Pages
Pages
Maps Cartes Mapas نقشه ها خرائط
المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales
26/09/2025
NETHIE JOHANA OCHOA
Colombia 2026: Las Mujeres al Poder
“En muchas ocasiones, ‘Anónimo’ fue una mujer.”
Virginia Woolf
En la historia y en la participación política de Colombia, se destacan el discurso, la voz y el rostro de los hombres. Los retratos, nombres y textos que aprendemos en la escuela, en su mayoría pertenecen a hombres. Como si ellos fueran los únicos que construyeron el país. Sin embargo, mirando hacia los pueblos, barrios y veredas, se evidencia otra realidad: un país sostenido por el trabajo silencioso y persistente de mujeres a las que no se les reconoce su labor a través de la historia.
¿Cómo es posible que millones de mujeres estén al frente de la labor social y comunitaria, y tengan tan poca representación en los altos cargos de decisión política?
La explicación más evidente, entre las clases trabajadora y baja, es la carga del trabajo no remunerado en casa y en las comunidades, que recae mayoritariamente sobre los hombros de las mujeres. Principalmente son las mujeres quienes asumen el cuidado de la casa, los hijos, los ancianos, los enfermos, y quienes gestionan los servicios básicos (agua potable, salud, energía eléctrica, reparación de vías).
Otros factores que inciden son: el autoconcepto de género (muchas mujeres tienden a subestimarse, mientras los hombres suelen sobreestimarse), el estereotipo cultural (que empuja a las mujeres a priorizar la familia sobre la vida pública) y la ausencia de referentes femeninos (que reduce las aspiraciones de llegar a cargos altos).
A esto se
suma la educación política desigual, las mujeres tienen menos acceso a
formación en liderazgo, negociación y redes de influencia. Los medios de
comunicación reproducen estereotipos que hacen ver a las candidatas
como menos aptas, reforzando la resistencia cultural al liderazgo
femenino, manipulando a la masa que todavía considera la política como
un asunto “de hombres”.
Las mujeres son mayoría en los liderazgos
sociales de base y, en muchas ocasiones, están mejor preparadas que los
hombres, pero ellos terminan ocupando los cargos. La CEPAL (2022)
señala que Colombia está por debajo del promedio latinoamericano en
participación de mujeres en el poder ejecutivo. Otros países de la
región ya han tenido presidentas, mientras que Colombia sigue siendo una
de las democracias latinoamericanas donde ninguna mujer ha llegado a la
jefatura del Estado.

Es hora de tener una presidenta
“No les da miedo que no tenga experiencia, les da miedo que no les haga reverencia.” –Anónimo
Nethie Johana Ochoa es una artista, gestora cultural, emprendedora y lideresa comunitaria colombiana, con una amplia trayectoria en procesos sociales, ambientales y educativos. Su trabajo se ha enfocado en la articulación del arte con la conciencia ambiental, promoviendo proyectos que fomentan la participación ciudadana, la sostenibilidad y la construcción colectiva. Ha liderado colectivos y movimientos como Guardianes del Quitasol y el Movimiento Ambiental del Norte del Valle de Aburrá (MANVA), además de ser reconocida con el premio Betsabé Espinal a la mujer rural por sus aportes ambientales en Bello. Con una vida dedicada a la gestión cultural y al trabajo comunitario, especialmente con mujeres, niños y jóvenes, ha impulsado iniciativas artísticas y pedagógicas que fortalecen el tejido social y generan conciencia sobre la defensa del territorio y los derechos ambientales. Militante del Partido Pacto Histórico, ha participado activamente en procesos políticos y electorales, y fue candidata al Concejo Municipal de Bello en 2023, consolidando su compromiso con la transformación social desde lo colectivo y lo político. Además, cultiva la escritura en diversos géneros, entre ellos poesía, cuentos y artículos, como otra forma de expresión y de reflexión sobre la realidad social y cultural de su entorno. FB
Charlotte Gainsbourg, Gisèle Halimi et le génocide de Gaza : le torchon brûle à Saint-Germain-des-Près
Serge Halimi : « Ma mère, Gisèle Halimi, aurait lu cette tribune avec dégoût »
L’actrice Charlotte Gainsbourg, qui doit incarner, dans un « biopic » en cours de tournage dont la sortie en salle est prévue pour 2026, l’avocate et infatigable militante progressiste Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020, a cosigné, le 19 septembre dernier, avec une petite vingtaine d’autres personnalités, une tribune collective [lire ci-dessous] appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien « à la libération des otages » israéliens retenus à Gaza « et au démantèlement du Hamas ». Ulcéré par ce déni, l’un des fils de l’avocate, Serge Halimi, nous a fait parvenir ce texte rappelant que cette dernière a, tout au long de sa vie, exprimé « sa solidarité constante » avec Gaza - où, constatait-elle, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer ». Il estime qu’elle « aurait lu cette tribune avec dégoût ».Blast, 26/9/2025
J’ai appris plusieurs mois après
que la décision avait été prise que Charlotte Gainsbourg avait été choisie pour
interpréter le rôle de ma mère lors du procès de Bobigny. Autant dire qu'on ne
m'a pas demandé mon avis.
Les producteurs, réalisateurs,
journalistes, présidents de la République, maires, actrices, etc. peuvent se
référer à leur guise à une personnalité publique. Ils peuvent même s'en
prévaloir quand ils l'ont combattue par leur œuvre ou par leur engagement politique.
Jusqu'à présent la mémoire de
Gisèle Halimi a surtout été mise en avant pour célébrer des causes et des
victoires devenues relativement consensuelles (avortement libre,
criminalisation du viol, abolition de la peine de mort, dépénalisation de
l’homosexualité). En revanche, hormis son combat pour l’indépendance de la
Tunisie et de l’Algérie, ses engagements anti-impérialistes, nombreux et
constants (Vietnam, Cuba, militants basques, hostilité à la guerre du Golfe et
du Kosovo, Palestine), tout comme son refus des traités européens (Maastricht,
TCE) ont été oubliés ou occultés.
La signature par Charlotte
Gainsbourg, avec Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, Dominique Reynié, etc., d’une
« lettre ouverte » s’opposant à la reconnaissance de la Palestine par la France
et assimilant cette décision à « une capitulation morale face au terrorisme
» fait donc resurgir par contraste tout un chapitre de la vie de Gisèle
Halimi.
