nouveau sur cette chaise, m'a dit qu'il n'était pas d'accord avec mes thèses, mais qu'il avait l'intention de publier ma brochure. Il allait sortir dans une série appelée Edizioni della libreria, dans laquelle un texte de Fidel Castro et un livre de Régis Debray très lu à l'époque, intitulé Révolution dans la révolution, venaient de sortir.

Il a ajouté que je voulais peut-être une avance. Cent mille lires poivaient-elles suffire ? Je l'ai regardé d'un air interdit. Je ne savais rien des avances, et cent mille lires étaient un peu moins que le salaire que mon père gagnait en un mois avec son travail d'enseignant. J'ai acquiescé et il m'a remis un chèque. Puis nous sommes sortis ensemble pour déjeuner. Nous sommes allés dans un restaurant de la Via Palermo appelé Il Chiodo, et pendant le déjeuner, il m'a reproché de ne pas me rendre compte que des millions de chômeurs sont impatients de mettre leur tête sous cette presse (c'est exactement comme ça qu'il l'a dit). À la fin, il a dit que chacun paierait sa part de l’addition.

Je ne l'ai jamais revu, mais la brochure est sortie peu après, au printemps 1970. Je n'ai appris où était passé le rédacteur en chef que quelques années plus tard, lorsque tous les journaux ont publié sa photo et la nouvelle de sa mort sous un pylône électrique dans la banlieue de Milan.



Un extrait de « Changer le monde avec des livres » de Mattia Tombolini :

Où est Giangiacomo aujourd'hui ?

Dans l'un des derniers articles de Giangiacomo, alors que tout le monde le cherchait et que personne ne pouvait le trouver, il dit : « Je suis là où personne ne peut me trouver. (...) J'étais conscient qu'il y aurait une campagne contre moi et j'ai pris mes propres mesures pour survivre à la tempête ». Giangiacomo marche parmi nous aujourd'hui. Nous devons être capables de le reconnaître, mais son empreinte, et celle de tant d'autres comme lui, est toujours visible : des personnes qui ont pris des décisions radicales parce qu'elles croyaient en un monde plus juste, des personnes qui, comme lui, veulent « survivre à la tempête » mais aussi la combattre. Chaque fois que nous faisons des choix, nous pouvons décider de faire le plus facile ou le plus juste : toi, tu choisis quoi ?

 

Brecht en tiempos oscuros (del apartheid)

Red Palestina de Artes Escénicas, 1-12-2022
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala 

Estimada Sociedad Internacional Brecht,

Nosotros, las organizaciones culturales palestinas que trabajamos bajo la ocupación militar israelí, les instamos a que trasladen su 17º Simposio, previsto entre el 11 y el 15 de diciembre de 2022, lejos del Israel del Apartheid y de sus instituciones académicas cómplices. Le pedimos que respete la esencia del pensamiento de Bertolt Brecht y que no socave nuestra lucha por la libertad, la justicia y la igualdad.


¿Cómo pueden ustedes organizar con la conciencia tranquila su 17º Simposio, titulado "Racismo, opresión política y dictadura", en un Estado que ha sometido a millones de palestinos a un régimen de colonialismo de colonos y apartheid durante décadas? ¿No reconoce la limpieza étnica, el asedio, el robo de tierras y recursos y las masacres continuas como algunos de los síntomas del sistema de opresión de Israel?

Los palestinos nativos llevamos muchos años diciendo al mundo que Israel está perpetrando el crimen contra la humanidad del apartheid, y ahora las principales organizaciones internacionales de derechos humanos, como Amnistía Internacional y Human Rights Watch, dicen lo mismo. Amnistía Internacional dice que Israel trata a todos los palestinos como un “grupo racial inferior”. ¿No ve cómo su conferencia blanquearía toda esta opresión?

Independientemente de las intenciones, celebrar su conferencia en la Universidad de Tel Aviv y en colaboración con la Universidad de Haifa y la Universidad Hebrea, entre otras muchas instituciones israelíes profundamente cómplices, es una grave distorsión de los principios de Brecht. Su obra siempre ha estado asociada a la lucha cultural como herramienta de resistencia en tiempos de guerra y de paz, y como herramienta para construir la identidad nacional y la narrativa local, especialmente en su planteamiento de construir el modelo de teatro épico.

Los brechtianos deben tratar de educar a través del planteamiento teatral de Brecht. Brecht pensaba en el escenario como un espacio para protestar y rechazar la opresión, toda opresión. Se dio cuenta de que esos actos requerían una base consciente y vigilante, así como la toma de conciencia del entorno, comprendiendo la realidad, criticándola, rechazándola y evaluando las revoluciones, para aspirar a un cambio efectivo. Por lo tanto, el papel del actor es un trabajo que requiere estudiar, leer e investigar. El actor es un revolucionario activo y un elemento del cambio que se avecina. Celebrar su Simposio bajo el patrocinio de un régimen que contradice todo esto sería una afrenta a la memoria de Brecht.

La Universidad de Tel Aviv, donde se celebrará su conferencia, está situada en tierras que pertenecieron a Cheij  Muwanis, un pueblo palestino sometido a limpieza étnica en 1948. La Universidad Hebrea, la Universidad de Haifa y la Universidad de Tel Aviv llevan a cabo investigación militar, entrenamiento militar, mantienen asociaciones con fuerzas militares israelíes y empresas de armamento y servicios militares, tienen conexiones con los Servicios Generales de Seguridad (GSS), la tristemente célebre agencia de inteligencia nacional de Israel, y ofrecen beneficios a los estudiantes reservistas. La Universidad Hebrea está parcialmente construida en tierras palestinas robadas.

