28/10/2021

LAURA FIELD
« Conservatisme national » : des professeurs trumpistes complotent en vue d’un come-back autoritaire

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


Laura K. Field est écrivaine et théoricienne politique, chercheuse en résidence à l'American University et chargée de recherche au Niskanen Center, une boîte à idées washingtonienne qui se définit comme « modérée », prônant un capitalisme à visage humain et écologique. @lkatfield

Les plans des intellectuels conservateurs pour éroder la démocratie libérale ne font que commencer.

Le jour d'Halloween, la deuxième conférence du National Conservatism, ou NatConII, débutera à Orlando, en Floride. Il est difficile de savoir quoi penser du programme de cette manifestation de trois jours, qui compte quelques noms connus (les sénateurs Josh Hawley et Marco Rubio sont tous deux des orateurs principaux), mais aussi le conspirationniste Jack Posobiec, célèbre pour le Pizzagate. À quelques exceptions près, le soutien à Donald Trump est une constante. Mais les idées animatrices viennent moins de l'ex-président que d'un groupe disparate d'universitaires autrefois obscurs.


 Illustration par The New Republic

La couverture médiatique du phénomène Trump commence et se termine généralement par la base - le mineur de charbon dans le diner du Midwest, ou la foule du rallye MAGA [Make America Great Again]. On ne parle pas beaucoup des professeurs.

Depuis 2016, un ensemble d'intellectuels conservateurs peu connus et de sortes de think tanks ont émergé comme des voix puissantes dans le parti républicain de Trump. L'opposition zélée à l'immigration et à la culture dite woke a alimenté leur ambition politique. Ils ont prêté un vernis de respectabilité bien nécessaire à l'administration Trump. Et maintenant, malgré certaines différences théoriques réelles, le groupe se coalise autour d'un projet politique illibéral - ne se contentant pas d'épouser les préférences politiques conservatrices typiques, mais se dressant contre la démocratie libérale et constitutionnelle au sens traditionnel et non partisan. Certaines des voix intellectuelles les plus éminentes de la droite se regroupent ouvertement autour de l'idée que l'Amérique a besoin d'une transformation politique radicale, s'éloignant du gouvernement par et pour "Nous le Peuple" et allant vers quelque chose de plus descendant et monolithique. Par essence, la NatCon II est l'occasion pour les grands noms de ce mouvement de proposer une version habillée et sublimée du trumpisme.

À    première vue, Trump semble être un champion improbable pour un groupe d'intellectuels, et il est vrai que beaucoup le tiennent à distance. Mais certains en sont venus à apprécier l'irrévérence de Trump, ou ce que Charles R. Kesler, du Claremont Institute, a appelé son "courage", pour tenir tête à la gauche. Petit groupe de réflexion conservateur fondé en 1979, le Claremont Institute se positionne en défenseur de la fondation américaine et de la tradition du droit naturel et est devenu un champion intellectuel précoce de Trump. En septembre 2016, l'institut a publié l'essai "Flight 93 Election", qui soutenait, en fait, qu'il était temps pour les conservateurs de mettre leur argent là où se trouvait Monsieur Loyal depuis des décennies. Comme le dit l'auteur, "une présidence d'Hillary Clinton, c'est la roulette russe avec un semi-automatique. Avec Trump, on peut au moins faire tourner le barillet et tenter sa chance". Rush Limbaugh a consacré l'une de ses émissions à la promotion de l'article, et son auteur, Michael Anton, allait plus tard rejoindre le Conseil national de sécurité de Trump. Anton travaille aujourd'hui pour le Hillsdale College, dont le président actuel, Larry P. Arnn, a présidé le rapport de la Commission 1776 du président Trump, qui plaidait pour la promotion d'une "éducation patriotique", préfigurant les attaques républicaines actuelles contre la théorie critique de la race.

ANNAMARIA RIVERA
Femmes, hommes et caporaux : les syndicats doivent donner aux immigré·es et réfugié·es la place qui leur revient

Annamaria Rivera, Comune-Info, 25/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La réponse massive (jusqu'à 200 000 participants) du 16 octobre à l'assaut fasciste et squadriste qui avait eu lieu une semaine plus tôt contre le siège national de la confédération syndicale  CGIL est un tournant qui pourrait ouvrir - comme son secrétaire général Maurizio Landini lui-même l'a dit - une nouvelle phase de protagonisme syndical et de démocratie. À mon avis, l'une des conditions devrait être d'impliquer largement les travailleurs immigrés, dont la présence et la visibilité n'étaient pas évidentes même lors de la grande manifestation du 16 octobre.

La syndicalisation et la participation des immigrés et des réfugiés au plus haut niveau pourraient contribuer à les sortir de leur situation actuelle, souvent extrême. Rien qu'en termes d'emploi, ils sont tenus - c'est bien connu - d'effectuer un travail essentiellement flexible, informel, précaire, sous-payé et déréglementé, ainsi qu'un travail à faible reconnaissance sociale, alors qu'ils sont indispensables à l'économie italienne.