Car elle aurait lu cette tribune
collective avec dégoût. Elle ne dit rien des crimes de guerre israéliens
pourtant qualifiés de génocide par nombre d’organisations internationales.
Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan
trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi, du Tribunal Russell sur la
Palestine à sa défense de Marwan Barghouti. Et notamment sa solidarité
constante avec Gaza, à un moment où déjà, écrivait-elle à L’Humanité en
juillet 2014, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer.
L’histoire jugera, mais n’effacera pas le saccage. » Ce fut l’une de ses
dernières prises de position publiques.
Le jour où le film sur le procès
de Bobigny sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la
différence fondamentale entre le personnage qu’elle interprète et ses propres
convictions qui la rangent dans le camp, peu honorable, des avocats inconditionnels
d'Israël. L'opération qu'elle escomptait en incarnant Gisèle Halimi à l’écran
se retournera alors contre elle.
« Monsieur le président, vous ne
pouvez pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables » :
l’appel de 20 personnalités à Emmanuel Macron
EXCLUSIF - Dans une lettre
ouverte à Emmanuel Macron, vingt personnalités, dont Philippe Torreton, Joann
Sfar, Arthur et Charlotte Gainsbourg, demandent de conditionner la
reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au
démantèlement du Hamas. Le
Figaro, 19/9/2025
Monsieur le président de la
République,
Lundi 22 septembre à New
York, vous vous apprêtez à reconnaître, au nom de la France, un État palestinien.
Nous, artistes, intellectuels,
entrepreneurs, responsables associatifs et citoyens, appelons de toutes nos
forces à la paix au Proche-Orient. Mais cette reconnaissance d’un État
palestinien, vous l’aviez vous-même soumise à des conditions préalables claires
pour qu’elle contribue à la paix : en particulier, la libération des
48 otages encore retenus à Gaza et le démantèlement du Hamas.
Alors que la France s’est
prudemment abstenue de toute reconnaissance d’un État palestinien depuis 1948,
dans l’attente de réunir les conditions de paix et de sécurité mutuelle,
comment justifier de le faire tandis que la guerre déclenchée par le pire massacre
antisémite depuis la Shoah fait toujours rage ? Comment l’annoncer alors
que le Hamas détient toujours des otages ? Pourquoi le faire au moment où
flambe en France un antisémitisme prenant précisément
prétexte de la situation au Proche-Orient ?
Reconnaître un État palestinien
maintenant, avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas,
n’aidera ni les civils palestiniens ni à la libération des otages.
Monsieur le président,
reconnaître un État palestinien maintenant, avant la libération des otages et
le démantèlement du Hamas, n’aidera ni les civils palestiniens ni à la
libération des otages.
Nous savons que ce n’est pas
votre intention, pourtant une reconnaissance demain avant la réalisation des
conditions que vous aviez énoncées serait revendiquée comme une victoire symbolique pour le Hamas, qui ne ferait
qu’aggraver l’étau meurtrier qu’il impose aux Palestiniens.
Monsieur le président, vous allez
annoncer la reconnaissance par la France d’un État palestinien. Nous vous le
demandons solennellement : affirmez dans ce cas avec la même fermeté que
cette reconnaissance ne prendra effet qu’après la libération des otages et le
démantèlement du Hamas.
C’est à ce prix, et à ce prix
seulement, que ce geste peut contribuer à la paix. Ce serait sinon une
capitulation morale face au terrorisme.
Signataires :
Yonathan
Arfi, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de
France)
Yvan Attal,
acteur, réalisateur
Michel
Boujenah, comédien
Pascal
Bruckner, philosophe
Père Patrick
Desbois, président de Yahad unum
Raphaël
Enthoven, philosophe
Arthur
Essebag, animateur et producteur
Charlotte
Gainsbourg, actrice
Ariel
Goldmann, président du FSJU (Fonds social juif unifié)
Simone
Harari-Baulieu, productrice
Mona
Jafarian, chroniqueuse
Elie
Korchia, président du Consistoire central
Haïm Korsia,
grand rabbin de France
Mathieu
Laine, entrepreneur et écrivain
Bernard-Henri
Lévy, philosophe
Jean Madar,
chef d’entreprise
Alain Minc,
économiste
Dominique
Reynié, professeur, directeur de Fondapol
Joann Sfar,
dessinateur
Philippe
Torreton, comédien
Lire aussi Gisèle Halimi, l'avocate de la cause palestinienne, par Choisir la cause des femmes, 23/9/2025
25/09/2025
GIDEON LEVY
Reconocimiento sin rescate: el regalo quimérico del mundo a los palestinos
Gideon
Levy, Haaretz, 25/9/2025
Traducido por Tlaxcala
Mientras el genocidio en Gaza continúa sin cesar y los colonos se desatan en Cisjordania junto con el ejército, el mundo ha cumplido con su obligación mínima al reconocer un Estado que probablemente nunca verá la luz.
El día en que el mundo reconoció al Estado palestino, me
dirigí, junto con el fotógrafo Alex Levac, a una remota aldea palestina situada
en la parte oriental de Cisjordania.
El día anterior, colonos de las nuevas colonias ilegales
vecinas habían robado decenas de ovejas de la aldea en un violento asalto a
mano armada. El día en que las Naciones Unidas celebraron una conferencia de
alto nivel sobre la solución de dos Estados y diez países occidentales se
sumaron a la larga lista de países que ya habían reconocido al Estado
imaginario, la carretera de Alon estaba casi desierta de vehículos palestinos.
La mayoría de las carreteras de Cisjordania están ahora bloqueadas por barreras
de hierro que se abren y se cierran a voluntad de los comandantes militares
israelíes.
El día en que 159 Estados ya habían reconocido el Estado
soñado, Sadek Farhana, un pastor de 81 años, yacía en su casa, gimiendo de
dolor. La víspera, los colonos lo habían golpeado sin piedad con porras sin
motivo alguno, rompiéndole ambos brazos, a pesar de su avanzada edad. Su nieto
estaba sentado a su lado, con la cabeza vendada: él también había resultado
herido durante el robo cometido por los colonos. La policía israelí se apresuró
a acusar injustamente a los pastores palestinos, sin llevar a cabo ninguna
investigación, afirmando que habían robado a los colonos. El nuevo Estado
reconocido no cuenta con ninguna fuerza policial para proteger a sus
habitantes.
