Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

06/03/2024

MICHAEL LESHER
La larme du rabbin

Michael Lesher, off-Guardian, 29/2/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Jusqu’à très récemment, je pensais ne plus pouvoir être choqué par les nouvelles concernant la sauvagerie d’Israël à l’encontre de la population piégée de Gaza - ou par le soutien sans faille de ma communauté juive orthodoxe à chacune de ces atrocités.

J’avais vu les corps déchiquetés d’enfants palestiniens.

J’avais vu les restes bombardés des derniers hôpitaux de Gaza en état de marche et les patients qui avaient été tués à l’intérieur.

J’avais vu des Gazaouis sans défense assassinés de sang-froid par des tireurs d’élite israéliens alors qu’ils tentaient de récupérer un peu d’eau potable.

J’avais lu des articles sur des médecins contraints d’amputer des membres sans anesthésie, sur des mères incapables de sauver leurs petits des bombes ou de la maladie, et sur des juifs israéliens « religieux » qui bloquaient délibérément les camions tentant d’acheminer un filet de fournitures vitales à Gaza et qui dansaient littéralement dans la rue lorsqu’ils réussissaient à le faire.

Mais ensuite, j’ai vu quelque chose qui m’a ébranlé encore plus profondément que tout cela.


 J’ai vu un rabbin essuyer une larme.

Ce rabbin appartenait à un groupe religieux résolument antisioniste, Neturei Karta, et il parlait à un intervieweur des crimes israéliens et de la manière dont tout juif authentiquement religieux devait les rejeter. Rien de surprenant à cela. Mais pendant qu’il parlait, l’interviewer a partagé avec lui une vidéo d’un récent carnage dans lequel des enfants palestiniens blessés appelaient en vain leurs parents assassinés. Et - oui - tout en regardant cette scène horrible, le rabbin a tamponné une larme avec les jointures d’une main.

C’était un geste parfaitement naturel. Et pourtant, il m’a choqué - et au début, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi.

Puis j’ai compris ce qui m’avait tant troublé dans cette larme : malgré toutes les horreurs de la campagne génocidaire d’Israël à Gaza, qui dure maintenant depuis près de cinq mois, c’était la première fois que je voyais un rabbin orthodoxe - ou, d’ailleurs, l’un de mes coreligionnaires juifs orthodoxes - montrer le moindre signe d’émotion face aux souffrances infligées aux Palestiniens par ce qu’on appelle l’État juif.

Oh, ils peuvent se passionner pour des choses qui n’ont probablement jamais eu lieu : bébés israéliens décapités, femmes israéliennes victimes de viols collectifs. Mais face aux preuves indéniables de crimes réels commis contre des femmes et des bébés, tous les rabbins orthodoxes qui se sont exprimés publiquement sur le sujet se sont instantanément mis en mode apologie.

C’est la faute du Hamas qui a riposté. Les victimes des vidéos exagéraient probablement leurs blessures. La guerre, c’est la guerre. Et de toute façon, ce ne sont que des Palestiniens, où est le problème ? Malgré toute l’émotion qu’ils ont manifestée face aux tragédies humaines de Gaza, les rabbins n’étaient peut-être que des machines à calculer.

Et ce, quand ils ne célébraient pas activement le massacre.

Noach Isaac Oelbaum, un éminent rabbin new-yorkais, s’est récemment exclamé devant un large public de juifs orthodoxes : « Les mots de la Torah sont nos armes [contre Gaza]. Chaque [page du Talmud que nous étudions] est un missile ; chaque [commentaire de] Tosfos [commentaires médiévaux du Talmud, NdT] est une roquette ; et chaque [chapitre de Psaumes que nous récitons] est une bombe ».

