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06/10/2022

TRITA PARSI
Pourquoi on ne peut pas comprendre l'Iran en 2022 sans comprendre celui de 1978


Trita Parsi, MSNBC, le 4/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Trita Parsi est le vice-président exécutif du Quincy Institute,  un laboratoire d’idées de Washington dédié à une vision de la politique étrangère usaméricaine fondée sur la retenue militaire plutôt que sur la domination, en quelque sorte un impérialisme à visage humain. Il est l'auteur de  « Treacherous Alliance : The Secret Dealings of Iran, Israel and the United States » (Yale University Press 2007),  « A Single Roll of the Dice – Obama' s Diplomacy with Iran » (Yale University Press,  2012) et « Losing an Enemy — Obama, Iran and the Triumph of Diplomacy ».  Noam Chomsky a dit que Parsi était « l'un des chercheurs les plus éminents sur l'Iran ». Parsi est né en Iran mais a déménagé avec sa famille en Suède à l'âge de quatre ans afin d'échapper à la répression politique en Iran. Son père était un universitaire avec un franc-parler qui a été emprisonné par le Shah, puis par les ayatollahs. Il a déménagé aux USA à l’âge adulte et a étudié la politique étrangère à la Johns Hopkins ’School for Advanced International Studies où il a obtenu son doctorat sous la direction de Francis Fukuyama et Zbigniew Brzezinski.
Les manifestations en Iran se poursuivent, mais aucun·e dirigeant·e du mouvement n'est apparu·e clairement

 Les Iranien·nes continuent d'exprimer leur indignation suite à la mort de Mahsa Amini, 22 ans, à la mi-septembre, après que la « police des mœurs » iranienne l'a arrêtée pour avoir prétendument violé le code vestimentaire islamique strictement appliqué dans le pays. Photo MSNBC / ZUMA Press

Après des mois de manifestations et de grèves sans cesse croissantes ciblant son régime despotique, le Shah d'Iran a désespérément tenté d'apaiser les masses dans une allocution télévisée du 6 novembre 1978. « J'ai entendu la voix de votre révolution », a dit le shah, reconnaissait les erreurs passées et promettant de modifier sa conduite. Mais plutôt que de sauver son règne, ce fut le moment, selon le récit des révolutionnaires, où le shah scella sa propre destitution.  [la même chose est arrivée en Tunisie avec Ben Ali et son « Je vous ai compris » du 13 janvier 2011, NdT].

Ce que le shah a fait en 1978 est ce que les dirigeants de la République islamique d'Iran refusent de faire aujourd'hui alors que les Iraniens continuent d'exprimer leur indignation face à la mort de Mahsa Amini, 22 ans, dans un hôpital quelques jours après son interpellation par la “police des mœurs” iranienne pour avoir prétendument violé le code vestimentaire islamique strictement appliqué dans le pays. Parce qu'ils pensent que la tentative du shah de rencontrer les manifestants à mi-chemin était son erreur la plus décisive, les dirigeants intransigeants de Téhéran ont gouverné pendant plus de 40 ans  avec la maxime de ne jamais céder d’un pouce — de peur que tout le régime révolutionnaire ne tombe.

L'Iran, selon Amnesty International, a plutôt choisi de battre, d'arrêter et même de tuer les jeunes femmes et hommes iraniens qui ont osé demander justice. Mais plutôt que d'être réduits au silence, les manifestants ont détourné leurs slogans de la simple fin du hijab obligatoire vers la fin de la République islamique dans son ensemble — précisément parce que le régime ne cède jamais un centimètre lorsque le peuple réclame ses droits et sa dignité. Le slogan « Zan, zendaghi, azadi » ("Femme, vie, liberté") est lui-même l’expression d’une vision brillante et positive pour l'Iran sans règle cléricale, par rapport au négatif “A bas le dictateur”, un slogan utilisé contre le shah en 1979 et plus tard contre les dirigeants cléricaux.

C'est là que réside l'ironie des leçons que les dirigeants actuels de l'Iran ont tirées de la “mollesse” du shah : en bloquant les réformes, en réduisant le spectre politique de l'Iran et en emprisonnant les dissidents, la République islamique a fait en sorte que les Iraniens ne croient plus en la réforme et soient amenés à conclure qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de demander beaucoup plus : la fin du régime clérical.

