28/04/2023

Imposture militaire* : des Pieds Nickelés chez les Cosaques
Ces volontaires yankees en Ukraine qui mentent, font du business et se chamaillent

Justin Scheck et Thomas Gibbons-Neff, The New York Times, 28/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Justin Scheck, journaliste d’investigation internationale, et Thomas Gibbons-Neff, correspondant en Ukraine, ont rédigé cet article à partir de l’Ukraine et de l’Europe. Najim Rahim a contribué au reportage depuis Berkeley, en Californie, et Maria Varenikova et Daria Mitiuk depuis Kiev, en Ukraine.

*NdT : On parle de "Stolen Valour" (anglais british) ou "Valor" (anglais yankee) lorsqu’un individu prétend avoir accompli des exploits militaires et qu’il porte des médailles, un uniforme ou des décorations auxquels il n’a pas droit, ou qu’il possède des documents l’identifiant à tort comme militaire ; ce faisant il “souille l’honneur et les sacrifices de ceux et celles qui portent l’uniforme à juste titre” et il enfreint donc la loi. La Stolen Valor est sanctionnée par la loi aux USA, au Canada et dans la plupart des pays de l’UE. Les contrevenants s’exposent à des peines de 6 mois à un an de prison et à des amendes.

Des personnes qui ne seraient pas autorisées à s’approcher du champ de bataille dans une guerre menée (directement) par les USA sont actives sur le front ukrainien et ont un accès facile aux armes usaméricaines.

Des volontaires ont formé des soldats ukrainiens l’année dernière dans le cadre du Groupe Mozart, créé par deux anciens Marines pour aider l’Ukraine. Le groupe a été dissous après que l’un des fondateurs a intenté un procès à l’autre, alléguant un vol et un harcèlement.  Photo : Laura Boushnak pour le New York Times

Ils se sont précipités en Ukraine par milliers, beaucoup d’entre eux étant des USAméricains qui ont promis d’apporter leur expérience militaire, de l’argent ou des fournitures sur le champ de bataille d’une guerre juste. Les journaux locaux ont salué leur engagement et les donateurs les ont soutenus à hauteur de millions de dollars.

Aujourd’hui, après un an de combat, nombre de ces groupes de volontaires se battent entre eux et sapent l’effort de guerre. Certains ont gaspillé de l’argent ou pratiqué l’imposture militaire. D’autres ont joué les caritatifs tout en essayant de tirer profit de la guerre, comme le montrent les archives.

Un lieutenant-colonel de marine à la retraite originaire de Virginie fait l’objet d’une enquête fédérale usaméricaine sur l’exportation potentiellement illégale de technologies militaires. Un ancien soldat de l’armée de terre est arrivé en Ukraine pour ensuite trahir et passer à la Russie. Un homme du Connecticut qui a menti sur son service militaire a publié des mises à jour en direct du champ de bataille - y compris sa position exacte - et s’est vanté d’avoir facilement accès à des armes usaméricaines. Un ancien ouvrier du bâtiment concocte un plan visant à utiliser de faux passeports pour faire entrer clandestinement en Ukraine des combattants pakistanais et iraniens.

Et dans l’un des cas les plus curieux, l’un des plus grands groupes de bénévoles est mêlé à une lutte de pouvoir impliquant un homme de l’Ohio qui a faussement prétendu avoir été à la fois un marine usaméricain et un manager assistant de LongHorn Steakhouse [une chaîne de malbouffe carnée, NdT]. Le litige porte également sur un incident vieux de plusieurs années survenu dans le cadre d’une émission de télé-réalité australienne.

De tels personnages ont leur place dans la défense de l’Ukraine en raison du rôle d’intermédiaire joué par les USA : l’administration Biden envoie des armes et de l’argent, mais pas de troupes professionnelles [ça reste à voir, NdT]. Cela signifie que des personnes qui ne seraient pas autorisées à s’approcher du champ de bataille dans une guerre menée directement par les USA sont actives sur le front ukrainien, souvent avec un accès non contrôlé aux armes et à l’équipement militaire.

De nombreux volontaires qui se sont précipités en Ukraine l’ont fait de manière désintéressée et ont agi avec héroïsme. Certains ont perdu la vie. Des étrangers ont secouru des civils, aidé des blessés et combattu férocement aux côtés des Ukrainiens. D’autres ont collecté des fonds pour acheter des fournitures essentielles.

Mais dans la plus grande guerre terrestre qu’ait connue l’Europe depuis 1945, l’approche do-it-yourself [démerde et bricolage]ne fait pas de distinction entre les volontaires formés et ceux qui n’ont pas les compétences ou la discipline nécessaires pour apporter une aide efficace.

Membres d’une unité expérimentée comprenant des volontaires des USA, du Canada, de Grande-Bretagne et d’Australie à Bakhmout en décembre. Les étrangers ont secouru des civils, aidé les blessés, collecté des fonds et combattu aux côtés des Ukrainiens. Photo : Tyler Hicks/The New York Times

Le New York Times a examiné plus de 100 pages de documents provenant des groupes de volontaires et a interrogé plus de 30 volontaires, combattants, collecteurs de fonds, donateurs et responsables usaméricains et ukrainiens. Certains ont parlé sous le couvert de l’anonymat pour évoquer des informations sensibles.