Le instamos a seguir el ejemplo de cientos de departamentos universitarios, sociedades y sindicatos, además de decenas de miles de académicos, universitarios e investigadores de todo el mundo que están expresando su solidaridad con la lucha del pueblo palestino y, cada vez en mayor número, se comprometen a respetar el llamamiento palestino al boicot académico y cultural del apartheid israelí y sus instituciones cómplices.

En primer lugar, hacemos un llamamiento a las organizaciones e instituciones internacionales para que respeten el piquete pacífico palestino. Además, pedimos a las organizaciones internacionales que no ayuden ni participen en ningún intento de quienes cruzan el piquete de organizar gestos de “equilibrio”. En este caso concreto, hacemos un llamamiento al Instituto Goethe para que cese en sus esfuerzos de encubrimiento para organizar reuniones entre palestinos y académicos internacionales que han decidido ignorar el llamamiento al boicot palestino y participar en esta conferencia en el Israel del apartheid.

Instamos a la Sociedad Internacional Brecht a ponerse del lado de la justicia. En el caso de que decidan seguir adelante con sus planes de celebrar su evento bajo el patrocinio del régimen de colonialismo y apartheid de Israel, declaramos nuestra negativa a reunirnos con ninguno de los participantes en el evento, ya que nos negamos a ofrecerles una hoja de parra o a contribuir a la falsa percepción de simetría entre el opresor colonial y el colonizado.

Brecht in dunklen (Apartheid-)Zeiten

Palästinensisches Netzwerk für darstellende Künste, 1-12-2022
Übersetzt von Fausto Giudice, Tlaxcala 

Liebe Internationale Brecht-Gesellschaft,

wir, die palästinensischen Kulturorganisationen, die unter der israelischen Militärbesatzung arbeiten, bitten Sie dringend, Ihr 17. Symposium, das vom 11. bis 15. Dezember 2022 stattfinden soll, nicht in das Apartheidland Israel und seine mitschuldigen akademischen Institutionen zu verlegen. Wir appellieren an Sie, die Essenz von Bertolt Brechts Gedanken zu respektieren und unseren Kampf für Freiheit, Gerechtigkeit und Gleichheit nicht zu untergraben.


Wie können Sie mit gutem Gewissen Ihr 17. Symposium mit dem Titel „Rassismus, politische Unterdrückung und Diktatur“ in einem Staat veranstalten, der Millionen von Palästinensern seit Jahrzehnten einem Regime des Siedlerkolonialismus und der Apartheid unterwirft? Erkennen Sie nicht die ethnischen Säuberungen, die Belagerung, den Land- und Ressourcenraub und die anhaltenden Massaker als einige der Symptome des israelischen Unterdrückungssystems?

Eingeborene Palästinenser haben der Welt seit vielen Jahren gesagt, dass Israel das Verbrechen der Apartheid gegen die Menschlichkeit begeht, und jetzt sagen führende internationale Menschenrechtsorganisationen wie Amnesty International und Human Rights Watch dasselbe. Amnesty International sagt, dass Israel alle Palästinenser als „minderwertige rassische Gruppe“ behandelt. Sehen Sie nicht, wie Ihre Konferenz all diese Unterdrückung beschönigen würde?

Unabhängig von Ihren Absichten ist die Abhaltung Ihrer Konferenz an der Universität Tel Aviv und in Zusammenarbeit mit der Universität Haifa und der Hebräischen Universität sowie vielen anderen israelischen Institutionen, die mitschuldig sind, eine schwerwiegende Verzerrung von Brechts Prinzipien. Sein Werk war immer mit dem kulturellen Kampf als Mittel des Widerstands in Zeiten des Krieges und des Friedens und als Mittel zum Aufbau der nationalen Identität und der lokalen Erzählung verbunden, insbesondere in seinem Ansatz, das Modell des epischen Theaters aufzubauen.

Brechtianer müssen versuchen, durch Brechts Ansatz im Theater zu erziehen. Brecht betrachtete die Bühne als einen Raum, in dem er gegen Unterdrückung, jegliche Unterdrückung, protestieren und sie ablehnen konnte. Er war sich darüber im Klaren, dass diese Handlungen eine bewusste und wachsame Basis erfordern, ebenso wie das Erkennen der Umgebung, das Verstehen der Realität, die Kritik daran, die Ablehnung und die Bewertung von Revolutionen, um eine effektive Veränderung anzustreben. Daher ist die Rolle des Akteurs eine Aufgabe, die Studium, Lektüre und Forschung erfordert. Der Akteur ist ein aktiver Revolutionär und ein Element des bevorstehenden Wandels. Ihr Symposium unter der Schirmherrschaft eines Regimes zu veranstalten, das all dem widerspricht, wäre ein Affront gegen Brechts Andenken.

Die Universität Tel Aviv, an der Ihre Konferenz stattfinden wird, befindet sich auf einem Gelände, das einst zu Scheich Muwanis gehörte, einem palästinensischen Dorf, das 1948 ethnisch gesäubert wurde. Die Hebräische Universität, die Universität Haifa und die Universität Tel Aviv betreiben militärische Forschung, militärische Ausbildung, unterhalten Partnerschaften mit den israelischen Streitkräften sowie mit Waffen- und Militärdienstleistungsunternehmen, haben Verbindungen zum Allgemeinen Sicherheitsdienst (GSS), Israels berüchtigtem Inlandsgeheimdienst, und bieten Vergünstigungen für Reservistenstudenten. Die Hebräische Universität ist teilweise auf gestohlenem palästinensischem Land gebaut.

