20/07/2024

JEREMY SCAHILL
Palestine : la parole à la Résistance

Ci-dessous, traduits par Tlaxcala, une série de trois articles consacrée aux perspectives de la résistance palestinienne après le 7 octobre et au dixième mois d’une guerre asymétrique opposant des combattants défendant leur peuple à une armée d’occupation surarmée, équipée et soutenue par les puissances impériales. La stratégie génocidaire des occupants n’est pas parvenue à écraser cette résistance en 285 jours. Une fois de plus se vérifie cette vérité historique : aucune armée d’occupation ne peut écraser une armée populaire. Ni au Vietnam, ni en Algérie, ni en Afghanistan, ni en Irak, ni en Palestine. L’auteur de ces articles, Jeremy Scahill, est un journaliste usaméricain d’investigation chevronné, qui vient de créer avec ses amis le site ouèbe Drop Site News, après avoir travaillé pendant 11 ans au site The Intercept, qu’il avait créé avec Glenn Greenwald. Le mérite de ces articles est de donner la parole aux protagonistes de la résistance, une parole universellement censurée par les médias dominants. Une belle leçon de journalisme.

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18/07/2024

RENÁN VEGA CANTOR
Pendant qu’Israël massacre les Palestiniens, la littérature sur l’Holocauste prolifère


Renán Vega Cantor, La Pluma, 18/7/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Renán Vega Cantor (Bogotá, 1958) est un historien et enseignant colombien.
Il est professeur à l’Universidad Pedagógica Nacional de Bogotá. Bibliographie Articles

“Israël est une nation nécrophile, obsédée et possédée par la mort, et en particulier par les camps de la mort de l’Holocauste, incapable de comprendre l’atrocité et pourtant suffisamment capable d’user et d’abuser de ses souvenirs au nom de ses objectifs politiques.”
-Ilan Pappé,
The Idea of Israel: A History of Power and Knowledge (L’idée d’Israël : une histoire du pouvoir et de la connaissance), Verso Books, 2014.

Je suis devant une librairie, l’une des dernières de Bogotá, et comme je le fais depuis des années, je m’arrête pour regarder les nouveaux livres proposés dans les vitrines qui donnent sur la rue. Quelque chose attire immédiatement mon attention : il y a des dizaines de livres sur l’holocauste nazi contre les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je me méfie un peu, car nous sommes en 2024, en plein génocide de l’État d’Israël contre les Palestiniens. Je regarde plus attentivement pour voir si je peux trouver des livres sur ce génocide en cours. Il n’y en a pas.


-Plus jamais ça !
-Encore une fois !
Carlos Latuff, 2009

Cette prolifération de littérature sur les nazis, la Deuxième Guerre mondiale et les Juifs éveille ma curiosité. J’entre dans la librairie et sur les premières étagères où sont exposés les livres les plus récents, il y a des dizaines de textes sur l’Holocauste. Il y a de tout : histoire, mémoires, romans, chroniques, témoignages, essais, analyses historiographiques, études sociologiques... Les livres traitent des enfants, des femmes, des homosexuels, des personnes âgées... qui ont été persécutés par les nazis et l’épicentre spatial se limite à ce qui s’est passé dans les territoires européens occupés par les armées hitlériennes en Pologne, en Tchécoslovaquie et dans d’autres pays de l’Europe centrale et orientale. Un thème qui ressort est celui des camps de concentration, en particulier Auschwitz. Il n’y a pas de livre, du moins à première vue, sur l’invasion allemande de l’Union soviétique et les crimes qui y ont été commis.

Cette exposition et cette propagande bibliographique se caractérisent par le fait que les livres ont été écrits et publiés récemment, pour la plupart entre 2022 et 2024. Bien sûr, certains titres connus sont exposés, comme les œuvres de Primo Levi ou le Journal d’Anne Frank.