Les entretiens et les recherches révèlent une série de déceptions, d’erreurs et de querelles qui ont entravé la campagne de volontariat qui a commencé après l’invasion totale de la Russie en février 2022, lorsque le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé un appel à l’aide. « Tous les amis de l’Ukraine qui veulent se joindre à elle pour défendre le pays sont priés de venir », a-t-il déclaré. « Nous vous donnerons des armes ».

Des milliers de personnes ont répondu à l’appel. Certains ont rejoint des groupes militaires comme la Légion internationale, formée par l’Ukraine pour les combattants étrangers. D’autres ont joué un rôle dans le soutien ou la collecte de fonds. Avec  Kiev sous attaque, la capitale de l’Ukraine, le temps manquait pour contrôler les arrivants. C’est ainsi que des personnes ayant un passé problématique, notamment des dossiers militaires douteux ou inventés de toutes pièces, se sont enrôlées dans la Légion et dans une constellation d’autres groupes de volontaires.

Interrogée sur ces problèmes, l’armée ukrainienne n’a pas abordé de questions spécifiques, mais a déclaré qu’elle était sur ses gardes parce que des agents russes tentaient régulièrement d’infiltrer des groupes de volontaires. « Nous avons enquêté sur ces cas et les avons transmis aux forces de l’ordre », a déclaré Andriy Cherniak, représentant des services de renseignement militaire ukrainiens.

Un million de mensonges

L’un des USAméricains les plus connus sur le champ de bataille est James Vasquez. Quelques jours après l’invasion, Vasquez, un entrepreneur en rénovation du Connecticut, a annoncé qu’il partait pour l’Ukraine. Son journal local a raconté l’histoire d’un ancien sergent d’état-major de l’armée usaméricaine qui a laissé derrière lui son travail et sa famille pour prendre un fusil et un sac à dos sur la ligne de front.

Depuis lors, il a mis en ligne des vidéos du champ de bataille, et au moins une fois, il a diffusé l’emplacement précis de son unité à tout le monde, y compris à la partie adverse. Il s’est servi de son histoire pour solliciter des dons. « J’étais au Koweït pendant l’opération Tempête du désert et en Irak après le 11 septembre », a déclaré Vasquez dans une vidéo de collecte de fonds. Il a ajouté : « C’est un animal complètement différent ».

En fait, Vasquez n’a jamais été déployé au Koweït, en Irak ou ailleurs, a déclaré une porte-parole du Pentagone. Il était spécialisé dans les réparations de carburant et d’électricité. Il a quitté l’armée de réserve non pas en tant que sergent comme il le prétendait, mais en tant que soldat de première classe, l’un des grades les plus bas de l’armée.

Capture d’écran d’une vidéo de collecte de fonds montrant James Vasquez

Pourtant, Vasquez avait facilement accès à des armes, notamment des fusils usaméricains. D’où venaient-elles ? « Je ne sais pas exactement », a déclaré Vasquez dans un texto. Les fusils, a-t-il ajouté, étaient « tout neufs, sortis de leur boîte et nous en avons beaucoup ». Il a également tweeté qu’il ne devrait pas avoir à s’inquiéter des règles internationales de la guerre lorsqu’il se trouve en Ukraine.

Il a combattu aux côtés des Loups de Vinci, un bataillon ukrainien d’extrême droite, jusqu’à la semaine dernière, lorsque le Times l’a interrogé sur ses fausses déclarations de service militaire. Il a immédiatement désactivé son compte Twitter et déclaré qu’il pourrait quitter l’Ukraine parce que les autorités avaient découvert qu’il combattait sans le contrat militaire requis.

Vasquez a déclaré qu’il avait déformé son dossier militaire pendant des décennies. Il a reconnu avoir été renvoyé de l’armée, mais n’a pas voulu en dire publiquement les raisons. « J’ai dû raconter un million de mensonges pour avancer », a déclaré Vasquez lors d’une interview. « Je n’avais pas réalisé que j’en arriverais là ».

Querelles publiques

La Légion internationale, formée à la hâte par le gouvernement ukrainien, a passé 10 minutes ou moins à vérifier les antécédents de chaque volontaire au début de la guerre, a déclaré un responsable de la Légion. C’est ainsi qu’un fugitif polonais qui avait été emprisonné en Ukraine pour des violations des règles sur les armes a obtenu un poste de chef de troupe. Des soldats ont déclaré à The Kyiv Independent qu’il avait détourné des fournitures, harcelé des femmes et menacé ses soldats.

Les autorités ukrainiennes se sont d’abord targuées d’avoir 20 000 volontaires potentiels pour la Légion, mais ils ont été beaucoup moins nombreux à s’enrôler. Actuellement, l’organisation compte environ 1 500 membres, selon des personnes connaissant la Légion.

