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13/06/2025

MURTAZA HUSSAIN
Israël attaque l’Iran et promet une opération militaire de grande envergure

Alors que les négociations sur le nucléaire piétinent, les autorités usaméricaines nient que Washington ait été impliqué dans les frappes

Murtaza Hussain, Drop Site News, 13/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 


Un immeuble endommagé dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’une attaque, le 13 juin 2025. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a annoncé qu’Israël avait mené des frappes sur l’Iran. (Photo par Ahmet Dursun/Anadolu via Getty Images)

Israël a attaqué l’Iran tôt vendredi matin, ciblant la capitale Téhéran et d’autres parties du pays avec de multiples frappes aériennes dans le cadre d’une escalade dramatique de sa guerre régionale. Des explosions ont été signalées dans des villes abritant des sites majeurs liés au programme nucléaire iranien. Les premiers rapports indiquent qu’Israël pourrait avoir visé les domiciles de responsables politiques et militaires iraniens, ainsi que des personnalités liées à son programme nucléaire. La télévision d’État iranienne a indiqué qu’un certain nombre de hauts responsables avaient été tués, dont le commandant en chef du corps des gardiens de la révolution islamique, Hossein Salami.

Selon le New York Times, les attaques ont visé au moins six bases militaires autour de Téhéran, dont le complexe militaire iranien de Parchin. La télévision d’État iranienne a montré que deux immeubles résidentiels s’étaient effondrés, faisant de nombreux morts et blessés, dont au moins un enfant.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a qualifié l’attaque, baptisée “Opération Lion dressé”*, de “frappe préventive”, avant de déclarer l’état d’urgence général en Israël en prévision d’une probable riposte iranienne. Dans un discours prononcé jeudi soir, Netanyahou a détaillé une opération militaire de grande envergure visant les infrastructures nucléaires et de missiles iraniennes, affirmant qu’elle était nécessaire pour empêcher l’Iran de fabriquer des armes nucléaires et promettant que les frappes se poursuivraient « pendant autant de jours qu’il le faudra ». Netanyahou a affirmé que les attaques avaient permis de frapper la principale installation d’enrichissement d’uranium de l’Iran à Natanz, les scientifiques nucléaires iraniens impliqués dans le développement d’armes, ainsi que le programme de missiles balistiques de l’Iran.

*Baptisée en anglais “Rising Lion”, l'opération a été appelée en hébreu “Im Klavi”, “Avec Caleb”, tiré des paroles de Balaam ben Beor : “Voici, le peuple de Caleb se lèvera et se couchera comme un lion ; il ne se couchera pas avant d'avoir dévoré sa proie et bu le sang de l'innocent” (Nombres, chapitre 23, verset 24). Caleb était le seul des 12 éclaireurs-espions envoyés par Moïse à Canaan lors de la sortie d'Égypte estimant que cette terre était colonisable. [NdT]

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« Suite à l’attaque préventive de l’État d’Israël contre l’Iran, une attaque de missiles et de drones contre l’État d’Israël et sa population civile est attendue dans l’immédiat », a également déclaré Katz dans un communiqué. Des responsables israéliens ont indiqué que le pays pourrait subir « une attaque importante en provenance de l’est » dans les prochaines heures, probablement sous la forme d’un tir de barrage de missiles iraniens en représailles. Israël a fermé son espace aérien et l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv a interrompu les vols à l’arrivée et au départ. L’agence de presse iranienne Tasnim a rapporté que les autorités avaient suspendu les vols à l’aéroport international Imam-Khomeini, qui n’a pas été touché par les attentats.

Les attentats surviennent après que les USA ont annoncé le retrait du personnel de leurs ambassades et consulats au Moyen-Orient et que le président Donald Trump a laissé entendre qu’une attaque israélienne contre l’Iran pourrait avoir lieu dans un avenir proche. Malgré ces préparatifs, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré jeudi que « les USA n’étaient pas impliqués dans les frappes ». Pourtant, selon le Times of Israel, l’armée israélienne affirme qu’elle coordonne ses actions avec les USA. Dans sa déclaration, Rubio a indiqué qu’ »Israël nous a fait savoir qu’il pensait que cette action était nécessaire à son autodéfense », ajoutant un avertissement à l’Iran pour qu’il « ne prenne pas pour cible les intérêts ou le personnel USA ».