Aucun antisémite n’a jamais calomnié la Torah de manière aussi succincte, mais le rabbin Oelbaum n’était pas le seul à associer le judaïsme à des crimes contre l’humanité : le grand rabbin du Royaume-Uni, Ephraim Mirvis, a tenu à appeler à l’extermination en déclarant que « le Hamas [lire : Gaza] ne peut pas être autorisé à continuer à continuer d’exister », tandis qu’en Israël, la déclaration publique du rabbin Meir Mazuz selon laquelle les habitants de Gaza sont des « animaux » qui méritent de mourir de faim était si typique de l’attitude des juifs orthodoxes qu’elle a été à peine remarquée par la presse.

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Israel se va “superando” a sí mismo… en abyección

Aaron Bushnell in memoriam

Luis E. Sabini Fernández, 4-3-2024

En este último eslabón de decadencia con depredación, moral y material, vértigo de hybris en caída libre,[1] como ingresando a los cada vez más atroces círculos del infierno de Dante, tenemos que las fuerzas policiaciomilitares israelíes y la sociedad israelí en general (con excepciones, de enorme valor ético y físico), van degradando su comportamiento: no pudieron afrontar que los despreciados palestinos le arrebataran la vida a centenares de miembros de sus fuerzas militares en un copamiento, muy anunciado y a la vez desatendido por la seguridad israelí.


Como no pueden castigarse a sí mismos por semejante divorcio con la realidad, las fuerzas israelíes empezaron ese mismo fatídico 7 de octubre a disparar mortífera artillería a todos los que se movían, incluyendo así hasta israelíes cautivos a causa del copamiento. En ese primer momento validaron esta matanza, Doctrina Aníbal mediante.

Pero la bajada a los abismos ha continuado. Como suele acontecer cuando uno domina la bajada al abismo,  se la concede al otro.

Con bombardeos a edificios de viviendas colectivas, a lo largo de calles enteras, con preaviso (generalmente corto, escaso) o sin preaviso, cumpliendo más descaradamente el fin perseguido; la destrucción y el borramiento de ciudades palestinas y sus habitantes de la (codiciada) Franja de Gaza: con el lenguaje que hemos establecido al fin de la IIGM, genocidio.

La destrucción de edificios mediante bombardeos implica enterrar vivos a sus moradores si no tuvieron tiempo, no pudieron o no quisieron salir (se estima que, a hoy, con 5 meses bajo artillería casi continua, buena parte de los hasta ahora 7000 desaparecidos son palestinos enterrados vivos. Que tienen que haber sufrido inenarrables agonías.

Acaban de ”desenterrar”, primero de marzo, un niño palestino, ojos grandes, cero sonrisa, tras 9 días enterrado vivo bajo los escombros de uno de los tantos bombardeos; sin comer ni beber durante esa atroz espera, agónica. Quienes hacen esa extraordinaria tarea de rescatar –vivos o muertos− de entre los escombros, se valieron de un carro tirado por un burro para llevarlo a un hospital.

¿Se acuerdan de la profecía que con insolencia militares israelíes proclamaban, de llevar a los palestinos a “la edad de piedra”? Ahmed es uno de los que fue llevado a la edad de piedra. Y volvió de allí. Tan inolvidable será con su voluntad de vida como Aaron Bushnell, el valiente y solidario soldado estadounidense que con todo su cuerpo se negó a hacer este genocidio.

Las cifras oficiales hablan de unos 30 mil muertos, varones, mujeres, infantes, bebes,  en 5 meses. Grosso modo, unos doscientos palestinos asesinados cada día. Pero si contamos a los desaparecidos, la cuota del genocidio se ubica alrededor de los 250 diarios. Como los señores aviadores y otros artilleros descansan, no “trabajan” permanentemente, si estimamos que han “hecho su tarea”, la mitad de estos días, tenemos entonces una cosecha roja de 500 seres humanos por intervención: un genocidio in progress de alto rendimiento, señores diseñadores del alto mando israelí.

Blas Pascal, profundamente cristiano, nos enseñó hace ya siglos que el humano es medio ángel y medio bestia, pero agregaba un corolario ético, psíquico: que cada vez que el humano procura convertirse en ángel deviene bestia. Una dialéctica que va mucho más allá de cierta linealidad del comportamiento: desde la Grecia clásica nos ayudaron a ver aspectos de esta cuestión con la noción de hybris.