El día en que el presidente francés celebró una victoria
diplomática, la creación de un Estado palestino parecía más lejana que nunca.
En ningún momento el sueño de un Estado pareció tan lejos de la realidad sobre
el terreno. Al presidente del futuro Estado, Mahmoud Abbas, ni siquiera se le permitió viajar a USA para asistir a la conferencia sobre su país, en flagrante
violación del acuerdo alcanzado entre USA y la ONU.
Al mismo tiempo, el hombre más buscado por la Corte Penal
Internacional, Benjamín Netanyahu, sospechoso de crímenes contra la humanidad,
se preparaba para viajar a Nueva York. El presidente del Estado que casi todo
el mundo «reconoce» ahora asistirá a la Asamblea General por videoconferencia,
mientras que el hombre más buscado por la CPI se dirigirá a la asamblea desde
la tribuna.
Nayi al-Ali, as-Safir, 23-4-1983
El día en que el mundo reconoció al Estado palestino, 61 personas fueron asesinadas en Gaza, aproximadamente el mismo número que el día anterior y el día siguiente, como ha sido el caso todos los días de los últimos meses. El reconocimiento no ha salvado ni salvará a ningún niño de Gaza de los bombardeos. Gaza es inhabitable para los seres humanos, y la situación de los palestinos que viven en Cisjordania se está volviendo cada vez más similar. Es dudoso que el anciano que fue golpeado haya oído hablar siquiera de este reconocimiento.
Las declaraciones británica y francesa no han cambiado
nada para él; aunque Andorra y Mónaco se sumen a ellas, su suerte no cambiará;
las ovejas que le han robado no le serán devueltas, aunque Luxemburgo se una a
la lista.
El mundo, y en particular la Europa santurrona, ha vuelto
a hacer esta semana promesas vacías a las víctimas de Gaza y Cisjordania.
Mientras el genocidio en Gaza continúa sin cesar y los colonos se desatan en
Cisjordania en colaboración con el ejército, el mundo ha cumplido con su
obligación mínima al reconocer un Estado que probablemente nunca verá la luz.
Qué fácil es reconocerlo, qué difícil es detener el genocidio. Como de
costumbre, Israel ha gritado “antisemitismo”. Todos los partidos judíos de la
oposición israelí, incluidos los Demócratas de Yair Golan, se han alineado con
el Gobierno para condenar este reconocimiento.
Todos aquellos que, como yo, esperaban desesperadamente
una intervención urgente y espectacular por parte del mundo para poner fin de
inmediato a los asesinatos y la destrucción sistemática en Gaza, antes que
nada, obtuvieron en cambio una medida que solo empeorará las cosas. Los jefes
de Estado pueden ahora tranquilizarse a sí mismos y tranquilizar a sus
inquietos ciudadanos: hemos castigado al criminal y recompensado a la víctima.
Ya no necesitamos mover un dedo por Gaza, hemos hecho nuestra parte.
Desgraciadamente, reconocer hoy un Estado palestino es
absurdo, casi una locura. Actualmente no hay ningún socio para una solución de
dos Estados, ni en Israel ni en Palestina. Gaza ha sido destruida y en
Cisjordania ya no hay lugar para un Estado que no sea un conjunto de
bantustanes. ¿Queréis salvar lo que queda de Gaza? Hay que imponer
inmediatamente sanciones severas a Israel. ¿Queréis una visión a largo plazo?
Democracia para todos, desde el Jordán hasta el Mediterráneo.
GIDEON LEVY
Reconnaissance sans rescousse : le cadeau chimérique du monde aux Palestiniens
Gideon Levy, Haaretz, 25/9/2025
Traduit
par Tlaxcala
Alors que le génocide à Gaza se poursuit sans relâche et que les colons se déchaînent en Cisjordanie de concert avec l’armée, le monde a rempli son obligation minimale en reconnaissant un État qui ne verra probablement jamais le jour.
Le jour où
le monde a reconnu l’État palestinien, je me suis rendu, avec le photographe
Alex Levac, dans un village palestinien isolé situé dans la partie orientale de
la Cisjordanie.
La veille,
des colons des nouvelles colonies illégales voisines avaient volé des dizaines
de moutons du village lors d’un violent braquage à main armée. Le jour où les
Nations unies ont tenu une conférence de haut niveau sur la solution à deux
États et où dix États occidentaux ont rejoint la longue liste des pays qui
avaient déjà reconnu l’État imaginaire, la route d’Alon était presque dépourvue
de véhicules palestiniens. La plupart des routes de Cisjordanie sont désormais
bloquées par des barrières en fer qui sont ouvertes et fermées au gré des
commandants militaires israéliens.
Le jour où
159 États avaient déjà reconnu l’État rêvé, Sadek Farhana, berger de 81 ans,
était allongé chez lui, gémissant de douleur. La veille, des colons l’avaient
battu sans pitié à coups de matraque sans raison, lui cassant les deux bras,
malgré son âge avancé. Son petit-fils était assis à côté de lui, la tête bandée
: lui aussi avait été blessé lors du vol commis par les colons. La police
israélienne s’est empressée d’accuser à tort les bergers palestiniens, sans
mener d’enquête, affirmant qu’ils avaient volé les colons. Le nouvel État
reconnu ne dispose d’aucune force de police pour protéger ses habitants.
Le jour où
le président français a célébré une victoire diplomatique, la création d’un
État palestinien semblait plus éloignée que jamais. À aucun moment, le rêve d’un
État n’a semblé aussi éloigné de la réalité sur le terrain. Le président de l’État
en devenir, Mahmoud Abbas, n’a même
pas été autorisé à se rendre aux USA pour assister à la conférence sur son
pays, en violation flagrante de l’accord conclu entre les USA et l’ONU.
Au même
moment, l’homme le plus recherché par la Cour pénale internationale, Benjamin
Netanyahou, suspecté de crimes contre l’humanité, se préparait à se rendre à
New York. Le président de l’État que presque tout le monde « reconnaît »
désormais assistera à l’Assemblée générale par liaison vidéo, tandis que l’homme
le plus recherché par la CPI s’adressera à l’assemblée depuis la tribune.
