11/08/2025

PHOEBE GREENWOOD
Mes années passées à couvrir Gaza m’ont brisée. Pourquoi le monde a-t-il mis autant de temps à s’indigner ?

Entre 2010 et 2013, j’étais sur le terrain pour couvrir les attaques israéliennes contre la Palestine. Peu de gens voulaient voir ça.

Phoebe Greenwood, The Guardian, 10/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Phoebe Greenwood est une écrivaine et journaliste vivant à Londres. Entre 2010 et 2013, elle a été correspondante indépendante à Jérusalem, couvrant le Moyen-Orient pour le Guardian, le Daily Telegraph et le Sunday Times. De 2013 à 2021, elle a été rédactrice et correspondante au Guardian, spécialisée dans les affaires étrangères.

 

Illustration : Aldo Jarillo/The Guardian

Lorsque je me suis installée à Jérusalem en 2010, les correspondants étrangers m’ont donné un conseil déconcertant : « La première année, tu détestes le gouvernement israélien, la deuxième, les dirigeants palestiniens, et la troisième, tu te détestes toi-même. » Il vaut mieux partir avant quatre ans, m’a-t-on dit, pour préserver ma santé mentale. J’ai acquiescé en pensant à quel point ils étaient cyniques. Je ferais mieux qu’eux, me suis-je dit. Je n’ai pas fait mieux.

Je suis restée un peu moins de quatre ans en Israël et en Palestine. Pendant cette période, j’ai réalisé des reportages sur les déplacements forcés et la bureaucratie punitive (l’occupation israélienne s’étend grâce au refus de permis, à la démolition de maisons et à la révocation de cartes d’identité). J’ai écrit sur les assassinats d’enfants, les crimes de guerre et le terrorisme (perpétrés par les deux camps). J’ai essayé d’expliquer du mieux que je pouvais l’annexion de la Cisjordanie et le châtiment collectif infligé à deux millions de personnes à Gaza sans utiliser de termes interdits tels que apartheid ou crime de guerre. J’ai veillé à présenter un éventail équilibré de voix et d’opinions. Mais malgré tout, chaque reportage sur une atrocité commise en Palestine était accueilli par des accusations de partialité très personnelles. Les rédacteurs en chef étaient souvent nerveux, les lecteurs désengagés.

Pourquoi ceux d’entre nous dont le travail consistait à rendre compte des atrocités commises en Palestine ont-ils été si spectaculairement incapables de les empêcher ?

Après deux ans, une triste réalité s’est imposée : les gens ne voulaient pas en entendre parler. Au bout de trois ans, j’ai commencé à renoncer à essayer de les faire écouter et le dégoût de moi-même s’est installé. Le cynisme des journalistes est un moyen utile d’exprimer la peur, le désespoir et l’impuissance que les normes de l’industrie de l’information ne leur permettent pas d’exprimer, mais il a un effet secondaire dangereux : il atténue l’indignation. Sans indignation, des crimes tels que l’apartheid, le nettoyage ethnique et le génocide peuvent se poursuivre sans interruption – et c’est ce qui s’est passé.

Plus de dix ans plus tard, alors que l’anéantissement de Gaza défile sur mes réseaux sociaux, je termine depuis deux ans mon premier roman, Vulture. C’est l’histoire d’une journaliste, Sara Byrne, qui tente de se faire un nom au milieu d’une guerre à Gaza. C’est un personnage destructeur, imprégné de cynisme et de dégoût de soi, qui a émergé, dans toute sa surprenante désagréabilité, alors que j’essayais de résoudre ma propre expérience en tant que journaliste couvrant la Palestine. Il y avait des doutes et des questions lancinants que je ne pouvais pas chasser, comme : pourquoi ceux d’entre nous dont le travail consistait à rendre compte des atrocités commises en Palestine ont-ils été si spectaculairement incapables de les arrêter ?

L’action de Vulture est fictive, mais se déroule dans le cadre temporel réel de la guerre de 2012 à Gaza, que j’ai couverte. Je me trouvais à Gaza lorsque le chef du Hamas, Ahmed al-Jabari, a été assassiné. Je suis arrivée sur les lieux de sa « liquidation » moins d’une heure plus tard, le châssis calciné de sa voiture encore fumant. J’ai remarqué les éclaboussures de sang qui atteignaient le deuxième étage des bâtiments environnants en rédigeant ma première une. Israël avait lancé son opération Pilier de défense.

Les guerres n’ont jamais été une surprise à Gaza. Depuis 2006, date à laquelle les dernières élections générales en Palestine ont ouvert la voie à la prise du pouvoir par le Hamas et à l’imposition du blocus par Israël et l’Égypte, les tirs de roquettes du Hamas et les bombardements de l’armée israélienne se sont succédé régulièrement. Tous les deux ou trois ans, les généraux israéliens déclaraient une opération militaire pour bombarder les infrastructures du Hamas. En privé, les militaires à la retraite appelaient cela « tondre le gazon ».

Lors de la guerre de 2009, qui a fait 1 400 morts parmi les Palestiniens, détruit 11 000 maisons et vu des obus au phosphore blanc tomber sur des marchés et des hôpitaux, Israël n’avait pas autorisé les journalistes étrangers à entrer à Gaza. En 2012, ils l’ont fait. La plupart d’entre nous logions à l’hôtel Al Deira, où nous mangions et dormions les uns à côté des autres, rédigeant et envoyant les mêmes articles. Des employés en uniforme nous apportaient du café et des frites alors que les frappes aériennes menaçaient leurs maisons et leurs familles.


