Éditorial, Haaretz, 3/5/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Vendredi soir 2 mai, l’armée de l’air israélienne a frappé des cibles militaires à travers toute la Syrie. La veille, l’armée de l’air a frappé près du palais présidentiel à Damas. Il s’agit d’un “message clair au régime syrien”, a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou dans un communiqué. La direction est claire : le gouvernement israélien a décidé d’intensifier la guerre à Gaza et même de l’étendre au-delà des frontières de la Syrie, tout cela au détriment de la vie des captifs israéliens.
Le ministre de la défense, Israel Katz, a mis en garde le nouveau président syrien, Ahmad al-Charaa, contre toute atteinte aux Druzes de son pays. « Nous sommes déterminés à protéger les Druzes et nous surveillons la situation. Si les attaques contre eux ne cessent pas, nous réagirons avec une grande sévérité ». Avec tout le respect dû à l’alliance d’Israël avec les Druzes - un lien qui n’était pas dans l’esprit des députés israéliens lorsqu’ils ont adopté la loi dite de l’État-nation et, par la suite, lorsqu’ils ont bloqué les amendements à cette loi - il semble qu’Israël intervienne dans l’histoire des Druzes afin d’exercer un effet de levier sur son emprise dans le sud de la Syrie.
Bien que les dirigeants druzes en Syrie considèrent le patronage israélien comme une monnaie d’échange contre le régime, leur position était et reste que la communauté fait partie intégrante de la Syrie et qu’elle rejette toute forme de partition ou de sécession. Israël ignore le fait que le nouveau régime syrien a reçu une légitimité internationale et arabe et qu’il a conclu plusieurs accords avec les Druzes vivant dans le pays.
L’implication et les menaces israéliennes contre le régime syrien ne servent pas les intérêts de sécurité d’Israël et pourraient placer les Druzes dans la position d’un satellite israélien, précisément au moment où eux et le régime s’efforcent d’établir un État unifié.
Naturellement, les attaques d’Israël ont suscité des menaces à son encontre. Le père du président syrien Ahmed al-Charaa, Hussein, a rejeté l’affirmation d’Israël selon laquelle il agit pour protéger les Druzes et l’a accusé d’exploiter la question pour faire taire la Syrie. « La réponse viendra d’un endroit auquel vous ne vous attendez pas », a-t-il averti.
Ouvrir un front en Syrie en plus de Gaza, alors que le Liban est toujours instable, semble maintenant être une décision aventuriste et inutile, dont les conséquences pour les captifs pourraient être désastreuses. Les membres du cabinet agissent comme si la question des otages était une conspiration de “l’État profond” visant à renverser le gouvernement, plutôt qu’une réalité insupportable qu’ils ont le devoir de changer, par tous les moyens nécessaires.
Au lieu d’ouvrir de nouvelles arènes dans la guerre, le gouvernement ferait mieux de se concentrer d’abord sur le sauvetage des Israéliens retenus en captivité à Gaza. Depuis sa reprise, la guerre a principalement visé les habitants sans défense de la bande de Gaza assiégée. Un accord qui ramènerait à la maison tous les captifs, vivants et morts, doit être conclu.
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