Le jour où
le monde a reconnu l’État palestinien, 61 personnes ont été tuées à Gaza, soit
à peu près le même nombre que la veille et le lendemain, comme cela a été le
cas chaque
jour ces derniers mois. La reconnaissance n’a pas sauvé et ne sauvera pas
un seul enfant de Gaza des bombardements. Gaza est impropre à l’habitation
humaine, et la situation des Palestiniens vivant en Cisjordanie devient
progressivement similaire. Il est douteux que le vieil homme qui a été battu
ait même entendu parler de cette reconnaissance.
Les
déclarations britannique et française n’ont rien changé pour lui ; même si
Andorre et Monaco se joignent à elles, son sort ne changera pas ; les moutons
qui lui ont été volés ne lui seront pas rendus, même si le Luxembourg venait à
rejoindre la liste.
Le monde, et
en particulier l’Europe moralisatrice, a fait cette semaine encore des
promesses creuses aux victimes de Gaza et de Cisjordanie. Alors que le génocide
à Gaza se poursuit sans relâche et que les colons se déchaînent en Cisjordanie de
concert avec l’armée, le monde a rempli son obligation minimale en
reconnaissant un État qui ne verra probablement jamais le jour. Comme il est
facile de le reconnaître, comme il est difficile d’arrêter le génocide. Comme d’habitude,
Israël a crié à l’« antisémitisme ». Tous les partis juifs de l’opposition
israélienne – y compris les Démocrates de Yair Golan – se sont rangés du côté
du gouvernement pour condamner cette reconnaissance.
Tous ceux
qui, comme moi, espéraient désespérément une intervention d’urgence
spectaculaire de la part du monde pour mettre immédiatement fin aux meurtres et
aux destructions systématiques à Gaza, avant toute autre chose, ont obtenu à la
place une mesure qui ne fera qu’empirer les choses. Les chefs d’État peuvent
désormais se rassurer eux-mêmes et rassurer leurs citoyens agités : nous avons
puni le criminel et récompensé la victime. Nous n’avons plus besoin de lever le
petit doigt pour Gaza, nous avons fait notre part.
Malheureusement,
reconnaître un État palestinien aujourd’hui est absurde, presque fou. Il n’y a
actuellement aucun partenaire pour une solution à deux États, ni en Israël ni
en Palestine. Gaza a été détruite et il n’y a plus de place en Cisjordanie pour
un État qui ne soit pas un ensemble de bantoustans. Vous voulez sauver ce qui
reste de Gaza ? Des sanctions sévères doivent être imposées immédiatement à
Israël. Vous voulez une vision à long terme ? La démocratie pour tout le monde,
du Jourdain à la Méditerranée.
GERALDINA COLOTTI
Italie : la révolution bolivarienne et la Flottille de la liberté
Geraldina Colotti, Resumen Latinoamericano,
24/9/2025
Traduit par Tlaxcala
Dans le port
d’Otrante, le drapeau vénézuélien flotte aux côtés des drapeaux palestiniens.
Un jeune homme grimpe au mât du navire Ghassan Kanafani, dédié à l’un
des écrivains palestiniens les plus importants du siècle dernier, journaliste
et homme politique, assassiné à Beyrouth par une bombe placée dans sa voiture
par le Mossad, le 8 juillet 1972. Il était une figure importante du Front
populaire de libération de la Palestine. Aujourd’hui, le drapeau du Venezuela
flotte au vent, aux côtés de celui de la Palestine. D’autres militants montent
sur le pont, saluent le poing levé devant la caméra pour la campagne « Le
Venezuela est un espoir, pas une menace », et crient à tue-tête : « Je m’engage
avec Maduro, gringos go home ! » et « Palestine-Venezuela, un seul drapeau ».
Depuis la
ville apulienne du Salento, située sur la côte adriatique et considérée comme
le point le plus oriental de l’Italie, la Flottille de la liberté se prépare
également à partir pour Gaza. « Il y a un équipage maritime, mais aussi un
équipage terrestre, qui prépare le voyage et le suivra dans toutes ses phases
», explique Schoukri Hroub, qui est ici le coordinateur logistique de l’Union
démocratique arabe-palestinienne (UDAP).
La plupart
des bateaux, réunis au sein de la Global Sumud Flotilla, ont pris la mer en
direction de la ville martyre de Palestine, chargés d’aide humanitaire pour une
population affamée et décimée par un génocide que personne ne parvient à
arrêter. Global signifie que l’équipage provient de dizaines de pays, et «
Sumud » est un mot arabe qui signifie « résilience » et « persévérance
inébranlable », pour indiquer la détermination des militants à ne pas se
laisser intimider par les menaces du criminel Netanyahou : menaces qui sont
toutefois prises au sérieux, compte tenu de la liberté d’action que lui ont
laissée ses maîtres occidentaux, en lui permettant d’étendre et de multiplier
une occupation à des fins évidentes d’épuration ethnique et d’extermination,
qui a maintenant atteint son paroxysme.
La « Sumud »
a déjà reçu plus d’un drone d’avertissement et, au moment où nous écrivons ces
lignes, il a de nouveau été attaqué. Certains députés de la gauche
institutionnelle ont symboliquement occupé la salle du Parlement italieb pour
demander au gouvernement d’extrême droite, grand sponsor du régime sioniste, de
garantir la sécurité de la flottille sur laquelle des députés ont également
embarqué.
Le ministre
italien de la Défense a assuré avoir envoyé un navire de sauvetage, mais les
conditions obligent les militants à abandonner l’aide à d’autres mains.
Netanyahou avait déjà demandé aux navigants de remettre l’aide aux mains
sanglantes de ses forces armées qui, a-t-il déclaré sans la moindre honte, la
remettraient certainement aux Palestiniens. Proposition rejetée par les
militants, unis dans cette affaire malgré la diversité de leurs appartenances.
Compte tenu
de la situation, l’ambiance est également joyeuse, mais concentrée, dans le
port d’Otrante. La Flottille de la liberté a déjà fait ses preuves sur le plan
politique en tentant de briser le blocus naval de Gaza. Schoukri se souvient du
prix payé le 31 mai 2010. À l’époque, les forces spéciales sionistes avaient
attaqué le navire turc Mavi Marmara, qui faisait partie du convoi, dans
les eaux internationales. L’opération, qui s’était déroulée à environ 120 km
des côtes israéliennes, avait causé la mort de neuf militants et fait des
dizaines de blessés, provoquant une vive réaction internationale et entraînant
une crise diplomatique entre la Turquie et Israël.
