المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

23/10/2022

JACK KHOURY
Israël est accusé d'avoir exécuté Tamer Al Kilani, un combattant de la Tanière des Lions

Jack Khoury, Haaretz, 23/10/2022
Traduit par Tlaxcala

Le groupe basé à Naplouse a accusé Israël de la mort du militant, Tamer Al Kilani, affirmant qu'un engin explosif avait été fixé sur sa moto.

Le groupe militant palestinien Anir Al Ousoud (La Tanière des Lions)  a imputé à Israël la mort de l'un de ses militants, Tamer Al Kilani, dans une explosion survenue tôt dimanche [à 1h30] dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie.

Israël et l'Autorité palestinienne n'ont pas encore publié de déclarations officielles à la suite de l'incident, mais le groupe militant affirme qu'Israël a tué Al Kilani avec l'aide d'un résident local.

La Tanière des Lions a accusé Israël de la mort d'Al-Kilani, ajoutant qu'un jour de deuil a été déclaré à Naplouse. Selon le groupe, le militant a été tué après qu'un engin explosif a été fixé sur sa moto.

 

Une personne non identifiée peut être vue en train d'amener une moto dans une allée de Naplouse - la même moto qu'Al-Kilani conduisait lorsque l'explosion s'est produite.

Une vidéo montrant l'explosion fatale a été publiée et partagée sur les réseaux sociaux de la Tanière des Lions, dont Telegram [https://t.me/areennabluss]. Dans deux des vidéos, on peut voir une personne non identifiée amener une moto dans une allée de Naplouse, la même moto que celle que conduisait Al Kilani au moment de l'explosion. Selon le groupe, cela prouve que le militant a été assassiné et non tué accidentellement.

Les Palestiniens affirment qu'Al Kilani a été grièvement blessé après l'explosion et est décédé peu après.

Tamer Al Kilani. Il avait 33 ans


Les militants d’Anir Al Ousoud sont actifs dans la région de Naplouse, principalement dans la vieille ville et dans le camp de réfugiés de Balata. Leur objectif déclaré est d'affronter les soldats de l'armée israélienne lorsqu'ils entrent dans la ville ou qu'ils viennent escorter les fidèles du Tombeau de Joseph, à la périphérie de la ville. La plupart sont des hommes jeunes et laïques, âgés de 18 à 24 ans, qui ne fréquentent pas les mosquées et ne sont pas influencés par les personnalités religieuses.

 
Photo de groupe d'Arin Al Ousoud, septembre 2022

Logo de la chaîne Telegram du groupe (qui ne publie ses messages qu'en hébreu)

Les responsables de la sécurité israélienne pensent que le groupe est composé de personnes qui étaient auparavant membres d'autres factions et qu'une série d'événements les a conduits à se rebaptiser Anir Al Ousoud.

L'enterrement de Tamer Al Kilani. Jack Khoury écrit : "Naplouse. Des milliers de personnes aux funérailles de Tamer Al Kilani, le militant de la Tanière des Lions. Chaque événement de ce genre ne fait qu'augmenter la colère et la frustration

Pour le Mouloud, anniversaire de la naissance du Prophète de l’Islam, les Lions ont fait une opération de relations publiques dans la Vieille Ville de Naplouse, distribuant des bonbons

22/10/2022

JOHN KIRIAKOU
Tony Blinken, l’échangiste d'armes

John Kiriakou, Consortium News, 20/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Antony Blinken s’est démené afin de trouver des armes russes pour l'Ukraine. Il a même demandé à Chypre.

 

Le secrétaire d'État usaméricain Antony Blinken lors d'un voyage à l'étranger en mai. (Département d'État, Ron Przysucha)

 

La politique étrangère, c’est compliqué.  Il y a beaucoup d'éléments mobiles et comme ce sont des êtres humains qui élaborent la politique et que des sentiments et des egos sont en jeu, c'est d'autant plus difficile.

Certains responsables politiques ont une vision à long terme, d'autres sont myopes. Ajoutez à cela le problème dont j'ai été témoin d'innombrables fois au cours de ma carrière à la C.I.A. et à la commission sénatoriale des affaires étrangères : l'insistance des diplomates usaméricains, des professionnels du renseignement et des membres du personnel de la Maison Blanche à penser qu'ils sont littéralement les personnes les plus intelligentes du monde et qu'ils savent tout. 

L'ancien président égyptien Gamal Abdel-Nasser a dit un jour :

    « Le génie des Américains, c'est qu'ils ne font jamais de geste stupide clair et net.  Vous faites toujours des actions stupides compliquées, qui font que le reste d'entre nous se demande s'il n'y a pas quelque chose qui nous échappe. »

Il avait raison.  Mais soyez assurés que la plupart du temps, les actions sont tout simplement stupides.

Le voyage sur la “migration” de Blinken 

Le commentaire de Nasser m’est revenu en mémoire il y a deux semaines lorsque le secrétaire d'État Antony Blinken a annoncé qu'il se rendrait en Colombie, au Chili et au Pérou pour discuter des “migrations”.  L'annonce m'a paru étrange car il n'y a pas beaucoup  de Colombiens, Chiliens ou Péruviens en situation irrégulière aux USA.