L’hôtel Deira, détruit à Gaza le 22 septembre 2024. Photo : Omar Al-Qattaa/AFP/Getty Images

Chaque jour, nous avons visité des maisons bombardées et j’ai pris des notes :

odeur de gaz de cuisine, cuisine détruite

petits enfants jouant dans les décombres trouvant un scarabée

une femme en pleurs tirant sur un matelas enfoui, hurlant

Nous avons vu un flot continu de morts et de blessés arriver à l’hôpital al-Shifa, amputés, décapités, des enfants couverts de poussière, muets et tremblants après avoir vu leurs parents se faire tuer. Les médecins nous ont parlé de pénurie d’électricité et de médicaments. Je les ai notées :

pas de matériel jetable

fin des anesthésiques, impossibilité d’opérer

beaucoup de femmes et d’enfants amputés, assez propres, les bombes font le travail à notre place

Nous avons assisté aux funérailles de familles entières et parlé à des personnes en deuil qui nous ont demandé : « Vous voyez quelqu’un avec une arme ici ? »

Après 10 jours d’opération israélienne – 167 Palestiniens tués, 1 500 cibles touchées à Gaza, 700 familles déplacées – une trêve a été déclarée. La camaraderie particulière qui se crée avec vos collègues palestiniens sous les frappes aériennes est brusquement rompue lorsqu’ils vous déposent à la frontière israélienne ; vous êtes ravi de retrouver la normalité, mais eux ne le peuvent pas. Vous les reverrez lorsque la prochaine flambée de violence vous ramènera sur place.

Mais lorsque la guerre a éclaté à nouveau en 2014, j’étais déjà chez moi à Londres, rédactrice au service étranger du Guardian : 50 jours de combats, 2 104 Palestiniens tués, 10 000 blessés. Selon nos informations, le public s’est désintéressé de l’actualité. Les combats ont pris fin et j’ai quitté le service étranger pour retourner au reportage. Les gens me regardaient avec méfiance lorsque je parlais à nouveau de la Palestine. Étais-je une fanatique bizarre ? Ou pire, une activiste ? Je n’étais ni l’une ni l’autre, mais en dehors des cercles militants, la « complexité politique » du conflit israélo-palestinien ne laissait guère de place à autre chose qu’à ses escalades les plus violentes ou à ses pires catastrophes humanitaires. Il s’avère que le cynisme est plus agréable que l’indignation.

J’ai donc cessé de parler de ce que je savais se passer là-bas – les humiliations quotidiennes de l’occupation en Cisjordanie, la menace du terrorisme des colons soutenu par une force d’occupation, le traumatisme extraordinaire de la vie quotidienne à Gaza – jusqu’à ce que je m’assoie pour commencer à travailler sur un roman en 2015 et que la Palestine jaillisse. J’ai été immédiatement ramenée à l’hôtel Al Deira, réinventé sous le nom de The Beach. Je me suis retrouvée à raconter cette immense tragédie indigeste à travers des histoires humaines petites, désordonnées, drôles, déchirantes et pleines de colère. C’était un soulagement de pouvoir décrire librement la Gaza que je connaissais.

“Si vous vous souciez de ce qui se passe à Gaza, vous devriez amplifier la voix des Palestiniens”

Hossam Shabat

Le 7 octobre 2023, j’avais quitté le Guardian. J’ai regardé les informations sur l’attaque terroriste du Hamas, dévastée et écœurée, puis saisie d’une peur glaciale à l’idée de ce qui allait suivre à Gaza. Comme tous ceux qui avaient couvert cet endroit pendant un certain temps, j’avais vu se répéter pendant des décennies ce qui allait arriver. Ces questions lancinantes sont devenues urgentes : avais-je fait tout ce que je pouvais pour avertir que ça allait arriver ? Non. Cela faisait-il de moi une complice ? Peut-être.

Israël n’a pas autorisé la presse étrangère à entrer à Gaza pendant cette guerre. Notre compréhension de ce qui s’y passe nous vient des journalistes palestiniens qui la vivent et qui sont tués en nombre extraordinaire (176, soit un taux de mortalité de 10 %) [entretemps, leur nombre est monté à 237, NdT], leurs salles de rédaction détruites avec leurs familles et leurs maisons. Ceux qui restent meurent de faim. Leurs reportages ne sont pas équilibrés, ils sont personnels et indignés.


Des personnes en deuil assistent aux funérailles de membres de la presse tués lors d’une frappe israélienne, à l’hôpital Al-Awda du camp de réfugiés de Nuseirat, à Gaza, le 26 décembre 2024. Photo : Eyad Baba/AFP/Getty Images

Un an avant d’être tué par les forces israéliennes le 24 mars, le journaliste local Hossam Shabat avait déclaré à ses 175 000  followers  sur X: « Le plus gros problème n’est pas que les journalistes occidentaux ne peuvent pas entrer, mais que les médias occidentaux ne respectent pas et ne valorisent pas les journalistes palestiniens... Personne ne connaît Gaza comme nous, et personne ne comprend la complexité de la situation comme nous. Si vous vous souciez de ce qui se passe à Gaza, vous devriez amplifier la voix des Palestiniens».  Son message m’a profondément touchée. Il a clarifié le malaise que je ressentais en tant qu’interlocutrice inutile entre les lecteurs occidentaux et la tragédie de Gaza, soulevant davantage de questions sur mon travail là-bas.