 

La grève des travailleurs agricoles en mai 2020. Photo Sfruttazero

On pense notamment aux ouvriers agricoles et aux mauvaises conditions de travail et de logement auxquelles sont contraints les ouvriers immigrés, y compris les demandeurs d'asile. Parmi les victimes du travail forcé, celles qui ont un niveau d'éducation élevé et une conscience de classe ne sont pas rares.

On pense à Jerry Essan Masslo, tué le 20 septembre 1989 par une bande de jeunes braqueurs racistes. Instruit et engagé politiquement, sans asile (à l'époque, il ne pouvait être accordé qu'aux personnes originaires des pays d'Europe de l'Est), il avait été contraint de travailler dans des conditions quasi esclavagistes en cueillant des tomates dans la campagne de Villa Literno afin de survivre.

Ce meurtre a été suivi de la première grève des migrants contre le "caporalato" [de caporali : intermédiaires criminels entre patrons et travailleurs sans papiers, NdT] et - comme on le sait - d'une manifestation nationale qui a rassemblé plus de deux cent mille personnes - une analogie singulière avec aujourd'hui - et a inauguré le mouvement antiraciste italien.

 

Septembre 1989 : première grève de migrants contre le caporalato en Italie au nom de Jerry Masslo. Photo Cgil Campania

GIDEON LEVY
Si seulement tous les bus israéliens étaient comme ce bus public de rêve !

Gideon Levy, Haaretz, 27/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

NdT : les transports publics ne fonctionnent pratiquement pas en Israël -sauf à Haïfa - pendant le shabbat (du vendredi 18 minutes avant le coucher du soleil au samedi 40 minutes après le coucher du soleil). Gideon Levy salue l’initiative prise par la municipalité de Tel Aviv en 2019 : six lignes de bus gratuits circulent maintenant pendant le shabbat entre Tel-Aviv et les villes satellites de Ramat Gan, Ramat Hasharon, Givatayim, ’Holon et Kiryat Ono. Une proposition de loi de Tamar Zandberg (Meretz) visant à autoriser les transports publics pendant le shabbat a été rejetée par la Knesset en juin 2020. Le membre de la Knesst Uri Maklev, ultra-orthodoxe, avait alors déclaré : « Pourquoi sommes-nous un État juif ? Quel est notre lien avec la terre d'Israël, à part manger du falafel ? C'est notre identité juive. Les valeurs passent avant les loisirs. » Selon un sondage en 2018, 72% des Israéliens interrogés s’étaient déclaré favorables à une levée de l’interdiction.

Pendant une heure environ, c'est un autre pays, celui qui aurait pu être, celui qui aurait dû être. C'est pourquoi j'aime tant ce voyage. C'est un voyage de souhaits réalisés et d'illusions.

 


Un bus gratuit mis en place par la municipalité de Tel Aviv le jour du shabbat

Chaque week-end, il existe un service de bus dans l'agglomération de Tel Aviv que peu de gens connaissent. Il existe sept lignes entre six villes, 600 trajets chaque week-end, transportant 18 000 passagers. Le timing est comme une montre suisse, la politesse scandinave. De beaux bus, avec des chauffeurs arabes israéliens, le service est gratuit. Quelque chose dans ce bus de shabbat me remplit d'un rare sentiment de normalité et de gratitude ; presque tous les passagers qui montent ou descendent remercient le chauffeur, ce qui est presque inédit en Israël.

En apparence, c'est à cause de la gratuité du service et de l'ambiance du week-end, mais c'est plus que cela. Tout est apparemment évident, et rien ne l'est. Transports publics le jour du shabbat, service métropolitain gratuit, calme dans le bus, courtoisie et générosité. Le fait que les chauffeurs soient arabes et que quelques passagers le soient aussi crée la douce illusion d'un pays sain et équilibré. Bien sûr, il faut plus de Juifs pour conduire des Arabes et non l'inverse, sur le long chemin qui mène au rêve d'égalité, mais même ce petit trajet binational n'est pas un voyage vers nulle part. Peu de gens remarquent que les conducteurs sont des Arabes. Personne n'en fait tout un plat. Les voyous juifs ne les attaqueront jamais violemment comme à Jérusalem et dans d'autres villes, et ce n'est pas non plus quelque chose à prendre pour acquis. Les transports publics le jour du shabbat, sans cris de "Shabbès !" [shabbat en yiddish, crié par les orthodoxes pour tancer les violations d’interdits ce jour-là, NdT] et sans jets de pierres ne sont pas non plus une mince affaire. 