Certains sont des combattants expérimentés qui travaillent pour les services de renseignement de la défense ukrainienne. Mais il y a eu des problèmes très médiatisés. Un ancien soldat de première classe de l’armée, John McIntyre, a été éjecté de la Légion pour mauvais comportement. McIntyre a fait défection en Russie et est récemment apparu à la télévision d’État, qui a déclaré qu’il avait fourni des renseignements militaires à Moscou.

Des documents internes montrent que la Légion est en difficulté. Le recrutement stagne. Le Counter Extremism Project, basé à Washington, a écrit en mars que la Légion et les groupes affiliés « continuent de présenter des individus largement considérés comme inaptes à exercer leurs fonctions ».

Malcolm Nance, ancien cryptologue de la marine et commentateur à MSNBC, est arrivé en Ukraine l’année dernière avec l’intention de ramener l’ordre et la discipline dans la Légion. Au lieu de cela, il s’est retrouvé plongé dans le chaos.


Malcolm Nance dans la ville de Lviv/Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine, l’année dernière. Expert en contre-terrorisme et ancien analyste de MSNBC, il a rejoint la légion des combattants étrangers en Ukraine. Photo : Finbarr O’Reilly pour le New York Times

Nance, dont les apparitions télévisées ont fait l’un des USAméricains les plus visibles soutenant l’Ukraine, était un opérateur militaire expérimenté. Il a rédigé un code d’honneur pour l’organisation et, de l’avis général, a fait don d’équipements.

Aujourd’hui, Nance est impliqué dans une lutte de pouvoir désordonnée et distrayante. Cela se passe souvent sur Twitter, où Nance a raillé un ancien allié en le qualifiant de “gros lard” et d’associé d’un “escroc avéré”.

Il a accusé un groupe de collecte de fonds pro-Ukraine de fraude, sans fournir de preuves. Après s’être disputé avec deux administrateurs de la Légion, Nance a rédigé un rapport de “contre-espionnage” pour tenter de les faire licencier. L’élément central de ce rapport est l’accusation selon laquelle une responsable de la Légion, Emese Abigail Fayk, aurait tenté d’acheter frauduleusement une maison dans le cadre d’une émission de télé-réalité australienne avec de l’argent qu’elle n’avait pas. Il l’a qualifiée d’“espionne russe potentielle”, sans fournir de preuves. Fayk a nié les accusations et reste à la Légion.

Nance a déclaré qu’en tant que membre de la Légion ayant une formation dans le domaine du renseignement, lorsqu’il a développé des inquiétudes, il “s’est senti obligé de le signaler au contre-espionnage ukrainien”.

Le litige porte sur la question de savoir à qui l’on peut faire confiance pour parler au nom de la Légion et collecter des fonds pour elle.

Nance a quitté l’Ukraine mais continue à collecter des fonds avec un nouveau groupe d’alliés. L’un d’entre eux, Ben Lackey, est un ancien membre de la Légion. Il a dit à ses collègues volontaires qu’il avait été Marine et a écrit sur LinkedIn qu’il avait récemment été manager assistant à la LongHorn Steakhouse. En réalité, le Pentagone a déclaré qu’il n’avait aucune expérience militaire (et il a travaillé comme serveur, selon la steakhouse).

Dans une interview, Lackey a déclaré qu’il avait menti en prétendant être un Marine usaméricain pour pouvoir rejoindre la Légion.

La croissance de la Légion étant au point mort, Ryan Routh, un ancien ouvrier du bâtiment de Greensboro, en Caroline du Nord, cherche des recrues parmi les soldats afghans qui ont fui les talibans. Routh, qui a passé plusieurs mois en Ukraine l’année dernière, a déclaré qu’il prévoyait de les transférer, parfois illégalement, du Pakistan et de l’Iran vers l’Ukraine. Il a indiqué que des dizaines de personnes avaient manifesté leur intérêt.

« Nous pouvons probablement acheter des passeports par l’intermédiaire du Pakistan, car c’est un pays tellement corrompu », a-t-il déclaré lors d’une interview depuis Washington.

On ne sait pas s’il a réussi, mais un ancien soldat afghan a déclaré qu’il avait été contacté et qu’il souhaitait se battre si cela signifiait quitter l’Iran, où il vivait illégalement.

Dons détournés

Grady Williams, un ingénieur retraité de 65 ans sans expérience militaire et condamné en 2019 pour consommation de méthamphétamine, était guide touristique bénévole au ranch de Santa Barbara de Ronald Reagan lorsqu’il a entendu l’appel à volontaires lancé par M. Zelensky.

« Je tire au fusil depuis l’âge de 13 ans », a-t-il déclaré lors d’une interview. Je n’avais aucune excuse pour dire : “Eh bien, je ne devrais pas y aller” ».

Il a expliqué qu’il avait pris l’avion pour la Pologne, fait de l’auto-stop jusqu’en Ukraine et pris le train pour Kiev. Il est tombé sur deux USAméricains en tenue militaire. Ils lui ont dit : « Viens avec nous, mec ».

Les volontaires ont amené Williams à une base proche du front et lui ont donné une arme. Quelques jours plus tard, il a failli se faire exploser alors qu’il combattait aux côtés de soldats ukrainiens depuis une tranchée près de Boutcha. Au bout d’une semaine, l’armée s’est rendu compte qu’il ne s’était pas enregistré pour combattre et l’a renvoyé à Kiev.