El ejército más moral del mundo ha cumplido el apotegma de Pascal: es el ejército más (cerebral e) inmoral de mundo.

 “La insoportable levedad del ser” israelí queda a su vez patentada con esa foto de las diez militares israelíes sacándose selfies, sonrientes, en medio de la devastación que han producido en la Franja de Gaza.

No es nada nueva, empero. Ya la habíamos conocido cuando vecinos israelíes de la FdG instalaban butacas cerca de la frontera, preferentemente en algún promontorio, para presenciar –como mirando una película− los bombardeos que con impunidad (y cobardía, porque las poblaciones palestinas no tienen armamento antiaéreo)  descargaba la aviación y la artillería israelíes sobre ciudades palestinas, o cuando buscaban “frenéticamente” a Gilad Shalit (todo un pretexto para seguir matando palestinos), o cuando bautizaron macabramente una operación de devastación en la FdG de “Plomo Fundido”, o cuando idearon balas de tungsteno generadoras de miríadas de focos cancerígenos en el cuerpo en que se alojaban al penetrar la carne, romper los huesos… y en tantas otras ocasiones.

BRIAN VICTORIA
La bataille pour l'âme du judaïsme : tribalisme contre universalisme, Isaïe contre Samuel

Brian Victoria, Informed Comment, 02/23/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Kyoto - Les téléspectateurs de la récente interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson ont peut-être été surpris par la longue référence de ce dernier à la fondation historique de la Russie. Quel est le rapport avec l'invasion actuelle de l'Ukraine par la Russie, pourrait-on se demander.

Pourtant, comme tout étudiant en histoire, et a fortiori tout diplomate, peut en témoigner, les conflits entre nations ne peuvent être compris, et encore moins résolus, sans une compréhension de leurs racines historiques. Cela pourrait-il également être vrai pour le conflit actuel entre Israël et les Palestiniens ?

Les racines de ce conflit sont souvent expliquées en référence à la création d'Israël en 1948, qui a entraîné l'expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leur patrie et le meurtre de milliers d'autres. Bien que les sionistes qui ont fondé Israël aient été pour la plupart des socialistes travaillistes et souvent laïques, la guerre civile qui a entraîné l'effondrement du mandat britannique sur la Palestine a fait naître un tribalisme nationaliste chez les nouveaux Israéliens. Ce tribalisme parmi les sionistes a été renforcé par le génocide de masse nazi des Juifs en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire l'Holocauste.  Ironiquement, le tribalisme juif des paramilitaires sionistes dans la Palestine britannique tardive a également favorisé le tribalisme palestinien et arabe. Malgré l'universalisme éthique du Coran et des valeurs islamiques, des groupes musulmans extrémistes ont été séduits, au cours des dernières décennies, par les notions modernes de nationalisme ethnique, s'orientant vers un tribalisme qui leur est propre, face au colonialisme et au néocolonialisme.

La lutte au sein du judaïsme entre l'universalisme et le tribalisme remonte toutefois à beaucoup plus loin. C'est l'époque de l'auteur ou des auteurs du Second Isaïe dans la Bible hébraïque et l'Ancien Testament chrétien. Le Second Isaïe enseigne, entre autres, l'existence universelle de Dieu, c'est-à-dire non seulement le Dieu des Juifs, mais aussi celui du monde entier. Il contient en outre de nombreuses exhortations au comportement éthique et à la justice sociale. Le comportement éthique comprend des éléments tels que la prise en charge des pauvres et des opprimés, la poursuite de la justice et le traitement des autres avec compassion. 


Cela signifie que le ou les auteurs du Second Ésaïe faisaient partie d'un petit groupe de réformateurs religieux de l'Âge axial, une période baptisée ainsi par le philosophe allemand Karl Jaspers. Jaspers a identifié l'âge axial comme une transformation mondiale de la conscience religieuse qui a duré approximativement entre 800 et 200 avant l’ère chrétienne, centrée sur la Méditerranée, l'Inde et la Chine. Dans l'ensemble, ses principales caractéristiques sont l'accent mis sur la vie éthique, l'introspection individuelle et les principes universels.

