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22/12/2024

DAHLIA SCHEINDLIN
Israël est-il vraiment en train de construire un empire au Moyen-Orient ?

Dahlia Scheindlin, Haaretz, 19/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que l’armée israélienne s’apprête à passer un temps indéterminé sur les hauteurs du Golan syrien et que les colons font la queue pour pénétrer à Gaza et au Liban, il est de plus en plus difficile de s’opposer à l’idée qu’Israël est en train de construire un empire.

Netanyahou en visite sur le plateau du Golan syrien occupé mardi. Photo Maayan Toaf/Bureau de presse du gouvernement israélien

Dans les premiers mois de l’année 2024, un collègue arabe d’un pays du Moyen-Orient a demandé ce qu’Israël essayait de faire. Israël semblait se comporter comme l’empire musulman en expansion du début du Moyen-Âge, disait le collègue avec anxiété, prêt à conquérir tout le Moyen-Orient.
Cela ressemblait à une vision paranoïaque, ou du moins très exagérée, d’Israël en tant qu’agresseur expansionniste maléfique perpétuel. Il est vrai que la guerre d’Israël à Gaza était déjà plus que brutale au début de l’année 2024, et j’espérais déjà ardemment un cessez-le-feu bien avant cela. Et dès la fin du mois de janvier, il était clair que des éléments radicaux de la coalition au pouvoir avaient des idées folles sur l’occupation de Gaza.
Néanmoins, Israël n’avait pas vraiment de plan de conquête territoriale dans d’autres pays. D’une part, les Palestiniens ont la malchance d’être nés sur une terre que les juifs considèrent comme un héritage biblique. Par consensus et par la Realpolitik du 20e siècle, les sionistes de tous bords ont limité leur revendication, même maximaliste, au mandat britannique historique de la CisJordanie. (Le rêve des « deux rives » du Jourdain du Likoud a perduré, mais s’est évanoui au siècle dernier). À partir des années 1990, les sionistes de gauche se sont contentés d’un Israël moderne situé à l’intérieur de la Ligne verte.
En outre, c’est la décision idiote [sic] du Hezbollah de participer à la guerre, en inspirant les Houthis du Yémen, qui a internationalisé le tout. La décision du Premier ministre Ehud Barak de quitter unilatéralement le Liban en 2000 était très populaire dans les sondages de l’époque, selon les enquêtes sur la sécurité nationale et l’indice de paix disponible sur Data Israel - et les Israéliens étaient euphoriques lorsque cela s’est produit. Malgré des années de révisionnisme en Israël affirmant que c’était une mauvaise idée, personne n’a appelé à réoccuper l’endroit.
Mais franchement, il est de plus en plus difficile de s’opposer à l’affirmation qu’un « empire » est en cours de construction. Après des mois d’escalades limitées, quoique meurtrières, avec le Hezbollah, Israël est passé à la guerre totale en septembre ; les explosions de bipeurs et l’assassinat de Hassan Nasrallah étaient le prélude à une invasion aérienne et terrestre de grande envergure, destinée à éliminer à jamais la menace militaire que représente le Hezbollah. Mais quelle était la valeur ajoutée, en termes de sécurité, du fait de qualifier le Liban de « partie de la terre promise », comme l’a fait en juin un nouveau groupe ésotérique appelé « Wake up the North » (Réveille-toi, le Nord) ? C’est à ce moment-là qu’ Anshel Pfeffer a mis en garde, dans Haaretz, contre le fait de rejeter de telles déclarations lors de la conférence en ligne du nouveau groupe, simplement parce que la colonisation du Liban semblait farfelue.
En novembre, Ze’ev Erlich, connu par sa communauté comme un chercheur de la « Terre d’Israël » de la colonie d’Ofra en Cisjordanie, a été tué au Liban. Il s’était apparemment engagé dans l’armée et effectuait des recherches sur une ancienne forteresse. Les forces de défense israéliennes enquêtent sur les raisons pour lesquelles il se trouvait là en tant que civil, et non pour des besoins opérationnels, apparemment avec l’aide de certains membres d’une unité de l’armée. Il est difficile d’imaginer ce que cet homme de 71 ans aurait pu apporter sur le plan opérationnel. On a plutôt l’impression qu’il était là pour réhistoriciser le territoire libanais dans le cadre de ses recherches sur la « Terre d’Israël ».
Cette semaine, les FDI ont également admis que des membres de Wake up the North étaient entrés au Liban et y avaient monté des tentes. Le groupe a réagi à ce rapport en affirmant haut et fort son intention de s’installer dans le sud du Liban : « Bientôt, ce ne sera plus de l’autre côté de la frontière », a écrit le groupe dans un message sur WhatsApp.
Entre-temps, le misérable dictateur syrien Bachar El Assad est tombé et s’est enfui, vaincu par les rebelles. En réponse, Israël a immédiatement pénétré dans la zone démilitarisée du plateau du Golan, à l’intérieur de la Syrie, pour la première fois depuis les termes de l’armistice de 1974. Les dirigeants israéliens font savoir qu’il ne s’agit pas d’une brève incursion : Benjamin Netanyahou a annulé sa comparution devant le tribunal mardi pour se rendre sur le versant syrien du mont Hermon [Jebel
ech-Cheikh]. Il a déclaré qu’Israël resterait en territoire syrien - qu’il a qualifié de « lieu très important » - pour le moment. Cette déclaration est déjà plus ouverte que celle du ministre de la défense, Israël Katz, qui a déclaré vendredi dernier que les forces de défense israéliennes devaient se préparer à rester sur place pendant l’hiver.

Le ministre de la Défense Israël Katz en visite sur le versant syrien du Mont Hermon [Jebel ech-Cheikh]  mardi. Photo porte-parole du ministère de la Défense israélien

Il semble encore choquant qu’Israël conquière ou occupe de nouveaux territoires souverains d’autres pays pour la première fois depuis l’invasion du Liban il y a 42 ans. Mais il n’y a pas de meilleure façon de rendre moins choquants les desseins d’Israël sur Gaza : l’expulsion massive et la destruction quasi-totale du nord, les colons qui campent le long des frontières dans l’attente du butin sont désormais des nouvelles d’hier. Qui se souvient encore de l’annexion régulière de la Cisjordanie ? Bezalel Smotrich a récemment déclaré que près de 23 000 dunams [2 300 hectares] de terres de Cisjordanie étaient des « terres d’État », une manière bureaucratique sophistiquée de permettre la poursuite de l’expansion des colonies.
Pourtant, un autre drame est en cours dans les étages souterrains du tribunal de district de Tel Aviv. À propos du témoignage de Netanyahou, un collègue d’un autre pays voisin s’est étonné : « Vous voulez dire qu’il s’est présenté lui-même ? Vous n’avez aucune idée de ce que cela signifie ». Comment le même pays qui réprime et détruit les Palestiniens, et qui envahit impunément des territoires étrangers, peut-il en même temps juger un dirigeant en exercice - ce qui semble être le summum de la responsabilité démocratique ?
Il est facile d’être cynique, comme si tout cela n’était qu’un spectacle. Mais en regardant Netanyahou au tribunal, il est clair que, même s’il est malheureux, il s’est soumis à l’autorité de la seule institution israélienne capable de le restreindre : le pouvoir judiciaire, encore indépendant.

Netanyahou comparaissant devant le tribunal de district de Tel Aviv la semaine dernière. Photo Miriam Elster/Flash90

La réponse la plus juste est qu’il ne s’agit pas d’une bataille à armes égales entre les forces de l’impérialisme et de la démocratie, luttant pour l’âme d’Israël. Si la démocratie gagne la bataille, elle ne peut pas continuer à être un occupant conquérant et gagner la guerre. Mais il s’agit d’un conflit asymétrique ; si Israël ne change pas rapidement de cap, la partie la plus faible perdra.

21/12/2024

LUCA CELADA
O plano do Vale do Silício para assumir o controle do Estado
A ascensão irresistível (ou será resistível?) dos broligarcas

EUA: uma plutocracia “armada” e extremista está prestes a assumir o controle da maior superpotência do mundo.

