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22/07/2025

ODED CARMELI
Quand les Israéliens ont-ils cessé de lire des livres ?

En Israël, un livre salué par la critique peut se vendre à 200 exemplaires, voire un seul. Les lecteurs ne s’intéressent plus au célèbre romancier David Grossman : ils préfèrent la littérature érotique et la propagande de droite.


Lire tout en tenant un parapluie en équilibre et en flottant dans la mer Morte, au début du XXe siècle. Photo : Bibliothèque du Congrès, Science Photo Library

Oded Carmeli, Haaretz, 20/7/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


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Oded Carmeli (Kfar Saba, 1985) est un poète, journaliste et éditeur israélien vivant à Tel Aviv. En 2006, il a cofondéKetem, un fanzine littéraire avant-gardiste (2006-2008), ainsi que le premier Festival de poésie de Tel Aviv (2007). Il travaille actuellement comme rédacteur et écrit pour plusieurs journaux et magazines, dont Hava ALehaba (Allons vers l’avenir.), fondée en 2011, à laquelle est rattachée une maison d’édition, Hava Laor, créée en 2015. Carmeli a remporté le prix « Poetry for the Road » de Tel Aviv en 2008.Bibliographie


 Si vous visitez la bibliothèque publique Beit Ariela à Tel Aviv, vous n’en croirez pas vos yeux. L’endroit est bondé. La salle de lecture est pleine à craquer, la salle d’étude est bondée, et n’espérez pas trouver une place à une table dans la bibliothèque Rambam. Mais comme dans le sketch « Cheese Shop » des Monty Python, il manque une chose : les livres.

De nombreuses autres formes d’activité humaine s’y déroulent. Les architectes dessinent, les avocats tamponnent des documents, les monteurs vidéo montent des films. Ils font tout sauf lire des livres.

J’ai vu un homme en chemise déchirée s’approcher d’une étagère et en sortir un gros ouvrage intitulé « Encyclopédie des idées ». « Waouh, me suis-je dit, voilà quelqu’un qui aime approfondir ses connaissances ! » Mais il a posé le livre à plat et a placé son ordinateur portable dessus. Il avait raison. C’est mieux pour les articulations quand le clavier est surélevé.

Bas du formulaire

Il y a peu, la bibliothèque a publié une annonce sur Facebook (je pense que la municipalité de Tel Aviv bat tous les autres gouvernements locaux du monde en matière de publicités par habitant). La vidéo montre un homme qui s’approche d’une bibliothécaire et lui demande : « Avez-vous le nouveau livre de... » Mais la bibliothécaire l’interrompt : « Oh ! Les livres, c’est un bon début. Laissez-moi vous montrer ce que nous avons d’autre à la bibliothèque. »

Elle lui montre ensuite des choses  comme un studio de podcast et une imprimante 3D. Et quand le pauvre garçon lui rappelle : « Mais tu m’avais promis de me prêter ce livre », elle lui propose des conférences, des ateliers et des spectacles. J’avais envie de crier : « Donne-lui ce livre ! Ce garçon veut un livre ! Il est la preuve vivante que quelqu’un veut encore lire des livres ! »


Des visiteurs travaillant sur leurs ordinateurs portables à la Bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem. Photo Yahel Gazit

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Un bon livre publié par un bon éditeur et bénéficiant de bonnes critiques se vend à environ 500 exemplaires de nos jours (oui, ça inclut les livres électroniques et les livres audio). Un livre plus populaire se vendra à 1 000 exemplaires, et un best-seller pourra atteindre les 10 000 exemplaires.

Il y a dix ans, un livre ordinaire se vendait à 1 000 exemplaires, un livre à succès à quelques milliers et un best-seller atteignait les dizaines de milliers. Mais la population de lecteurs a diminué. Israël connaît une explosion démographique, mais l’Israël intellectuel est en voie d’extinction.

En réalité, un livre encensé par la critique peut se vendre à 200 ou 300 exemplaires. Et un livre qui fait la une des journaux du week-end peut ne pas se vendre à un seul exemplaire ce week-end-là.

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Selon le ministère de la Culture, 74 % de la population dans la colonie d’Efrat, en Cisjordanie ont emprunté des livres à leur bibliothèque locale en 2022, contre seulement 8 % à Tel Aviv. Dans la colonie de Kiryat Arba, 71 % des habitants étaient abonnés à une bibliothèque, contre 10 % à Kfar Sava.

Dans la colonie d’Elkana, ce chiffre était de 62 % ; à Metula, dans le nord, il était de 13 %. Tout comme dans les unités d’élite de l’armée, chaque année, on voit de plus en plus de personnes portant la kippa dans les bibliothèques, les librairies et les salons du livre.

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Chaque année, des sondages sur la lecture sont publiés pendant la Semaine du livre hébreu. Par exemple, le quotidien Israel Hayom a publié une enquête montrant que l’année dernière, 51 % des Israéliens ont lu entre un et cinq livres, 18 % entre six et dix, 10 % entre onze et vingt, 19 % plus de vingt, et 2 % ont donné la réponse étrange : « Je ne m’en souviens pas ».

Mais les sondages mentent. Ou plutôt, les personnes interrogées mentent. Il n’est pas agréable d’admettre son ignorance. Comment le sais-je ? Parce que si 51 % des Israéliens lisaient réellement entre un et cinq livres par an, nous, les éditeurs, serions millionnaires.

Pour savoir combien lisent réellement les Israéliens, il faut creuser profondément dans les données fournies par le Bureau central des statistiques. En 2022, les dépenses moyennes des ménages en Israël s’élevaient à 17 600 shekels (4 490€) par mois. Sur ce montant, les ménages consacraient en moyenne 22 shekels [=5,61€] à l’achat de livres, soit un peu plus 0,1%.

En 2003, ces chiffres étaient respectivement de 10 139 shekels [=2587€] et 19,1 shekels [=4,87€], soit près de 0,2%. En bref, les Israéliens dépensent aujourd’hui deux fois moins pour les livres qu’il y a vingt ans.

Étant donné que le prix moyen d’un livre neuf est d’environ 80 shekels [=20€], une famille moyenne de 3,17 personnes achète aujourd’hui un tiers de livre par mois, y compris les livres pour enfants et les livres religieux. Ainsi, l’Israélien moyen, qui dépense 7,07 shekels [=1,80€] par mois en livres, atteint le montant total nécessaire pour acheter un livre tous les 11,5 mois. En d’autres termes, les Israéliens achètent un livre par an. (Ils l’achètent, mais cela ne signifie pas qu’ils le lisent.)


La bibliothèque publique Beit Ariela à Tel Aviv pendant une grève. Photo Daniel Bar-On

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La bonne question n’est pas pourquoi nous avons arrêté de lire. Après tout, lire n’est pas une partie de plaisir ; se saouler ou boire en regardant une émission culinaire à la télévision est bien plus agréable.

La bonne question est pourquoi les gens lisent. Et la réponse est que jusqu’à récemment, tout le monde s’accordait à dire qu’il était impossible d’être cultivé sans lire de livres. Et tout le monde s’accordait à dire qu’une personne cultivée était un euphémisme pour désigner une personne intelligente.

Il n’y a pas si longtemps, les membres de la classe moyenne invitaient leurs amis dans leur salon et voulaient paraître cultivés. Ils leur demandaient donc : « Avez-vous lu le dernier roman d’A. B. Yehoshua ? Et si vous ne le faisiez pas, vous étiez humilié. Vous étiez un idiot.

Mais aujourd’hui, quiconque poserait cette question serait considéré comme un idiot. C’est ainsi que les lecteurs de la classe moyenne ont été éliminés.

Le problème, bien sûr, c’est qu’il est vraiment impossible d’être intelligent sans lire de livres. Mais aujourd’hui, vous pouvez obtenir une licence et une maîtrise – en littérature – sans vraiment lire quoi que ce soit. Vous en ressortirez complètement idiot, mais avec un diplôme.