Les journalistes occidentaux qui couvraient la Palestine n’ont pas mis fin aux atrocités parce que nous pensions que ce n’était pas notre travail, nous étions là pour témoigner. Il est essentiel de rester impartial si l’on veut être crédible. Mais n’étions-nous pas également censés demander des comptes aux pouvoirs en place ? Si nous avions condamné avec la conviction et l’indignation qu’elles méritaient les puissances soutenues par les USA et l’Europe dont nous savions qu’elles perpétraient ces atrocités, 60 000 personnes auraient-elles encore été tuées en 21 mois ?

Alors que Vulture arrive dans les librairies usaméricaines, des experts de l’ONU ont confirmé qu’une famine est en cours dans la bande de Gaza. Des personnes affamées sont abattues sur les sites de distribution de nourriture. Les hôpitaux ont été bombardés, des médecins et leurs familles ont été tués. L’électricité a été coupée. Nos collègues palestiniens sont assassinés en nombre effarant et les journalistes occidentaux affirment qu’il ne leur appartient pas de qualifier ces actes de génocide. Pourtant, les écrivains de fiction le font. Par souci d’équilibre, la BBC a décidé de ne pas diffuser son documentaire sur les médecins à Gaza. Jusqu’à cette semaine, où même Donald Trump a été contraint de reconnaître « une véritable famine », un ami travaillant dans le journalisme télévisé m’a confié qu’un nouveau verbe était apparu : « gazaïser » un reportage, c’est-à-dire en réduire l’importance éditoriale.

Enfin, il semble que les mots interdits soient prononcés – génocide, famine, État [de Palestine]– et que nos dirigeants pourraient agir. Mais notre indignation arrive beaucoup trop tard. Pourquoi avons-nous attendu ? Notre silence méfiant a favorisé la tragédie à Gaza. Notre cynisme a permis l’horreur qui marquera toute une génération.


  • Vulture, de Phoebe Greenwood, paraîtra le 12 août 2025 chez Europa Editions.
 

Phoebe Greenwood

Vulture

2025, pp. 288, e-Book
ISBN: 9798889660965
Region: Britain
Paper edition
$ 14.99

Anas Al-Sharif: “I entrust you with Palestine “


This is what our beloved Anas requested to be published upon his martyrdom.

This is my will and my final message. If these words reach you, know that Israel has succeeded in killing me and silencing my voice. First, peace be upon you and Allah’s mercy and blessings.

Allah knows I gave every effort and all my strength to be a support and a voice for my people, ever since I opened my eyes to life in the alleys and streets of the Jabalia refugee camp. My hope was that Allah would extend my life so I could return with my family and loved ones to our original town of occupied Asqalan (Al-Majdal). But Allah’s will came first, and His decree is final. I have lived through pain in all its details, tasted suffering and loss many times, yet I never once hesitated to convey the truth as it is, without distortion or falsification—so that Allah may bear witness against those who stayed silent, those who accepted our killing, those who choked our breath, and whose hearts were unmoved by the scattered remains of our children and women, doing nothing to stop the massacre that our people have faced for more than a year and a half.

I entrust you with Palestine—the jewel in the crown of the Muslim world, the heartbeat of every free person in this world. I entrust you with its people, with its wronged and innocent children who never had the time to dream or live in safety and peace. Their pure bodies were crushed under thousands of tons of Israeli bombs and missiles, torn apart and scattered across the walls.

I urge you not to let chains silence you, nor borders restrain you. Be bridges toward the liberation of the land and its people, until the sun of dignity and freedom rises over our stolen homeland. I entrust you to take care of my family. I entrust you with my beloved daughter Sham, the light of my eyes, whom I never got the chance to watch grow up as I had dreamed.

I entrust you with my dear son Salah, whom I had wished to support and accompany through life until he grew strong enough to carry my burden and continue the mission.

I entrust you with my beloved mother, whose blessed prayers brought me to where I am, whose supplications were my fortress and whose light guided my path. I pray that Allah grants her strength and rewards her on my behalf with the best of rewards.

I also entrust you with my lifelong companion, my beloved wife, Umm Salah (Bayan), from whom the war separated me for many long days and months. Yet she remained faithful to our bond, steadfast as the trunk of an olive tree that does not bend—patient, trusting in Allah, and carrying the responsibility in my absence with all her strength and faith.

I urge you to stand by them, to be their support after Allah Almighty. If I die, I die steadfast upon my principles. I testify before Allah that I am content with His decree, certain of meeting Him, and assured that what is with Allah is better and everlasting.

O Allah, accept me among the martyrs, forgive my past and future sins, and make my blood a light that illuminates the path of freedom for my people and my family. Forgive me if I have fallen short, and pray for me with mercy, for I kept my promise and never changed or betrayed it.

Do not forget Gaza… And do not forget me in your sincere prayers for forgiveness and acceptance.

Anas Jamal Al-Sharif

06.04.2025

أنس آل الشريف :أوصيكم بفلسطين، درةَ تاجِ المسلمين، ونبضَ قلبِ كلِّ حرٍّ في هذا العالم

هذه وصيّتي، ورسالتي الأخيرة

‏إن وصلَتكم كلماتي هذه، فاعلموا أن إسرائيل قد نجحت في قتلي وإسكات صوتي.

‏بداية السلام عليكم ورحمة الله وبركاته

‏يعلم الله أنني بذلت كل ما أملك من جهدٍ وقوة، لأكون سندًا وصوتًا لأبناء شعبي، مذ فتحت عيني على الحياة في أزقّة وحارات مخيّم جباليا للاجئين، وكان أملي أن يمدّ الله في عمري حتى أعود مع أهلي وأحبّتي إلى بلدتنا الأصلية عسقلان المحتلة "المجدل" لكن مشيئة الله كانت أسبق، وحكمه نافذ.