Aucun de ces pays ne se trouve sur la “ligne de front”  du débat sur l'immigration.  Le voyage de Blinken n'avait aucun sens. 

Ce n'est qu'après le retour de Blinken qu'une obscure publication militaire nous a donné un indice sur l'objet du voyage.  L’ Army Technology Newsletter a rapporté que Blinken avait obtenu la promesse des Colombiens d'aider les troupes ukrainiennes à éliminer les mines terrestres. 

  SERGIO RODRíGUEZ GELFENSTEIN
Algo huele mal en Israel
Las implicaciones del acuerdo sobre la frontera marítima con el Libano

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 20/10/2022
La situación internacional tan compleja y convulsa que vive el planeta en los últimos años, sobre todo desde el inicio de la pandemia en 2020 y la guerra de la OTAN contra Rusia que comenzó en octubre de 2014 pero que este año ha tenido una importante escalada, ha influido poderosamente en casi todos los acontecimientos políticos del planeta.

Muy a su pesar, el Estado sionista no ha podido apartarse de tal dinámica que empieza a influir directamente en el acontecer interno y en la capacidad de decisión del gobierno. Así, la guerra en Ucrania y las sanciones de Estados Unidos y sus apéndices contra Rusia ha significado un golpe a un mercado gasífero mundial sometido a fuertes vaivenes que hacen imposible mantener la estabilidad para los consumidores.

Por esta razón, ante el litigio fronterizo con el Líbano, el ente de ocupación que usurpa el territorio palestino se ha visto obligado a consentir las condiciones que Hezbollah ha establecido para llegar a un acuerdo. Europa ha exigido a Estados Unidos e Israel “bajar la guardia” para aceptar la mayor parte de los puntos de vista de la organización de la resistencia libanesa que aprovechando la coyuntura y las necesidades de gas del Viejo Continente, forzó un trato que no sólo resuelve el asunto vinculado a la explotación y producción del combustible, sino que también reconoce derechos soberanos de el Líbano sobre territorios que le pertenecen y que estaban en cuestión.  

Por otra parte, mientras el acuerdo ha generado unidad nacional en torno a Hezbollah en el Líbano, en Israel ha despertado todo tipo de apreciaciones contradictorias y lucha de tendencias como expresión de una debilidad interna que crece con el tiempo y que se manifiesta en una profunda crisis social, deserción y huida de jóvenes para no cumplir el servicio militar y resquebrajamiento de la unidad tan publicitada en el Estado sionista como instrumento de cohesión para justificar la represión contra el pueblo palestino así como cumplir con su papel de gendarme de la política de Estados Unidos en la región.

Escrito en el contenedor; “Gás-Egipto-Palestina-Libano”, y sobre el gasoducto: “Hacia UE”-Viñetas de Imad Hayyay, Jordania


Todo tipo de declaraciones públicas dan cuenta de esta situación. Cuando los términos del acuerdo aún no eran conocidos el ex jefe de la División de Inteligencia Militar del ejército israelí Amos Yadlin, opinó que aunque “Los criterios para el acuerdo no se han publicado, [existe] la suposición […] de que [el secretario general de Hezbollah, Hasan] Nasrallah obtuvo todo lo que quería, por lo que se siente satisfecho…” y agregó: “Cuando escuché el discurso de Nasrallah, sonó como alguien que conoce el trato y lo presenta al público libanés como un éxito para ellos. Hay puntos muy complicados que aún no conocemos”. Yadlin aseguró que el acuerdo era importante para ambas partes. Según él, para Israel significaba conseguir una “calma” muy necesaria. 

Una apreciación semejante hizo el canal estatal israelí KAN 11. Estimó que “un país que sufre un conflicto y está dividido políticamente como el Líbano, parece más unido que Israel con respecto a todo lo relacionado con la cuestión de la disputa sobre las fronteras marítimas”. Así mismo, valoró que el resultado obtenido significo un éxito para Nasrallah en “la batalla de la conciencia en las negociaciones para demarcar las fronteras marítimas”.

En este contexto, el ex primer ministro israelí Benjamín Netanyahu la emprendió contra el actual premier Yair Lapid , asegurando que éste se había rendido ante las amenazas de Nasrallah porque Hezbollah recibirá “territorio soberano de Israel y un yacimiento de gas valorado en miles de millones de dólares, sin ningún debate parlamentario ni referéndum”. Lapid le respondió diciendo que, a pesar de no haber llegado al acuerdo deseado, eso, “no era razón para unirse a la campaña de propaganda de Nasrallah”.


Viñeta de Mohamed Sabaaneh/Middle East Monitor

Otros criterios apuntan en la misma dirección. El analista político israelí, Rafif Droker, destacó que Israel habría retrasado el acuerdo marítimo con el Líbano durante 200 años si no hubiera sido por el poder militar de Hezbollah. Por su parte el experto en asuntos árabes Zvi Yehezkeli dijo que: “Israel retrocedió debido a las amenazas de Nasrallah” y agregó que el pueblo libanés le agradece porque protegió sus derechos. Coincidiendo con la apreciación general, este especialista cree que el líder de Hezbollah utilizó los problemas políticos locales de Israel y la necesidad internacional de gas, asegurando que Tel Aviv está en una situación tal que “cualquier guerra con Hezbollah sería destructiva para los israelíes”. 
 