Wir fordern Sie auf, dem Beispiel von Hunderten von Universitätsfakultäten, Gesellschaften und Gewerkschaften sowie Zehntausenden von Wissenschaftlern, Akademikern und Forschern aus aller Welt zu folgen, die ihre Solidarität mit dem Kampf des palästinensischen Volkes zum Ausdruck bringen und sich in wachsender Zahl verpflichten, den palästinensischen Aufruf zum akademischen und kulturellen Boykott des Apartheidstaates Israel und seiner mitschuldigen Einrichtungen zu befolgen.

Wir fordern in erster Linie die internationalen Organisationen und Institutionen auf, die friedliche palästinensische Streikpostenkette zu respektieren. Wir fordern die internationalen Organisationen ferner auf, keine Versuche derjenigen zu unterstützen oder sich an ihnen zu beteiligen, die die Streikpostenkette überschreiten, um „ausgleichende“ Gesten zu organisieren. In diesem konkreten Fall fordern wir das Goethe-Institut auf, seine beschönigenden Bemühungen einzustellen, Treffen zwischen Palästinensern und internationalen Wissenschaftlern zu organisieren, die beschlossen haben, den palästinensischen Boykottaufruf zu ignorieren und an dieser Konferenz im Apartheidstaat Israel teilzunehmen. 

Wir fordern die Internationale Brecht-Gesellschaft dringend auf, sich auf die Seite der Gerechtigkeit zu stellen. Für den Fall, dass Sie beschließen sollten, Ihre Veranstaltung unter der Schirmherrschaft des israelischen Regimes des Siedlerkolonialismus und der Apartheid abzuhalten, erklären wir unsere Weigerung, uns mit irgendeinem der Teilnehmer der Veranstaltung zu treffen, da wir uns weigern, Ihnen ein Feigenblatt zu bieten oder zur falschen Wahrnehmung der Symmetrie zwischen dem kolonialen Unterdrücker und den Kolonisierten beizutragen.

بريشت في الظلام (الفصل العنصري)  
Brecht in Dark  (Apartheid) Times
Brecht aux temps sombres (de l'apartheid)
Brecht nei tempi bui (dell’apartheid)

شبكة الفنون الأدائية الفلسطينية 
Palestinian Performing  Arts Network
 Réseau palestinien des arts du spectacle

 Rete palestinese per le arti dello spettacolo

 1/12/2022


الأعزاء في جمعية بريشت الدولية،

 نحن، المنظمات الثقافية الفلسطينية العاملة تحت الاحتلال العسكري الإسرائيلي، ندعوكم إلى نقل الندوة الـ١٧ لكم، المقرر عقدها بين ١١ و١٥ كانون الأول ٢٠٢٢، بعيدًا عن نظام الاستعمار الاستيطاني والأبارتهايد الإسرائيليّ والمؤسسات الأكاديمية المتواطئة مع الاحتلال، كما أننا ندعوكم إلى احترام جوهر أفكار "بريشت بريشت" وعدم تقويض نضالنا من أجل الحرية والعدالة والمساواة.

كيف يمكنكم أن تنظموا ندوتكم السابعة عشرة بعنوان "العنصرية والقمع السياسي والدكتاتورية" وأنتم مرتاحي الضمير، تحت رعاية دولة أخضعت ملايين الفلسطينيين لنظام الاستعمار الاستيطاني والفصل العنصري على مدى عقود؟ ألا يعتبر التطهير العرقي والحصار وسرقة الأراضي والموارد والمذابح المستمرة أحد أعراض نظام القمع الإسرائيلي؟

ظل الفلسطينيون يخبرون العالم لسنوات عديدة أن إسرائيل ترتكب جريمة الأبارتهايد ضد الإنسانية، والآن تقول المنظمات الدولية الرائدة في مجال حقوق الإنسان مثل منظمة العفو الدولية وهيومن رايتس ووتش الشيء نفسه، حيث تقول منظمة العفو الدولية "إن إسرائيل تعامل جميع الفلسطينيين على أنهم مجموعة عرقية أدنى" … ألا ترون كيف أن مؤتمركم يبرئ الاحتلال من كل هذا القمع؟

وبغض النظر عن النوايا، فإن عقد هذا المؤتمر في جامعة "تل أبيب" وبالتعاون مع جامعة حيفا والجامعة العبرية والعديد من المؤسسات الإسرائيلية المتواطئة بشدة مع انتهاكات نظام الاستعمار، يعد انحرافاً خطيرًا لأسس العمل المسرحي البريشتي، الذي ارتبط بالنضال الثقافي كأداة للمقاومة في أوقات الحرب والسلام، وقاعدة مفاهيمية للهوية الوطنية والسرد المحلي في سياق بناء نموذج المسرح الملحمي.

