31/05/2024

NOORIT FELSENTHAL BERGER
Stop ! Maintenant ! Nous, mères de soldats israéliens, exigeons la fin de la guerre inutile à Gaza

Noorit Felsenthal Berger, Haaretz, 26/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Je fais partie d'un mouvement de parents de soldats des FDI (Forces de défense israéliennes) qui ont soutenu la guerre, mais qui s'opposent aujourd'hui à ce qui est devenu un piège mortel inutile pour nos enfants, une guerre menée par un gouvernement extrémiste qui ne veut jamais y mettre fin.


Des mères et des pères israéliens membres de l'organisation Parents de soldats combattants criant “Assez !”) manifestent en faveur d'un accord mettant fin à la guerre d’Israël contre Gaza devant la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel Aviv, vendredi. Photo Noorit Felsenthal Berger

C'est un dimanche matin très tôt. Je raccompagne mon fils cadet à sa base militaire dans le sud d'Israël. Il n'est rentré que depuis deux jours, l'une des seules pauses qu'il ait eues après avoir participé aux combats actifs à Gaza pendant environ six mois - cela en fait maintenant presque huit. Alors que nous roulons, je sais qu'il retournera probablement à Gaza le lendemain.

Je n'arrive pas à croire que je fais cela. Je lutte pour ne pas pleurer, je lui tends un autre sandwich que j'ai préparé pour le voyage. Je me sens comme Abraham après que Dieu lui a dit de sacrifier son fils Isaac.

Tout ce que je veux, c'est faire demi-tour et m'enfuir, m'enfuir. Au lieu de cela, nous discutons de la lutte contre les “forces obscures”, le thème central des livres de Harry Potter que nous aimions lire tous les deux lorsqu'il était jeune.

Une fois arrivés à la base, je prends une photo de mon fils, pour lui porter chance, me dis-je. Nous nous serrons fort dans les bras et je le vois s'éloigner de moi. Je commence à rentrer chez moi, mais je dois m'arrêter sur le bas-côté car je n'arrive plus à voir à travers mes larmes ni à repousser mes pensées angoissantes. C'est insupportable. Je me demande si c'est à cela que ressemble la folie.

Je partage ces mots en tant que mère et membre d'un mouvement de parents de soldats israéliens qui se battent à Gaza depuis près de huit mois. Le message que nous adressons à nos dirigeants, aux décideurs, est simple : “Arrêtez ! Ça suffit !” C'est d'ailleurs le nom que nous nous sommes donné : « Parents de soldats combattants criant : “Assez !” ».


Des soldats israéliens au milieu des décombres dans le nord de la bande de Gaza en novembre.  Photo RONEN ZVULUN/ REUTERS

Nous demandons qu'une solution politique légitime soit trouvée après ces longs mois de guerre et d'effusion de sang. Nous pensons qu'une réponse militaire était inévitable au lendemain de l'horrible attaque du Hamas contre Israël. Mais aujourd'hui, alors qu'aucune solution politique négociée ne se profile à l'horizon, nous constatons que nous ne nous rapprochons pas de la libération des otages et que de plus en plus de soldats sont tués et blessés chaque jour. Et bien que cela ne fasse pas les gros titres en Israël, nous savons également que de nombreux civils palestiniens souffrent et meurent chaque jour.

Nous assistons donc, dans la souffrance, à l'augmentation du nombre de morts, mais sans aucun objectif clairement atteignable. Nous comprenons maintenant la guerre comme une guerre qui se poursuit en raison de la dynamique politique interne israélienne de ce gouvernement. Une guerre qui se poursuit a pour objectif de garantir le pouvoir du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de son gouvernement d'extrême droite. Même notre ministre de la Défense et d'autres experts militaires l'ont dit.

Nous avons adressé au cabinet de la défense une lettre signée par 900 parents de soldats en service actif à Gaza et plus de 2 000 sympathisants. Cette lettre demandait au gouvernement d'assumer la responsabilité de la vie de nos fils et de ceux qui combattent à Gaza, et de ne pas les sacrifier dans un piège mortel en l'absence d'une solution politique légitime. Nous n'avons toujours pas reçu de réponse.

Je suis la mère de trois fils. L'aîné étudie aux USA et lutte contre l'antisémitisme sur le campus. Les deux fils cadets ont combattu à Gaza, l'un dans la réserve et l'autre dans le cadre de son service obligatoire.