C’est dommage, car toute l’histoire de l’humanité (dans tous les domaines, de la physique à l’architecture, de l’intellect aux émotions) est codée dans un code spécial, et les livres sont le moyen le moins cher et le plus démocratique de le déchiffrer.

Tout le monde peut désormais se rendre dans un magasin physique ou en ligne et, à un prix raisonnable, acheter une biographie d’Hitler et savoir qui était Hitler. Mais les gens écouteront 100 épisodes de podcasts sur Hitler ou regarderont 1 000 documentaires Netflix sur le Führer et éviteront la source.

Pourquoi ? Parce que le lendemain, devant la machine à café au travail, ils pourront recommander un documentaire Netflix. Mais il est impossible de recommander une biographie de Ian Kershaw. Recommander un livre ? Parler de livres ? C’est une source de honte. Les livres sont passés d’un signe d’honneur à une marque de Cain.


La librairie Matmon dans le quartier Teder de Tel Aviv. Photo Avshalom Halutz

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En 2014, des chercheurs de l’université de Haïfa ont découvert que l’Israélien sioniste religieux moyen ouvrait un livre six fois par mois, contre deux fois par mois pour l’Israélien laïc moyen. Pour l’Israélien moyen dont la relation à la religion est qualifiée de « traditionnelle », ce chiffre était d’une fois par mois.

Au cours de la décennie qui a suivi, l’appétit intellectuel des sionistes religieux s’est accru, tandis que celui des laïcs s’est réduit aux dimensions de celui des Israéliens « traditionnels ». Il s’agit là d’un changement tectonique dans les habitudes de lecture des Israéliens. Les religieux ont également commencé à lire des livres laïques, tandis que les laïcs ont cessé de lire.

En 2019, Dvir Sorek, un soldat issu d’une yeshiva hesder – qui combine le service militaire et l’étude de la Torah – a été tué dans une attaque terroriste dans le bloc de colonies de Gush Etzion. Son père, Yoav Sorek, est l’un des chroniqueurs sionistes religieux les plus en vue et le rédacteur en chef du journal Hashiloach.

Dvir, âgé de 19 ans, a été poignardé à mort alors qu’il tenait un livre à la main du célèbre romancier David Grossman. Il avait acheté cette œuvre une heure plus tôt comme cadeau de fin d’année pour son rabbin.

Peut-on imaginer un adolescent de Tel Aviv lire Grossman ? Peut-on imaginer un adolescent de Tel Aviv acheter un livre de Grossman pour l’offrir à son professeur ?


Projection d’un film palestinien à la librairie Café Yafa à Jaffa. Photo Avshalom Halutz

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Lorsque la police a fait une descente dans une succursale de la librairie Educational Bookshop à Jérusalem-Est cet hiver, les gauchistes se sont empressés de citer Heine, le poète allemand qui a écrit : « Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler les hommes. » Si seulement la moitié des personnes qui ont été si choquées achetaient un seul livre – à Jérusalem-Est ou à Jérusalem-Ouest – et le lisaient réellement, le Messie viendrait.

Mais en réalité, la distance culturelle entre les forces de police du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et les personnes qui le détestent est faible, et elle ne cesse de se réduire.

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« Fahrenheit 451 » (c’est un livre) raconte l’histoire de soi-disant pompiers dans un monde futuriste dont le travail consiste à brûler des livres. Mais il s’avère qu’il ne s’agit que de pyrotechnie, car les gens ont tout simplement cessé de lire. Une loi interdisant la lecture n’est promulguée que bien plus tard. Vous voulez vous engager dans la résistance ? Lisez un livre.

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Quiconque souhaite acheter une bibliothèque peut faire défiler des dizaines de photos de beaux modèles sans jamais voir un seul livre. Au lieu de livres, les bibliothèques servent à ranger des bibelots, des poteries, de la vaisselle en porcelaine, des plantes grimpantes et des trains miniatures. Même le mot « bibliothèque » cède peu à peu la place à des alternatives telles que « armoire », « étagère » ou « solution de rangement ».

Il n’y a pas si longtemps, un salon sans bibliothèque était une anomalie. Mais bientôt, ce sera l’inverse. Le salon comprendra une cuisine ouverte, un canapé et un écran géant, et personne ne regrettera ces livres aux couvertures abîmées, ces témoins de notre identité.

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Le romancier usaméricain Joshua Cohen m’a dit un jour qu’en yiddish, un mur recouvert de livres s’appelait « papier peint juif ».

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La nouvelle coutume qui consiste à laisser des livres dans la rue à la disposition de toute personne intéressée ne peut être interprétée que d’une seule manière : les vivants ne sont pas enclins à hériter des trésors culturels des morts. Fils et filles, petits-fils et petites-filles se lamentent devant les riches bibliothèques de leurs mères et pères, grands-pères et grands-mères.

Ils feuillent rapidement les livres de science-fiction, les biographies de grands hommes, les classiques russes qui semblent contenir toutes les souffrances du monde, et ils ne peuvent se résoudre à les jeter à la poubelle. Ils posent donc les livres sur un banc en espérant que quelqu’un d’autre les trouvera intéressants. Mais bien sûr, il n’y a personne d’autre.

Il existe une vieille blague au sein du parti de gauche Meretz qui dit que chaque fois que l’on entend une ambulance, c’est soit un gauchiste qui meurt, soit un droitier qui naît. On pourrait également dire que chaque fois que l’on entend une ambulance, c’est soit un lecteur qui meurt, soit un téléspectateur qui naît.


Bibliothèque nationale d’Israël. Photo Yahel Gazit

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Les éditeurs reviennent des salons du livre de Paris et de Francfort comme s’ils avaient assisté à une résurrection. Il y a vraiment des lecteurs, rapportent-ils. La littérature est bien vivante à l’étranger.

Ce n’est bien sûr pas tout à fait exact. Le voile de l’ignorance tombe sur le monde entier. C’est une pandémie d’ignorance. Mais la littérature francophone, avec environ 80 millions de lecteurs en Europe, peut survivre en marge. Et la littérature germanophone, avec plus de 90 millions de lecteurs, peut survivre et même prospérer en marge, car les marges de l’Allemagne sont larges.

Mais la littérature hébraïque ne peut pas survivre comme un passe-temps, à l’instar de la philatélie ou de la photographie naturaliste. Elle n’existerait tout simplement pas. Les frontières de la littérature hébraïque s’étendent du Jourdain à la mer Méditerranée. Et à l’intérieur de ces frontières, on compte environ 6 millions de locuteurs natifs de l’hébreu qui lisent également de la littérature profane. C’est tout.

Si ces 6 millions de personnes ne lisent pas de livres traduits, rien ne sera traduit en hébreu. Si ces 6 millions de personnes ne s’intéressent pas à la non-fiction, il n’y aura pas de non-fiction en hébreu. Et si ces 6 millions de personnes ne lisent pas de poésie, il n’y aura pas de poésie en hébreu.

La « littérature de la diaspora » est une absurdité hédoniste. Personne n’imprimera un livre en hébreu pour les 20 000 Israéliens de Berlin ou les 5 000 du nord du Portugal. Tous deux dépendent de la république littéraire d’Israël. Et la république littéraire d’Israël dépend de trois ou quatre librairies indépendantes situées dans ou à proximité de la rue Allenby à Tel Aviv.

« Si Hamigdalor n’existait pas, je ne trouverais pas de littérature originale », m’a confié un ami éditeur, en référence à la librairie située rue Mikveh Israel.


Hamigdalor

Lorsque j’ai écrit cet article, le livre le plus vendu sur le site web de la librairie en ligne Ivrit, la plus grande librairie en ligne d’Israël pour les livres électroniques et l’une des plus importantes pour les livres imprimés, était le premier ouvrage de la série « Billionaires of Manhattan » : « Most Eligible Billionaire ». La traduction en hébreu a été publiée par Darling Publishing, un éditeur dont vous n’avez sûrement jamais entendu parler.