وبالتالي يجب على البريشتية السعي إلى تثقيف مريديها على النهج الأصيل لبريشت في المسرح، واستناداً لمعتقداته والتي كانت ترى في المسرح مساحة للاحتجاج ضد الاضطهاد ورفض كل أشكال القمع. حيث أدرك بريشت أن كل الأعمال المسرحية تتطلب أساسًا واعيًا ويقظًا للمحيط مع فهم الواقع وانتقاده ورفضه وتقييم الثورات من أجل إحداث التغيير الفعال، وبهذا فإن دور الممثل المسرحي هو عمل يتطلب دراسة وقراءة وبحث، فالممثل حسب بريشت هو ثوري نشيط، وعنصر من عناصر التغيير القادم، فيما أن عقد ندوتكم تحت رعاية نظام يتعارض مع كل هذا سيكون إهانة لذكرى بريشت.

لكم أن تعلموا أيها البريشتيون أن جامعة تل أبيب، حيث تعقد ندوتكم، أقيمت على أراضي قرية الشيخ مونس، وهي قرية فلسطينية تم تطهيرها عرقياً عام ١٩٤٨، ولكم أن تعرفوا بأن الجامعة العبرية وجامعة حيفا وجامعة تل أبيب تجري أبحاثًا وتدريبات عسكرية وتعقد شراكات مع قوات الاحتلال الإسرائيلية وشركات الأسلحة والخدمات العسكرية، كما لهذه الجامعات صلات مع خدمات الأمن العام (GSS)، وكالة الاستخبارات المحلية الإسرائيلية سيئة السمعة، وتوفر مزايا لطلابها من جنود الاحتياط.

الأصدقاء الأعزاء،

ندعوكم اليوم للاقتداء بمئات الأقسام الجامعية والجمعيات والنقابات وعشرات الآلاف من العلماء والأكاديميين والباحثين من جميع أنحاء العالم الذين عبروا عن تضامنهم مع نضال الشعب الفلسطيني، متعهدين باحترام دعوة الحملة الفلسطينية للمقاطعة الأكاديمية والثقافية لإسرائيل (PACBI) كجزء من حركة المقاطعة وسحب الاستثمارات وفرض العقوبات.

ندعو بداية وقبل أي شيء، جميع المنظمات والمؤسسات الدولية إلى احترام النضال السلمي الفلسطيني، وعدم المساعدة أو المشاركة في أي محاولات من قبل أي جهة تحاول تشويه نضالنا من خلال تنظيم أنشطة بهدف خلق "التوازن"، وهنا تحديداً ندعو معهد "جوته" إلى وقف جهوده في تحسين صورة الاحتلال من خلال تنظيم لقاءات بين الفلسطينيين والباحثين الدوليين الذين قرروا تجاهل دعوة المقاطعة الفلسطينية بعد مشاركاتهم في مؤتمرات اسرائيلية تحت رعاية نظام الاستعمار الاستيطاني والأيارتهايد.

إننا نحث جمعية بريشت الدولية للوقوف إلى جانب العدالة. لكن في حال قررتم المضي قدمًا في خطط عقد هذا الحدث تحت رعاية نظام الاستعمار الاستيطاني والفصل العنصري الإسرائيلي، فإننا نعلن رفضنا للقاء أي من المشاركين في هذه الندوة لأننا نرفض أن نكون ورقة التوت أو أن نساهم في تعزيز التصور الخاطئ الذي يساوي بين المُستَعمَر والمُستعمِر.


Dear International Brecht Society,

We, the Palestinian cultural organizations working under Israeli military occupation, urge you to move your 17th Symposium, scheduled between 11 and 15 December 2022, away from Apartheid Israel and its complicit academic institutions. We call on you to respect the essence of Bertolt Brecht’s thoughts and not to undermine our struggle towards freedom, justice and equality.

How can you with a clear conscience organize your 17th Symposium, titled “Racism, political oppression and dictatorship,” in a state that has subjected millions of Palestinians to a regime of settler-colonialism and apartheid for decades? Do you not recognize ethnic cleansing, siege, land and resource theft, ongoing massacres as some of the symptoms of Israel’s system of oppression?

Indigenous Palestinians have been telling the world for many years that Israel is perpetrating the crime against humanity of apartheid, and now leading international human rights organizations such as Amnesty International and Human Rights Watch are saying the same. Amnesty International says that Israel treats all Palestinians as an “inferior racial group.” Don’t you see how your conference would whitewash all this oppression?

Regardless of intentions, holding your conference at Tel Aviv University and in collaboration with Haifa University and the Hebrew University among many other deeply complicit Israeli institutions, is a grave distortion of Brecht’s principles. His work has always been associated with cultural struggle as a tool of resistance in times of war and peace, and as a tool to build national identity and the local narrative especially in his approach of building the epic theater model.

Brechtians must seek to educate through Brecht’s approach in theater. Brecht thought of the stage as a space to protest against and reject oppression, all oppression. He realized that those acts required a conscious and vigilant basis, as well as the realization of the surroundings, understanding the reality, criticizing it, rejecting it and evaluating revolutions, in order to aspire towards effective change. Therefore, the role of the actor is a job that requires studying, reading and conducting research. The actor is an active revolutionary, and an element of the upcoming change. Holding your Symposium under the sponsorship of a regime that contradicts all of this would be an affront to Brecht’s memory.

Tel Aviv University, where your conference will be held, is located on lands that once belonged to Sheikh Muwanis, a Palestinian village ethnically cleansed in 1948. Hebrew University, Haifa University and Tel Aviv University carry out military research, military training, hold partnerships with Israeli military forces and weapons and military services companies, have connections with the General Security Services (GSS), Israel’s notorious domestic intelligence agency, and provide benefits for reservist students. Hebrew University is partially built on stolen Palestinian land.

