01/02/2023

Minéraux des fonds marins : les grandes ressources du plateau continental norvégien

Oljedirektoratet, 27/1/2023

La Direction norvégienne du pétrole (NPD) a préparé une évaluation des ressources en minéraux des fonds marins sur le plateau norvégien. Le rapport conclut que d'importantes ressources sont en place.

Pour plusieurs des métaux, les ressources minérales correspondent à de nombreuses années de consommation mondiale.

Le ministère du Pétrole et de l'Énergie (MPE) a chargé le NPD d'évaluer les minéraux des fonds marins lorsque le processus d'ouverture des activités minières a débuté en 2020.

Le MPE a la responsabilité administrative des minéraux des fonds marins, et dirige les travaux sur le processus d'ouverture. Le rapport s'inscrit dans le cadre du processus d'ouverture [voir note ci-dessous] de l'exploitation des minéraux des fonds marins.

«  Le NPD a développé une expertise depuis de nombreuses années, notamment par le biais de plusieurs expéditions. Nous avons cartographié les zones concernées, collecté des données et prélevé de grandes quantités d'échantillons de minéraux » commente Kjersti Dahle, directrice du service Technologie, analyses et coexistence.

« Dans l'évaluation des ressources, nous avons fait des estimations de la quantité des différents minéraux présents dans les fonds marins de la zone d'étude. À l'avenir, nous continuerons à renforcer la base de données et la manière dont nous évaluons ces ressources ».

Kjersti Dahle montre un échantillon de sulfure, prélevé lors de l'expédition 2020 du NPD sur la dorsale de Mohns, en mer de Norvège. Photo : Arne Bjørøen/OD

Important dans la transition énergétique

La transition vers une société à faible taux d'émission accroît le besoin de certains éléments. Ces éléments se trouvent, par exemple, dans des dépôts au fond de la mer. Ce sont des matières premières importantes pour la transition énergétique, et elles sont demandées par l'industrie.

Mme Dahle souligne que le développement technologique, associé à des données plus nombreuses et de meilleure qualité, permettra de mieux comprendre le potentiel des ressources.  

« La quantité de ressources récupérables dépend de la technologie et de l'économie. Il reste à voir si les zones s'ouvriront et si l'extraction peut être économiquement rentable ».

La collecte, la gestion et la mise à disposition des données du plateau continental norvégien est l'une des tâches les plus importantes du NPD.

Depuis 2011, le NPD collecte des données dans les zones d'eau profonde des mers de Norvège et du Groenland en collaboration avec l'Université de Bergen (UiB), et à partir de 2020 également avec l'Université de Tromsø (UiT).

Au cours de la période 2018-2021, le NPD a mené quatre expéditions pour collecter des données haute résolution sur les fonds marins des gisements minéraux les plus intéressants, en plus des opérations de forage et de la collecte d'échantillons de minéraux.

Les données de ces expéditions, complétées par les données des institutions scientifiques, constituent la base de cette évaluation des ressources.

« Nous avons une longue expérience de la cartographie du sous-sol et de l'évaluation des ressources pétrolières. Je suis heureux que nous puissions, grâce à notre expertise, contribuer à l'identification des ressources qui peuvent être importantes pour la transition énergétique », a déclaré Mme Dahle.

Sulfures et encroûtements de manganèse

Les gisements minéraux des fonds marins sont divisés en trois types : les nodules de manganèse, les encroûtements de manganèse et les sulfures [voir notes ci-dessous]. Ces trois types contiennent plusieurs métaux et se trouvent à de grandes profondeurs, principalement entre 1500 et 6000 mètres. Sur le plateau continental norvégien, des encroûtements et des sulfures de manganèse ont été découverts à des profondeurs d'environ 3000 mètres.

L'évaluation des ressources par le NPD pour les minéraux des fonds marins fournit des estimations des ressources en place, c'est-à-dire des ressources dont la présence est prouvée ou déduite.

Pour confirmer que les ressources minérales sont récupérables et peuvent être extraites avec un degré acceptable d'impact sur l'environnement, il faudra à la fois poursuivre l'exploration des fonds marins et le développement technologique des méthodes d'extraction.