Por su parte, la ministra de interior israelí Ayelet Shaked declaró que las amenazas fueron el catalizador para llegar al pacto de demarcación de la frontera marítima. Según ella, fue muy vergonzoso que Nasrallah amenazara a Israel con disparar contra las plataformas israelíes en el campo de gas de Karish que se encuentra en la zona en disputa, si su país comenzaba a extraer el hidrocarburo antes de la firma del convenio. No parece serio proviniendo de una funcionaria de un Estado que ha invadido dos veces a el Líbano y que tiene ocupada a Palestina y parte de Siria en el Golán. Shaked manifestó que tales amenazas al acuerdo fueron “un catalizador para firmar” [ella fue el único miembro del gabinete que no aprobó el acuerdo y arremetió contra Lapid tras anunciar que no sometería el acuerdo a votación en la Knesset, NdE].
 
Se refería a las advertencias de Hezbollah que anunció que no iba a permitir la explotación del gas sino se consideraban los puntos de vista del gobierno del Líbano.  El 3 de julio, tres drones enviados por Hezbollah sobrevolaron las plataformas israelíes en el campo de gas de Karish enviando un poderoso mensaje que advertía a Israel contra cualquier infracción. Unos días después, el 13 de julio, el secretario general de Hezbollah hizo saber a Estados Unidos e Israel que, si se impedía que el Líbano extrajera sus recursos marítimos, tampoco Israel podría hacerlo. Más adelante, el 31 de julio, Hezbollah publicó un vídeo que mostraba las plataformas israelíes, reiterando sus avisos a Israel contra sus intentos de explotar unilateralmente los campos de gas y petróleo. Después de esto, Mawaf Fardy, un analista político citado por el canal de televisión libanés Al -Manar, dijo que Israel se vio obligado a hacer concesiones después de las advertencias de Hezbollah  “lo que confirma que ´Israel` no entiende otro lenguaje que el de la fuerza”.

En una mirada más amplia de la situación, ya el pasado 8 de septiembre , el mayor general Uri Gordin nuevo jefe del comando norte del ejército israelí, alertó en el sentido de que Hezbollah podría disparar hasta 4.000 misiles contra Israel en los primeros días de un potencial conflicto bélico que podría desatarse. Según el alto jefe militar esto significa unas 10 veces más que los utilizados en la guerra de 2006 y aseguró que la organización libanesa podía ir incrementando la cifra a razón de 1.500 a 2.000 diarios.

Intentando matizar la información, Gordin afirmó que el número de misiles de alta precisión de Hezbollah es relativamente pequeño, pero que son suficientes para que instalaciones estratégicas civiles y militares, así como altos líderes del país estén entre los blancos a atacar. Agregando preocupación a su análisis, opinó que Israel no está preparado para interceptar tal cantidad de misiles por los que el número de víctimas podría ser muy alto. Y señaló que las ciudades de Haifa y Tiberíades estarían entre los objetivos de Hezbollah. Ahondando en el conflicto interno generado, el exministro de energía y actual miembro del parlamento, Yuval Steinitz, afirmó que: “Israel cedió un área de agua 17 veces el tamaño de Tel Aviv”. Así mismo, en una entrevista con el periódico de extrema derecha Israel Hayom, cercano a Netanyahu, el ex embajador de Estados Unidos designado por Donald Trump en Israel, David Friedman criticó duramente el pacto afirmando que Hezbollah estaba en una buena posición porque fue el ganador; “… sin ser parte directa de las negociaciones, fue su posición la que trajo a el Líbano el 40% adicional… Este aumento, en comparación con lo que había en el pasado, es producto de la acción de ellos”.

Como se puede observar, la situación creada ha conmocionado a la sociedad israelí. En este sentido Roi Sharon, analista de asuntos militares de KAN 11 consideró que ni los jefes militares ni los analistas de inteligencia israelíes u occidentales “pueden entrar en la cabeza de Nasrallah y lograr analizar lo que planea”. Yendo más allá, el exministro Tzachi Hanegbi, miembro del parlamento por el partido Likud,  de extrema derecha, dijo que “cree más en Nasrallah que en los portavoces israelíes”. 

Esta situación se produce en el mismo momento que todas las organizaciones políticas de Palestina reunidas en Argel, firmaron un compromiso de 9 puntos para avanzar hacia la unidad nacional y poner fin a la división que desde hace quince años mantiene enfrentados a Al Fatah y a Hamás. Entre los puntos, destaca la convocatoria de elecciones en el plazo de un año desde la firma del documento y el reconocimiento de la Organización para la Liberación de Palestina (OLP) como único representante legítimo del pueblo palestino. Este llamado es una convocatoria para que partidos y movimientos como Hamás que gobierna en Gaza y la Yihad Islámica, entre otros que hoy no son miembros, se adhieran a la organización. De esta manera, el más amplio espectro jamás alcanzado de fuerzas políticas palestinas estableció la “firme convicción” de que mantener la situación actual "favorece el 'statu quo' y alimenta el fracaso del proceso de paz en Oriente Medio", además de beneficiar a la ocupación israelí. 
 