À partir de là, il a emprunté un chemin détourné qui l’a amené à collecter des fonds pour des volontaires de la République de Géorgie. Il a recueilli environ 16 000 dollars, expliquant aux donateurs que leur argent servirait à acheter des motos électriques pour les combattants. Mais les Géorgiens l’ont mis à la porte après qu’il était entré en conflit avec un autre volontaire. Il a déclaré avoir dépensé environ 6 900 dollars des contributions en acomptes pour des motos et le reste en frais de voyage et autres dépenses.

Grady Williams dans son garage de Santa Barbara, en Californie, le mois dernier. « Je tire au fusil depuis l’âge de 13 ans, a-t-il déclaré à propos de sa décision d’aller en Ukraine. Je n’avais aucune excuse pour dire : “Eh bien, je ne devrais pas y aller” ». Photo : David Butow pour le New York Times

Il s’est depuis rapproché d’un nouveau groupe, qui lui a promis le commandement d’une unité de motocyclistes s’il réunissait suffisamment d’argent. Il a donc déménagé ce mois-ci à Odessa, en Ukraine, et espère recevoir bientôt une moto.

Les exemples d’argent gaspillé par des personnes bien intentionnées sont fréquents. Mriya Aid, un groupe dirigé par un lieutenant-colonel canadien en service actif, a dépensé environ 100 000 dollars provenant de donateurs pour l’achat d’appareils de vision nocturne de haute technologie de type usaméricain. Des documents internes montrent qu’il s’agissait en fin de compte de modèles chinois moins efficaces.

« Nous avons rencontré un problème avec la vision nocturn », a déclaré Lubomyr Chabursky, un bénévole de l’équipe de direction de Mriya Aid. Il a toutefois précisé que cet achat ne représentait que 2 % de l’aide apportée par le groupe.

Au début de l’année, le Mozart Group, créé par deux anciens Marines pour venir en aide à l’Ukraine, a été dissous après que l’un d’eux a intenté un procès à l’autre pour vol et harcèlement.

Absence de trace écrite

Au printemps dernier, un groupe de bénévoles appelé Ripley’s Heroes a déclaré avoir dépensé environ 63 000 dollars pour l’achat de matériel de vision nocturne et d’optique thermique. Certains de ces équipements font l’objet de restrictions à l’exportation depuis les USA car, entre de mauvaises mains, ils pourraient donner à l’ennemi un avantage sur le champ de bataille.

Des volontaires sur le front ont déclaré que Ripley’s avait livré l’équipement à l’Ukraine sans les documents requis indiquant les acheteurs et les destinataires réels. Les autorités fédérales ont récemment commencé à enquêter sur ces livraisons, ont indiqué des responsables usaméricains.

Pour sa défense, le fondateur du groupe, un marine à la retraite nommé lieutenant-colonel Hunter Ripley Rawlings IV, a fourni au Times des documents relatifs à la transaction. Mais ces documents montrent que, comme l’ont dit les volontaires, Ripley’s n’a pas été révélé au Département d’État comme étant l’acheteur.


Photographie du lieutenant-colonel Hunter Ripley Rawlings IV tirée de sa biographie sur le site officiel des Marines

Ripley’s affirme avoir récolté plus d’un million de dollars, dont une partie grâce à l’ancien entrepreneur du Connecticut, Vasquez, qui a prétendu être le directeur de la stratégie du groupe et a fait la promotion de Ripley’s auprès de son public en ligne.

Ripley’s a dépensé environ 25 000 dollars pour l’achat de voitures de reconnaissance télécommandées l’année dernière, mais elles ne sont jamais arrivées, comme le montrent les registres d’expédition. Le colonel Rawlings a déclaré que les autorités polonaises les avaient retenues pour des raisons juridiques.

Le colonel Rawlings a déclaré que son groupe attendait le statut d’association usaméricaine à but non lucratif. Mais il n’a pas révélé ses dépenses ou la preuve d’une demande de statut d’association à but non lucratif au Times ou aux donateurs qui l’ont demandé. On ne sait donc pas exactement où va l’argent. « J’ai cru ces gens », a déclaré Shaun Stants, qui dit avoir organisé une collecte de fonds en octobre à Pittsburgh, mais qui n’a jamais reçu les documents financiers qu’il avait demandés. « Ils m’ont pris pour un imbécile ».

Les registres des sociétés en Pologne et aux USA montrent que le colonel Rawlings a également créé une société à but lucratif appelée Iron Forge. Dans une interview, il a déclaré qu’il s’attendait à ce que son organisation caritative et d’autres payent Iron Forge pour le transport, ce qui signifie que l’argent des donateurs serait utilisé pour financer son entreprise privée. Il a toutefois précisé qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts car Iron Forge renverrait finalement l’argent aux organisations caritatives. Les détails sont en cours d’élaboration.

Dans les jours qui ont suivi l’approche de Vasquez et d’autres personnes par le Times, les membres des groupes en conflit - Ripley’s, la Légion, les membres dissidents de la Légion et d’autres encore - ont intensifié leur querelle. Ils se sont accusés mutuellement de détourner des fonds et de mentir sur leurs références.