Pour vous donner un avant-goût de certains des titres des livres que j’ai pu voir en direct : Le photographe d’Auschwitz ; L’Holocauste rose ; Les 999 femmes d’Auschwitz ; La fille qui s’est échappée d’Auschwitz ; Ma grand- mère était à Auschwitz ; Le peintre d’Auschwitz ; J’ai survécu à l’Holocauste ; Pour comprendre l’Holocauste ; Fuir l’Holocauste ; Une brève histoire de l’Holocauste ; Le mystère de l’Holocauste dévoilé ; Représenter l’Holocauste ; Le garçon au pyjama rayé ; Le journal d’Helga. Témoignage d’une jeune fille dans un camp de concentration ; La chance. Echapper à l’Holocauste ; Questions que l’on m’a posées sur l’Holocauste ; Mémoires d’un historien de l’Holocauste...

Et il ne s’agit là que d’un petit échantillon représentatif de la profusion de littérature sur les Juifs et l’Holocauste que l’on peut observer de nos jours. À l’intérieur de la librairie, il n’y a pas de livres sur les Palestiniens, du moins pas en exposition publique, et si vous interrogez les libraires sur la Palestine et le génocide en cours, ils vous répondent qu’il n’y a pas grand- chose à montrer.

16/07/2024

MEGAN K. STACK
En Israël, “les ténèbres sont partout”

 Megan K. Stack, The New York Times, 16/5/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Megan K. Stack est chroniqueuse d'opinion au New York Times et écrivaine. Depuis 2001, elle a réalisé des reportages sur la guerre, le terrorisme et l'islam politique dans vingt-deux pays. Elle a été chef du bureau de Moscou pour le Los Angeles Times.
Auteure de Every Man in This Village is a Liar et Women's Work: A Reckoning with Work and Home. @Megankstack

Ce sont les photos de Palestiniens nageant et prenant le soleil sur une plage de Gaza qui ont déplu à Yehuda Shlezinger, un journaliste israélien. Portant des lunettes rondes rouges et une légère barbe, Shlezinger a exprimé son dégoût face à ces images “dérangeantes” lors de son passage sur la Chaîne 12 israélienne.


« Ces gens méritent la mort, une mort dure, une mort atroce, et au lieu de cela, nous les voyons profiter de la plage et s'amuser » s'est plaint Shlezinger, correspondant pour les affaires religieuses du journal de droite Israel Hayom, largement diffusé. « Nous aurions dû voir beaucoup plus de vengeance », a ajouté Shlezinger sans complexe. « Beaucoup plus de rivières de sang gazaoui ».


Le mur de l’apartheid qui serpente le long de la Cisjordanie. Photo : William Keo pour le New York Times

 Il serait agréable de penser que Shlezinger est une figure marginale ou que les Israéliens seraient choqués par ses fantasmes sanglants. Mais ce n'est pas le cas, et beaucoup ne le seraient pas.

Israël s'est endurci, et les signes en sont visibles. Un langage déshumanisant et des promesses d'anéantissement de la part des dirigeants militaires et politiques. Des sondages qui ont révélé un large soutien aux politiques qui ont semé la dévastation et la famine à Gaza. Des selfies de soldats israéliens se pavanant fièrement dans des quartiers palestiniens écrasés par les bombes. Une répression de toute forme de dissidence, même légère, parmi les Israéliens.

La gauche israélienne - les factions qui critiquent l'occupation des terres palestiniennes et favorisent les négociations et la paix - n'est plus qu'un moignon flétri d'un mouvement autrefois vigoureux. Ces dernières années, l'attitude de nombreux Israéliens à l'égard du “problème palestinien” est allée de la lassitude détachée à la conviction profonde que l'œuvre de Dieu est de chasser les Palestiniens de leurs terres et de les soumettre.

 Soldates israéliennes se prenant en selfie sur fond de crimes de guerre à Gaza. Photo : Tsafrir Abayov/Associated Press

Ce paysage idéologique sombre a émergé lentement puis, le 7 octobre, d'un seul coup.

Le massacre et les enlèvements de ce jour-là ont, comme on pouvait s'y attendre, suscité une soif de vengeance dans l'opinion publique. Mais en réalité, au moment où les tueurs du Hamas se sont déchaînés dans les kibboutzim - qui abritaient certains des derniers pacifistes -, de nombreux Israéliens en étaient arrivés depuis longtemps à considérer les Palestiniens comme une menace qu'il valait mieux éliminer. La mythologie romantique et les vœux pieux de l'USAmérique à l'égard d'Israël encouragent la tendance à considérer le Premier ministre Benjamin Netanyahou comme la principale cause de l'impitoyabilité à Gaza, où Israël a tué plus de 35 000 personnes. Le premier ministre impopulaire et criblé de scandales fait un ogre convaincant dans une histoire simplifiée à l'extrême.