We urge you to follow the example of hundreds of university departments, societies, and unions in addition to tens of thousands of scholars, academics and researchers from around the world who are expressing their solidarity of the struggle of the Palestinian people and, in increasing numbers, pledging to respect the Palestinian call for the academic and cultural boycott of apartheid Israel and its complicit institutions.

We first and foremost call on international organizations and institutions to respect the peaceful Palestinian picket line. We further call on international organizations not to aid or participate in any attempts by those crossing the picket line to organize “balancing” gestures. In this specific case, we call on Goethe Institute to stop its whitewashing efforts to organize meetings between Palestinians and international scholars who have decided to ignore the Palestinian boycott call and to participate in this conference in apartheid Israel.

We urge the International Brecht Society to stand on the side of justice. In the event you decide to go ahead with plans to hold your event under the sponsorship Israel’s regime of settler-colonialism and apartheid, we declare our refusal to meet with any of the event’s participants as we refuse to offer you a fig leaf or to contribute to the false perception of symmetry between the colonial oppressor and the colonized.

 

Chère Société Internationale Brecht,

Nous, les organisations culturelles palestiniennes opérant sous l'occupation militaire israélienne, vous invitons à vous transférer votre 17ème  symposium, prévu entre le 11 et le 15 décembre 2022, loin du système colonial, de l'apartheid et des institutions académiques israéliennes complices de l'occupation. Nous vous appelons à respecter l'essence des idées de Bertolt Brecht et ne pas saper notre lutte pour la liberté, la justice et l'égalité.

Comment pouvez-vous, en toute conscience, organiser votre 17e  symposium, intitulé « Racisme, oppression politique et dictature », dans un État qui soumet depuis des décennies des millions de Palestiniens à un régime de colonialisme de peuplement et d'apartheid ? Ne reconnaissez-vous pas que le nettoyage ethnique, le siège, le vol de terres et de ressources, les massacres permanents sont quelques-uns des symptômes du système d'oppression d'Israël ?

Les Palestiniens autochtones disent au monde entier depuis de nombreuses années qu'Israël commet le crime contre l'humanité qu'est l'apartheid, et maintenant des organisations internationales de défense des droits humains de premier plan comme Amnesty International et Human Rights Watch disent la même chose. Amnesty International affirme qu'Israël traite tous les Palestiniens comme un « groupe racial inférieur ». Ne voyez-vous pas comment votre conférence blanchirait toute cette oppression ?

Quelles que soient les intentions, la tenue de votre conférence à l'université de Tel Aviv et en collaboration avec l'université de Haïfa et l'Université hébraïque, parmi de nombreuses autres institutions israéliennes profondément complices, constitue une grave déformation des principes de Brecht. Son œuvre a toujours été associée à la lutte culturelle en tant qu'outil de résistance en temps de guerre et de paix, et en tant qu'outil de construction de l'identité nationale et du récit local, en particulier dans son approche de la construction du modèle du théâtre épique.

Les Brechtiens doivent chercher à éduquer à travers l'approche théâtrale de Brecht. Brecht considérait la scène comme un espace de protestation et de rejet de l'oppression, de toutes les oppressions. Il a compris que ces actes nécessitaient une base consciente et vigilante, ainsi que la prise de conscience de l'environnement, la compréhension de la réalité, sa critique, son rejet et l'évaluation des révolutions, afin d'aspirer à un changement effectif. Par conséquent, le rôle de l'acteur est un travail qui nécessite d'étudier, de lire et de mener des recherches. L'acteur est un révolutionnaire actif, et un élément du changement à venir. Tenir votre colloque sous le parrainage d'un régime qui contredit tout cela serait un affront à la mémoire de Brecht.

L'université de Tel Aviv, où se tiendra votre conférence, est située sur des terres qui appartenaient autrefois à Sheikh Muwanis, un village palestinien victime de nettoyage ethnique en 1948. L'Université hébraïque, l'université de Haïfa et l'université de Tel Aviv mènent des recherches et des formations militaires, entretiennent des partenariats avec les forces militaires israéliennes et des entreprises d'armement et de services militaires, ont des liens avec les services de sécurité générale (GSS), la célèbre agence de renseignement intérieure d'Israël, et offrent des avantages aux étudiants réservistes. L'Université hébraïque est partiellement construite sur des terres palestiniennes volées.

Nous vous demandons instamment de suivre l'exemple de centaines de départements universitaires, de sociétés et de syndicats, ainsi que de dizaines de milliers d'universitaires et de chercheurs du monde entier qui expriment leur solidarité avec la lutte du peuple palestinien et qui, en nombre croissant, s'engagent à respecter l'appel palestinien au boycott universitaire et culturel de l'Israël de l'apartheid et de ses institutions complices.

Nous appelons d'abord et avant tout les organisations et institutions internationales à respecter le piquet de grève palestinien pacifique. Nous demandons également aux organisations internationales de ne pas aider ou participer aux tentatives de ceux qui traversent le piquet de grève d'organiser des gestes « d'équilibrage ». Dans ce cas précis, nous demandons au Goethe-Institut de cesser ses efforts de blanchiment pour organiser des rencontres entre les Palestiniens et les universitaires internationaux qui ont décidé d'ignorer l'appel au boycott palestinien et de participer à cette conférence dans l'Israël de l'apartheid.