Par comparaison, les multiples religions des peuples du monde avant l'ère axiale, y compris le judaïsme, étaient de nature tribale, c'est-à-dire qu'elles mettaient l'accent sur ce qui était bon pour la tribu dans son ensemble plutôt que pour chacun de ses membres, et encore moins sur ce qui était bon pour ceux qui n'appartenaient pas à la tribu. Alors que les tribus parlaient généralement d'elles-mêmes comme du “peuple”, les personnes extérieures à la tribu étaient considérées avec dédain, voire avec crainte, comme un ennemi potentiel qui, le cas échéant, devait être détruit afin d'assurer la survie de la tribu.

Il est séduisant, mais erroné, de supposer qu'au lendemain de l'ère axiale, après 200 avant l’ère chrétienne, les anciennes religions tribalo-centrées, généralement décrites comme étant de nature animiste, se sont simplement atrophiées et ont disparu. Cependant, comme l'ont démontré de nombreuses guerres ultérieures, ce n'est pas le cas. Lorsqu'une tribu, aujourd'hui appelée nation, est menacée, qu'elle soit réelle ou perçue comme telle, la population de cette nation revient à une mentalité tribale, voire à une moralité tribale, c'est-à-dire que nous sommes les seuls à être humains, l'“autre” ne l'est pas. La divinité universelle est ramenée, bien qu'inconsciemment, à son statut de divinité tribale préoccupée exclusivement par le bien-être de la tribu. Une fois tribalisée, la divinité bénit et protège la tribu, et uniquement la tribu, en lui assurant la victoire. Quant au traitement de l'ennemi de la tribu, tout est permis.


Loin des yeux, loin du cœur, par Mr. Fish

Dans le cas du conflit actuel en Israël/Palestine, ce paradigme séculaire n'est que trop clair. Ainsi, le Premier ministre Benjamin Netanyahou n'a pas hésité à invoquer l'image biblique de la bataille des tribus juives contre les Amalécites. Il a affirmé que les Israéliens étaient unis dans leur lutte contre le Hamas, qu'il a décrit comme un ennemi d'une cruauté incomparable. « Ils [les juifs israéliens] sont déterminés à éliminer complètement ce mal du monde », a déclaré Netanyahou en hébreu, avant d'ajouter : « Vous devez vous souvenir de ce qu'Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible. Et nous nous en souvenons ».

Netanyahou faisait référence au premier livre de Samuel, dans lequel Dieu ordonne au roi Saül de tuer tous les membres d'Amalek, une tribu rivale des anciens Israélites. « Voici ce que dit le Seigneur tout-puissant », déclare le prophète Samuel à Saül. « Je punirai les Amalécites pour ce qu'ils ont fait à Israël lorsqu'ils l'ont abandonné lors de sa remontée d'Égypte. Va donc attaquer les Amalécites et détruis tout ce qui leur appartient. Ne les épargnez pas, mettez à mort les hommes et les femmes, les enfants et les nourrissons, le bétail et les moutons, les chameaux et les ânes. » (1 Samuel 15:3)

Lettres de Palestine

05/03/2024

ODED YARON/OMER BENJAKOB
Les USA sanctionnent Tal Dilian, un ancien officier de renseignement israélien à l’origine d’entreprises de logiciels espions

Oded Yaron & Omer Benjakob, Haaretz, 5/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le Trésor usaméricain sanctionne le fondateur israélien d’Intellexa Consortium pour le rôle que cette compagnie a joué dans le développement et la vente de “technologies d’espionnage commercial utilisées pour cibler des USAméricains”.