Mais le massacre d'Israël à Gaza, la famine rampante, la destruction massive de quartiers - voilà, selon les sondages, la guerre que voulait le public israélien. Selon une enquête réalisée en janvier, 94 % des Israéliens juifs estiment que la force utilisée contre Gaza est appropriée, voire insuffisante. En février, un sondage a révélé que la plupart des Israéliens juifs s'opposaient à l'entrée de nourriture et de médicaments dans la bande de Gaza. Ce n'est pas seulement Netanyahou, mais aussi les membres de son cabinet de guerre (dont Benny Gantz, souvent présenté comme l'alternative modérée à Netanyahou) qui ont rejeté à l'unanimité un accord avec le Hamas visant à libérer les otages israéliens et qui, au lieu de cela, ont lancé un assaut sur la ville de Rafah, débordant de civils déplacés.

PHILIP WEISS
Israël est en train de se désagréger, et les dirigeants usaméricains sont dans le déni


Philip Weiss, Mondoweiss, 15/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Philip Weiss (USA, 1955) est un journaliste et écrivain usaméricain juif et antisioniste, fondateur, avec Adam Horowitz, du site ouèbe Mondoweiss en 2007.
Biographie

L’incapacité d’Israël à résoudre la question palestinienne autrement que par l’apartheid et les massacres a favorisé l’émergence d’une culture politique fasciste et raciste dans le pays. Mais cette vérité doit être cachée aux USAméricains.

Plusieurs voix de gauche ont récemment déclaré qu’Israël était en train de se désagréger. La société est déchirée par la guerre, le gouvernement est dominé par des racistes brutaux et la seule réponse du pays à la question fondamentale - la moitié de la population est palestinienne -, c’est l’apartheid et les massacres à répétition.


« Des soldats israéliens ont mis le feu à la bibliothèque de l’université Al Aqsa dans la ville de Gaza et se sont photographiés devant les flammes », a rapporté le journaliste Younis Tirawi sur X le 23 mai. Tirawi a montré que la photo avait été partagée sur les médias sociaux par le soldat israélien Tair Glisko. 424e  bataillon, brigade Givati, qui a ensuite rendu son compte privé.

La culture politique israélienne a des relents de fascisme. Les derniers massacres de civils à Gaza sont immédiatement approuvés par les politiciens centristes, tandis que les ministres de droite lancent des appels à l’exécution des prisonniers palestiniens. L’ensemble de la société dénonce la libération d’un médecin innocent enlevé par les forces israéliennes à Gaza et se lance dans (ce que Gideon Levy appelle) « une campagne hystérique de panique, d’incrimination, de haine, de déshumanisation, de soif de vengeance, de soif de sang ».

On a l’impression qu’Israël n’a pas d’issue. Il n’est pas étonnant que des centaines de milliers d’Israéliens aient fui le pays depuis octobre dernier.

Comment les USA font-ils face à ces réalités ? La réponse à ces 20 dernières années de haine anti-palestinienne a été le déni. La réponse à ce cycle politique est également un déni total.

L’establishment usaméricain insiste sur le fait qu’Israël est une démocratie saine et qu’il est capable d’évoluer vers une solution à deux États dans laquelle les Palestiniens vivraient côte à côte avec les Israéliens.

Aucun expert de la situation ne le croit, mais ces fictions soutiennent notre classe politique, comme Paul Begala qui a déclaré la semaine dernière sur CNN que Biden avait fait preuve d’un grand leadership sur Gaza. Si nos experts regardaient la vérité en face - Israël est un État juif suprémaciste qui ne cherche qu’à obtenir plus de terres avec moins de Palestiniens, et qui tue de jeunes Palestiniens sans aucune hésitation - , les USA devraient prendre des mesures, avec le reste du monde, pour isoler Israël.