Voici un résumé du livre : « La rumeur dit que Henry, génie des affaires, est tout aussi doué au lit. Et oui, il est irrésistible. Du sexe dans un costume à 7 000 dollars. Mais... il est arrogant et agaçant. ... Il n’y a aucune chance que ce sourire narquois me fasse craquer. ... De toute façon, qui a besoin de culottes ? »


Ahmad Muna, l’un des propriétaires de la librairie Educational Bookshop à Jérusalem-Est, est assis devant son magasin fermé après une descente de la police israélienne en mars. Photo Olivier Fitoussi

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Comme chacun sait, la lecture est inversement proportionnelle à la qualité de l’écriture. « L’année dernière a vu une augmentation significative du nombre de livres publiés, avec plus de 1 000 nouveaux titres », se vantait un communiqué de presse d’une maison d’édition indépendante qui a atterri dans ma boîte mail. La société ajoutait une citation festive de son PDG : « Le rayon livres israélien s’est considérablement enrichi en 2024. »

J’ai donc demandé à l’agent de relations publiques combien d’exemplaires de chacun de ces 1 000 livres avaient été vendus en moyenne. Je n’ai pas obtenu de réponse.

Mais avec des éditeurs comme ceux-là, au moins, vous savez à quoi vous attendre. Malheureusement, même les vrais éditeurs ont cessé de vendre des livres aux lecteurs. À la place, ils vendent désormais des livres aux écrivains.

Pour publier quelques centaines d’exemplaires d’un livre chez Nine Lives Press, il faut compter entre 35 000 [=8 900€] et 50 000 shekels [=12 750€]. Selon les rumeurs qui circulent dans le milieu, chez les grands éditeurs comme Yedioth ou Kinneret, ce plaisir pourrait même vous coûter 90 000 shekels [= 23 000€].

Je pense que toute cette industrie des rêves et des cauchemars est immorale. Il n’y a aucune différence entre quelqu’un qui aborde une fille dans un centre commercial, la complimente sur sa beauté et lui propose de lui créer un book de mannequin tout en sachant pertinemment que personne ne le regardera jamais, et un éditeur ou un rédacteur en chef qui publie un livre dont il sait qu’il ne vaut rien, encaisse le chèque et renvoie le pauvre écrivain chez lui pour écouter le chant des criquets.

Mon objectif n’est pas de protéger les auteurs, mais les lecteurs. Qui regarderait la télévision si un programme sur trois était financé par des acteurs qui rêvent de passer à l’écran ? Qui visiterait une galerie d’art qui expose 100 artistes par an si la moitié de leurs œuvres étaient méprisables, mais que la galerie ne vous disait pas lesquelles, car la moitié qu’elle considérait comme méprisables finançait l’autre moitié qu’elle considérait comme exceptionnelles ?

Un livre dont la publication est financée par l’auteur devrait comporter un avertissement, tout comme les cigarettes ou les céréales pour petit-déjeuner riches en sucre. Pourquoi un article de journal intitulé « Cinq conseils pour les jeunes qui contractent un emprunt immobilier » doit-il être étiqueté « contenu promotionnel », alors que le même auteur peut s’acheter un livre documentaire et le laisser trôner parmi tous les autres ouvrages sur les étagères ?

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Une autrice dont le premier roman a été publié par une grande maison d’édition s’est un jour épanchée sur mon épaule. « Personne ne s’intéresse à mon livre, m’a-t-elle confié, parce que tout le monde pense que je l’ai payé. »

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Les quelques personnes qui se sont rendues à la Semaine du livre hébreu à Tel Aviv l’année dernière se souviennent sans doute des deux files d’attente qui ont fait fleurir le désert.

L’une était une file de jeunes filles hurlantes qui roulaient des valises vides dans le but de les remplir de littérature érotique. (Adel Yahalomim est apparemment la maison d’édition la plus rentable d’Israël.)

L’autre était une file de jeunes hommes tendus qui prenaient soin de détourner les yeux des jeunes filles qui criaient. Ils se dirigeaient vers des maisons d’édition de droite. (Sella Meir est apparemment la deuxième maison d’édition la plus rentable d’Israël.)

Il y a dix ans, l’écrivain Gabriel Moked m’a dit que la gauche était en train de perdre parce qu’elle s’était débarrassée de ses atouts intellectuels et avait cessé de soutenir la publication de revues et de livres. C’était une réponse bizarre à une question sur « le problème de la gauche », et il était tellement évident qu’il cherchait de l’argent pour ses revues et ses livres que je l’ai enfoui au fond de mon esprit. Mais aujourd’hui, je me rends compte qu’il avait tout à fait raison.

Lorsque la droite veut quelque chose, elle ne lance pas une campagne, elle publie des ouvrages volumineux, comme les deux livres en hébreu de Simcha Rothman, membre du parti Sionisme religieux : « Le parti de la Cour suprême » et « Pourquoi le peuple devrait-il choisir les juges ? ». Il existe également un recueil d’écrits traduits de l’ancien juge de la Cour suprême usaméricaine Antonin Scalia ; le titre du livre en hébreu se traduit par « Au nom de la loi ». Les éditeurs de droite proposent ensuite ces ouvrages à prix réduit – « le pack judiciaire » – sans aucune gêne.

Il existe également un coffret intitulé « Les fondements de la démocratie », qui comprend des ouvrages des commentateurs de droite Gadi Taub, Nave Dromi et Erez Tadmor, ainsi que le « coffret Ben Shapiro », qui comprend le best-seller « Comment débattre avec les gauchistes et les détruire : 11 règles pour gagner le débat ». Le ministre des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, a un jour qualifié Sella Meir d’« arme intellectuelle ». Il avait raison.

Sifriyat Shibolet, une coentreprise de Sella Meir et du Fonds Tikvah qui traduit des ouvrages conservateurs étrangers, compte actuellement 3 000 abonnés. Combien de personnes sont encore abonnées à Sifriya La’am, un projet de la maison d’édition Am Oved qui propose à ses abonnés des ouvrages originaux et traduits en hébreu ?

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Dans dix ans, il ne restera plus ici que des cafards, Benjamin Netanyahou [s’il n’est pas dans une cellule à La Haye, NdT] et de la littérature [prétendument] érotique.



21/07/2025

HAGAI EL-AD
Vous avez un enfant dans l’armée israélienne ? Vous pourriez être les parents d’un criminel de guerre

Où est le procureur général militaire ? Le chef d’état-major de l’armée israélienne ? La procureure générale ? Le chef de l’opposition à la Knesset ? Le président de la Knesset ? Le président ? Silence. Nous sommes en train de massacrer.

Hagai El-Ad,Haaretz, 20 juillet 2025 

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Ils disent aux gens affamés de venir chercher de la nourriture à 11 heures, mais ceux-ci, indisciplinés et affamés, arrivent à 10 heures. Alors ils ordonnent aux soldats de les bombarder, de les mitrailler, de les abattre. Et les soldats, soldats juifs disciplinés, les bombardent, les mitraillent, les abattent. Par dizaines, par centaines.

Avez-vous un enfant qui sert sur un bateau lance-missiles israélien ? Peut-être avez-vous un enfant qui est un criminel de guerre. Artilleur ? Tireur d’élite ? Et bien sûr, avant tout, pilote ?

Réfléchissez-y : vous pourriez être les parents d’un criminel de guerre. Si votre enfant ne l’était pas, il ne bombarderait pas des gens indisciplinés et affamés qui se sont présentés une heure plus tôt. Des gens qui sont venus une heure plus tôt parce qu’ils avaient faim, affamés parce que nous les avons affamés.

C’est pire que Kafr Qasem –le tristement célèbre massacre de 1956 de 47 citoyens palestiniens d’Israël qui ont été abattus par la police des frontières pour avoir enfreint sans le savoir un couvre-feu.

C’est bien pire. Pas seulement à cause du « drapeau noir » marquant les ordres manifestement illégaux qui a été réduit à l’état de chiffon, et pas seulement à cause de l’ampleur terrifiante et infiniment plus grande des crimes commis. C’est bien pire encore à cause du silence – et du soutien public général en Israël, de part et d’autre du mur.