À Otrante,
la Flottille de la liberté bénéficie du soutien des différentes composantes
territoriales, ainsi que des autorités ecclésiastiques et politiques, qui ont
participé aux journées de rencontres, d’information et de débats en préparation
du départ, avec des attitudes plus nuancées et des accents humanitaires.
« Nous avons
une attitude inclusive et ouverte, la lutte doit s’intensifier car ce combat
est mondial et concerne l’humanité tout entière, mais il n’y a aucune ambiguïté
sur la nature du génocide et sur le modèle capitaliste qui le détermine dans sa
férocité coloniale », déclare Boris Tremolizzo, l’un des coordinateurs.
C’est pourquoi, dans les deux débats centraux, le comité organisateur s’est efforcé d’inviter, outre les personnes qui luttent pour la défense du territoire – paysans, pêcheurs, précaires, étudiants, ouvriers, féministes et écologistes – également des représentants de Cuba et du Nicaragua (alors occupés à d’autres activités), et surtout du Venezuela, attaqué par l’impérialisme usaméricain, qui a envoyé sur les côtes des Caraïbes une flotte opposée à celle de la flottille de la paix, qui dénonce le génocide de Gaza.
Au nom de l’ambassadrice
Marilyn Di Luca, Estalina Báez, première secrétaire de la mission diplomatique
vénézuélienne auprès de la FAO, a participé aux deux débats – « La faim comme
arme de guerre et outil de domination » et « De la Palestine au Venezuela en
passant par l’Afrique, la guerre de l’impérialisme ne s’arrête pas » – et a
reçu un accueil très favorable.
En compagnie
de plusieurs médecins palestiniens, connectés à distance, Estalina a présenté
avec précision les données, les initiatives et les dénonciations
internationales présentées par le Venezuela pour accompagner les actions de
paix entreprises par le président Maduro et le gouvernement bolivarien face à l’agression
impérialiste de Donald Trump et Marco Rubio.
Elle a
montré l’adhésion populaire résolue à la défense de la souveraineté du
Venezuela, qui a impliqué tous les secteurs sociaux : des pêcheurs aux paysans,
des ouvriers aux jeunes, avec les femmes productrices toujours en première
ligne. Des personnes qui voient leur propre survie et leur travail menacés,
comme cela a été le cas pour les pêcheurs, pris pour cible par les navires de
guerre sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue.
Trump, a-t-elle
déclaré, bombarde les bateaux de pêche sans avertissement, ce qui fait que
beaucoup ont peur de prendre la mer, ce qui compromet leurs activités de pêche
habituelles, leur économie, et pourrait même menacer la souveraineté
alimentaire du pays, en les empêchant de se procurer de la nourriture. Une fois
de plus, a-t-elle ajouté, l’impérialisme utilise à nouveau l’alimentation comme
une arme de guerre contre la révolution bolivarienne.
Le même
mécanisme criminel est à l’œuvre contre la population de Gaza, à qui l’occupant
empêche de se procurer de la nourriture sur ses propres côtes, en les prenant
pour cible avec ses fusils. Que dirait, a-t-elle demandé à l’assistance, un
pêcheur de ces côtes en signe de solidarité avec les pêcheurs vénézuéliens,
attaqués comme ceux de Gaza ? Depuis le public, les comités territoriaux ont
répondu sans hésiter : « Gringos go home ! » Et, dans la soirée, lors d’une
réunion de paysans et d’écologistes avec la représentante diplomatique
vénézuélienne, ils se sont déclarés prêts à impliquer dans cette lutte les
pêcheurs des autres côtes et à organiser des jumelages avec les communes et les
pêcheurs vénézuéliens.
« Nous
défendrons toujours la souveraineté du Venezuela », a répété Schoukri Hroub,
rappelant que la liberté de la Palestine a toujours été présente et la
solidarité toujours active, tant au niveau international que populaire, de
Chávez à Maduro.
Le Venezuela
est un espoir, pas une menace. Mais pour l’impérialisme usaméricain et les
gouvernements européens hypocrites qui le soutiennent, la véritable menace est
celle de l’exemple, qui doit être enterré sous un voile de mensonges avec la
complicité des médias hégémoniques qui ont cautionné les fausses informations
du prétendu Cartel des Soleils, initialement pour calomnier le capitaine
Diosdado Cabello, puis le président Maduro.
La menace
que représente le socialisme bolivarien est celle d’avoir lancé un modèle
alternatif au capitalisme dominant grâce auquel le Venezuela avait réussi à
atteindre les premiers objectifs du millénaire de la FAO en deux fois moins de
temps, et c’est pourquoi on a tenté de le bloquer et de l’étouffer par tous les
moyens.
C’est
pourquoi, comme à Gaza, l’impérialisme utilise la faim et l’alimentation comme
arme de guerre. Mais sans succès, car, tout comme en Palestine, malgré les
agressions et les « sanctions », le Venezuela a toujours répondu avec
créativité, à commencer par la création des Clap, les comités locaux d’approvisionnement
et de production, qui sont également des instruments d’auto-organisation
sociale.
Aujourd’hui,
le pays produit 90 % de ce qu’il consomme, et les données sur la croissance
économique, illustrées ces derniers jours par la vice-présidente exécutive,
Delcy Rodríguez, sont encore plus prometteuses. Une offense insupportable pour
un impérialisme qui bafoue le droit international, comme nous le voyons avec le
génocide en Palestine, mais qui a ainsi éveillé la conscience des peuples.
LA FLOTILLA GLOBAL SUMUD: Comprender el alcance de la resistencia ciudadana transnacional contra el genocidio
Llamado de los 57
Los diarios Le Monde y Libération se negaron a publicar este llamado. Fue publicado por el diario L’Humanité
Leer en inglés The Global Sumud Flotilla: Grasping the Scope of a Transnational Citizens' Resistance
La
guerra del Estado de Israel contra Gaza es una política de destrucción masiva,
pero también una política de crueldad. Ya no se trata solo de producir
discursos que califican a ciertas poblaciones de criminales, enemigos o
«animales»; se trata de producir cadáveres.
El
espectáculo del genocidio nos deja atónitos, pero la destrucción no es el final
de todo: inicia nuevas formas de gobernar y, en todo el mundo, mucho más allá
de Gaza, nuevos sujetos desvitalizados, atónitos, paralizados. Lo queramos o
no, la escena se desarrolla entre tres: los asesinos, los asesinados y los
espectadores.
