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31/05/2025
30/05/2025
GIDEON LEVY
La ville palestinienne de Bruqin subit un double saccage à la suite d’une attaque terroriste
Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 30/5/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Après le meurtre terroriste de Tzeela Gez, dont le bébé est mort jeudi après avoir été mis au monde dans un état grave, les colons se sont déchaînés sur la ville palestinienne de Bruqin, où l’armée a effectué une attaque peu de temps après. L’armée israélienne a arrêté et tué un suspect. Selon des indices, il a été exécuté alors qu’il était menotté
Un Dieu de
vengeance est le Seigneur, et une armée de vengeance est l’armée d’Israël. Les
colons aussi ont soif de vengeance – et personne ne les en empêche. La ville
palestinienne de Bruqin, située face à la colonie de Brukhin en Cisjordanie, l’a
appris à ses dépens ces derniers jours. Ses habitants sont encore sous le choc
de la campagne punitive qu’ils ont subie.
Le chef du
conseil régional de Shomron (Samarie), Yossi Dagan, a appelé à raser toute la
ville et à expulser tous ses habitants. « Que le sort de Bruqin soit le même
que celui du camp de réfugiés de Jénine », a affirmé le fonctionnaire des
colons, qui a été contraint de cesser de parler lors des funérailles de Tzeela
Gez, de Brukhin, victime de l’attaque terroriste de la mi-mai, dans le
sillage de laquelle cette folle campagne de vengeance et de vengeance a été
lancée.
Bruqin et
Brukhin sont situés sur des crêtes des deux côtés de l’autoroute 446, à l’ouest
d’Ariel. La route de l’autoroute à Brukhin est directe et courte ; la route
jusqu’à Bruqin, une ville de 5 000 habitants, est longue et sinueuse. Une barrière
métallique jaune bloque la route qui menait à la ville, et la déviation
serpente entre les villages de la région, faisant mille tours, afin d’aggraver
le calvaire des habitants – c’est la même chose pour pratiquement toutes les communautés
palestiniennes de Cisjordanie depuis le début de la guerre dans la bande de
Gaza.
Les signes
des récents déchaînements de l’armée et des colons sont évidents sous la forme
de maisons incendiées et de squelettes de voitures brûlées, dans la démolition
d’un immeuble de trois étages à la périphérie de la ville, et surtout dans les
monstrueux travaux de terrassement actuellement effectués par les bulldozers
aux abords de la ville, apparemment dans le but d’isoler encore plus la ville.
Les colons y ont déjà installé une cabane et ont creusé un chemin de terre
parallèle à la 446 – prélude à un avant-poste punitif.
Les soldats
ont également fait irruption dans le bâtiment du conseil municipal, l’endommageant.
Dans son bureau, le chef du conseil, Faed Sabra, 52 ans, et ses assistants
rédigent un rapport détaillé sur tous les dégâts causés par l’armée et les
colons sous son patronage. Les soldats ont envahi 740 maisons, que ce soit pour
effectuer des perquisitions ou pour harceler et intimider les habitants. Ils
ont pris le contrôle de 23 maisons, expulsé les habitants et y sont restés pendant
toute la durée du couvre-feu de neuf jours. Les colons ont incendié huit voitures, une maison de trois
étages a été démolie et cinq autres maisons partiellement endommagées, et le
camion à ordures du conseil a été mis en fourrière (sur la base de l’incroyable
allégation selon laquelle il avait ramassé des ordures dans la zone C, les
sections de la Cisjordanie sous contrôle israélien total).
Et pendant
ce temps, les bulldozers de Tsahal sont à l’œuvre sur la crête à l’extrémité de
la ville, au nord-ouest, sans que personne, pas même le chef du conseil, n’ait
la moindre idée de ce que prépare l’armée. La section creusée est également
ornée de dizaines de drapeaux israéliens, qui ont été placés là après l’attaque
terroriste, comme si Bruqin avait été annexé à Israël et faisait maintenant
partie de son territoire souverain. Provocation, les drapeaux sont aussi une
sorte de punition.
Et surtout,
les soupçons abondent sur les circonstances dans lesquelles Nael Samara,
soupçonné d’avoir perpétré l’assassinat de Tzeela Gez. Les témoignages
suggèrent qu’il était menotté au moment où il a été abattu par les mêmes
soldats qui l’avaient arrêté plusieurs heures plus tôt.