Tal Dilian, fondateur d’Intellexa, dans sa villa de Chypre Photo : Yiannis Kourtoglou / REUTERS

Les USA ont imposé mardi des sanctions personnelles à l’ancien officier de renseignement israélien Tal Dilian, qui est à l’origine des cyber-entreprises Cytrox et Intellexa, qui ont mis au point le logiciel espion Predator utilisé pour la surveillance des téléphones portables.

Ces sociétés, qui opèrent en dehors de la supervision du ministère israélien de la défense, sont au cœur d’un scandale mondial après la découverte de plusieurs affaires impliquant l’utilisation de technologies d’espionnage contre des hommes politiques, des journalistes et d’autres cibles en Grèce et dans d’autres pays.

Le Trésor usaméricain a annoncé mardi que son “Office of Foreign Assets Control” [Bureau de contrôle des avoirs étrangers] a désigné deux personnes et cinq entités associées au consortium Intellexa pour leur rôle dans « le développement, l’exploitation et la distribution d’une technologie commerciale d’espionnage utilisée pour cibler des USAméricains, dont des représentants du gouvernement US, des journalistes et des experts politiques ».

« La prolifération des logiciels espions commerciaux pose des risques distincts et croissants pour la sécurité des USA et a été utilisée à mauvais escient par des acteurs étrangers pour permettre des violations des droits humains et le ciblage de dissidents dans le monde entier à des fins de répression et de représailles », poursuit le communiqué du Trésor.

Les nouvelles sanctions personnelles impliquent le gel de tous les avoirs de Dilian, ainsi que de ceux de son beau-père et de ses diverses sociétés aux USA, ou de celles qui sont contrôlées par des citoyens USaméricains.

Tout intérêt commercial de ce type doit être signalé à l’Office of Foreign Assets Control, qui est chargé d’administrer la liste noire du ministère US du commerce.

Les sanctions interdisent également à tous les citoyens usaméricains d’exercer une quelconque activité commerciale avec Dilian et l’une de ses sociétés, à moins qu’ils n’obtiennent un permis spécial.

La déclaration du département du Trésor indique en outre que les institutions financières, les entreprises et les particuliers qui continuent à faire des affaires avec Dilian peuvent également faire l’objet de sanctions. Parmi les activités susceptibles d’entraîner des sanctions figurent les dons, les paiements, les biens et les services fournis à Dilian et à ses associés ou par eux.

Dilian. Predator fait partie du portefeuille d’outils d’espionnage d’Intellexa. Photo : Yiannis Kourtoglou / REUTERS

En juillet 2023, Intellexa et Cytrox ont été ajoutées à une liste noire usaméricaine d’entreprises agissant contre les intérêts usaméricains, mais c’est la première fois que des sanctions personnelles ont été imposées aux dirigeants de l’entreprise, y compris à Dilian.

Jusqu’à présent, l’entreprise figurait sur la liste de la Chambre de commerce en tant qu’entité avec laquelle les organismes et agences gouvernementaux officiels ne sont pas autorisés à faire des affaires. À partir d’aujourd’hui, les sanctions sont devenues personnelles et marquent ainsi une étape dans la lutte des USA contre les cyber-risques offensifs mondiaux.

À cet égard, la décision d’aujourd’hui représente l’aboutissement d’un long combat qui a commencé en 2021, lorsque le ministère usaméricain du commerce a ajouté les sociétés israéliennes de logiciels espions NSO group et Candiru, ainsi que des sociétés russes et singapouriennes, à sa liste d’entités pour des activités contraires aux intérêts de la sécurité nationale ou de la politique étrangère des USA.

Outre les sanctions imposées à Dilian, ancien commandant de l’unité 81 des services de renseignement de l’armée israélienne, des sanctions ont également été prises à l’encontre de sa compagne et ex-femme, Sara Aleksandra Hamou [alias Sara S. elle enregistré 4 entreprises à Chypre], que le gouvernement usaméricain définit comme une « spécialiste de la délocalisation qui a fourni des services de gestion au consortium Intellexa », notamment en louant ses bureaux en Grèce.