Luca Celada, il manifesto, 17/12/2024
Traduzido por Helga Heidrich Tlaxcala

Luca Celada é o correspondente em Los Angeles do diário italiano il manifesto
Nesta semana, Jeff Bezos, da Amazon, Sam Altman, da Open AI, e Mark Zuckerberg anunciaram doações de um milhão de dólares cada como contribuição para a cerimônia de posse de Donald Trump em 20 de janeiro. Os magnatas digitais têm sido frequentemente atacados por Trump, que até algumas semanas atrás afirmava que Zuckerberg, em particular, deveria “ir para a cadeia” por censurar opiniões de direita em suas plataformas. Após sua vitória, houve praticamente uma procissão do Vale do Silício para jurar fidelidade. Na semana passada, o chefe da Meta voou para Mar a Lago para uma reunião com Trump, e Bezos tem um compromisso nos próximos dias.
Muitos outros plutocratas são uma presença constante na corte giratória que tem girado em torno do presidente que retorna desde as eleições de novembro. Entre os muitos magnatas que contribuíram generosamente para sua reeleição, muitos foram pontualmente recompensados com nomeações ministeriais. Entre eles, Charles Kushner, pai de seu genro Jared, a quem ele perdoou em 2020 [ele havia sido condenado por má prática fiscal], homenageado com o cargo de embaixador na França.
(Outra nomeação “dinástica” é a da (possivelmente ex-) noiva do primogênito Donald Jr., Kimberley Guilfoyle, como a nova embaixadora na Grécia, enquanto sua nora, Lara Trump, deve passar do Comitê Central do Partido Republicano para o Senado).
Os ministros com fortunas opulentas (mais de um bilhão de dólares) incluem Linda McMahon na Educação Pública, Scott Bessent no Tesouro, Doug Burgum no Interior, Howard Lutnick no Comércio, Jared Isaacman como chefe da NASA e Steve Witkoff - parceiro de negócios de Trump em uma nova empresa de criptomoeda, a World Liberty Financial - como enviado especial para o Oriente Médio

Além de criar outro evidente conflito de interesses para o novo presidente, a entrada da família na produção de moedas de Trump é a mais recente indicação de uma parceria crescente entre Trump e o novo capitalismo incubado no Vale do Silício. Os magnatas do silício são fantasticamente ricos e, para Trump, a riqueza sempre foi um símbolo ostensivo de sucesso. De acordo com um artigo recente do New York Times, ele gosta de exibir seus novos associados políticos como se fossem troféus em seu palácio kitsch. “Eu trouxe dois dos homens mais ricos do mundo”, ele foi citado recentemente pelo Times, quando apareceu em uma reunião de jornalistas com Elon Musk e o CEO da Oracle, Larry Ellison. “Quem você trouxe?”

É Elon Musk que personifica a influência dos aceleracionistas do Vale do Silício na restauração de Trump: como sabemos, ele recebeu, junto com outro bilionário, Vivek Ramaswami, um cargo central como administrador do “Departamento de Eficiência Governamental” (DOGE). No entanto, Musk teria maior liberdade de ação, inclusive sobre a composição da própria estrutura governamental, que seria trabalhada na Flórida por vários colaboradores “emprestados” de suas empresas.

Entre as figuras-chave estaria Jared Birchall, diretor da Neuralink, a empresa responsável por implantes neurológicos, mas também administrador das finanças pessoais do magnata e, em geral, seu braço direito, responsável pelos bens da família, pela fundação, bem como pelos imóveis, viagens e segurança de Musk. A essas tarefas somam-se agora as conversas com possíveis funcionários do Departamento de Estado. O fato de Birchall não ter experiência em assuntos internacionais claramente não é visto como um problema em um processo de seleção que, como nos outros departamentos, parece se concentrar principalmente nas afinidades ideológicas e na lealdade dos candidatos ao presidente.

Outro conselheiro, desta vez para a seleção do pessoal de inteligência, é Shaun Maguire, um físico da Caltech que se tornou bilionário como sócio da Sequoia, um dos principais fundos de investimento do Vale do Silício, e (nem é preciso dizer) amigo de Elon Musk, com quem compartilha o culto, tão em voga no Vale, do gênio indisciplinado e desajustado, talvez até um pouco misantropo, mas sempre brilhante.

Em outras palavras, muitas das decisões destinadas a moldar o governo Trump estão nas mãos de uma facção ideológica de “meritocratas” extremos, para não dizer teóricos “darwinistas” do triunfo do melhor sobre o medíocre. Outro fixe “conselheiro” em Palm Beach, por exemplo, é Marc Andreesen, o bilionário fundador da Netscape e um dos principais ideólogos da oligarquia neorreacionária, um fervoroso defensor do liberalismo radical e da interferência mínima do Estado nos assuntos corporativos.

Graças à sua aliança estratégica com Trump, uma parceria que só amadureceu de fato nos estágios finais da campanha eleitoral, esse pequeno grupo de empresários, radicalizado pelo sucesso dos oligopólios do Vale do Silício, agora tem a oportunidade de transportar as filosofias de gestão (e eugenia) para o aparato do Estado. Musk, por exemplo, expressou repetidamente a ideia de que a imigração deveria ser administrada como uma campanha de seleção para “um clube esportivo”, necessária para selecionar os melhores jogadores e manter fora os “perdedores” que ele e Trump tanto detestam.

Mas a principal obsessão de Musk é cortar os gastos públicos, que ele constantemente critica em posts no X como fonte de inflação e de déficits orçamentários insustentáveis. Esses são os temas clássicos da filosofia econômica conservadora que a direita siliconada impregnou, além disso, com um zelo quase religioso. É impressionante o fato de que uma facção que até recentemente seria considerada fanaticamente extremista tenha ascendido a essa posição de poder quase extemporaneamente. A própria criação do superministério de Musk ocorreu “ao vivo” na transmissão ao vivo do X gravada pela dupla após o ataque fracassado a Trump em julho passado.

“Para derrubar a inflação, precisamos cortar os gastos do governo em todos os setores”, comentou o proprietário da Space X (que coleciona bilhões em contratos de espaço público) durante a conversa. “Que tal, Donald, uma comissão especial sobre a eficiência do governo? Eu estaria disposto a presidi-la.” “Ótimo, eu realmente precisaria de alguém como você, que não fosse frio, como na época em que eles entraram em greve na sua empresa e você os demitiu na hora!” (Risos).

Musk e Ramaswamy não perdem a oportunidade de salientar que as principais fontes de superfluidades são programas como auxílio-alimentação para famílias carentes, pensões e assistência médica. “No início, pode causar algum desconforto”, Musk chegou a admitir sobre o temido remédio (cortar US$ 2 trilhões em gastos do governo, o equivalente a mais de um terço do orçamento do Estado), ”mas, a longo prazo, será melhor para todos.”

“Vamos ver o que acontece”, afirmou Trump a esse respeito. “Serão alguns meses interessantes. Mas o país está cheio de regulamentações e pessoas desnecessárias que poderiam ser mais produtivas no setor privado.” Agora, com uma influência sem precedentes, os “broligarcas” do Vale do Silício estão se preparando para colocar as mãos no aparato de bem-estar social como se fosse uma subsidiária recém-adquirida, com a intenção de implementar uma reforma “empresarial” colossal.

As fortunas acumuladas pela plutocracia de hoje convidam a comparações com a “era de ouro” do início do século XX, quando a riqueza estratosférica dos Rockefellers, dos Vanderbilts e das grandes famílias industriais e bancárias sublinhava a desigualdade abismal com as classes econômicas mais baixas. Mas a influência política, por mais notável que tenha sido, desses “barões ladrões” empalidece em comparação com a situação atual.

Essa era foi o prelúdio de uma época de enormes conflitos sociais no país e da criação, sob Franklin Roosevelt, da rede de segurança social (assistência médica e pensões) que ainda existe hoje. Hoje, no entanto, as tensões produzidas pela globalização e pela desigualdade social desenfreada aparentemente produziram um governo diretamente controlado pelos monopólios mais gigantescos gerados pelo capitalismo neoliberal, que, em aliança com um demagogo populista e as partes mais reacionárias da direita ideológica, estão se preparando para desmantelar esse pacto social.

Tudo isso desafiando um flagrante conflito de interesses por parte das empresas que, de fato, são responsáveis pelo desmantelamento das agências federais encarregadas de regulá-las. As primeiras cabeças que o setor de tecnologia gostaria de ver cair são as de Lina Kahn, arquiteta da Comissão Federal de Comércio (FTC) da campanha antitruste que recentemente levou o Google e a Amazon aos tribunais, e Elizabeth Warren, a senadora de Massachusetts que, como presidente da Autoridade de Proteção ao Consumidor, é uma das vozes de esquerda mais consistentes contra o excesso de poder das empresas (Andreesen pediu especificamente que ela fosse “removida”).

No entanto, não se trata apenas de garantir os serviços de um governo amigável (embora, com um aristocrata como Trump, isso seja praticamente garantido). A prometida dizimação do “estado profundo” por Trump como um dispositivo de agregação populista antissistema é, para a plutocracia ativista do Vale do Silício, um objetivo ideológico que Musk persegue com fervor especial.

Em seu recente livro Character Limit, Kate Conger e Ryan Mac descrevem o que aconteceu nos dias que se seguiram à compra do Twitter por Musk. Uma sucessão de demissões, comunicadas por e-mail, chefes de departamentos convocados de surpresa e solicitados a justificar a utilidade de seus empregos em 60 segundos, com a retenção da indenização. Uma “reestruturação” econômica transformada em um teatro de crueldade, baseado em humilhações rituais e punitivas. Uma área de forte afinidade entre Musk e Trump, já proprietário de um reality show cujo slogan era “You're Fired!” (Você está demitido!).

A liquidação de 80% dos funcionários “sem consequências” para a empresa (sem mencionar a destruição de uma plataforma reduzida a um megafone de desinformação e propaganda), transformou Musk em uma espécie de herói anarcocapitalista para um grande grupo de seguidores. E é a mesma receita que muitos esperam que ele use para dizimar o “Estado Profundo” de uma vez por todas. Nas últimas semanas, Musk tem sido visto com frequência na companhia de outro sócio, Steve Davis, um dos diretores da Boring Company (empresa de Musk que constrói túneis). De acordo com o Times, Davis, que é especialista em redução de custos, também se envolveu em discussões com outros especialistas para “otimizar o orçamento federal”. É provável que ele também desempenhe um papel de liderança no novo departamento do DOGE.