Gez, une
mère de trois enfants qui se rendait à la salle d’accouchement pour donner
naissance à son quatrième, a été tuée le 14 mai dans une fusillade sur la route
près de Brukhin, où elle vivait. L’armée a fait une descente dans le village de
Bruqin, a pris le contrôle de dizaines de maisons, a expulsé leurs habitants et
a transformé les structures en centres d’interrogatoire pour de nombreux hommes
de la ville. Les interrogatoires ont été violents, raconte le chef du conseil,
Sabra. Il souligne que même les malades et les personnes âgées n’ont pas été
autorisés à quitter leur domicile pendant la durée du couvre-feu, y compris
trois patients dialysés qui ont été contraints d’attendre cinq jours avant d’être
autorisés à se faire soigner.
Alors que l’armée
menait des interrogatoires, les colons déversaient leur fureur sur les
villageois et vandalisaient leurs biens. Le déchaînement a duré des jours après
l’attaque terroriste ; pas plus tard que jeudi dernier, plus d’une semaine
après le meurtre de Gez, des maisons étaient encore incendiées.
Lorsque nous
sommes arrivés au bâtiment du conseil, des ouvriers déchargeaient des
extincteurs rouges d’une voiture. C’est le seul moyen dont disposent les
habitants de la ville pour se protéger et protéger leurs biens contre les
incendies criminels. Sous les auspices du couvre-feu, l’armée a également
démoli le bâtiment de trois étages mentionné plus haut, affirmant qu’il avait
été construit illégalement. Le chef du conseil, Sabra, a déclaré que 245 dunams
(24,5 ha) des terres de la ville ont été expropriés pour les besoins de l’armée
après la fusillade. C’est dans cette zone que les bulldozers sont maintenant à
l’œuvre. Sabra estime qu’entre 200 et 300 colons ont attaqué la ville dans les
jours qui ont suivi l’attaque terroriste.
Et il y a
aussi eu le meurtre de Nael Samara, plâtrier de métier, âgé de 37 ans, marié et
père de trois enfants. Il a été arrêté par l’armée samedi matin, trois jours
après la fusillade. L’image qui ressort des témoignages recueillis par Salma
a-Deb’i, chercheuse de terrain pour l’organisation israélienne de défense des
droits humains B’Tselem, de la veuve de Samara, de son père et de son oncle,
est celle d’une exécution.
La veuve,
Athadel, a raconté que ce matin-là, entre 7 et 8 heures, son mari l’a réveillée
et lui a dit que l’armée était à l’extérieur de la maison. Ils s’attendaient à
l’arrivée de soldats, a-t-elle dit, car ils avaient visité la plupart des
maisons de la ville. Le couple a ouvert la porte et les soldats ont ordonné à
Nael de sortir et lui ont dit de lui remettre sa carte d’identité et son
téléphone. Les enfants dormaient. Suivant la pratique habituelle, les soldats
ont menotté Nael et lui ont bandé les yeux avec un chiffon avant de l’emmener.
Quelques soldats sont restés dans la maison et ont ordonné à Athadel de s’asseoir
sur une chaise à l’entrée.
Quand les
enfants se sont réveillés, elle a dit qu’elle voulait leur donner à manger. Les
soldats lui ont permis d’aller à la cuisine. Ensuite, elle est retournée à la
chaise près de la porte d’entrée et y est restée jusqu’à 14 h 30 ou 15 h,
lorsqu’elle a entendu une voix crier « Allahu akbar » (« Dieu est grand »)
depuis l’arrière-cour. Elle a reconnu la voix de son mari. Cela a été suivi d’une
rafale de coups de feu, qui a également été entendue dans toute la ville. Elle
a essayé de se lever pour voir ce qui se passait, mais les soldats lui ont dit
de ne pas bouger.
Un grand
nombre de soldats sont arrivés, et après environ 15 minutes, ils sont tous
partis. Athadel est allée chez sa belle-famille sans savoir ce qui était arrivé
à son mari, alors même que des rumeurs se répandaient dans la ville selon
lesquelles Nael avait été tué par les soldats. Quelques heures plus tard,
Athadel a été contactée par l’Administration de coordination et de liaison du
district palestinien. Les autorités israéliennes, lui a-t-on dit, les avaient
informés que Nael avait été tué.
