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13/01/2025

GIDEON LEVY
Libérez tous les otages - israéliens et palestiniens

Gideon Levy, Haaretz  , 12/1/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Photo postée par un ancien soldat des FDI sur Facebook

Il n’y a pas de campagne plus juste que celle visant à libérer les otages israéliens détenus à Gaza. Leur incarcération est criminelle.
Pourtant, cette campagne est teintée d’hypocrisie et d’immoralité. Elle fait la différence entre le sang et le sang, entre un être humain et un être humain.

Il est donc difficile d’adhérer pleinement à cette campagne. On ne peut pas critiquer les familles des otages ; elles se battent pour ce qu’elles ont de plus précieux, comme n’importe qui se battrait pour ses proches. Mais la campagne publique, qui est devenue internationale, ne peut être complète d’un point de vue éthique tant qu’elle se concentre uniquement sur le sort des Israéliens.

Il y a 98 captifs israéliens détenus par le Hamas, et 10 ou peut-être 100 fois plus de captifs palestiniens entre les mains d’Israël. Eux aussi sont des otages, détenus sans procès ni avocat, sans visite de la Croix-Rouge, sans identité connue ni message à leurs familles.
La plupart d’entre eux sont innocents, tout comme les captifs israéliens, et la cruauté dont ils font l’objet en captivité n’a rien à envier à celle du Hamas. Ignorer leur sort équivaut, dans le pire des cas, à pratiquer le double standard.

Dans le discours israélien, il n’est pas fait mention des otages palestiniens. Ils n’ont même pas le droit d’être qualifiés d’otages. Après tout, qu’est le Dr Hussam Abou Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, sinon un otage ? Israël a d’abord tenté de le faire disparaître, comme dans les régimes les plus sombres, comme le Hamas, avant d’admettre qu’il le retenait prisonnier. Le risque pour sa vie dans une prison israélienne est aussi grave que le risque pour la vie de chaque otage israélien détenu par le Hamas. Au moins 68 otages palestiniens sont morts en prison des suites de tortures, de violences ou d’un manque de soins médicaux.

Étant donné que certains otages israéliens sont morts lors d’opérations des FDI, on peut dire qu’Israël a causé la mort d’un plus grand nombre de prisonniers que le Hamas. Tout comme les otages israéliens qui pourrissent et souffrent de manière inimaginable, des centaines de prisonniers palestiniens sont détenus dans les centres de torture israéliens. Leurs familles n’ont pas la moindre information sur leur sort, et personne dans le monde ne se bat pour leur libération.

Le rapport choquant de Jonathan Pollak (lire ici en français) présente les conditions d’incarcération de ceux qui ont survécu. Il est impossible de concevoir des conditions plus cruelles. Peut-on lire ces descriptions effrayantes et attacher un ruban jaune à la portière de la voiture uniquement pour nos propres otages ? Lutter pour leur libération en ignorant les otages en captivité en Israël ?

La campagne d’Israël pour la libération de ses otages ne perdrait pas un iota de son pouvoir moral si elle incluait une demande de libération des otages palestiniens. Donald Trump menace de déclencher l’enfer si les otages israéliens ne sont pas libérés avant son entrée en fonction. Et qu’en est-il des Palestiniens, Mister President ?
Ne subissent-ils pas d’horribles sévices ? Lisez les témoignages fournis par Pollak : « Nous ne sommes pas des êtres humains là-bas, nous sommes de la chair en décomposition », a déclaré Nazar, un otage palestinien libéré. Le régime de famine, la méchanceté des gardiens, la torture et les mauvais traitements ne feraient pas honte au Hamas, et ici ils sont commis par l’État.

Un endroit où les prisonniers tentent d’appeler à l’aide un de leurs amis mourants, en réponse à une série d’abus, est l’endroit le plus chaud de l’enfer. Un endroit où l’on entasse des êtres humains les uns sur les autres, où on les bat sans pitié et où l’on lance des chiens sur eux n’est pas moins infernal que les tunnels du Hamas. Peut-on l’ignorer ? Est-il moral de l’ignorer ? Est-ce sage ?

Le traitement réservé par Israël aux otages qu’il détient ne fait que restreindre son droit d’exiger la libération de ses propres otages. Les membres des familles de nos otages auraient dû être les premiers à s’en rendre compte.

Il est vrai que les otages palestiniens ne font l’objet d’aucune discussion dans le monde - ils n’existent pas dans le système de propagande sophistiqué d’Israël - mais on ne peut accepter cette différenciation éthique. La plupart de ces prisonniers ne sont pas des membres de la Nukhba, et même ces derniers ont des droits. Allô allô, y a-t-il quelqu’un de prêt à entendre ça ?




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