Un immeuble endommagé sur le boulevard Farahzadi dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’Une attaque, le 13 juin 2025. (Photo : Fatemeh Bahrami/Anadolu via Getty Images)

L’attaque israélienne intervient après que les pourparlers entre les USA et l’Iran se sont enlisés en raison des nouvelles exigences des USA concernant le démantèlement total du programme nucléaire iranien. Bien que les responsables usaméricains aient nié avoir participé aux frappes actuelles, l’opération risque maintenant d’entraîner les USA dans une guerre plus vaste, Israël se préparant à de probables représailles iraniennes tout en étendant sa propre campagne d’attaques à l’ensemble de l’Iran.

Bien que l’objectif déclaré de l’opération israélienne soit de faire reculer les efforts nucléaires iraniens, il y a des raisons d’être sceptique quant à cet objectif. Bien avant la vague actuelle de frappes, les services de renseignement usaméricains et d’autres analystes avaient souligné la capacité limitée des frappes israéliennes à détruire ou à faire reculer de manière significative le programme nucléaire iranien. Contrairement aux installations nucléaires qu’Israël a frappées par le passé en Irak et en Syrie, le programme iranien est plus avancé, fortifié et réparti sur un territoire beaucoup plus vaste. Les principales installations nucléaires iraniennes, comme Natanz et Fordow, sont également construites sous des couches de béton et de granit fortifiés - dans certains cas, elles sont littéralement encastrées dans des montagnes - ce qui les rend impossibles à détruire par toute capacité militaire israélienne conventionnelle connue.

L’incapacité probable d’Israël à détruire complètement le programme, malgré sa capacité à frapper diverses cibles en Iran, a conduit certains experts militaires à conclure que le véritable objectif de toute attaque est simplement de donner le coup d’envoi d’une guerre régionale de plus grande ampleur, dont l’issue n’est pas déterminée. Une telle guerre pourrait entraîner les USA en tant que participants, notamment pour défendre Israël contre les représailles iraniennes, même à un moment où des segments de l’administration Trump et de sa base politique intérieure expriment une frustration intense à l’égard de la poursuite des conflits au Moyen-Orient.

« Les gouvernements israélien et américain, ainsi que nos services militaires et de renseignement respectifs, sont pleinement conscients que les frappes aériennes israéliennes sur l’Iran ne vont pas réussir à détruire le programme nucléaire iranien. Il s’agit d’installations souterraines dispersées dans un vaste pays et d’un capital humain qui sait comment reconstruire les choses. Tout au plus, de telles attaques retarderaient les progrès pendant plusieurs mois, voire moins d’un an », a déclaré Harrison Mann, ancien major de l’armée usaméricaine et ex-directeur exécutif de la Defense Intelligence Agency (DIA) pour le centre régional Moyen-Orient/Afrique. « La seule chose que l’on peut réellement obtenir en essayant de bombarder les sites nucléaires iraniens est de provoquer des représailles de la part de l’Iran, ce qui contribuerait à faire dégénérer la situation en une guerre plus importante et à attirer les USA. C’est ce à quoi tend tout effort supposé POUR bombarder le programme nucléaire iranien ».

Mann, qui a démissionné de son poste à la DIA l’année dernière pour protester contre la politique usaméricaine à Gaza, a ajouté qu’une campagne aérienne visant le programme nucléaire iranien nécessiterait probablement l’envoi de troupes au sol pour vérifier si le programme a effectivement été détruit. Elle pousserait également l’Iran à se retirer de son engagement actuel envers le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et à mettre au point une bombe, une mesure dont les responsables iraniens ont déclaré ces derniers jours qu’elle était envisagée au cas où ils seraient attaqués.

« L’Iran n’a jamais fabriqué d’arme nucléaire. C’est un choix que les dirigeants successifs de ce pays ont fait », a déclaré Mann. « Mais le moyen de s’assurer qu’ils essaient de se doter d’une arme nucléaire est de leur faire sentir qu’ils n’ont pas d’autre choix ».


Les marchands yankees de T-shirts ont réagi au quart de tour

Une guerre éternelle

La guerre actuelle a commencé après que les négociations nucléaires entre les USA et l’Iran ont commencé à s’enliser sur la question de l’autorisation pour l’Iran de maintenir l’enrichissement nucléaire à des fins énergétiques civiles. En avril, l’émissaire usaméricain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué publiquement qu’un tel arrangement pourrait être acceptable pour les USA, à condition que l’exigence de Trump que l’Iran ne développe pas d’arme nucléaire soit respectée. Après que les Iraniens ont exprimé leur accord avec ces conditions dans des déclarations publiques, la position usaméricaine a commencé à changer rapidement. Ces derniers jours, Witkoff et d’autres membres de la faction néoconservatrice de l’establishment de la politique étrangère de Washington ont commencé à exiger à la place un démantèlement à la libyenne de l’ensemble du programme nucléaire iranien - une question que Téhéran avait déjà indiquée comme une ligne rouge qui détruirait la possibilité d’un accord diplomatique.