Un voisin,
Knaan Samara, 21 ans, qui a assisté aux événements depuis son balcon, a ensuite
été battu par des soldats. Selon les témoignages recueillis par a-Deb’i, il s’est
rendu à la clinique médicale pour faire panser ses blessures – il avait une
profonde entaille à la tête et une autre à une jambe – mais une unité de l’armée
est arrivée à la clinique et l’a placé en détention. Les soldats ont dit au
personnel de la clinique, qui voulait envoyer le blessé à l’hôpital : « Nous
ferons ce qui doit être fait. » Depuis, Knaan Samara est en détention, ainsi
que son frère, Abidian, 40 ans.
Avant d’être
arrêté, Knaan a raconté à ses parents qu’il avait vu des soldats tirer sur Nael
alors qu’il était menotté et les yeux bandés. Le père de Knaan, Sami Samara, 62
ans, a déclaré qu’il avait vu des soldats ramener Nael chez lui, menotté et les
yeux bandés. La chercheuse de terrain de B’Tselem dit qu’elle a vu des photos
de l’endroit, à l’arrière de la maison, où Nael a été abattu, dans lesquelles
des taches de sang étaient visibles, mais que lorsqu’elle s’y est rendue
quelques jours plus tard, il n’y avait aucun signe de sang ou des douilles de
cartouches qui étaient également apparues sur les photos. La famille de Naël
affirme que quelques heures après l’incident, deux véhicules de police sont
arrivés sur les lieux.
La famille a
également noté qu’il y a trois mois, Nael s’était cassé une jambe dans un
accident de travail. Il avait du mal à marcher et a cessé de travailler. L’affirmation
de l’armée selon laquelle il était en train de courir lorsqu’il a fui la scène
de l’attaque terroriste n’a aucun sens, disent-ils, étant donné l’état de sa
jambe. Était-il le terroriste qui a perpétré l’attaque ? A-t-il été exécuté de
sang-froid par des soldats alors qu’il était menotté ?
L’unité du
porte-parole de Tsahal a renvoyé Haaretz cette semaine au long
communiqué publié le lendemain du meurtre. Après avoir déclaré que l’attaque
terroriste avait été résolue et que l’auteur avait été éliminé, le communiqué
poursuit : « Au cours d’une poursuite et de recherches ciblées par des
combattants de Tsahal de la brigade Ephraïm, guidés par le Shin Bet [service de
sécurité], un terroriste a été repéré en train de courir vers les forces,
tenant un sac soupçonné d’être piégé, et les appelant. Face à une menace
immédiate, les combattants ont éliminé le terroriste. Nos forces n’ont pas eu
de pertes.
À la suite d’une
enquête menée par le Shin Bet, l’armée israélienne et le district de police de
Shai [Samarie et Judée], il a été découvert que Nael Samara, le terroriste
éliminé, avait perpétré l’attaque près de la colonie de Brukhin, au cours de
laquelle Tzeela Gez, de mémoire bénie, a été assassinée. Le terroriste Samara a
purgé une peine de prison pour son activité au sein de l’organisation
terroriste Hamas, a été libéré en 2010 et a été emprisonné à nouveau pendant
plusieurs jours en 2019 pour incitation à la haine sur Internet. Le sac qu’il
portait contenait un fusil M-16 et d’autres moyens de combat, qui ont été
utilisés pour perpétrer l’attaque ».
« Dans le
cadre de l’enquête du Shin Bet, l’armée israélienne a arrêté un certain nombre
d’autres suspects soupçonnés d’avoir perpétré l’attaque, y compris le chef de l’escouade,
qui est soupçonné d’être impliqué dans la perpétration de l’attaque. »
Cette
semaine, j’ai demandé aux responsables de Tsahal comment ce récit concordait
avec le témoignage de la femme de Samara, qui a raconté que son mari avait déjà
été arrêté par des soldats ce matin-là et ramené à la maison menotté. Des
sources militaires ont reconnu qu’il avait effectivement été arrêté dans la
matinée et amené à la maison à midi, mais qu’il avait ensuite tenté d’attaquer
les soldats en criant « Allahou akbar ».