27/10/2021

NIKOS PROGOULIS
Brevets, vaccins et « gauche de progrès »

Nikos Progoulis, Δρόμος της Αριστεράς (Voie de gauche), 23/10/2021

Traduit par Tlaxcala

Nikos Progoulis (Athènes, 1962), est titulaire d'un diplôme en économie et possède 22 ans d'expérience professionnelle, principalement dans de grandes entreprises multinationales en Grèce et en Allemagne. Souhaitant retrouver l’équilibre avec ses domaines d’intérêt, il a repris ses études en 2003, obtenant une maîtrise puis un doctorat en philosophie, à l'Université d'Athènes.
Au cours des dix dernières années, il a publié des articles dans diverses revues et a participé à plusieurs conférences au sujet de la philosophie. Depuis 2009, il propose des séminaires d'économie pour adultes, principalement à la Société d'études interculturelles et à l'Université d'Athènes, où il tente de combiner économie et philosophie.
Auteur de « Le monde des multinationales "vu de l'intérieur" » et de « L'émergence de l'image du capitalisme financier » (avec Fotis Terzakis)

Rares sont ceux, même parmi les experts, qui sont en mesure de suivre le "dur débat scientifique" qui est mené au moyen d’études, de communications, de publications, et d'évaluer les nouvelles données qui voient constamment le jour concernant la "pandémie", la façon de lutter contre elle, voire, plus spécifiquement, concernant les performances des vaccins.

D’un autre côté, tout le monde, ou du moins toute personne gardant raisonnablement la tête froide, a pu se rendre compte que les dirigeants politiques et les médias qui leur étaient fidèles, dès le début et comme s’ils étaient "prêts depuis longtemps" (référence au poème de Kavafy Dieu abandonne Antonius), ont systématiquement terrorisé et trompé l'opinion publique sur le danger de l'épidémie : on a adopté des modèles qui prévoyaient des centaines de victimes et, bien qu'ils n'aient pas été vérifiés, on continua les prévisions sur la base des mêmes modèles, le sur-enregistrement des victimes était effectué sur ordre central, et ainsi de suite.

Comment se fait-il donc qu'une partie relativement importante de la société et surtout de la gauche (avec ou sans guillemets) se soit rangée du côté des politiques gouvernementales et ait accepté la position extrême des vaccinations directement ou indirectement obligatoires ? La question ne concerne pas seulement la Grèce, elle pourrait être posée à un niveau beaucoup plus large, voire, mondial.

Il va sans dire que notre attention ne porte pas sur ceux qui ont des intérêts tangibles, financiers ou autres, ni sur ceux qui pensaient être plus en sécurité en suivant le courant, ni à ceux qui ont été terrifiés ou assommés par le bombardement médiatique. Nous nous intéressons à la partie la plus réfléchie et la mieux intentionnée de la société qui, tout en reconnaissant peut-être un excès de précipitation ou d'autoritarisme dans la gestion venue "d’en haut", a compris qu'au fond, il s'agit ici du conflit suivant : les forces de la raison, de la science et du progrès se heurtent à l'irrationnel, au rétrograde, au dépassé. Le monde, après tout, doit aller de l'avant !

Mais le "progrès", cette progression générale et abstraite vers le "meilleur", suit des parcours très particuliers, dans chacun de ces domaines. Quelles sont les forces qui ont déterminé la direction adoptée sur cette question particulière, où toutes les autres solutions possibles ont été mises de côté et où la solution de technologie de pointe (et à haut risque) des vaccins à ADN ou à ARNm a été choisie comme voie à sens unique ? Pourquoi le "progrès" a-t-il pris cette direction et pas une autre ?

CE QUE NOUS AFFIRMERONS, c'est que cette direction a été choisie de facto depuis plusieurs décennies, non pas sur la base de critères  scientifiques,  de bénéfice social ou d'efficacité, mais sur des critères purement spéculatifs, lorsque, à la suite de féroces joutes judiciaires, des sociétés privées ont réussi à obtenir les droits de propriété intellectuelle (brevets) sur des organismes vivants. À ce stade, pour fournir une image plus cohérente, nous devons faire un détour et revenir en arrière.

26/10/2021

Οι πατέντες, τα εμβόλια και η «αριστερά της προόδου»

του Νίκου Προγούλη, Δρόμος της Αριστεράς, 23/10/2021

Ο Νίκος Προγούλης γεννήθηκε το 1962 στην Αθήνα.

Έχει σπουδάσει οικονομικά, και έχει εργασιακή εμπειρία 22 ετών, κυρίως σε μεγάλες πολυεθνικές εταιρείες στην Ελλάδα και τη Γερμανία. Παράλληλα, σε μια προσπάθεια εξισορρόπησης με τα προσωπικά του ενδιαφέροντα, επέστρεψε το 2003 στις σπουδές κάνοντας ένα μεταπτυχιακό και στη συνέχεια διδακτορικό στη Φιλοσοφία στο Πανεπιστήμιο Αθηνών.
Τα τελευταία 10 χρόνια έχει αρθρογραφήσει σε διάφορα περιοδικά κι έχει πάρει μέρος σε μια σειρά φιλοσοφικών συνεδρίων. Από το 2009 κάνει σεμινάρια οικονομικών για ενήλικες, κυρίως στην Εταιρεία Διαπολιτισμικών Σπουδών και στο Πανεπιστήμιο Αθηνών, όπου προσπαθεί να συνδυάσει την οικονομία με τη φιλοσοφία. Συγγραφέας του Ο κόσμος των πολυεθνικών «εκ των έσω» και του Η ανάδυση της εικόνας του χρηματοπιστωτικού καπιταλισμού (με τον Φώτη Τερζάκη)

Ελάχιστοι, ακόμη και μεταξύ των ειδικών, είναι σε θέση να παρακολουθήσουν τη «σκληρή επιστημονική συζήτηση» που διεξάγεται μέσα από μελέτες, ανακοινώσεις, δημοσιεύσεις και να αξιολογήσουν τα νέα στοιχεία που διαρκώς έρχονται στο φως σχετικά με την «πανδημία», τον τρόπο αντιμετώπισής της κι ακόμα ειδικότερα σχετικά με τις επιδόσεις των εμβολίων.