Mon fils cadet, âgé de 21 ans, se bat depuis le 7 octobre, en commençant par la bataille du kibboutz Nahal Oz, où il s'est battu contre les attaquants du Hamas et a ensuite été témoin des conséquences des atrocités qu'ils y ont commises. Comme l'a dit un membre du kibboutz, les survivants doivent leur vie à l'unité de mon fils.

De là, lui et son unité ont été envoyés combattre dans le nord de Gaza, puis à Khan Younès et maintenant à Rafah. Mon fils a perdu des amis et des commandants tués au combat.


Des soldats israéliens, des amis et des membres de la famille du sergent Itay Livny pleurent à côté de sa tombe lors de ses funérailles au cimetière militaire de Kiryat Shaul à Tel Aviv, en Israël, au début du mois. Le sergent Livny, âgé de 19 ans, a été tué lors de l'opération terrestre israélienne dans la bande de Gaza. Photo Oded Balilty/AP

Nous sommes une famille patriotique, nos fils ont été élevés dans les valeurs de la responsabilité sociale et de la contribution personnelle. Je n'ai pas de mots pour exprimer le sentiment terrifiant et permanent d'avoir un fils au combat depuis tant de mois.

Nous vivons dans un état permanent de terreur et d'anxiété, sans sommeil et sans, à peine, semble-t-il, respirer. Nous craignons chaque fois que l'on frappe à la porte. Au cours de ces mois, mon fils n'a été à la maison que pour quatre courtes périodes et pour des vacances plus longues pendant la Pâque, avant d'entrer à Rafah. Nous vivons un cauchemar permanent.

En rejoignant ce mouvement et en rencontrant d'autres mères qui vivent la même expérience, je me suis sentie soutenue et j'ai trouvé un moyen d'être proactive, alors que nous nous efforçons de faire la différence, d'avoir une certaine influence.

J'écris ces mots avant tout en tant que mère et citoyenne profondément concernée, mais aussi en tant que psychologue. J'ai soigné des enfants évacués de leur maison à cause de la guerre et des enfants qui ont perdu un parent à cause de la guerre. J'ai été immergée dans le traumatisme et la douleur qu'ils éprouvent. Le traumatisme est une expérience très répandue dans de nombreuses familles israéliennes aujourd'hui.

Le traumatisme nous laisse sans voix, sans parole, vivant dans une existence quotidienne sans fin, en mode de survie, sans aucun sens de l'avenir.


Une membre du groupe israélien “Parents de soldats combattants criant ‘Assez’” lors d'une manifestation devant la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel Aviv vendredi. La pancarte du manifestant indique, en référence aux membres du gouvernement qui n'ont pas servi dans l'armée, : « Vous qui vous êtes défilés du service militaire : Ne prenez pas de décisions sur la vie des soldats combattants ». Photo : Noorit Felsental Berger

Mon doctorat portait sur les expériences quotidiennes des mères de jeunes enfants et sur leurs façons d'exprimer leur voix et leur identité. La guerre a remis en question la signification fondamentale de la maternité, à savoir l'obligation pour une mère de protéger ses enfants.

Lorsque nous avons considéré la guerre comme inévitable au début, nous avons fait de notre mieux en tant que mères pour soutenir nos fils et nos filles qui s'y battaient. Mais aujourd'hui, nous ressentons en tant que mères le sacrifice inutile d'une guerre sans fin. Nous ne pouvons pas rester silencieuses, nous devons donner une voix à nos convictions. Les soldats de Gaza font leur devoir, notre obligation en tant que mères est de donner une voix à leurs préoccupations.

Nous trouvons nos fils brisés par l'épuisement, posant des questions sur le résultat de leur engagement et de leur sacrifice alors qu'ils entrent dans les mêmes lieux encore et encore, et qu'ils voient d'autres compagnons d'armes perdre la vie. Nous nous inquiétons sérieusement de leur santé mentale. Il n'y a jamais eu de guerre aussi longue et intensive dans ce pays, et le fardeau repose sur les épaules d'un même groupe de soldats.

En tant que parents, mères et pères, nous crions : « Stop ! Maintenant ! ». Nous disons à nos dirigeants qu'ils doivent accepter un accord pour la libération des otages tant qu'ils sont en vie (nous ne pourrons pas guérir au niveau personnel ou national tant qu'ils n'auront pas été libérés) et la fin de cette guerre.

En tant que nation, nous devons créer un horizon d'espoir pour nos enfants, pour nous-mêmes. Continuer sur la voie actuelle n'est pas une option. Nous devons arrêter cette voie du désastre avant qu'il ne soit trop tard.