« Les USA récoltent ce qu’ils ont semé en 2018. Nous avions un accord - pas un accord parfait, mais un bon accord que les Iraniens mettaient pleinement en œuvre », a déclaré Sina Azodi, spécialiste des relations internationales et de la politique du Moyen-Orient à l’université George Washington. « Mais Donald Trump est arrivé, s’est retiré de l’accord et a calculé à tort que l’Iran reviendrait et supplierait pour un meilleur accord. Tout ce qu’il pensait s’est avéré faux ».

En fonction de la manière dont le cycle d’attaques et de représailles se déroule, un conflit avec l’Iran pourrait dominer le programme politique de la seconde administration Trump. Les responsables israéliens de la sécurité étaient divisés sur la question de savoir s’il fallait procéder à une attaque sans le soutien des USA, mais ils s’attendent depuis longtemps à ce qu’une confrontation militaire prolongée avec l’Iran nécessite une aide importante des USA, que ce soit sous la forme d’opérations militaires directes, de soutien en matière de renseignement, de logistique ou d’aide à la défense et à la dissuasion contre les contre-attaques de l’Iran et de ses alliés.

Les frappes actuelles, dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu’elles se poursuivraient « aussi longtemps que nécessaire », pourraient bien déclencher le processus d’une guerre plus vaste. Un rapport publié cette année par le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un organisme néoconservateur, a reconnu que les frappes aériennes ne seraient que la première phase d’un conflit beaucoup plus vaste, affirmant que « des actions secrètes et des frappes militaires visant à perturber et à retarder les efforts de reconstruction pourraient s’avérer nécessaires dans les mois et les années suivant une première attaque ».

Trois  des hauts responsables iraniens qui ont été tués : le général Hossein Salami (à gauche), commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, Mohammad Mehdi Tehranchi (au centre), physicien nucléaire et recteur d'université, et Fereydoon Abbasi (à droite), ancien chef du programme nucléaire.

Trois autres victimes : de g. à dr. le 
général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique, le Lieutenant-général Mohammad Bagheri,  chef d'État-major des Forces armées iraniennes et sa fille Fereshteh Bagheri, journaliste

Effets de représailles

L’année dernière, l’Iran a lancé deux barrages de missiles contre Israël à la suite d’autres attaques israéliennes. Mais les analystes de la sécurité affirment que ces attaques ont été soigneusement calibrées et télégraphiées à l’avance afin de gérer le niveau d’escalade et d’éviter qu’une véritable guerre n’éclate.

À la suite des graves attaques israéliennes contre son programme nucléaire, l’Iran est désormais confronté à un choix : capituler, riposter ou se retirer du TNP et se précipiter vers l’arme nucléaire. Compte tenu de la nature des capacités militaires de l’Iran, qui reposent d’une part sur le parrainage de milices non étatiques qui mènent une guerre sous-conventionnelle et d’autre part sur une flotte massive de missiles balistiques et hypersoniques, la capacité de l’Iran à riposter d’une manière mesurée qui crée un effet dissuasif sans entraîner une escalade vers une guerre majeure est limitée.

« Les capacités de frappe de l’Iran sont fortement optimisées pour deux scénarios : des opérations discrètes en deçà du seuil des grandes campagnes militaires, ou une confrontation totale. En avril dernier, son attaque était très performante, alors qu’en octobre, il a décidé de montrer certaines de ses capacités haut de gamme », a déclaré Shahryar Pasandideh, un analyste de la sécurité spécialisé dans les questions de défense. « Mais cette fois, si Israël attaque l’Iran, les Iraniens pourraient riposter en s’attaquant à des cibles qualitativement différentes ».

L’Iran peut également choisir de ne pas riposter de manière soutenue aux attaques d’Israël s’il décide qu’une meilleure riposte serait de se retirer du TNP, d’expulser les inspecteurs nucléaires et de se doter d’une arme nucléaire. Cela signifierait que la réaction cinétique immédiate de l’Iran pourrait être limitée, tandis que le pays se préparerait plutôt à développer une bombe en dehors de toute surveillance internationale.