Talvez não seja possível replicar os cortes de 80% do Twitter, mas mesmo a redução paradoxal de quase 50% nos gastos públicos de Musk representaria uma apoteose catastrófica na guerra dos ricos contra os pobres. Para preparar o terreno, a campanha, amplificada por Musk, para difamar os “aproveitadores” dos subsídios públicos e “liberar” as empresas das “burocracias sufocantes” já começou no “X”.

O outro impulso é a privatização, com outro líder da equipe de Musk: Shervin Pishevar, diretor e cofundador da Hyperloop (a empresa de cápsulas supersônicas com vários projetos em fase experimental). Pishevar dá boas-vindas à “oportunidade de reimaginar as funções do governo à luz de desenvolvimentos econômicos e tecnológicos sem precedentes”. Uma frase que resume os interesses econômicos e o messianismo tecnológico do Vale do Silício. De acordo com Pishevar, serviços como o serviço postal, a NASA e o sistema prisional “se beneficiarão imensamente da engenhosidade do setor privado”. Tudo com o objetivo de criar um “futuro alinhado com propriedade e prosperidade”. Uma das marcas registradas dos ultracapitalistas é o fato de se vangloriarem com facilidade daquilo que, até recentemente, e novamente durante o primeiro mandato de Trump, as facções patronais teriam abafado e negado publicamente.


Captain X, por Vasco Gargalo

A privatização gradual dos serviços é parte integrante dos programas de muitos governos liberais ocidentais. Mas os giga-capitalistas agora veem uma oportunidade de terminar o trabalho muito rapidamente, adotando o slogan “move fast and break things”. O lema de Mark Zuckerberg, preferido pelos taumaturgos da tecnologia, se aplicaria, portanto, ao aparato estatal a ser “reinventado”. Afinal, até mesmo o infame Projeto 2025 se baseia em uma “blitzkrieg” com o objetivo de esmagar a resistência institucional (ou diques constitucionais) e blindar o aparato sem dar tempo para a resistência se organizar.

O projeto “blitzkrieg” promete investir em todas as áreas, começando pela pesquisa, saúde e educação pública, e em alguns casos já está bem avançado. A rede de centros de detenção para migrantes a serem deportados, por exemplo (mais de 200 no país, e que as deportações em massa prometem aumentar consideravelmente), já está sendo subcontratada pelo governo a empresas do complexo industrial carcerário, empresas como Corrections Corporation of America e Geo Group, que são pagas pelo preso e cujo preço das ações disparou no dia em que Trump foi eleito.

Mas a reverenciada “disrupção” deve, no projeto dos “broligarcas”, se estender à sociedade como um todo. O que Pishevar chama eufemisticamente de “reestruturação revolucionária das instituições públicas” seguirá o roteiro familiar de sua sabotagem e desfinanciamento com vistas à sua substituição por empresas de “gestão” e, consequentemente, uma transferência maciça de fundos públicos para cofres privados. É provável que grande parte disso seja implementada por ordem executiva, mas, nesta ocasião, Trump e seus patrocinadores têm as duas casas do congresso e uma supermaioria reacionária na Suprema Corte - uma convergência sem precedentes de propósito e poder.

Ainda no contexto da “inovação”, uma nomeação significativa passou parcialmente despercebida, a de David Sachs para o cargo inventado de “czar da criptomoeda e da inteligência artificial”. Capitalista de risco e velho conhecido de Musk de seus tempos de PayPal, Sachs é um dos vários sul-africanos que desempenham um papel de destaque na ala reacionária do Vale do Silício. Roelof Botha (neto do último ministro das Relações Exteriores do regime do apartheid, Pik Botha) é um investidor da Sequoia (a mesma de Shaun Maguire), Patrick Soon-Shiong é o proprietário do Los Angeles Times, que baniu os editoriais pró-Kamala Harris de seu conselho editorial e anunciou recentemente a introdução de um algoritmo de IA para “corrigir” os preconceitos progressistas de seus editores.

De todos os magnatas digitais com vínculos com o hemisfério sul, Peter Thiel é certamente o que tem o maior perfil. Ligado ao think-tank anarco-capitalista Property & Freedom Conference e ao Grupo Bilderberg, o magnata, que cresceu na Namíbia em uma família alemã, não é apenas um apoiador de Trump, mas também foi o financiador e mentor da carreira de JD Vance, cuja indicação para vice-presidente ele patrocinou e garantiu diretamente.

Também membro fundador do PayPal, Thiel estudou em Stanford, onde fundou o Young Conservative Journal. Famoso por ter teorizado que “a democracia não é mais compatível com a liberdade”, ele é agora a eminência parda do culto neorreacionário do Vale do Silício.

No mês passado, em uma entrevista com Bari Weiss, ele comparou os ultra-capitalistas da tecnologia que levaram Trump à vitória aos combatentes da resistência que derrubam o Império em Guerra nas Estrelas (uma analogia na qual Biden presumivelmente interpretaria Darth Vader).

Além de liderar a santa aliança contra “o establishment”, Thiel é proprietário da Palantir, uma empresa de análise de dados e IA com várias aplicações militares (o nome da empresa vem das pedras de adivinho do mago Sauron nos livros de JRR Tolkien). O controle da inteligência artificial, como sabemos, será crucial para a próxima fase do capitalismo e da geopolítica, e a união Trump-oligarcas, portanto, também foi consumada com vistas a uma nova corrida armamentista de IA, principalmente com o arquirrival chinês.

Fundada em 2003, a Palantir forneceu inicialmente redes neurais e algoritmos de análise de dados para agências de inteligência e, em seguida, para os departamentos especiais do exército. Hoje, ela é líder em aplicações militares de IA, que também fornece a vários clientes globais. Sempre, diz-se, aqueles que estão do lado “certo”. O CEO da empresa, Alex Karp, é um firme apoiador de Israel e um defensor do novo maniqueísmo global liderado pelos EUA. “Temos que explicar aos americanos que o mundo está dividido em duas partes, uma das quais é dirigida por terroristas cujo objetivo é dominar o Ocidente”, disse ele em uma recente conferência do Reagan Institute.

No pensamento de Karp, a supremacia tecnológica anda de mãos dadas com a superioridade moral do Ocidente americano. E o supremacismo é inseparável da lógica da guerra permanente (que, afinal de contas, corresponde ao modelo de negócios corporativo). Karp argumenta que “os americanos são os mais temerosos, os mais imparciais, os menos racistas e os mais bem dispostos do mundo. Ao mesmo tempo, eles querem que saibamos que se você acordar de manhã pensando que vai nos machucar, nos fazer reféns ou enviar fentanil para nos matar em nossas casas, algo muito ruim vai acontecer com você, seu primo, seu amante ou sua família”.

Em Karp, seus discursos de Doutor Estranhoamor sobre algoritmos são comuns. “Temos a melhor tecnologia e precisamos mantê-la assim”, diz ele em outro vídeo. “Não podemos nos dar ao luxo de ser iguais a ninguém porque nossos oponentes não têm nossos escrúpulos morais”. Um sionista convicto e apoiador de Netanyahu, Karp colocou a “superioridade moral” de sua empresa para trabalhar para a IDF na campanha contra Gaza e testou sua própria inteligência artificial no teatro ucraniano. Na nova “pax americana digital” de Karp, o Dr. Estranhoamor encontra o Exterminador do Futuro em um cenário em que o céu do “inimigo” está permanentemente repleto de satélites Starlink (a subsidiária de Musk já tem 6.500 em órbita) e muitos outros armados com mísseis.

Há duas semanas, 166 membros da ONU votaram a favor de uma resolução pedindo um tratado sobre armas “inteligentes”, “robôs assassinos” com “tomada de decisão autônoma”. Esse tratado não passa de uma ilusão, pois os EUA se opõem a qualquer restrição obrigatória. Na verdade, a proliferação de armas inteligentes já está bem encaminhada e continuará sendo uma prioridade absoluta para a próxima Casa Branca.

Na sede do novo complexo militar-industrial digital no Vale do Silício, o trabalho está em andamento para garantir a supremacia dos EUA no espaço e nos oceanos, onde já se cruzam “enxames” de submarinos robôs autônomos, produzidos por outra empresa líder do setor, a Anduril (nome também tirado de O Senhor dos Anéis, desta vez a espada de Aragorn). Esses são cenários cada vez mais comuns em que o transumanismo dos giga-capitalistas se desvia para o pós-humano.

O modelo agora pode ser definitivamente consolidado por uma Casa Branca onde a ideologia reacionária e os interesses industriais se sobreporão indiscriminadamente, um governo composto em partes iguais por ideólogos apocalípticos e industriais de armas que terão um parceiro de negócios 100% no Salão Oval.


O estado de emergência, as prisões e as modificações constitucionais por decreto (o fim do direito ao sol, para começar, seguido de restrições radicais à dissidência) estão no horizonte a partir de janeiro próximo. Por trás desse projeto, há uma facção que, além da certeza de ter uma razão, agora terá o poder de aplicá-la com o apoio total de uma presidência imperial.

