13/12/2024

NIR HASSON
Une base de données massive de preuves, compilée par un historien israélien, documente les crimes de guerre d’Israël à Gaza

Une femme accompagnée d’un enfant est abattue alors qu’elle brandit un drapeau blanc ■ Des fillettes affamées sont écrasées à mort dans la file d’attente pour du pain ■ Un homme de 62 ans menotté est écrasé, manifestement par un char d’assaut ■ Une frappe aérienne vise des personnes qui tentent d’aider un garçon blessé ■ Une base de données de milliers de vidéos, photos, témoignages, rapports et enquêtes documente les horreurs commises par Israël à Gaza.

Nir Hasson, Haaretz , 5/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Journaliste à Haaretz depuis 2008, Nir Hasson est auteur du livre URSHALIM : Israéliens et Palestiniens à Jérusalem, 1967-2017 (en hébreu), Books in the Attic/Yediot Books, 2017

Une femme gazaouie porte le corps d’un enfant, la semaine dernière. Photo Omar El Qattaa/AFP

La note de bas de page n° 379 du document très fouillé et très complet que l’historien Lee Mordechai a rédigé contient un lien vers un clip vidéo. On y voit un gros chien ronger quelque chose au milieu de buissons. « Ouaï, ouaï, il a pris le terroriste, le terroriste est parti - parti dans les deux sens du terme », dit le soldat qui a filmé le chien en train de manger un cadavre. Après quelques secondes, le soldat lève la caméra et ajoute : « Mais quelle vue magnifique, quel magnifique coucher de soleil ! Un soleil rouge se couche sur la bande de Gaza ». Il s’agit bien d’un magnifique coucher de soleil.

Le rapport que le Dr Mordechai a mis en ligne - « Bearing Witness to the Israel-Gaza War » - constitue la documentation la plus méthodique et la plus détaillée en hébreu (il existe également une traduction en anglais) des crimes de guerre perpétrés par Israël dans la bande de Gaza. Il s’agit d’un acte d’accusation choquant composé de milliers d’entrées relatives à la guerre, aux actions du gouvernement, des médias, des forces de défense israéliennes et de la société israélienne en général. La traduction anglaise de la septième version du texte, la plus récente à ce jour, compte 124 pages et contient plus de 1 400 notes de bas de page renvoyant à des milliers de sources, notamment des rapports de témoins oculaires, des séquences vidéo, des documents d’enquête, des articles et des photographies.
Par exemple, il y a des liens vers des textes et d’autres types de témoignages décrivant des actes attribués à des soldats des FDI qui ont été vus « tirant sur des civils agitant des drapeaux blancs, maltraitant des individus, des captifs et des cadavres, endommageant ou détruisant allègrement des maisons, diverses structures et institutions, des sites religieux et pillant des biens personnels, ainsi que tirant au hasard avec leurs armes, tirant sur des animaux locaux, détruisant des propriétés privées, brûlant des livres dans des bibliothèques, dégradant des symboles palestiniens et islamiques (y compris en brûlant des Corans et en transformant des mosquées en espaces de restauration) ».
Un lien renvoie à une vidéo montrant un soldat à Gaza brandissant une grande pancarte prise dans un salon de coiffure de la ville de Yehud, dans le centre d’Israël, avec des corps éparpillés autour de lui. D’autres liens renvoient à des images de soldats déployés à Gaza lisant le Livre d’Esther, comme il est d’usage lors de la fête de Pourim, mais à chaque fois que le nom du méchant Haman est prononcé, ils tirent un obus de mortier au lieu de se contenter d’agiter les bruiteurs traditionnels. Un soldat est vu en train de forcer des prisonniers ligotés et les yeux bandés à envoyer des salutations à sa famille et à dire qu’ils veulent être ses esclaves. Des soldats sont photographiés tenant des piles d’argent qu’ils ont pillées dans les maisons de Gaza. Un bulldozer des FDI est vu en train de détruire une grande pile de paquets de nourriture provenant d’une agence d’aide humanitaire. Un soldat chante la chansonnette des enfants « L’année prochaine, nous brûlerons l’école », alors qu’on voit une école en flammes à l’arrière-plan. Et il y a de nombreuses séquences de soldats montrant des sous-vêtements féminins qu’ils ont pillés.
La note de bas de page n° 379 figure dans une sous-section intitulée « Déshumanisation dans les forces de défense israéliennes », incluse dans le chapitre intitulé « Discours israélien et déshumanisation des Palestiniens ». Elle contient des centaines d’exemples du comportement cruel de la société israélienne et des institutions de l’État à l’égard des habitants de Gaza qui souffrent - d’un premier ministre qui parle d’Amalek, au chiffre de 18 000 appels d’Israéliens sur les médias sociaux à raser la bande, aux médecins israéliens qui soutiennent le bombardement des hôpitaux de Gaza, en passant par l’humoriste qui plaisante sur le fait que les Palestiniens ne sont pas les seuls à souffrir, à un humoriste qui plaisante sur la mort de Palestiniens, en passant par un chœur d’enfants chantant gentiment « Dans un an, nous anéantirons tout le monde, puis nous reviendrons labourer nos champs », sur la mélodie de la chanson emblématique de l’époque de la guerre d’indépendance, « Shir Hare’ut » (Chanson de la camaraderie).
Les liens de « Bearing Witness to the Israel-Gaza War » mènent également à des images graphiques de corps éparpillés, dans toutes les conditions possibles, de personnes écrasées sous les décombres, de flaques de sang et de cris de personnes qui ont perdu toute leur famille en un instant. Des documents attestent de l’assassinat de personnes handicapées, d’humiliations et d’agressions sexuelles, d’incendies de maisons, de privations forcées de nourriture, de tirs au hasard, de pillages, d’abus de cadavres et de bien d’autres choses encore.
Même si tous les témoignages ne peuvent être corroborés, l’image qui s’en dégage est celle d’une armée qui, dans le meilleur des cas, a perdu le contrôle de nombreuses unités, dont les soldats ont fait ce qui leur plaisait, et qui, dans le pire des cas, laisse son personnel commettre les crimes de guerre les plus atroces que l’on puisse imaginer.
Mordechai cite des preuves des horribles situations difficiles que la guerre a imposées aux habitants de Gaza. Un médecin qui ampute la jambe de sa nièce sur une table de cuisine, sans anesthésie, à l’aide d’un couteau de cuisine. Des gens qui mangent de la chair de cheval et de l’herbe, ou qui boivent de l’eau de mer pour apaiser leur faim et leur soif. Des femmes obligées d’accoucher dans une salle de classe bondée. Desmédecins regardant, impuissants, des blessés mourir parce qu’il n’y a aucun moyen de les aider. Des femmes affamées poussées dans une file chaotique à l’extérieur d’une boulangerie ; selon le rapport, deux filles de 13 et 17 ans et une femme de 50 ans ont été écrasées à mort lors de cet incident.
Selon « Bearing Witness », dans les camps de personnes déplacées de la bande de Gaza en janvier, il y avait en moyenne un cabinet de toilette pour 220 personnes et une douche pour 4 500 personnes. Un grand nombre de médecins et d’organisations de santé ont signalé que des maladies infectieuses et des affections cutanées se propageaient parmi un grand nombre de Gazaouis.

Le quartier de Shujaiya’ah dans la ville de Gaza, le 7 octobre 2024. "Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort pour que cela soit considéré comme un génocide. Photo  Omar El Qattaa/AFP


De plus en plus d’enfants
Lee Mordechai, 42 ans, ancien officier du Corps des ingénieurs de combat des FDI, est actuellement maître de conférences en histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem, où il se spécialise dans les catastrophes humaines et naturelles des époques antique et médiévale. Il a écrit sur la peste de Justinien au VIe siècle et sur l’hiver volcanique qui a frappé l’hémisphère nord en 536 de l’ère chrétiennee. Il a abordé le sujet de la catastrophe de Gaza d’une manière académique et historique, avec une prose sèche et peu d’adjectifs, en utilisant la plus grande diversité possible de sources primaires ; ses écrits sont dépourvus d’interprétation et ouverts à l’examen et à la révision. C’est précisément la raison pour laquelle les visages reflétés dans son texte sont si épouvantables.
« J’ai senti que je ne pouvais pas continuer à vivre dans ma bulle, que nous parlions de crimes capitaux et que ce qui se passait était tout simplement trop important et contredisait les valeurs dans lesquelles j’avais été élevé ici », explique Mordechai. « Je ne cherche pas à me confronter avec les gens ou à polémiquer. J’ai rédigé ce document pour qu’il soit connu de tous. Ainsi, dans six mois, un an, cinq ans, dix ans ou cent ans, les gens pourront revenir en arrière et constater que c’est ce que l’on savait, ce qu’il était possible de savoir, dès janvier ou mars dernier, et que ceux d’entre nous qui ne savaient pas ont choisi de ne pas savoir.
« Mon rôle en tant qu’historien, poursuit-il, est de donner la parole à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, qu’il s’agisse d’eunuques au XIe siècle ou d’enfants à Gaza. Je cherche délibérément à ne pas faire appel aux émotions des gens et je n’utilise pas de mots qui pourraient être controversés ou obscurs. Je ne parle pas de terroristes, de sionisme ou d’antisémitisme. J’essaie d’utiliser un langage aussi froid et sec que possible et de m’en tenir aux faits tels que je les comprends ».
Mordechai était en congé sabbatique à Princeton lorsque la guerre a éclaté. Lorsqu’il se réveille le 7 octobre, c’est déjà l’après-midi en Israël. En quelques heures, il a compris qu’il y avait une disparité entre ce que le public israélien voyait et la réalité. Cette compréhension découle d’un système alternatif de réception des informations qu’il avait créé pour lui-même neuf ans plus tôt.
« En 2014, pendant l’opération Bordure protectrice [à Gaza], je suis rentré de mes études doctorales aux USA et de mes recherches dans les Balkans. J’ai alors eu l’impression qu’il n’y avait pas de discours ouvert en Israël ; tout le monde disait la même chose. J’ai donc fait un effort conscient pour accéder à d’autres sources d’information - [basées sur] les médias étrangers, les blogs, les médias sociaux. Cela ressemble aussi à mon travail d’historien, qui consiste à rechercher des sources primaires. Je me suis donc créé une sorte de système personnel pour comprendre ce qui se passait dans le monde. Le 7 octobre, j’ai activé le système et j’ai rapidement réalisé que le public en Israël avait un retard de quelques heures - Ynet a publié un bulletin sur la possibilité que des otages aient été pris, mais j’avais déjà vu des clips d’enlèvements. Cela crée une dissonance entre ce qui est dit sur la réalité de la situation et la réalité réelle, et ce sentiment s’intensifie ».
Le rapport contient plus de 1 400 notes de bas de page faisant référence à des milliers de sources. Il détaille les cas où les troupes israéliennes ont tiré sur des civils brandissant des drapeaux blancs, maltraité des individus, des captifs et des cadavres, tiré au hasard, détruit allègrement des maisons, brûlé des livres et dégradé des symboles islamiques.
En fait, la disparité entre ce que Mordechai a découvert et les informations parues dans les médias israéliens et étrangers n’a fait que s’accroître. « Au début de la guerre, l’histoire la plus marquante était celle des 40 nourrissons israéliens décapités le 7 octobre. Cette histoire a fait les gros titres des médias internationaux, mais lorsqu’on la compare à la liste [officielle de l’Assurance nationale] des personnes tuées, on se rend très vite compte qu’elle n’a pas eu lieu.
Mordechai a commencé à suivre les informations en provenance de Gaza sur les réseaux sociaux et dans les médias internationaux. « Dès le début, j’ai été inondé d’images de destruction et de souffrance, et j’ai compris qu’il y avait deux mondes séparés qui ne se parlaient pas. Il m’a fallu quelques mois pour comprendre quel était mon rôle ici. En décembre, l’Afrique du Sud a présenté sa plainte officielle pour génocide à l’encontre d’Israël en 84 pages détaillées avec de multiples références à des sources pouvant être recoupées.
« Je ne pense pas que tout doive être accepté comme une preuve », ajoute-t-il, “mais il faut s’y frotter, voir sur quoi cela repose, examiner ses implications”. » Au début de la guerre, j’ai voulu retourner en Israël pour faire du bénévolat pour une organisation de la société civile, mais pour des raisons familiales, je n’ai pas pu. J’ai décidé d’utiliser le temps libre dont je disposais pendant mon congé sabbatique à Princeton pour essayer d’éclairer le public israélien qui ne consomme que les médias locaux ».
Il a publié la première version de « Bearing Witness », de huit pages seulement, le 9 janvier. Selon le ministère de la santé de Gaza, officiellement connu sous le nom de ministère palestinien de la santé - Gaza, le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza s’élevait alors à 23 210. « Je ne crois pas que ce qui est écrit ici entraînera un changement de politique ou convaincra beaucoup de gens », écrit-il au début de ce document. « J’écris plutôt ceci publiquement, en tant qu’historien et citoyen israélien, afin de faire connaître ma position personnelle concernant l’horrible situation actuelle à Gaza, au fur et à mesure que les événements se déroulent. J’écris en tant qu’individu, en partie à cause du silence général décevant sur ce sujet de la part de nombreuses institutions académiques locales, en particulier celles qui sont bien placées pour le commenter, même si certains de mes collègues se sont courageusement exprimés ».