« Si les sites nucléaires iraniens font l’objet d’attaques de grande envergure et non symboliques, et que les Iraniens décident de se doter d’une arme nucléaire en réponse, il n’est pas très logique de procéder à des attaques de missiles en représailles », a ajouté Pasandideh. « On en revient aux capacités de frappe. Si vous voulez utiliser une arme nucléaire en réponse à une attaque, il serait préférable de limiter vos représailles à une campagne de frappes de missiles d’un ou deux jours, puis de garder le reste de vos forces pendant plusieurs mois ou un an, jusqu’à ce que vous ayez reconstruit ce que vous avez perdu et que vous soyez en mesure d’utiliser une arme nucléaire ».

En fonction de sa durée, la guerre pourrait finir par provoquer des scissions au sein de la coalition de Trump, divisée entre les partisans de l’Amérique d’abord, opposés à de nouvelles guerres au Moyen-Orient, et les néoconservateurs, pour qui l’attaque de l’Iran est un objectif de longue date. Si la guerre se poursuit pendant une longue période, la capacité des USA à éviter un conflit plus important diminuera, et la pression exercée par Israël sur les USA pour qu’ils interviennent et l’aident à poursuivre sa campagne ne fera qu’augmenter.

« Il n’y a pas d’option israélienne viable sans une étroite coordination avec les USA. Toute campagne israélienne de longue durée a besoin des USA dans un rôle central», dit Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour une gestion responsable des affaires publiques). « Les Israéliens ne sont pas en train de vendre seulement la guerre aux USA, ils leur vendent une guerre sans fin ».

 

Ismael Hammad, Jordanie

10/05/2025

MURTAZA HUSSAIN /RYAN GRIM
Le nouveau président syrien a une offre à faire à Trump

Ahmed al-Charaa veut rencontrer Trump et offrir aux entreprises usaméricaines la possibilité de reconstruire la Syrie

Murtaza Hussain et Ryan GrimDrop Site News9/5/2025 
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Le président syrien Ahmed al-Charaa  a autorisé des émissaires à faire une série de concessions inédites au président Donald Trump dans l’espoir de normaliser les relations avec les USA. Cette offre vise à éviter une catastrophe financière imminente qui pourrait désintégrer l’État. Lors d’une réunion le 30 avril à Damas, al-Charaa s’est réuni avec une délégation dirigée par l’homme d’affaires usaméricain Jonathan Bass [PDG de la compagnie gazière Argent LNG  et militant républicain trumpiste, NdT] et Mouaz Moustafa, directeur exécutif de la Syrian Emergency Task Force. Bass a déclaré que des responsables saoudiens s’efforçaient de négocier la prochaine rencontre avec Trump.


Depuis qu’il a pris le pouvoir en décembre lors d’une offensive militaire surprise qui a renversé le régime de Bachar el-Assad, Charaa, anciennement connu sous le nom de guerre d’Abou Mohamed al-Joulani, s’est engagé dans une campagne de relations publiques visant à convaincre les capitales occidentales sceptiques à l’égard du nouveau régime, notamment en raison de ses anciens liens avec Al-Qaïda et l’État islamique. Il vient de se rendre à Paris, où il a été accueilli par le président français Emmanuel Macron.

Jusqu’à présent, Charaa  n’a pas croisé le chemin de Trump, mais cela pourrait bientôt changer. Les deux dirigeants devraient se rendre à Riyad, la capitale saoudienne, la semaine prochaine, où Trump arrivera à la tête d’une délégation usaméricaine qui devrait signer d’importants accords commerciaux, d’armement et d’énergie avec les dirigeants saoudiens. Selon Bass, qui a déclaré avoir été en contact avec des responsables saoudiens, le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman s’est efforcé d’organiser une rencontre directe entre le dirigeant syrien et Trump lors de leur séjour à Riyad, ce qui constituerait un tournant pour le nouveau gouvernement de Damas.

Moustafa, s’adressant aux journalistes vendredi matin à Washington, a déclaré qu’al-Charaa avait explicitement autorisé la délégation à proposer un accord global à Trump, dont al-Charaa a dit qu’il était un « homme de paix envoyé par Dieu ». Al-Charaa espère rencontrer Trump dans les prochains jours, lorsque les deux hommes seront à Riyad. Moustafa a déclaré que le deal généreux pour les USA nécessiterait une rencontre ne dépassant pas cinq minutes.

L’accord potentiel, selon Moustafa, est rendu public parce que certains des conseillers pro-israéliens de Trump, dont le conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz, qui a été démis de ses fonctions, ont délibérément empêché Trump de prendre connaissance des concessions que la Syrie est disposée à faire.