‏عشتُ الألم بكل تفاصيله، وذُقت الوجع والفقد مرارًا، ورغم ذلك لم أتوانَ يومًا عن نقل الحقيقة كما هي، بلا تزوير أو تحريف، عسى أن يكون الله شاهدًا على من سكتوا ومن قبلوا بقتلنا، ومن حاصروا أنفاسنا ولم تُحرّك أشلاء أطفالنا ونسائنا في قلوبهم ساكنًا ولم يُوقِفوا المذبحة التي يتعرّض لها شعبنا منذ أكثر من عام ونصف.

‏أوصيكم بفلسطين، درةَ تاجِ المسلمين، ونبضَ قلبِ كلِّ حرٍّ في هذا العالم.

‏أوصيكم بأهلها، وبأطفالها المظلومين الصغار، الذين لم يُمهلهم العُمرُ ليحلموا ويعيشوا في أمانٍ وسلام،

‏فقد سُحِقَت أجسادهم الطاهرة بآلاف الأطنان من القنابل والصواريخ الإسرائيلية، فتمزّقت، وتبعثرت أشلاؤهم على الجدران.

‏أوصيكم ألّا تُسكتكم القيود، ولا تُقعِدكم الحدود، وكونوا جسورًا نحو تحرير البلاد والعباد، حتى تشرق شمسُ الكرامة والحرية على بلادنا السليبة.

‏أُوصيكم بأهلي خيرًا،

‏أوصيكم بقُرّة عيني، ابنتي الحبيبة شام، التي لم تسعفني الأيّام لأراها تكبر كما كنتُ أحلم.

‏وأوصيكم بابني الغالي صلاح، الذي تمنيت أن أكون له عونًا ورفيق دربٍ حتى يشتدّ عوده، فيحمل عني الهمّ، ويُكمل الرسالة.

‏أوصيكم بوالدتي الحبيبة، التي ببركة دعائها وصلتُ لما وصلت إليه، وكانت دعواتها حصني، ونورها طريقي.

‏أدعو الله أن يُربط على قلبها، ويجزيها عنّي خير الجزاء.

‏وأوصيكم كذلك برفيقة العمر، زوجتي الحبيبة أم صلاح بيان، التي فرّقتنا الحرب لأيامٍ وشهورٍ طويلة، لكنها بقيت على العهد، ثابتة كجذع زيتونة لا ينحني، صابرة محتسبة.

LORENZO TONDO
Anas al-Sharif, destacado corresponsal de Al Jazeera, entre los cinco periodistas asesinados en un ataque aéreo israelí en Gaza

Israel admite el ataque deliberado contra el periodista, conocido por su cobertura en primera línea, en un ataque contra una tienda de campaña situada fuera del hospital al-Shifa

Lorenzo Tondo en Jerusalén, The Guardian, 11-8-2025
Con Reuters y Agence France-Presse
Traducido por Tlaxcala

Las Fuerzas de Defensa de Israel afirman que Anas al-Sharif, que había expresado su miedo a ser asesinado, era el líder de una célula de Hamás. Fotografía: Al Jazeera

Un destacado periodista de Al Jazeera que había sido amenazado anteriormente por Israel ha muerto junto con cuatro compañeros en un ataque aéreo israelí.

Anas al-Sharif, uno de los rostros más reconocibles de Al Jazeera en Gaza, murió mientras se encontraba dentro de una tienda de campaña para periodistas frente al hospital al-Shifa, en la ciudad de Gaza, el domingo por la noche.

Según la cadena con sede en Catar, en el ataque murieron siete personas en total, entre ellas al-Sharif, el corresponsal de Al Jazeera Mohammed Qreiqeh y los operadores de cámara Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal y Moamen Aliwa.

Las Fuerzas de Defensa de Israel admitieron el ataque y afirmaron que el reportero «había sido jefe de una célula terrorista de la organización terrorista Hamás y era responsable de promover ataques con cohetes contra civiles israelíes y las Fuerzas de Defensa de Israel».

Afirmaron que tenían información de inteligencia y documentos encontrados en Gaza como prueba, pero los defensores de los derechos humanos dijeron que había sido blanco de un ataque por sus reportajes en primera línea de la guerra de Gaza y que la afirmación de Israel carecía de pruebas.


La tienda de campaña frente al hospital Al-Shifa, donde Anas al-Sharif y otras seis personas murieron en un ataque israelí. Israel admitió el ataque, alegando que era un militante de Hamás, una afirmación que la ONU ha calificado de infundada. Fotografía: Ebrahim Hajjaj/Reuters

Al Sharif fue calificado como «uno de los periodistas más valientes de Gaza» y Al Jazeera afirmó que el ataque era «un intento desesperado de silenciar las voces en previsión de la ocupación de Gaza».

El mes pasado, el portavoz del ejército israelí, Avichai Adraee, compartió un video de al-Sharif en X y lo acusó de ser miembro del ala militar de Hamás. En ese momento, la relatora especial de la ONU sobre la libertad de expresión, Irene Khan, lo calificó de «afirmación sin fundamento» y de «ataque flagrante contra los periodistas».

En julio, al-Sharif declaró al Comité para la Protección de los Periodistas (CPJ) que vivía con la «sensación de que podía ser bombardeado y martirizado en cualquier momento».

Tras el ataque, el CPJ se declaró «consternado» al conocer la muerte de los periodistas.

«La costumbre de Israel de tildar a los periodistas de militantes sin aportar pruebas creíbles plantea serias dudas sobre sus intenciones y su respeto por la libertad de prensa», declaró la directora regional del CPJ, Sara Qudah.