Sergio Rodríguez Gelfenstein
Le conflit en Ukraine, expression du changement d'époque

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 6/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Au cours de ma récente visite en Argentine et en Uruguay, les institutions qui ont parrainé mon voyage ont organisé une tournée au cours de laquelle nous avons présenté 14 fois le livre « L'OTAN contre le monde » que nous avons écrit avec Jorge Elbaum. Sept rencontres et conférences ont également été organisées sur le sujet. Dans un grand nombre d'entre elles, les participants ont souvent demandé la raison pour laquelle le livre a le sous-titre que j'utilise maintenant pour cet article : « Le conflit en Ukraine en tant qu'expression du changement d'époque », et ont demandé qu'il soit abondant sur le sujet.

1º edición
Páginas: 160
Tamaño: 16 x 23 cm.
Precio: AR$2400.00.- / U$S15.00.

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Précisément, pour Jorge et pour moi, il a été prioritaire de préciser dans le livre pourquoi nous étions arrivés à la conclusion qu'au-delà des résultats obtenus par le déroulement guerrier du conflit, en réalité le plus important était que la principale conséquence de celui-ci était la confirmation du début de ce changement d'époque dont parlait l'ancien président équatorien Rafael Correa il y a quelques années.

De la même manière, nous avons supposé que cette conséquence était celle qui donnait un caractère global à la confrontation, puisque ses séquelles allaient avoir un impact sur toute la planète. Ainsi, le clash était bien plus qu'un affrontement de l'Ukraine avec la Russie et même des USA et de l'OTAN avec la Russie.

En ce sens, à la différence de la Seconde Guerre mondiale où les USA attendirent jusqu'au bout une débâcle de l'Union soviétique face à l'armée nazie avant de faire irruption à la mi-1944 alors que l’issue finale du conflit après la victoire soviétique à Stalingrad en février 1943 était indiscutable et catégorique, le « nouveau débarquement de Normandie » exprimé en soutien au coup d'État en Ukraine en 2014 a été le détonateur d'une guerre d'expansion qui dure déjà depuis 8 ans.

Au cours de cette période, les USA ont non seulement soutenu l'extermination de la population russophone de l'est de l'Ukraine, mais ont également coopéré au démantèlement des forces armées de ce pays pour en faire un organe d'exécution sous mandat des organisations nazies qui, avec l'appui du gouvernement de ce pays, ont commencé à « otaniser » cette composante armée pour en faire un bélier de l'expansion de l'OTAN, structure militaire terroriste qui menace toute l'humanité.

La réponse obligatoire de la Russie pour la sauvegarde de l'intégrité physique des habitants des territoires opprimés a en outre ajouté comme objectifs la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, reprenant ainsi les objectifs convenus par les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale à l'égard de l'Allemagne, lorsqu'elles se sont réunies dans la ville allemande de Potsdam entre le 17 juillet et le 2 août 1945.

À la fin de la rencontre, le président usaméricain s'est empressé de retourner à Washington pour - seulement quelques jours plus tard - ordonner le lancement de bombes atomiques sur les villes inoffensives d'Hiroshima et Nagasaki alors que le Japon s'était déjà rendu. De cette façon, il a subordonné - par le fait le plus horrible de l'histoire de l'humanité - l'empire japonais défait et désarmé, qui est resté jusqu'à ce jour couplé au dispositif militaire et politique des USA.

Avec l'Europe, les USA ont été plus subtils : ils ont eu recours à l'achat des volontés des élites européennes en créant pour cela le soi-disant Plan Marshall, instrument plus susceptible que la bombe atomique d'être divulgué par Hollywood comme expression des « valeurs coopératives » usaméricaines. Mais le but était le même, de sorte que l'Europe est devenue un outil utile de la volonté de Washington de dominer le monde.

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
The conflict in Ukraine as an expression of the change of epoch

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 6/10/2022
Translated by
Fausto Giudice, Tlaxcala  

During my recent visit to Argentina and Uruguay, the sponsoring institutions of my trip organized a tour in which there were 14 presentations of the book "NATO vs. the world" that we wrote together with Jorge Elbaum. Likewise, 7 talks and conferences were held on the subject. In not a few of them, attendees reiterated the query about why the book has the subtitle that I now use for this article: "The conflict in Ukraine as an expression of the change of era", and asked for more on the subject.

 

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Precisely, for Jorge and for me, it was a priority to make known in the book some remarks that explained why we had come to the conclusion that beyond the results obtained from the war development of the conflict, in reality the most important thing was that the main consequence of this was the confirmation of the beginning of that change of era the former Ecuadorian president Rafael Correa was talking about a few years ago.

In the same way, we assumed that this consequence was what gave global character to the confrontation, since its aftermath was going to impact the entire planet. Thus, the clash was much more than a confrontation of Ukraine against Russia and even of the United States and NATO against Russia.