La Syrie a été largement détruite au cours de la guerre civile qui a duré quatorze ans. La Banque mondiale estime que la reconstruction du pays coûtera entre 250 et 400 milliards de dollars, et ses souffrances ont été aggravées par un régime de sanctions écrasantes imposé par les USA. La Chine et la Russie ont fait des démarches agressives pour obtenir des contrats de reconstruction dans le pays, en proposant de développer les réserves de pétrole et de gaz, et en construisant des infrastructures de télécommunications par l’intermédiaire de l’entreprise chinoise Huawei, a déclaré Al-Charaa. Le nouveau président syrien a néanmoins exprimé sa préférence pour un partenariat avec l’Occident.

Si les USA y sont disposés, la Syrie inviterait les entreprises usaméricaines à exploiter les ressources pétrolières et gazières du pays, et travaillerait avec des entreprises usaméricaines sur des projets de reconstruction. Bass a déclaré qu’AT&T avait été explicitement mentionnée comme un partenaire préféré à Huawei.

Dans le cadre de cet accord potentiel, la Syrie continuerait à lutter contre des groupes tels que l’État islamique et Al-Qaïda. Moustafa a déclaré qu’il y aurait davantage de possibilités d’échange de renseignements dans le cadre du rapprochement entre les USA et la Syrie. L’accord pourrait également inclure une limitation de la capacité des groupes militants palestiniens, considérés comme alignés sur l’Iran, à opérer en Syrie. Moustafa a noté que le gouvernement syrien a récemment emprisonné des responsables du Jihad islamique palestinien, ce qu’il a décrit comme un signe de la volonté du nouveau gouvernement de s’attaquer à l’Iran et à ses alliés. « Nous avons les mêmes ennemis que les USA », a déclaré Bass, résumant ce qu’al-Charaa a dit au groupe : « Nous avons les mêmes alliés potentiels que les USA ».

Charaa a déclaré que la Syrie était ouverte à la normalisation de ses relations avec Israël dans des circonstances appropriées, affirmant qu’il respectait l’accord de 1974 sur le « désengagement des forces ». Depuis son arrivée au pouvoir, Israël bombarde sans relâche la Syrie, envoie des troupes pour occuper davantage de territoires à l’intérieur du pays, y compris dans la zone tampon démilitarisée des Nations unies sur les hauteurs du Golan, en violation de l’accord de 1974, et tue des dizaines de Syriens. L’armée de l’air israélienne a également lancé une attaque sur le terrain de son palais présidentiel au début du mois de mai. Cette attaque a eu lieu 24 heures seulement après que la délégation usaméricaine se fut rendue au palais pour rencontrer al-Charaa. Des responsables israéliens ont suggéré qu’il s’agissait peut-être d’un essai pour attaquer directement le dirigeant syrien à l’avenir.

Selon d’anciens responsables usaméricains qui ont servi de médiateurs entre les deux pays, la Syrie et Israël ont envisagé de normaliser leurs relations sous l’ancien régime de Bachar el-Assad, avant le soulèvement de 2011 en Syrie. Les deux pays sont confrontés à un problème en suspens concernant la région contestée du plateau du Golan, qui constitue un important grief national à l’intérieur de la Syrie, et qu’Israël occupe depuis 1967.

Offensive de charme

Pour parvenir à un accord, la Syrie devra voir lever les sanctions américaines qui pèsent actuellement sur elle. La Syrie est actuellement soumise à des sanctions en vertu de la loi César de 2019, qui a imposé des restrictions économiques écrasantes à l’ancien régime Assad, soi-disant en raison des violations des droits humains commises par ce gouvernement. Le nouveau gouvernement et ses partisans affirment que les sanctions, qui visaient à punir Assad, punissent désormais ses victimes présumées, et qu’elles devraient être levées pour cette raison. Mais elles devraient également être levées pour que la vision de Charaa d’un « deal du siècle » avec Trump se concrétise.

Cette semaine, les USA ont annoncé une exemption de sanctions qui permettrait au Qatar de payer les salaires du secteur public syrien à hauteur de 29 millions de dollars pour les trois prochains mois, ce qui permettrait à Damas de préserver certaines de ses institutions en ruine et de renvoyer les employés du gouvernement au travail. Cette décision fait suite à de précédentes dérogations limitées aux sanctions appliquées par Washington pour permettre aux groupes d’aide d’opérer dans le pays après la chute d’Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar avaient précédemment annoncé qu’ils rembourseraient la dette syrienne de 15 millions de dollars à la Banque mondiale - une somme relativement faible que Damas ne pouvait pas se permettre -, ce qui montre à quel point le pays s’est appauvri après plus d’une décennie de conflit.