Les soldats
ont-ils enlevé les menottes de Nel, une fois arrivés à la maison ? Très peu probable. Une personne
menottée, enchaînée et ayant les yeux bandés pourrait-elle constituer un danger
pour les soldats ? Très peu probable. L’unité du porte-parole de Tsahal a
refusé cette semaine de se prononcer sur la question de savoir s’il était
menotté lorsqu’il a été abattu, et s’est contentée d’une référence au
communiqué. Le soupçon qu’il ait été abattu alors qu’il était menotté reste
plus fort que toute autre version.
Jeudi
dernier, le 22 mai, l’armée israélienne a quitté la ville et la vie est censée
être revenue à la normale. Seulement censée. Les habitants calculent les dégâts
causés, d’autres font des réparations, et tout le monde a peur du prochain
pogrom.
Yaffi
Barakat, 30 ans, marié et père de cinq enfants, vit à la périphérie de la
ville, dans une maison de deux étages relativement neuve qu’il a construite
pendant les sept années où il a travaillé en Israël. Il avait déjà remplacé les
fenêtres de la maison qui avaient été brisées immédiatement après l’attaque
terroriste. Jeudi soir dernier, les colons sont revenus et cette fois-ci ont
mis le feu à une partie de la maison, brisé à nouveau les fenêtres et laissé
une inscription peu claire maculée de bleu et accompagnée d’une étoile de David
sur le sol de son porche. Les lits des enfants, au deuxième étage, sont
recouverts de pierres que les colons ont jetées sur la maison, qui,
heureusement – par peur des colons – était vide à l’époque.
Le balcon de
la maison offre une vue sur le nouveau quartier de maisons en cours de construction à Brukhin
sur la colline d’en face. Les sols de la maison, sur les deux niveaux, sont
encore recouverts de verre brisé, il faut donc marcher prudemment. Yaffi a
entassé les canapés et autres meubles dans une pièce intérieure de la maison,
afin qu’ils ne prennent pas feu lors du prochain incendie criminel.
Entre-temps, Yaffi, dont le visage reflète peur et désespoir, ne vit plus ici.
29/05/2025
Appel des organisations de personnels de santé et des organisations de santé européennes contre l’utilisation de la privation de soins et d’aide humanitaire comme arme de guerre et de destruction massive : IL FAUT AGIR ! MAINTENANT !
Nous, syndicats du secteur de la santé, organisations de personnels de santé ou actives dans le secteur de la santé, et personnel de santé, sommes scandalisés par ce qui se passe aujourd’hui et depuis des mois dans la bande de Gaza. Quand Israël attaque délibérément des ambulances ou des convois humanitaires, quand Israël détruit systématiquement les infrastructures de santé tuant des patients et des soignants, quand Israël bloque toute aide humanitaire et tente de l’utiliser comme arme de déportation, … nous nous sentons terrifiés sur les limites que peut dépasser la barbarie d’un État.
La privation de soins et d’aide humanitaire est devenue une arme de guerre visant à anéantir le peuple palestinien. En tant que représentants des travailleurs et travailleuses de la santé, ou organisations actives dans le secteur, nous ne pouvons qu’être indignés par ce que vivent nos collègues et la population palestinienne. Mais surtout révoltés par l’inaction des autorités nationales et européennes. Nous avons toutes et tous du sang sur les mains !
Les faits :
Le dernier rapport de l'OMS(5 mai 2025) indique qu'au moins 686 attaques ont eu un impact sur les soins de santé (infrastructures, personnel, etc.), tuant 910 personnes et en blessant 1 380. 122 établissements de santé ont été touchés, dont 33 hôpitaux, et 180 ambulances ont été détruites. La moitié des services de santé ne sont plus que partiellement fonctionnels.
Pas plus tard que le 23 mars, 15 travailleurs humanitaires ont été tués par l'armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza alors qu'ils se déplaçaient à bord de leurs ambulances, qui étaient tout à fait identifiables.
Depuis le 2 mars, le blocage de l'aide humanitaire a empêché la distribution des 171 000 tonnes de nourriture prêtes à entrer à Gaza (de quoi nourrir la population pendant 4 mois). La malnutrition est désormais généralisée et les rares denrées encore disponibles sont inabordables. Israël propose de gérer lui-même la distribution de l'aide et de l'utiliser pour déplacer la population.