C’est la leçon que l’on peut tirer de la défaite de Jamaal Bowman : ce membre du Congrès a vu l’occupation de près en 2021 lors d’un voyage de J Street en Israël et en Palestine et, selon l’excellent rapport de Calder McHugh dans Politico, il n’a pas pu mentir sur l’impasse dans laquelle se trouve Israël et sur les crimes de guerre.

« [La solution à deux États] était la chose que vous disiez pour que tout le monde vous laisse tranquille... pour qu’au moins vous puissiez satisfaire les deux parties, la liberté palestinienne et l’État juif », explique [Bowman]. Mais ce qu’il a retenu de ces cinq jours de réunions et d’entretiens, de déjeuners en boîte et de dîners chics, c’est qu’il n’y avait aucune volonté politique au sommet du gouvernement israélien de poursuivre une solution à deux États ou de s’engager dans un quelconque processus de paix durable - et que la volonté des USA d’envoyer une aide importante à Israël sans aucune condition n’était donc pas judicieuse.

Et après que Bowman a qualifié ce qui se passait à Gaza de génocide et a déclaré que le boycott était légitime, J Street lui a retiré son soutien.

15/07/2024

NADAV TAMIR
L’Arménie a tout à fait le droit de reconnaître un État palestinien et Israël n’a rien à y redire


Nadav Tamir, Haaretz, 14/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Nadav Tamir est directeur exécutif de J Street Israel. Il a été conseiller du président Shimon Peres et a travaillé à l’ambassade d’Israël à Washington et comme consul général en Nouvelle-Angleterre.

 L’Arménie ne doit rien à un Israël hypocrite. Le destin commun des Juifs et des Arméniens aurait dû faire d’Israël et de l’Arménie des alliés, mais l’État d’Israël a choisi une autre voie

Les Juifs et les Arméniens ont beaucoup en commun. Nous sommes tous deux de petits peuples anciens qui ont souffert de persécutions et ont même survécu à des tentatives de nous effacer de la surface de la terre et qui ont aujourd’hui des pays qui sont des démocraties dans des “voisinages” géographiques qui ne sont pas exactement amicaux.

 

Il existe également de nombreuses similitudes dans les relations entre nos deux pays et nos peuples de la diaspora, ce que j’ai découvert en tant que consul général d’Israël en Nouvelle-Angleterre. C’est alors que j’ai appris à bien connaître la communauté arménienne usaméricaine et, depuis, j’ai honte de la façon dont mon pays traite l’Arménie et son peuple.

Le destin commun des Juifs et des Arméniens aurait dû faire d’Israël et de l’Arménie des alliés, mais l’État d’Israël a choisi une autre voie.


Affiche de Vanessa Titoyan

En tant que peuple qui sait ce que c’est que de combattre le négationnisme et de lutter contre le mépris de certains pour les terribles tragédies que nous avons subies, nous aurions dû soutenir le peuple arménien et reconnaître le fait historique qu’un génocide a eu lieu entre 1913 et 1916. Entre 1 et 1,5 million d’hommes, de femmes et d’enfants arméniens ont été massacrés, brûlés vifs, noyés dans la mer et ont connu de nombreuses autres formes de mort violente aux mains des Ottomans.


Une photo datant de 1915, publiée par l’Institut du musée du génocide arménien, montre des soldats debout sur des crânes de victimes du village arménien de Sheyxalan, dans la vallée de Mush.Photo : STR / ARMENIAN GENOCIDE MUSEUM INSTITUTE / AFP

Certains spécialistes affirment que ce génocide a même inspiré plus tard les nazis dans leur projet d’extermination des Juifs.

Malheureusement, la politique froide et les liens fluctuants d’Israël avec la Turquie ont triomphé sur la morale et la reconnaissance israélienne du génocide arménien est toujours douloureusement absente.

Le chapitre le plus récent des tensions entre Israël et l’Arménie a été la décision de l’Arménie de reconnaître un État palestinien, rejoignant ainsi la liste de plus en plus longue de pays à le faire, en particulier à la suite de la guerre en cours à Gaza.

Lorsque l’Arménie a choisi de reconnaître l’État palestinien en juin, elle l’a fait pour des raisons morales et géopolitiques et en tant que défenseur de la diaspora arménienne dans les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem et dans l’Autorité palestinienne.