Από την άλλη πλευρά όλοι, ή τουλάχιστον όλοι όσοι ήταν στοιχειωδώς νηφάλιοι, είχαν τη δυνατότητα να αντιληφθούν ότι οι πολιτικές ηγεσίες και τα πιστά σε αυτές ΜΜΕ, από την αρχή και σαν «έτοιμες από καιρό», τρομοκράτησαν και παραπλάνησαν συστηματικά την κοινή γνώμη σχετικά με την επικινδυνότητα της επιδημίας: υιοθετήθηκαν μοντέλα που προέβλεπαν εκατόμβες θυμάτων και, παρότι αυτά δεν επαληθεύονταν, οι προβλέψεις συνεχίζονταν με τα ίδια μοντέλα χωρίς τροποποιήσεις, η υπερκαταγραφή των θυμάτων γινόταν με κεντρική εντολή, κ.ο.κ.

Πώς συνέβη λοιπόν κι ένα τόσο μεγάλο, συγκριτικά, μέρος της κοινωνίας και ειδικά της Αριστεράς (με ή χωρίς εισαγωγικά), επί της ουσίας συντάχθηκε με τις κυβερνητικές πολιτικές κι αποδέχτηκε την ακραία θέση των, άμεσα ή έμμεσα, υποχρεωτικών εμβολιασμών; Το ερώτημα δεν αφορά μόνο την Ελλάδα, θα μπορούσε να τεθεί σε πολύ ευρύτερο, αν όχι σε παγκόσμιο, επίπεδο.

Εννοείται ότι δεν μας ενδιαφέρουν οι περιπτώσεις όσων έχουν απτά συμφέροντα, οικονομικά ή άλλα, ούτε όσων θεώρησαν ότι είναι πιο ασφαλείς αν συμπλεύσουν με το ρεύμα, ούτε όσων τρομοκρατήθηκαν ή ζαλίστηκαν από τον βομβαρδισμό των ΜΜΕ. Μας ενδιαφέρει το πιο σκεπτόμενο και καλοπροαίρετο κομμάτι της κοινωνίας που, αν και αναγνώρισε ίσως μια υπερβολική βιασύνη ή αυταρχικότητα στον «άνωθεν» χειρισμό, αυτό που κατανόησε ήταν ότι, κατά βάθος, εδώ υπάρχει η εξής σύγκρουση: οι δυνάμεις του ορθού λόγου, της επιστήμης και της προόδου συγκρούονται με το ανορθολογικό, το οπισθοδρομικό, το ξεπερασμένο. Ο κόσμος, τελικά, πρέπει να πάει μπροστά!

Όμως η «πρόοδος», αυτή η γενική και αφηρημένη πορεία προς το «καλύτερο», έχει πολύ συγκεκριμένες επί μέρους διαδρομές εντός των συγκεκριμένων κλάδων. Ποιες δυνάμεις καθόρισαν την κατεύθυνση που πήρε στο συγκεκριμένο ζήτημα, όπου κάθε άλλη δυνατή λύση παραμερίστηκε και επιλέχθηκε ως μονόδρομος η πιο high-tech (και high-risk) λύση των DNA ή mRNA εμβολίων; Γιατί η «πρόοδος» πήρε αυτή κι όχι κάποια άλλη κατεύθυνση;

Carta abierta de l@s profesor@s del noroeste de Siria a los líderes del mundo

The Syria Campaign, 25/10/2021
Traducido del inglés por
Sinfo Fernández, Tlaxcala 

 

Dos pequeñas lloran aterradas tras los ataques que mataron a diez personas, entre ellas cuatro estudiantes, en la ciudad de Ariha, Idlib, al noroeste de Siria (Foto vía Cascos Blancos)

🚩Si eres educador·a y quieres firmar esta carta en solidaridad con l@s profesor@s siri@s, envía un correo electrónico a info[at]thesyriacampaign.org  con tu nombre completo y tu afiliación.

A los líderes mundiales:

Somos los profesores de los alumnos del noroeste de Siria que son atacados deliberadamente en sus casas, en las aulas y mientras se dirigen a la escuela. Vamos a trabajar con miedo a que se produzca otro ataque, un día traumatizante más, que sabemos afectará a nuestros alumnos para el resto de sus vidas.

Nuestra carta no puede ser más urgente. En la madrugada del miércoles 20 de octubre, cuatro estudiantes y nuestro colega, el profesor de árabe Qamar Hafez, murieron trágicamente de camino a la escuela cuando las fuerzas gubernamentales sirias atacaron con proyectiles de artillería la ciudad de Ariha, en el sur de Idlib.