La dénonciation :
Utiliser les attaques contre les infrastructures hospitalières et sanitaires, massacrer du personnel sanitaire en mission et bloquer l’aide humanitaire, comme arme pour favoriser la déportation et l’anéantissement d’une population : aucun doute, c’est un crime de guerre perpétré volontairement par un État.
La revendication :
L’UE et ses pays membres ne peuvent rester sans réagir. L’Europe, avec la communauté internationale, doit condamner sans équivoque ces crimes de guerre, et imposer à Israël un cessez- le- feu immédiat. Celui-ci doit permettre la libre circulation et l’intégrité des services et du personnel de secours et humanitaires. Cela nécessite à la fois la protection des personnels de santé afin qu’ils assurent leur mission ainsi que l’accès inconditionnel à l’aide humanitaire et aux infrastructures de soins.
Nous exigeons que l’Europe prenne toutes les actions nécessaires et suffisantes afin d’y contraindre Israël. Dans cette optique, une première étape, importante mais pas suffisante, doit être la suspension immédiate de l’Accord de Coopération avec Israël.
Les signataires appellent les syndicats et les organisations actives dans le secteur de la santé à co-signer cet appel et à rejoindre la manifestation organisée le 19 juin à 10H30 devant le Parlement Européen à Bruxelles. Ils les appellent à diffuser cet appel, et à le transmettre massivement aux députés européens, aux élus et aux gouvernements de leurs pays et à la Commission européenne.
Lien pour cosigner l’Appel : https://forms.office.com/e/mEshF2TVcL
Premiers signataires :
CNE-CSC (B)
Sébastien Robeet, Secrétaire national
CGSP- ACOD (FGTB-ABVV) (B)
Muriel Di Martinelli, Secrétaire fédérale
Olivier Nyssen, Secrétaire général Admin
ACV- PULS (B)
Olivier Remy, Nationaal Secretaris
SETCA- BBTK (FGTB-ABVV) (B)
Nathalie Lionnet, Secrétaire fédérale
Johan Van Eeghem, Federaal Secretaris
VISION (SE)
Veronica Magnusson, President
KOMMUNAL (SE)
Barbro Andersson, President
VÅRDFÖRBUNDET (SE)
Sineva Ribeiro, President
ASSR (SE)
Eike Erkers, President
FSS-CCOO (E)
Humberto Munoz, General Secretary
FP CGIL (I)
Serena Sorrentino, General Secretary
NNO (N)
Lill Sverresdatter Larsen, President
CGT FSAS (F)
Barbara Filhol, Secrétaire générale
UNSSP (FO) (F)
Franck Houlgatte, secrétaire général
GIDEON LEVY
Deutschlands Unterwerfung zu seiner Vergangenheit hat es viel zu lange zum Schweigen über Gaza gebracht
Gideon Levy, Haaretz 29.5.2025
Übersetzt von Fausto Giudice ,
Tlaxcala
Deutschland hat das Andenken an den Holocaust und seine
Lehren verraten. Ein Land, das es als seine höchste Aufgabe ansah, nicht zu
vergessen, hat vergessen. Ein Land, das sich selbst versprochen hat, niemals zu
schweigen, schweigt. Ein Land, das einst „Nie wieder“ sagte, sagt nun „wieder“,
mit Waffen, mit Geld, mit Schweigen. Kein Land sollte besser darin sein als
Deutschland, „widerliche Prozesse zu erkennen“. Jeder Deutsche weiß viel mehr
darüber als Yair Golan. Hier in Israel sind sie in vollem Gange, doch
Deutschland hat sie noch nicht als das erkannt, was sie sind. Erst kürzlich ist
es zu spät und zu wenig aufgewacht.
Wenn Deutschland den Flaggenmarsch in Jerusalem sieht, muss es die Reichspogromnacht sehen. Wenn es die Parallelen nicht
sieht, verrät es das Andenken an den Holocaust. Wenn es auf Gaza blickt, muss
es die Konzentrationslager und Ghettos sehen, die es gebaut hat. Wenn es
hungrige GazanerInnen sieht, muss es die elenden Überlebenden der Lager sehen.