Petit pays entouré d’ennemis, l’Arménie ne doit rien à Israël qui, à chaque étape de l’histoire, a choisi des politiques contraires aux intérêts arméniens. Mais au lieu d’essayer de comprendre pourquoi un pays, dont nous continuons à nier le génocide et dont nous continuons à armer les ennemis, n’avait pas besoin de notre approbation pour reconnaître un État palestinien, le ministère israélien des Affaires étrangères a choisi de convoquer l’ambassadeur arménien en Israël pour une “sérieuse” réprimande.

Pour l’État d’Israël, le bien-être et le bon sens moral de l’Arménie sont moins importants que ses propres intérêts politiques. C’est ce qui ressort clairement du fait qu’Israël donne la priorité à tout le reste, qu’il s’agisse de ses liens avec la Turquie ou de l’entretien de son alliance avec l’Azerbaïdjan, le pays qui fournit à Israël non seulement du pétrole et du gaz, mais aussi (selon des sources étrangères) un accès à sa frontière avec l’Iran en échange d’armements israéliens, utilisés en septembre lors de l’occupation de la région du Haut-Karabakh de la République arménienne d’Artsakh et de l’épuration de ses habitants arméniens.


Le président azéri Ilham Aliyev avec un drone kamikaze israélien Harop. Selon Haaretz, Israël a opéré une centaine de livraisons d’armes aériennes à l’Azerbaïdjan entre 2016 et 2021

En ce qui concerne la reconnaissance d’un État palestinien par l’Arménie ou tout autre pays, nous constatons qu’Israël commet une erreur stratégique dans ses attaques ouvertes. La reconnaissance internationale d’un État palestinien est une étape indispensable à la réalisation d’une solution à deux États dans le conflit avec les Palestiniens, qui est essentielle pour préserver l’intérêt d’Israël à rester un État-nation démocratique du peuple juif [sic , NdT].

L’Arménie n’est pas seulement le bouc émissaire de la politique étrangère israélienne, les Arméniens qui vivent en Israël ont découvert que certains tentent de les dépouiller de leurs biens et de leur honneur en tant qu’individus et en tant que communauté. Lorsque des accords apparemment corrompus sont conclus pour tenter de réattribuer des parties du quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem à des colons ou lorsque des religieux arméniens se font cracher dessus et maudire par de jeunes Juifs qui cherchent à les blesser et à les humilier au nom du judaïsme, cela se produit sans que la police ne réagisse ou n’intervienne, ou presque.

Israël se considère à juste titre comme le protecteur du peuple juif, mais être l’État du peuple juif exige non seulement une obligation morale de protéger les Juifs où qu’ils se trouvent, mais aussi d’être le phare d’une longue tradition de valeurs juives.

Lorsque nous prêchons “Plus jamais ça”, il ne faut pas seulement exiger de préserver la mémoire de l’Holocauste, mais aussi de se souvenir des génocides d’autres peuples.

De même, lorsque nous mettons en garde contre l’agression de nos ennemis, Israël doit également s’abstenir d’aider à l’agression militaire dans d’autres parties du monde. La position neutre d’Israël dans le contexte de l’agression de la Russie contre l’Ukraine est un autre exemple problématique de mauvaise décision diplomatique morale.

En outre, en tant que Juifs d’Israël, nous avons l’obligation non seulement de lutter contre l’antisémitisme, mais aussi de combattre le racisme sous tous ses aspects, même lorsqu’il émane de jeunes Juifs qui cherchent à blesser et à humilier des religieux arméniens dans la vieille ville de Jérusalem.


Le site qui fait l’objet d’un litige entre des promoteurs immobiliers et la communauté arménienne dans le quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem. Photo : Olivier Fitoussi


La Vieille Ville de Jérusalem

Chaque fois que nous nous précipitons pour affirmer que le monde est antisémite lorsqu’il nous critique et que nous sommes en colère contre les pays qui choisissent la realpolitik plutôt que l’identification totale avec notre récit, il est bon de nous regarder dans le miroir et de nous rappeler que nous ne prenons pas la peine d’exprimer une quelconque identification avec les Arméniens qui viennent de subir un nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh où les armes israéliennes ont aidé à armer ceux qui les attaquaient.