Depuis lors, Mordechai a passé des centaines d’heures à collecter des informations et à écrire, continuant à mettre à jour le document qui apparaît sur le site web qu’il a créé. Depuis qu’il s’est lancé dans ce projet, il a amélioré sa façon de travailler : il compile méticuleusement des rapports provenant de différentes sources sur une feuille de calcul Excel, à partir de laquelle, après un examen plus approfondi, il sélectionne les éléments qui seront mentionnés dans le texte. Il utilise une grande variété de sources : images filmées par des civils, articles de presse, rapports des Nations unies et d’autres organisations internationales, médias sociaux, blogs, etc.
Bien qu’il reconnaisse que certaines de ces sources ne respectent pas les normes journalistiques ou éthiques, Mordechai est convaincu de la crédibilité de sa documentation. « Ce n’est pas comme si je copiais-collais tout ce que quelqu’un d’autre trouve. D’un autre côté, il est clair qu’il y a un fossé entre ce qui existe et ce que nous aimerions voir : Nous aimerions que chaque incident dans la bande de Gaza soit examiné correctement par deux organisations internationales indépendantes et non indépendantes, mais cela n’arrivera pas.
C’est pourquoi j’examine les sources, je vérifie si elles ont été prises en flagrant délit de mensonge, si un organisme à but non lucratif ou un blogueur a transmis des informations dont je peux prouver qu’elles sont incorrectes - et si c’est le cas, je cesse de les utiliser et je les supprime. Je donne plus de poids aux sources neutres, comme les organisations de défense des droits humains et les Nations unies, et je fais une sorte de synthèse entre les sources pour voir si elles [les informations] sont cohérentes. Je travaille également de manière très ouverte et j’invite tous ceux qui le souhaitent à me contrôler. Je serais très heureux de voir que je me suis trompé dans ce que j’ai écrit, mais ce n’est pas le cas. Jusqu’à présent, j’ai dû faire très peu de corrections ».
La lecture du rapport de Mordechai permet de dissiper le brouillard qui recouvre les Israéliens depuis le début de la guerre. Le nombre de morts en est un bon exemple : La guerre du 7 octobre est la première guerre dans laquelle Israël ne fait aucun effort pour comptabiliser le nombre de tués dans l’autre camp. En l’absence de toute autre source, de nombreuses personnes dans le monde - gouvernements étrangers, médias, organisations internationales - s’appuient sur les rapports du ministère palestinien de la santé - Gaza, qui sont jugés tout à fait crédibles. Israël s’efforce de nier les chiffres du ministère. Les médias locaux indiquent généralement que la source de ces données est le « ministère de la santé du Hamas ».

Enfants palestiniens dans un centre de distribution de nourriture à Deir al-Balah, la semaine dernière. Mordechai affirme que plus d’enfants ont été tués à Gaza que tous les enfants de toutes les guerres du monde, au cours des trois années précédant le 7 octobre. Photo AFP/OMAR AL-QATTAA

Cependant, peu d’Israéliens savent que non seulement les FDI et le gouvernement israélien ne disposent pas de leurs propres chiffres concernant le nombre de morts, mais que des sources israéliennes haut placées, ne disposant pas d’autres données, finissent par confirmer celles publiées par le ministère à Gaza. De quel rang ? Benjamin Netanyahou lui-même. Le 10 mars, par exemple, le premier ministre a déclaré dans une interview qu’Israël avait tué 13 000 militants armés du Hamas et estimé que pour chacun d’entre eux, 1,5 civil avait été tué. En d’autres termes, jusqu’à cette date, entre 26 000 et 32 500 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza. Ce jour-là, le ministère palestinien a publié un chiffre de 31 112 morts à Gaza, dans la fourchette citée par Netanyahou. À la fin du mois, Netanyahou a parlé de 28 000 morts, soit environ 4 600 de moins que le chiffre officiel palestinien. Fin avril, le Wall Street Journal a cité une estimation d’officiers de haut rang des FDI selon laquelle le nombre de morts s’élevait à environ 36 000, soit plus que le chiffre publié par le ministère palestinien à l’époque.
Mordechai : « Il semble que, du côté israélien, on choisisse de ne pas s’occuper des chiffres, bien qu’Israël puisse ostensiblement le faire - la technologie existe, et Israël contrôle le registre de la population palestinienne. L’establishment de la défense dispose également d’images faciales ; il pourrait les recouper et voir si une personne déclarée morte est passée par un point de contrôle. Allez, montrez-moi ! Donnez-moi des preuves et je changerai d’approche. Cela me compliquera la vie, mais je serai beaucoup moins contrarié.
Je pense que nous devons nous demander quelle « barre » de preuves est nécessaire pour que nous changions d’avis sur le nombre de Palestiniens qui ont été tués. C’est une question que chacun d’entre nous doit se poser - peut-être que pour vous les preuves que je cite ne sont pas suffisantes - parce qu’il doit y avoir une sorte d’étape réaliste dans l’accumulation des preuves à partir de laquelle nous accepterons les chiffres comme fiables ».
« Pour moi, explique-t-il, ce stade est arrivé il y a longtemps. Une fois que l’on a fait le sale boulot et que l’on comprend un peu mieux les chiffres, la question n’est plus de savoir combien de Palestiniens sont morts, mais pourquoi et comment le public israélien continue de douter de ces chiffres après plus d’un an d’hostilités et en dépit de toutes les preuves ».
Dans son rapport, il cite les chiffres du ministère palestinien qui mentionnent, parmi les personnes tuées depuis le début de la guerre jusqu’en juin dernier, 273 employés des Nations unies et des organisations humanitaires, 100 professeurs, 243 athlètes, 489 travailleurs de la santé (dont 55 médecins spécialistes), 710 enfants de moins d’un an et quatre prématurés qui sont morts après que les FDI ont forcé l’infirmier qui s’occupait d’eux à quitter l’hôpital. L’infirmier s’occupait de cinq prématurés et a décidé de sauver celui qui semblait avoir les meilleures chances de survie. Les corps en décomposition des quatre autres ont été retrouvés dans des couveuses deux semaines plus tard.
La note de bas de page du texte de Mordechai concernant ces nourrissons ne fait pas référence à un tweet d’un habitant de Gaza ou à un blog pro-palestinien, mais à une enquête du Washington Post. Les Israéliens qui s’interrogent sur « Bearing Witness to the Israel-Gaza War » au motif qu’il s’appuie sur les médias sociaux ou sur des rapports non vérifiés doivent savoir qu’il s’appuie également sur des dizaines d’enquêtes menées par presque tous les médias occidentaux qui se respectent. De nombreux médias ont examiné les incidents survenus à Gaza en appliquant des normes journalistiques rigoureuses - et ont trouvé des preuves d’atrocités. Une enquête de CNN a corroboré l’affirmation palestinienne concernant le « massacre de la farine », au cours duquel environ 150 Palestiniens venus chercher de la nourriture auprès d’un convoi d’aide le 1er mars ont été tués. Les FDI ont déclaré que c’était la foule et la bousculade des habitants de Gaza eux-mêmes qui les avaient tués, et non les tirs d’avertissement effectués par les soldats dans la zone. En fin de compte, l’enquête de CNN, basée sur une analyse minutieuse de la documentation et sur 22 entretiens avec des témoins oculaires, a révélé que la plupart des victimes mortelles avaient effectivement été tuées par des tirs d’avertissement.
Interrogé sur l’image qui l’a le plus marqué, Mordechai mentionne la photo du corps de Jamal Hamdi Hassan Ashour, 62 ans, qui aurait été écrasé par un char d’assaut, le corps mutilé au point d’être méconnaissable. L’image a été publiée sur une chaîne Telegram israélienne avec la légende « Vous allez adorer ça ! ».
Le New York Times, ABC, CNN, la BBC, des organisations internationales et l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem ont publié les résultats de leurs propres enquêtes sur des actes de torture, des abus, des viols et d’autres atrocités perpétrés contre des détenus palestiniens dans la base de Sde Teiman des FDI dans le Néguev et dans d’autres installations. Amnesty International a examiné quatre incidents dans lesquels il n’y avait pas de cible militaire ni de justification à l’attaque, et au cours desquels les FDI ont tué 95 civils au total.
Une enquête menée fin mars par Yaniv Kubovich dans Haaretz a montré que les FDI créaient des « zones de mort » dans lesquelles de nombreux civils étaient abattus après avoir franchi une ligne imaginaire délimitée par un commandant sur le terrain ; les victimes étaient classées comme terroristes après leur mort. [Israël a créé des “zones de mise à mort” à Gaza : quiconque y pénètre est abattu]
 La BBC a mis en doute les estimations des FDI concernant le nombre de terroristes que ses forces ont tués en général ; CNN a fait un rapport détaillé sur un incident au cours duquel une famille entière a été éliminée ; NBC a enquêté sur une attaque contre des civils dans des zones dites humanitaires ; le Wall Street Journal a vérifié que les FDI s’appuyaient sur des rapports de décès à Gaza publiés par le ministère palestinien de la santé ; le New Yorker et le Telegraph ont publié les résultats d’enquêtes approfondies sur des cas d’enfants dont les membres ont dû être amputés, et bien d’autres choses encore, toutes mentionnées dans « Bearing Witness ». »
Le rapport publié cette semaine par le ministère palestinien de la santé à Gaza, selon lequel, depuis le 7 octobre, 1 140 familles ont été totalement rayées du registre de la population locale - très probablement victimes de bombardements aériens, n’est pas inclus dans l’ouvrage.
Mordechai cite de nombreux éléments relatifs au laxisme des règles d’engagement des FDI dans la bande de Gaza. Un clip montre un groupe de réfugiés avec une femme à l’avant, tenant son fils d’une main et un drapeau blanc de l’autre ; on la voit se faire tirer dessus, probablement par un sniper, et s’effondrer tandis que l’enfant lui lâche la main et s’enfuit pour sauver sa vie. Un autre incident, largement diffusé fin octobre, montre Mohammed Salem, 13 ans, appelant à l’aide après avoir été blessé lors d’une attaque de l’armée de l’air ; lorsque des personnes s’approchent pour offrir de l’aide, elles sont la cible d’une autre attaque de ce type. Salem et un autre jeune ont été tués, et plus de 20 personnes ont été blessées.
Mordechai reconnaît que regarder les témoignages visuels de la guerre a endurci son cœur - aujourd’hui, il peut visionner même les scènes les plus horribles. « Lorsque les vidéos d’ISIS ont été publiées [il y a des années], je ne les ai pas regardées. Mais là, j’ai senti que c’était mon obligation, parce que c’est fait en mon nom, donc je dois les voir pour transmettre ce que j’ai vu. Ce qui est important, c’est la quantité, ce sont des enfants et encore des enfants et encore des enfants ».