In this sense, unlike the Second World War when the United States waited until the end for a debacle of the Soviet Union in front of the Nazi army before bursting in mid-1944 when the final result of the conflict after the Soviet victory in Stalingrad in February 1943 was indisputable and categorical, now the “new Normandy Landing” expressed in support of the coup d 'état in Ukraine in 2014, was the detonator of a war of expansion that already lasted 8 years.

In the course of the process, the United States not only supported the extermination of the Russian-speaking population of eastern Ukraine, but also cooperated in the dismantling of the armed forces of that country to transform it into an executing body under the mandate of the Nazi organizations that, with the support of the government of that country, began the “otanization” of that armed component to turn it into a ram of the expansion of NATO, a terrorist military structure that threatens all of humanity.

The obligatory Russian response to safeguard the physical integrity of the inhabitants of the oppressed territories also added as objectives the denazification and demilitarization of Ukraine, thus emulating the objectives agreed by the triumphant powers in the Second World War with regard to Germany, when they met in the German city of Potsdam between 17 July and 2 August 1945.

At the end of the meeting, the president of the United States rushed back to Washington to - just a few days later - order the launch of atomic bombs on the harmless cities of Hiroshima and Nagasaki when Japan had already surrendered. In this way, it subordinated - through the most horrible event in the history of mankind - the surrendered and disarmed Japanese empire, which until today has remained attached to the military and political device of the United States.

With Europe, the United States was more subtle: it resorted to buying the wills of the European elites by creating the so-called Marshall Plan, an instrument more susceptible than the atomic bomb to be disclosed by Hollywood as an expression of USAmerican "cooperative values". But the purpose was the same, so Europe became a useful tool of Washington's eagerness to dominate the world.

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
El conflicto en Ucrania como expresión del cambio de época


Sergio Rodríguez Gelfenstein, 6/10/2022

Durante mi reciente visita a Argentina y Uruguay, las instituciones auspiciantes de mi viaje organizaron una gira en la que hubo 14 presentaciones del libro “La OTAN contra el mundo” que escribimos junto a Jorge Elbaum. Así mismo, se realizaron 7 charlas y conferencias sobre el tema. En no pocas de ellas, los asistentes reiteraron la consulta acerca de por qué el libro tiene el subtítulo que ahora uso en este artículo: “El conflicto en Ucrania como expresión del cambio de época”, y pedían que se abundara sobre el asunto.

 

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Precisamente, para Jorge y para mí, fue prioritario dar a conocer en el libro algunos apuntes que explicaban porque habíamos llegado a la conclusión de que más allá de los resultados que se obtuvieran del desarrollo bélico del conflicto, en realidad lo más trascendente era que la principal consecuencia de éste era la verificación del inicio de aquel cambio de época del que hablara el expresidente ecuatoriano Rafael Correa hace unos años atrás.

De la misma manera, asumimos que esta consecuencia era la que le daba carácter global a la confrontación, toda vez que sus secuelas iban a impactar en todo el planeta. Así, el trance era mucho más que un enfrentamiento de Ucrania contra Rusia e incluso de Estados Unidos y la OTAN contra Rusia.

En este sentido, a diferencia de la segunda guerra mundial cuando Estados Unidos esperó hasta el final por una debacle de la Unión Soviética frente al ejército nazi antes de irrumpir a mediados de 1944 cuando era indiscutible y categórico el resultado final del conflicto tras la victoria soviética en Stalingrado en febrero de 1943, ahora el “nuevo Desembarco de Normandía” expresado como apoyo al golpe de Estado en Ucrania en 2014, fue el detonador de una guerra de expansión que ya dura 8 años.

En el transcurso, Estados Unidos no sólo apoyó el exterminio de la población ruso parlante del este de Ucrania, sino que cooperó en el descabezamiento de las fuerzas armadas de ese país para transformarla en un órgano de ejecución bajo mandato de las organizaciones nazis que, con el apoyo del gobierno de ese país, comenzaron la “otanización” de ese componente armado para convertirlo en un ariete de la expansión de la OTAN, estructura militar terrorista que amenaza a toda la humanidad.

La obligada respuesta rusa en salvaguarda de la integridad física de los habitantes de los territorios oprimidos agregó además como objetivos la desnazificación y la desmilitarización de Ucrania, emulando de esa manera los objetivos acordados por las potencias triunfantes en la segunda guerra mundial respecto de Alemania, cuando se reunieron en la ciudad alemana de Potsdam entre el 17 de julio y el 2 de agosto de 1945.