Après tout, il est clair pour tous ceux qui vivent ici qu’il n’y aura pas d’autre procès de Kafr Qasem, et qu’il n’y aura certainement pas de procès de Nuremberg pour nos criminels de guerre – le haut commandement militaire et les dirigeants politiques. Il n’y aura rien, pas même une amende de 10 centimes, comme la peine infligée au commandant de brigade jugé responsable de Kafr Qasem.

Où est l’avocate générael militaire ? Elle reste silencieuse. Elle doit être occupée à améliorer le mécanisme de dissimulation – pardon, je veux dire « d’enquête » – des Forces de défense israéliennes.

Et le chef d’état-major de l’armée israélienne ? Il est certainement en train de chercher dans le dictionnaire la signification de cette expression désormais courante, « être guidé par des valeurs ». Mais il n’y trouve que du vide, car c’est précisément pour ça que nous avons inventé cette expression. Pour ne pas parler de moralité, pour oublier : « Tu ne tueras point ».

Et où est la procureure générale ? Occupée avec Bibi, et le défendant devant la Cour internationale de La Haye. Et où est le chef de l’opposition à la Knesset ? Laissez-nous rire. Et où est le président de la Knesset ? C’est une bonne blague. Le président ? Bof. Silence, nous sommes en train de massacrer.

Vous souvenez-vous de tous les discours prononcés à l’occasion du 50e anniversaire de la guerre du Kippour, quelques jours avant le 7 octobre, dans lesquels on affirmait avoir compris le « poids de la responsabilité » et tiré les leçons du passé ? Et comment tout ce verbiage s’est révélé être un ramassis de conneries, de mots vides de sens, dans les kibboutzim près de la frontière avec Gaza, à Sderot, à Ofakim et au festival Nova ? Des fleuves de sang et d’horreur impossibles à comprendre et qui ne le seront jamais.

Au-dessus de tout cela règne une leadership qui n’a rien appris, un Premier ministre machiavélique qui a l’honneur de détrôner Golda Meir de son titre de pire Premier ministre de l’histoire d’Israël – un gouvernement composé des pires nullités qui tiennent des discours grandiloquents, derrière lesquels il n’y a rien non plus. Une démonstration de leçons apprises au lieu de modestie et de bon sens.

Vous vous souvenez de tout ça ? Alors souvenez-vous aussi de tous les discours prononcés lors de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, de toutes les cérémonies, de tous les cours à l’école. Nous avons appris de l’Holocauste non seulement que les Juifs ne seraient plus jamais sans défense, mais aussi que les soldats juifs ne seront jamais comme eux. Vous vous souvenez ? Voici un autre océan de paroles creuses, un autre tas de conneries. Des prétentions vides d’engagement envers les valeurs humaines fondamentales – et une réalité faite de corps brisés partout dans la bande de Gaza.

Des mots comme du sable, pourris jusqu’aux fondations – et les corps pourrissent sous le sable.

On peut déjà imaginer la montagne de détritus qui va s’accumuler au sujet de la « nécessité militaire », du danger probable, de la complexité de la situation et de l’évaluation des renseignements. Et bien sûr, la proportionnalité et les procédures qui ont été clarifiées, ah, les procédures !

Mais comment est-il possible de supporter tous ces mots blanchis ? Après tout, tout le monde connaît la « nécessité » ; nous savons tous ce qu’Israël fait à Gaza : détruire autant que possible, tuer autant que possible.

Syrie : centenaire de la Victoire d'Al Kafr
سوريا: الذكرى المئوية لانتصار الكَفْر
Syria: Centenary of Al-Kafr victory

د. ريم منصور سلطان الأطرش

اليوم 21 تموز، هو الذكرى المئوية لانطلاق الثورة السورية الكبرى، بمعركة الكَفْر المظفّرة.

تُرى، ماذا ينتظرنا اليوم من أحداث؟!

في بيانه إلى السلاح، أعلن القائد العام سلطان الأطرش أن الهدف الأول للثورة هو توحيد البلاد السورية ساحلا وداخلا (أي توحيد بلاد الشام كلها التي مزقتها اتفاقيات سايكس بيكو 1916، ومهّدت لوعد بلفور 1917)، والهدف الثاني للثورة هو الاستقلال.

وبعد مئة عام، ها نحن نواجه التحدّيات ذاتها في بلادنا، الهادفة لتفتيتها... تُرى، هل نكون نحن على مستوى تلك التحديات اليوم لنقوم بمواجهتها ونعود لتوحيد بلاد الشام، كما كان هدف ثورة ال 1925؟ أم أن هذه البلاد استحقت رجالاتها ونساءها من مؤسسي دولتها، لكننا نحن لم نستحقها هي لأننا لم نحافظ على سيادتها واستقلالها برموش عيوننا؟!

Dr. Rim Mansour Sultan al-Attrache

Aujourd'hui, 21 juillet, marque le centenaire du début de la Grande Révolution syrienne, avec la bataille victorieuse de Kafr.

Que nous réservent les événements d'aujourd'hui ?

Dans son appel aux armes, le commandant en chef Sultan al-Atrash a déclaré que le premier objectif de la révolution était d'unifier le pays syrien, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur (c'est-à-dire unifier l'ensemble du pays du Levant, déchiré par les accords Sykes-Picot de 1916, qui ont ouvert la voie à la promesse Balfour de 1917), et que le deuxième objectif était l'indépendance.

Cent ans plus tard, nous sommes confrontés aux mêmes défis dans notre pays, qui visent à le diviser... Sommes-nous aujourd'hui à la hauteur de ces défis pour les relever et revenir à l'unification du Levant, comme le voulait la révolution de 1925 ? Ou bien ce pays méritait-il ses hommes et ses femmes qui ont fondé son État, mais nous ne le méritons pas parce que nous n'avons pas préservé sa souveraineté et son indépendance au prix de notre vie ?

Dr. Reem Mansour Sultan al-Atrash

Today, July 21, marks the 100th anniversary of the start of the Great Syrian Revolution with the victorious Battle of Al-Kafr.

What events await us today?

In his statement to the armed forces, Commander-in-Chief Sultan al-Atrash declared that the primary goal of the revolution was to unite Syria, both inside and outside its borders (i.e., to reunite the entire Levant, which had been torn apart by the Sykes-Picot Agreement of 1916 and paved the way for the Balfour Declaration of 1917). The second goal of the revolution was independence.

A hundred years later, we are facing the same challenges in our country, which aim to fragment it... Are we up to the task of facing these challenges today and reuniting the Levant, as was the goal of the 1925 revolution? Or did this country deserve its men and women who founded it, but we did not deserve it because we did not defend its sovereignty and independence with our lives? 




 Syria's Revolution Against French Mandate (1925-1937)

These documents describe the French occupation of Syria and Lebanon in the period following World War I, with a particular focus on the Great Syrian Revolt (1925–1937). The sources detail French strategies for control, including military repression, economic pressure, and attempts to exploit local divisions. The documents also illustrate the resistance of the Druze, the people of Hauran, and the Lajja, highlighting the grievances that drove the population to revolt, such as taxation and land confiscation. In addition, they reveal attempts to organise the revolution and unite national ranks, as well as internal leadership challenges and tribal divisions that influenced the course of events.

La révolution syrienne contre le mandat français (1925-1937)

Ces documents décrivent l'occupation française de la Syrie et du Liban après la Première Guerre mondiale, en mettant particulièrement l'accent sur la Grande Révolte syrienne (1925-1937). Les sources détaillent les stratégies françaises pour maintenir leur contrôle, notamment la répression militaire, la pression économique et les tentatives d'exploitation des divisions locales. Les documents illustrent également la résistance des Druzes, des habitants du Hauran et de la Lajja, et mettent en évidence les injustices qui ont poussé la population à se soulever, telles que l'imposition de taxes et la confiscation des terres. En outre, ils révèlent les tentatives d'organisation de la révolution et d'unification des rangs nationaux, ainsi que les défis liés au leadership interne et les divisions tribales qui ont influencé le cours des événements.