Après qu’un ancien allié se fut retourné contre Vasquez, Nance a pris sa défense.

« James n’était PAS un imposteur, il était perturbé », a déclaré Nance sur Twitter. « Il a fait beaucoup pour l’Ukraine, mais il avait des défis à relever ».

ANNAMARIA RIVERA
Le gros bobard de la “substitution ethnique”, version italiote du “Grand Remplacement”

 Annamaria Rivera, Comune-Info, 27/4/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Un de ces mots-qui-tuent et qui devrait être définitivement abandonné, comme celui de “race”, est celui d’ethnie, qui, en revanche, bien qu’il soit tout aussi discriminatoire, continue à remporter un succès extraordinaire, même dans les milieux intellectuels, ainsi que dans les milieux de droite.

Pourtant, pour déconstruire ce pseudo-concept et montrer sa signification et son sens discriminatoire, un certain nombre de volumes scientifiques ont été publiés au fil du temps. Le plus connu, L'imbroglio ethnique en quatorze mots-clés (Payot, Lausanne, 2000), dont je suis l’inspiratrice et co-auteure avec l’historien René Gallissot et l’anthropologue Mondher Kilani, a été publié plusieurs fois et a été réédité trois fois en italien, la dernière fois en 2012.

Mais malgré tout, ce travail intellectuel ne semble pas avoir soulevé de doutes quant aux significations et à l’opportunité de l’utilisation du terme “ethnie”. C’est pour cette raison que je propose ici le résumé d’une des quatorze parties qui composent le volume, toutes introduites par des mots clés : il s’agit de celle, précisément, sur Ethnie-ethnicité. 

Dans le langage courant, dans les médias et parfois même dans le langage scientifique, les termes “ethnie” et “ethnique” sont utilisés pour désigner synthétiquement, avec un seul mot, des groupes de population immigrés et des minorités qui se distingueraient des majorités par des différences de coutumes et/ou de langue, ainsi que par leur origine, leurs cultures, leurs manières et leurs modes de vie. En réalité, ceux qui abusent du vocabulaire ethniciste entendent faire allusion à une forme de différence fondamentale et irréductible : qu’il s’agisse de caractéristiques somatiques, d’une “essence” culturelle prémoderne ou même d’un fondement ancestral. Il y a aussi ceux qui pensent qu’ “ethnie” est le terme le plus approprié pour nommer les différences sans recourir au vocabulaire dit racial ; il y a ceux qui le considèrent ou le “sentent” plus spécifique et pertinent que “culture”, moins dévalorisant et donc plus politiquement correct que “tribu”.

Certains chercheurs sont même prêts à prétendre que le terme “ethnie” inaugurerait une vision plus rationnelle et plus juste, plus neutre et plus valorisante des différentes composantes de l’humanité que d’autres. En réalité, le mot cache souvent la croyance ou le préjugé selon lequel les différences entre les cultures et les modes de vie sont fondées sur un principe ancestral, sur une identité originelle ; en fait, il est souvent utilisé comme synonyme euphémique de “race”.

En tout état de cause, l’utilisation du terme et de la notion reflète la division claire établie entre la société à laquelle appartient l’observateur (considérée comme normale, générale et universelle) et les autres groupes et cultures. Presque toujours, les “ethnies” sont les autres qui, s’écartant de la norme de la société dominante et de la culture majoritaire, sont perçues comme différentes, particulières, marginales, périphériques, archaïques, en danger ou “simplement” non conformes à la norme nationale.

 
Une utilisation très particulière du terme, par auto-attribution (“les ethniques, c’est nous”) de la part de secteurs de la société dominante, est celle du Front national [et la galaxie zemmouro-identitaire, NdT] en France et, en Italie, de la Lega Nord et d’autres formations de droite, qui parlent respectivement d’“ethnie française” et d’“ethnie padane”.

L’ethnicisation est un processus non seulement de reconnaissance ou d’invention de différences culturelles, mais aussi de classification subreptice, pourrait-on dire, des hiérarchies sociales, économiques, politiques. En effet, en ethnicisant des groupes sociaux, on tend à masquer leur position de subordination ou de marginalisation par rapport à la société globale.

La chronique de la guerre fratricide en ex-Yougoslavie a représenté le triomphe des schémas et désignations ethniques, qui se sont ainsi imposés comme un fait incontestable et se sont solidement ancrés dans le langage courant.

 Cela a contribué dans une large mesure à la construction des idéologies qui ont soutenu et dissimulé les raisons de la guerre civile sanglante, avec sa panoplie horrible de “nettoyage ethnique” réciproque (ainsi que l’idéologie qui a servi à dissimuler les objectifs de la guerre “humanitaire” de l’OTAN dans les Balkans) ; et a conduit à la séparation artificielle de populations qui avaient longtemps coexisté et partagé un territoire, une langue, des coutumes, des habitudes, un projet et des institutions politiques.

C’est précisément parce que ce qui est représenté comme l’Autre absolu·e s’avère souvent très semblable au Nous qu’il est perçu comme une menace : c’est l’un des mécanismes qui conduisent aux “nettoyages ethniques”.