Al menos 55 niños han sido asesinados en los últimos cuatro meses por los gobiernos sirio y ruso, casi un niño cada dos días, y un millón de niños en Idlib están aterrorizados de poder ser los siguientes o de perder a su mejor amigo en cualquier momento. Al igual que los profesores de todo el mundo, estamos profundamente comprometidos con los niños a los que enseñamos, y hacemos todo lo que podemos para intentar protegerlos, pero no es suficiente. Necesitamos que los líderes mundiales detengan los ataques y garanticen que los niños estén a salvo y puedan continuar su educación.

Estamos entrenados para evacuar el aula cuando caen las bombas. Hacemos simulacros regularmente con los niños, ya que solo disponemos de unos minutos cuando hay un aviso de que se acerca un bombardero, así que tenemos que movernos rápido. El entrenamiento en sí puede ser confuso para los niños pequeños, que no entienden qué estamos practicando.

Cuando hay un avión de guerra cerca, pedimos a los niños que mantengan la calma y los llevamos a un refugio, normalmente una pequeña habitación bajo la escalera, donde nos escondemos durante horas hasta que es seguro salir. Esos son los momentos más difíciles. Respondemos a las llamadas y los mensajes de texto de los padres, y hacemos todo lo posible para ayudar cuando los niños entran en pánico y piden volver a casa.

Una de nuestras estudiantes, Yamila al Yasem, de diez años, fue asesinada en julio. Ya había Ya había huido de su casa muchas veces debido a los ataques, pero no quedaba ningún lugar seguro al que ir y, a las 5 de la mañana del 12 de julio, las fuerzas de Asad bombardearon su casa matando a Yamila. Ninguno de sus compañeros de tercer grado se sentó en la silla de Yamila durante todo un mes hasta que llegó un nuevo alumno. Nuestras escuelas ya han sido objeto de ocho ataques en 2021 y nos preocupa que cada vez sean menos los niños que regresan a la escuela cada año escolar. El intenso miedo ha hecho que muchos estudiantes se aíslen y se depriman. La mitad de los niños en edad escolar en el noroeste de Siria están ya fuera de la escuela debido a los bombardeos y los desplazamientos. Estos niños necesitan desesperadamente la rutina y los sistemas de apoyo que conlleva la escuela.

Se supone que las escuelas son un espacio seguro para que los niños aprendan y crezcan, no un objetivo de aviones de guerra y misiles. Como profesores, seguiremos yendo a trabajar aunque tengamos que arriesgar nuestras vidas bajo las bombas, pero necesitamos que la comunidad internacional actúe para poner fin a los ataques y hacer que Rusia y el gobierno sirio rindan cuentas de tan horribles crímenes para que nuestras aulas puedan volver a estar llenas de estudiantes.

Firmantes

 

 

AHMED AL-SAMMAK
El “shock colectivo” causado por los eventos traumáticos que inflige Israel hace que se disparen los problemas de salud mental en Gaza

Ahmed Al-Sammak, Middle East Eye, 24/10/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala
 

 


Ahmed Al-Sammak es un periodista independiente que vive en la Franja de Gaza

 

El bloqueo y las múltiples ofensivas de Israel han hecho proliferar los trastornos de estrés postraumático (TEPT), las alteraciones del estado de ánimo y otras afecciones relacionadas con el estrés.

Mohammed al-Asdudi recibió un disparo de un francotirador israelí en una protesta pacífica. Dice: “Esta herida me ha abierto las puertas del infierno”
(Foto: Ahmed Al-Sammak/MEE)
 

Orfan Shaimaa (*) se prepara para asistir a su 15ª sesión de apoyo psicológico en Friends for Mental Health (FFMH), una organización no gubernamental que opera en la Franja de Gaza.

Mientras se dirige a la sesión, mira cuidadosamente a su alrededor de vez en cuando para asegurarse de que nadie la reconoce; desea evitar el estigma que suelen sufrir los pacientes de salud mental en el asediado enclave.

Esta joven de 20 años remonta su trauma psicológico al segundo día de la ofensiva israelí de mayo contra Gaza, en la que murieron 253 palestinos, entre ellos 66 niños, 39 mujeres y 17 ancianos, y casi 2.000 resultaron heridos.

“El 12 de mayo no teníamos ni un shekel, así que mi padre, Wael, tuvo que ir a la granja en la que trabaja desde hace años a recoger algunas verduras para venderlas y traer pan y algo de comida”, dijo Shaimaa a Middle East Eye sentada en la sala donde asiste a sus sesiones psicológicas.

“Salió de nuestra casa a las 8 de la mañana para ir a la granja de Beit Lahiya, en el norte de la Franja [de Gaza].

“Después de dos horas, llamó a mi madre y le preguntó si quería que le llevara algo antes de volver”, dijo, con los ojos llenos de lágrimas, y añadió que “para llegar hasta casa, se necesitan diez minutos de camino”.

