24/11/2022

HAIDAR EID
Réflexions depuis Gaza après les élections israéliennes

 

Haidar Eid, Palestine Chronicle, 21/11/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsque mes étudiants réfugiés me demandent ce que signifie “l’orientalisme”, je leur dis de regarder Israël. Les préjugés, les fantasmes et les clichés racistes véhiculés par le sionisme à propos des Palestiniens et des Arabes, ainsi que l’abus colonial de pouvoir et la domination d’une culture autoproclamée supérieure sur une autre.

Petit déjeuner à Gaza, par Antonio Rodríguez, Mexique

Comme le système inhumain de l’apartheid sud-africain avant lui, l’Israël de l’apartheid est incapable de comprendre la souffrance des Palestiniens et la nature de son oppression des habitants de Gaza. Cela fait partie de ce que le regretté Edward Said appelle “blâmer la victime”.

Rien ne justifie le vol des terres et des souvenirs intimes d’autres personnes. C’est un crime contre lhumanité : c’est immoral et contraire à l’éthique. C’est pourquoi le colonialisme de peuplement en Palestine doit être condamné. Il est temps que la communauté internationale déclare illégales toutes les organisations qui soutiennent les colonies et le colonialisme de peuplement en Palestine.

Dans son ouvrage révolutionnaire Politics of Dispossession, reprenant l’argument de Ghassan Kanafani dans Returning to Haifa, Edward Said écrit de manière très convaincante :

« La question à poser est de savoir combien de temps l’histoire de l’antisémitisme et de l’Holocauste en particulier peut être utilisée comme une barrière pour exempter Israël des arguments et des sanctions à son encontre pour son comportement envers les Palestiniens, arguments et sanctions qui ont été utilisés contre d’autres gouvernements répressifs, comme celui de l’Afrique du Sud. Combien de temps encore allons-nous nier que les cris de la population de Gaza sont directement liés aux politiques du gouvernement israélien et non aux cris des victimes du nazisme ? »

                                            Politics of Dispossession, p. 172

Il est révélateur de la mentalité israélienne officielle que le siège génocidaire de la bande de Gaza n’ait jamais semblé s’inscrire dans la stratégie globale de l’État juif. Et maintenant, nous avons Benjamin Netanyahou qui fait un retour triomphal avec ses alliés fascistes, Ben Gvir et Bezalel Smotrich. En ce qui concerne les Israéliens ou les fonctionnaires israéliens, Israël a retiré ses troupes et ses colons de Gaza en 2005, laissant Gaza libre.

Toutefois, il a conservé les clés des points de passage qui le séparent de Gaza et a laissé le dernier point de passage aux mains de ses alliés égyptiens. Pour les politiciens israéliens traditionnels, les Palestiniens de Gaza sont très ingrats parce qu’ils n’acceptent pas le blocus, qu’ils y résistent et qu’ils réclament leurs droits sanctionnés par la communauté internationale !

En fait, soutenu par une conspiration internationale du silence, pour ne pas dire de la collusion, l’objectif d’Israël est de nous habituer tellement à l’oppression que nous cessons de la ressentir comme une oppression. C’est aussi simple que cela. La soi-disant communauté internationale a décidé de rester sourde malgré le fait flagrant de la clause 50 de la Convention de La Haye de 1907 qui affirme sans équivoque le rejet par la communauté internationale de la punition collective. Ceci a été réitéré par la Quatrième Convention de Genève dans la clause 33 de 1949 ! Comme Ajamu Baraka l’a souligné sur sa page Facebook dès les premiers jours de l’attaque russe contre l’Ukraine : 

« J’adopte le "jusqu’auboutisme" parce que le soi-disant "jusqu’auboutisme " n’est rien de plus que la pensée dialectique critique qui informe la lutte contre la mystification idéologique bourgeoise. La responsabilité idéologique des socialistes révolutionnaires est de révéler ce qui est caché, de dénoncer ce qui est réduit au silence et de recontextualiser les tentatives de décontextualisation des questions, des idées et des pratiques ».

Comme si le blocus de Gaza par Israël ne suffisait pas, il semble que le caractère de classe de la Palestine se soit révélé dans le ressentiment envers les Palestiniens de Gaza qui sont perçus comme des partisans et des membres du Hamas, et qui constituent donc une menace sérieuse pour le soi-disant Projet national.

En conséquence, l’une des questions (occidentales) les plus répétées à laquelle nous devons faire face est : mais que signifie “lever le siège” ?

Cela signifie essentiellement l’ouverture des six points de passage, dont les clés sont entre les mains d’Israël, et la circulation de toutes sortes de marchandises, en particulier les produits de première nécessité, vers et depuis Gaza. Cela signifie fournir à Gaza de l’électricité et de l’eau potable, et garantir la liberté de mouvement des deux millions de Palestiniens de Gaza. Cela signifie également l’ouverture permanente du passage de Rafah.

C’est la responsabilité de la puissance occupante, à savoir Israël. Mais même cela ne répond pas aux droits fondamentaux minimaux du peuple palestinien, à savoir la liberté, l’égalité et la justice. Aucune relation normale avec l’Israël de l’apartheid ne devrait être reprise sans que ce dernier ne se conforme au droit international qui garantit les droits fondamentaux des Palestiniens.

Un jour, comme en Afrique du Sud, nous aurons des déclarations de victimes dans lesquelles nous dirons à nos tueurs, de Benjamin Netanyahou à Gantz en passant par Yair Lapid, comment ils ont à jamais. mis notre vie sens dessus-dessous.

 

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