Al finalizar el evento, el presidente de Estados Unidos se apresuró en regresar a Washington para -tan solo 4 días después- ordenar el lanzamiento de dos bombas atómicas en las inertes ciudades de Hiroshima y Nagasaki cuando ya Japón se había rendido. De esa manera, subordinó -por vía del hecho más horrible acontecido en la historia de la humanidad- al imperio japonés rendido y desarmado, que hasta hoy ha permanecido acoplado al dispositivo militar y político de Estados Unidos.

05/10/2022

BARBARA CROSSETTE
Une campagne israélienne en Allemagne bloque l'attribution d'un prix à Navi Pillay, une défenseure renommée des droits humains

Barbara Crossette , PassBlue, 2/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Il devait s'agir d'une cérémonie grandiose organisée par l'Association allemande pour les Nations unies (Deutsche Gesellschaft für die Vereinten Nationen e.V.) pour décerner la médaille de la paix Otto Hahn, décernée tous les deux ans, à Navi Pillay, en reconnaissance de ses décennies de travail novateur dans le domaine des droits humains et du droit pénal international, notamment dans le cadre des Nations unies.


La cérémonie du 28 septembre devait avoir pour cadre l'Hôtel de ville rouge (Rotes Rathaus) de Berlin, datant du XIXe siècle, ainsi nommé en raison de sa façade en briques. L'hôtel, endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, a été reconstruit et est devenu un point de repère symbolique dans la capitale allemande.

L'ANU-Allemagne s'attendait à une salle comble pour la remise du prix, les réponses positives aux invitations ayant afflué. La mairesse élue de Berlin, Franziska Giffey, devait présider la cérémonie.

Rien de tout cela n'est arrivé.

Si la chronologie exacte de la mise en place d'une campagne israélienne contestant l'attribution du prix à Pillay en Allemagne laisse certaines questions sans réponse, la cause et l'effet ne sont pas contestés.

« Le maire de Berlin torpille l'événement honorant le chef de l'enquête de l'ONU sur Israël », peut-on lire à la une du Times of Israel, un journal en ligne publié en anglais et dans d'autres langues occidentales et du Moyen- Orient. Il a commencé à fonctionner en 2012.

Publiquement, la campagne de lobbying en faveur d'Israël a débuté par un article paru dans le tabloïd allemand pro-israélien Bild, qui reprenait des allégations israéliennes de longue date selon lesquelles Mme Pillay, ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et juge sud-africaine, était pro-palestinienne - ou, du moins, qu'elle critiquait les politiques et actions israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, ainsi qu'à Jérusalem-Est.

Cependant, depuis 1975, Mme Pillay est également présidente du conseil consultatif de l'Académie internationale des principes de Nuremberg, une fondation allemande qui promeut le droit pénal mondial. Son rôle indique que tous les Allemands ne sont pas d'accord sur son bilan présumé, comme le confirmerait le prix décerné par l'ANU-Allemagne.

Le papier du Bild se concentrait principalement sur le poste le plus récent de Mme Pillay à la tête de la Commission internationale indépendante d'enquête sur Israël et le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, composée de trois membres. Cette commission a été créée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

La cible actuelle de l'ire israélienne est dirigée vers les remarques sévères d'un des membres du panel sur Israël. Dans une interview accordée en juillet à Mondoweiss, un journal d'actualités et d'opinions sur la Palestine, Israël et les USA, le membre, Miloon Kothari (Inde), un militant des droits humains spécialisé dans les droits au logement et à la terre, qui a fait rapport au Conseil des droits de l'homme sur l'occupation israélienne du territoire palestinien, a déclaré :

« J'irais même jusqu'à me demander pourquoi [Israël] est membre des Nations unies. ... le gouvernement israélien ne respecte pas ses propres obligations en tant qu'État membre de l'ONU [parce que], en fait, il essaie constamment, soit directement, soit par l'intermédiaire des USA, de saper les mécanismes de l'ONU ». Il a fait référence à un “lobby juif” et à des ONG non précisées comme supervisant les opinions pro-israéliennes.

Pillay, éminente juriste sud-africaine d'origine indienne, est également accusée par les Israéliens, sans preuve, de faire partie du mouvement Boycott-Divestment-Sanctions (BDS), une initiative palestinienne visant à miner l'économie israélienne. Lorsque le mouvement BDS de 2017 a attiré l'attention en Allemagne, où il a été dénoncé comme antisémite, certains gouvernements locaux ont tenté de l'arrêter par des moyens répressifs ou punitifs. Un habitant de Munich, soutenu par les défenseurs de la liberté d'expression, a intenté une action contre le conseil municipal, qui est finalement arrivée devant un tribunal fédéral malgré les premiers revers.