“Pero pasó hora y media y no vino. Le llamamos muchas veces, pero no pudimos contactar con él porque su teléfono estaba sorprendentemente apagado”, dijo.

“Su rostro estaba deformado”

Como siempre que está en la cocina, aquel día la madre de Shaimaa estaba escuchando la radio.

De repente, el locutor dijo que cuatro campesinos habían sido atacados en Beit Lahiya y que habían llevado sus cuerpos al Hospital Indonesio, en el norte de la Franja de Gaza.

“Mientras mi madre nos contaba las noticias y nos pedía que llamáramos a algún compañero de mi padre, sonó su teléfono”, cuenta Shaimaa.

“Después de contestar, se desmayó. Entonces, cuando mis ocho hermanos y yo estábamos intentando reanimarla, oímos a mi primo llorar a gritos y decir ‘mi tío Wael ha sido martirizado’.

“Nos quedamos helados al momento. ‘¡Qué! ¿Qué has dicho?’, le pregunté. De repente, todos mis tíos y primos que viven en el mismo edificio vinieron a nuestra casa”.

Al cabo de una hora, la familia de Shaimaa oyó fuertes ruidos mientras los dolientes se empujaban unos a otros para ver el cuerpo de Wael, que había llegado en una ambulancia frente a su casa.

“No nos permitieron verlo porque tenía la cara deformada a causa de las heridas. Cuando vi la ambulancia, estuve varias horas desmayada.

“Cuando acabó la última guerra, no salía de casa. Como consecuencia de todo lo vivido, empecé a sufrir ataques de pánico, ansiedad severa y depresión”.

25/10/2021

PETER MAASS
Colin Powell fue un buen hombre que ayudó a destruir Iraq

Peter Maass (bio en español), The Intercept, 18/10/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala
 

Como secretario de Estado en 2003, Powell mintió en las Naciones Unidas sobre la existencia de armas de destrucción masiva en Iraq.

“Me entristece que Colin Powell haya muerto sin ser juzgado por sus crímenes en Iraq". -  Muntadher Alzaidi


Colin Powell ha sido aclamado, a su muerte, como un pionero. Ciertamente lo fue.

Criado en el sur del Bronx por padres inmigrantes, Powell se graduó en el City College de Nueva York y ascendió en las filas del ejército estadounidense hasta convertirse en jefe del Estado Mayor Conjunto bajo el mandato del presidente George H. W. Bush durante la Guerra del Golfo Pérsico. Posteriormente, como es bien sabido, fue el primer secretario de Estado negro de EE. UU. durante la presidencia de George W. Bush. Falleció el 18 de octubre pasado, a los 84 años de edad, por complicaciones relacionadas con la covid-19.

Sus contemporáneos en EE. UU. no encuentran suficientes palabras de elogio. “Colin Powell fue la estrella del norte para una generación de altos oficiales militares estadounidenses, incluido yo”, escribió el almirante retirado James Stavridis. Para Richard Haass, que dirige el Consejo de Relaciones Exteriores, Powell fue “la persona intelectualmente más honesta que he conocido”.

La historia es muy diferente en Iraq, donde millones de personas comparten probablemente los sentimientos de Muntadher Alzaidi, quien memorablemente lanzó sus zapatos sobre George W. Bush durante una conferencia de prensa en 2008 en Bagdad. En su reacción a la muerte de Powell, Alzaidi solo expresaba su tristeza por el hecho de que no se enfrentara a un juicio por crímenes de guerra por su papel fundamental en la invasión de Iraq. “Estoy seguro de que el tribunal de Dios le estará esperando”, escribió Alzaidi en Twitter.

24/10/2021

Mikhaïl Garine, le communiste juif antisioniste qui voulait entendre la Hatikvah au Goulag

Ze'ev Binyamin Begin, Haaretz, 22/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Ze'ev Binyamin « Benny » Begin (Jérusalem, 1943) est un géologue et politicien israélien, qui a été brièvement ministre et député successivement des partis Hérout, Likoud et, actuellement, Tikva Hadasha (Nouvel Espoir). Il est le fils de Mieczysław Wolfovitch Biegun, plus connu sous le nom de Menahem Begin, qui fut le chef du groupe terroriste Irgoun et des partis Hérout et Likoud et Premier ministre d’Israël, revendiquant l’héritage de Vladimir Jabotinsky, le chef de l’aile « révisionniste » (droitière) du mouvement sioniste.

 Dans son livre "Les Nuits blanches", mon père, Menahem Begin, a décrit son amitié avec Mikhaïl Garine, un juif souffreteux et un ardent communiste avec qui il a partagé une couchette dans un goulag soviétique en 1941. On pensait que Garine avait disparu, comme des millions d'autres victimes dans ces camps de travail forcé. Puis, il y a quelques mois, un contact a été établi avec le petit-fils de Garine.