Mordechai : « J’ai écrit cela pour que dans un semestre ou dans 100 ans, les gens reviennent en arrière et voient que c’est ce qu’il était possible de savoir, dès janvier, et que ceux d’entre nous qui ne savaient pas, ont choisi de ne pas savoir ». Photo Olivier Fitoussi

Lorsqu’on lui demande laquelle des milliers d’images, qu’il s’agisse de vidéos ou de photos, de personnes mortes, blessées ou souffrantes l’a le plus marqué, Mordechai réfléchit et mentionne la photo du corps d’un homme qui a été identifié plus tard comme étant Jamal Hamdi Hassan Ashour. Ashour, 62 ans, aurait été écrasé par un char d’assaut en mars, son corps ayant été mutilé au point d’être méconnaissable. Une menotte à zip sur l’une de ses mains atteste qu’il avait été détenu auparavant, selon des sources palestiniennes. L’image a été publiée sur une chaîne Telegram israélienne avec la légende suivante : « Vous allez adorer ça ! ».
« Je n’ai jamais rien vu de tel dans ma vie », déclare Mordechai à Haaretz. « Mais le pire, c’est que l’image a été partagée par des soldats dans un groupe Telegram israélien et qu’elle a suscité des réactions très favorables ». Outre les informations concernant Ashour, « Bearing Witness » fournit des liens vers les images d’un certain nombre d’autres corps dont l’état suggère qu’ils ont été écrasés par des véhicules blindés. Dans un cas, selon un rapport palestinien, les victimes étaient une mère et son fils.
Un cas mentionné uniquement dans une note de bas de page témoigne des questions relatives aux méthodes de Mordechai et aux dilemmes auxquels il a été confronté. Fin mars, Al Jazeera a diffusé une interview d’une femme qui s’était présentée à l’hôpital Shifa de Gaza et avait déclaré que des soldats des FDI avaient violé des femmes. Peu après, la famille de cette femme a démenti les allégations qu’elle avait faites et Al Jazeera a supprimé le reportage, mais de nombreuses personnes avaient encore des doutes.
« Selon ma méthodologie, après la suppression par Al Jazeera, l’information n’est pas crédible et n’a pas eu lieu », explique Mordechai. « Mais je me pose aussi la question : Peut-être que je participe à la réduction au silence de cette femme ? Et ce n’est pas pour honorer la vérité que cette femme est réduite au silence, mais au nom de son honneur et de celui de sa famille. Est-ce parfait ? Ce n’est pas parfait, mais en fin de compte, je suis un être humain et c’est à moi de décider. J’ai donc expliqué dans une note de bas de page qu’il s’agissait de l’allégation d’une femme et j’ai ajouté [qu’elle était] « presque certainement fausse » pour exprimer mes réserves.
« Je ne garantis pas que chaque témoignage soit totalement fiable. En fait, personne ne sait exactement ce qui se passe à Gaza - ni les médias internationaux, ni les Israéliens, ni même les forces de défense israéliennes. Dans « Bearing Witness », je soutiens que le fait de faire taire les voix de Gaza - de restreindre les informations qui en sortent - fait partie de la méthode de travail qui rend la guerre possible. Je soutiens la synthèse que j’utilise et j’aimerais avoir tort. Mais du côté israélien, il n’y a rien. Je parle de preuves - apportez-moi des preuves ! »
L’un des cas décrits dans le document, même si de nombreux Israéliens auront du mal à le croire, concerne l’utilisation par les FDI d’un drone qui émettait le son des pleurs d’un nourrisson afin de déterminer où se trouvaient les civils et peut-être de les faire sortir de leur abri. Dans la vidéo référencée par le lien donné par Mordechai, on entend des pleurs et on voit les lumières d’un drone.
« Nous savons qu’il existe des drones équipés de haut-parleurs, peut-être qu’un soldat qui s’ennuie décide de le faire pour plaisanter et que cela est perçu comme une horreur par les Palestiniens », explique-t-il. « Mais est-ce si exagéré qu’un soldat, au lieu d’être filmé avec des culottes et des soutien-gorge ou de dédier l’explosion d’une rue à sa femme, fasse quelque chose de ce genre ? C’est peut-être une invention, mais c’est compatible avec ce que je vois ». Cette semaine, Al Jazeera a diffusé un reportage d’investigation sur les « drones pleureurs » et a affirmé que leur utilisation avait été confirmée par un certain nombre de témoins oculaires qui ont tous raconté la même histoire.
« Nous pouvons toujours contester les témoignages anecdotiques de ce type, mais il est plus difficile de le faire face à des montagnes de témoignages plus étayés », note Mordechai. « Par exemple, des dizaines de médecins américains qui ont travaillé bénévolement à Gaza ont rapporté qu’ils voyaient presque tous les jours des enfants qui avaient reçu une balle dans la tête. Est-ce que nous essayons même d’expliquer ou de faire face à cela ? »
Plus d’enfants ont été tués à Gaza que dans toutes les guerres du monde au cours des trois années précédant le 7 octobre. Au cours du premier mois de la guerre, le nombre d’enfants tués a été dix fois supérieur au nombre d’enfants tués au cours de la guerre d’Ukraine en un an.
L’un des sommets de la brutalité militaire israélienne à Gaza a été atteint lors du deuxième grand raid sur l’hôpital Shifa à la mi-mars, ajoute l’historien, qui lui consacre d’ailleurs un chapitre distinct. Les FDI ont affirmé que l’hôpital était un centre d’activité du Hamas à l’époque et qu’il y avait eu des échanges de tirs pendant le raid, à la suite duquel 90 membres du Hamas avaient été arrêtés, dont certains de haut rang.
Cependant, l’occupation de Shifa par les FDI s’est poursuivie pendant environ deux semaines. Pendant cette période, selon des sources palestiniennes, l’hôpital est devenu une zone de meurtres et de tortures. Apparemment, 240 patients et membres du personnel médical ont été enfermés dans l’un des bâtiments pendant une semaine, sans accès à la nourriture. Les médecins présents sur place ont rapporté qu’au moins 22 patients étaient décédés. Un certain nombre de témoins oculaires, y compris des membres du personnel, ont décrit des exécutions. Une vidéo tournée par un soldat montre des détenus ligotés et les yeux bandés, assis dans un couloir, face à un mur. Selon les sources, après le retrait des FDI de l’hôpital, des dizaines de corps ont été découverts dans la cour. Un certain nombre de clips documentent la collecte des corps, certains mutilés, d’autres enterrés sous des décombres ou gisant dans de grandes mares de sang coagulé. Une corde a été nouée autour du bras de l’un des hommes morts, ce qui montre peut-être qu’il a été ligoté avant d’être tué.
D’autres sommets de brutalité ont été atteints au cours des deux derniers mois dans le cadre de l’opération militaire en cours dans la partie nord de la bande de Gaza. L’opération a commencé le 5 octobre. Les FDI ont coupé Jabalya, Beit Lahia et Beit Hanoun de la ville de Gaza, et les habitants ont reçu l’ordre de partir. Beaucoup l’ont fait, mais plusieurs milliers sont restés dans la zone assiégée.
À ce stade, l’armée a lancé ce que l’ancien chef d’état-major des FDI et ministre de la défense, Moshe Ya’alon, a qualifié cette semaine de « nettoyage ethnique » de la région : les groupes d’aide ont été interdits d’accès, le dernier dépôt de farine a été incendié et les deux dernières boulangeries fermées, et même les activités des équipes de défense civile qui évacuaient les blessés ont été interdites. L’approvisionnement en eau a été interrompu, les ambulances ont été mises hors service et les hôpitaux ont été attaqués.
Mais l’effort principal de l’armée s’est concentré sur les raids aériens. Presque chaque jour, les Palestiniens font état de dizaines de morts lors du bombardement d’immeubles d’habitation et d’écoles, devenus des camps de déplacés. Le rapport de Mordechai cite des dizaines de témoignages bien documentés sur les campagnes de bombardement : familles ramassant les corps de leurs proches parmi les ruines, funérailles dans d’immenses fosses communes, blessés couverts de poussière, adultes et enfants en état de choc, personnes pleurant avec des morceaux de corps éparpillés autour d’elles, etc.

Les conséquences de l’opération de deux semaines menée par les forces de défense israéliennes à l’hôpital Shifa, en avril. Photo Dawoud Abu Alkas/Reuters