«Los periodistas son civiles y nunca deben ser blanco de ataques. Los responsables de estos asesinatos deben rendir cuentas».

El Sindicato de Periodistas Palestinos condenó lo que calificó de «crimen sangriento» de asesinato.

En enero de este año, tras un alto el fuego entre Hamás e Israel, al-Sharif llamó la atención de todo el mundo cuando, durante una transmisión en vivo, se quitó el chaleco antibalas mientras estaba rodeado por decenas de residentes de Gaza que celebraban el cese temporal de las hostilidades.

Pocos minutos antes de su muerte, al-Sharif publicó en X: «Última hora: Un bombardeo israelí intenso y concentrado con “cinturones de fuego” está golpeando las zonas este y sur de la ciudad de Gaza».

En un último mensaje, que según Al Jazeera había sido escrito el 6 de abril y que fue publicado en la cuenta de X de al-Sharif tras su muerte, el reportero decía que había «vivido el dolor en todos sus detalles, probado el sufrimiento y la pérdida muchas veces, pero nunca dudé en transmitir la verdad tal y como es, sin distorsiones ni falsificaciones».

«Alá será testigo contra aquellos que permanecieron en silencio, aquellos que aceptaron nuestro asesinato, aquellos que nos ahogaron y cuyos corazones no se conmovieron ante los restos esparcidos de nuestros niños y mujeres, sin hacer nada para detener la masacre a la que se ha enfrentado nuestro pueblo durante más de un año y medio», continuó.

El joven de 28 años deja atrás a su esposa y dos hijos pequeños. Su padre murió en un ataque israelí contra la casa familiar en el campo de refugiados de Yabalia, en la ciudad de Gaza, en diciembre de 2023. En ese momento, al-Sharif dijo que seguiría informando y se negó a abandonar el norte de Gaza.

Otro periodista de Al Jazeera en Gaza, Hani Mahmoud, dijo: «Esta es quizás la noticia más dura que he dado en los últimos 22 meses. No estoy lejos del hospital Al-Shifa, a solo una manzana, y pude oír la enorme explosión que tuvo lugar hace aproximadamente media hora, cerca del hospital Al-Shifa.

«Pude verlo cuando iluminó el cielo y, en cuestión de segundos, corrió la noticia de que se trataba del campamento de periodistas situado en la entrada principal del hospital Al-Shifa».

Al-Sharif y sus colegas llevaban informando desde Gaza desde el inicio del conflicto.

«Es importante destacar que este ataque se produce solo una semana después de que un oficial militar israelí acusara directamente a Anas y lanzara una campaña de incitación contra Al Jazeera y los corresponsales sobre el terreno por su trabajo, por su implacable cobertura de la hambruna, la inanición y la desnutrición», añadió Mahmoud.

Israel ha asesinado a varios periodistas de Al Jazeera y a miembros de sus familias, entre ellos Hossam Shabat, asesinado en marzo, e Ismail al-Ghoul y su camarógrafo Rami al-Rifi, asesinados en agosto.

La esposa, el hijo, la hija y el nieto del corresponsal jefe Wael al Dahdouh fueron asesinados en octubre de 2023 y él mismo resultó herido en un ataque semanas después en el que murió el camarógrafo de Al Jazeera Samer Abu Daqqa.

Israel, que no permite la entrada de periodistas extranjeros en Gaza y que ha atacado a reporteros locales, ha matado a 237 periodistas desde que comenzó la guerra el 7 de octubre de 2023, según la oficina de prensa del Gobierno de Gaza. El Comité para la Protección de los Periodistas afirmó que al menos 186 periodistas han sido asesinados en el conflicto de Gaza. Israel niega haber atacado deliberadamente a periodistas.







LORENZO TONDO
Anas al-Sharif, éminent correspondant d’Al Jazeera, parmi les cinq journalistes tués dans une frappe aérienne israélienne sur Gaza

Israël reconnaît avoir délibérément attaqué le journaliste, connu pour ses reportages sur le front, lors d’une frappe sur une tente à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa

Lorenzo Tondo à Jérusalem, The Guardian, 11/8/2025
Avec Reuters et l’Agence France-Presse
Traduit par Tlaxcala


L’armée israélienne affirme qu’Anas al-Sharif, qui avait fait part de ses craintes d’être tué, était le chef d’une cellule du Hamas. Photo : Al Jazeera

Un éminent journaliste d’Al Jazeera qui avait déjà été menacé par Israël a été tué avec quatre de ses collègues lors d’une frappe aérienne israélienne.

Anas al-Sharif, l’un des visages les plus connus d’Al Jazeera à Gaza, a été tué dimanche soir alors qu’il se trouvait dans une tente réservée aux journalistes à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa, dans la ville de Gaza.

Au total, sept personnes ont été tuées dans l’attaque, dont al-Sharif, le correspondant d'Al Jazeera Mohammed Qreiqeh et les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa, selon la chaîne de télévision basée au Qatar.

Les Forces de défense israéliennes ont reconnu avoir mené cette frappe, affirmant que le journaliste « était à la tête d’une cellule terroriste de l’organisation terroriste Hamas et était responsable de la poursuite des attaques à la roquette contre des civils israéliens et les forces de défense israéliennes ».

Elle a affirmé disposer de renseignements et de documents trouvés à Gaza comme preuves, mais les défenseurs des droits humains ont déclaré qu’il avait été pris pour cible en raison de ses reportages sur la guerre à Gaza et que les affirmations d’Israël manquaient de preuves.


