09/01/2022

ANTONIO MAZZEO
Google renforce sa mainmise sur la toile en rachetant l’entreprise israélienne de « cybersécurité » Siemplify

Antonio Mazzeo, Pagine Esteri, 7/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Google acquiert une startup israélienne et renforce sa présence sur le marché mondial de la cybersécurité. Dans un communiqué de presse publié le 4 janvier, la société informatique transnationale dont le siège est aux USA a annoncé l'acquisition de Siemplify, une société leader dans la gestion et l'analyse de données et fournisseur de SOAR (Orchestration de la sécurité, automatisation et réponse), dont le siège est à Ramat Gan, une ville située dans la banlieue est de Tel Aviv. Google aurait dépensé pas moins de 500 millions de dollars pour cette opération.

« Siemplify partage notre vision dans le secteur de la cybersécurité et, avec l'équipe de spécialistes de Google Cloud, aidera les entreprises à mieux gérer leur réponse aux menaces », déclare la direction de la transnationale. Plus précisément, les applications de la start-up israélienne seront mises à disposition de la Google Cloud Platform, la suite de services de « cloud computing » que Google utilise pour ses produits les plus connus, tels que le moteur de recherche éponyme, Gmail, Google Drive et la chaîne YouTube.

 « À l'heure où les cyberattaques augmentent rapidement en fréquence et en complexité, c'est le meilleur moment pour que les deux entreprises travaillent ensemble », ajoute le service de presse de Google Cloud. « Avec Siemplify, nous allons changer les règles sur la façon dont les organisations chassent, détectent et répondent aux cybermenaces. La plateforme de Siemplify permet aux analystes du Security Operation Center de gérer les réponses avec rapidité et précision et sera intégrée au groupe de cybersécurité Chronicle de Google Cloud. Sa capacité SOAR éprouvée, combinée à l'approche innovante de Chronicle, constituera une étape importante dans l'amélioration des outils mis à la disposition du secteur de la cybersécurité ».

 Les fondateurs de Siemplify : de gauche à droite Alon Cohen, Amos Stern et Garry Fatakhov. Photo : Siemplify

 Siemplify a été fondée en 2015 et compte parmi ses principaux clients Amazon Web Services, Microsoft Azure, McAfee, Cisco et certaines des principales entreprises et start-ups de sécurité d'Israël. Le cofondateur et PDG est Amos Stern, anciennement analyste au sein du département des renseignements des forces armées israéliennes, puis directeur des ventes de la division Cyber & Intelligence d'Elbit Ltd, l'une des plus grandes entreprises du complexe militaro-industriel israélien. Le cursus professionnel de l'autre cofondateur et directeur général de Siemplify, Alon Cohen, est similaire.

Siemplify n'est pas la première entreprise israélienne rachetée par le géant international de l'informatique. En 2013, Google avait acheté pour plus d'un milliard de dollars Waze Mobile Ltd, la start-up israélienne qui a inventé et breveté Waze, l'application de navigation dans les rues qui fournit aux utilisateurs des mises à jour en temps réel sur le trafic automobile, désormais disponible avec les plateformes IOS et Android. En 2019, la société Elastifile a été acquise pour 200 millions de dollars (elle développe des applications informatiques pour la gestion logistique) et Alooma pour 150 millions de dollars (société de traitement et de transmission de données).

Le 22 juin 2021, un partenariat a été formalisé entre Google et ThetaRay, une société de sécurité informatique basée à Hod HaSharon, pour développer des programmes et des systèmes d'intelligence artificielle « contre le blanchiment d'argent » et « les transactions financières internationales des organisations criminelles ».

Les critiques n'ont pas manqué à l'égard des relations de Google avec des entreprises israéliennes connues pour être liées au complexe militaro-industriel. Dans un document publié par le Guardian en octobre dernier, plus de 400 employés de Google et d'Amazon ont affirmé que des applications informatiques fabriquées ou utilisées par les deux géants transnationaux servaient à espionner des militants palestiniens et des défenseurs des droits humains ou à « cibler directement des citoyens palestiniens dans la bande de Gaza ».

« Nous condamnons l'utilisation de ces services de nuage qui sont vendus au gouvernement et à l'armée israéliens et qui contribuent à la surveillance et à la répression des Palestiniens », écrivaient les employé·es. « Nous avons vu Google et Amazon poursuivre agressivement des contrats avec des institutions telles que le ministère de la Défense, l'Immigration et les douanes (ICE), et les services de police étatiques et locaux usaméricains. Ces contrats s'inscrivent dans un schéma inquiétant de militarisation, de perte de transparence et d'évitement du contrôle ».

Les employé·es de Google et d'Amazon stigmatisaient notamment la décision de lancer le projet appelé Nimbus en transférant des « technologies informatiques dangereuses » à Israël. « Le projet Nimbus est un contrat de 1,2 milliard de dollars par lequel des services de cloud sont fournis à l'armée et au gouvernement israéliens », écrivaient les employé·es. « Cette technologie permet de poursuivre la surveillance et la collecte de données illégales sur les Palestiniens et facilite l'expansion des colonies illégales d'Israël en territoire palestinien. Ce n'est pas une coïncidence si le contrat a été signé la même semaine où l'armée israélienne a attaqué les Palestiniens dans la bande de Gaza, tuant quelque 250 personnes, dont une soixantaine d'enfants ».

« La technologie dans laquelle nos entreprises se sont engagées rendra systématique la discrimination et la relocalisation forcée de la population par l'armée israélienne, et sera encore plus cruelle et meurtrière pour les Palestiniens », concluaient les employé·es de Google et Amazon. « C'est pourquoi nous exigeons qu'aucun service de cloud ne soit vendu et que les relations et les liens avec le régime oppressif d'Israël soient rompus ».

     

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