Dans un clip vidéo datant du 20 octobre, on voit deux enfants extraits des décombres. Le premier a l’air abasourdi, les yeux exorbités et totalement couvert de sang et de poussière. À côté de lui, on retire un corps sans vie, apparemment celui d’une fille.
Au cours des deux dernières semaines, Haaretz a, pour sa part, envoyé des questions à l’unité du porte-parole des FDI concernant une trentaine d’incidents, la plupart à Gaza, au cours desquels de nombreux civils ont été tués. L’unité a répondu qu’elle avait classé la plupart d’entre eux comme des événements inhabituels et qu’ils avaient été renvoyés à l’état-major général pour une enquête plus approfondie.
Mordechai rejette d’emblée l’affirmation couramment entendue par les Israéliens selon laquelle ce qui se passe à Gaza n’est pas si terrible par rapport à d’autres guerres. « Bearing Witness » montre, par exemple, que plus d’enfants ont été tués à Gaza que tous les enfants tués dans toutes les guerres du monde au cours des trois années qui ont précédé la guerre du 7 octobre. Dès le premier mois de la guerre, le nombre d’enfants morts était dix fois supérieur au nombre d’enfants tués dans la guerre en Ukraine en un an.
Plus de journalistes ont été tués à Gaza que pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Selon une enquête publiée par Yuval Avraham sur le site web Sicha Mekomit (Local Call), concernant les systèmes d’intelligence artificielle utilisés dans les campagnes de bombardement des FDI à Gaza, l’autorisation a été donnée de tuer jusqu’à 300 civils afin d’assassiner des personnalités de haut rang du Hamas. En comparaison, des documents révèlent que pour les forces armées américaines, ce chiffre s’élevait à un dixième de ce nombre - 30 civils - dans le cas d’un meurtrier d’une envergure supérieure à celle de Yahya Sinwar : Oussama Ben Laden.
« Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort pour que l’on puisse parler de génocide. Tout se résume à la commission des actes et à l’intention, et l’existence des deux doit être établie. »
Lee Mordechai
Un rapport d’enquête du Wall Street Journal affirme qu’Israël a déversé plus de bombes sur Gaza au cours des trois premiers mois de la guerre que les USA n’en ont largué sur l’Irak en six ans. Quarante-huit prisonniers sont morts dans les centres de détention israéliens au cours de l’année écoulée, contre neuf à Guantanamo au cours de ses 20 années d’existence. Les chiffres sont également éloquents lorsqu’il s’agit des données concernant les décès dans les guerres menées par d’autres pays : Les forces de la coalition en Irak ont tué 11 516 civils en cinq ans, et 46 319 civils ont été tués en 20 ans de guerre en Afghanistan. Selon les estimations les plus indulgentes, quelque 30 000 civils ont été tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Le rapport de Mordechai reflète non seulement les horreurs qui se produisent à Gaza, mais aussi l’indifférence d’Israël à leur égard. « Au début, on a tenté de justifier l’invasion de l’hôpital Shifa ; aujourd’hui, il n’y a même pas cette prétention - vous attaquez des hôpitaux et il n’y a pas de discussion publique. Nous ne faisons face d’aucune manière aux implications de ces opérations. Vous ouvrez les médias sociaux et vous êtes submergés par la déshumanisation. Qu’est-ce que cela nous fait ? J’ai grandi dans une société dont l’éthique était totalement différente. Il y a toujours eu des pommes pourries, mais regardez l’affaire du bus n° 300 [un événement survenu en 1984, au cours duquel des agents du Shin Bet sur le terrain ont exécuté deux Arabes qui avaient détourné un bus] et voyez où nous en sommes aujourd’hui. Il est important pour moi de tendre un miroir, il est important pour moi que ces choses soient connues. C’est ma forme de résistance.
Un sombre secret
Dans les versions les plus récentes de « Bearing Witness », Mordechai a ajouté une annexe qui explique pourquoi, selon lui, les actions d’Israël à Gaza constituent un génocide, un sujet qu’il développe au cours de notre conversation. « Nous devons déconnecter la façon dont nous concevons le génocide en tant qu’Israéliens - les chambres à gaz, les camps de la mort et la Seconde Guerre mondiale - du modèle qui apparaît dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide [de 1948] », explique-t-il. « Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort pour que cela soit considéré comme un génocide. Tout se résume à la commission d’actes et à l’intention, et l’existence de ces deux éléments doit être établie. En ce qui concerne la commission d’actes, il s’agit de meurtres, mais pas seulement - [il y a] aussi des blessures, des enlèvements d’enfants et même de simples tentatives d’empêcher les naissances au sein d’un groupe particulier de personnes. Ce que tous ces actes ont en commun, c’est la destruction délibérée d’un groupe.
« Les personnes à qui je parle ne discutent généralement pas des actes commis, mais de l’intention. Ils diront qu’il n’existe aucun document montrant que Netanyahou ou [le chef d’état-major des FDI] Herzl Halevi ont ordonné un génocide. Mais il y a des déclarations et des témoignages. Il y en a beaucoup, beaucoup. L’Afrique du Sud a soumis un document de 120 pages contenant un grand nombre de témoignages prouvant l’intention. Le journaliste Yunes Tirawi a recueilli des déclarations sur le génocide et le nettoyage ethnique sur les médias sociaux de plus de 100 personnes ayant des liens avec Tsahal - apparemment de nombreux officiers de réserve.
« Que faisons-nous avec tout cela ? De mon point de vue, les faits parlent. Je vois une ligne directe entre ces déclarations, l’absence de tentative de lutte contre ces déclarations et la réalité sur le terrain qui correspond à ces déclarations ».
La version anglaise de « Bearing Witness » fait référence à des articles rédigés par six autorités israéliennes de premier plan, qui ont déjà déclaré qu’à leur avis, Israël commet un génocide : Omer Bartov, spécialiste de l’Holocauste et du génocide ; Daniel Blatman, chercheur sur l’Holocauste (qui a écrit que ce que fait Israël à Gaza se situe entre le nettoyage ethnique et le génocide) ; l’historien Amos Goldberg ; Raz Segal, spécialiste de l’Holocauste ; Itamar Mann, expert en droit international ; et l’historien Adam Raz.
« La définition est moins importante », déclare Mordechai. « Ce qui est important, ce sont les actions. Admettons que la Cour internationale de justice de La Haye déclare dans quelques années qu’il ne s’agit pas d’un génocide mais d’un quasi-génocide. Cela atteste-t-il d’une victoire morale d’Israël ? Ai-je envie de vivre dans un endroit qui perpétue un « quasi-génocide » ? Le débat sur le terme attire l’attention, mais les choses se produisent d’une manière ou d’une autre, qu’elles atteignent la barre ou non. En fin de compte, nous devons nous demander comment arrêter cela et comment nous répondrons à nos enfants lorsqu’ils nous demanderont ce que nous avons fait pendant la guerre. Nous devons agir ».
Mais la définition est importante. Vous dites aux Israéliens : « Regardez, vous vivez à Berlin en 1941. » Quel est l’impératif moral pour les personnes qui vivaient à Berlin à l’époque ? Qu’est-ce qu’un citoyen est censé faire lorsque son État commet un génocide ?
« Une position morale a toujours un prix. S’il n’y a pas de prix, il s’agit simplement d’une position normative acceptée. La valeur d’une chose pour une personne est exprimée par le prix qu’elle est prête à payer pour l’obtenir. D’un autre côté, je suis conscient que les gens ont aussi d’autres considérations et d’autres besoins - ramener de la nourriture à la maison, préserver les liens avec leur famille - chacun doit prendre ses propres décisions. De mon point de vue, ce que je fais, c’est parler et continuer à parler, que les gens m’écoutent ou non. Cela me prend beaucoup de temps et de force mentale, mais je suis arrivé à la conclusion que c’est la chose la plus utile que je puisse faire ».
Après notre séparation, Mordechai m’a envoyé un dernier lien. Celui-ci ne concernait pas les témoignages sur les atrocités commises à Gaza, mais une nouvelle de la regrettée romancière américaine Ursula K. Le Guin, « The Ones Who Walk Away from Omelas » (Ceux qui partent d’Omelas). L’histoire parle de la ville d’Omelas, où les gens sont beaux et heureux, et où leur vie est intéressante et joyeuse. Mais à l’âge adulte, les citoyens d’Omelas apprennent peu à peu le sombre secret de leur ville : leur bonheur dépend de la souffrance d’un enfant qui est contraint de rester dans une pièce insalubre sous terre, et ils ne sont pas autorisés à le consoler ou à l’aider. « C’est l’existence de l’enfant, et la connaissance de son existence, qui rend possible la majesté de leur architecture, l’intensité poignante de leur musique, la profondeur de leur science. C’est à cause de l’enfant qu’ils sont si doux avec les enfants», écrit Le Guin.
La majorité des habitants d’Omelas continuent à vivre avec ce savoir, mais de temps en temps, l’un d’entre eux rend visite à l’enfant et ne revient pas, mais continue à marcher et abandonne la ville. L’histoire se termine ainsi : « […] ils marchent devant eux, dans l’obscurité, et ils ne reviennent pas. Le lieu vers où ils marchent est un lieu encore moins imaginable pour la plupart d’entre nous que la cité du bonheur. Je ne peux pas du tout le décrire. Il est possible qu’il n’existe pas. Mais ils semblent savoir où ils vont, ceux qui partent d’Omelas».

Le bureau du porte-parole des FDI a répondu que les FDI « n’opèrent que contre des cibles militaires et prennent toute une série de précautions pour éviter de blesser des non-combattants, notamment en lançant des avertissements à la population. En ce qui concerne les arrestations, tout soupçon de violation des ordres ou du droit international fait l’objet d’une enquête et est traité. En général, si l’on soupçonne un soldat de s’être mal comporté et d’avoir commis un acte criminel, une enquête est ouverte par la division des enquêtes criminelles de la police militaire ». [donc, circulez, ya rien à voir, NdT]

11/12/2024

السلطات المغربية تجرّم التضامن مع الشعب الفلسطيني : ⁠الحرية لإسماعيل الغزاوي
Les autorités marocaines criminalisent la solidarité avec le peuple palestinien : Liberté pour Ismail Lghazaoui !


Déclaration du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) au Maroc
11 décembre 2024
Traduit par Solidarité Maroc
(Original arabe après le français النص العربي بعد الفرنسية)

Le soir du 10 décembre, Journée internationale des droits humains, le tribunal d'Ain Sebaa à Casablanca a condamné le militant antisioniste Ismail Lghazaoui à un an de prison et à une amende de 5000 dirhams, la peine privative de liberté maximale en vertu de l'article 299-1 du Code pénal, au nom duquel Ismail a été accusé d'« incitation d'une ou plusieurs personnes à commettre un crime ou un délit » pour s'être adressé à des personnes dans la rue en les appelant à « assiéger » le consulat des USA pour dénoncer sa fourniture continue de matériel militaire à l'armée d'occupation pour commettre le génocide de la puissance occupante à Gaza.
Nous condamnons ce verdict arbitraire et le considérons comme une punition pour la solidarité d'Ismail avec le peuple palestinien et ses droits légitimes, d'autant plus que le ministère public n'a pas précisé à quel délit ou crime Ismail était accusé d'avoir incité, ce qui rend l'accusation juridiquement invalide. Ceci intervient dans un contexte préoccupant caractérisé par l'escalade des restrictions à toutes les formes de solidarité avec la cause palestinienne, à travers des poursuites judiciaires répétées et la répression continue des manifestations pacifiques dans de nombreuses villes marocaines.
Nous considérons ce jugement comme une violation claire des droits humains et du droit à la liberté d'expression au Maroc et comme un indicateur sérieux de la régression des acquis en matière de droits humains. La poursuite de ces politiques répressives menace les principes de justice et de dignité inscrits dans la constitution marocaine et contredit les obligations internationales en matière de droits humains que le Maroc a ratifiées.
Tout cela survient à un moment où l'attention devrait se concentrer sur le génocide en cours à Gaza, où des innocents sont tués quotidiennement par des bombardements brutaux, un siège étouffant, la famine et la privation de tous les moyens de subsistance et de traitement. Les souffrances du peuple palestinien continuent de s'aggraver dans un silence international honteux et avec la complicité des régimes ayant normalisé leurs relations avec l’entité sioniste, alors que soutenir la juste cause du peuple palestinien est devenu plus que jamais un devoir moral et humanitaire urgent qui ne peut être négligé ou reporté. Ismail Lghazaoui s'est acquitté de ce devoir avec courage et détermination, prouvant que la solidarité avec le peuple palestinien n'est pas un simple slogan, mais un engagement réel et permanent.
•    Nous exigeons la libération immédiate d'Ismail Lghazaoui et affirmons son innocence de toutes les charges retenues contre lui.
•    Nous considérons que le maintien en détention d'Ismail Lghazaoui est une honte, une atteinte flagrante au droit à la liberté d'expression et une criminalisation manifeste et inacceptable des demandes d'arrêt du génocide à Gaza et de soutien aux droits légitimes du peuple palestinien.
•     Nous affirmons que ce jugement injuste est une tentative désespérée et honteuse de faire taire les voix libres de millions de Marocains qui rejettent le projet de renforcement des relations des autorités marocaines avec l'entité d'occupation. Nous appelons tous les militants, les organisations de défense des droits humains, les organismes civils et la société civile au Maroc et dans le monde à s'engager activement dans la campagne de solidarité avec Ismail Lghazaoui et à exiger sa libération et celle de tous ceux qui ont été emprisonnés en raison de leur solidarité avec le peuple palestinien.
•    Nous considérons qu'avec cette décision, les autorités marocaines confirment leur criminalisation des actes de solidarité avec le peuple palestinien dans sa lutte légitime pour la libération.

•     Nous soulignons que cette décision est une provocation évidente qui ne fera que renforcer notre détermination à poursuivre notre juste lutte et notre soutien indéfectible à la cause palestinienne.  

  السلطات المغربية تجرّم التضامن مع الشعب الفلسطيني  : ⁠الحرية لإسماعيل الغزاوي
بيان حركة مقاطعة إسرائيل وسحب الاستثمارات منها وفرض العقوبات عليها بالمغرب
 11 ديسمبر 2024

نطقت ابتدائية عين السبع بالدار البيضاء مساء 10 دجنبر، الموافق لليوم العالمي لحقوق الإنسان، بالحكم على الناشط المناهض للصهيونية إسماعيل الغزاوي بسنة نافذة وغرامة 5000 درهم، وهي العقوبة الحبسية الأقصى حسب الفصل 299-1 من القانون الجنائي الذي توبع إسماعيل تحته بتهمة "تحريض شخص أو عدة أشخاص على ارتكاب جناية أو جُنحة" لأنه خاطب الناس في الشارع يدعوهم إلى "محاصرة" القنصلية الأمريكية للتنديد بتزويدها جيش الاحتلال بسيل مستمر من التجهيزات العسكرية التي ترتكب بها دولة الاحتلال إبادتها الجماعية في غزة.

ندين هذا الحكم التعسفيّ ونعتبره عقابًا على تضامن إسماعيل الغزاوي مع الشعب الفلسطيني وحقوقه المشروعة، خاصة أن النيابة العامة لم توضح ماهية الجنحة أو الجناية التي اتُهم إسماعيل بالتحريض عليها، مما يجعلُ المتابعة باطلة قانونيًا. يأتي ذلك في سياق مقلق يتسم بتصاعد مظاهر التضييق على كل أشكال التضامن مع القضية الفلسطينية، من خلال متابعات قضائية متكررة وقمع مستمر للوقفات الاحتجاجية السلمية في عديد المدن المغربية.

نعتبرُ هذا الحكم إنتهاكًا واضحًا لحقوق الإنسان والحق في حرية التعبير في المغرب ومؤشرًا خطيرًا على التراجع في المُكتسبات الحقوقية. إن استمرار هذه السياسات القمعية يهدد مبادئ العدالة والكرامة التي ينصّ عليها الدستور المغربي، ويتنافى مع الالتزامات الدولية التي صادق عليها المغرب في مجال حقوق الإنسان.