Nous demandons instamment à la Société internationale Brecht de se ranger du côté de la justice. Dans le cas où vous décideriez de poursuivre votre projet de tenir votre événement sous le parrainage du régime israélien de colonisation et d'apartheid, nous déclarons notre refus de rencontrer les participants à l'événement, car nous refusons de vous offrir une feuille de vigne ou de contribuer à la fausse perception de symétrie entre l'oppresseur colonial et le colonisé.

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Lettera aperta all’International Brecht Society delle organizzazioni culturali palestinesi in merito al loro 17° Simposio nell’Israele dell’apartheid

Gentile International Brecht Society,

Noi, le organizzazioni culturali palestinesi che lavorano sotto l’occupazione militare israeliana, vi esortiamo a spostare il vostro 17° Simposio, in programma dall’11 e il 15 dicembre 2022, lontano dall’apartheid israeliano e dalle sue complici istituzioni accademiche. Vi chiediamo di rispettare l’essenza del pensiero di Bertolt Brecht e di non minare la nostra lotta per la libertà, la giustizia e l’uguaglianza.

Come potete organizzare con la coscienza pulita il vostro 17° Simposio, intitolato “Razzismo, oppressione politica e dittatura”, in uno stato che da decenni sta sottoponendo milioni di palestinesi a un regime di colonialismo e apartheid? Non riconoscete la pulizia etnica, l’assedio, il furto di terre e risorse, i continui massacri come alcuni dei sintomi del sistema di oppressione di Israele?

Da molti anni i palestinesi indigeni stanno gridando al mondo che Israele sta perpetrando il crimine contro l’umanità dell’apartheid, e ora anche le principali organizzazioni internazionali per i diritti umani come Amnesty International e Human Rights Watch lo hanno riconosciuto e lo stanno denunciando. Amnesty International afferma che Israele tratta tutti i palestinesi come un “gruppo razziale inferiore”. Non vedete come la vostra conferenza cancellerebbe tutta questa oppressione?

Indipendentemente dalle intenzioni, tenere la vostra conferenza all’Università di Tel Aviv e in collaborazione con l’Università di Haifa e l’Università Ebraica, solo alcune delle molte istituzioni israeliane profondamente complici, è una grave distorsione dei principi di Brecht. Il suo lavoro è sempre stato associato alla lotta culturale come strumento di resistenza in tempo di guerra e di pace, e come strumento per costruire l’identità nazionale e la narrativa locale, soprattutto nel suo approccio alla costruzione del modello di teatro epico.

I brechtiani devono cercare di educare attraverso l’approccio di Brecht al teatro. Brecht pensava al palcoscenico come a uno spazio per protestare e rifiutare l’oppressione, ogni oppressione. Si rese conto che quegli atti richiedevano una base consapevole e vigile, così come la presa di coscienza dell’ambiente, la comprensione della realtà, la critica, il rifiuto e la valutazione delle rivoluzioni, per aspirare a un effettivo cambiamento. Pertanto, il ruolo dell’attore è un lavoro che richiede studio, lettura e ricerca. L’attore è un rivoluzionario attivo e un elemento del cambiamento imminente. Tenere il vostro Simposio sotto il patrocinio di un regime che contraddice tutto questo sarebbe un affronto alla memoria di Brecht.

L’Università di Tel Aviv, dove si terrà la vostra conferenza, sorge su terreni che un tempo appartenevano a Sheikh Muwanis, un villaggio palestinese sottoposto a pulizia etnica nel 1948. L’Università Ebraica, l’Università di Haifa e l’Università di Tel Aviv svolgono attività di ricerca e addestramento militare, collaborano con le forze militari israeliane, i fabbricanti di armi e i servizi militari che hanno collegamenti con i servizi di sicurezza generale (GSS), la famigerata agenzia di intelligence interna israeliana, e concedono benefit agli studenti riservisti. L’Università Ebraica è parzialmente costruita su terra palestinese rubata.

Vi esortiamo a seguire l’esempio di centinaia di dipartimenti universitari, società e sindacati, oltre a decine di migliaia di studiosi, accademici e ricercatori di tutto il mondo che stanno esprimendo la loro solidarietà alla lotta del popolo palestinese e, in numero crescente, impegnandosi a rispettare l’appello palestinese al boicottaggio accademico e culturale dell’apartheid israeliano e delle sue istituzioni complici.

Chiediamo prima di tutto alle organizzazioni e istituzioni internazionali di rispettare il pacifico picchetto palestinese. Chiediamo inoltre alle organizzazioni internazionali di non sostenere  o partecipare a qualsiasi tentativo da parte di chi intende organizzare gesti di “bilanciamento”. In questo caso specifico, chiediamo al Goethe Institute di interrompere i suoi sforzi di “whitewashing” attraverso l’organizzazione di incontri tra palestinesi e studiosi internazionali che hanno deciso di ignorare l’appello al boicottaggio palestinese e di partecipare a questa conferenza nell’Israele dell’apartheid.

Esortiamo l’International Brecht Society a schierarsi dalla parte della giustizia. Nel caso in cui decidesse di proseguire con i piani per organizzare il tuo evento sotto la sponsorizzazione del colonialista regime israeliano di apartheid, dichiariamo il nostro rifiuto di incontrare uno qualsiasi dei partecipanti all’evento, poiché ci rifiutiamo di offrirti una foglia di fico o di contribuire alla falsa percezione di simmetria tra l’oppressore coloniale e il colonizzato.