Le codirecteur général d’Intellexa, Tal Dilian, pose pour une photo dans sa maison de Limassol, à Chypre, en avril 2020.Photo : Yiannis Kourtoglou / REUTERS

Des sanctions ont également été imposées à cinq autres entités commerciales du consortium Intellexa, dont quatre avaient déjà été ajoutées à la liste des entités du ministère usaméricain du commerce l’année dernière. L’autre entreprise, qui n’a pas encore été mentionnée dans les sanctions, est Thalestris [basée en Irlande].

Alors que ces entreprises opèrent depuis Israël conformément à la législation israélienne, Intellexa échappe à la supervision du ministère israélien de la défense. L’inscription de la société sur la liste noire l’année dernière a marqué l’effort des USA non seulement pour freiner l’industrie israélienne des logiciels espions, mais aussi pour surveiller les Israéliens à l’étranger.

« Les mesures prises aujourd’hui représentent une avancée tangible dans la lutte contre l’utilisation abusive d’outils de surveillance commerciaux, qui représentent de plus en plus un risque pour la sécurité des USA et de leurs citoyens », a déclaré Brian E. Nelson, sous-secrétaire d’État au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.

« Les USA s’attachent à établir des garde-fous clairs pour le développement et l’utilisation responsables de ces technologies, tout en garantissant la protection des droits humains et des libertés civiles des individus dans le monde entier », a poursuivi Nelson.

Le logo de la société israélienne de logiciels espions NSO. Photo : Ohad Zwigenberg

Plusieurs rapports d’enquête ont été publiés ces dernières années, notamment dans Haaretz, concernant les activités d’Intellexa dans le monde. Le premier rapport concernait le déménagement de la société de Chypre en Grèce.

Dilian et la société ont fait l’objet d’une enquête criminelle à Chypre par le passé, et une société affiliée a été reconnue coupable cette année d’avoir siphonné illégalement des données de l’aéroport de Larnaca - bien que Dilian lui-même ait été blanchi de tous les chefs d’accusation.

Il s’agissait du premier cas d’un ressortissant européen ciblé par le logiciel espion Predator créé par la société israélienne Cytrox, qui appartient à Intellexa.

Il a été révélé par la suite que le chef du Parti socialiste grec avait également été la cible d’espionnage, de même qu’un haut responsable de Meta [ex-Facebook].

Le logiciel espion Pegasus vendu par le NSO israélien, ou le Predator de Cytrox, peuvent être utilisés par les gouvernements pour suivre et surveiller leurs propres citoyens, sans raison, de manière presque invisible et en toute dénégation, voire en toute impunité. Photos : Sebastian Scheiner, AP / Andrei Minsk / Shutterstock, photoshopées par Anastasia Shub

En collaboration avec un groupe de journalistes, Haaretz a révélé comment le logiciel espion Predator d’Intellexa a également été vendu à une milice soudanaise et même à des militants du Bangladesh - des pays avec lesquels les Israéliens n’ont pas le droit de faire des affaires.

Depuis lors, une série de rapports a été publiée sur l’entreprise et ses logiciels espions - fabriqués par Cytrox - qui, comme l’a révélé Haaretz, a reçu un investissement initial des Industries aérospatiales israéliennes, qui se sont par la suite retirées de l’entreprise.

Les cyber-entreprises Sekoia.io et Recorded Future ont simultanément publié des enquêtes sur les sanctions qui ont révélé l’existence d’une nouvelle infrastructure de logiciels espions Predator dans 11 pays aux régimes répressifs. La plupart des pays avaient déjà été identifiés, mais la nouvelle infrastructure a également été découverte pour la première fois aux Philippines et au Botswana, ont noté les chercheurs du groupe Insikt de Recorded Future.

De vastes infrastructures ont également été découvertes en Arabie saoudite, en Angola, en Arménie, en Égypte, en Indonésie, au Kazakhstan, à Oman, à Madagascar et à Trinité-et-Tobago.