يأتي كلّ هذا في وقت يجب أن تنصب فيه الأنظار على الإبادة الجماعية المستمرة في غزة، حيث يُقتل الأبرياء يوميًا تحت القصف الوحشي والحصار الخانق والتجويع والحرمان من كل وسائل العيش والعلاج. تستمر معاناة الشعب الفلسطيني في التفاقم مع صمت دولي مخزٍ وتواطؤ واضح من الأنظمة المُطبعة، في حين أن دعم قضية الشعب الفلسطيني العادلة أصبح أكثر من أي وقت مضى واجبًا أخلاقيًا وإنسانيًا ملحاً لا يقبل التهاون أو التأجيل. واجبٌ حمله إسماعيل الغزاوي بشجاعة وإصرار، مُثبتًا أن التضامن مع الشعب الفلسطيني ليس مجرد شعارات، بل التزامًا فعليًا ودائمًا.

- نطالب بالإطلاق الفوري لسراح المناضل إسماعيل الغزاوي ونؤكد براءته من كلّ التهم الموجهة إليه.

- نعتبر استمرار احتجاز إسماعيل الغزاوي وصمة عار، واعتداءً صارخًا على الحق في حرية التعبير، وتجريمًا مكشوفاً غير مقبول للمطالبة بوقف الإبادة الجماعية في غزة ودعم الحقوق المشروعة للشعب الفلسطيني.

- نؤكد أن هذا الحكم الجائر محاولة يائسة ومخزية لإسكات الأصوات الحرة لملايين المغاربة الرافضين لخطة التقوية المستمرة لعلاقات السلطات المغربية مع كيان الاحتلال وندعو كافة المناضلات والمناضلين، التنظيمات الحقوقية، الهيئات المدنية، والمجتمع المدني في المغرب وحول العالم، إلى الانخراط بفعاليّة في حملة التضامن مع إسماعيل الغزاوي والمطالبة بإطلاق سراحه وسراح كل من تم وضعهم في السجن على خلفية تضامنهم مع الشعب الفلسطيني.

- نعتبر أن السلطات المغربية، بهذا الحكم، تؤكد تجريمها الفعل التضامني مع الشعب الفلسطيني في نضاله المشروع نحو التحرير.

- نؤكد أن هذا القرار استفزاز واضح لن يزيدنا إلا إصرارًا وعزيمة على مواصلة نضالنا العادل ودعمنا الثابت للقضية الفلسطينية.

.



العدالة الانتقالية وبناء السلطة القضائية المستقلة في سوريا
Transitional Justice and Building an Independent Judiciary in Syria
Justicia transicional y construcción de un poder judicial independiente en Siria
Justice transitionnelle et construction d'un système judiciaire indépendant en Syrie
Übergangsjustiz und Aufbau einer unabhängigen Justiz in Syrien
Giustizia di transizione e costruzione di un potere giudiziario indipendente in Siria

 

العدالة الانتقالية وبناء السلطة القضائية المستقلة في سوريا
مجموعة من أجل العدالة في سوريا

بدأت مع انقلاب 8 آذار/ مارس 1963 وإعلان حالة الطوارئ مرحلة اغتيال استقلال القضاء، وقد وقفت الرابطة السورية لحقوق الإنسان ونقابات المحامين في وجه القرارات الجائرة بحق القضاة والنقابات المهنية. مع اغتيال السلطة القضائية المستقلة استفردت الطغمة الأمنية بالسلطات التنفيذية والتشريعية والقضائية: قضاءُ تعليمات برسم الطاغية، مجلس شعب دون شعب منتخب، ووزراء يديرون أمور الدولة المخطوفة.
ستون عاما من الطغيان، ومن المقاومة المدنية... كلنا عانى من السجن والنفي والتنكيل، ولكن بقي الحلم ببناء دولة قانون أملنا في الخلاص وتخليص شعبنا من هذا الكابوس الذي عاش وأزمن وأجرم بحق أجيال.
لن يشوه ما فعله النظام المجرم وغيره، صفاء الرؤية عندنا، ونرفض منطق الثأر والقتل كذلك منطق القتل "المشروع" والقتل غير المشروع. إن مرجعيتنا في إقامة العدل تستند إلى المبادئ الإنسانية التي صدقت عليها الدول الإسلامية وغير الإسلامية والشرعة الدولية لحقوق الإنسان.
في العام/2004/ صدر تقرير الأمين العام للأمم المتحدة كوفي عنان- عن العدالة الانتقالية في مجتمعات الصراع. وقد عالج ثلاث قضايا رئيسية وهامة:
الأولى: تركيز الأمم المتحدة على مسألتي العدالة الانتقالية وسيادة القانون. في مجتمعات الصراع وما بعده.
الثانية: ايلاء "التقييمات والمشاركات والاحتياجات والأماني المحلية" الاهتمام المناسب وتقديم الدعم الأممي على هذا الأساس.
الثالثة: وجوب دعم الأمم المتحدة للدوائر المحلية المعنية بالإصلاح والمساعدة في بناء المؤسسات الوطنية لقطاع العدالة. اضافة الى ضرورة المساعدة على سد الفراغ في مجال سيادة القانون.
هذه المسائل الثلاثة نحن بأمس الحاجة لها في سوريا اليوم، لذا تم التواصل مع خمسين قاضيا ومحاميا وحقوقيا من مختلف المناطق السورية لتدريبهم بشكل مكثف على أساسيات العدالة الإنتقالية وفق تجارب الشعوب والسمات العيانية لكل بلد وفق التعريف الدولي للمصطلح «الآليات التى يجب أن يقوم بها المجتمع للتعامل مع تركة تجاوزات الماضى واسعة النطاق، بغية كفالة المساءلة وإقامة العدالة وتحقيق المصالحة». والتزامات سورية في العهد الخاص بالحقوق السياسية والمدنية المصدق عليه منذ 1968.
عدد من أهم الكفاءات الدولية التي عملت معنا في تدريب لتونس والسودان والمغرب جرى الاتصال معها لتكون في عداد المدربين ولبناء الهيئة العليا المستقلة للعدالة الانتقالية.
ستقوم هذه الهيئة بالتوثيق والرصد والملاحقة لكل الجرائم الجسيمة التي ارتكبت وترتكب بحق أبناء الشعب السوري في مختلف المناطق. ولن يفلت من العقاب أي شخص تلوثت يديه بدم السوريين.
إننا نتوجه إلى المجموعات المسلحة بالقول: لن يكون أحد منكم فوق القانون وخارج المحاسبة. كذلك لمن فر أو هرب من البلاد، العالم قرية صغيرة ولن يفلت من يرتكب جرائم جسيمة بحق أبناء سورية الحبيبة أو نهب أموال الناس من المحاسبة أينما كان.
إقامة العدالة هي ضمان بناء سوريا الحرة المستقلة الكريمة لكل أبنائها.
وقع على هذا المحضر: منظمات حقوقية ومدنية وشخصيات قانونية سورية من داخل وخارج البلاد.
ترسل أسماء من يُقسم على احترام هذا العهد إلى البريد الإلكتروني tribunalswatch@gmail.com
سيكون الإعلان عن أهم المبادرين والمبادرات في اليوم العالمي لحقوق الإنسان في
10/12/2024


Transitional Justice and Building an Independent Judiciary in Syria
Group for Justice in Syria, December 10, 2024, the International Human Rights Day
With the coup of March 8, 1963, and the declaration of a state of emergency, the phase of assassinating the independence of the judiciary began. The Syrian League for Human Rights and the lawyers' unions stood in the face of unjust decisions against judges and professional unions. With the assassination of the independent judiciary, the security junta monopolized the executive, legislative, and judicial powers: a judiciary at the tyrant’s behest, a people's assembly without elected people, and ministers who manage the affairs of the kidnapped state.
Sixty years of tyranny, of civil resistance... We all suffered from imprisonment, exile, and abuse, but the dream of building a state of law remained our hope for salvation and ridding our people of this nightmare that lived, lasted, and committed crimes against generations.
What the criminal regime and others did will not distort the clarity of our vision, and we reject the logic of revenge and killing as well as the logic of "legitimate" killing and illegal killing. Our reference in the administration of justice is based on humanitarian principles ratified by Muslim and non- Muslim countries and the International Bill of Human Rights.
In 2004, the United Nations Secretary-General Kofi Annan published a report entitled "Transitional Justice in Conflict Societies." It addressed three main and important issues:
First, the United Nations focuses on transitional justice and the rule of law in conflict societies and beyond.
Second, Give appropriate attention to "local assessments, participation, needs and aspirations" and provide international support based on this.
Third, the United Nations must support local reform services and help build national justice sector institutions. It also needs to help fill the vacuum in the field of the rule of law.
These three issues are urgently needed in Syria today, so we contacted fifty judges, lawyers, and human rights activists from various Syrian regions to intensively train them on the basics of transitional justice according to the experiences of people and the specific characteristics of each country according to the international definition of the term "mechanisms that society must undertake to deal with the legacy of large-scale past transgressions, to ensure accountability, establish justice and achieve reconciliation." Syria's obligations under the International Covenant on Civil and Political Rights, ratified in 1968.
Several of the most essential international competencies who worked with us in training Tunisia, Sudan, and Morocco were contacted to be among the trainers and build the Independent High Commission for Transitional Justice.
This body will document, monitor, and prosecute all grave crimes committed and are being committed against the Syrian people in various regions. No one whose hands are stained with Syrian blood will go unpunished.
We want to clarify to all armed groups that no one is above the law or can escape accountability. This also applies to those who have fled the country; the world is interconnected, and those who commit serious crimes against the people of Syria or steal from them will ultimately face justice, no matter where they are.
Establishing justice is essential for creating a free, independent, and dignified Syria for all its people.
This statement is supported by Syrian civil and human rights organizations and legal experts from within the country and abroad.
Please send the names of those who pledge to uphold this commitment to tribunalswatch@gmail.com so we can keep track of them.
We will announce the key initiators and initiatives on December 10, 2024, on International Human Rights Day.

Justicia transicional y construcción de un poder judicial independiente en Siria
Grupo por la Justicia en Siria, 10 de diciembre de 2024, Día Internacional de los Derechos Humanos
Con el golpe de Estado del 8 de marzo de 1963 y la declaración del estado de emergencia, comenzó la fase de asesinato de la independencia del poder judicial. La Liga Siria de Derechos Humanos y los sindicatos de abogados se opusieron a las decisiones injustas contra los jueces y los sindicatos profesionales. Con el asesinato del poder judicial independiente, la junta de seguridad monopolizó los poderes ejecutivo, legislativo y judicial: un poder judicial bajo los órdenes del tirano, una asamblea popular sin gente elegida y ministros que gestionan los asuntos del Estado secuestrado.
Sesenta años de tiranía, de resistencia civil... Todos sufrimos encarcelamiento, exilio y abusos, pero el sueño de construir un Estado de derecho siguió siendo nuestra esperanza de salvación y de librar a nuestro pueblo de esta pesadilla que vivió, duró y cometió crímenes contra generaciones.
Lo que hicieron el régimen criminal y otros no distorsionará la claridad de nuestra visión, y rechazamos la lógica de la venganza y la matanza, así como la lógica de la matanza «legítima» y la matanza ilegal. Nuestra referencia en la administración de justicia se basa en los principios humanitarios ratificados por los países musulmanes y no musulmanes y en la Carta Internacional de Derechos Humanos.
En 2004, el Secretario General de las Naciones Unidas, Kofi Annan, publicó un informe titulado «Justicia de transición en las sociedades en conflicto». En él se abordaban tres cuestiones principales e importantes:
Primero, las Naciones Unidas se centran en la justicia transicional y el Estado de derecho en las sociedades en conflicto y más allá.
Segundo, prestar la debida atención a «las evaluaciones, la participación, las necesidades y las aspiraciones locales» y proporcionar apoyo internacional en función de ello.
En tercer lugar, las Naciones Unidas deben apoyar los servicios locales de reforma y ayudar a crear instituciones nacionales del sector de la justicia. También deben ayudar a llenar el vacío existente en el ámbito del Estado de Derecho.
Estas tres cuestiones son urgentes en la Siria actual, por lo que nos pusimos en contacto con cincuenta jueces, abogados y activistas de derechos humanos de diversas regiones sirias para formarles intensivamente sobre los fundamentos de la justicia transicional de acuerdo con las experiencias de las personas y las características específicas de cada país según la definición internacional del término «mecanismos que la sociedad debe emprender para hacer frente al legado de transgresiones pasadas a gran escala, garantizar la rendición de cuentas, establecer la justicia y lograr la reconciliación.» Obligaciones de Siria en virtud del Pacto Internacional de Derechos Civiles y Políticos, ratificado en 1968.
Varias de las competencias internacionales más esenciales que trabajaron con nosotros en la formación de Túnez, Sudán y Marruecos fueron contactadas para formar parte de los formadores y construir la Alta Comisión Independiente para la Justicia Transicional.
Este organismo documentará, supervisará y perseguirá todos los graves crímenes cometidos y que se están cometiendo contra el pueblo sirio en diversas regiones. Nadie cuyas manos estén manchadas de sangre siria quedará impune.
Queremos aclarar a todos los grupos armados que nadie está por encima de la ley ni puede eludir la rendición de cuentas. Esto también se aplica a quienes han huido del país; el mundo está interconectado, y quienes cometan delitos graves contra el pueblo de Siria o le roben acabarán enfrentándose a la justicia, estén donde estén.
Establecer la justicia es esencial para crear una Siria libre, independiente y digna para todo su pueblo.
Esta declaración cuenta con el apoyo de organizaciones civiles y de derechos humanos sirias y de expertos jurídicos del país y del extranjero.
Por favor, envíen los nombres de quienes se comprometan a mantener este compromiso a tribunalswatch@gmail.com para que podamos seguirlos.
Anunciaremos los principales iniciadores e iniciativas el 10 de diciembre de 2024, en el Día Internacional de los Derechos Humanos.