La Syrie est toujours en proie au chaos interne, notamment à la violence sectaire, à la criminalité, à la pauvreté généralisée et au manque de services de base. Des milices liées au gouvernement ont perpétré un massacre à grande échelle de civils alaouites à la suite d’un “coup d’État avorté” dans la région côtière de la Syrie au début de l’année. Pour tenter de maintenir la situation fragile, exacerbée par les attaques extérieures, Charaa aurait également engagé des pourparlers indirects avec Israël, sous la médiation des Émirats arabes unis. Ces pourparlers auraient porté sur la demande de la Syrie qu’Israël cesse ses frappes aériennes sur le pays, se retire des territoires occupés dans le sud et cesse ses efforts pour promouvoir le séparatisme ethnique visant à provoquer la dissolution de la Syrie - un objectif déclaré de certains ministres israéliens actuels. Le gouvernement syrien a également mené une action agressive auprès des Juifs syro-usaméricains, en facilitant les voyages vers les sites historiques du pays et en s’engageant à restaurer et à protéger le patrimoine juif dans le pays.

Il reste à voir si Charaa peut réussir le délicat exercice d’équilibre consistant à apaiser suffisamment les USA pour lever les sanctions et permettre la reconstruction de la Syrie. Mais sa tentative de tendre la main à Trump en offrant une opportunité commerciale lucrative aux entreprises usaméricaines pourrait lui donner une chance. Moustafa a déclaré que les USA avaient une « opportunité en or » avec le nouveau gouvernement, qui se présente désormais comme ouvert aux affaires avec Washington.


17/02/2025

MURTAZA HUSSAIN
Alors que Modi se rend à Washington, des USAméricains sikhs affirment que la surveillance et les menaces se poursuivent

La campagne transnationale présumée d’assassinats et d’intimidation visant les dissidents sikhs est loin d’être finie

Murtaza Hussain, Drop Site News, 14/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 


Dans l’après-midi du 22 décembre 2024, un véhicule blanc s’est arrêté devant les portes de la maison de l’activiste politique Pritpal Singh à Fremont, en Californie. Les images de sécurité fournies à Drop Site montrent un homme se garant devant la propriété, située dans un cul de sac tranquille de la banlieue, sortant de son véhicule, prenant plusieurs photos de la maison de Singh et des environs, avant de s’éloigner après avoir été remarqué par des voisins sortant de chez eux.

M. Singh est un organisateur usaméricain d’origine sikh qui avait déjà précédemment été averti par le FBI que sa vie était en danger. Ces avertissements ont été émis après une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat d’autres militants sikhs en Amérique du Nord en 2023, qui, selon les USA et le Canada, auraient été orchestrés par des agents des services de renseignement indiens et dirigés par de hauts responsables du gouvernement Modi.

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Alors que le président Donald Trump fait la cour au premier ministre indien Narendra Modi à Washington cette semaine, des agents des forces de l’ordre enquêtent pour savoir si des personnes travaillant pour le gouvernement indien continuent de cibler les USAméricains sikhs dans le cadre d’une série de fusillades, de menaces et d’incidents d’intimidation non élucidés dans plusieurs pays.


Le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 13 février 2025 / Andrew Harnik / Getty Images

Ces incidents feraient partie d’une campagne mondiale orchestrée par le gouvernement indien pour cibler les dissidents à l’étranger, notamment aux USA, au Royaume-Uni et au Canada. L’Inde est actuellement dirigée par un gouvernement nationaliste religieux qui a adopté une ligne dure à l’égard du séparatisme et des mouvements politiques basés sur les minorités dans le pays.

Singh, qui milite pour les droits des Sikhs et l’indépendance politique, a reçu plusieurs notifications du FBI concernant des menaces de mort. Le FBI et d’autres agences de renseignement usaméricaines appliquent une politique connue sous le nom de « devoir d’avertissement », qui les oblige à fournir des informations sur une menace imminente pour la vie d’un individu. À peu près à la même époque, M. Singh a fait état de plusieurs cas où des personnes se sont rendues à son domicile.

« Nous avons cinq cas de surveillance suspecte à mon domicile, dont trois au cours des dernières semaines. D’après ce que nous avons appris grâce à l’alerte du FBI, nous pensons que cette surveillance est liée au gang de Modi », a déclaré M. Singh. « Il est stupéfiant d’apprendre du FBI que l’on est la cible d’un gouvernement étranger alors que l’on pensait être en sécurité chez soi en tant que citoyen usaméricain ».