LUCA CELADA
Der Plan des Silicon Valley, den US-Staat zu übernehmen
Der unaufhaltsame (oder aufhaltsame?) Aufstieg der Broligarchen

USA: Eine „bewaffnete“ und extremistische Plutokratie steht kurz davor, die Kontrolle über die größte Supermacht der Welt zu übernehmen.

Luca Celada, il manifesto, 17/12/2024
Übersetzt von Helga Heidrich Tlaxcala

Luca Celada ist der Los-Angeles-Korrespondent der italienischen Tageszeitung il manifesto.
Diese Woche kündigten Jeff Bezos von Amazon, Sam Altman von Open AI und Mark Zuckerberg Spenden in Höhe von jeweils 1 Million Dollar als Beitrag zu Donald Trumps Amtseinführungsfeier am 20. Januar an. Die Digitalmagnaten wurden schon oft von Trump angegriffen, der vor einigen Wochen behauptete, dass insbesondere Zuckerberg wegen der Zensur rechtsgerichteter Ansichten auf seinen Plattformen „ins Gefängnis gehen“ sollte. Nach seinem Sieg gab es praktisch eine Pilgerwanderung aus dem Silicon Valley, um einen Akt der Unterwerfung zu vollziehen. Letzte Woche war der Meta-Chef zu einem Treffen mit Trump nach Mar a Lago geflogen, Bezos hat einen Termin für die nächsten Tage.
Viele andere Plutokraten sind regelmäßig in dem sich drehenden Hofstaat vertreten, der sich seit den Wahlen im November um den wiedergewählten Präsidenten dreht. Viele der zahlreichen Tycoons, die großzügig zu seiner Wiederwahl beigetragen haben, wurden pünktlich mit Ernennungen in Regierungsämter belohnt. Dazu gehört auch sein Schwager Charles Kushner, der erst begnadigt und dann mit dem Posten des Botschafters in Frankreich geehrt wurde.
(Eine weitere „dynastische“ Ernennung ist die der (möglicherweise ehemaligen) Verlobten des ältesten Sohnes, Donald Jr., Kimberley Guilfoyle, zur neuen Botschafterin in Griechenland, während seine Schwiegertochter Lara Trump voraussichtlich vom GOP-Zentralausschuss in den Senat wechseln wird).
Zu den Ministern mit üppigen Portfolios (jeder mit einem geschätzten Vermögen von über 1 Milliarde Dollar) gehören Linda McMahon für das öffentliche Bildungswesen, Scott Bessent für das Finanzministerium, Doug Burgum für das Innenministerium, Howard Lutnick für den Handel, Jared Isaacman, Direktor der NASA, und Steve Witkoff, Sondergesandter für den Nahen Osten - sowie Trumps Geschäftspartner in einem neuen Kryptowährungsunternehmen, World Liberty Financial.
Der Einstieg der Familie in die Produktion von „Trump-Münzen“ ist nicht nur ein weiterer eklatanter Interessenkonflikt für den neuen Präsidenten, sondern auch der jüngste Hinweis auf eine wachsende Partnerschaft zwischen Trump und dem neuen Kapitalismus, der im Silicon Valley entsteht. Silicon-Tycoons sind steinreich, und für Trump war Reichtum schon immer ein ostentatives Symbol des Erfolgs. Einem kürzlich erschienenen Artikel der New York Times zufolge stellt er seine neuen politischen Partner gerne wie Trophäen in seinem Kitschpalast zur Schau. „Ich habe zwei der reichsten Männer der Welt mitgebracht“, soll er laut der Times kürzlich gesagt haben, als er sich bei einer Mitarbeiterversammlung in Begleitung von Elon Musk und Larry Ellison, dem CEO von Oracle, vorstellte. „Wen haben Sie mitgebracht?"
Den Einfluss der Silicon-Valley-Beschleuniger bei Trumps Restauration verkörpert Musk selbst, der bekanntlich zusammen mit einem anderen Milliardär, Vivek Ramaswami, einen zentralen Posten als Verwalter des „Department of Government Efficiency“ (DOGE) erhalten hat. Musk hätte jedoch einen größeren Handlungsspielraum, auch bei der Zusammensetzung des Regierungskaders selbst, an dem in Florida zahlreiche von seinen Unternehmen „ausgeliehene“ Mitarbeiter mitarbeiten würden.
Zu den Schlüsselfiguren würde Jared Birchall gehören, Verwalter von Neuralink, dem Unternehmen, das für neurologische Implantate zuständig ist, aber auch Verwalter der persönlichen Finanzen und im Allgemeinen die rechte Hand des Tycoons, zuständig für Familienangelegenheiten, für die Stiftung sowie für die Immobilien von Musk, für Reisen und Sicherheit. Zu diesen Aufgaben sind nun auch Gespräche mit potenziellen Vertretern des Außenministeriums hinzugekommen. Die Tatsache, dass Birchall keine Erfahrung in internationalen Angelegenheiten hat, wird offensichtlich nicht als Problem bei einer Auswahl betrachtet, bei der, wie bei den anderen Abteilungen, vor allem die ideologische Affinität und die Loyalität der Kandidaten gegenüber dem Präsidenten im Vordergrund stehen dürften.
Ein weiterer Berater, diesmal für die Auswahl des Geheimdienstpersonals, ist Shaun Maguire, ein Caltech-Physiker, der als Partner von Sequoia, einem der führenden Investmentfonds des Silicon Valley, zum Milliardär wurde und (wie sollte es anders sein?) ein Freund von Elon Musk ist, mit dem er den im Valley so beliebten Kult des widerspenstigen und unangepassten Genies teilt, das vielleicht sogar ein wenig misanthropisch, aber dennoch brillant ist.
Mit anderen Worten: Viele der Entscheidungen, die die Trump-Bis-Regierung prägen werden, liegen in den Händen einer ideologischen Fraktion von extremistischen „Meritokraten“, um nicht zu sagen „darwinistischen“ Theoretikern des Triumphs der Besten über die Mittelmäßigen. Ein weiterer ständiger „Berater“ in Palm Beach ist beispielsweise Marc Andreesen, der milliardenschwere Gründer von Netscape und führende Ideologe der neoreaktionären Oligarchie, ein überzeugter Verfechter des radikalen Liberalismus und der minimalen staatlichen Einmischung in Unternehmensangelegenheiten.
Dank ihrer strategischen Allianz mit Trump, die erst in der Endphase des Wahlkampfs zustande kam, hat diese kleine Gruppe von Unternehmern, die durch den Erfolg der Oligopole im Silicon Valley radikalisiert wurde, nun die Möglichkeit, ihre Managementphilosophie (und Eugenik) in den Staatsapparat zu tragen. Musk hat beispielsweise wiederholt die Idee geäußert, dass die Einwanderung wie ein „Sportverein“ gemanagt werden sollte, der im Wahlkampf die besten Spieler auswählt und die Verlierer aussortiert, die „Verlierer“, die Trump so sehr verabscheut.
Aber Musks Hauptbesessenheit ist die Senkung der Staatsausgaben, gegen die er in seinen Beiträgen auf X als Quelle von Inflation und unhaltbaren Haushaltsdefiziten unablässig wettert. Dies sind die klassischen Themen der konservativen Wirtschaftsphilosophie, die die Silicon Right jedoch mit einem fast religiösen Eifer durchdrungen hat. Und es ist beeindruckend, wie eine Gruppierung, die bis vor kurzem noch als fanatisch extremistisch gegolten hätte, fast aus dem Stegreif zu einer solchen Machtposition aufgestiegen ist. Die Gründung des Musk'schen Super-Ministeriums geschah „live“ während der Sendung, die die beiden Männer nach dem gescheiterten Attentat im Juli auf X aufzeichneten.