Au printemps 1941, au pied des montagnes de l'Oural, sur les rives de la rivière Pechora, non loin du cercle polaire, dans l'un des nombreux goulags soviétiques, deux prisonniers politiques juifs se rencontrent : un communiste nommé Garine e et un sioniste nommé Begin. Le premier a été condamné pour s'être livré à une "activité trotskyste contre-révolutionnaire" ; le second a été reconnu coupable - en raison de ses activités sionistes - d'être un "élément socialement dangereux pour la société". Tous deux ont été condamnés sans procès, en vertu de l'article 58 du code pénal soviétique, à huit ans dans un "camp de travail correctionnel". Avec d'autres prisonniers, tant politiques que criminels (ces derniers étant connus sous le nom d'Ourki-truands), tous deux ont déchargé des rails de chemin de fer et d'autres équipements des péniches sur la rivière. Ils ont participé à la construction de la ligne ferroviaire du nord de la Russie, longue de 1 000 kilomètres, qui s'étend de Kotlas à Vorkouta, au bord de l'océan Arctique.

Dessin Eran Wolkowski

Begin, maigre et frêle après avoir passé neuf mois dans une prison soviétique à Vilna, puis avoir été transporté au camp de Pechora par train de marchandises sur 2 000 kilomètres, a décrit la santé de son nouvel ami dans "Nuits blanches", un récit de son arrestation et de son incarcération dans le camp de travail et le système pénitentiaire soviétiques : "un mauvais cœur, une température élevée constante et un pouls rapide". Les chances que l'un des deux hommes sorte vivant du camp de travail forcé sont minces.

Le récit de la vie de Garine e a laissé une profonde impression sur Begin ; ses paroles sont restées gravées dans la mémoire de mon père. En effet, il a cité Garine dans son livre de 1950 "La Révolte : L’histoire de l’Irgoun", et plus tard, il a développé leur rencontre dans "Les Nuits blanches"  Les nuits blanches: mes souvenirs des camps soviétiques; traduit de l'anglais par Jacques Hermone et Patricia Lerand, éditions Albatros, 1978), où la description de la vie de Garine est citée en détail :

« Sais-tu quel âge j'avais lorsque j'ai rejoint le Parti ? Je n'avais pas plus de 17 ans quand je suis devenu bolchevik et que j'ai commencé à travailler pour la Révolution. Pendant la guerre civile, j'étais dans la Garde rouge et j'ai pris part à de nombreuses batailles contre les Blancs. J'ai été fait prisonnier. Les Blancs m'ont battu et torturé horriblement, mais ils n'ont pas réussi à obtenir quoi que ce soit de moi... Lorsque la guerre civile s'est terminée, on m'a confié diverses tâches au sein du parti en Ukraine. J'étais encore jeune, mais je travaillais dur et me consacrais corps et âme au Parti. Quelle époque ! Je travaillais pour le parti et j'étudiais à l'université. Lorsque j'ai terminé mes études, on m'a confié des postes encore plus élevés... J'ai travaillé pendant quelques années au secrétariat du Parti en Ukraine. J'ai fini par en devenir le secrétaire général. De ce poste, j'ai été transféré à un poste encore plus élevé. J'ai été convoqué à Moscou et intégré à la rédaction de la Pravda. Je suis devenu rédacteur en chef adjoint du journal du parti.

 

Mikhaïl Davydovitch Garine et sa femme Alexandra Zakharovna Vasilyeva (1902-1938) vers 1921, date de leur mariage. Elle a laissé des mémoires en deux tomes, Punis sans culpabilité et Et les tulipes poussent sur les pierres

« En 1937, l'année où ils sont devenus fous, ma femme a été arrêtée. Je ne t’ai pas parlé de ma femme. Nous nous sommes rencontrés alors que nous étions tous deux étudiants. Ma femme était aussi membre du parti, et un membre très actif. Ma femme n'est pas juive, mais quelle différence cela fait-il ? Notre vie de famille était merveilleuse. Nous avons eu un fils et une fille. Ma femme m'aidait dans mon travail, et je l'aidais. Son principal intérêt était la science. Dans son travail scientifique, elle allait de succès en succès. Elle est devenue maître de conférences à l'université, puis à l'Institut Krasni Professori [Institut du professorat rouge]... Et tout à coup, en 1937, elle a été arrêtée... l'interrogateur l'avait accusée de trotskisme et avait exigé des aveux. Elle n'a pas avoué. Elle n'avait jamais été trotskyste ».

ANTONIO MAZZEO
L'OTAN s’exerce à la guerre nucléaire dans les cieux de la moitié de l'Italie

 Antonio Mazzeo, 24/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Depuis le 18 octobre, le ciel du nord et du centre de l'Italie est le théâtre d'un important exercice de l'OTAN, Steadfast Noon 2021 : de nombreux chasseurs-bombardiers, avions radars et avions ravitailleurs y participent. Les jeux de guerre simulent la mobilisation aérienne et les opérations d'approvisionnement en armes en vue d'une guerre nucléaire. Les deux principales bases opérationnelles de Steadfast Noon sont Aviano (Pordenone) et Ghedi (Brescia), où sont logées les ogives nucléaires tactiques B-61, qui sont mises à jour et modernisées pour être utilisées par les nouveaux chasseurs-bombardiers F-35 "Lighting II" achetés par divers pays membres et non membres de l'OTAN, Italie en tête.