MONICA MOOREHEAD
Une armée et une société lézardées, un isolement international croissant : pour Israël, rien ne va plus

Monica Moorehead, Workers World, 4/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le Réseau d’information de la Résistance (Resistance News Network) a rapporté le 3 mars que « des colons sionistes ultra-orthodoxes bloquent une autoroute de Tel Aviv pour protester contre la loi de conscription de l’entité, qui les verrait incorporés pour la première fois dans les FOI  [Forces d’occupation israéliennes], alors que les FOI  s’efforcent de compenser leurs pertes significatives et exigent un recrutement plus important. Un certain nombre de colons ont été arrêtés ». Aucun drapeau israélien n’était visible lors de cette confrontation entre les colons fascistes et la police. Les colons ultra-orthodoxes bénéficiaient jusqu’à présent d’une exemption totale du service militaire.


Qu’est-ce que cette nouvelle loi sur la conscription ? Elle propose d’allonger la durée de la conscription militaire pour les colons sionistes de deux à trois ans, ainsi que de porter la limite d’âge des soldats de réserve à 45 ans.  Actuellement, des milliers de ces colons fuient Israël pour éviter la conscription. 

Le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant, a déclaré dans un discours prononcé le 28 février : « Nous payons un prix très élevé dans nos rangs. Les coûts que nous encourons en termes de nombre de morts et de blessés sont très élevés. Nous n’avons pas connu une telle guerre depuis 75 ans, et cela nous appelle à approuver des amendements à la loi sur la conscription ».  

Gallant est le même criminel de guerre monstrueux qui a qualifié les Palestiniens d’ »animaux humains », alors qu’il a coupé la nourriture, l’eau et les médicaments à plus de 2 millions de personnes.  Il a également lancé un appel à l’aide internationale et à l’augmentation du nombre d’Israéliens pour soutenir une force d’occupation dégonflée.

Au-dessus de Gaza, par Mohamed Afefa, Palestine

Il s’agissait d’un aveu public stupéfiant sur le fait que les forces d’occupation israéliennes, bien armées et bien entraînées, ont subi un nombre sans précédent de morts et de blessés depuis que le déluge d’Al-Aqsa a été déclenché par les forces de la résistance islamique, le Hamas, le 7 octobre.  

La résistance démoralise le régime sioniste

Le Hamas, ainsi que d’autres forces de résistance palestiniennes, se sont regroupés avec des armes artisanales à leur disposition. Grâce à des tactiques de guérilla, la résistance a réussi à démoraliser le régime d’apartheid soutenu par USA dans les territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie pendant près de cinq mois. 

Depuis le 8 février, il a été prouvé que les brigades Al-Qassam du Hamas ont détruit ou mis hors d’usage plus de 1 100 véhicules militaires de l’armée israélienne, et que d’autres engins militaires ont été détruits par d’autres factions de la résistance armée.

Cette protestation contre l’allongement de l’âge de la conscription militaire intervient au moment même où l’opposition de masse croissante dans les rues contre le régime israélien, dirigé par un autre criminel de guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, appelle à sa démission. L’assassinat de trois autres otages israéliens lors d’une tentative de sauvetage malheureuse de l’armée israélienne a jeté de l’huile sur le feu en ce qui concerne la demande de démission de Netanyahou. 

De plus en plus d’Israéliens exigent que Netanyahou accepte un cessez-le-feu négocié avec la résistance pour mettre fin au génocide catastrophique que lui et Gallant ont perpétré contre les habitants de Gaza et qu’il libère des milliers de prisonniers palestiniens en échange de la centaine d’otages israéliens encore détenus par le Hamas.