Este debilitamiento de Israel que se manifiesta tanto en la unidad palestina como en el acuerdo limítrofe, considerado como la tercera victoria de Hezbollah contra el Estado sionista después del triunfo en las guerras de 2000 y 2006, son expresión de los éxitos de la lucha de la resistencia. En 2000, se logró la retirada de Israel del Líbano, en 2006, el objetivo era recuperar a los combatientes presos en las cárceles del sionismo, lo que también se obtuvo. Ahora se trataba del reconocimiento de los límites marítimos libaneses y la aceptación de su derecho a explotar las riquezas que subyacen en ese territorio, lo cual sin duda debe apreciarse como un nuevo triunfo. Aunque el convenio aún no se ha firmado, la aceptación de las partes que conducirá a la concreción de este se hará en Naciones Unidas [el 26 o 27 de octubre, en la sede de la FINUL en Naqura, een el sur de Líbano, NdE], tras el rechazo del Líbano de firmar bilateralmente un acuerdo con un Estado al que no le reconoce legitimidad .

Para la historia quedará esta batalla diplomática como un triunfo indudable del pueblo libanés y de todas las fuerzas de la resistencia antiimperialista y anti sionista.


MICHELE GIORGIO
Naplouse bouclée, la Cisjordanie pratiquement en état de guerre

Michele Giorgio, il manifesto, 22/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Territoires occupés : loin des projecteurs des médias, l'affrontement entre les forces israéliennes et palestiniennes s'aggrave de jour en jour. Une centaine d'attaques de colons en seulement 10 jours. Et Naplouse est prise en étau par l'armée d'occupation.

Des Palestiniens cherchent à s'abriter des gaz lacrymogènes lors d'affrontements avec des soldats israéliens à l'entrée ouest de la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 20 octobre 2022. - EPA/ALAA BADARNEH

Dans l'indifférence générale, sous les bâillements des commentateurs européens, Italiens en tête, qui considèrent les meurtres, les agressions et les affrontements comme de la “routine”, la Cisjordanie est désormais en état de guerre. Ou plutôt deux guerres. L'une entre les forces militaires israéliennes, engagées dans des raids quotidiens, et les groupes de combat palestiniens, plus organisés que par le passé et déterminés à ne pas les laisser entrer dans les villes et villages (jeudi soir à Jénine, un Palestinien de 19 ans, Salah al Buraiki, a été tué). Et une autre entre des colons israéliens de plus en plus libres d'agir comme bon leur semble et des paysans palestiniens déterminés à se défendre. 

Le quotidien de Tel Aviv Haaretz a rapporté hier que les services de sécurité ont enregistré 100 attaques violentes de nationalistes israéliens au cours des dix derniers jours seulement. En particulier, dans la ville de Hawara, point de passage obligé pour les colons établis dans certains bastions de l'extrémisme religieux de droite (comme Yizhar et Elon Moreh) et pour la population palestinienne autochtone du nord de la Cisjordanie. Le chef d'état-major Aviv Kochavi, souligne Haaretz, ne montre aucun intérêt pour les incidents si les personnes attaquées sont des Palestiniens. Mais lorsque des colons ont attaqué une unité de l'armée, il a décrit l'incident comme « un incident très grave, qui représente un comportement criminel honteux ».

Hier, l'attaque la plus grave a eu lieu contre des habitants de Qafin “coupables” de s'être rendus dans leurs oliveraies près d'une colonie. Une vidéo, diffusée par l'ONG Yesh Din, montre un soldat à Burin apprenant à un colon comment lancer des gaz lacrymogènes sur des Palestiniens, en plein affrontement. Plus tôt dans la semaine, des colons avaient attaqué une septuagénaire juive, Hagar Geffen, parce qu'elle aidait les Palestiniens de Kisan (Bethléem) à récolter les olives. Elle a été hospitalisée avec des côtes fêlées et une blessure à la tête.

GIDEON LEVY
Des taches de sang et le saccage dans cette maison palestinienne disent tout

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 22/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La police israélienne a fait une descente dans le quartier de Beit Hanina à Jérusalem-Est pour arrêter Shadi Khoury. Lorsque le jeune homme de 16 ans a refusé de se déshabiller en leur présence, il a été battu devant ses parents, puis emmené. Personne n'a dit aux parents – qui dirigent tous deux des institutions culturelles locales – pourquoi leur fils a été arrêté

Des taches de sang parsèment le manoir spacieux et élégant. Partout où les policiers ont traîné leur victime, il laissait derrière lui une étroite traînée de gouttes de sang, goutte après goutte, comme pour marquer le chemin de l'arrestation et des passages à tabac. Le garçon criait : les voisins entendaient ses cris et ont été terrifiés.