Wenn es die faschistischen Reden israelischer Minister und anderer
Persönlichkeiten des öffentlichen Lebens über Tötung und Bevölkerungstransfer,
über „keine Unschuldigen“ und über das Töten von Babys hört, muss es die
erschreckenden Stimmen aus seiner Vergangenheit hören, die dasselbe auf Deutsch
gesagt haben.
Sie hat kein Recht zu schweigen. Sie muss die Fahne des
europäischen Widerstands gegen das, was im Gazastreifen geschieht, hochhalten.
Doch sie hinkt weiterhin hinter dem Rest Europas hinterher, wenn auch unbequem,
nicht nur wegen ihrer Vergangenheit, sondern auch wegen ihrer indirekten Verantwortung für die Nakba, die ohne den Holocaust wahrscheinlich nicht stattgefunden hätte.
Deutschland hat auch eine teilweise moralische Schuld gegenüber dem
palästinensischen Volk.
Ohne die Unterstützung der Vereinigten Staaten und
Deutschlands hätte es die israelische Besatzung nicht gegeben. Während dieser
ganzen Zeit galt Deutschland als Israels zweitbester Freund. Seine
Unterstützung war bedingungslos
und vorbehaltlos. Jetzt wird Deutschland für seine langen Jahre der strengen Selbstzensur
bezahlen, in denen es verboten war, Israel, das heilige Opfer, zu kritisieren.
Jede Kritik an Israel wurde als Antisemitismus abgestempelt. Der gerechte Kampf für die Rechte der Palästinenser wurde
kriminalisiert. Ein Land, in dem ein großes Medienimperium von seinen
Journalisten als Einstellungsvoraussetzung verlangt, niemals Israels
Existenzrecht in Frage zu stellen, kann nicht behaupten, die Meinungsfreiheit
zu achten. Und wenn Israels derzeitige Politik seine Existenz gefährdet, sollte
es dann nicht erlaubt sein, es zu kritisieren?
In Deutschland ist es schwierig, wenn nicht gar
unmöglich, Israel zu kritisieren, egal was es tut. Das ist keine Freundschaft,
das ist Knechtschaft gegenüber einer Vergangenheit, und das muss angesichts
der Ereignisse in Gaza ein Ende haben. Die „besondere Beziehung“ kann keine
Billigung von Kriegsverbrechen beinhalten. Deutschland hat kein Recht, den
Internationalen Strafgerichtshof, der als Reaktion auf seine Verbrechen
eingerichtet wurde, zu ignorieren, indem es darüber debattiert, wann es einen
wegen Kriegsverbrechen gesuchten israelischen Ministerpräsidenten einladen
soll. Es hat kein Recht, die Klischees der Vergangenheit zu wiederholen und
Blumen in Yad Vashem niederzulegen, 90 Autominuten von Chan Yunis entfernt.
Deutschland steht nun vor seiner schwersten moralischen
Prüfung seit dem Holocaust. Wenige Wochen nach dem Einmarsch Wladimir Putins in
die Ukraine war es Deutschland, das die Sanktionen gegen Russland anführte.
Zwanzig Monate nach der Invasion des Gazastreifens hat Deutschland noch immer
keine Maßnahmen gegen Israel ergriffen, abgesehen von den gleichen
Lippenbekenntnissen wie andere europäische Länder.
Deutschland muss sich ändern, nicht trotz seiner
Vergangenheit, sondern gerade wegen ihr. Es reicht nicht aus, dass
Bundeskanzler Friedrich Merz sagt, dass die Bombardierung des Gazastreifens
nicht mehr zu rechtfertigen sei. Er muss Maßnahmen ergreifen, um sie zu
stoppen. Es reicht nicht aus, dass Außenminister
Johann Wadephul sagt, dass Deutschland sich nicht „in eine Lage bringen lassen
wird, in der wir Zwangssolidarität zeigen müssen“.
Es ist Zeit, dass Deutschland sich mit den Opfern
solidarisch zeigt und sich von den Fesseln der Vergangenheit befreit, die es
von den Lehren des Holocaust entfremden. Deutschland kann nicht weiter tatenlos
zusehen und sich mit halbherzigen Verurteilungen begnügen. Angesichts der
schrecklichen Lage in Gaza ist dies Schweigen – das beschämende Schweigen
Deutschlands.
