Laura K. Field est écrivaine et théoricienne politique, chercheuse en résidence à l'American University et chargée de recherche au Niskanen Center, une boîte à idées washingtonienne qui se définit comme « modérée », prônant un capitalisme à visage humain et écologique. @lkatfield
Les plans des intellectuels conservateurs pour éroder la démocratie libérale ne font que commencer.
Le jour d'Halloween, la deuxième conférence du National Conservatism, ou NatConII, débutera à Orlando, en Floride. Il est difficile de savoir quoi penser du programme de cette manifestation de trois jours, qui compte quelques noms connus (les sénateurs Josh Hawley et Marco Rubio sont tous deux des orateurs principaux), mais aussi le conspirationniste Jack Posobiec, célèbre pour le Pizzagate. À quelques exceptions près, le soutien à Donald Trump est une constante. Mais les idées animatrices viennent moins de l'ex-président que d'un groupe disparate d'universitaires autrefois obscurs.
La couverture médiatique du phénomène Trump commence et se termine généralement par la base - le mineur de charbon dans le diner du Midwest, ou la foule du rallye MAGA [Make America Great Again]. On ne parle pas beaucoup des professeurs.
Depuis 2016, un ensemble d'intellectuels conservateurs peu connus et de sortes de think tanks ont émergé comme des voix puissantes dans le parti républicain de Trump. L'opposition zélée à l'immigration et à la culture dite woke a alimenté leur ambition politique. Ils ont prêté un vernis de respectabilité bien nécessaire à l'administration Trump. Et maintenant, malgré certaines différences théoriques réelles, le groupe se coalise autour d'un projet politique illibéral - ne se contentant pas d'épouser les préférences politiques conservatrices typiques, mais se dressant contre la démocratie libérale et constitutionnelle au sens traditionnel et non partisan. Certaines des voix intellectuelles les plus éminentes de la droite se regroupent ouvertement autour de l'idée que l'Amérique a besoin d'une transformation politique radicale, s'éloignant du gouvernement par et pour "Nous le Peuple" et allant vers quelque chose de plus descendant et monolithique. Par essence, la NatCon II est l'occasion pour les grands noms de ce mouvement de proposer une version habillée et sublimée du trumpisme.
À première vue, Trump semble être un champion improbable pour un groupe d'intellectuels, et il est vrai que beaucoup le tiennent à distance. Mais certains en sont venus à apprécier l'irrévérence de Trump, ou ce que Charles R. Kesler, du Claremont Institute, a appelé son "courage", pour tenir tête à la gauche. Petit groupe de réflexion conservateur fondé en 1979, le Claremont Institute se positionne en défenseur de la fondation américaine et de la tradition du droit naturel et est devenu un champion intellectuel précoce de Trump. En septembre 2016, l'institut a publié l'essai "Flight 93 Election", qui soutenait, en fait, qu'il était temps pour les conservateurs de mettre leur argent là où se trouvait Monsieur Loyal depuis des décennies. Comme le dit l'auteur, "une présidence d'Hillary Clinton, c'est la roulette russe avec un semi-automatique. Avec Trump, on peut au moins faire tourner le barillet et tenter sa chance". Rush Limbaugh a consacré l'une de ses émissions à la promotion de l'article, et son auteur, Michael Anton, allait plus tard rejoindre le Conseil national de sécurité de Trump. Anton travaille aujourd'hui pour le Hillsdale College, dont le président actuel, Larry P. Arnn, a présidé le rapport de la Commission 1776 du président Trump, qui plaidait pour la promotion d'une "éducation patriotique", préfigurant les attaques républicaines actuelles contre la théorie critique de la race.