Justice transitionnelle et construction d'un système judiciaire indépendant en Syrie
Groupe pour la justice en Syrie, 10 décembre 2024, Journée internationale des droits humains
Avec le coup d'État du 8 mars 1963 et la déclaration de l'état d'urgence, la phase d'assassinat de l'indépendance du pouvoir judiciaire a commencé. La Ligue syrienne des droits de l'homme et les syndicats d'avocats se sont opposés aux décisions injustes prises à l'encontre des juges et des syndicats professionnels. Avec l'assassinat de la justice indépendante, la junte sécuritaire a monopolisé les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire : une justice aux ordres du tyran, une assemblée populaire sans élus de peuple et des ministres qui gèrent les affaires de l'Etat kidnappé.
Soixante ans de tyrannie, de résistance civile... Nous avons tous souffert de l'emprisonnement, de l'exil et des abus, mais le rêve de construire un État de droit est resté notre espoir de salut et de débarrasser notre peuple de ce cauchemar qui a vécu, duré et commis des crimes contre des générations.
Ce que le régime criminel et d'autres ont fait ne faussera pas la clarté de notre vision, et nous rejetons la logique de la vengeance et du meurtre, ainsi que la logique du meurtre « légitime » et du meurtre illégal. Notre référence en matière d'administration de la justice se fonde sur les principes humanitaires ratifiés par les pays musulmans et non musulmans et sur la Charte internationale des droits humains.
En 2004, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a publié un rapport intitulé « La justice transitionnelle dans les sociétés en conflit ». Ce rapport aborde trois questions principales et importantes :
Premièrement, les Nations unies se concentrent sur la justice transitionnelle et l'État de droit dans les sociétés en conflit et au-delà.
Deuxièmement, accorder une attention appropriée aux « évaluations, à la participation, aux besoins et aux aspirations au niveau local » et fournir un soutien international sur cette base.
Troisièmement, les Nations unies doivent soutenir les services de réforme locaux et aider à mettre en place des institutions nationales dans le secteur de la justice. Elles doivent également contribuer à combler le vide dans le domaine de l'État de droit.
Nous avons donc contacté cinquante juges, avocats et militants des droits humains de différentes régions syriennes afin de les former de manière intensive aux bases de la justice transitionnelle en fonction des expériences des personnes et des caractéristiques spécifiques de chaque pays, conformément à la définition internationale du terme « mécanismes que la société doit entreprendre pour traiter l'héritage des transgressions passées à grande échelle, pour garantir la responsabilité, établir la justice et parvenir à la réconciliation ». Les obligations de la Syrie en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié en 1968.
Plusieurs des compétences internationales les plus essentielles qui ont travaillé avec nous pour former en Tunisie, au Soudan et au Maroc ont été contactées pour faire partie des formateurs et mettre en place la Haute Commission indépendante pour la justice transitionnelle.
Cet organe documentera, surveillera et poursuivra tous les crimes graves qui ont été commis et sont commis contre le peuple syrien dans diverses régions. Aucune personne dont les mains sont tachées de sang syrien ne restera impunie.
Nous voulons faire comprendre à tous les groupes armés que personne n'est au-dessus de la loi et ne peut échapper à ses responsabilités. Cela s'applique également à ceux qui ont fui le pays ; le monde est interconnecté, et ceux qui commettent des crimes graves contre le peuple syrien ou qui le volent finiront par être traduits en justice, où qu'ils se trouvent.
L'instauration de la justice est essentielle à la création d'une Syrie libre, indépendante et digne pour l'ensemble de son peuple.
Cette déclaration est soutenue par des organisations syriennes de défense des droits humains et civils, ainsi que par des experts juridiques syriens et étrangers.
Veuillez envoyer les noms de personnes qui s'engagent à respecter cet engagement à tribunalswatch@gmail.com afin que nous puissions assurer le suivi avec elles.
Nous annoncerons les principaux initiateurs et initiatives le 10 décembre 2024, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme. 

 
Übergangsjustiz und Aufbau einer unabhängigen Justiz in Syrien
Gruppe für Gerechtigkeit in Syrien, 10. Dezember 2024, Internationaler Tag der Menschenrechte
Mit dem Staatsstreich vom 8. März 1963 und der Ausrufung des Ausnahmezustands begann die Phase der Ermordung der Unabhängigkeit der Justiz. Die Syrische Liga für Menschenrechte und die Anwaltsverbände stellten sich ungerechten Entscheidungen gegen Richter und Berufsverbände entgegen. Mit der Ausschaltung der unabhängigen Justiz monopolisierte die Sicherheitsjunta die Exekutive, Legislative und Judikative: eine Justiz auf Geheiß des Tyrannen, eine Volksversammlung ohne ein gewähltes Volk und Minister, die die Angelegenheiten des entführten Staates verwalten.
Sechzig Jahre Tyrannei, ziviler Widerstand ... Wir alle litten unter Gefangenschaft, Exil und Misshandlung, aber der Traum vom Aufbau eines Rechtsstaats blieb unsere Hoffnung auf Erlösung und darauf, unser Volk von diesem Albtraum zu befreien, der über Generationen hinweg andauerte und Verbrechen beging.
Was das kriminelle Regime und andere getan haben, wird die Klarheit unserer Vision nicht trüben, und wir lehnen die Logik von Rache und Töten ebenso ab wie die Logik des „legitimen“ Tötens und des illegalen Tötens. Unsere Referenz in der Rechtspflege basiert auf humanitären Grundsätzen, die von muslimischen und nicht-muslimischen Ländern ratifiziert wurden, sowie auf der Internationalen Menschenrechtscharta.
Im Jahr 2004 veröffentlichte der Generalsekretär der Vereinten Nationen, Kofi Annan, einen Bericht mit dem Titel „Transitional Justice in Conflict Societies“. Darin wurden drei wichtige Hauptthemen behandelt:
Erstens konzentrieren sich die Vereinten Nationen auf Übergangsjustiz und Rechtsstaatlichkeit in Konfliktgesellschaften und darüber hinaus.
Zweitens: „Lokale Bewertungen, Beteiligung, Bedürfnisse und Bestrebungen“ angemessen berücksichtigen und darauf basierend internationale Unterstützung leisten.
Drittens müssen die Vereinten Nationen lokale Reformdienste unterstützen und beim Aufbau nationaler Institutionen des Justizsektors helfen. Sie müssen auch dazu beitragen, das Vakuum im Bereich der Rechtsstaatlichkeit zu füllen.
Diese drei Punkte sind in Syrien heute dringend erforderlich. Deshalb haben wir fünfzig Richter, Anwälte und Menschenrechtsaktivisten aus verschiedenen syrischen Regionen kontaktiert, um sie intensiv in den Grundlagen der Übergangsjustiz zu schulen, und zwar gemäß den Erfahrungen der Menschen und den spezifischen Merkmalen jedes Landes gemäß der internationalen Definition des Begriffs „Mechanismen, die die Gesellschaft ergreifen muss, um mit dem Erbe vergangener schwerwiegender Verstöße umzugehen, Rechenschaftspflicht zu gewährleisten, Gerechtigkeit herzustellen und Versöhnung zu erreichen“. Syriens Verpflichtungen gemäß dem Internationalen Pakt über bürgerliche und politische Rechte, der 1968 ratifiziert wurde.
Mehrere der wichtigsten internationalen Kompetenzträger, die mit uns bei der Schulung in Tunesien, Sudan und Marokko zusammengearbeitet haben, wurden kontaktiert, um zu den Ausbildern zu gehören und die Unabhängige Hohe Kommission für Übergangsjustiz aufzubauen.
Diese Einrichtung wird alle schweren Verbrechen, die gegen das syrische Volk in verschiedenen Regionen begangen wurden und werden, dokumentieren, überwachen und strafrechtlich verfolgen. Niemand, dessen Hände mit syrischem Blut befleckt sind, wird ungestraft davonkommen.
Wir möchten allen bewaffneten Gruppen klarmachen, dass niemand über dem Gesetz steht oder sich der Rechenschaftspflicht entziehen kann. Dies gilt auch für diejenigen, die aus dem Land geflohen sind. Die Welt ist vernetzt, und diejenigen, die schwere Verbrechen gegen das syrische Volk begehen oder es bestehlen, werden letztendlich vor Gericht gestellt, egal wo sie sich befinden.
Die Schaffung von Gerechtigkeit ist unerlässlich, um ein freies, unabhängiges und würdevolles Syrien für alle seine Menschen zu schaffen.
Diese Erklärung wird von syrischen Bürger- und Menschenrechtsorganisationen sowie Rechtsexperten aus dem In- und Ausland unterstützt.
Bitte senden Sie die Namen derjenigen, die sich zur Einhaltung dieser Verpflichtung verpflichten, an tribunalswatch@gmail.com, damit wir sie im Auge behalten können.
Wir werden die wichtigsten Initiatoren und Initiativen am 10. Dezember 2024, dem Internationalen Tag der Menschenrechte, bekannt geben.