Plusieurs organisations internationales, telles que l'AIE (Agence internationale de l’Énergie) et l'IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables), font état d'une demande de métal importante et croissante. Fin 2020, la Commission européenne a dressé un inventaire des intrants critiques pour l'Union.

« Parmi les métaux trouvés dans les fonds marins de la zone d'étude, la liste des minéraux critiques de la Commission comprend le magnésium, le niobium, le cobalt et les terres rares. Les terres rares précieuses telles que le néodyme et le dysprosium sont très importantes pour les aimants des éoliennes et des moteurs de voitures électriques », explique Mme Dahle.

Ressources disponibles attendues

Pour les sulfures, les valeurs attendues pour les ressources totales in situ sont les suivantes

·        38 millions de tonnes de cuivre

·        45 millions de tonnes de zinc

·        2317 tonnes d'or

·        85 000 tonnes d'argent

·        1 million de tonnes de cobalt

La zone potentielle pour la croûte de manganèse est estimée couvrir un peu plus de 8 500 kilomètres carrés de la zone d'étude, avec une valeur attendue pour les ressources totales attendues de

·        3,1 millions de tonnes de cobalt

·        230 000 tonnes de lithium,

·        24 millions de tonnes de magnésium,

·        8,4 millions de tonnes de titane,

·        1,9 million de tonnes de vanadium,

·        185 millions de tonnes de manganèse

·        19 000 tonnes de gallium

·        73 000 tonnes de niobium

·        15 000 tonnes de hafnium

·        80 000 tonnes de tungstène

et d'autres volumes importants d'éléments de terres rares sous forme de

·        56 000 tonnes de scandium

·        300 000 tonnes d'yttrium

·        370 000 tonnes de lanthane

·        1,7 million de tonnes de cérium

·        100 000 tonnes de praséodyme

·        420 000 tonnes de néodyme

·        23 000 tonnes d'europium

·        100 000 tonnes de gadolinium

·        15 000 tonnes de terbium

·        86 000 tonnes de dysprosium

 

 
 

Notes du traducteur

Processus d'ouverturele gouvernement norvégien a lancé en 2017 un processus visant à l'adoption d'une loi permettant et cadrant l'exploitation des fonds sous-marins.La loi est entrée en vigueur en juillet 2019 Une évaluation d'impact (version norvégienne d'une enquête d'utilité publique) a été lancée en 2020 et elle vient d'être terminée. Plus de 1 000 commentaires ont été reçus. Toutes les organisations de défense de l'environnement, de nombreuses grandes entreprises et Monsieur Macron himself (à la COP27) ont exprimé leur opposition à cette exploitation minière des fonds sous-marins.

Encroûtements de manganèse : se forment lorsque des minéraux dissous dans l'eau de mer précipitent sur les flancs des montagnes sous forme d'oxyde et d'oxyde-hydroxyde. Les principaux composants sont le fer et le manganèse. Ils contiennent aussi de plus petites quantités de titane, de cobalt, de nickel, de cérium, de zirconium et de terres rares (REE).Ils se développent sous forme de couches stratifiées sur les roches solides, là où elles dépassent du fond de la mer, généralement à des profondeurs comprises entre 1500 et 3000 mètres.

Les sulfures sont des composés chimiques entre le soufre et un ou plusieurs éléments. Ce rapport traite des composés sulfurés entre le soufre et les éléments métalliques. Ils contiennent principalement du plomb, du zinc, du cuivre, du cobalt, de l'or et de l'argent. Ils sont associés aux sources d'eau chaude sur les crêtes volcaniques des océans du monde où Les “cheminées noires” (Bliack smokers)sont formés. Ces cheminées noires sont actives pendant quelques milliers de jours. avant de s'éteindre, laissant derrière elle des “monticules de sulfure”. La majeure partie des ressources en minerai sulfuré sont situées dans ces monticules

Les nodules de manganèse se trouvent sur des fonds marins mous dans l'océan profond. Ils contiennent beaucoup de manganèse et de fer, avec de plus petites quantités de cuivre, nickel, cobalt, titane et platine.

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