En fin de compte, l’ethnicisation néfaste d’un tel conflit, l’utilisation d’une stratégie qui conduirait finalement à la sécession, encouragée et approuvée par les puissances européennes, avait pour principal enjeu la redistribution du pouvoir.

Même le conflit au Rwanda, qui a culminé dans le génocide des Tutsis, a fait l’objet d’une interprétation rigoureusement ethniciste, identitaire et tribaliste, qui a laissé dans l’ombre d’autres logiques bien plus décisives, en négligeant surtout le caractère de conflit économique, social et politique. En effet, bien que s’exprimant dans des formes de barbarie sanglante, ce conflit relevait à bien des égards d’une “modernité terrifiante”, selon l’expression de l’historien Alessandro Triulzi. La politique d’anéantissement a en effet été conçue, planifiée et mise en œuvre non pas par des chefs tribaux du pays profond, mais par les élites intellectuelles urbaines*.

Peu de gens se souviennent que ce sont les colonisateurs, d’abord les Allemands puis les Belges, qui ont ethnicisé la classe aristocratique tutsie et les agriculteurs hutus : les individus de sexe masculin étaient classés et traités comme Tutsis ou Hutus selon qu’ils possédaient plus ou moins de dix têtes de bétail. L’interprétation ethniciste et le langage qui en découle se sont généralisés et se sont imposés comme un truisme, qu’il conviendrait au contraire d’étudier et de critiquer.

C’est Georges Vacher de Lapouge, idéologue raciste et partisan de programmes eugéniques visant à empêcher le “mélange des races”, qui a introduit le terme et la notion d’ethnie dans la langue française.


L’ouvrage immortel du sieur Vacher de Lapouge (télécharger). Citation :
L’immigration a introduit depuis un demi-siècle plus d’éléments étrangers que toutes les invasions barbares. Les éléments franchement exotiques deviennent nombreux. On ne rencontre pas encore à Paris autant de jaunes et de noirs qu’à Londres, mais il ne faut se faire la moindre illusion. Avant un siècle, l’Occident sera inondé de travailleurs exotiques (...). Arrive un peu de sang jaune pour achever le travail, et la population française serait un peuple de vrais Mongols. "Quod Dii omen avertant !" [ Puissent les dieux démentir ce présage ! ] .

Ainsi, dès le départ, l’“ethnie” est connotée d’un sens défectueux : elle est comprise comme un groupement de population auquel il manque quelque chose de décisif par rapport à la société à laquelle appartient l’observateur, c’est-à-dire celle qui a le pouvoir de nommer et de définir les autres. En bref, ce mot-qui-tue est souvent compris comme la somme des traits négatifs ou en tout cas résultant de la non-civilisation ou de l’arriération.

Le colonialisme, en particulier, a produit des classifications “ethniques” fondées sur l’invention d’ethnonymes souvent totalement arbitraires : ceux-ci résultaient souvent de la transposition sémantique par les ethnologues et les fonctionnaires coloniaux de toponymes, de noms identifiant des unités politiques, d’appellations désignant tel ou tel groupe commercial, ou de stéréotypes par lesquels un certain groupe ou une certaine population était désigné, souvent de manière péjorative, par des groupes voisins ou des classes dirigeantes**.

Lorsque, il y a plus de vingt ans, nous avons écrit L’Imbroglio ethnique, nous étions prévoyants, mais pas au point d’imaginer que l’avenir nous réserverait un gouvernement d’extrême droite, au point d’évoquer la pseudo-théorie du risque de “substitution ethnique” dû aux immigrés et aux réfugiés.

Almor et Claudio Mellana

En effet, le 18 avril, Francesco Lollobrigida, beau-frère de Meloni et ministre de l’Agriculture [outre qu'il est le petit-neveu de Gina, l'actrice, NdT], a évoqué “le risque de substitution ethnique”, une théorie du complot typique de l’extrême droite. D’ailleurs, Meloni elle-même, depuis quelques années, avait soutenu à plusieurs reprises cette théorie du complot, affirmant que la gauche, au niveau mondial, préparait “une invasion d’immigrés”, donc “un remplacement des peuples”.

Bien entendu, ce petit monde justifie sa “théorie” (pour ainsi dire) de la “substitution ethnique”, entre autres, par des conjectures concernant les données démographiques, en particulier les tendances en matière de natalité.

Il s’agit d’une longue histoire qui remonte à l’après-guerre, lorsque les cercles néo-nazis appelaient à une lutte commune contre l’invasion supposée de l’Europe par les “mongols” et les “nègres”.

La rhétorique de la “substitution ethnique” est extrêmement dangereuse et, dans ce cas, l’expression d’un gouvernement fasciste, de sorte que la gauche et les démocrates auraient le devoir de s’unir et de s’opposer vigoureusement au gouvernement le plus à droite de l’histoire de la République italienne.  

NdT

*Les idéologues du Hutu Power, inspirateurs de la “Révolution assistée” (par les gendarmes belges) de 1959, des massacres de Tutsis de 1972 et du génocide de 1994, étaient tous d’anciens séminaristes catholiques nourris du récit délirant des missionnaires belges, inventeurs des “races” hamitique (les Tutsis) et bantoue (les Hutus).