La tente devant l’hôpital al-Shifa où Anas al-Sharif et six autres personnes ont été tués par une frappe israélienne. Israël a reconnu avoir mené cette frappe, affirmant qu’il s’agissait d’un militant du Hamas, une affirmation que l’ONU a qualifiée de non fondée. Photo : Ebrahim Hajjaj/Reuters

Qualifiant al-Sharif de « l’un des journalistes les plus courageux de Gaza », Al Jazeera a déclaré que cette attaque était « une tentative désespérée de faire taire les voix en prévision de l’occupation de Gaza ».

Le mois dernier, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichai Adraee, a partagé une vidéo d’al-Sharif sur X et l’a accusé d’être membre de la branche militaire du Hamas. À l’époque, la rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d’expression, Irene Khan, avait qualifié cette accusation d’« infondée » et d’« attaque flagrante contre les journalistes ».

En juillet, al-Sharif avait déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qu’il vivait avec « le sentiment qu’il pouvait être bombardé et martyrisé à tout moment ».

Après l’attaque, le CPJ s’est dit « consterné » d’apprendre la mort des journalistes.

« La pratique israélienne consistant à qualifier les journalistes de militants sans fournir de preuves crédibles soulève de sérieuses questions quant à ses intentions et son respect de la liberté de la presse », a déclaré Sara Qudah, directrice régionale du CPJ.

« Les journalistes sont des civils et ne doivent jamais être pris pour cible. Les responsables de ces meurtres doivent être traduits en justice. »

Le Syndicat des journalistes palestiniens a condamné ce qu’il a qualifié de « crime sanglant » d’assassinat.

En janvier dernier, après un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, al-Sharif avait attiré l’attention générale lorsqu’il avait retiré son gilet pare-balles pendant une émission en direct, alors qu’il était entouré de dizaines d’habitants de Gaza qui célébraient la trêve temporaire.

Quelques minutes avant sa mort, al-Sharif avait publié sur X : « Dernières nouvelles : des bombardements israéliens intenses et concentrés utilisant des « ceintures de feu » frappent les zones est et sud de la ville de Gaza ».

Dans un dernier message, qui selon Al Jazeera aurait été rédigé le 6 avril et publié sur le compte X d’al-Sharif après sa mort, le journaliste a déclaré qu’il avait « vécu la douleur dans tous ses détails, goûté à la souffrance et à la perte à maintes reprises, mais qu’il n’avait jamais hésité à transmettre la vérité telle qu’elle était, sans déformation ni falsification ».

« Allah sera témoin contre ceux qui sont restés silencieux, ceux qui ont accepté notre massacre, ceux qui ont étouffé notre souffle et dont le cœur est resté insensible devant les restes éparpillés de nos enfants et de nos femmes, sans rien faire pour mettre fin au massacre que notre peuple subit depuis plus d’un an et demi », a-t-il poursuivi.

Âgé de 28 ans, il laisse derrière lui une femme et deux jeunes enfants. Son père a été tué par une frappe israélienne sur la maison familiale dans le camp de réfugiés de Jabalia, à Gaza, en décembre 2023. À l’époque, al-Sharif avait déclaré qu’il continuerait à informer et refusait de quitter le nord de Gaza.

Un autre journaliste d’Al Jazeera à Gaza, Hani Mahmoud, a déclaré : « C’est peut-être la chose la plus difficile que j’ai eu à rapporter au cours des 22 derniers mois. Je ne suis pas loin de l’hôpital al-Shifa, à seulement un pâté de maisons, et j’ai pu entendre l’énorme explosion qui s’est produite il y a environ une demi-heure, près de l’hôpital al-Shifa.

« Je l’ai vu quand ça a illuminé le ciel et, en quelques instants, la nouvelle s’est répandue qu’il s’agissait du camp de journalistes situé à l’entrée principale de l’hôpital al-Shifa ».

Al-Sharif et ses collègues couvraient le conflit depuis le début à Gaza.

« Il est important de souligner que cette attaque survient une semaine seulement après qu’un responsable militaire israélien a directement accusé Anas et mené une campagne d’incitation à la haine contre Al Jazeera et ses correspondants sur le terrain en raison de leur travail, de leur couverture sans relâche de la famine, de la malnutrition et de la famine », a ajouté Mahmoud.

Israël a tué plusieurs journalistes d’Al Jazeera et des membres de leur famille, dont Hossam Shabat, tué en mars, et Ismail al-Ghoul et son caméraman Rami al-Rifi, tués en août.

La femme, le fils, la fille et le petit-fils du correspondant en chef Wael al Dahdouh ont été tués en octobre 2023 et lui-même a été blessé lors d’une attaque quelques semaines plus tard qui a coûté la vie au caméraman d’Al Jazeera Samer Abu Daqqa.

Israël, qui interdit l’accès des journalistes étrangers à Gaza et qui a pris pour cible des reporters locaux, a tué 237 journalistes depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza. Le Comité pour la protection des journalistes a déclaré qu’au moins 186 journalistes ont été tués dans le conflit à Gaza. Israël nie avoir délibérément pris pour cible des journalistes.