La mère de Shadi Khoury, Raina. Il a commencé à crier alors qu'il était battu. Sa mère a essayé d'intervenir : “C'est un garçon, donnez-lui deux minutes pour s'habiller”.  ça n’a servi à rien.

Beit Hanina est un quartier aisé et relativement calme, et ce n'est pas tous les jours que des événements violents comme celui-ci s’y produisent. Le jeune impliqué, Shadi Khoury, vit avec ses parents et son frère aîné dans un complexe familial dans une rue qui porte le nom d'un des ancêtres de la famille, Yusuf Khoury, l'ingénieur qui a fondé la rue et ce groupe élégant de maisons sur les pentes septentrionales de Jérusalem.

Tout est taché de sang. Le tapis dans sa chambre, le sol en marbre dans le couloir, les escaliers, la cour, le jardin et la rue, même un billet de papier sur sa table est ensanglanté.

Quand nous sommes arrivés, quelques heures après l'arrestation brutale de Shadi, mardi dernier, le sang n'avait pas encore séché et la famille était bouleversée. Shadi Khoury, 16 ans, élève de 11e année à la Quakers Friends School de Ramallah, a été arrêté brutalement, pieds nus et en pyjama. Lorsque la police lui a ordonné de s'habiller, il a refusé de se déshabiller devant eux et leur a demandé de le laisser momentanément dans sa chambre, dont les fenêtres sont dotés de barreaux. En réponse, les officiers ont commencé à le frapper sauvagement – quatre hooligans en noir, penchés sur un jeune terrifié et le frappant avec leurs poings, sur la tête, le visage, la poitrine. Pendant que ses parents regardaient, épouvantés, incapables de venir au secours de leur fils. Imaginez que c’étaient vos enfants.

Tôt mardi matin, j'ai reçu un appel téléphonique de Lora Khoury, une femme de 91 ans qui lit Haaretz et appelle parfois pour commenter, mais qui cette fois-ci était submergée d'émotion. Le fils de ses voisins – ce sont ses parents – avait été arrêté avant l'aube, et elle a entendu ses cris dans sa maison, une structure luxueuse à quelques maisons des leurs.

« Ils viennent faire une arrestation, alors pourquoi frappent-ils les gens ? Quel genre d'armée et quel genre de police avez-vous créé pour vous-mêmes ? », demanda-t-elle dans son excellent anglais. Quand nous sommes arrivés, cette femme élégante nous attendait à l'entrée de sa maison et elle nous a conduits à la maison de Shadi. Il s'agit d'un complexe attrayant de plusieurs maisons en pierre appartenant à la famille Khoury étendue et à d'autres familles, au milieu de jardins et de sentiers bien entretenus, ombragés de pins et d'oliviers. La richesse et le style sont apparents, mais discrets.

On ne sait pas d'où Shadi a saigné, mais plus tard ce matin-là, après son arrestation, les taches et les gouttes sont restées partout.

Le chemin vers la chambre de Shadi est parsemé de son sang, et la chambre elle-même est dans un état de chaos suite à la violente fouille policière. Tout est dispersé sur le sol dans cette chambre d'adolescent – vêtements, livres, dont des manuels sur le cinéma, l'histoire et la littérature ; les affiches ont été arrachées des murs. Les attaquants ont jeté le ventilateur et le matelas par terre, puis ont sauté sur le cadre en bois du lit jusqu'à ce qu'il se brise, selon les parents qui étaient présents.

21/10/2022

TOURNONS LA PAGE
Tchad : la répression systématique des manifestations contre la prolongation de la période de transition doit immédiatement cesser

Survie, 21/10/2022
Jeudi 20 octobre 2022, à l’appel d’une plateforme regroupant une partie de l’opposition politique et des organisations de la société civile, des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale N’Djaména et de plusieurs villes de provinces dont Moundou pour dénoncer la prolongation de la période de transition. 

Le 10 octobre dernier, à l’issue d’un dialogue dit de « réconciliation nationale » boycotté par une partie de la société civile et de l’opposition, Mahamat Idriss Déby Itno a été investi comme Président de transition pour vingt-quatre mois supplémentaires. Il a aussi obtenu le droit de se présenter en tant que candidat aux prochaines élections présidentielles en contradiction avec la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine du 3 août 2021 [1] et réaffirmée le 19 septembre 2022 fixant au 20 octobre 2022 la fin de la transition et interdisant aux membres du Conseil militaire de transition (CMT) d’être candidat aux élections à la fin de la transition [2].

La manifestation du 20 octobre avait été interdite par les autorités mais de nombreuses mobilisations ont néanmoins été organisées dans les différents quartiers des villes de N’Djamena et Moundou notamment. Ces manifestations ont été immédiatement réprimées par les forces de l’ordre par le jet de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Selon le Premier ministre du gouvernement de transition tchadien, au moins une « cinquantaine » de personnes ont été tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité. Il y aurait aussi « plus de 300 personnes blessées ». Mais le bilan pourrait être bien plus lourd que celui annoncé par les autorités. Les organisations de la société civile continuent à documenter les violences en se rendant dans les différents hôpitaux et centres de santé où se trouvent de très nombreux blessés.