"Le lundi 18 octobre, l'OTAN a donné le coup d'envoi de son exercice annuel de dissuasion avec des dizaines d'avions de toute l'Alliance pour se préparer à la défense des alliés européens", rapporte la note publiée par le bureau de presse de l'OTAN. "L'exercice d'une semaine est appelé Steadfast Noon et se déroule dans le sud de l'Europe avec la participation d'avions et de personnel de 14 pays de l'OTAN".

"Cet exercice est une activité d'entraînement de routine et n'est pas lié à un quelconque événement mondial actuel", a ajouté l'OTAN. "Il est accueilli par un pays différent chaque année. Steadfast Noon implique des vols d'entraînement avec des chasseurs-bombardiers à double capacité, ainsi que des chasseurs conventionnels, soutenus par des avions de surveillance et de ravitaillement en vol. Aucun système d'armes avec des munitions opérationnelles n'est utilisé. Cet exercice contribue à faire en sorte que la dissuasion nucléaire de l'OTAN reste sûre et efficace". Enfin, le service de presse de l'Alliance rappelle qu'au sommet de l'OTAN qui s'est tenu en juin dernier à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement ont déclaré que l'objectif fondamental de la capacité nucléaire de l'OTAN est de préserver la paix, de prévenir la coercition et de décourager l'agression ». Toujours à Bruxelles, les chefs de gouvernement des pays alliés ont souligné qu'étant donné la détérioration du climat de sécurité en Europe, une alliance nucléaire crédible est essentielle.

Un moment religieux lors du sommet de l’OTAN, le 14 juin 2021 à Bruxelles

Aucune autre information n'a été fournie sur l'exercice de simulation de guerre nucléaire : le type d'avion utilisé, l'identité des pays impliqués et les zones du sud de l'Europe où les manœuvres auront lieu sont tous top secret. Le rôle clé du centre et du nord de l'Italie et des deux grandes bases aériennes d'Aviano et de Ghedi pour Steadfast Noon 2001 a toutefois été documenté par les analystes d'ItaMilRadar, le site web qui suit quotidiennement les vols militaires au-dessus du ciel italien et de la Méditerranée centrale.

GIDEON LEVY
Les colons juifs font de la récolte des olives une saison de cauchemar pour les paysans en Cisjordanie

 Gideon Levy, Haaretz, 22/10/2021. Photos : Hadas Parush 
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les colons juifs ont détruit des cultures et vandalisé des oliviers appartenant à un couple de Palestiniens d'une soixantaine d'années. Au cours des deux dernières semaines, 18 attaques de colons ont eu lieu en Cisjordanie. Quelque 8 000 oliviers ont déjà été victimes cette année - et la saison ne fait que commencer.

Cela aurait pu et aurait dû être leur heure de gloire. La récolte des olives. Une fête familiale saisonnière qui implique une rencontre avec la nature, le travail de la terre et une récolte dans l'oliveraie, dont les arbres ont été plantés par les ancêtres de la famille. C'est aussi censé être leur source de revenus la plus sûre, face à une économie instable et fragile, où personne ne sait ce que l'avenir lui réserve ni ce que décidera un soldat au hasard d'un checkpoint.

Nada Salah 

Cette belle saison est devenue un cauchemar. Un autre cauchemar. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que les colons n'attaquent, ni un matin sans que l'on découvre des arbres abattus, mutilés ou dépouillés de leurs fruits. Depuis le début de l'année, 8 000 arbres ont déjà été vandalisés en Cisjordanie, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, par des centaines de colons qui ont pris part aux pogroms. Rien qu'au cours des deux dernières semaines, 18 incidents de ce type ont eu lieu, selon Yesh Din-Volontaires pour les droits humains, une ONG israélienne.

Alors que toute la Cisjordanie est désormais peinte aux couleurs de la récolte - il n'y a pas une route sans couvertures ou bâches (sur lesquelles tombent les fruits), sans échelles et sans familles entières rassemblées à côté et cueillant des olives - il y a apparemment peu de personnes qui n'ont pas ressenti le bras brutal et maléfique de leurs voisins juifs. Ceux qui volent des sacs d'olives à des personnes qui les ont soignés pendant des années et qui ont très peu d'autres sources de revenus, voire aucune ; qui frappent les troncs et les branches avec des haches ; qui brûlent les bosquets et déracinent les arbres.

Eretz Israël - si beau, entier et indivis. La haine et la méchanceté nationalistes écrasantes s'accompagnent de la haine de la terre et de la haine de la nature, de la terre et de ses fruits.

Ibrahim et Nada Salah

Cette semaine, nous étions les invités de deux agriculteurs sexagénaires qui n'ont pas connu de récolte paisible depuis des années. Mais cette année, le pillage et les actes de mutilation des colons semblent être plus intenses que jamais. Ce sont des gens qui savent que rien de mal ne leur arrivera s'ils volent, déracinent ou brûlent. Ils sont juifs - et les soldats des forces de défense israéliennes sont sous leur emprise et les protégeront presque toujours, même quand ils agissent hors la loi.