10/08/2025

“Los verdaderos antisemitas son los que arman a Israel”: reacciones en Israel al embargo alemán sobre las entregas de armas

A continuación se presentan dos artículos extraídos del diario israelí Haaretz sobre la decisión del canciller alemán Merz de suspender las entregas a Israel de armas que podrían utilizarse en Gaza. Traducido por Tlaxcala



Agrietado, por RABE

Cómo el embargo de armas de Berlín a Gaza puede impedir que las empresas israelíes en Alemania vendan armas a Israel

Oded Yaron, Haaretz, 9-8-2025

Durante décadas, Alemania ha sido el segundo país, solo superado por USA, en exportaciones de armas a Israel. Si Israel se enfrenta a otra emergencia que requiera armas, podría quedarse con las manos vacías. Pero la formulación de la canciller sobre la prohibición de armas para su uso en Gaza podría dejar a Berlín cierto margen de maniobra.


El canciller alemán Merz, a la izquierda, con el primer ministro Netanyahu el año pasado. Foto  Kobi Gideon/BauBau

La decisión de Alemania del viernes de restringir las exportaciones de armas a Israel podría afectar significativamente a varios de los sistemas de armamento más importantes del ejército israelí, lo que obligaría a Israel y a sus proveedores a buscar soluciones alternativas para la producción en Alemania.

La medida también podría impedir que los fabricantes de armas israelíes que operan en Alemania, incluidas las empresas estatales israelíes, vendan armas a Israel.


Un submarino perteneciente a la Armada israelí

Durante las últimas décadas, Alemania ha sido el segundo país, solo superado por USA, en cuanto a la escala de sus exportaciones de defensa a Israel, debido en gran parte a importantes acuerdos con ThyssenKrupp para la construcción de submarinos y buques lanzamisiles destinados a proteger las plataformas petrolíferas de Israel en alta mar.

Según una respuesta oficial del Ministerio Federal de Economía y Energía de Alemania a una pregunta del Bundestag, desde el inicio de la guerra hasta el 13 de mayo de 2025, Berlín aprobó exportaciones de armas a Israel por un valor total de 481 millones de euros (560,5 millones de dólares).

El Gobierno alemán se negó a proporcionar detalles específicos sobre los tipos de armas y equipos suministrados, limitándose a enumerar categorías generales como armas pequeñas, bombas, misiles, municiones y una amplia gama de sistemas.

La declaración del canciller Friedrich Merz de que Alemania no aprobará las exportaciones de equipo militar que pueda utilizarse en los combates en la Franja de Gaza deja a Berlín cierto margen de maniobra. Por ejemplo, es probable que la decisión no afecte a las exportaciones relacionadas con submarinos o buques, aunque en varias preguntas parlamentarias, los legisladores alemanes han señalado informes según los cuales los buques de superficie participaron en la campaña de Gaza.

Sin embargo, Israel también depende de Alemania en otros ámbitos en los que sería difícil argumentar que los sistemas no guardan relación con los combates en Gaza. Por ejemplo, la empresa alemana MTU, filial de la británica Rolls-Royce, fabrica los motores del tanque Merkava, el vehículo blindado de transporte de tropas Namer y el nuevo vehículo blindado de combate Eitan.

Se trata de componentes críticos para la capacidad operativa de las fuerzas blindadas y de infantería de las FDI. MTU también tiene plantas en el Reino Unido y USA, pero estas instalaciones solo se utilizan para el montaje final y las pruebas de los motores, lo que significa que Alemania sigue siendo un eslabón clave en la cadena de suministro.


Un tanque de las FDI en la frontera de Gaza, en 2024. Foto  Jack Guez/AFP

El carácter global de la cadena de suministro puede que ya proporcione a Israel una solución integrada a las sanciones alemanas. Esto se debe a que Israel compra los motores para el Namer y el Eitan a una empresa usamericana, Rolls-Royce Solutions America Inc., una filial registrada en USA del Grupo Rolls-Royce, lo que significa que la transacción se realiza a través de USA.

La decisión no afectará a los contratos de exportación existentes de Israel con Alemania. El mes pasado, Elbit anunció un acuerdo para suministrar sistemas de autodefensa con misiles guiados por infrarrojos para su instalación en los aviones de transporte A400M de la Fuerza Aérea Alemana. Aun así, si el Gobierno israelí mantiene su actual curso en Gaza, incluso Alemania podría optar por proveedores alternativos en futuras adquisiciones. Además, cualquier decisión de Alemania podría desencadenar un efecto dominó entre otros Estados europeos.

Una amenaza para las exportaciones de las empresas israelíes a Israel

La cooperación internacional entre las empresas de defensa israelíes en el extranjero y Alemania resultó vital en los primeros meses de la guerra. Alemania es un aliado clave para Israel en el desarrollo, la producción y la comercialización de armas avanzadas, algunas de las cuales están destinadas al propio Israel.

Israel Aerospace Industries, Rafael y Elbit tienen filiales en Alemania y colaboran con empresas locales en diversos ámbitos. Esto significa que, si Israel se enfrentara de nuevo a una emergencia y necesitara un envío urgente desde Alemania, como ha ocurrido en el pasado, podría encontrarse con las manos vacías.

Uno de los envíos de armas alemanes más importantes a Israel desde el inicio de la guerra en Gaza fue la entrega de 3000 lanzadores antitanque en 2023. Probablemente se trataba de lanzadores «Matador» (el RGW-90 o el RGW-60, más ligero), conocidos en las FDI como «Mapatz», diseñados para destruir vehículos blindados, búnkeres y militantes refugiados en el interior de edificios.

Los lanzadores son fabricados por la empresa alemana Dynamit Nobel Defence, o DND, adquirida hace 20 años por Rafael, la empresa estatal israelí de defensa. El Matador ha sido ampliamente utilizado por las FDI en años de combate en Gaza y el Líbano.