Captain X, von Vasco Gargalo

„Um die Inflation zu senken, müssen wir die Staatsausgaben auf breiter Front kürzen“, sagte der Eigentümer von Space X (der Milliarden an staatlichen Raumfahrtverträgen kassiert) in diesem Gespräch. „Wie wäre es, Donald, mit einer Sonderkommission für Regierungseffizienz? Ich wäre bereit, den Vorsitz zu übernehmen.“ „Toll, ich könnte wirklich jemanden wie Sie gebrauchen, der keine Widerworte gibt, so wie damals, als Ihre Firma gestreikt hat und Sie sie alle auf der Stelle gefeuert haben!“ (Gelächter).
Und sowohl Musk als auch Ramaswamy lassen keine Gelegenheit aus, um darauf hinzuweisen, dass die Hauptquellen für unnötige Ausgaben Programme wie die Nahrungsmittelhilfe für bedürftige Familien, Renten und das Gesundheitswesen sind. „Anfänglich mag es einige Unannehmlichkeiten verursachen“, räumte Musk sogar die gefürchtete Kur ein (die Kürzung der Staatsausgaben um 2 Billionen Dollar, was mehr als einem Drittel des Staatshaushalts entspricht), ‚aber auf lange Sicht wird es für alle besser sein‘.
„Wir werden sehen, was passiert“, erklärte Trump in diesem Zusammenhang. „Es wird ein paar interessante Monate geben. Aber das Land ist verstopft mit Vorschriften und unnötigen Leuten, die im privaten Sektor produktiver sein könnten.“ Jetzt sind die „Broligarchen“ aus dem Silicon Valley dabei, den Wohlfahrtsapparat wie eine neu erworbene Tochtergesellschaft in die Hand zu nehmen, um eine kolossale „korporatistische“ Reform durchzuführen.
Vergleichen mit dem Goldenen Zeitalter des frühen zwanzigsten Jahrhunderts ein, als der stratosphärische Reichtum der Rockefellers, Vanderbilts und der großen Industrie- und Bankiersfamilien die abgrundtiefe Ungleichheit mit den untergeordneten Wirtschaftsklassen unterstrich. Doch der politische Einfluss dieser „Raubritter“, so groß er auch war, verblasst im Vergleich zur heutigen Situation.
Diese Ära war der Auftakt zu einer Zeit enormer sozialer Konflikte im Lande und zur Schaffung des sozialen Netzes (Gesundheits- und Rentensystem) unter Franklin Roosevelt, das bis heute Bestand hat. Heute jedoch haben die durch die Globalisierung und die grassierende soziale Ungleichheit hervorgerufenen Spannungen scheinbar eine Regierung hervorgebracht, die direkt von den größten Monopolisten des neoliberalen Kapitalismus kontrolliert wird, die sich im Bündnis mit einem populistischen Demagogen und den reaktionärsten Teilen der ideologischen Rechten anschicken, diesen Sozialpakt zu zerschlagen.
Und das alles trotz eklatanter Interessenkonflikte der Unternehmen, die eigentlich für die Demontage der Bundesbehörden zuständig sind, die sie regulieren sollen. Die ersten Köpfe, die die Tech-Industrie gerne rollen sehen würde, sind die von Lina Kahn, der Architektin der Kartellrechtskampagne bei der Federal Trade Commission (FTC), die kürzlich gegen Google und Amazon vor Gericht zog, und Elizabeth Warren, der Senatorin aus Massachusetts, die als Vorsitzende der Verbraucherschutzbehörde zu den ausnahmslos linken Stimmen gegen die Übervorteilung der Konzerne gehört (Andreesen hat ausdrücklich gefordert, dass sie „gelöscht“ wird).
Es geht jedoch nicht nur darum, sich die Dienste einer freundlichen Regierung zu sichern (obwohl diese mit einem Geschäftsmann wie Trump praktisch gesichert sind). Die von Trump versprochene Dezimierung des „tiefen Staates“ als systemfeindliches populistisches Aggregationsmittel ist für die militante Plutokratie des Silicon Valley ein ideologisches Ziel, das Musk mit besonderer Inbrunst verfolgt.
In ihrem kürzlich erschienenen Buch „Character Limit“ zeichnen Kate Conger und Ryan Mac nach, was in den Tagen nach dem Kauf von Twitter durch Musk geschah. Eine Reihe von Entlassungen auf der Stelle, Entlassungen, die per E-Mail mitgeteilt wurden, Abteilungsleiter, die überraschend vorgeladen und aufgefordert wurden, die Nützlichkeit ihrer Beschäftigung in 60 Sekunden zu rechtfertigen, Abfindungen, die einbehalten wurden. Eine wirtschaftliche „Umstrukturierung“, die zu einem Theater der Grausamkeit wird, das auf rituellen und strafenden Demütigungen beruht. Ein Bereich, in dem Musk und Trump, der bereits eine Reality-Show mit dem Slogan „You're Fired!“ (Du bist gefeuert!) veranstaltet hat, sich sehr nahe stehen.
Die Entlassung von 80 Prozent der Mitarbeiter „ohne Konsequenzen“ für das Unternehmen (es sei denn, man möchte die Zerstörung einer Plattform zählen, die auf ein Megaphon der Desinformation und Propaganda reduziert wurde), hat Musk für eine große Gruppe von Anhängern zu einer Art anarchokapitalistischem Helden gemacht. Und es ist dasselbe Rezept, das viele von ihm erwarten, um den „tiefen Staat“ ein für alle Mal zu dezimieren. In den letzten Wochen wurde Musk oft in Begleitung eines anderen Mitarbeiters, Steve Davis, gesehen, einem der Manager der Boring Company (der Grabungsfirma der Musk-Gruppe). Der Times zufolge hat Davis, der sich auf Kostensenkungen spezialisiert hat, auch Gespräche mit anderen Experten geführt, um „den Staatshaushalt zu optimieren“. Auch er wird wahrscheinlich eine wichtige Rolle im neuen DOGE-Ministerium spielen.
Es mag nicht möglich sein, die 80-prozentigen Kürzungen von Twitter zu wiederholen, aber selbst die paradoxe fast 50-prozentige Kürzung der Staatsausgaben, die Musk in Aussicht stellt, wäre eine katastrophale Apotheose des Krieges der Reichen gegen die Armen. Um den Boden zu bereiten, wurde auf „X“ bereits eine von Musk verstärkte Kampagne gestartet, die die „Schmarotzer“ unter den öffentlichen Subventionen verunglimpft und für die „Befreiung“ der Unternehmen von „erstickenden Bürokratien“ eintritt.
Der andere Impuls ist die Privatisierung mit einem weiteren Team Musk-Manager: Shervin Pishevar, Direktor und Mitbegründer von Hyperloop (dem Überschallkapsel-Unternehmen mit mehreren Projekten in der Versuchsphase). Pishevar schrieb von der „Gelegenheit, die Aufgaben der Regierung im Lichte beispielloser wirtschaftlicher und technologischer Entwicklungen neu zu definieren“. Ein Satz, der die wirtschaftlichen Interessen und den technologischen Messianismus, die im Silicon Valley vorherrschen, auf den Punkt bringt. Laut Pishevar werden Dienste wie die Post, die NASA und das Gefängnissystem „in hohem Maße vom Einfallsreichtum des privaten Sektors profitieren“. Alles im Interesse der Schaffung einer „Zukunft, die auf Eigentum und Wohlstand ausgerichtet ist“. Charakteristisch für die Ultrakapitalisten ist, dass sie sich öffentlich mit Dingen brüsten, die bis vor kurzem und noch während Trumps erster Amtszeit von den Chefs verschwiegen und öffentlich geleugnet worden wären.
Die schrittweise Privatisierung von Dienstleistungen ist ein fester Bestandteil der Programme vieler westlicher liberalistischer Regierungen. Doch die Giga-Kapitalisten sehen jetzt eine Gelegenheit, das Werk sehr schnell zu vollenden, indem sie sich den Slogan „move fast and break things“ zu eigen machen. Mark Zuckerbergs Motto, das von den Thaumaturgen der Tech-Branche bevorzugt wird, würde somit auf den Staatsapparat angewendet, der „neu erfunden“ werden soll. Schließlich wird auch im berüchtigten Projekt 2025 ein „Blitzkrieg“ gepredigt, um den Widerstand von Institutionen (oder Verfassungswällen) zu überwinden und den Apparat zu panzern, ohne dem Widerstand Zeit zu lassen, sich zu organisieren.
Das Projekt „Blitzkrieg“ verspricht Investitionen in allen Bereichen, angefangen bei der Forschung, dem Gesundheitswesen und der öffentlichen Bildung, und ist in einigen Fällen bereits in vollem Gange. Das Netz der Strafvollzugsanstalten zum Beispiel (über 200 im Land, die durch Massenabschiebungen noch erheblich vergrößert werden sollen) wird bereits von der Regierung an Unternehmen des „strafvollzugsindustriellen Komplexes“ vergeben, an Unternehmen wie die Corrections Corporation of America und die Geo Group, die pro Gefangenem bezahlt werden und deren Aktienkurs am Tag der Wahl Trumps in die Höhe geschnellt ist.
Aber die verehrte „Störung“ muss sich im Projekt der „Broligarchen“ auf die gesamte Gesellschaft erstrecken. Was Pishevar euphemistisch als „revolutionäre Umstrukturierung öffentlicher Einrichtungen“ bezeichnet, wird dem bekannten Drehbuch der Sabotage und der Streichung von Mitteln folgen, um sie durch „Management“-Unternehmen zu ersetzen und so einen gewaltigen Transfer öffentlicher Mittel in private Kassen zu bewirken. Vieles wird vermutlich per Dekret umgesetzt werden, aber dieses Mal haben Trump und seine Förderer beide Häuser des Parlaments und eine reaktionäre Mehrheit im Obersten Gerichtshof - eine noch nie dagewesene Konvergenz von Vorhaben und Macht.
Auch im Zusammenhang mit „Innovation“ gab es eine Ernennung, die teilweise unter dem Radar verschwand, nämlich die von David Sachs auf den erfundenen Posten des „Kryptowährungs- und Künstliche-Intelligenz-Zaren“. Als Risikokapitalgeber und alter Bekannter von Musk aus seiner PayPal-Zeit gehört Sachs zu den Südafrikanern, die im silikon-reaktionären Flügel eine überragende Rolle spielen. Roelof Botha (Neffe des letzten Außenministers des Apartheid-Regimes, Pik Botha) ist ein Investor bei Sequoia (derselbe wie Shaun Maguire), Patrick Soon-Shiong ist der Eigentümer der Los Angeles Times, der den Pro-Kamala-Harris-Leitartikel aus seiner Redaktion verbannt hat und kürzlich einen KI-Algorithmus angekündigt hat, um die progressiven Vorurteile seiner Redakteure zu „korrigieren“.
Von allen Digitalmagnaten mit Verbindungen zur südlichen Hemisphäre ist Peter Thiel sicherlich derjenige, der das größte Profil hat. Der mit der anarchokapitalistischen Denkfabrik Property & Freedom Conference und der Bilderberg-Gruppe verbundene Tycoon, der in Namibia in einer deutschen Familie aufgewachsen ist, ist nicht nur ein Trump-Unterstützer, sondern war auch ein Finanzier und Mentor in der Karriere von JD Vance, dessen Nominierung als Vizepräsident er direkt gesponsert und befürwortet hat.
Thiel, der auch ein Gründungsmitglied der PayPal-Mafia ist, studierte in Stanford und gründete dort das Young Conservative Journal. Berühmt-berüchtigt für seine Theorie, dass „Demokratie nicht mehr mit Freiheit vereinbar ist“, ist er heute die graue Eminenz des neoreaktionären Kults im Silicon Valley.
Letzten Monat verglich er in einem Interview mit Bari Weiss die Tech-Ultrakapitalisten, die Trump zum Sieg verhalfen, mit den Widerstandskämpfern, die in Star Wars das Imperium stürzen (eine Analogie, in der vermutlich Biden Darth Vader spielen würde).
Thiel führt nicht nur die heilige Allianz gegen das „Establishment“ an, sondern ist auch Eigentümer von Palantir, einem Unternehmen für Datenanalyse und künstliche Intelligenz mit zahlreichen militärischen Anwendungen (der Name des Unternehmens leitet sich von den Wahrsagersteinen des Zauberers Sauron in den Büchern von J.R.R. Tolkien ab). Die Beherrschung der künstlichen Intelligenz wird bekanntlich für die nächste kapitalistische und geopolitische Phase von entscheidender Bedeutung sein, und der Zusammenschluss von Trump und den Oligarchen ist daher auch im Hinblick auf ein neues KI-Wettrüsten, insbesondere mit dem chinesischen Erzrivalen, vollzogen worden.
Das 2003 gegründete Unternehmen Palantir lieferte zunächst neuronale Netze und Algorithmen für die Datenanalyse an Geheimdienste und später an spezielle Armeeabteilungen. Heute ist das Unternehmen führend im Bereich der militärischen Anwendungen von KI, die es auch an viele globale Kunden liefert. Immer, so will man meinen, auf der „richtigen“ Seite. Der CEO des Unternehmens, Alex Karp, ist ein glühender Verfechter Israels und ein Befürworter des neuen globalen Manichäismus unter amerikanischer Führung. „Wir müssen den Amerikanern erklären, dass die Welt in zwei Teile geteilt ist und dass einer davon von Terroristen beherrscht wird, die den Westen beherrschen wollen“, sagte er kürzlich bei einem Vortrag am Reagan-Institut.
In Karps Denken ist die technologische Vorherrschaft nahtlos mit der moralischen Überlegenheit des amerikanischen Westens verbunden. Und der Suprematismus ist untrennbar mit der Logik des permanenten Krieges verbunden (der schließlich dem Geschäftsmodell der Unternehmen entspricht). Karp stellt fest, dass „die Amerikaner das ängstlichste, ausgeglichenste, am wenigsten rassistische und wohlgesinnteste Volk der Welt sind. Gleichzeitig wollen sie, dass wir wissen, dass, wenn ihr morgens aufwacht und daran denkt, uns zu verletzen, uns als Geiseln zu nehmen oder uns Fentanyl zu schicken, um uns in unserem Haus zu töten, euch oder eurem Cousin, eurem Liebhaber oder eurer Familie etwas sehr Schlimmes zustoßen wird“.
Die Dr. Strangelove-Tiraden über Algorithmen sind für Karp alltäglich. „Wir haben die beste Technologie und so muss es auch bleiben“, sagt er in einem anderen Video. „Wir können uns keine Gleichwertigkeit mit irgendjemandem leisten, weil unsere Gegner nicht unsere moralischen Skrupel haben. Als überzeugter Zionist und Netanjahu-Anhänger hat Karp die „moralische Überlegenheit“ seines Unternehmens in den Dienst der IDF bei der Kampagne gegen den Gazastreifen gestellt und mit seiner künstlichen Intelligenz im ukrainischen Kriegsgebiet experimentiert. In Karps neuem „digitalen amerikanischen Pax“ trifft Dr. Strangelove auf den Terminator in einem Szenario, in dem der „feindliche“ Himmel ständig von Starlink-Satelliten (Musks Tochtergesellschaft hat bereits 6500 davon in der Umlaufbahn) und vielen anderen mit Raketen bewaffneten Satelliten durchkreuzt wird.
Vor zwei Wochen stimmten 166 UN-Mitglieder für eine Resolution, in der ein Vertrag über „intelligente“ Waffen, so genannte Killerroboter, die mit „Entscheidungsautonomie“ ausgestattet sind, gefordert wird. Der Vertrag wird nur deshalb „erhofft“, weil die USA gegen jegliche verbindliche Beschränkung sind. Tatsächlich ist die Verbreitung intelligenter Waffen bereits in vollem Gange und wird auch im nächsten Weißen Haus oberste Priorität haben.
In den Zentralen des neuen militärisch-digitalen Industriekomplexes im Silicon Valley wird bereits daran gearbeitet, die Vorherrschaft der USA auch im Weltraum und auf den Weltmeeren zu sichern, wo bereits „Schwärme“ autonomer Roboter-U-Boote kreuzen, die von einem anderen führenden Unternehmen, Anduril (ebenfalls ein Name aus Der Herr der Ringe, diesmal Aragorns Schwert), hergestellt werden. Immer häufiger treten Szenarien auf, in denen der Transhumanismus der Giga-Kapitalisten an den Posthumanismus grenzt.
Das Modell kann nun endgültig durch ein Weißes Haus gefestigt werden, in dem sich reaktionäre Ideologie und industrielle Interessen endgültig undifferenziert überlagern, eine Regierung, die zu gleichen Teilen aus apokalyptischen Ideologen und Waffenherstellern besteht, die einen vollwertigen Geschäftspartner im Oval Office haben werden.
Ab Januar drohen Ausnahmezustände, Razzien und Verfassungsänderungen per Dekret (zunächst das Ende des ius soli, dann radikale Einschränkungen für Andersdenkende). Hinter dem Projekt steht eine Fraktion, die nicht nur die Gewissheit hat, dass sie ihre Gründe hat, sondern nun auch die Macht, diese mit der vollen Unterstützung einer imperialen Präsidentschaft durchzusetzen.