Au début de l'année, le 20 janvier, le tribunal administratif fédéral de Leipzig a statué que la loi allemande « garantit à chacun le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion ». Le tribunal a ajouté que le conseil municipal de Munich ne pouvait pas violer ce droit en refusant l'autorisation d'un événement parce qu'il n'était pas d'accord avec les opinions exprimées dans le cadre de la campagne BDS.

Le Conseil des droits de l'homme, basé à Genève, n'est pas - malgré ce que le grand public peut penser - une partie intégrante de l'organisation des Nations unies ou sous le contrôle du secrétaire général. Il a été créé en tant qu'organe indépendant en 2005-2006 pour remplacer la Commission des droits de l'homme, discréditée. Les 47 nations membres du Conseil sont nommées par les gouvernements au niveau régional. Sa présidence tourne autour des blocs géographiques désignés par l'ONU.

Le Conseil nomme des dizaines d'observateurs et de groupes d'experts sur toute une série de sujets liés aux droits. La commission d'enquête sur Israël et la Palestine occupée s'inscrit grosso modo dans ce système. Il s'agit de l'action controversée la plus récente concernant Israël, qui a suscité des divisions souvent amères entre les nations et les régions.

Peu après la publication du papier de Bild en septembre, une semaine à peine avant la cérémonie de remise des prix prévue, l'ambassadeur d'Israël en Allemagne, Ron Prosor, a demandé à Giffey, la mairesse de Berlin - membre du parti social-démocrate - d'annuler la cérémonie, ce qu'elle a fait. Elle a également interdit à l'association UNA-Allemagne d'utiliser l'Hôtel de ville rouge pour sa cérémonie.


Franziska Giffey à son retour d’un voyage en Israël en 2018, lors qu’elle était ministre des Affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et des jeunes. Ella a démissionné de ce poste en juin 2021, après avoir vu son doctorat de 2010 annulé par l’Université libre de Berlin pour plagiat. Mais notre blonde a rebondi : six mois plus tard, elle était élue mairesse de la capitale.

Déclaration : 283 universitaires des USA condamnent les attaques contre des étudiants universitaires en Iran

 Les récents événements entourant la mort de Mahsa Amini en garde à vue le 16 septembre 2022 ont peiné et stupéfié de nombreux Iraniens en Iran et à l'étranger, dont de nombreux étudiants et universitaires [1]. La mort de Mahsa a engendré une réaction viscérale dans tout l'Iran. Les Iraniens ont élevé leur voix en signe de protestation pour réclamer la justice, la liberté et l'égalité pour les femmes et au-delà [2,3,4].

Dans la soirée du 2 octobre 2022, en réponse brutale à une manifestation organisée par les étudiants de l'Université de technologie Sharif, l'une des principales universités iraniennes, diverses forces anti-émeutes ont violemment pris d'assaut le campus universitaire et ses environs. Elles ont assiégé le campus de l'université, attaquant brutalement et arrêtant en masse les étudiants et le corps enseignant [5]. Cette attaque a été suivie d'autres attaques contre d'autres universités qui se poursuivent au moment où nous écrivons cette lettre, notamment une attaque contre l'université de Tabriz.  

MINNIE BRUCE PRATT
Les prisonniers d'Alabama mènent une grève massive

Minnie Bruce Pratt, Workers World, 4/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

2 octobre - Au cri de « Nous ne contribuerons plus à notre propre oppression », des milliers de travailleurs incarcérés dans le système carcéral de l'Alabama ont entamé une grève massive le 26 septembre pour protester contre les conditions brutales, les condamnations racistes et l'exploitation de leur travail.


Rassemblement de soutien à la grève des prisons de l'Alabama, Montgomery, 26 septembre 2022


Environ 25 000 personnes se trouvent dans les 14 principales prisons de l'État. Elles effectuent toutes les tâches nécessaires au maintien de la vie dans les établissements - cuisine, nettoyage, fabrication des uniformes, réparations et travaux d'équipement.

L'organisation de la grève a commencé en juin par le biais du Free Alabama Movement (FAM), à l’intérfieur des murs et avec le soutien du groupe de défense Both Sides of the Wall [Les deux côtés du mur]. Ces groupes ont estimé qu'environ 80 % des personnes présentes dans les prisons de l'Alabama sont en grève. (New York Times, 28 septembre)

Le premier jour de la grève, Both Sides of the Wall a organisé un rassemblement d'anciens détenus, de membres de leur famille et de sympathisants devant le département des services correctionnels de la capitale de l'État, Montgomery. Les orateurs ont demandé l'amélioration des soins médicaux et des conditions de détention, ainsi que la réforme des lois sur les peines et la libération conditionnelle.