الثورة السورية الكبرى ضد الانتداب الفرنسي 

(1937-1925)

تصف هذه الوثائق الاحتلال الفرنسي لسوريا ولبنان في الفترة التي تلت الحرب العالمية الأولى، مع التركيز بشكل خاص على الثورة السورية الكبرى (1925-1937). تُفصّل المصادر الاستراتيجيات الفرنسية للسيطرة، بما في ذلك القمع العسكري، والضغط الاقتصادي، ومحاولات استغلال الانقسامات المحلية. كما توضح الوثائق مقاومة الدروز وأهل حوران واللجاة، وتبرز المظالم التي دفعت السكان للانتفاض، مثل فرض الضرائب وسلب الأراضي. بالإضافة إلى ذلك، تكشف عن محاولات تنظيم الثورة وتوحيد الصفوف الوطنية، إلى جانب تحديات القيادة الداخلية والانقسامات القبلية التي أثرت على مسار لأحداث.


 

TIGRILLO L. ANUDO
La “defensa preventiva” como justificación del genocidio y colonialismo

Tigrillo L. Anudo, 21-7-2025

Superioridad, supremacía blanca, colonialismo, apartheid, globalización, Darwinismo social, tiranía, saqueo, explotación, capitalismo neoliberal, modernidad. Han sido durante seis siglos los pedales que mueven el mundo.

Esos mecanismos feroces y brutales terminaron naturalizados. El genocidio ha sido la economía política impuesta a la humanidad durante seis siglos. La estrategia de la defensa preventiva violatoria del Derecho Internacional Humanitario ha sido usada siempre por los países colonialistas, también por las oligarquías nacionales que se alían con grupos paramilitares.

La acumulación originaria despojó de sus medios de producción a poblaciones aborígenes, negras y campesinas desde la antigüedad. La colonización de América, África y Asia ya no la hacen esclavistas con leyes sino con bombardeos. Y dicen que es para prevenir ataques inminentes; no dicen que es para evitar la independencia y soberanía de los países subyugados.

El capitalismo tardío de Inteligencia Artificial, dominio financiero y bases militares no será el que haga retroceder la barbarie que el mismo reproduce. El capitalismo es cadena de muerte lenta para muchos y vida larga para pocos. El sometimiento y el despotismo son sus valores supremos.

El águila mayor y su socio imperial, el águila menor, continuarán sus sentencias condenatorias contra la dignidad y la autodeterminación de los pueblos. Serán los valores democráticos y socialistas de las nuevas sociedades las que liberarán al mundo de la tiranía universal. Los pueblos dirigidos por gobernantes sensatos empiezan a unirse con acciones diplomáticas y comerciales contra el régimen sionista agresor. La iniciativa de emergencia por Palestina emprendida por Sudáfrica y Colombia son dignas de emulación.

De Donald Trump se puede esperar cualquier brutalidad. Un presidente que se ufana de ostentar el mal, su carencia de empatía y su sinvergüenzura (varios delitos imputados). Es él quien corre a ponerle la silla al genocida Netanyahu en La Casa Blanca. El sionismo es la política de Estado del país del norte. El mundo debe pedirle cuentas al principal sostén militar y económico de la máquina criminal israelí. La banalización del mal que advertía la filósofa Hannah Arendt es hoy una desastrosa realidad.

Los gobiernos de Estados Unidos e Israel - potencias nucleares- son un peligro para la paz mundial y la supervivencia de la especie humana. Estados Unidos es el único país que lanzó bombas atómicas contra otro país. Arrastran como cómplices a los gobiernos europeos, sumisos, serviles y arribistas.

El gran creador del narco es Estados Unidos. Difama y sataniza a gobiernos considerados enemigos (China, México, Colombia, Afganistán). Quien hace proliferar los narcos son los Estados Unidos, se beneficia de sus transacciones al interior de sus fronteras. Usa su "política antidrogas" para intervenir en los regímenes políticos que no le gustan.

Israel, culpable del aumento de la mortalidad infantil en el planeta, aprendió a crear muerte en Palestina, su laboratorio de 75 años. Todas sus armas usadas contra la inerme población palestina fueron las mismas que provocaron los asesinatos de centroamericanos, colombianos, peruanos, chilenos y argentinos en la represión política a los inconformes. Sus sistemas de espionaje son usados en México y Colombia para "chuzar" líderes políticos-populares, periodistas. Sus estrategias paramilitares fueron implementadas por los escuadrones narcotraficantes en Colombia.

Es urgente una defensa preventiva frente a los causantes de tanto dolor e ignominia.

¡No más materias primas, ni insumos, ni compras, ni oxígeno, ni tranquilidad para Netanyahu!



 

 

20/7/2025 : Frantz Fanon a 100 ans turns 100 years cumple 100 años

 




20/07/2025

GIDEON LEVY
C’est clair : Israël a désormais un plan pour procéder au nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza

Quelqu’un l’a conçu, il y a eu des discussions sur les avantages et les inconvénients, des alternatives ont été proposées, et tout ça s’est déroulé dans des salles de conférence climatisées. Pour la première fois depuis le début de la guerre de vengeance à Gaza, il est clair qu’Israël a un plan – et celui-ci est ambitieux.

Gideon Levy, Haaretz, 20/7/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Adolf Eichmann a commencé sa carrière nazie en tant que chef de l’Agence centrale pour l’émigration juive au sein de l’agence de sécurité chargée de protéger le Reich. Joseph Brunner, le père du chef du Mossad David Barnea, avait trois ans lorsqu’il a fui l’Allemagne nazie avec ses parents, avant la mise en œuvre du plan d’évacuation.


La semaine dernière,
Barnea, le petit-fils, s’est rendu à Washington afin de discuter de l’« évacuation » de la population de la bande de Gaza. Barak Ravid a rapporté sur Channel 12 News que Barnea avait déclaré à ses interlocuteurs qu’Israël avait déjà entamé des pourparlers avec trois pays sur cette question, et l’ironie de l’histoire s’est cachée, honteuse. Un petit-fils d’un réfugié victime d’un nettoyage ethnique en Allemagne discute de nettoyage ethnique, et aucun souvenir ne lui vient à l’esprit.

Pour « évacuer » deux millions de personnes de leur pays, il faut un plan. Israël y travaille. La première étape consiste à transférer une grande partie de la population dans un camp de concentration afin de faciliter une expulsion efficace.

Bas du formulaire

La semaine dernière, la BBC a publié un reportage d’investigation basé sur des photos satellites, montrant la destruction systématique menée par les Forces de défense israéliennes dans toute la bande de Gaza, village après village, des localités sont rayées de la carte, rasées pour faire place à un camp de concentration, afin que la vie à Gaza ne soit plus possible.

Les préparatifs pour le premier camp de concentration israélien battent leur plein. Une destruction systématique est en cours dans toute l’enclave afin qu’il n’y ait plus aucun endroit où retourner à part le camp de concentration.

Pour mener à bien ces travaux, des bulldozers sont nécessaires. La BBC a présenté deux offres d’emploi. L’une décrivait « un projet de démolition de bâtiments à Gaza nécessitant des conducteurs de bulldozers (40 tonnes). Le salaire est de 1 200 shekels (308€) par jour, repas et hébergement compris, avec la possibilité d’obtenir un véhicule privé ». La deuxième annonce précisait que « les horaires de travail sont du dimanche au jeudi, de 7 h à 16 h 45, avec d’excellentes conditions de travail ».

Israël commet en silence un crime contre l’humanité. Il ne s’agit pas ici de détruire une maison ici et là, ni de répondre à des « nécessités opérationnelles », mais d’éliminer systématiquement toute possibilité de vie dans cette région, tout en préparant les infrastructures nécessaires pour concentrer la population dans une ville « humanitaire » destinée à servir de camp de transit – avant expulsion vers la Libye, l’Éthiopie et l’Indonésie, les destinations indiquées par Barnea, selon Channel 12.