Parmi les victimes, on déplore notamment le décès du jeune journaliste Narcisse Oredje. L’artiste Ray’s Kim, engagé depuis de nombreuses années dans la promotion des droits humains et de la démocratie, serait à l’hôpital en soins intensifs après avoir été touché par balle. Ces deux cas sont emblématiques de la brutalité qui s’est abattue sur tous les citoyens présents dans les rues tchadiennes ce jeudi 20 octobre 2022.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’association et de réunion pacifique, Clément Voule, a rappelé aux autorités tchadiennes que « tout recours à un usage excessif de la force contre les manifestants expose leurs auteurs à des poursuites conformément aux standards internationaux ». Alors que les violations des droits humains perdurent, la France et l’UE ont soutenu la transition et ont maintenu la coopération avec le Tchad, notamment la coopération militaire et policière.

La communauté internationale ne peut se contenter de déplorer ces violences et d’appeler à les faire cesser. Le régime doit être isolé et des sanctions ciblées doivent être mises en place tout en veillant à ce que la population tchadienne ne soit pas la première impactée.

Les organisations signataires de ce communiqué demandent  :

- aux autorités tchadiennes de mettre fin, de façon immédiate, à l’usage délibéré et excessif de la force létale à l’encontre de manifestants ;

- à l’ensemble des acteurs internationaux (États européens, États-Unis, ONU, Union Africaine…) de condamner le recours à la force contre les manifestations pacifiques et d’exiger des enquêtes indépendantes sur ces violations massives des droits humains ;

- à la France et aux Etats-Unis de suspendre toute coopération avec les forces de défense et de sécurité impliquées dans ces violences ;

- à l’ensemble de la Communauté Internationale, et notamment la France et l’UE, d’envisager la mise en place de sanctions ciblées à l’encontre du gouvernement tchadien et des personnes responsables de la répression.

Signataires :

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) ; AfricanDefenders ; Agir ensemble pour les droits humains ; CCFD – Terre solidaire ; Civil Society Human Rights Advocacy Platform of LIBERIA ; CRID ; Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH) ; Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH) ; Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ; Front Citoyen Togo Debout ; Gender Centre for Empowering Development ; Human Rights Defenders Network-SL ; Institute for Democracy & Leadership (IDEAL) Swaziland ; Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) ; Network of the Independent Commission for Human rights CIDH Africa ; Novation Internationale ; Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) ; Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) ; Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH) ; Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH) ; ROTAB Publiez Ce Que Vous Payez ; Secours Caholique - Caritas France (SCCF) ; Survie ; Synergie Togo ; Tournons La Page.

[1] Union Africaine, Communiqué de la 1016eme réunion du CPS, 3 août 2021 : https://bit.ly/3TmJppH

[2] Union Africaine, PSC/PR/COMM.1106 (2022), 19 septembre 2022, Addis-Abéba http://www.peaceau.org/uploads/1106th-comm-fr.pdf


GIDEON LEVY
Des “arsim” avec des armes

Gideon Levy, Haaretz, le 20/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 C'est ainsi que le haut commandement des Forces de défense israéliennes perçoit l'ennemi de l'armée en Cisjordanie : «des  arsim avec des armes ». (« Ars » signifie « proxénète » en arabe, et « voyou » en argot hébreu*.) Dans une série de briefings à huis clos et au moins une interview publique, les dirigeants de l'armée ont décrit la résistance à Jénine et la nouvelle organisation à Naplouse, la « Tanière des Lions», comme des activités d’« arsim ».

La chasse aux arsim près de Naplouse. Photo :  JAAFAR ASHTIYEH - AFP

Du chef d'état-major Aviv Kochavi au chef du commandement central Yehuda Fuchs et jusqu’au bas de l’échelle, ils voient les jeunes hommes armés qui s'opposent aux invasions de l'armée israélienne dans leurs villes et camps de réfugiés comme des arsim. Maintenant, les FDI éliminent les arsim. Six arsim de la Tanière es Lions ont déjà été tués et un a été capturé. Les permis d'entrée en Israël ont été retirés à 164 membres de leurs familles.

Les FDI sont en train d'éradiquer le phénomène des arsim. Une armée de beaux jeunes hommes proprets, les plus moraux de l'univers, face à l'armée des arsim.