Giustizia di transizione e costruzione di un potere giudiziario indipendente in Siria
Gruppo per la Giustizia in Siria, 10 dicembre 2024, Giornata internazionale dei diritti umani
Con il colpo di Stato dell'8 marzo 1963 e la dichiarazione dello stato di emergenza, è iniziata la fase di assassinio dell'indipendenza della magistratura. La Lega siriana per i diritti umani e i sindacati degli avvocati si sono opposti alle decisioni ingiuste contro i giudici e i sindacati professionali. Con l'assassinio della magistratura indipendente, la giunta di sicurezza ha monopolizzato i poteri esecutivo, legislativo e giudiziario: una magistratura agli ordini del tiranno, un'assemblea popolare senza un popolo eletto e ministri che gestiscono gli affari dello Stato sequestrato.
Sessant'anni di tirannia, di resistenza civile... Tutti noi abbiamo sofferto per la prigionia, l'esilio e gli abusi, ma il sogno di costruire uno Stato di diritto è rimasto la nostra speranza di salvezza e di liberare il nostro popolo da questo incubo che ha vissuto, è durato e ha commesso crimini contro le generazioni.
Ciò che il regime criminale e altri hanno fatto non distorcerà la chiarezza della nostra visione, e rifiutiamo la logica della vendetta e dell'uccisione, così come la logica dell'uccisione “legittima” e dell'uccisione illegale. Il nostro riferimento nell'amministrazione della giustizia si basa sui principi umanitari ratificati dai Paesi musulmani e non e sulla Carta internazionale dei diritti umani.
Nel 2004, il Segretario generale delle Nazioni Unite Kofi Annan ha pubblicato un rapporto intitolato “Transitional Justice in Conflict Societies”. Il rapporto affrontava tre questioni principali e importanti:
Primo, le Nazioni Unite si concentrano sulla giustizia di transizione e sullo Stato di diritto nelle società in conflitto e oltre.
Secondo, prestare adeguata attenzione alle “valutazioni, alla partecipazione, ai bisogni e alle aspirazioni locali” e fornire un sostegno internazionale basato su questo.
In terzo luogo, le Nazioni Unite devono sostenere i servizi locali di riforma e aiutare a costruire le istituzioni nazionali del settore giudiziario. Inoltre, devono contribuire a colmare il vuoto nel campo dello Stato di diritto.
Queste tre questioni sono urgentemente necessarie in Siria oggi, quindi abbiamo contattato cinquanta giudici, avvocati e attivisti per i diritti umani provenienti da varie regioni siriane per formarli in modo intensivo sulle basi della giustizia di transizione in base alle esperienze delle persone e alle caratteristiche specifiche di ogni Paese, secondo la definizione internazionale del termine “meccanismi che la società deve intraprendere per affrontare l'eredità di trasgressioni del passato su larga scala, per garantire la responsabilità, stabilire la giustizia e raggiungere la riconciliazione”. Gli obblighi della Siria ai sensi del Patto internazionale sui diritti civili e politici, ratificato nel 1968.
Alcune delle competenze internazionali più essenziali che hanno lavorato con noi nella formazione in Tunisia, Sudan e Marocco sono state contattate per essere tra i formatori e costruire l'Alta Commissione Indipendente per la Giustizia di Transizione.
Questo organismo documenterà, monitorerà e perseguirà tutti i gravi crimini commessi e che vengono commessi contro il popolo siriano in varie regioni. Nessuno che abbia le mani macchiate di sangue siriano resterà impunito.
Vogliamo chiarire a tutti i gruppi armati che nessuno è al di sopra della legge o può sfuggire alle responsabilità. Questo vale anche per coloro che sono fuggiti dal Paese; il mondo è interconnesso e coloro che commettono gravi crimini contro il popolo siriano o lo derubano alla fine dovranno affrontare la giustizia, indipendentemente da dove si trovino.
Stabilire la giustizia è essenziale per creare una Siria libera, indipendente e dignitosa per tutto il suo popolo.
Questa dichiarazione è sostenuta da organizzazioni siriane per i diritti civili e umani e da esperti legali del Paese e dell'estero.
Vi preghiamo di inviare i nomi di coloro che si impegnano a mantenere questo impegno a tribunalswatch@gmail.com, in modo che possiamo tenerne traccia.
Annunceremo i principali promotori e le iniziative il 10 dicembre 2024, in occasione della Giornata internazionale dei diritti umani.




09/12/2024

Syrie : comment les islamistes se sont emparés du pouvoir

 

Pierre Barbancey, L'Humanité, 8/12/2024

La capitale, Damas, est tombée dimanche 8 décembre sans coup férir et avec elle le régime baassiste mis en place par les Assad. Bachar a quitté le pays tandis que le chef djihadiste, Abou Mohammed Al Jolani, est entré triomphalement dans la grande mosquée des Omeyyades. Mais les différentes factions ne sont pas unies et les combats continuent notamment dans les zones kurdes.


Qui aurait pu penser qu’en seulement douze jours, le leader djihadiste Ahmed Al Sharaa, plus connu sous son nom de guerre de Abou Mohammed Al Jolani, à la tête de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), allait entrer sous les acclamations de la foule dans la fameuse et si belle mosquée des Omeyyades, à Damas ?

À l’inverse, c’est en catimini, sans doute dans la nuit de samedi à dimanche, que Bachar Al Assad s’est enfui vers une destination inconnue. La Russie ? L’Iran ? Interrogé à ce sujet, Anwar Gargash, conseiller du président des Émirats arabes unis (EAU), n’a pas nié pas qu’Assad s’était réfugié dans son pays. Mais il n’a pas non plus confirmé, maniant juste l’humour, une fois n’est pas coutume. « Lorsque les gens demandent où va aller Bachar Al Assad, je réponds qu’en y regardant de plus près, il s’agit d’une note de bas de page de l’Histoire », a-t-il lâché.

Ce n’est sans doute pas la préoccupation la plus importante en Syrie. La première expression de joie qui a prévalu a consisté à s’attaquer aux symboles du pouvoir. Les affiches à l’effigie de Bachar Al Assad ont été déchirées, les statues le représentant ainsi que celles de son père ont été déboulonnées. Jusqu’au drapeau national réduit en charpie et remplacé par un autre.

Des gages de bonne conduite

Les deux étoiles centrales vertes ont été remplacées par trois rouges et la bande rouge supérieure a laissé la place à une étoffe verte ! Mais l’euphorie pourrait bien laisser la place à la désillusion. Si, en Syrie comme ailleurs, tout le monde se réjouit de la chute des Assad, les forces qui ont pris leur place ne sont peut-être pas porteuses d’un avenir très réjouissant.

Depuis le début de l’offensive, Al Jolani fait preuve d’une rare intelligence politique. L’homme, né en 1984 à Deraa, au sud du pays, où ont démarré les premières manifestations en 2011, était pourtant plus préoccupé par le djihad que par les revendications sociales.

Parti en Irak en 2003, il côtoie très vite les leaders irakiens et jordaniens d’al-Qaida, puis les fondateurs de l’« État islamique » en Irak, qui va devenir l’« État islamique » en Irak et au Levant (EIIL) – Daech – après son expansion en Syrie. Al Jolani va fonder le front al Nosra à son retour au pays en 2011 après les premiers rassemblements contre le gouvernement. Il prêtera d’abord allégeance à l’organisation de Ben Laden avant de faire, officiellement, cavalier seul, développant un djihad national (qu’il n’a pas abandonné) en fondant Hayat Tahrir al-Cham.

Regroupé à Idleb, au nord, avec toutes les factions islamistes qui ont perdu du terrain après 2015 et l’arrivée de l’armée russe, il s’impose comme leader et compose avec la Turquie dont les 10 000 hommes postés dans cette province sont les garants d’un cessez-le-feu avec le pouvoir central. L’occasion d’un rapprochement et de la mise en place d’une aide logistique et matérielle de la part d’Ankara.

Mais, depuis le 27 novembre, il donne des gages de bonne conduite. Des signaux certainement destinés aux pays occidentaux. « La victoire que nous avons remportée est une victoire pour tous les Syriens. Bachar Al Assad a propagé le sectarisme et aujourd’hui notre pays appartient à nous tous ! » a-t-il affirmé dimanche. Quelques jours auparavant, il assurait que toutes les communautés avaient leur place en Syrie et appelait au retour de tous les réfugiés.

L’offensive qui a démarré le 27 novembre à Idleb, au nord du pays, et qui s’est terminée dimanche 8 décembre, dans la capitale, après avoir traversé Alep, Hama et Homs, est surtout révélatrice de l’inanité du pouvoir. Celui-ci tenait encore grâce à quelques poches où vivaient les populations alaouites – dont fait partie le clan Assad – et, pour les zones mixtes, grâce à une bourgeoisie sunnite prête à toutes les compromissions pourvu que son statut de classe soit préservé.

Mais, dans l’ensemble, c’est toute une population laborieuse, paysans et travailleurs, qui a fêté la chute d’un régime honni parce qu’incapable de comprendre et encore moins de répondre aux souffrances d’un peuple et de lui ouvrir un avenir autre que celui de l’allégeance ou de la prison.

Les franges les plus progressistes éradiquées

La répression menée par le régime autoritaire contre toute forme d’opposition a surtout éradiqué les franges les plus progressistes, qui ont perdu toute capacité d’organisation et d’expression. Ce qui n’est pas le cas des mouvements islamistes. Eux aussi traqués et emprisonnés, ils ont su garder, à travers les mosquées, un canal politique pour leurs messages d’autant plus difficile à maîtriser qu’ils étaient diffusés publiquement, au grand dam des moukhabarat, les agents des services de renseignements.

C’est ce qui s’est passé en Syrie où les difficultés économiques grandissantes dans les années 2000, l’abandon de l’ouverture politique et d’expression (le fameux « printemps de Damas ») remplacée par une répression féroce, et la mainmise du parti Baas (nationaliste arabe laïc) sur les institutions publiques, se sont traduites par une colère qui a explosé en 2011. Les seules forces organisées – bien que réprimées – se trouvaient être les organisations islamistes, notamment les Frères musulmans.

À l’extérieur, les pays européens, les États-Unis et les pays du Golfe mettaient sur pied une opposition dirigée par des intellectuels laïcs en exil, masquant un projet islamiste pourtant déjà présent. Le mouvement populaire, parti de Deraa, axé d’abord sur des revendications sociales, s’est vite tourné contre le pouvoir central, préférant les balles au dialogue. Dans cet espace se sont infiltrés des groupes armés, en place dès 2011 mais particulièrement actifs à partir de 2012, notamment avec l’arrivée d’al-Qaida puis de Daech.

De nombreuses questions demeurent et la situation est loin d’être claire. Les images sur les réseaux sociaux – comme celles de Jolani entrant dans la mosquée des Omeyyades – ne sauraient faire oublier que les combats se poursuivent dans le pays et sur plusieurs fronts. Le HTS a décidé de se concentrer sur les villes de Lattaquié et de Tartous, sur la côte méditerranéenne.

Les forces venues du Sud, plus hétéroclites et moins disciplinées que les djihadistes, sont d’abord entrées à Damas. Certaines unités ont alors décidé de se diriger vers Deir ez-Zor, en prenant au passage un village détenu par Daech, toujours en embuscade dans la vallée de l’Euphrate, très actif ces derniers mois, et dont on ne sait pas encore comment il va se comporter vis-à-vis des autres groupes.

Le rôle de Tel-Aviv

Mais, pour l’Armée nationale syrienne (ANS), composée de factions islamistes et créée par la Turquie, l’objectif numéro un est les zones kurdes. D’importants combats avaient lieu ce 8 décembre à Manbij, dans le gouvernorat d’Alep, au sud de Kobané, opposant l’ANS aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les groupes de combattants kurdes YPG et YPJ.

Le but de l’ANS réside dans la destruction de l’Administration autonome du nord-est syrien (Aanes) en s’appuyant sur les communautés arabes. Celles-ci ont, jusque-là, accepté les autorités kurdes par rejet du pouvoir central. Elles pourraient bien se retourner contre les Kurdes à la faveur de l’arrivée des islamistes de l’ANS.

L’enjeu syrien n’est pas que national. Avec la disparition du pouvoir baasiste, les cartes sont redistribuées. Personne n’ignore plus le rôle de Tel-Aviv, qui, en bombardant les positions du Hezbollah en Syrie, a facilité la progression de HTS. Israël a d’ailleurs pris, dimanche, le contrôle du versant syrien du mont Hermon sur le plateau du Golan, selon Haaretz. Et les Kurdes ont coupé les voies d’approvisionnement du Hezbollah par l’Iran.

La Russie et l’Iran, principaux alliés de Bachar Al Assad, n’ont pas pu (certains disent pas voulu) le sauver, se bornant à protéger son départ de Syrie. Les discussions entamées au Qatar avec la Turquie n’ont rien donné. Recep Tayyip Erdogan savait qu’il n’avait rien besoin de concéder.

08/12/2024

Agir pour sauver Mohamed Lamine Haddi, prisonnier sahraoui depuis 14 ans

 Cristina Martínez, Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis (MPPS), 8/12/2024
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Nous avons commencé les rassemblements pour les prisonniers politiques sahraouis le 1er mars 2021, alors que Mohamed Lamine Haddi   était en grève de la faim depuis 48 jours. Nous avions déjà vécu beaucoup d'angoisse avec une autre grève très longue, celle de Bachir Khadda. Voir les jours passer et sa situation se dégrader de plus en plus et ne rien faire, c'était multiplier l'impuissance. C'est pourquoi nous avons décidé de nous rassembler devant le ministère des Affaires étrangères à Madrid pour exiger une intervention de l'Espagne afin de lui sauver la vie.

Trois ans et neuf mois se sont écoulés. Nous sommes toujours là, essayant de faire connaître la situation de ces prisonniers politiques sahraouis qui souffrent tellement, sans défense, humiliés, torturés, en isolement pendant des années, dans des conditions carcérales indignes allant de la nourriture à l'hygiène, et enfin, privés de traitement médical.