Tel est le plan pour le nettoyage ethnique de Gaza. Quelqu’un l’a conçu, il y a eu des discussions sur les avantages et les inconvénients, des alternatives ont été proposées, des options de nettoyage total ou par étapes ont été envisagées, et tout cela s’est déroulé dans des salles de conférence climatisées, avec des procès-verbaux et des décisions prises. Pour la première fois depuis le début de la guerre de vengeance à Gaza, il est clair qu’Israël a un plan, et qu’il est ambitieux.

Ce n’est plus une guerre sans fin. On ne peut plus accuser Benjamin Netanyahou de mener une guerre sans but. Cette guerre a un but, et c’est un but criminel. On ne peut plus dire aux commandants de l’armée que leurs soldats meurent sans raison : ils meurent dans une guerre de nettoyage ethnique.

Le terrain est prêt, on peut passer au transfert des personnes, les annonces sont en cours de publication. Une fois le transfert de la population achevé, et lorsque les habitants de la ville humanitaire commenceront à regretter leur vie parmi les ruines, entre famine, maladie et bombardements, il sera possible de passer à la dernière étape : le placement forcé dans des camions et des avions à destination de leur nouvelle patrie tant attendue, la Libye, l’Indonésie ou l’Éthiopie.

Si l’entreprise d’aide humanitaire a coûté la vie à des centaines de personnes, la déportation en coûtera des dizaines de milliers. Mais rien n’empêchera Israël de réaliser son projet.

Oui, il y a un plan, et il est plus diabolique qu’il n’y paraît. À un moment donné, des gens se sont assis et ont concocté ce complot. Il serait naïf de penser que tout cela s’est produit tout seul. Dans 50 ans, les procès-verbaux seront rendus publics, et nous saurons qui était pour et qui était contre ce plan. Qui a pensé à peut-être laisser un hôpital intact.

Outre les fonctionnaires et les politiciens, il y avait également des ingénieurs, des architectes, des démographes et des membres du service budgétaire. Il y avait peut-être aussi des représentants du ministère de la Santé. Nous le saurons dans 50 ans.

Pendant ce temps, le chef de l’Agence centrale pour l’émigration palestinienne, David Barnea, a mis en place une étape supplémentaire. C’est un haut fonctionnaire obéissant, qui n’a jamais causé de friction avec ses supérieurs. Cela vous dit quelque chose ? C’est le héros de la campagne d’amputations massives par talkie-walkie. Si vous l’envoyez sauver des otages, il y va. Si vous l’envoyez préparer la déportation de millions de personnes ? Pas de problème pour lui. Après tout, il ne fait qu’obéir aux ordres.

LYNA AL TABAL
Sur l’extermination par la faim des Gazaoui·es

Dr Lyna Al TabalRai Al Youm, 20/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Mohammed, un enfant gazaoui de 12 ans, a perdu son père hier. Il ne reste plus de sa famille que des visages affamés qui s’échangent des regards... rien que des regards. En temps de famine, personne n’appelle personne par son nom. Le nom ne convient pas à un estomac vide.


Et Gaza est pleine de noms qui n’ont plus de voix. On dit : « Un enfant est mort », « Une femme est morte », mais personne ne demande : « Qui ? Comment s’appelait-il ? » Car quand l’humain a faim, il perd son identité, sa voix, son image, et même son droit à un nom.

Un enfant de douze ans pèse vingt-cinq kilos, on peut compter ses côtes une à une, elles sont aussi visibles qu’une carte, mais elles ne mènent nulle part. Sa peau est tendue sur ses os, il n’y a pas de couche de graisse pour protéger son corps. Ses bras sont si maigres que ses mains semblent plus grandes que ses avant-bras, et ses doigts sont très longs. Son ventre est creusé... Mohammed marche, si on peut appeler ça marcher, ça ressemble plutôt à un rampement ou à un glissement... Son visage est petit, ses joues creuses, ses yeux très grands en raison de l’atrophie des muscles qui les entourent. Sa voix est faible, fatiguée. Il respire parfois rapidement, en raison de la faiblesse de la masse musculaire de son appareil respiratoire. Sa peau est sèche, comme si la mer de Gaza ne l’avait plus humidifiée, elle est squameuse et d’une couleur pâle. Ses ongles sont tachetés de blanc et ses cheveux sont clairsemés et tombent.

Les médecins appellent ça une malnutrition aiguë et chronique... Moi, j’appelle ça l’alliance arabo-israélienne pour l’extermination des Gazaoui·es.

Des dizaines de martyrs tombent chaque jour, sous les bombardements et aussi de faim... Aujourd’hui, l’armée d’occupation, qui a vu 54 de ses soldats se suicider à cause du nœud gazaoui, peut se reposer... La série de suicides secoue la société israélienne de l’intérieur, comme un tremblement de terre : plus besoin de faire bombarder par nos fils et filles... Ici, à Gaza, la faim est plus forte que les balles, que toutes les armes de votre armée stupide, et plus meurtrière que l’uranium appauvri...

La mort, quand elle vient lentement, vous laisse le temps de comprendre que vous mourez parce que vous êtes Palestinien, rien de plus.

Quand l’humain a faim, le corps ressent une gêne le premier jour et consomme le reste du glucose. Le deuxième jour, il passe à la combustion des graisses. Le cinquième jour, l’air devient plus dense et plus lourd que le béton... Les organes commencent à disparaître : le foie rétrécit, le cœur ralentit, le cerveau s’embrouille. La peau se dessèche et le corps devient une chambre vide où seul résonne le bruit de la respiration.

Le septième jour, vous riez comme un idiot, votre système nerveux ne distingue plus les signaux et votre visage ne sait plus pourquoi il bouge tout seul. Le dixième jour, vous avez envie de goûter quelque chose, n’importe quoi...Il y a un homme qui a trempé du bois dans l’eau et l’a mangé... Un autre a mangé du sable et un troisième a mangé des pierres... Une femme a creusé sous terre pour extraire la racine d’un arbre mort, elle l’a extraite pour nourrir son enfant... L’enfant est mort avant d’avoir pu goûter la racine...

Et le quatorzième jour, le sang commence à faiblir, il ne circule plus comme avant, comme s’il en avait assez... Comme s’il te méprisait et te disait : « Brûle tout seul. Je ne serai pas complice de cette mascarade ».

Non, la faim à Gaza ne te tue pas si facilement que ça... La faim n’est pas ton bourreau miséricordieux, la faim est sadique, elle n’aime pas la rapidité. Elle te laisse en vie, juste pour que tu assistes à ta mort, lentement, avec ennui et conscience.

Et si tu fais partie des chanceux, oui, il y a aussi de la chance en enfer, tu meurs en faisant la queue, avec ta carte de l’ONU, en attendant ton tour... Tu meurs pour un sac de farine avec un logo bleu délavé.

À Gaza, il n’y a pas de famine... Il y a un abattoir, des corps affamés étendus, exposés devant les écrans, une fatigue bon marché et un silence encore moins cher, et la dignité de la nation arabe vaut un quart de shekel... C’est peut-être le millionième génocide... Le chiffre n’a pas d’importance, ce qui importe, c’est que c’est un génocide par la faim et qu’Israël commet un génocide contre les affamés de Gaza.

Vous vous sentez déprimés ? Bien. C’est le début du sentiment.

Mais rions un peu cette fois-ci, tant la situation est merdique... De l’autre côté de Gaza, à Ramallah, il y a un président qui s’appelle Mahmoud Abbas, surnommé « Abou Mazen ». En réalité, il est toujours occupé à une seule tâche : « suivre la situation ».


Oui, il suit... et il suit aussi son sommeil. Alors que Gaza mâche le sable et enregistre les noms des martyrs, Abou Mazen continue de dormir.

Et quand quelqu’un lui demande son avis sur les massacres, il soupire, ouvre un œil à moitié et dit : « Nous sommes en contact », mais qui appelle qui ? Il dit, à moitié endormi : « Les services de sécurité consultent les services de sécurité ».