**Un exemple parmi tant d’autres : le fleuve Niger et les pays qui en ont pris le nom. Appelé egerou n-igerou, “le fleuve des fleuves”, en tamasheq, la langue des Touaregs, traduit en arabe par nahr el nahr, il devint Niger sous la plume de Hassan Al Wazzan, diplomate chérifien capturé par des pirates siciliens et “offert” au pape Léon X, devenu célèbre sous le nom de Léon l’Africain : dans sa Description de l’Afrique (Cosmographia de Affrica , 1526), il a confondu n-igeru avec le latin niger (noir). Le nom du pays appelé Nigeria fut inventé en 1897 par Miss Flora Show, future épouse du gouverneur de la colonie Frederick Lugard.

 

27/04/2023

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
Vietnam, 48 ans après la défaite de l'impérialisme US


Sergio Rodríguez Gelfenstein, 27/4/2023
Original:
Vietnam, a 48 años de la derrota del imperialismo estadounidense
English:
Vietnam, 48 years after the defeat of US imperialism

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le 6 juin 1969, le Front national de libération du Sud-Vietnam (FNL) et d'autres organisations politiques et sociales ont convoqué un congrès des représentants du Sud qui a donné lieu à la création du Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam (PRG), qui allait commencer à jouer un rôle décisif dans la formation du pouvoir révolutionnaire dans cette partie du pays.

Congrès national des députés


L'architecte Huynh Tan Phat (au centre) est élu président du GRP


Le GRP

Il faut dire que depuis 1970, la lutte au Laos et au Cambodge, également occupés par les USA, a gagné en force et les patriotes de ces pays ont commencé à coordonner leurs efforts avec le FNL pour le développement de la guerre révolutionnaire.


En 1972, le Parti communiste vietnamien (PCV) ordonne la préparation d'une offensive stratégique pour remporter des victoires militaires majeures, perturber la stratégie impérialiste de “vietnamisation de la guerre” et obliger les USA à recourir à la négociation.

Mais, au vu des succès militaires vietnamiens, Washington, sous l'administration de Richard Nixon, ordonne un renforcement de ses forces en mobilisant une importante force aéronavale afin de renforcer l'agression contre le Sud et de déclencher ce que l'on a appelé la deuxième guerre d'agression contre le Nord. Dans le même temps, le président usaméricain a été contraint de faire une volte-face surprise à l'approche des élections de novembre 1972, de sa réélection et du rejet croissant de la guerre du Viêt Nam dans l'opinion publique usaméricaine. Il tentait manifestement d'obtenir des succès militaires qui lui permettraient de négocier en position de force à Paris.

Cependant, n'ayant pas atteint les objectifs qu'il s'était fixés dans la guerre et face aux brillantes propositions de la diplomatie vietnamienne qui recueillaient un large soutien dans le monde et en particulier dans l'opinion publique usaméricaine elle-même, Nixon a été contraint d'accepter les propositions vietnamiennes afin de faire gagner du temps à ses troupes tout en renforçant l'armée fantoche. Mais une fois élu, Nixon a ouvertement rejeté les accords qu'il avait signés, déclenchant des bombardements génocidaires sur les principales villes vietnamiennes.

L'assaut aérien infernal des USA sur Hanoi et Haiphong a été repoussé avec succès par les forces armées vietnamiennes, obligeant Nixon, le 27 janvier 1973, à signer les accords de Paris sur la cessation de la guerre et le rétablissement de la paix au Viêt Nam.

Les accords de Paris signifiaient que les USA devaient retirer leurs troupes et celles de leurs satellites et respecter l'indépendance du Viêt Nam. Ils devaient également cesser d'intervenir dans les affaires intérieures du pays et reconnaître le droit à l'autodétermination du peuple et le statu quo du Sud-Vietnam. Le Viêt Nam a ainsi remporté une nouvelle grande victoire contre une puissance étrangère, qui n'était toutefois pas encore totalement consommée.

Bien que les accords de Paris aient constitué une étape importante dans le processus de libération du Viêt Nam, l'impérialisme usaméricain a continué à soutenir le régime fantoche de Saigon (désormais dirigé par Nguyen Van Thieu). Il entendait ainsi maintenir sa domination coloniale et préserver la division du pays. Mais Washington a mal diagnostiqué la situation, pensant que les accords avaient paralysé l'élan libérateur du peuple vietnamien. Au contraire, le prestige du FNL et du GRP s’accrut de jour en jour, tant sur le plan intérieur qu'international.

Pour donner une idée de l'ampleur de l'intervention militaire usaméricaine au Viêt Nam, la puissance de feu de ses soldats était six fois supérieure à celle qu'ils possédaient pendant la Seconde Guerre mondiale. Les USA ont dépensé 400 000 dollars pour chaque Vietnamien tué, soit 75 bombes et 150 obus d'artillerie par cadavre.