Traduzione di Grazia Parolari “Tutti gli esseri senzienti sono moralmente uguali” -Invictapalestina.org

 

ANTONIO MAZZEO
De base en base : voyage à travers les centres de guerre USA/OTAN en Italie

Antonio Mazzeo, Mosaico di Pace, dicembre 2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alea iacta est. Le sort en est jeté. Les nouvelles bombes nucléaires tactiques usaméricaines à gravité améliorée B61-12 seront déployées en Europe d'ici la fin 2022, soit trois mois avant le calendrier fixé par Washington avec ses partenaires de l'OTAN. Il s'agit d'une démonstration de force qui va dangereusement alimenter les tensions déjà élevées avec la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Une centaine d'armes seront logées dans les bunkers de cinq pays : la Belgique (base aérienne de Kleine Brogel), l'Allemagne (Buchel), les Pays-Bas (Volkel), la Turquie (Incirlik) et l'Italie (les aérodromes d'Aviano-Pordenone et de Ghedi-Brescia). Les nouvelles bombes, une variante modernisée de l'ancienne B61, auront une puissance de destruction réglable, avec quatre options sélectionnables en fonction de la cible à atteindre. « L'utilisation opérationnelle peut donc être calibrée en fonction de l'effet recherché et de l'importance de la cible », écrit Difesaonline. Par rapport à la bombe “mère”, la B61-12 sera guidée par un système satellitaire et pourra pénétrer dans le sous-sol pour exploser en profondeur. La National Nuclear Security Administration, l'organisme du ministère usaméricain de l'Énergie chargé des stocks d'armes nucléaires, a annoncé en novembre 2021 les chasseurs-bombardiers qui seront utilisés pour larguer les nouvelles armes atomiques : le Panavia PA-200 "Tornado", le F-15 "Eagle", le F-16 C/D "Fighting Falcon", le B-2 "Spirit", le B-21 "Raider" et le nouveau F-35A "Lighting II" également acheté par l'armée de l'air italienne et déployé sur la base d'Amendola (Foggia).

 https://s3.amazonaws.com/uploads.fas.org/2021/10/20021010/NATO_Nukes2021.jpg

L'US Air Force stocke actuellement environ 100 bombes nucléaires en Europe, contre 180 en 2010 et 480 en 2000. Au cours de la dernière décennie, la restructuration et l'incertitude concernant la Turquie ont réduit l'inventaire. Source

Au total, entre 30 et 50 bombes B61-12 devraient être logées à Ghedi et Aviano, et les travaux de “renforcement” des bunkers atomiques sont en voie d'achèvement sur les deux aérodromes de l'OTAN. Ghedi abrite la 6e  Escadre de l'armée de l'air italienne, qui dispose de Tornado nucléaires, mais s'entraîne depuis un certain temps à l'utilisation des chasseurs-bombardiers F-35 de cinquième génération. À Aviano, les nouvelles bombes seront utilisées par les chasseurs-bombardiers F-16 de l'US Air Force. Sur la base du Frioul, les pistes ont été allongées et de nouveaux hangars et centres de maintenance des avions ont été construits. Aviano est également utilisé par les gros avions cargo qui transportent les parachutistes de la 173rd Airborne Brigade de l'armée usaméricaine vers les grandes zones de guerre internationales (dernièrement en Irak et en Afghanistan, aujourd'hui en Europe de l'Est et en Afrique).

La 173e Brigade est l'une des unités d'élite des forces armées usaméricaines et son quartier général se trouve sur l'ancien aérodrome Dal Molin à Vicenza, l'une des plus grandes bases militaires usaméricaines sur le sol italien. Il y a quelques mois, les travaux ont commencé dans la ville de Vénétie pour la construction de 478 logements destinés au personnel militaire usaméricain et à leurs familles (des maisons en terrasse et plusieurs nouveaux bâtiments à l'intérieur de la caserne Ederle et du “Village de la paix”), pour un coût estimé à 373 millions de dollars. De nouvelles infrastructures routières sont également prévues pour accélérer la connexion des bases de Vicence avec l'aéroport d'Aviano.

En vérité, il existe d'innombrables chantiers ouverts pour moderniser le réseau militaire usaméricain et national en Italie. Il y a quelques mois, l'AGS - Alliance Ground Surveillance - le système avancé de surveillance terrestre de l'Alliance atlantique, basé sur cinq grands avions sans pilote RQ-4 "Phoenix", est devenu opérationnel sur la base sicilienne de Sigonella. Ces drones mesurent 14,5 mètres de long et peuvent voler dans toutes les conditions environnementales et en continu pendant plus de 30 heures, jusqu'à une altitude de 18 280 mètres. Le système AGS est utilisé pour les activités de renseignement de l'OTAN en mer Noire et aux frontières avec le territoire ukrainien : les flottes et les unités terrestres de la Fédération de Russie sont espionnées dans leurs moindres mouvements et les données recueillies sont mises à la disposition des forces armées de Kiev pour planifier les opérations contre l'envahisseur.