Dans un communiqué de presse publié le 28 septembre, le département correctionnel de l'Alabama a pris la décision inhabituelle de confirmer qu'il y avait un “arrêt de travail” dans la plupart des prisons. La déclaration de l'ADOC rompt avec le déni habituel de l'action politique des détenus et renforce la probabilité que la participation soit généralisée.

Petit-déjeuner du premier jour de la grève  au centre correctionnel de Bibb. C'est [leur] tactique de rupture. Restez forts et persévérez. C'est la version moderne de "Pharaon... Laisse partir mon peuple". (Photo : @FREEALAMOVE)

Pour tenter de briser la grève, les autorités pénitentiaires ont réduit la nourriture à des repas froids, deux fois par jour, et ont fait venir de l'extérieur des prisonniers en permission de sortie pour travail, les forçant à préparer la nourriture. L'État a également mis en place des escouades anti-émeutes, selon les messages du FAM :

« Jour 5 : Alors que la grève historique des prisons de l'Alabama touche à la fin dans sa première semaine, il semble assez clair que l'ADOC veut la violence. Au cours des 72 dernières heures, l'ADOC a commencé à appeler des équipes anti-émeute dans les prisons en uniforme CERT [équipe d'intervention d'urgence correctionnelle], même si les grèves du travail ont représenté les périodes les plus pacifiques d'incarcération dans les prisons agitées de l'Alabama. »

Revendications des travailleurs incarcérés

En 2020, le ministère de la Justice a intenté un procès à l'État d’Alabama, alléguant que les conditions dans les prisons pour hommes violent la Constitution en raison de l'incapacité à protéger les hommes contre la violence entre prisonniers, les abus sexuels et l'usage excessif de la force par le personnel, et de l'incapacité à maintenir des conditions sûres. Le rapport a révélé que les principales prisons de l'Alabama étaient utilisées à 182 % de leur capacité.

04/10/2022

KIT KLARENBERG
Petit décodage de la guerre online du Pentagone contre l'Iran

Kit Klarenberg , The Cradle, 1/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Kit Klarenberg est un journaliste d'investigation britannique dont le travail explore le rôle des services de renseignement dans la formation de la politique et des perceptions. @KitKlarenberg

PdT (Préambule du traducteur)

Tout comme Blanche-Neige voyait des nains partout, certains voient des complots partout. Je ne suis pas de ceux-là. La révolte en cours des femmes et de la jeunesse d’Iran évoque à la fois les révolutions arabes de la décennie passée et le mouvement Black Lives Matter en réaction au meurtre policier de Georg Floyd aux USA. La mort suspecte de Jhina (“Mahsa”) Amini, interpellée par la police des mœurs à Téhéran pour « port non conforme de hijab », a joué le même rôle que l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid : celui de « l’étincelle qui a mis le feu à la plaine ». Deux versions des raisons de sa mort s’opposent : d’un côté, les autorités iraniennes – qui ont diffusé une vidéo montrant une femme voilée s’écroulant tout à coup dans une salle d’attente, sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agissait bien de Jhina Amini – affirmant que la jeune femme, épileptique, diabétique et ayant subi une opération du cerveau à l’âge de 5 ans, avait eu une attaque cardiaque ; de l’autre, la famille de Jhina et des femmes interpellées en même temps qu’elle, affirmant qu’elle a reçu des coups sur la tête de policiers des mœurs, ce qui a entraîné sa mort 2 jours plus tard. Quelle que soit la vérité, plusieurs évidences s’imposent : 1-il y a en Iran un ras-le-bol généralisé bien réel et indéniable, en particulier chez les femmes ; 2-chaque soulèvement contre le régime des ayatollahs est une occasion en or de jeter de l’huile sur le feu pour les “usual suspects”, de la CIA et du CENTCOM à la Voice of America. La CIA en particulier voudrait bien faire oublier son plus lamentable échec historique : ne pas avoir été fichue de voir venir la révolution dite islamique de 1979 et la chute de son chouchou le Chah ; 3-voir dans l’actuel soulèvement en Iran un simple complot impérialiste, une énième "révolution de couleur", relèverait de la bêtise et de la paranoïa.