Au cours de sa longue carrière politique, plus longue que la vie des enfants, des femmes et des hommes de Gaza, il n’a jamais pris position, sauf après s’être assuré que cela ne dérangerait personne à Tel-Aviv ou à Washington... C’est le seul président palestinien qui dort plus qu’il ne gouverne.

Qui a dit que l’Autorité de Ramallah était absente ? La voici, présente avec toutes ses trahisons.

Comme d’habitude, le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié un nouveau communiqué. Oui, un communiqué. Il y condamne ce qu’il appelle « les crimes de meurtre collectif visant les centres de distribution d’aide humanitaire ». C’est beau, le langage est soigné, la phrase est bien construite et la condamnation est, comme d’habitude... Mais qui, parmi les membres de l’Autorité de Ramallah, a déjà connu la faim ? Le ministre des Affaires étrangères s’est-il assis sous le soleil de Rafah et a-t-il bu l’eau de mer ?

Le communiqué poursuit textuellement : « C’est un nouvel épisode de la série de meurtres qui poursuit plus de deux millions de citoyens dans la bande de Gaza, sous diverses formes, notamment les bombardements, la famine, la soif, le privation de soins médicaux et de médicaments... «

Un nouvel épisode dans la série... Quelle série, Monsieur le Ministre ? Sommes-nous dans la quatrième saison d’une série télévisée du ramadan ? Personne ne rit. À Gaza, les gens n’ont pas la télévision pour regarder cette farce... Les habitants de Gaza n’ont pas besoin qu’on leur décrive leur situation.

Vos citoyens affamés n’attendaient pas de communiqué... Ils attendaient du pain... Quant au coupable, son nom n’a pas été mentionné, il est inconnu, comme d’habitude... Gaza est exterminée et le ministère recopie ses communiqués précédents... Bravo, applaudissements nourris.

L’ONU continue de jouer son rôle d’observateur aveugle... et proteste contre le non-renouvellement du visa de son chef de bureau, Jonathan Wynn.

Imagine, mon cher, que tu aies besoin d’un visa pour entrer dans un cimetière... Imagine que le travail humanitaire soit désormais subordonné à la signature du meurtrier.

La raison ? Parce que « Wital » a osé déclarer lors d’une conférence de presse que les habitants de Gaza mouraient de faim en essayant d’accéder à la nourriture.

Quelle déclaration insolente : les gens meurent de faim.

Autrefois, ils vous affamaient... puis ils vous jetaient une boîte de sardines depuis les airs en disant « Tais-toi, nous avons essayé ». Aujourd’hui ? Pas besoin d’essayer.

Vous vous souvenez ? Le roi de Jordanie envoyait son aide à Gaza depuis le ciel, transportée par des avions. Des boîtes soigneusement emballées, jetées depuis les airs dans la mer face à Gaza... Nous riions à l’époque, nous nous moquions, nous critiquions et disions : « C’est un spectacle aérien de l’humiliation ».

Mais regardez-nous aujourd’hui : même ce spectacle bon marché a pris fin... Pas d’avions, pas de parachutes, pas une seule boîte de sardines. Même l’humiliation n’est plus à notre portée... L’UNRWA a suffisamment de nourriture pour nourrir la population de Gaza pendant des mois... La nourriture est à El-Arish, dans des caisses empilées. Mais Gaza n’est pas à El-Arish. Il ne manque qu’une seule chose à cette nourriture : qu’on la laisse entrer.

Au même moment, Anas al-Sharif, courageux correspondant, tweete d’une voix à moitié morte, à moitié vivante : « Je n’ai pas cessé de couvrir l’actualité depuis 21 mois. Mais je vacille, je lutte contre l’évanouissement qui me poursuit à chaque instant. Gaza meurt, et nous mourons avec elle », crie Anas. « Cette mort doit cesser. Ce blocus doit être brisé ».

Nous te voyons, Anas, et nous connaissons ton courage... Nous entendons ta voix brisée, et Gaza n’est pas seule à mourir... Nous mourons avec elle. Ce qui se passe à Gaza n’est pas loin de nous, cela se passe en nous... dans nos nerfs, dans notre peau, dans notre conscience qui n’est pas encore morte malgré leurs tentatives... Nous te voyons, Anas, nous t’entendons, nous mourons avec Gaza, car celui qui ne meurt pas avec elle est déjà mort, froid, sans pouls, exclu de la vie.

Je ne m’étendrai pas, car les estomacs vides ne supportent pas les longs articles. Ce n’est pas un article sur la famine, ni sur le massacre. C’est un article sur l’extermination des affamés, qui n’est pas suffisamment qualifiée en droit international... Il n’existe aucune convention internationale ni aucun pacte international pour protéger les peuples de l’extermination par la faim.

Mohammed n’est pas encore mort, mais il s’en approche, tranquillement... N’oublie pas, Anas, de lui dire bonjour s’il passe près de toi. Et donne-nous de ses nouvelles s’il disparaît...

Et que tout le monde aille au diable...

J’ai écrit. C’est tout ce que j’ai. Et toi, qu’as-tu fait pour un enfant qui pèse 25 kilos ?

 


Sweida bajo asedio: la limpieza étnica de los drusos de Siria
Llamado urgente – Julio de 2025


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Traducido por Tlaxcala

Este comunicado es emitido por una coalición de estudiantes, investigadores y activistas drusos de América del Norte (Canadá, USA y México). Hablamos como miembros de una diáspora con lazos familiares y culturales directos con Sweida, y no podemos quedarnos en silencio ante una campaña de exterminio contra nuestro pueblo. Contacto

El 15 de julio de 2025, las fuerzas del gobierno interino de Siria, lideradas por Ahmad al-Sharaa, conocido por los sirios como Abu Mohammad al-Jolani, excomandante de la rama siria de Al Qaeda y antiguo afiliado del ISIS, lanzaron un ataque a gran escala contra la ciudad de mayoría drusa de Sweida.

Esta operación, presentada como una misión para "restaurar el orden" y "garantizar la seguridad en la provincia", fue en realidad el inicio de una masacre sectaria meticulosamente planificada. En apenas cuatro días, se llevó a cabo una limpieza étnica orquestada contra la población drusa, ejecutada por fuerzas yihadistas alineadas con el Estado y respaldadas por antiguos líderes de escuadrones de la muerte extremistas.

Masacres y asesinatos selectivos de civiles

Numerosos informes creíbles y testimonios directos confirman que las fuerzas del gobierno sirio y milicias aliadas ejecutaron a civiles drusos en sus hogares y en las calles. En uno de los incidentes más atroces, entre 12 y 15 civiles drusos desarmados fueron asesinados a quemarropa en la casa de huéspedes de la familia Radwan. En otro caso, seis hombres drusos fueron ejecutados sumariamente frente a sus hogares.

Según Sky News, Reuters y The Guardian, las ejecuciones fueron generalizadas y las víctimas incluyeron mujeres, niños y personal médico. En el primer día de la masacre, la Red Siria de Derechos Humanos confirmó al menos 321 muertes de civiles, incluidos niños de tan solo 18 meses, asesinados delante de sus familias. Algunos fueron mutilados, violados o decapitados. A los hombres drusos se les humilló, a los clérigos se les ridiculizó, y los cautivos fueron forzados a renunciar a su fe antes de ser asesinados.

En un video verificado, hombres drusos fueron arrojados desde un balcón y abatidos en el aire, un crimen de guerra captado por cámaras. Aunque los informes iniciales confirmaban cientos de civiles drusos muertos entre el 13 y el 18 de julio, se estima ahora que el número real supera los 1.000, y sigue en aumento. Muchos cadáveres siguen desaparecidos, enterrados en fosas comunes o irreconocibles debido a la destrucción de viviendas y al ataque sistemático a familias.