Haddi est dans cette situation. Il est en isolement depuis plus de 7 ans - 7 ans d'isolement est une idée inacceptable -, dans une cellule souterraine sans fenêtre, la nourriture qu'on lui donne est dégoûtante et il doit l'acheter au magasin, de la nourriture froide, toujours ; enfin, il la commande parce qu'il ne peut pas bouger de sa cellule.



Sur la pancarte que nous lui avons dédiée, nous avons indiqué quelques-unes des maladies qu’on ne veut pas lui soigner : infection de l'oreille, fièvre, mal de dos, asthme, énurésie, il peut à peine voir.

Haddi se plaignait de son oreille. Elle est infectée depuis 7 ans. Il se plaint, se plaint et il n'y a rien à faire. Ils ne la soignent pas. Avant, il avait mal à la tête, bien sûr. Maintenant, les douleurs sont infernales, et la fièvre, et l'insomnie. C'est très grave. Et l'administration pénitentiaire ne permet pas le transfert à l'hôpital prescrit par le médecin – car enfin, un médecin l'a visité. Il est peut-être trop tard, mais ils doivent l'emmener à l'hôpital et essayer de le soigner.

Que peut-on faire ? Écrivez au plus grand nombre possible d'organisations et d'ONG. Faites passer le message. Faites-le savoir. Faites honte au Maroc. Faites pression sur le gouvernement espagnol au parlement. Il y a un hashtag #SaveHaddi.

Ce lundi, comme ce premier lundi d’il y a presque quatre ans, nous allons le dédier à Haddi, avec toute notre affection et notre admiration. Et le ministre nous verra par la fenêtre et peut-être se dira-t-il qu'il doit essayer de le sauver.

➤Lundi 9 décembre 2024, 12h30, Plaza de la Provincia, Madrid

LETTRE AU MINISTRE ALBARES
   
S.E. Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères,
Union européenne et coopération
    Plaza de la Provincia
    28012 - Madrid

    Madrid, le 6 décembre 2024

Objet : Haddi, très gravement malade et sans soins médicaux

Votre Excellence, Monsieur le Ministre,

Le médecin de la prison de Tifelt 2 (Maroc) est enfin descendu dans la cellule de Mohamed Lamine Haddi pour examiner son oreille, alerté par la forte fièvre et les terribles douleurs. Vous avez déjà été informé à plusieurs reprises de l'infection de l'oreille de Haddi. Il souffre de cette infection depuis 7 ans à cause des coups qu'il a reçus pendant les séances de torture. Pendant tout ce temps, il n'a reçu aucun soin médical. Vous ne semblez pas non plus vous être préoccupé de son état.
Le médecin a vérifié la gravité de l'infection, qui peut entraîner d'autres complications. En fait, son diagnostic est que Haddi souffre d'une septicémie et d'une tumeur grave, qu'il ne peut pas traiter. La vie de Haddi est en danger. Il doit être transporté à l'hôpital. Mais cette procédure ne relève pas automatiquement du médecin. C'est Haddi qui a dû s'adresser à l'administration pénitentiaire, qui a conditionné son transfert au port de l'uniforme attribué aux assassins. Haddi a refusé, comme d'autres prisonniers politiques sahraouis, pour la simple raison qu'il n'est pas un criminel, mais une victime.
L'administration pénitentiaire marocaine, bien que connaissant la gravité de l'état de santé de Haddi diagnostiqué par un médecin, s'acharne à l'humilier et à ne pas lui fournir les soins de santé urgents dont il a besoin.
Pour ajouter la barbarie à la barbarie, l'administration pénitentiaire a menacé Haddi de représailles - plus ? - s'il révélait à sa famille ou aux organisations de défense des droits humains que son transfert à l'hôpital lui était refusé.
Cela fait des années que le Maroc prolonge son agonie, juste pour le faire souffrir et pour se moquer de tout le monde. Et cela touche à sa fin. Il est affligeant de voir la vie d'un homme supprimée de sang-froid.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous faire quelque chose pour tenter de lui sauver la vie ? Évitez cette nouvelle complicité.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler pourquoi vous avez cette obligation.

Cristina Martínez Benítez de Lugo
Participante au Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis





Actuar para salvar a Mohamed Lamine Haddi, preso saharaui desde hace 14 años

Cristina Martínez , Movimiento por los Presos Políticos Saharauis (MPPS), 8-12-2024

Empezamos las concentraciones por los presos políticos saharauis el 1 de marzo de 2021, cuando Mohamed Lamine Haddi llevaba 48 días de huelga de hambre. Ya habíamos pasado mucha angustia con otra huelga muy larga, la de Bachir Khadda. Ver pasar los días que agravaban cada vez más su situación y no hacer nada era multiplicar la impotencia. Por eso decidimos concentrarnos ante el Ministerio a reclamar algún tipo de implicación por parte de España para salvarle la vida.

Han pasado tres años y nueve meses. Seguimos ahí, intentando difundir la situación de esos presos políticos saharauis que están sufriendo tantísimo, indefensos, humillados, torturados, en aislamiento por años, en unas condiciones carcelarias indignas que van desde la comida a la higiene, y por fin, negados de tratamiento médico.

Haddi está en esa circunstancia. Lleva más de 7 años en aislamiento -7 años de aislamiento es un concepto inasumible-, en una celda subterránea sin ventana, la comida que le pasan es asquerosa y se la tiene que comprar en la tienda, comida fría, siempre; bueno, la encarga porque no se puede mover de su celda.

En la pancarta que le tenemos dedicada hemos señalado algunas de las enfermedades que no le quieren curar, oído infectado, fiebre, dolor de espalda, asma, enuresis, casi no ve.

Haddi venía quejándose del oído. Lo tiene infectado desde hace 7 años. Reclama, reclama y no hay nada que hacer. No le curan. Le dolía la cabeza, claro. Ahora, los dolores son infernales, y la fiebre, y el insomnio. Está muy grave. Y la administración de la cárcel no permite el traslado al hospital que prescribió el médico -por fin le visitó un médico-. A lo mejor ya es tarde igual, pero tienen que llevarle al hospital e intentar curarle.

¿Qué se puede hacer? Escribir a todos los organismos y ONG que se pueda. Difundirlo. Que se sepa. Avergonzar a Marruecos. Presionar al Gobierno en el Parlamento. Hay un hashtag #SaveHaddi.

Nosotros, este lunes, como ese primer lunes de hace casi cuatro años, se lo vamos a dedicar a Haddi, con todo nuestro cariño y admiración. Y el ministro nos verá desde la ventana y a lo mejor se le ocurre que tiene que intentar salvarle.

➤Lunes 9 de diciembre de 2024, 12:30 horas, plaza de la Provincia, Madrid

CARTA AL MINISTROS ALBARES

    Excmo. Sr. ministro de Asuntos Exteriores,
Unión Europea y Cooperación
    Plaza de la Provincia
    28012 - Madrid

    Madrid, 6 de diciembre de 2024

Asunto: Haddi, gravísimo y sin asistencia médica

Excmo. Sr. ministro,

El médico de la prisión de Tifelt 2 (Marruecos) bajó por fin a la celda de Mohamed Lamine Haddi a examinarle el oído, alertado por la alta fiebre y los dolores terribles. De la infección en el oído de Haddi ya ha sido Vd. informado en varias ocasiones. Haddi lleva 7 años arrastrando esa infección a raíz de los golpes recibidos durante las sesiones de tortura. Durante todo este tiempo no ha recibido atención médica. Tampoco Vd. parece haberse preocupado por su dolencia.
El médico ha comprobado la gravedad de la infección, que puede causar otras complicaciones. De hecho su diagnóstico es que Haddi sufre sepsis y un grave tumor, que él no puede tratar. La vida de Haddi está en peligro. Hay que llevarlo al hospital. Pero no es ese un trámite automático en manos del médico. Es Haddi quien ha tenido que presentar una solicitud ante la Administración penitenciaria, que ha condicionado su traslado a que se vistiera con el uniforme asignado a los asesinos. Haddi se ha negado, como se han negado otros presos políticos saharauis, por la sencilla razón de que no es un criminal, es una víctima.
La Administración penitenciaria marroquí, aun sabiendo la gravedad del estado de salud de Haddi diagnosticada por un médico, se dedica a humillarle y a no prestarle la atención sanitaria urgente que necesita.
Para añadir barbarie a la barbarie, la Administración de la prisión ha amenazado a Haddi con represalias -¿más?- si contaba a su familia o a organizaciones de derechos humanos que le estaban negando su traslado al hospital.
Marruecos lleva años prolongando su agonía, sólo para que sufra y para escarmiento de todos. Y está llegando al final. Es angustioso ver cómo se están llevando la vida de un hombre a sangre fría.
Sr. ministro, ¿se le ocurre algo que pueda Vd. hacer por intentar salvarle la vida? Evite esta nueva complicidad.
No hace falta recordarle por qué tiene Vd. esa obligación.

Cristina Martínez Benítez de Lugo
Participante en el Movimiento por los Presos Políticos Saharauis





And still we write وما زلنا نكتب
Recent work by Palestinian poets & actions you can take to stop genocide now

It has been more than a year of this genocidal siege on Gaza, with Israeli forces now expanding their attacks on people, homes, and hospitals to the West Bank and Lebanon. The loss, the suffering, and the violence are unrelenting. At every turn, we hear of entire family lines erased from the civil registry; that Gaza’s rubble could take ten or fifteen years to clear; that it could require three and a half centuries to rebuild; that every school and university has been destroyed.

And then there’s the incalculable loss of adults, children, and babies: gone.  Sometimes, in the face of all this, it feels as though nothing can be said. And yet Palestinians in Gaza continue to write, even in the most difficult of circumstances. And they continue to imagine a different world.  Here, we bring together Palestinian writers in and from Gaza to imagine a future. Recollections of this past year, reflections on where they are now, and thoughts about where they might be tomorrow all come together in this small chapbook.
 

We begin with a moment of silence. In his poem “Amjad,” translated by Wiam El-Tamami, Nasser Rabah writes about trying to find someone to listen to his grief about losing his closest friend: “Who will listen to me tell the story of Amjad? / Who will give me their heart—and a moment of silence?” After our shared silence, Nasser tells us about where he now writes, in his bombed-out home. “Only two rooms on the ground floor remain: this is where my entire family lives now. In a corner of one of the rooms, I curl up and write.”
 

The poet Batool Abu Akleen echoes what many have said about how they must go on writing, despite everything. She has been displaced, and she describes writing among the tents: “You’re sitting and everyone around you is just sitting and watching what you’re doing. It doesn’t feel good at all, but I’m doing it, because poetry is what keeps me alive. It’s what protects me from going insane.”
 

In her poem “A Miracle,” Asmaa Dwaima imagines not a future so much as a wonderment: “A miracle that allows us to start over. / The hand of God wipes away a year, / And takes us one year back. / A miracle: / That’s all I want.”

In this collection, we also remember the many journalists who were targeted and killed by Israeli forces. Poet Heba Al-Agha commemorates two of them in her poem “For Ismail Al-Ghoul and Rami Al-Rifi.” The pair were killed on July 31, 2024 while, according to Reporters Without Borders, they were in an isolated white car in the middle of an empty street, both wearing press vests.  
We include one work by a writer who is not from Gaza: Palestinian poet Samer Abu Hawwash.

The final poem in this collection is his “We Will Lose This War,” translated by Huda Fakhreddine, because it speaks so urgently to both loss and futurity. As he writes, “When our killers look into mirrors, / they will not see their faces, / but ours, many of us, in the mist. / They will finally realize that they have become nothing / but memories of ghosts in the great abyss. / They will never understand how they annihilated us / then annihilated us,/ then annihilated us, / and yet could not erase from their mirrors / our shining image.”
 

These poems and reflections do not exist separately from their authors, nor from the place and time in which they were com- posed. They are not here for passive reading. And so, at the end of this collection, we leave you with suggested actions.

As poet Rasha Abdulhadi has written:

Wherever you are, whatever sand you can throw on the gears of genocide, do it now.”


Download book