Nous faisons donc confiance à l’intelligence des lecteur·rices pour faire le tri dans les intéressantes informations données ci-dessous et tirer leurs propres conclusions.-FG

D'un simple clic de bouton aux USA à la violence dans les rues de Téhéran, les dernières manifestations en Iran sont conçues et provoquées de l'extérieur


Les troubles civils en Iran en réponse à la mort récente de Mahsa Amini, 22 ans, alors qu'elle attendait [sic, NdT] dans un poste de police de Téhéran, bien que fondés sur des griefs légitimes, portent également la marque d'une guerre secrète commanditée par l'Occident, couvrant de multiples fronts.

Quelques jours seulement après le déclenchement des manifestations, le 16 septembre, le Washington Post a révélé que le Pentagone avait lancé un vaste audit de tous ses efforts de psyops [opérations psychologiques] en ligne, après qu'un certain nombre de comptes bot & trolls exploités par sa division de commandement central (CENTCOM) – qui couvre toutes les actions militaires usaméricaines en Asie occidentale, en Afrique du Nord et en Asie du Sud et centrale – avaient été exposés, puis interdits par les principaux réseaux sociaux et espaces en ligne.

Les comptes ont été décortiqués dans une enquête conjointe menée par la société de recherche sur les médias sociaux Graphika, et l'Observatoire Internet de Stanford, qui a évalué « cinq ans d'opérations d'influence secrète pro-occidentale ». [l’enquête constate que les faux comptes se présentant comme iraniens ont eu très peu de followers, et donc que leur influence a été quasiment nulle, NdT]

Publiée à la fin du mois d'août, elle a fait l'objet d'une couverture médiatique minimale en anglais à l'époque, mais elle a manifestement été remarquée, suscitant des inquiétudes au plus haut niveau du gouvernement usaméricain, ce qui a motivé l'audit.

Alors que le Washington Post suggérait sans peur du ridicule que l'ombrage du gouvernement découlait des activités manipulatrices et flagrantes du CENTCOM qui pourraient compromettre les « valeurs » usaméricaines et sa« position morale élevée », il est tout à fait clair que le véritable problème était que le CENTCOM avait été mis à poil.

#OpIran

La compétence géographique du CENTCOM inclut l'Iran, et étant donné le statut de longue date de la République islamique en tant qu'État ennemi clé des USA, il n'est peut-être pas surprenant qu'une partie importante des efforts de désinformation en ligne et de guerre psychologique de l'unité l’aient ciblée.

Une stratégie clé utilisée par les spécialistes militaires usaméricains des psyops est la création de plusieurs médias fictifs publiant des contenus en farsi. De nombreux canaux en ligne ont été maintenus pour ces plateformes, couvrant Twitter, Facebook, Instagram, YouTube et même Telegram.

Dans certains cas également, de faux journalistes et experts, avec de nombreux « followers » sur ces plateformes, ont émergé, ainsi que des photos de profil créées via l'intelligence artificielle.

LEA MELANDRI
Pourquoi cette marée de filles devrait-elle voter pour vous ? Finie l'histoire où le seul verbe qui compte est masculin

Lea Melandri, il Riformista, 2/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Pourquoi cette “marée” de filles devrait-elle voter pour vous, alors que vous ne les voyez même pas, que vous passez à la télévision à toute heure et que leurs manifs multitudinaires ne font même pas la une des journaux télévisés, qu'aucun journaliste ne songe à enquêter sur les besoins, les désirs et les rêves d'une génération qui a beaucoup à vous apprendre sur la crise du modèle de civilisation dont nous avons hérité, patriarcal, capitaliste, raciste et avec des remugles nostalgiques de régimes autoritaires ?

 


Pourquoi devraient-elles s’intéresser à des institutions qui n'ont montré aucun signe de capacité de renouvellement, alors même qu'elles ont été titillées par des mouvements anti-autoritaires, libertaires, solidaires, qui n'ont jamais fait défaut dans notre pays et qui remettaient en cause leur conservatisme, leur nombrilisme ? Pourquoi s'intéresseraient-elles à vos “aveux” fatigués et répétés d'erreurs, de lacunes, vos promesses de renouveau, alors que les gouvernements que nous avons en face de nous depuis des années nous conduisent au désastre, à la pauvreté croissante, à la violence contre les femmes, à l'expansion de l'arsenal de guerre, à l'hostilité envers les migrants, à la nostalgie fascistoïde qui menace les droits et libertés acquis ?