 Cam Cardow, The Ottawa Citizen, Canada

L’isolement croissant d’Israël dans le monde

La détérioration de la situation interne d’Israël trouve son origine dans la dégradation de son image mondiale, qui n’a été qu’une façade depuis sa création. Dans une tribune du New York Times du 27 février, intitulée « Israël perd son plus grand atout : l’acceptation », Thomas Friedman écrit : « J’ai passé ces derniers jours à voyager de New Delhi à Dubaï et Amman, et j’ai un message urgent à délivrer au président Biden et au peuple israélien : Je constate l’érosion de plus en plus rapide de la position d’Israël parmi les nations amies - un niveau d’acceptation et de légitimité qui a été laborieusement construit au cours des décennies. Et si Biden n’y prend pas garde, la position mondiale de l’Amérique s’effondrera en même temps que celle d’Israël.

« Je ne pense pas que les Israéliens ou l’administration Biden mesurent pleinement la rage qui bouillonne dans le monde entier, alimentée par les médias sociaux et les images télévisées, après la mort de milliers de civils palestiniens, en particulier des enfants, avec des armes fournies par les USA dans la guerre d’Israël à Gaza. Le Hamas a beaucoup à se reprocher dans le déclenchement de cette tragédie humaine, mais Israël et les USA sont perçus comme les moteurs des événements et comme les principaux responsables ».

La vérité est que la position mondiale des USA et d’Israël s’est déjà tellement dégradée qu’il n’y a pas d’inversion dans l’avenir immédiat. L’article de Friedman énonce une évidence : Israël et son plus grand soutien financier et militaire, les USA, sont de plus en plus isolés et méprisés, non seulement dans le Sud, mais aussi dans le Nord. Des millions de personnes continuent de protester dans le monde entier, non seulement contre le génocide, mais aussi pour défendre le droit des Palestiniens à toutes les formes de résistance contre le génocide. 

Le régime sioniste est également confronté à une crise de plus en plus profonde de son économie, qui a déjà chuté de 20 % depuis le 7 octobre, en raison non seulement des pertes humaines et des dépenses militaires, mais aussi de l’efficacité du mouvement mondial de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël. 

Ali Divandari, Iran

Plus de 50 pays ont poursuivi Israël devant les tribunaux internationaux pour accuser le régime colonial de génocide. Nombre de ces mêmes pays ont coupé le commerce d’armes et les relations diplomatiques avec Israël. Les forces navales yéménites ont empêché des centaines de navires de livrer des marchandises destinées à Israël, causant des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars.

L’Union européenne et d’autres pays ont rétabli leur financement à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine après qu’un petit nombre d’employés de l’UNWRA ont été accusés par Israël d’être membres du Hamas. Cette réprimande est un coup politique porté à Israël.  

L’auto-immolation d’Aaron Bushnell le 24 février pour exprimer sa solidarité avec la Palestine a contribué à renforcer l’indignation face à l’horrible rôle de complice joué par les USA dans le nettoyage ethnique à Gaza. 

Comme l’a déclaré le président vénézuélien Nicolás Maduro le 2 mars, « ce soldat [Aaron Bushnell] de l’armée de l’air usaméricaine a ébranlé la société usaméricaine et le monde entier. Nous assistons à l’épuisement, au déclin définitif de l’empire usaméricain et du système de domination impérial occidental. Nous vivons un moment historique ».

 

Joel Pett, Lexington Herald, USA


 

Libro libre: “En agosto nos vemos”, novela inédita de Gabriel García Márquez (adelanto)

 La editorial Penguin Random House publicará miercoles ‘En agosto nos vemos’, la novela inédita del premio Nobel de Literatura Gabriel García Márquez. La llegada a las librerías de la novela este 6 de marzo coincidirá exactamente con el natalicio de García Márquez, quien cumpliría 97 años.

Los familiares del autor de ‘Cien años de soledad’ la recuperaron entre los documentos de una colección de varios de sus manuscritos originales de obras publicadas e inéditas en manos del Harry Ransom Center, un archivo de la Universidad de Texas (EE.UU.). A juicio de los hijos del escritor colombiano, Rodrigo y Gonzalo García Barcha, la creación de su padre debía ser publicada debido a sus “muchísimos y muy disfrutables méritos” y porque contiene “lo más sobresaliente de la obra de Gabo”. He aquí un adelanto del libro.