Le régime de Van Thieu devait faire face non seulement à la puissance et à la force révolutionnaires dans les zones libérées, mais aussi à une résistance populaire croissante dans les zones sous son contrôle. En outre, l'aide de Washington avait été considérablement réduite par rapport aux années précédentes. De même, une profonde crise économique a débuté au second semestre 1973 et s'est aggravée l'année suivante, caractérisée par une forte inflation, une forte dévaluation et la perte de devises étrangères.

Dans ces conditions, le GRP et le FNL ont réagi en multipliant les actions armées et en décidant d'appliquer sans délai les accords de Paris. Dès juillet 1973, le PCV a estimé qu'il était nécessaire de préparer les forces à une offensive pour s'emparer définitivement du pouvoir. À la mi-1974, le cours de la guerre avait changé de manière significative en ce qui concerne la croissance des forces armées révolutionnaires, les actions offensives en cours, la consolidation des routes d'approvisionnement logistique du nord au sud et l'augmentation des actions dans les villes.

Tous ces éléments, ainsi que d'autres conditions favorables, ont permis au PCV, en octobre 1974, de conclure qu’un rapport de forces favorable aux révolutionnaires avait été créée, et il a donc pris la décision historique de mobiliser le parti, l'armée et le peuple pour mener une attaque générale afin d'anéantir et d'écraser les troupes du régime de Van Thieu, de renverser le pouvoir ennemi tant au niveau régional que national, de prendre le pouvoir pour le peuple et de libérer le sud. Le PCV et sa commission militaire centrale se sont attelés à la tâche de planifier et d'organiser les futurs combats.

L'offensive et le soulèvement général débutent le 10 mars 1975 sur le plateau occidental du pays. Les premiers succès permettent d'avancer vers la plaine côtière centrale. La campagne de Hué-Da Nang, deuxième ville du Sud-Vietnam, où la plus puissante base militaire des forces armées du régime pro-yankee est anéantie, marque un tournant. L'offensive s'est poursuivie par des attaques et des soulèvements au nord et au nord-ouest de Saigon. Le 25 mars, 16 provinces avaient été libérées, laissant au F.L.N. le contrôle des trois quarts du territoire et de la moitié de la population du Sud-Vietnam. L'effondrement de l'armée ennemie est jugé total et les USA sont impuissants face à la forte offensive vietnamienne. Les conditions sont réunies pour la bataille finale : la bataille de Saigon.

La bataille pour la libération de Saigon a été appelée la “campagne Ho Chi Minh”. Le président et fondateur de la République démocratique du Viêt Nam était décédé le jour où le pays commémorait le 24e  anniversaire de son indépendance, le 2 septembre 1969. Il avait été décidé que la dernière ville libérée porterait son nom.

Des groupes militaires colossaux sont mobilisés pour renforcer ceux qui se trouvent déjà dans la zone de combat. Pendant ce temps, l'ennemi se prépare à conserver son dernier bastion, tandis que les USA déploient toutes sortes de manœuvres diplomatiques pour empêcher ou retarder l'issue évidente des événements. Le 18 avril, le président usaméricain Gerald Ford ordonne l'évacuation urgente de tous les USAméricains du Viêt Nam. Le 21 avril, alors qu'il tente de sauver la situation, Washington limoge Van Thieu tout en cherchant à négocier un cessez-le-feu bilatéral.

Mais il est trop tard. Le 26 avril est déclenchée la “campagne Ho Chi Minh”, un plan d'attaque à partir de cinq directions, coordonné avec les forces armées locales et le peuple insurgé. Les 28 et 29 avril, les colonnes révolutionnaires avancent impétueusement, encerclant les forces ennemies sur le périmètre de Saigon. 

Le premier tank vietnamien à entrer dans l'enceinte du palais présidentiel fantoche

Les colonnes d'attaque ont occupé les cibles les plus importantes de la ville et, à 11h30 le 30 avril, au milieu de la ruée du personnel du gouvernement et de l'ambassade usaméricaine, le drapeau de la révolution a été hissé sur le palais du gouvernement. Le 1er mai, l'ensemble de la partie continentale du Sud-Vietnam était sous contrôle. Au cours de la campagne, 400 000 soldats ennemis ont été anéantis, désintégrant une armée de plus d'un million d'hommes, ainsi que les forces de sécurité et de police.


La fin de la “campagne Ho Chi Minh” et la libération totale du Viêt Nam, dont nous commémorons aujourd'hui le 48e  anniversaire, sont le fruit d'une brillante opération militaire menée par les forces armées et le peuple vietnamiens sous la direction du parti communiste. L'impérialisme usaméricain a été vaincu dans ce qui a été qualifié de plus grand désastre militaire et politique de son histoire. De même, l'ensemble de l'appareil militaire, politique et administratif du régime créé par Washington au Viêt Nam a été détruit. Cinq administrations usaméricaines ont déployé des efforts colossaux pour empêcher la victoire du peuple vietnamien et n'y sont pas parvenues, couronnant ainsi vingt années de lutte glorieuse contre l'agression usaméricaine et pour la réunification du pays.


Départ du dernier hélicoptère yankee de Saïgon au petit matin le 30 avril 1975.F ilm super8 pris de l'hôpital Grall par le Dr Bourdais, réanimateur