Les grands drones espions "Global Hawk" de l'US Air Force et les avions de patrouille maritime P8A "Poseidon" de l'US Navy et des forces aériennes et maritimes de l'Australie et du Royaume-Uni décollent également quotidiennement de Sigonella, contribuant ainsi à l'escalade de la guerre en Europe orientale. Toutefois, le rôle de Sigonella dans les stratégies de guerre mondiale est appelé à se développer encore davantage : le Pentagone a signé un contrat de 177 millions de dollars avec une filiale du géant industriel Raytheon Technologies pour améliorer l'efficacité des 14 terminaux mondiaux (dont Sigonella) inclus dans le système de communications mondiales à haute fréquence (HFGCS). Les stations HFGCS transmettent des messages d'action d'urgence (EAM) et d'autres types de codes d'importance stratégique, y compris ceux permettant de mener une attaque nucléaire. Enfin, à Sigonella, le ministère italien de la Défense a entamé le processus d'expropriation de près de 100 hectares de terrain afin d'allonger les pistes de la base et de permettre les décollages et les atterrissages d'avions ravitailleurs pour le ravitaillement en vol des chasseurs de l'OTAN.

Une autre infrastructure clé dans les programmes de renforcement de l'appareil de projection avancée des forces armées italiennes et alliées est la base de Pratica di Mare, à Rome, qui abrite la 14e  Escadre de l'armée de l'air. Depuis le début de la guerre en Ukraine, des avions sophistiqués Gulfstream E.550 CAEW décollent de Pratica di Mare en direction de la mer Noire et de l'Europe de l'Est pour surveiller les opérations des unités de guerre russes. Les avions ne sont pas simplement des “radars volants”, mais ont également pour tâche de “gérer” les missions des alliés sur les champs de bataille et de brouiller les émissions électroniques. Les avions-citernes KC-767A utilisés pour le ravitaillement des avions italiens et de l'OTAN employés dans le cadre de la mission de police aérienne dans l'espace aérien de l'Europe de l'Est décollent également de l'aéroport de Rome. Des avions cargo sont utilisés depuis Pratica di Mare pour transporter des systèmes d'armes “donnés” par le gouvernement italien aux forces armées ukrainiennes.

Des coulées de ciment à des fins de guerre sont également prévues pour la ville de Pise. Le commandement général du corps des carabiniers a l'intention de construire des casernes et des logements pour les soldats et les familles, des stands de tir et des bases d'entraînement, sur une superficie de 73 hectares à Coltano, dans le parc régional de Migliarino-San Rossore-Massaciuccoli. Parmi les unités d'assaut des Carabinieri qui seront installées à Coltano figurent le 1er régiment de parachutistes "Tuscania", le G.I.S.-Groupe d'intervention spéciale et le Centre de défense canine, qui sont employés depuis des décennies sur les principaux théâtres de guerre dans des actions de combat et dans la formation “antiterroriste” du personnel militaire de certains régimes d'Afrique et du Moyen-Orient. Le projet de Pise est fonctionnel au renforcement géostratégique de la région toscane : la nouvelle citadelle des carabiniers s'ajoutera à la grande base de véhicules lourds de l'armée usaméricaine de Camp Darby, aux aéroports de Pise-San Giusto et de Grosseto, au port de Livourne, aux nombreuses casernes des parachutistes "Folgore", au centre de recherche militaire avancée (anciennement nucléaire) de San Piero a Grado et au poste de commandement florentin de la division "Vittorio Veneto", qui opérera bientôt en tant que division multinationale sud de l'OTAN pour les opérations de l'alliance en Méditerranée et en Afrique.

Le centre de guerre toscan rejoindra ainsi ceux de Vénétie-Frioul (avec Vicence et Aviano) ; de Sicile (Sigonella, le MUOS de Niscemi, la baie d'Augusta, l'escale de Trapani-Birgi et les petites îles de Pantelleria et Lampedusa). Les Pouilles (les bases navales de l'OTAN de Tarente et de Brindisi, les aéroports d'Amendola, de Gioia del Colle et de Galatina) ; la Campanie (le port de Naples et Capodichino, le commandement interallié du Lago Patria) ; la Sardaigne (les innombrables polygones disséminés sur l'île, Decimomannu, l'archipel de la Maddalena). Se profile également à l'horizon le développement du complexe militaro-industriel du Piémont et de la Lombardie (il existe déjà dans cette région le centre de Cameri-Novara pour la production du F-35, le quartier général du Corps à déploiement rapide de l'OTAN à Solbiate Olona, les complexes Leonardo-Agusta à Varese, la base nucléaire de Ghedi et les usines de pistolets, de mitrailleuses et de fusils dans la région de Brescia). En avril dernier, l'OTAN a approuvé le document stratégique jetant les bases de l'Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord (DIANA), destiné à promouvoir la recherche scientifique et technologique menée par des centres universitaires, des jeunes pousses et des petites et moyennes entreprises sur les technologies émergentes que l'OTAN a jugées “prioritaires” : systèmes aérospatiaux, intelligence artificielle, biotechnologie et bio-ingénierie, ordinateurs quantiques, cybersécurité, moteurs hypersoniques, robotique et systèmes terrestres, navals, aériens et sous-marins pilotés à distance, etc. La ville de Turin a été choisie comme premier siège européen des accélérateurs de l'OTAN : dans une première phase, le siège de DIANA sera installé dans les historiques Officine Grandi Riparazioni (Ateliers de grandes réparations), pour être transféré à partir de 2026 dans la cité aérospatiale en cours de construction à la périphérie ouest de la capitale piémontaise, grâce à un financement de 300 millions d'euros provenant du plan national de relance et de résilience (PNRT), auquel s'ajoutent 800 millions d'euros qui devraient provenir d'environ soixante-dix entreprises du secteur aérospatial (Leonardo SpA in primis). Une Italie encore plus armée et militarisée à l'usage exclusif des forces armées usaméricaines et de l'OTAN et pour le bénéfice et le profit des industries de la mort.