LUCA CELADA
Le plan de la Silicon Valley pour s’emparer de l’État
L'irrésistible (ou résistible ?) ascension des broligarques

USA : Une ploutocratie « armée » et extrémiste est sur le point de prendre le contrôle de la plus grande superpuissance du monde.

Luca Celada, il manifesto, 17/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Luca Celada est le correspondant à Los Angeles du quotidien italien il manifesto


Cette semaine, Jeff Bezos d’Amazon, Sam Altman d’Open AI et Mark Zuckerberg ont annoncé des dons d’un million de dollars chacun en guise de contribution à la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier prochain. Les magnats du numérique ont souvent été attaqués par Trump, qui, il y a encore quelques semaines affirmait que Zuckerberg, en particulier, devrait « aller en prison » pour avoir censuré des opinions de droite sur ses plateformes. Après sa victoire, il y a pratiquement eu une procession depuis la Silicon Valley pour faire acte de soumission. La semaine dernière, le patron de Meta s’était envolé vers Mar a Lago pour une rencontre avec Trump, Bezos a rendez-vous dans les prochains jours.

De nombreux autres ploutocrates sont une présence fixe dans la cour tournante qui virevolte depuis les élections de novembre autour du président de retour. Parmi les nombreux magnats qui ont généreusement contribué à sa réélection, beaucoup ont été ponctuellement récompensés par des nominations dans des ministères. Parmi eux, Charles Kushner, père de son gendre Jared, qu’il a gracié en 2020 [il avait été condamné pour malversations fiscales] , honoré par le poste d’ambassadeur en France.

(Une autre nomination « dynastique » est celle de la (peut-être ex)  fiancée du premier-né Donald Jr, Kimberley Guilfoyle, en tant que nouvelle ambassadrice en Grèce, tandis que sa belle-fille, Lara Trump, devrait passer du comité central du parti républicain au Sénat).

Parmi les ministres aux fortunes opulentes (plus d’un milliard de dollars), on trouve Linda McMahon à l’éducation publique, Scott Bessent au Trésor, Doug Burgum à l’intérieur, Howard Lutnick au commerce, Jared Isaacman à la tête de la NASA, et Steve Witkoff - partenaire en affaires de Trump dans une nouvelle société de crypto-monnaies, World Liberty Financial – comme envoyé spécial au Moyen-Orient 

En plus de créer un autre conflit d’intérêts flagrant pour le nouveau président, l’entrée de la famille dans la production de « Trump coin » est la dernière indication d’un partenariat croissant entre Trump et le nouveau capitalisme incubé dans la Silicon Valley. Les magnats siliconiens sont fantastiquement riches, et pour Trump, la richesse a toujours été un symbole ostentatoire de réussite. Selon un récent article du New York Times, il aime exhiber ses nouveaux associés politiques comme des trophées dans son palais kitsch. « J’ai amené deux des hommes les plus riches du monde », aurait-il récemment déclaré, selon le Times, en se présentant à une réunion des journalistes en compagnie d’Elon Musk et du PDG d’Oracle, Larry Ellison. « Vous, vous avez amené qui ? »

C’est Elon Musk qui incarne l’influence des accélérationnistes de la Silicon Valley dans la restauration de Trump : comme on le sait, il s’est vu confier, avec un autre milliardaire, Vivek Ramaswami, un poste central d’administrateur du « département de l’efficacité gouvernementale » (DOGE). Musk aurait cependant une plus grande liberté d’action, y compris sur la composition du cadre gouvernemental lui-même, sur lequel travailleraient, en Floride, de nombreux collaborateurs « prêtés » par ses entreprises.