Nosotros,
los espectadores, nos convertimos en una población reducida a percibirse, con
vergüenza y rabia, como impotente, atrapada en su punto más frágil: la
sensibilidad ante lo obsceno, mezclada con el terror y la fascinación; y luego
una progresiva desensibilización ante ese mismo espectáculo. Esta política de
crueldad busca destruir la imaginación, encerrar la subjetividad en la
abyección, impedir que podamos imaginar un futuro.
Apunta
a nuestros vínculos, a nuestra capacidad de apego; aísla a los individuos, hace
sospechoso cualquier movimiento de empatía e intimida cualquier crítica con
amenazas tácitas, pero perfectamente claras. Crea un mundo en el que la
pertenencia política se negocia en un consentimiento por defecto, un
consentimiento por ausencia de reacción ante el sufrimiento exhibido. Un pacto
implícito de gobierno.
“El valor anima al valor”
Este
silencio adopta múltiples formas: statu quo institucional, justificación,
terror bruto, repugnancia, confusión de responsabilidades (“¿quién hace qué y
por qué?”), ambigüedad cognitiva —de la que la propaganda rusa ha hecho un arte
(“¿qué importa si es verdad o no?”).
No se trata solo de ocultar los crímenes y
hacer invisible el sufrimiento. Lo que debe permanecer invisible, esta vez, es
también nuestra reacción ante ese sufrimiento. Las pequeñas cobardías a las que
nos acorralan y nos acostumbran: son precisamente ellas las que permiten el
establecimiento del fascismo. La gran deseabilidad que generan el sentido, la
dignidad y el valor es lo que asusta a los genocidas y a sus colaboradores: el
hecho de que el valor fomenta el valor. Por supuesto, no solo existe Gaza en el
mundo: la guerra destroza otros lugares y a muchas personas, a veces más, y con
mayor indiferencia.
Pero desde hace dos años, se nos muestra el
espectáculo de la destrucción en Gaza al mismo tiempo que se nos pide que no lo
nombremos, que no nos indignemos, que no reconozcamos nuestra responsabilidad
como miembros de países occidentales que arman al Estado de Israel y avalan sus
crímenes. Esta contradicción nos asfixia y nos amputa como sujetos, frente a
Gaza, pero también frente al resto del mundo y de la vida.
Por eso el silencio nos concierne. La Flotilla
Global Sumud, formada por una cincuentena de barcos que hoy navegan hacia Gaza,
responde directamente a este dispositivo. Denuncia alto y claro, en nombre del
derecho internacional. Pero, sobre todo, actúa en otro registro: el del cuerpo.
Al subir a un barco, al cruzar el mar, ellos y
ellas, ciudadanos de todo el mundo, se toman el tiempo del cuerpo y se exponen
al peligro de una travesía bajo la amenaza del ejército israelí. Según el
derecho internacional, esta acción pacifista y humanitaria es totalmente legal.
El peligro proviene únicamente de la impunidad concedida al gobierno israelí.
La flotilla, «una respuesta pacífica, humanitaria,
transnacional y popular»
Sería
fácil burlarnos de este gesto amateur. Mientras tanto, ponen en juego su
vulnerabilidad para responder a la vulnerabilidad masacrada de otros. No se
exhiben: ¡dan la vuelta al espectáculo! Oponen a la puesta en escena de la
crueldad un contraespectáculo, en el que las personas no se reducen a su
potencial devenir cadáver y a su ser espectadores mudos.
Van,
actúan y nos recuerdan la posibilidad que siempre tenemos de levantarnos, a la
escala minúscula de cada una de nuestras vidas. Porque responder con nuestros
cuerpos a lo que se hace a otros cuerpos mantiene abierto el horizonte de un
mundo común.
Esta obstinación resuena con otros gestos que, en los últimos años, han transformado el Mediterráneo en un escenario de resistencia. Mientras las fronteras de Europa se militarizan y se cierran, los ciudadanos del sur global las desafían lanzándose al mar, afirmando su derecho igualitario a un futuro, a una vida digna. Contra estas políticas migratorias mortíferas, ciudadanos europeos han fletado barcos de rescate.
Hoy,
ciudadanos del sur y del norte se embarcan juntos en una flotilla financiada y
organizada exclusivamente con donaciones privadas de todo el mundo, en amistad
entre todas las religiones y creencias. No hay más salvados ni salvadores: solo
personas que se arriesgan con sus cuerpos para romper el mecanismo de la
crueldad. Su gesto se nutre del coraje de los habitantes de Gaza, que siguen en
pie y que, entre el hambre y los bombardeos, organizan en el sur del enclave la
solidaridad hacia quienes huyen una vez más de la ciudad de Gaza, completamente
evacuada, «limpia» por el fuego.
Ante
esta destrucción, ha surgido una respuesta pacifista, humanitaria,
transnacional y popular en forma de flotilla. Se trata de una contrapolítica de
la empatía, que se compromete en la relación de fuerzas en el terreno de lo
sensible, afirmando que podemos rechazar la impotencia y la vergüenza, y que
nuestros cuerpos pueden conectarse con los de Gaza, aprendiendo de su tradición
de perseverancia como resistencia —el «sumud»— que ahora es una brújula global.
“La Flotilla Global Sumud rompe el estupor y da un nuevo
impulso a la imaginación”
Sin
embargo, esta acción solo tiene un débil eco en los medios de comunicación. Las
salidas de los barcos rara vez se cuentan, o se reducen a iniciativas
marginales, ingenuas, narcisistas y condenadas al fracaso. Como si se tratara
de minimizar lo que, sin embargo, altera profundamente la lógica impuesta. “No
cambiará nada. Se confiscarán los cargamentos y se detendrá a los participantes”.
Pero
persistir en actuar a pesar de todo no es ingenuidad: este tipo de acción
desenmascara la arquitectura del pacto de silencio. Apartarse de él,
ridiculizarlo, calificarlo de utópico, es prolongar el estupor, situando lo
razonable del lado de la impotencia. La posición de neutralidad es un material
conductor de la crueldad. La Flotilla Global Sumud rompe el estupor y da un
nuevo impulso a la imaginación. Es una expedición humanitaria, pero también
genera un escenario político al que cada uno, en cada nivel y en cada lugar,
puede decidir unirse.
Hay que proteger a estos ciudadanos embarcados en nombre de la dignidad humana, ante la incapacidad de nuestros gobiernos para actuar.