Les militants sikhs en Occident affirment depuis des années qu’ils sont la cible d’attaques de la part du gouvernement indien, y compris de meurtres présumés. Les militants visés sont pour la plupart des partisans de la création d’un État sikh séparatiste en Inde, une cause qui a déclenché une insurrection militante à l’intérieur de l’Inde dans les années 1980, mais qui est restée largement en sommeil depuis, vivant principalement comme un thème d’activisme politique de la diaspora.


Une liste de 43 “gangsters anti-indiens” recherchés, publiée par la National Investigation Agency (NIA), le FBI indien en septembre 2023. Les personnes assassinées au Canada figuraient sur cette liste

L’année dernière, le gouvernement canadien a publié une série de déclarations publiques sans précédent, accusant l’Inde d’avoir mené pendant des années une campagne de meurtres, d’incendies criminels, d’extorsions, de violations de domicile et de harcèlement politique à l’encontre des militants sikhs dans ce pays. Selon le gouvernement canadien, cette campagne comprenait les meurtres d’au moins deux hommes, Hardeep Singh Nijjar et Sukhdool Singh Gill, tous deux tués par balles lors d’assassinats perpétrés par des gangs qui, selon le Canada, auraient été dirigés par de hauts responsables du gouvernement indien.

Three men are pictured in mugshots in this composite photo.

Karan Brar, Kamalpreet Singh and Karanpreet Singh, les 3 suspects dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar

Cette campagne de violence s’est étendue au territoire usaméricain, selon un acte d’accusation usaméricain.



Gurpatwant Singh Pannun


Nikhil Gupta

En 2024, le ministère usaméricain de la justice a inculpé Vikash Yadav, un agent de renseignement indien accusé d’avoir orchestré un projet d’assassinat visant un citoyen usaméricain à New York la même année. Selon le ministère de la justice, le complot visant à tuer Gurpatwant Singh Pannun, conseiller général de l’organisation séparatiste sikh Sikhs For Justice, n’a été déjoué que lorsque le tueur à gages chargé de l’exécuter s’est avéré être un agent infiltré de la DEA. Un autre homme, Nikhil Gupta, attend actuellement d’être jugé aux USA pour son implication dans cette tentative d’assassinat ratée. L’acte d’accusation contre Gupta laisse entendre que de nombreux autres assassinats ont pu être planifiés après celui de Pannun, Gupta ayant déclaré à l’agent infiltré : “Nous avons tellement de cibles”.

08/08/2024

Murtaza Hussain
Microsoft encourage ses employés à faire des dons aux colonies illégales de Cisjordanie, tout en excluant l’UNRWA

Les employés demandent à l’entreprise technologique de cesser de verser des contributions à des groupes jouant un rôle actif dans l’occupation, y compris un groupe qui soutient l’armée israélienne.

Murtaza Hussain, Drop Site News, 6/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  


Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 

Microsoft inclut un certain nombre d’organisations basées dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, dont au moins une qui collecte des fonds pour soutenir l’armée israélienne, dans la plateforme de dons caritatifs de ses employés. Pourtant, l’entreprise a retiré de sa liste l’agence des Nations unies qui fournit de l’aide à Gaza, selon des employés de Microsoft qui ont adressé une pétition interne à l’entreprise pour qu’elle modifie sa politique. L’inscription des organisations caritatives sur la plateforme de dons signifie que Microsoft versera automatiquement une somme équivalente aux contributions des employés.

La semaine dernière, un groupe d’employés de Microsoft a commencé à faire circuler une pétition demandant à l’entreprise de cesser de verser des contributions équivalentes à trois organisations, la Fondation Ma’aleh Adumim, l’Académie Ein Prat pour le leadership et l’équipe de sauvetage Megilot de la mer Morte, qui, selon eux, « sont en violation directe du droit international », citant les Conventions de Genève.

« Microsoft finance directement ces implantations illégales et immorales en permettant à ces organisations de subsister », affirme la pétition, implorant l’entreprise de cesser de verser des fonds de contrepartie aux trois organisations.

« C’est non seulement contraire à l’éthique, mais cela va également à l’encontre des valeurs inclusives de notre entreprise ».

Les signataires de la pétition sont encore en train de recueillir des signatures avant de s’adresser à la direction de Microsoft. Microsoft n’a pas réagi à l’article de Drop Site, et les organisations “caritatives ” de Cisjordanie étaient toujours disponibles sur la plateforme Benevity mardi.