Noorit Felsenthal Berger est psychologue et mère d'un soldat israélien servant à Gaza. Elle est membre de l'organisation Parents of Combat Soldiers Shouting out, “Enough !” (Parents de soldats combattants criant “Assez !”)

 

 

 

 

TUCKER CARLSON
Jeffrey Sachs: The Untold History of the Cold War, CIA Coups Around the World, and COVID’s Origin

Professor Jeffrey Sachs is the President of the UN Sustainable Development Solutions Network and Director of the Center for Sustainable Development at Columbia University. He is the author of many best selling books, including The End of Poverty and The Ages of Globalization.


30/05/2024

JEAN-LUC MÉLENCHON
Francia: el momento de la bandera palestina

Jean-Luc Mélenchon, 29/5/2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

En primer lugar, es una imagen. ¡Un trozo de tela es una cosa tan pequeña! Sébastien Delogu, diputado insumiso por Marsella, está de pie, con su alto cuerpo extendido, sosteniendo la bandera palestina.

 

Es un gesto simbólico, por supuesto. Pero los símbolos siempre conllevan una fuerza singular, global, abarcadora. De repente, el inmenso hemiciclo queda absorbido por completo en estos minúsculos centímetros cuadrados coloreados. Entonces el marco explota. El genocidio grita su angustia. Los rebeldes se ponen en pie, gritan su apoyo a la resistencia. Nada les representa mejor en este momento que este hombre, uno de los suyos, ellos mismos grandes, en estos preciosos minutos. Alma Dufour dijo las palabras en su pregunta al Ministro, Sébastien mostró el camino. Desde los bancos de la derecha hasta el extremo derecho del hemiciclo, estallaron los desplantes de odio. Es el mundo tal como es, Francia tal como es, atrapados por un momento en la dura luz del símbolo que ilumina lo más profundo de cada uno de nosotros.

 

Foto del 10 de octubre 2023 de Yaël Braun-Pivet, presidenta de la Asamblea nacional francesa. Nieta de inmigrantes polacos y alemanes judíos, fue socialista antes de convertirse al macronismo

Y luego está el rostro de la Presidenta de la Asamblea, convulsionado por el odio. Explota de rabia, con los ojos desorbitados, vociferante. Algo está fuera de control en ella. Por supuesto, es indigna de su cargo. A los ojos del mundo, la Presidenta de la Asamblea Nacional francesa, ya vista en uniforme militar en Tel Aviv, sufre un ataque de nervios ante la bandera palestina. Frente a lo que no puede soportar, no puede reaccionar más que en el extremo: golpear al máximo de su fuerza y de su poder, sin freno ni contención. En tres años habrá castigado a más diputados que todos sus predecesores desde el inicio de la V República. Está utilizando de nuevo el látigo.

Está inventando normas para encubrir su violencia. Sólo la bandera francesa tendría cabida en la asamblea, dice. Como si no recordáramos la bandera ucraniana en el hemiciclo del Senado, o a su presidente, el Sr. Larcher, que se jactaba de ello "como signo de solidaridad". Como si toda esa gente no hubiera acudido ya al hemiciclo con pins de Israel. Así que su reacción no fue una reacción normal, conforme al reglamento. Entonces, ¿se trata sólo de odio partidista, a lo Meyer Habib*? No lo creo. Creo que, literalmente, no quiere ver esa bandera. Por lo que significa en ese momento en que es ondeada, sola y desarmada. Esta bandera muestra tantas cosas que son invisibles sin ella. Muestra los rostros del genocidio. Los rostros que vimos en esos vídeos desde la escena del crimen. Y esta Presidenta se convierte una vez más en un ser humano aterrorizado por las consecuencias de sus propios actos. No quiere verlo. Su reacción es como si de repente se hubiera visto en un espejo, sentada sobre una pila de cadáveres, en el barro de los campos de refugiados.

No es la bandera lo que ve. Se vio a sí misma como cómplice de un crimen. Se vio a sí misma en el campo del mal absoluto. Del que seguirá siendo la más cobarde cómplice durante generaciones. Es la indigna Francia que mira hacia otro lado cuando tiene ante sus ojos un genocidio. Por eso ya no puede controlarse, como muestran las imágenes. Porque esto es un genocidio, ¡dice la bandera!