Sistema de misiles Spike de Rafael. Foto  Rafael Advanced Defense Systems

Rafael también desarrolló la familia de sistemas de misiles guiados «Spike». Para comercializarlos en Europa, la empresa creó Eurospike, una empresa conjunta con dos importantes empresas alemanas: Rheinmetall (40 % de participación) y Diehl Defence (también 40 %). El 20 % restante pertenece a Ercas B.V., una sociedad holding de Rafael registrada en los Países Bajos y que opera desde el Reino Unido.

Según los documentos del registro mercantil alemán, Eurospike se encarga de la comercialización y distribución de los sistemas Spike, especialmente para clientes europeos, y también presta servicios como la gestión de proyectos y la ingeniería básica de sistemas. Los misiles Spike se fabrican en parte en Israel y en parte en las líneas de producción de las empresas alemanas asociadas.


-Señor Netanyahu, aunque me resulte difícil como alemán...
...deberíamos hablar abiertamente de su proceder en Gaza

 

El embargo de armas de Alemania a Israel no es una traición, es un ajuste de cuentas moral

Gideon Levy, Haaretz, 9-8-2025

Armar a Israel ahora, para que pueda llevar a cabo su plan de tomar el control de Gaza y cometer una limpieza étnica y crímenes contra la humanidad en el territorio, es una de las medidas más antisemitas y antiisraelíes que se puedan imaginar. En este sentido, la decisión del Gobierno alemán de detener el suministro de armas a Israel es una valiente demostración de valores morales y también de auténtica amistad hacia Israel.

Alemania ha anunciado que suspende la exportación a Israel de equipo militar que pueda utilizarse en la Franja. La Alemania posterior al Holocausto tenía que tomar esta decisión: si hubiera seguido suministrando armas a un país que está cometiendo un genocidio, habría demostrado que no había aprendido nada de su pasado.

Así como ha quedado claro a lo largo de los años que Alemania no puede pronunciarse en contra de Israel y que el país que perpetró el Holocausto tiene la obligación de garantizar la seguridad del Estado que surgió de sus cenizas, también está claro que Alemania debe luchar contra cualquier genocidio y, desde luego, no colaborar en su comisión, aunque el autor sea su querido Israel.


Manifestantes protestan contra las condiciones en Gaza y exigen que se impongan sanciones contra Israel y contra los envíos de armas frente al Bundestag, en Berlín, Alemania, en junio. Foto  Fabrizio Bensch/ REUTERS

Al imponer un embargo parcial de armas a Israel, Alemania ha demostrado que está a la vanguardia de Europa y que no olvida el Holocausto y sus lecciones. Una Alemania que hubiera seguido suministrando armas a Israel se habría convertido, al igual que todos los actuales proveedores de armas de Israel, en su cómplice en el genocidio. Y eso es algo que Alemania, más que ningún otro país del mundo, no puede hacer.

Todos aquellos que ayudan a Israel a cometer genocidio están declarando, en efecto, que odian al Estado tanto como aquellos que se indignan por sus acciones. Armar a Israel ahora no demuestra ni amistad hacia el Estado ni preocupación por su destino.

Suministrar armas al agresor en una guerra ilegítima que debería haber terminado hace mucho tiempo y cuyos objetivos son ahora inútiles y criminales es ser cómplice de un crimen. Alemania ha dado la vuelta al viejo paradigma: no se puede prestar ayuda al Israel actual, y desde luego no armas.

Cada avión y cada proyectil, cada barco lanzamisiles y cada cañón solo matarán a más personas inocentes. En el momento en que el ataque a Gaza dejó de ser un acto de autodefensa, se volvió insoportable.

A la luz del increíble apoyo de USA y de la asombrosa impotencia de la oposición en Israel, no hay nadie que pueda detener la guerra. Europa puede contribuir a detenerla, aunque no de forma inmediata.

Pero más allá del deseo de detener la guerra, suministrar armas a Israel es un acto de hostilidad hacia él. Ojalá los usamericanos lo entendieran. Alemania tiene el poder de marcar el rumbo: la preocupación por el destino de Israel no incluye armarlo para que lleve a cabo sus planes demenciales en Gaza.


Soldados israelíes operando en Rafah, al sur de Gaza. Foto  Unidad del portavoz de las Fuerzas de Defensa de Israel

En lugar de seguir viendo a todos los manifestantes contra Israel y contra la guerra como antisemitas, una manipulación cínica y eficaz de la propaganda judía e israelí, deberíamos considerar antisemitas a quienes arman a Israel.

Por supuesto que también hay manifestaciones de antisemitismo en los círculos que se oponen a Israel, pero no son lo principal. La mayoría de los manifestantes son personas con conciencia que han estado expuestas a lo que los israelíes no han estado expuestos, y no pueden permanecer en silencio. ¿Qué se puede esperar de los ciudadanos del mundo que ven imágenes de hambre y muerte? ¿Aplaudirán a sus autores o se levantarán contra ellos e incluso los odiarán?

El aprecio y la simpatía por Israel no volverán en un futuro próximo. El mundo no olvidará Gaza tan pronto. El hecho de que Israel niegue sus acciones y no acepte ni la más mínima responsabilidad solo alejará al mundo de él.

Los israelíes en Europa pueden seguir jugando la carta de la víctima con cada dueño de restaurante que los echa, pero así es como se comportan las personas con conciencia que se preocupan. No son antisemitas. Sin duda son mejores que aquellos que empujan a Israel a seguir matando a cientos de bebés desde el aire, la tierra y el mar, y a equiparlo con armas adecuadas para la matanza de estos bebés.


Merz aumenta la presión: suspensión de algunas exportaciones de armas