Des manifestants défilent en soutien aux Palestiniens de Gaza près de la conférence annuelle Microsoft Build, pour demander la résiliation des contrats Azure de Microsoft avec Israël, à Seattle, Washington, USA, le 21 mai 2024. Photo David Ryder/REUTERS

10/12/2021

MURTAZA HUSSAIN
Israel asesinó hasta 192 civiles palestinos en los ataques contra Gaza de mayo de 2021

 Murtaza Hussain, The Intercept, 9/12/2021
Traducido del inglés por
Sinfo Fernández, Tlaxcala


Murtaza Hussain es un periodista de The Intercept que centra sus trabajos en cuestiones de seguridad y política exterior. Sus artículos han aparecido en diversos medios, entre ellos la CNN, BBC, MSNBC. @mazmhussain

 

Más del 70% de los ataques israelíes que mataron a civiles en Gaza no ofrecieron el correspondiente informe de que hubiera habido militantes alcanzados junto a ellos.

 

Un hombre palestino aparece sobre los escombros de una casa destruida, tras 11 días de combates, en mayo pasado, entre Israel y la resistencia palestina, Franja de Gaza, 4 de julio de 2021. (Foto: Mahmoud Issa/SOPA Images/LightRocket vía Getty)

Un nuevo informe del grupo de supervisión independiente Airwars revela que el conflicto de 2021 entre Israel y las facciones palestinas de la Franja de Gaza ha causado la muerte de hasta 192 civiles palestinos y ha herido a otros cientos en once días de intensos combates. Se calcula que los cohetes disparados por militantes palestinos contra Israel también mataron a 10 civiles dentro de Israel durante el breve pero intenso conflicto desencadenado por primera vez como consecuencia de las tensiones entre israelíes y palestinos en Jerusalén.


Entre las principales conclusiones del informe -titulado “¿Por qué nos bombardearon?”- se encuentran los desgloses por edad de los palestinos muertos en los ataques israelíes en Gaza. Del total de muertes de civiles, aproximadamente un tercio eran niños, la mayoría de los cuales murieron en ataques que mataron o hirieron a varios miembros de la misma familia. En más del 70% de los ataques notificados en los que murieron civiles no se informó de que se hubiera alcanzado a combatientes junto a ellos, lo que significa que los civiles fueron las únicas víctimas.

 

Uno de los ataques documentados en el informe tuvo lugar la noche del 15 de mayo, cuando un ataque aéreo israelí alcanzó una casa en el campo de refugiados de Al-Shati, en Gaza. Según los informes, en el ataque murieron dos madres, cuñadas, y ocho niños de entre 5 y 14 años. Un niño de 5 meses fue encontrado aún vivo en los brazos de su madre muerta por los rescatistas entre los escombros del ataque. Las familias se habían reunido para celebrar el largo fin de semana tras la festividad del Eid.

 

Alaa Abu Hattab, cuya esposa, hijos, hermana e hijos de su hermana murieron en el ataque, relató a Airwars lo ocurrido.

 

“Salí a pie de mi casa sobre la 1:30 de la madrugada para ir a algunas de las tiendas locales, que estaban abiertas hasta tarde durante el período previo al Eid, para comprar juguetes y aperitivos para los niños para la fiesta del Eid y comprar algo de comida, ya que teníamos hambre”, dijo Abu Hattab en el informe. Quince minutos después, una explosión sacudió la zona que acababa de abandonar. Volvió corriendo para descubrir que era su propia casa la que había sido alcanzada. Al ver los escombros en el lugar donde estaba su casa, se desmayó. “Cuando recuperé el conocimiento, vi a los socorristas buscando cuerpos bajo los escombros y recuperando partes de esos cuerpos. El ataque los había destrozado. Otras partes debían permanecer bajo los escombros porque no acertaban a encontrarlas”.

No se informó de la muerte de ningún militante en el ataque, uno de los muchos que afectaron a la franja durante los breves combates. “No había militantes en mi casa, ni cerca de ella, ni cohetes, ni lanzacohetes”, dijo Abu Hattab a Airwars. “Todavía no sé por qué bombardearon mi casa y mataron a mi esposa e hijos y a mi hermana y sus hijos”.

Farah Al-Bahtiti, de 5 años, muestra sus cicatrices físicas seis meses después de sobrevivir a un bombardeo durante los 11 días de combates de mayo, en su casa de la ciudad de Gaza el 4 de diciembre de 2021.

(Foto: Fatima Shbair/Getty Images)