➤ Puede firmar este texto
en el siguiente enlace https://linktr.ee/ResistanceCitoyenneTransnat
Lista de los 57 firmantes :
Swann Arlaud (actor), Judith Butler (filósofa), Kaouter Ben Hania (directora), Carolina Bianchi (directora de escena y performer), François Chaignaud (coreógrafo), Grégoire Chamayou (filósofo), Antoine Chevrollier (director), Francesca Corona (directora artística), Angela Davis (filósofa), Virginie Despentes (escritora), Rokhaya Diallo (autora, directora), Alice Diop (directora), Mati Diop (directora), Penda Diouf (autora y directora), Elsa Dorlin (filósofa), Eva Doumbia (autora y directora de teatro), Dominique Eddé (escritora), Annie Ernaux (escritora), Sepideh Farsi (directora), Mame Fatou Niang (profesora universitaria), Hassen Ferhani (director), Hélène Frappat (escritora), Verónica Gago (filósofa), Joana Hadjithomas (artista, directora), Arthur Harari (director), Khalil Joreige (artista, director), Kiyemis (poeta), Ariane Labed (actriz y directora), Melissa Laveaux (autora y compositora), Aïssa Maïga (actriz, directora, guionista y productora), Guslagie Malanda (actriz), Chowra Makaremi (antropóloga del CNRS), Catherine Malabou (filósofa y profesora de filosofía en la Universidad de California en Irvine), Maguy Marin (coreógrafa), Phia Ménard (malabarista, intérprete, coreógrafa y directora), Noémie Merlant (actriz y directora), Dorothée Munyaneza (coreógrafa, bailarina y música), Marie NDiaye (escritora), Olivier Neveux (profesor de estudios teatrales en la ENS de Lyon), Rachid Ouramdame (coreógrafo), Verena Paravel (cineasta, antropóloga), Joel Pommerat (director de escena), Sephora Pondi (actriz), Paul Preciado (filósofo y escritor), Lia Rodrigues (coreógrafa), Elias Sanbar (escritor), Céline Sciamma (directora), Rita Laura Segato (antropóloga), Benjamin Seroussi (comisario), Adam Shatz (escritor), Maboula Soumahoro (Black History Month Association), Justine Triet (directora), Jasmine Trinca (actriz y directora), Virgil Vernier (director), Gisèle Vienne (coreógrafa, directora y artista), Eyal Weizman (director de Forensic Architecture) y Maud Wyler (actriz).
LA FLOTTILLE GLOBAL SUMUD: Prendre la mesure d’une résistance citoyenne transnationale contre le génocide
Appel des 57
Les quotidiens Le Monde et Libération ont refusé de publier cet appel. Il a été publié par le quotidien L’Humanité
Read in English The Global Sumud Flotilla: Grasping the Scope of a Transnational Citizens' Resistance
La guerre de l’État d’Israël contre Gaza est une politique de
destruction massive, mais aussi une politique de cruauté. Il ne s’agit plus
seulement de produire des discours qui qualifient certaines populations de
criminels, d’ennemis ou d’“animaux” ; il s’agit de produire des cadavres.
Le spectacle du génocide nous sidère, mais la destruction
n’est pas la fin de tout : elle initie de nouvelles façons de gouverner,
et partout dans le monde, bien au-delà de Gaza, de nouveaux sujets dévitalisés,
sidérés, paralysés. Qu’on le veuille ou non, la scène se joue à trois :
les tueurs, les tués, et les spectateurs.
Nous autres, spectateurs,
devenons une population réduite à se percevoir, dans la honte et la rage, comme
impuissante – prise en son point le plus fragile : la sensibilité à l’obscène,
mêlée d’effroi et de fascination ; puis
une désensibilisation progressive à ce même
spectacle. Cette politique de la cruauté cherche à détruire l’imaginaire, à enfermer
la subjectivité dans l’abjection, à ne plus
pouvoir envisager un futur.
Elle vise nos liens, notre
capacité d’attachement ; elle isole les individus, rend
suspect tout mouvement d’empathie,
et intimide toute critique par des menaces tacites mais parfaitement claires.
Elle créée un monde où l’appartenance politique se négocie dans un consentement par défaut – un
consentement par absence de réaction à la souffrance exhibée. Un pacte implicite de gouvernement.
« Le courage encourage le
courage »
Ce silence a de multiples formes
: statu quo institutionnel, justification, terreur brute, dégoût, brouillage
des responsabilités (« qui fait quoi, et pourquoi ? »), flou cognitif – dont la propagande russe a fait un art (« quelle importance que ce soit
vrai ou non ? »). Il ne
s’agit pas seulement de cacher les crimes et de
rendre la souffrance invisible.
Ce qui doit rester invisible,
cette fois, c’est aussi notre réaction à cette souffrance. Les petites lâchetés
auxquelles on nous accule et on nous habitue : ce sont précisément elles qui
permettent la mise en place du fascisme. La grande désirabilité que
génèrent le sens, la dignité et le courage, c’est cela qui effraie les
génocidaires et leurs collaborateurs : le fait que le courage encourage le
courage.
Bien sûr il n’y a pas que Gaza
dans le monde : la guerre déchiquète ailleurs et beaucoup – plus parfois, et dans une plus grande indifférence. Mais depuis deux ans, le spectacle de
la destruction à Gaza
nous est montré en même temps qu’on nous
demande de ne pas le nommer, ni nous en indigner, ni y reconnaître notre responsabilité en tant que membre de pays occidentaux qui
arment l’Etat d’Israël et cautionnent ses crimes. Cette
contradiction nous asphyxie et nous ampute comme sujets – face à Gaza
mais aussi face à tout le reste du monde et de la vie. C’est pourquoi le
silence nous regarde.
La Flottille Global Sumud, constituée d’une cinquantaine de
bateaux aujourd’hui en mer vers Gaza, répond directement à ce dispositif.
Elle dénonce haut et clair, au nom du droit international.
Mais surtout, elle agit dans un autre registre : celui du corps. En montant sur
un bateau, en franchissant la mer, ils et elles, citoyens du monde entier,
prennent le temps du corps et s’exposent
au danger d’une traversée sous la menace de l’armée israélienne. Selon le droit international, cette
action pacifiste et humanitaire est tout à fait légale. Le danger vient de la seule impunité octroyée au
gouvernement Israélien.