Netanyahu ha bombardeado sesenta veces desde que el Tribunal Internacional de Justicia le pidió que detuviera inmediatamente toda acción militar en Rafah. Bombardeará de nuevo. Una y otra vez. Esto no es un incidente de guerra. Es deliberado. Los asesinatos son necesarios a sus ojos para poder reclamar y colonizar cada metro de tierra. No es un incidente, no es al azar. Un genocidio metódicamente planeado. Y llevado a cabo de tal manera que demuestra que nada ni nadie puede hacer nada contra los autores.

Eso es lo que anunció Meyer Habib cuando, radiante en la Cámara, repitió la lista de crímenes cometidos por su querido amigo Netanyahu, tal y como la enunció el diputado rebelde Léaument: "¡Y aún no ha terminado! ¡Aún no ha terminado! La vergüenza y el deshonor marchan a su lado. Aún no ha terminado. Netanyahu matará y volverá a matar. Ha convertido a su país en el paria de las naciones para millones de seres humanos sin prejuicios. Ha dado a conocer a todos aquellos que tienen el poder de actuar, y que no hacen nada, sus cómplices. Basta con nombrarlos y señalarlos con el dedo, sin hacer nada más, para que los veamos tal como son, con el rostro de la inhumanidad más allá de la frontera del mal.

La señora Presidenta es cómplice de Netanyahu. Bastó que ondeara una bandera para que esto se supiera en todo el país y en toda Europa. Sólo un trozo de tela sostenido a distancia. Se está produciendo un genocidio y ella piensa que ondear la bandera de las víctimas para denunciarlo debe castigarse con la pena más severa. Está en el lado equivocado de la historia.

Con el paso de las semanas, el palestino se ha convertido en el rostro de los oprimidos, sean quienes sean. El despreciado por los poderosos, aquel cuya humanidad se niega hasta el punto de que es aceptable eliminarlo. Con el paso de las semanas y del genocidio, esta bandera, después de la de Nelson Mandela en la época del apartheid, se ha convertido en un mensaje universal de fraternidad humana. Se mantiene contra viento y marea, contra insultos e intimidaciones, contra citaciones, detenciones policiales y prohibiciones.

Aquí está Delogu de pie, y sobre sus hombros todos los que no veríamos si no fuera porque sus grandes brazos sostienen esta bandera en lo alto de la refriega. Como un pájaro fuera de su jaula volando al viento libre. Gracias, Sébastien.

NdT
*Meyer Habib (París, 1961), hijo de tunecinos judíos y amigo personal de Netanyahu, es diputado francés de derecha (los llamados Republicanos) representando los electores franceses de Israel. Sionista rabioso, fue miembro activo del grupo terrorista Betar y se ha hecho un portavoz de la guerra de exterminación lanzada por Israel en octubre de 2023.

JEAN-LUC MÉLENCHON
Le moment du drapeau palestinien

Jean-Luc Mélenchon, 29/5/2024

C’est d’abord une image. C’est si peu de chose qu’un bout d’étoffe ! Sébastien Delogu, député insoumis de Marseille, est debout, sa grande taille déployée, il tient le drapeau palestinien. C’est un geste symbolique, bien sûr. Mais les symboles portent toujours une force singulière, englobante, surplombante. L’immense hémicycle est soudain tout entier absorbé dans ces pauvres centimètres carrés colorés. 


Alors le cadre explose. Le génocide hurle sa détresse. Les insoumis sont debout et crient leur soutien à la résistance. Rien ne les représente mieux à cet instant que cet homme, l’un des leurs, eux-mêmes en grand, dans ces minutes précieuses. Alma Dufour a dit les mots dans sa question au ministre, Sébastien a montré le chemin. Les vociférations haineuses éclatent sur les bancs de droite jusqu’aux confins de l’extrême droite de l’hémicycle. C’est le monde tel qu’il est, la France comme elle est, pris un instant sous la lumière crue du symbole éclairant les profondeurs de chacun.

 

Yaël Braun-Pivet, à l’Assemblée nationale, le 10 octobre 2023

Et puis il y a le visage convulsé de haine de la présidente de l’Assemblée. Elle explose de rage, les yeux exorbités, vociférant. Quelque chose est débondé chez elle. Bien sûr, elle est indigne de sa fonction. Aux yeux du monde, la présidente de l’Assemblée française, déjà vue en treillis militaire à Tel Aviv, se montre en pleine crise de nerfs devant le drapeau palestinien. Devant ce qu’elle ne supporte pas elle ne sait pas réagir autrement qu’à l’extrême : frapper au maximum de ses forces et de son pouvoir, sans retenue ni mesure. Elle aura sanctionné davantage de députés en trois ans que tous ses prédécesseurs depuis le début de la cinquième République. Elle ressort le fouet.