Pourquoi, en tant que féministes, devrions-nous accorder du crédit aux femmes qui n'émergent que parce qu'elles sont intégrées à votre propre vision du monde, prêtes à soutenir votre faiblesse croissante par leur force ? Ce n'est pas l'Histoire qui est terminée. C'est “votre” histoire qui est finie, celle qui a cru pouvoir diriger le monde en excluant la moitié de l'espèce humaine, celle qui a cru pouvoir faire passer pour "neutre" et "universelle" la parole d'un seul genre, le masculin. Passez outre, faites enfin bon usage de cette "ratio", de ce "logos", que vous avez si arrogamment élevé au-dessus de toutes les autres facultés humaines, identifiées à un féminin - corps, nature, animalité.

Dès son émergence au début des années 1970, il était clair que la remise en cause la plus radicale de la politique, à partir de ses origines, était née avec le féminisme : la séparation entre le corps et la polis, entre un sexe gagnant et l'autre exclu, considéré comme "vie inférieure ". La prise de conscience du fondement sexiste et patriarcal d'une communauté historique d'hommes qui s'était érigée comme l'humain dans son accomplissement est remontée à la surface. Avec une pratique qui redécouvrait la politisation d'expériences humaines essentielles, telles que la sexualité, la maternité, et tous les événements dont le corps est partie prenante, relégué à l'immobilité des lois naturelles, il était clair que la politique, pour être encore crédible, devait se redéfinir. Ce n'était pas le cas. Bien que le mouvement des femmes soit le seul à avoir survécu à la fin de la décennie des années 1970, combien de fois avons-nous entendu ou lu de la part d'experts, de politiciens et d'intellectuels connus qu'il était "mort" ou "silencieux", sauf pour le faire redescendre dans la rue lorsque cela servait leurs intérêts politiques ?

JEFFREY D. SACHS
En Ukraine, le Grand Jeu devient incontrôlable

 Jeffrey D. Sachs, Other News, 28/9/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jeffrey David Sachs (Detroit, 1954) est un économiste usaméricain, universitaire, analyste des politiques publiques et ancien directeur de l'Institut de la Terre à l'Université Columbia, où il et professeur et directeur du Centre pour le développement durable. Président du Réseau des solutions de développement durable des Nations Unies, il a été conseiller de trois secrétaires généraux des Nations Unies et est actuellement défenseur des ODD (objectifs de développement durable) auprès du secrétaire général António Guterres.

Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller usaméricain à la sécurité nationale, est célèbre pour avoir décrit l'Ukraine comme un « pivot géopolitique » de l'Eurasie, central pour les puissances usaméricaine et russe.  Étant donné que la Russie considère que ses intérêts vitaux en matière de sécurité sont en jeu dans le conflit actuel, la guerre en Ukraine est en train d’escalader rapidement vers une confrontation nucléaire.  Il est urgent que les USA et la Russie fassent preuve de retenue avant que la catastrophe ne se produise. 



Depuis le milieu du XIXe siècle, l'Occident a été en compétition avec la Russie sur la Crimée et plus particulièrement, sur la puissance navale en mer Noire.  Pendant la guerre de Crimée (1853-1856), la Grande-Bretagne et la France s'emparèrent de Sébastopol et bannirent temporairement la marine russe de la mer Noire.  Le conflit actuel est, en substance, la Seconde Guerre de Crimée.  Cette fois, une alliance militaire dirigée par les USA cherche à étendre l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, si bien que cinq membres de l'OTAN encercleraient la mer Noire. 

Depuis longtemps, les USA considèrent tout empiètement des grandes puissances de l'hémisphère occidental comme une menace directe à leur sécurité, depuis la doctrine Monroe de 1823, qui dit : « Nous devons donc à la franchise et aux relations amicales qui existent entre les USA et ces puissances [européennes] de déclarer que nous devrions considérer toute tentative de leur part d'étendre leur système à n'importe quelle partie de cet hémisphère comme dangereuse pour notre paix et notre sécurité. »  

En 1961, les USA ont envahi Cuba lorsque le dirigeant révolutionnaire cubain Fidel Castro s'est tourné vers l'Union soviétique pour obtenir son soutien.  Les USA n'étaient pas très intéressés par le « droit » de Cuba de s'aligner sur le pays qu'il voulait – la revendication qu'ils font valoir concernant le prétendu droit de l'Ukraine de rejoindre l'OTAN.  L'échec de l'invasion usaméricaine en 1961 a conduit à la décision de l'Union soviétique de placer des armes nucléaires offensives à Cuba en 1962, ce qui a conduit à la crise des missiles cubains il y a exactement 60 ans ce mois-ci.  Cette crise a mis le monde au bord de la guerre nucléaire.