Parmi les personnages clés figurerait Jared Birchall, directeur de Neuralink, l’entreprise en charge des implants neurologiques, mais aussi administrateur des finances personnelles du magnat et généralement son bras droit, en charge des affaires familiales, de la fondation, ainsi que des biens immobiliers, des déplacements et de la sécurité de Musk. À ces tâches s’ajoutent désormais les pourparlers avec d’éventuels représentants du département d’État. Le fait que Birchall n’ait aucune expérience en matière d’affaires internationales n’est manifestement pas considéré comme un problème dans une sélection qui, comme pour les autres départements, semblerait se concentrer principalement sur les affinités idéologiques et la loyauté des candidats à l’égard du président.

Un autre conseiller, cette fois pour sélectionner le personnel du renseignement, est Shaun Maguire, un physicien de Caltech devenu milliardaire en tant qu’associé de Sequoia, l’un des principaux fonds d’investissement de la Silicon Valley et (ça va sans dire) ami d’Elon Musk, avec qui il partage le culte, si à la mode dans la Valley, du génie indiscipliné et inadapté, peut-être même un peu misanthrope, mais toujours brillant.

En d’autres termes, de nombreuses décisions destinées à façonner le gouvernement Trump bis sont entre les mains d’une faction idéologique de « méritocrates » extrémistes, pour ne pas dire de théoriciens « darwinistes » du triomphe des meilleurs sur les médiocres. Un autre « conseiller » fixe à Palm Beach, par exemple, est Marc Andreesen, le fondateur milliardaire de Netscape et l’un des principaux idéologues de l’oligarchie néo-réactionnaire, fervent défenseur du libéralisme radical et d’une ingérence minimale de l’État dans les affaires des corporations.

Grâce à son alliance stratégique avec Trump, un partenariat qui n’a vraiment mûri que dans les dernières étapes de la campagne électorale, ce petit groupe d’entrepreneurs radicalisés par le succès des oligopoles de la Silicon Valley, a désormais la possibilité de transporter les philosophies du management (et de l’eugénisme) vers l’appareil d’État. Musk a, par exemple, exprimé à plusieurs reprises l’idée que l’immigration devrait être gérée comme une campagne de sélection d’« un club sportif », tenu de sélectionner les meilleurs joueurs et d’écarter les « losers » tant honnis, pour lui comme pour Trump.


Captain X, par Vasco Gargalo

19/12/2024

GIANFRANCO LACCONE
Les super-riches bousillent l’environnement

Gianfranco Laccone, climateaid.it , 17/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

De nombreuses études suggèrent que les super-riches ont un impact environnemental disproportionné par rapport à la majorité de la population. Cet impact est principalement lié à leur mode de vie, à leurs habitudes de consommation et à leurs investissements. Voici quelques études et rapports pertinents analysant l’impact environnemental disproportionné des super-riches : 1. Oxfam - « Confronting Carbon Inequality » (2020) : les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables d’environ 50 % des émissions mondiales de CO2 entre 1990 et 2015. Les 1 % les plus riches émettent deux fois plus que les 50 % les plus pauvres de la population mondiale. La consommation des super-riches, notamment les jets privés, les yachts et les grandes propriétés, est l’une des principales causes de ce déséquilibre. 2) Stockholm Environment Institute (SEI) - « Carbon Inequality in 2030 » (2021) : si aucune mesure n’est prise, les 1 % les plus riches seront responsables de 16 % des émissions mondiales d’ici à 2030. Les émissions individuelles des super-riches dépassent de loin les niveaux supportables pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. 3. Cambridge Sustainability Commission - « The Case for Limiting the Consumption of the Rich » (2021) : l’étude souligne que la surconsommation de l’élite économique est une cause majeure de la destruction de l’environnement. Elle propose de taxer les produits de luxe et les émissions des super-riches afin de réduire l’impact sur l’environnement. 4) Transport & Environnement - « Private Jets : Can the Super-Rich Supercharge Climate Change » (2021) : Les jets privés émettent entre 5 et 14 fois plus de CO2 par passager qu’un vol commercial et 50 fois plus qu’un train. En 2019, les jets privés ont émis environ 2,1 mégatonnes de CO2 rien qu’en Europe. 5. Agence internationale de l’énergie (AIE) - « The Global Energy Perspective » (2023) : les ménages les plus riches consomment disproportionnellement plus d’énergie que les plus pauvres, en raison de l’utilisation de propriétés multiples, de piscines chauffées, de voitures de luxe et d’autres biens à forte consommation d’énergie. 6. Changement environnemental mondial - « Luxury emissions : The climate impact of the super-rich » (2022) : la consommation de produits de luxe (montres, voitures haut de gamme, yachts, etc.) a une empreinte environnementale beaucoup plus importante que la consommation de base. L’étude suggère la nécessité de politiques qui redistribuent la charge environnementale en réduisant la consommation des riches.

Comment les riches ravagent la planète — Et comment les en empêcher, de Hervé Kempf (scénariste) et Juan Mendez (illustrateur), aux éditions du Seuil, septembre 2024, 128 p., 20 euros

Laissons pour l’instant les réflexions générales sur les questions qui façonneront nos prochaines années : la guerre et l’attitude des autorités à l’égard du changement climatique. Les gouvernements sont dans une phase de grande crise et il semble que la seule réaction dont ils sont capables soit de limiter les actions de leurs citoyens par des restrictions économiques et des lois et moyens plus ou moins coercitifs, puis d’essayer de s’attirer leurs faveurs en leur garantissant - en paroles - la sécurité et des réductions d’impôts.
Examinons de plus près les comportements individuels en matière d’environnement, en les analysant avant tout sur la base des revenus car, dans une société où l’argent détermine les comportements, il est essentiel d’évaluer ce que les gens font en matière d’environnement sur la base des possibilités dont ils disposent.
Je pense qu’il est utile d’ouvrir une fenêtre sur le comportement des personnes qui ont accumulé de grandes richesses et qui vivent immergées (virtuellement) dans la structure centrale de la société planétaire, c’est-à-dire le moteur industriel qui génère des richesses grâce au système financier qui le soutient. Il s’agit d’une minorité distincte par rapport aux huit milliards (et plus) d’habitants qui, grâce à la capacité qu’ils ont de se comporter au-dessus (souvent au-delà) de la loi et du comportement des masses, conditionnent la vie de tout le monde. Nous découvrirons qu’ils conditionnent non seulement les personnes mais aussi l’environnement, c’est-à-dire tous les êtres vivants, animaux et plantes. Commençons par l’analyse réalisée par Oxfam, une organisation qui analyse et compare les inégalités afin de « mettre fin à la pauvreté et à l’injustice », car « un monde plus juste et meilleur est possible », comme l’indiquent les mots inscrits sur leur site web.
Leur dernier rapport (auquel l’hebdomadaire Famiglia Cristiana s’intéresse) stigmatise le comportement des milliardaires, en mesurant la consommation d’un milliardaire typique : les heures de vol, la consommation de super-yachts, de jets et de limousines privées, le chauffage de leurs résidences, le temps et l’argent utilisés pour des activités apparemment communes à celles des autres mortels, comme se rendre au travail, visiter les entreprises dont ils sont responsables, avoir des moments de détente, mais tout cela dans un style multimilliardaire.
Les données sont implacables : par exemple, un milliardaire parmi les 23 plus riches du monde émet dans l’atmosphère, en une seule année, une quantité de CO2 égale à celle qu’un autre être humain, considéré dans des conditions statistiques moyennes, émettrait en 300 ans, rien qu’en calculant le nombre de fois (184 vols) et le nombre d’heures (425) qu’il a passées en avion ! En utilisant le même critère de calcul annuel, les yachts de 18 milliardaires, qui font l’objet d’articles de presse non seulement dans les magazines people, émettent une quantité de dioxyde de carbone égale à celle qu’un citoyen moyen émettrait en 800 ans.
On pourrait penser que, compte tenu de leur mode de vie, nombre d’entre eux pourraient compenser ces dommages par des activités caritatives, des actions respectueuses du climat et la protection de la faune et des forêts. Tout cela arrive, mais ne sert qu’à soulager les consciences. Contrairement à l’opinion de ceux qui prônent la libre initiative au détriment des interventions des États et des organisations internationales (ONU et ses affiliés), l’analyse nous apprend que 40 % des investissements des ultra-riches concernent des industries très polluantes.
Depuis 1990, la quantité d’émissions produites par les choix des milliardaires et leur mode de vie a eu des conséquences dévastatrices pour la planète. Le statut de cette catégorie est exécrable en analysant ce qu’elle a provoqué dans trois domaines différents :

- L’augmentation des inégalités dans le monde, qui aurait entraîné une baisse du PIB mondial de 2,9 billions de dollars depuis 1990, avec le plus grand impact dans les pays qui ont été les moins responsables des émissions de CO2.
- L’augmentation de la faim et de la malnutrition, les émissions de CO2 étant à l’origine de pertes de récoltes et d’une baisse de productivité qui ont privé les populations, en particulier dans les régions pauvres, de leurs moyens de subsistance.
- Les victimes directes de la crise climatique, car la hausse des températures et la chaleur torride sur des périodes prolongées ont fait jusqu’à 78 % du nombre total de victimes, principalement dans les pays moyennement pauvres souffrant de sécheresse chronique.