 

"Mort aux Arabes et à leurs amis arméniens": graffiti sioniste à Jérusalem, 2017

Chaque fois que nous nous indignons du traitement réservé aux Juifs qui craignent de porter une kippa dans certains endroits d’Europe, nous devrions penser aux prêtres arméniens de Jérusalem, qui subissent des humiliations tous les jours.

Nous devrions également nous rappeler que le “droit de réprimande” pour la reconnaissance de la Palestine par l’Arménie ne devrait être accordé qu’à ceux qui ont prouvé qu’ils étaient des amis. Il ne devrait pas être une option pour ceux qui, à maintes reprises, ont choisi d’autres intérêts au détriment des intérêts moraux de l’Arménie et du peuple arménien.


Nous portons le deuil ensemble, affiche de  Jubaha, Studio Watan, Chicago

 

 

FADWA ISLAH
Después de Argelia, Marruecos: nuevas revelaciones sobre los vínculos de Jordan Bardella con el Magreb


Fadwa Islah, Jeune Afrique, 28/6/2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

 Después de investigar los orígenes argelinos del presidente de la Agrupación Nacional, Jeune Afrique siguió los pasos de su abuelo paterno, hasta Casablanca. Revelaciones exclusivas.

    

 

Si el presidente de la Agrupación Nacional, Jordan Bardella, nunca ha dejado de resaltar sus orígenes italianos, sobre todo para ilustrar el modelo de asimilación que defiende políticamente, siempre ha ignorado los vínculos de su familia con el Magreb.

Permiso de residencia

En primer lugar, los de su bisabuelo Mohand Séghir Mada, un trabajador inmigrante argelino que llegó desde Cabilia, en Francia, en los años 1930. Pero también los de su abuelo paterno, Guerrino Bardella. Él se casó por primera vez con Réjane Mada, de la rama familiar argelina, y la pareja dio a luz, en 1968, a Olivier Bardella, el padre del putativo futuro Primer Ministro francés [este artículo fue publicado antes de la primera vuelta electoral, NdT]. Posteriormente, la pareja se divorció y Guerrino se instaló en Marruecos, donde se casó con su segunda esposa, una marroquí, llamada Hakima.

Aunque se desconoce la fecha exacta del matrimonio, lo menos que puede decirse es que se remonta a varios años atrás -el último permiso de residencia de Guerrino Italo Bardella en Marruecos obtenido por “reagrupación familiar”, según la información a la que ha tenido acceso Jeune Afrique, se expidió en 2016 por un periodo de diez años.

Esto significa que no era su primer permiso de residencia en Marruecos, sino una renovación.

Conversión al Islam

Con su nueva esposa, este pensionista, qui cumplió 80 años el 1° de abril de 2024, vive felizmente en Casablanca, en el barrio Bourgogne. Su matrimonio con Hakima implica que se ha convertido al islam, de acuerdo con la ley vigente en Marruecos, que estipula que un ciudadano no puede casarse con un extranjero de confesión no musulmana si antes no se ha convertido oficialmente ante un adul (autoridad jurídica religiosa) y varios testigos.

Guerrino Bardella es conocido como carpintero y ebanista, trabaja en círculos de expatriados y entre la burguesía marroquí, y está registrado en el Reino como ciudadano italiano. Como muchos de sus compatriotas que viven en la capital económica de Marruecos, es asiduo desde hace tiempo al restaurante del Círculo Italiano “Chez Massimo”, en el bulevar Bir Anzarane del barrio Maarif.

Un futuro mejor

Nacido en 1944 en Alvito, provincia de Frosinone, en la región italiana del Lacio, en el seno de una familia de cuatro hijos -tiene una hermana, Giovanna, y dos hermanos: Honoré Roger y Silvio Ascenzo, los tres fallecidos-, este hijo de albañil llegó a Montreuil (Francia) en 1960, en busca de un futuro mejor. En 1963 se casó con Réjane Mada, hija de Mohand Séghir Mada.

Poco se sabe de la relación de Jordan Bardella con su abuelo, que se había convertido al Islam y se había establecido en Marruecos. Menos aún se sabe de su relación con sus orígenes argelinos, que el Presidente de la RN nunca ha mencionado públicamente.