GIDEON LEVY
L’asservissement de l’Allemagne à son passé l’a maintenue trop longtemps dans le silence sur Gaza
Gideon Levy, Haaretz,
29/5/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
L’Allemagne
a trahi la mémoire de l’Holocauste et ses leçons. Un pays qui considérait comme
son devoir suprême de ne pas oublier a oublié. Un pays qui s’était promis de ne
jamais se taire est silencieux. Un pays qui avait dit « Plus jamais ça » dit
aujourd’hui « encore », avec des armes, avec des fonds, avec son silence. Aucun
pays ne devrait être mieux placé que l’Allemagne pour « discerner les processus
nauséabonds ». Tous les Allemands en savent beaucoup plus à leur sujet que Yair
Golan. Ici, en Israël, ils sont en pleine action, mais l’Allemagne ne les a pas
encore reconnus pour ce qu’ils sont. Ce n’est que récemment qu’elle s’est
réveillée, trop tard et sans grand effet.
Lorsque l’Allemagne
voit la marche
des drapeaux à Jérusalem, elle doit voir la Nuit de cristal. Si elle ne
voit pas les similitudes, elle trahit la mémoire de l’Holocauste. Quand elle
regarde Gaza, elle doit voir les camps de concentration et les ghettos qu’elle
a construits. Quand elle voit les Gazaouis affamés, elle doit voir les
survivants misérables des camps. Quand elle entend les discours fascistes des
ministres israéliens et d’autres personnalités publiques sur les meurtres et le
transfert de population, sur le fait qu’il n’y a « pas d’innocents » et sur le
meurtre de bébés, elle doit entendre les voix effrayantes de son passé, qui
disaient la même chose en allemand.
Elle n’a pas
le droit de se taire. Elle doit porter le drapeau de la résistance européenne
face à ce qui se passe dans la bande de Gaza. Pourtant, elle continue de
traîner derrière le reste de l’Europe, même si cela la met mal à l’aise, non
seulement à cause de son passé, mais aussi à cause de sa responsabilité
indirecte dans la Nakba, qui n’aurait probablement pas eu lieu sans l’Holocauste.
L’Allemagne a également une dette morale partielle envers le peuple
palestinien.
L’occupation
israélienne n’aurait pas eu lieu sans le soutien des USA et de l’Allemagne.
Tout au long de cette période, l’Allemagne a été considérée comme le deuxième
meilleur ami d’Israël. Son
soutien était inconditionnel et sans réserve. Aujourd’hui, l’Allemagne va
payer le prix de ses longues années d’autocensure sévère, durant lesquelles il
était interdit de critiquer Israël, le sacrifice sacré.
Toute
critique d’Israël était qualifiée
d’antisémitisme. La lutte légitime pour les droits des Palestiniens était
criminalisée. Un pays où un grand empire médiatique exige encore de ses
journalistes qu’ils s’engagent à ne jamais remettre en cause le droit d’Israël
à exister comme condition d’emploi ne peut prétendre respecter la liberté d’expression.
Et si les politiques actuelles d’Israël mettent en danger son existence, ne
devraient-ils pas avoir le droit de le critiquer ?
En
Allemagne, il est difficile, voire impossible, de critiquer Israël, quoi qu’il
fasse. Ce n’est pas de l’amitié, c’est un asservissement à un passé qui doit
prendre fin face à ce
qui se passe à Gaza. La « relation spéciale » ne peut inclure un
blanc-seing pour les crimes de guerre. L’Allemagne n’a pas le droit d’ignorer
la Cour pénale internationale, qui a été créée en réponse à ses crimes, en
débattant du moment où elle invitera un Premier ministre israélien recherché
pour crimes de guerre. Elle n’a pas le droit de répéter les clichés du passé et
de déposer des fleurs à Yad Vashem, à 90 minutes de route de Khan Younès.
L’Allemagne est aujourd’hui confrontée à son plus grand défi moral depuis l’Holocauste. Quelques semaines après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, c’est l’Allemagne qui a pris la tête des sanctions contre la Russie. Vingt mois après l’invasion de Gaza, l’Allemagne n’a toujours pris aucune mesure contre Israël, se contentant de déclarations de pure forme, à l’instar des autres pays européens.