Si telles sont les données, difficilement contestables, faut-il en conclure que la planète est entre les mains d’une poignée de malfaiteurs? Alors, après les avoir éliminés ou contrôlés, serions-nous en mesure de rétablir de meilleures conditions de vie à l’avenir ? Cette façon de penser peut donner lieu à une série de films à grand spectacle, comme « Star Wars », mais elle nous éloigne de la réalité. Le comportement des super-riches, en effet, est guidé par des règles et des comportements acquis à partir des règles morales et sociales qui guident aujourd’hui nos relations et qui voient une propension particulière se développer au fil du temps chez certains individus.
Il s’agit d’une vision de l’argent comme prolongement de soi et d’une sorte de délire de toute-puissance qui frappe aussi sous d’autres formes, comme l’exercice de la politique en tant que profession. Lorsque les propensions se rejoignent, on assiste alors à l’émergence de personnages qui poursuivent cet objectif jusqu’à la fin de leur cycle de vie, mais qui laissent ensuite les structures et les personnes dont ils avaient la responsabilité dans un état bien pire que celui dans lequel ils les avaient acquises. Je ne cite pas de noms, mais il sont faciles à trouver.
Un essai/enquête écrit par Vance Packard en 1989, intitulé « Les ultra-riches (The Ultra Rich) », nous aide dans notre analyse des super-riches. Déjà à l’époque, en plein hédonisme reaganien, l’auteur - bien connu des défenseurs des consommateurs pour son essai de 1958 « The Hidden Persuaders » - posait le problème de ce qui pourrait se passer si plus d’un tiers de la richesse d’un pays (les USA) était entre les mains d’un pour cent de la population : est-ce moralement et rationnellement justifiable ? Est-ce admissible dans une société véritablement démocratique ?
En analysant les propriétaires de plus de 330 millions de dollars et en interrogeant trente d’entre eux, il a dressé un tableau - à mon sens - étonnant. Leur richesse n’était pas vraiment perceptible psychologiquement pour eux. Leur train de vie était souvent très inférieur à leurs possibilités réelles, mais le besoin d’accumulation en soi persistait chez tous, ce qui constituait la principale satisfaction à côté de la propension générale à contourner l’impôt. La richesse est le support de l’ego, la preuve qu’ils sont toujours en compétition pour l’acquisition du pouvoir et du prestige, souvent avec des systèmes douteux ou malhonnêtes : c’est ce qui ressort des entretiens, même dans les cas où des philanthropes sont impliqués. À la lecture du livre, les événements de nombreuses telenovelas de l’époque (Dallas, Even the Rich Cry) apparaissent comme des contes de fées édulcorés pour enfants. Et je dois ajouter que j’ai eu la même impression lorsque, en 1987, j’ai eu la chance d’assister à la présentation d’un livre à la Trump Tower par l’épouse de Donald Trump à l’époque.
Vance Packard, libéral usaméricain et défenseur du libre marché, proposait alors des solutions drastiques, qui rappellent les événements européens d’aujourd’hui, visant à réduire les concentrations de capital : l’introduction d’un impôt sur la fortune, l’imposition d’un « plafond » sur la richesse individuelle avec l’obligation de dépenser le capital excédentaire dans l’intérêt de la communauté.
Bien sûr, à l’époque, on ne connaissait pas les conséquences environnementales du comportement des super-riches, mais ces conclusions tirées en 1989 devraient nous faire réfléchir sur le chemin parcouru par notre machine sociale et sur le chemin qui reste à parcourir pour unir une vision écologiste à une conscience sociale.

GIDEON LEVY
Sur fond de deuil et de désastre, Israël est devenu aveugle

Gideon Levy, Haaretz,  19/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Des Palestiniens marchent sur une route de terre bordée de décombres de bâtiments détruits dans la ville de Gaza, le 7 octobre 2024. Photo Omar Al-Qattaa/AFP

Un professeur israélien qui vit aux USA depuis des décennies était en Israël cette semaine lors de l’une de ses fréquentes visites. Il enseigne dans une université prestigieuse, est né dans un kibboutz, est le descendant d’une famille de combattants de la guerre de 1948 et d’aristocrates intellectuels, si tant est que cela existe en Israël. Il est toujours profondément enraciné ici, malgré la distance des années, et pas seulement parce qu’une partie de sa famille est ici. Depuis son lieu de résidence USA, il veille à regarder les nouvelles sur l’une des chaînes de télévision israéliennes tous les soirs. Certains de ses amis sont ici, et il fait des recherches et écrit sur Israël, entre autres choses.
Nous sommes tous deux de la même génération et de la même ville, mais jusqu’à il y a quelques jours, nous ne nous étions jamais rencontrés. 

Il y a quelques jours, il est venu chez moi. C’était son dernier jour en Israël, il est parti hier. Avant de nous séparer, il m’a dit que cette fois-ci, il se sentait étouffé. Il voulait vraiment partir. Il ne comprenait pas comment il était encore possible de vivre ici. Dans les contacts qu’il a eus au cours de l’année écoulée avec des directeurs d’université en Israël, il a senti un changement radical en direction d’une corruption morale. La femme de son ami d’enfance, un ancien juge de la Cour suprême, lui a dit cette semaine qu’elle avait du mal à accepter ses opinions. Elle ne lui avait jamais dit cela auparavant. Son mari était l’un des piliers libéraux de la Cour suprême.

Il est convaincu qu’Israël commet un génocide à Gaza - il connaît bien le sujet en raison de sa profession - et il explique pourquoi : Il n’existe pas de définition du nettoyage ethnique dans le droit international, mais il s’agit d’une étape sur la voie du génocide. Lorsqu’une population est expulsée par la force, non pas vers un lieu sûr, mais vers un endroit où l’on continue à la tuer, il s’agit d’un génocide. Il ne fait plus aucun doute qu’Israël procède à un nettoyage ethnique dans le nord de la bande de Gaza. Israël le déclare, et ses actes en sont la preuve évidente. De plus, la destruction systématique par Tsahal de tout le nord de la bande, ne laissant que des ruines sur son passage, témoigne de l’intention de ne pas permettre un retour.

Le visiteur est convaincu que lorsque la Cour internationale de justice devra décider si Israël a commis un génocide, elle se concentrera sur le nord de la bande de Gaza, comme elle l’a fait à l’époque pour Srebrenica. Là, « seulement » quelque 8 000 Bosniaques ont été massacrés, pour la plupart des hommes, alors que la ville avait été déclarée « zone de sécurité ». La Haye et le monde entier ont établi à jamais qu’il s’agissait d’un génocide, et les coupables ont été jugés et condamnés.

Lorsque vous bombardez sans pitié une population déplacée sur son nouveau lieu de résidence, comme le font les Forces de défense israéliennes, il s’agit d’un génocide. Si cela ressemble à un génocide et opère comme un génocide, c’est un génocide. En Israël, il est impossible de dire ça, même aux libéraux. Dans les universités prestigieuses des USA, dont les donateurs sont juifs, il est également difficile de le dire. Les oreilles israéliennes et juives ne sont pas prêtes à l’entendre, et peu importe ce que la réalité démontre.

Mon visiteur a découvert que même ses meilleurs amis, les libéraux israéliens, les intellectuels et les gens de paix et de conscience, ne sont pas prêts à l’accepter. Les divergences d’opinion se sont transformées en hostilité. Cela ne s’était jamais produit auparavant. Il y a toujours eu un camp de soutien ici, même pour les opinions radicales. Il y a eu des manifestations de haine, parfois même de violence, mais de l’autre côté, il y avait un camp plus petit mais tout aussi déterminé. C’est fini.

Le visiteur occasionnel l’a bien senti. Il est peut-être encore possible de trouver quelques radicaux en marge, mais pas de camp radical - dans la situation la plus radicale de l’histoire du pays.

Israël s’est embourbé dans son deuil et son désastre et est devenu totalement aveugle. Personne ne prête attention au désastre bien plus horrible de Gaza. Beaucoup de choses ont déjà été écrites ici sur le rôle méprisable des médias dans la création de cette situation, mais la responsabilité de ce « dégrisement » total repose sur la conscience de chaque Israélien qui aura retrouvé ses esprits. Cela pourrait bien le hanter un jour ou l’autre.

L’invité est parti. Il reviendra sûrement, mais il ne lui reste ici que quelques rares interlocuteurs, qu’in peut compter sur les doigts d’une seule main.


Anne Derenne