C'est dur de savoir ce que veulent dire les officiers supérieurs quand ils parlent d'arsim. Il n'est pas politiquement correct d'appeler un Israélien un ars, mais bien sûr, c'est permis dans le cas d'un Palestinien. Le commandant de la brigade Menashe, le colonel Arik Moyal, a expliqué ce qui s'était passé à Jénine comme suit :

« Des bandes d'arsim qui ont du temps à perdre et jouent aux petits soldats. Ils forment toutes sortes d'unités, de confusion et d'autres absurdités pour leur propre compte … Il y a des arsim qui ont perdu leur sang-froid, et nous devons leur taper sur les doigts maintenant et en finir avec eux », selon l'officier colon de Tapuah, qui est maintenant celui qui a perdu son sang-froid

Mettons de côté ce langage arrogant et méprisable des officiers supérieurs de Tsahal, qui sont des m’as-tu-vu professionnels. Mettons aussi de côté l'humiliation de l'autre. La police des frontières et les policiers dans les unités d'occupation sont de merveilleux exemples de la définition tsahalesque des « arsim armés», certainement pas moins que les jeunes de Naplouse et de Jénine. Le terme « arsim armés » leur convient parfaitement. Ce n'est pas par hasard qu'Israël envoie ses propres « arsim » pour affronter les arsim palestiniens.

Il se peut que la « Tanière des Lions », la nouvelle organisation armée à Naplouse, dont le nom puéril aurait pu être craché par l'ordinateur de Tsahal qui sait donner des noms comme « Formation d’acier » et « Formation de feu » aux divisions de Tsahal, soit composée d'arsim. C'est comme ça quand on grandit dans un camp de réfugiés comme Balata ou Askar, avec un passé de réfugiés, un présent d'occupation et un futur de désespoir : on devient arsim.

Il est difficile de savoir lequel des arsim serait le plus violent s'ils devaient se battre à armes égales, mais dans des conditions d'occupation, les arsim israéliens sont certainement plus violents. Il y a aussi une concurrence sérieuse quand il s'agit de comportement d’arsouille [gredin, voyou, truand], et là je pense que c’est l'ars israélien qui gagne.

Beaucoup de soldats et de policiers dans les territoires ne savent plus comment parler aux Palestiniens, ils savent seulement leur aboyer dessus. Voir la nouvelle description grotesque des « combattants des carrefours/points de passage », voir la police des frontières à Jérusalem-Est ou les soldats de la brigade Kfir, dont le bataillon ultra-orthodoxe Netzah Yehuda, avec de leurs invasions nocturnes de chambres à coucher, de chambres d'enfants.

Il est difficile de penser à un comportement plus « arsimiesque » que cela. Peut-être qu'il est impossible de servir dans les territoires occupés depuis 1967 sans être un ars. Est-ce que le lieutenant-général Kochavi pense vraiment que les soldats qu'il envoie sur les Palestiniens sont moins “arsim” que les lions de la tanière ? De quelle manière exactement ? Plus éduqués ? Plus éthiques ? Plus humains ?

Dégradez dégradez les Palestiniens. Pour ce qui est de la disparité des forces entre la Tanière des Lions et « Netzah Yehuda », qui est le plus fort, le mieux armé, équipé et organisé ? Il y a pas photo. Mais le plus fort n'a aucun avantage éthique dans cette histoire, bien au contraire.

Les arsim de la Tanière prennent des mesures pour protéger leurs maisons, leurs camps et leurs villes, lorsqu'une armée étrangère les envahit. Ils peuvent perdre leur temps et jouer aux petits soldats, selon le diagnostic savant du commandant de brigade Moyal, mais lui et ses soldats n'ont aucun avantage sur eux. « Un soldat noir frappe un soldat blanc », a écrit le dramaturge Hanokh Levin** … « Pleurs dans les chambres et silence dans les jardins ».

NdT

*Le mot arabe ars (jeune berger et par extension, proxénète) a été approprié en hébreu israélien (féminin arsit, pluriel arsim) d’abord pour désigner méliorativement une personne rusée et intelligente. Il a évolué, à partir des années 1970, pour désigner péjopratovement une personne qui est, ou se comporte comme, un petit criminel, qui se vante et prétend être prospère, et, surtout, est apparemment d’origine sépharade (Al Andalous, Maghreb) ou mizrahie (terme fourre-tout englobant tous les juifs originaires du monde arabe, persan, caucasien, berbère, kurde, turc et indien)

**Hanokh Levin (1943-1999) a sans doute été le plus grand dramaturge israélien. Ses deux pièces satiriques Toi, moi et la prochaine guerre (1968) et La Reine de la baignoire (1970), un mix hébreu de Brecht et des Monty Python, mirent à mal l’euphorie suscitée chez les sionistes par la victoire de la Guerre des Six-Jours de 1967.

Une citation de Hanokh Levin, extraite de la pièce Le Patriote :

« Consignes de sécurité dans les territoires occupés

Bienvenue à la résidence du gouverneur militaire de Beit Jarjur.

Instructions de sécurité :

Un homme qui descend la rue en jetant des regards nerveux d'un côté à l'autre et par-dessus son épaule - sera suspecté d'être un terroriste arabe.

Un homme descendant la rue et regardant calmement devant lui - sera suspecté d'être un terroriste arabe à tête froide.

Un homme descendant la rue et regardant le ciel - sera suspecté d'être un terroriste arabe religieux.

Un homme descendant la rue et fixant le sol - sera suspecté d'être un terroriste arabe timide.

Un homme descendant la rue les yeux fermés - sera soupçonné d'être un terroriste arabe somnolent.

Un homme ne descendant pas la rue - sera suspecté d'être un terroriste arabe malade.