Elle invente des règles pour couvrir sa violence. Seul le drapeau français aurait sa place dans l’assemblée, dit-elle. Comme si on ne se souvenait pas du drapeau ukrainien installé dans l’hémicycle du Sénat, ni de son président, monsieur Larcher, qui s’en vantait « en signe de solidarité ». Comme si tous ces gens n’étaient pas déjà venus dans l’hémicycle avec des pins Israël. Sa réaction n’est donc pas une réaction normale, conforme au règlement. Alors est-ce juste une haine partisane, à la Meyer Habib ? Je ne crois pas. Je crois que, littéralement, elle ne veut pas voir ce drapeau. À cause de ce qu’il signifie à cet instant où il est brandi, seul et désarmé. Ce drapeau montre tant de choses invisibles sans lui. Il donne à voir les visages du génocide. Ceux que l’on a vus dans ces vidéos venues de la scène de crime. Et cette présidente redevient un être humain terrorisé par les conséquences de ses propres actes. Elle ne veut pas le voir. Sa réaction, c’est comme si elle s’était vue soudain dans un miroir, installée sur un tas de cadavres, dans la boue des camps de réfugiés.

Ce n’est pas le drapeau qu’elle voit. C’est elle-même, en complice d’un crime. Elle s’est vue dans le camp du mal absolu. Celui dont, pour les générations à venir, elle restera l’image de la complicité la plus veule. Elle est la France indigne qui regarde ailleurs quand le génocide est sous ses yeux. C’est pourquoi elle ne se contrôle plus, comme le montrent les images. Car c’est bien un génocide, dit le drapeau !

Netanyahu a bombardé soixante fois depuis que la cour de justice internationale lui a demandé d’arrêter immédiatement tout action militaire à Rafah. Il va encore bombarder. Encore et encore. Ce n’est pas un incident de guerre. C’est délibéré. Des meurtres nécessaires à ses yeux pour pouvoir se réapproprier et coloniser chaque mètre de terrain. Ni incident, ni hasard. Un génocide planifié méthodiquement. Et mené de façon à prouver que rien ni personne ne peut rien contre ses auteurs.

C’est ce qu’avait annoncé Meyer Habib, quand il répétait l’air radieux dans l’hémicycle à l’énoncé de la liste des crimes de son ami très cher Netanyahu qu’égrenait le député insoumis Léaument : « Et ce n’est pas fini ! Ce n’est pas fini ! ». La honte et le déshonneur marchent à ses côtés. Ce n’est pas fini. Netanyahu va encore tuer et tuer. Il a fait de son pays le paria des nations pour des millions d’êtres humains sans a priori. Il fait de tous ceux qui ont un pouvoir d’agir, et qui ne font rien, ses complices connus de tous. Il suffit de les nommer et de les montrer du doigt, sans en faire davantage, pour qu’on les voit comme ils sont, avec le visage de l’inhumanité au-delà de la frontière du mal.

Madame la Présidente est la complice de Netanyahu. Il aura suffi d’un drapeau brandi pour que cela se sache d’un bout à l’autre du pays et de l’Europe. Juste un bout d’étoffe tenu à bout de bras. Il se passe un génocide et elle trouve que brandir le drapeau des victimes pour le dénoncer doit être puni par la sanction la plus sévère. Elle est le mauvais côté de l’histoire.

Au fil des semaines, le Palestinien est devenu la figure de l’opprimé quel qu’il soit. Du méprisé par les puissants, de celui dont l’humanité est niée au point qu’on puisse trouver acceptable de l’éliminer. Au fil des semaines et du génocide, ce drapeau, après celui de Nelson Mandela au temps de l’apartheid, est devenu un message universel de fraternité humaine. Maintenue contre vents et marées, contre l’insulte et les brimades, contre les convocations, les gardes à vue et les interdictions.


Voici Delogu debout et sur ses épaules tous ceux qu’on ne verrait pas sans ses grands bras qui tiennent ce drapeau en hauteur au-dessus de la mêlée. Comme un oiseau sorti de cage qui vole au vent libre. Merci Sébastien.
 

Note de Tlaxcala
➤Signez la pétition 
Exclure Yaël Braun Pivet 15 jours de l'assemblée nationale