Asedio total y bloqueo humanitario

El régimen interino sirio cortó la electricidad, el agua y las comunicaciones, convirtiendo Sweida en una prisión. ACNUR y otras organizaciones humanitarias denunciaron no poder ingresar a la ciudad debido a bloqueos y bombardeos.

Los hospitales estaban desbordados, con más de 200 cuerpos apilados en morgues y pasillos. Combatientes armados asaltaron el Hospital Nacional de Sweida, disparando en su interior, destruyendo equipos y asesinando al personal. Hoy en día, solo unos pocos centros de salud locales siguen funcionando, ya que los hospitales principales han sido bombardeados.

Se acabó la comida. Bebés quedaron sin leche. Las tiendas fueron saqueadas por milicias tribales alineadas con el régimen. Barrios enteros fueron arrasados por las llamas. Para el 18 de julio, entre 25.000 y 60.000 civiles habían sido desplazados, muchos sin refugio ni suministros. Los esfuerzos de ayuda fueron deliberadamente bloqueados.

Pruebas documentadas

Medios internacionales como Reuters, The Guardian, AP, Sky News y Times of Israel han confirmado estas atrocidades mediante reportajes de campo, vídeos y testimonios de sobrevivientes.

La Red Siria de Derechos Humanos y el Observatorio Sirio de Derechos Humanos calificaron esto como una campaña de limpieza sectaria, siendo descrita por la SNHR como “una de las masacres más notables de limpieza étnica y religiosa en la historia reciente de Siria”.

Incluso Ahmad al-Sharaa, presidente autoproclamado del gobierno interino sirio, reconoció que ocurrieron crímenes, pero culpó a “grupos fuera de la ley” sin nombre, evadiendo su responsabilidad a pesar de la evidencia que señala directamente a sus propias fuerzas —en su mayoría, antiguos yihadistas con antecedentes de crímenes de guerra.

El mundo no puede mirar hacia otro lado

Exigimos:

● Una investigación internacional formal sobre la masacre de Sweida y la petición de cuentas a los responsables, incluido Ahmad al-Sharaa (Jolani) y cualquier liderazgo militar afiliado.

● La apertura urgente de un corredor humanitario desde Jordania para proveer alimentos, agua y asistencia médica.

● El reconocimiento inmediato por parte de la ONU y organismos internacionales de que lo ocurrido en Sweida constituye un crimen de lesa humanidad y un acto de limpieza étnica.

Los drusos de Sweida han enfrentado genocidios antes —no es la primera vez que su sangre es considerada prescindible. Pero hoy su masacre está siendo transmitida en vivo, documentada e innegable.

Si la comunidad internacional no actúa, será cómplice.

 Emad Hajjaj

Soueïda assiégée : le nettoyage ethnique des Druzes de Syrie
Appel urgent – Juillet 2025

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Traduit par Tlaxcala

Cette déclaration est émise par une coalition d'étudiants, de chercheurs et d'activistes druzes d’Amérique du Nord (Canada, USA et Mexique).
Nous nous exprimons en tant que membres de la diaspora ayant des liens familiaux et culturels directs avec Soueïda, et nous refusons de rester silencieux face à cette campagne de nettoyage ethnique contre notre peuple. Contact

Le 15 juillet 2025, les forces du gouvernement intérimaire syrien dirigées par Ahmed al-Charaa, connu des Syriens sous le nom d’Abou Mohammad al-Jolani — ancien commandant de la branche syrienne d’Al Qaïda et ancien affilié de l’État islamique — ont lancé une offensive de grande ampleur contre la ville à majorité druze de Soueïda.

Cette opération, présentée comme une mission visant à « rétablir l’ordre » et à faire respecter « la sécurité dans la province », fut en réalité le début d’un massacre sectaire minutieusement planifié. En l’espace de quatre jours, ce qui s’est déroulé fut un nettoyage ethnique orchestré de la population druze, mené par des forces djihadistes alignées sur l’État et soutenues par les mêmes individus qui avaient déjà dirigé des escadrons de la mort sous des bannières extrémistes.

Massacres et assassinats ciblés de civils

De nombreux rapports crédibles et témoignages directs confirment que les forces gouvernementales syriennes et les milices alliées ont exécuté des civils druzes chez eux et dans les rues. L’un des épisodes les plus atroces fut le meurtre de 12 à 15 civils druzes non armés, rassemblés dans la maison d’hôtes de la famille Radwan, tués à bout portant. Dans un autre cas, six hommes druzes ont été sommairement exécutés devant chez eux.

Selon Sky News, Reuters et The Guardian, les exécutions sur le terrain furent généralisées et les victimes incluaient des femmes, des enfants et du personnel médical. Dès le premier jour du massacre, le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) confirmait au moins 321 morts civils, dont des enfants de seulement 18 mois, tués devant leurs familles. Certains furent mutilés, violés ou décapités. Des hommes druzes furent humiliés, des religieux tournés en dérision, et des captifs forcés de renier leur foi avant d’être exécutés. Dans une vidéo authentifiée, des hommes druzes sont jetés d’un balcon puis abattus en plein vol — un crime de guerre filmé.

Alors que les premiers rapports évoquaient des centaines de morts entre le 13 et le 18 juillet 2025, le bilan réel dépasserait désormais les 1 000 victimes, et continue d’augmenter. De nombreux corps restent introuvables, enterrés dans des fosses communes ou méconnaissables du fait des destructions et du ciblage systématique des familles.

Ville coupée du monde

Le régime intérimaire syrien a coupé l’électricité, l’eau et les communications, transformant Soueïda en une prison à ciel ouvert. Le HCR et d’autres organisations humanitaires ont indiqué ne pas pouvoir accéder à la ville, bloquées qu’elles étaient par les tirs et les barrages. Les hôpitaux étaient submergés, avec plus de 200 corps entassés dans les morgues et les couloirs. L’hôpital national de Soueïda a été pris d’assaut par des combattants armés, qui y ont ouvert le feu, détruit les équipements et tué le personnel. À ce jour, seuls quelques centres de santé locaux restent fonctionnels, les principaux hôpitaux ayant été bombardés.

La nourriture s’est épuisée. Les nourrissons n’avaient plus de lait. Les magasins ont été vidés et pillés par des milices tribales alliées au régime. Des quartiers entiers ont été réduits en cendres. Au 18 juillet, on estimait entre 25 000 et 60 000 personnes déplacées, beaucoup sans abri ni vivres. Les efforts de secours ont été délibérément entravés.

Des preuves documentées

Les médias internationaux Reuters, The Guardian, Associated Press, Sky News, et le Times of Israel ont confirmé les atrocités à l’aide de reportages sur le terrain, de vidéos, et de témoignages de survivants.

Le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (SOHR) ont tous deux qualifié cette opération de campagne de nettoyage sectaire, le SNHR la décrivant comme « l’un des massacres les plus marquants de nettoyage ethnique et religieux de l’histoire récente de la Syrie ».

Même Ahmed al-Charaa, président autoproclamé du gouvernement intérimaire syrien, a reconnu que des crimes avaient eu lieu, mais a rejeté la faute sur des “groupes hors-la-loi” non identifiés, malgré les preuves accablantes impliquant ses propres combattants, issus pour beaucoup d’anciens réseaux djihadistes et déjà connus pour leurs crimes de guerre.

Le monde ne peut détourner le regard. Nous exigeons :

● Une enquête internationale formelle sur le massacre de Soueïda et des poursuites contre les responsables, y compris Ahmed al-Charaa (Jolani) et les membres de son commandement militaire.

● Un corridor humanitaire d’urgence via la Jordanie pour acheminer nourriture, eau et soins médicaux.

● La reconnaissance immédiate par l’ONU et les instances internationales que ce qui s’est produit à Soueïda constitue des crimes contre l’humanité et un acte de nettoyage ethnique.

Les Druzes de Soueïda ont déjà été menacés de génocide — ce n’est pas la première fois que leur sang est jugé dispensable. Mais aujourd’hui, leur massacre est filmé, documenté, et indéniable.

Si la communauté internationale reste passive, elle est complice.

 Emad Hajjaj