Tous les suspects énumérés ci-dessus doivent être arrêtés. En cas de tentative d'évasion, un coup de semonce sera tiré en l'air.

Le corps sera transporté à l'institut médico-légal. »

Sur Hanokh Levin, on peut lire en français Le Théâtre de Hanokh Levin-Ensemble à l'ombre des canons, de Nurit Yaari, Éditions théâtrales, 2008

 

  YANIV KUBOVICH/JACK KHOURY
La Tanière des Lions de Naplouse, un sacré casse-tête pour l’occupant israélien et l’(In)autorité palestinienne

Yaniv Kubovich et Jack Khoury, Haaretz, 12/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La “Tanière des Lions” [عرين الأسد arin al ousoud  גוב האריות gov-ha-ar-ayot, Lion’s Den] est une cellule laïque et inorganisée [une façon de parler, NdT] composée principalement de jeunes hommes palestiniens. En quelques semaines, elle est devenue le principal auteur des tirs contre les soldats israéliens autour de Naplouse
 

Des jeunes de Naplouse attaquent les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne après l'arrestation de Shtayeh en début d'année. Photo : JAAFAR ASHTIYEH - AFP

Au début de 2022, les responsables de la sécurité israélienne ont noté une augmentation du nombre d'incidents de tirs dirigés contre des cibles militaires israéliennes dans la région de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. L'augmentation des incidents a été attribuée, à l'époque, à un groupe appelé les Bataillons de Naplouse, qui avait intensifié son activité dans la vieille ville de Naplouse.

Sur la base des renseignements recueillis, les responsables de la sécurité ont manifesté un intérêt particulier pour plusieurs personnalités éminentes du groupe, et il a été décidé de prendre des mesures à leur encontre. En février, après que l'agence de sécurité Shin Bet eut déterminé que quatre membres du groupe prévoyaient d'attaquer des soldats israéliens prochainement, il a été décidé de procéder à leur assassinat ciblé.

Au cours de la journée du 8 février, les troupes de Yamam, l’unité spéciale ce contre-insurrection [“lutte contre le terrorisme”] de la police aux frontières, sont entrées dans le centre de Naplouse pour coincer la bande. Dans l’échange de tirs qui s’est ensuivi, trois membres du groupe palestinien ont été tués – Ashraf al-Mubaslat, Adham Mabrukeh et Mohammed al-Dakheel – qui étaient connus des autorités de sécurité israéliennes comme membres des Bataillons de Naplouse. Un quatrième homme, Ibrahim al-Nabulsi, qui dirigeait le groupe armé, n'était pas présent ce jour-là.

Six mois plus tard, le 9 août, les forces israéliennes ont tué al-Nabulsi, qui se cachait dans la région de Naplouse. Les Forces de défense israéliennes ont alors annoncé qu'il avait fait partie de la bande terroriste de Mabrukeh, qui n'était « pas affiliée à une organisation terroriste » [sic].

Soldats israéliens près de Naplouse, la semaine dernière. Photo  : Majdi Mohammed/AP

Un mois après la mort d'al-Nabulsi, un Israélien qui roulait en voiture près du village palestinien de Hawara en Cisjordanie a été abattu depuis un véhicule qui a fui les lieux. Un groupe appelé La Tanière des Lions, inconnu des autorités israéliennes, a revendiqué la responsabilité de la fusillade. Depuis lors, le groupe, qui a été responsable d'un grand nombre d'attaques armées dans la région de Naplouse, est devenu un problème majeur pour les forces de sécurité israéliennes et pour les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne.

Les responsables de la sécurité israélienne pensent que le groupe est composé de personnes qui avaient précédemment été membres d'autres groupes et qu'une série d'événements les a amenés à se « rebaptiser » La Tanière des Lions.

Les membres du groupe sont actifs dans la région de Naplouse, principalement dans sa vieille ville et dans le camp de réfugiés de Balata, et leur objectif déclaré est d'affronter les soldats de Tsahal lorsqu'ils entrent dans la ville ou viennent escorter les juifs orthodoxes venant prier au Tombeau de Joseph à la périphérie de la ville. La plupart sont de jeunes hommes laïcs âgés de 18 à 24 ans qui ne fréquentent pas les mosquées et ne sont pas influencés par des personnalités religieuses.

Dans une conversation avec Haaretz, les membres du groupe ont reconnu que leurs opérations étaient centrées sur la réponse aux opérations de l'armée israélienne ou qu'elles étaient lancées au niveau local. « Il n'y a pas de salle d'opération au sens militaire, ni de plans ou d'objectifs officiels », disent-ils. Ils ajoutent qu'ils sont loin d'être une milice organisée et qu'ils ne mènent pas d'opérations telles que celles de la branche militaire du Hamas ou du Jihad islamique dans la bande de Gaza.

Un enregistrement attribué à al-Nabulsi, peu avant sa mort : « Je suis entouré maintenant, j'aime ma mère et je vais mourir comme un martyr. Protégez la patrie, je vous adjure tous de faire le serment de ne pas déposer les armes. »