L’Allemagne
doit changer, non pas malgré son passé, mais à cause de lui. Il ne suffit pas
que le chancelier Friedrich Merz déclare qu’il n’est plus possible de justifier
le bombardement de Gaza. Il
doit prendre des mesures pour aider à y mettre fin. Il ne suffit pas que le
ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul déclare que l’Allemagne ne se
laissera pas « mettre dans une position où elle doit faire preuve d’une
solidarité forcée ».
Il est temps
que l’Allemagne exprime sa solidarité avec les victimes, qu’elle se libère des
chaînes du passé qui l’éloignent des leçons de l’Holocauste. L’Allemagne ne
peut pas continuer à rester les bras croisés et se contenter de condamnations
tièdes. Compte tenu de la gravité de la situation à Gaza, c’est un silence, un
silence honteux de la part de l’Allemagne.
GIDEON LEVY
Germany’s Enslavement to Its Past Kept It Silent on Gaza for Far Too Long
Gideon Levy, Haaretz, 29/5/2025
Germany has betrayed the memory of the Holocaust and its lessons. A country that saw its highest task as not to forget has forgotten. A country that told itself that it would never remain silent is silent. A country that once said "Never Again," and now: "again," with arms, with funding, with silence. There is no country that should be better than Germany at "discerning nauseating processes." Every German knows much more about them than Yair Golan. Here in Israel they are in full swing, yet Germany has not yet recognized them for what they are. It was only recently that it woke up too late and to too little effect.
When Germany sees the Flag March in Jerusalem, it must see Kristallnacht. If it does not see the similarities, it is
betraying the memory of the Holocaust. When it looks at Gaza, it must see the
concentration camps and ghettos that it built. When it sees hungry Gazans, it
must see the wretched survivors of the camps. When it hears the fascist talk of
Israeli ministers and other public figures about killing and population
transfer, about there being "no innocents" and about killing babies,
it must hear the chilling voices from its past, who said the same in German.
It has no right to be silent. It must carry the flag
of European resistance to what is happening in the Strip. Yet it continues to
lag behind the rest of Europe, however uncomfortably, not only because of its
past but also because of its indirect responsibility for the
Nakba, which probably would not have
happened without the Holocaust. Germany also owes a partial moral debt to the
Palestinian people.
The Israeli occupation would not have happened without
support from the United States and Germany. Throughout this period, Germany was
considered Israel’s second-best friend. It was inclusive and unconditional. Now Germany will pay for its long years of severe self-censorship,
during which it was forbidden to criticize Israel, the sacred sacrifice.
Any and all criticism of Israel was labeled antisemitism. The just struggle for Palestinian rights was criminalized. A country
where a major media empire still requires its journalists to vow never to cast
doubt on Israel’s right to exist as a condition for employment cannot claim to
honor freedom of expression. And if Israel’s current policies endanger its
existence, shouldn’t they be entitled to criticize it?
In Germany it is difficult, if not impossible, to
criticize Israel, whatever it does. This is not friendship, this is enslavement
to a past and it must end in the face of what is happening in Gaza. The "special relationship" cannot include a seal of approval
for war crimes. Germany has no right to ignore the International Criminal
Court, which was established in response to its crimes, by debating when to
extend an invitation to an Israeli prime minister who is wanted for war crimes.
It has no right to repeat the cliches of the past and place flowers in Yad
Vashem, a 90-minute drive from Khan Yunis.
Germany now faces its toughest moral test since the
Holocaust. A few weeks after Vladimir Putin invaded Ukraine, Germany was the
one to lead the sanctions drive against Russia. Twenty months after the
invasion of Gaza, Germany has still not taken any steps against Israel, apart
from paying the same lip service as other European countries.
Germany must change, not despite its past but because
of it. It is not enough that Chancellor Friedrich Merz says it is no longer
possible to justify bombing Gaza. He must take measures to help stop
it. It is not enough that Foreign Minister
Johann Wadephul says that Germany will not allow itself to be "put in a
position where we have to show forced solidarity."
It is time for Germany to express solidarity with the
victim, to free itself from the shackles of the past that alienate it from the
lessons of the Holocaust. Germany cannot continue to sit idly by and make do
with tepid condemnations. Given how terrible the situation is in Gaza, this is
silence; Germany’s disgraceful silence.