La flottille, « une riposte
pacifiste, humanitaire, transnationale et populaire »
Nous aurions beau jeu de nous
moquer du geste, amateur. En attendant, ils mettent en jeu leur vulnérabilité
pour répondre à la vulnérabilité massacrée d’autrui. Ils ne se donnent pas en
spectacle : ils retournent le spectacle ! Ils
opposent à la mise en scène de la cruauté un
contre-spectacle, où les gens
ne sont pas réduits à leur devenir-cadavre potentiel et leur être-spectateurs muets.
Ils vont, ils font, et rappellent
la possibilité qui nous est toujours donnée de nous lever, à l’échelle
minuscule de chacune de nos vies. Car répondre par des corps à ce qui est fait
à d’autres corps garde ouvert l’horizon d’un monde commun.
Cette obstination résonne avec
d’autres gestes qui, ces dernières années, ont transformé la Méditerranée en
scène de résistance. Alors que les frontières de l’Europe se militarisent et se
ferment, des citoyens du sud global les bravent en prenant la mer, affirmant
leur droit égal à un futur, à une vie digne. Contre ces politiques migratoires
mortifères, des citoyens européens ont affrété des bateaux de sauvetage.
Aujourd’hui, citoyens du sud et
du nord embarquent ensemble dans une flottille exclusivement financée et
organisée par des dons privés à travers le monde, en amitié entre toutes les
religions et les croyances. Plus de sauvés ni de sauveurs : seulement des gens
qui y vont de leurs corps pour briser le mécanisme de la cruauté. Leur geste se
nourrit du courage des habitants de Gaza, toujours debout et qui, dans
la faim et les bombardements, organisent au sud de l’enclave la solidarité
envers ceux qui fuient encore une fois Gaza City, entièrement évacuée, « nettoyée » dans le feu.
Face à cette destruction, une
riposte pacifiste, humanitaire, transnationale et populaire a grossi sous la
forme de la flottille. C’est une contre-politique de l’empathie, qui s’engage
dans le rapport de force sur le terrain du sensible, en affirmant que nous
pouvons refuser l’impuissance et la honte, et que nos corps peuvent se relier à
ceux de Gaza, en apprenant de leur tradition de persévérance comme résistance – le « sumud » – désormais boussole globale.
« La Flottille Global Sumud
brise la sidération et redonne souffle à l’imaginaire »
Or cette action ne trouve qu’un
faible écho médiatique. Les départs de bateaux sont rarement racontés, ou alors
réduits à des initiatives marginales, naïves, narcissiques, vouées à l’échec.
Comme si l’on cherchait à minorer ce qui déplace pourtant profondément la
logique imposée. « Cela ne
changera rien. Les cargaisons seront confisquées, les participants seront arrêtés »
Mais persister à agir malgré tout
n’est pas de la naïveté : ce type d’action démasque l’architecture du pacte du silence. S’en détourner,
le ridiculiser, le qualifier d’utopique,
c’est prolonger la sidération – en plaçant le raisonnable du côté de l’impuissance. La position de neutralité est un matériau
conducteur de la cruauté. La Flottille Global Sumud brise la sidération et redonne
souffle à l’imaginaire. C’est une expédition humanitaire, mais elle produit
aussi une scène politique – que chacun et chacune peut, à chaque niveau et à
chaque place, choisir de rejoindre.
Il faut protéger ces citoyens et
citoyennes embarqués au nom de la dignité humaine, face à la faillite de nos
gouvernements à agir.
➤Vous pouvez signer cette
tribune sur le
lien suivant
Liste des 57 signataires :
Swann Arlaud (Comédien), Judith
Butler (Philosophe), Kaouter Ben Hania (Réalisatrice), Carolina
Bianchi (Metteuse en scène et performeuse) François
Chaignaud (Chorégraphe), Grégoire Chamayou (Philosophe), Antoine
Chevrollier (Réalisateur), Francesca Corona (Directrice
artistique), Angela Davis (Philosophe), Virginie
Despentes (Ecrivaine), Rokhaya Diallo (Autrice,
réalisatrice), Alice Diop (Réalisatrice), Mati
Diop (Réalisatrice), Penda Diouf (Autrice
metteur en scène), Elsa Dorlin (Philosophe), Eva
Doumbia (Autrice metteur en scène), Dominique Eddé (Ecrivaine), Annie
Ernaux (Ecrivaine), Sepideh Farsi (Réalisatrice), Mame
Fatou Niang (Professeur des universités), Hassen Ferhani (Réalisateur), Hélène
Frappat (Ecrivaine), Verónica Gago (Philosophe), Joana
Hadjithomas (Artiste, réalisatrice), Arthur Harari (Réalisateur), Khalil
Joreige (Artiste, réalisateur), Kiyemis (Poète), Ariane
Labed (Actrice et réalisatrice), Melissa Laveaux (Autrice,
compositrice ), Aïssa
Maïga (Actrice, réalisatrice, scénariste, productrice), Guslagie
Malanda (Comédienne), Chowra Makaremi (Anthropologue
au CNRS), Catherine Malabou (Philosophe et professeure
de philosophie à l’Université de Californie à Irvine), Maguy Marin (Chorégraphe), Phia
Ménard (Jongleuse, performeuse, chorégraphe et
metteuse en scène), Noémie Merlant (Actrice
et réalisatrice), Dorothée Munyaneza (chorégraphe,
danseuse et musicienne), Marie NDiaye (Ecrivaine), Olivier
Neveux (Professeur d’études théâtrales à l’ENS de Lyon), Rachid
Ouramdame (Chorégraphe), Verena Paravel (Cinéaste,
anthropologue), Joel Pommerat (Metteur
en scène), Sephora Pondi (Comédienne), Paul
Preciado (Philosophe et écrivain), Lia Rodrigues (Chorégraphe), Elias
Sanbar (Ecrivain), Céline Sciamma (Réalisatrice), Rita
Laura Segato (Anthropologue), Benjamin Seroussi (Commissaire), Adam
Shatz (écrivain), Maboula Soumahoro (Black
History Month Association), Justine Triet (Réalisatrice), Jasmine
Trinca (Actrice et réalisatrice), Virgil Vernier (Réalisateur), Gisèle
Vienne (chorégraphe – metteur en scène et artiste), Eyal
Weizman (directeur de Forensic Architecture), Maud
Wyler (Comédienne).