Uli Gellermann, RationalGalerie,
24/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
Certes, la politique étrangère et de guerre allemande se fait aux USA, mais les relations publiques pour l'extension de la guerre en Ukraine peuvent être assurées par l'ambassadeur ukrainien Oleksii Makeiev aux Tagesthemen*. Avec un sourire joyeux, il confie à la soumise Caren Miosga : « Je crois que la coalition des chars est en train de se former ». Avant tout le monde, le proconsil ukrainien des USA en Allemagne peut annoncer la poursuite de l'intensification de la guerre.
Le meilleur char de combat au monde
Depuis plusieurs jours déjà, les médias allemands débordent d'enthousiasme à propos du char de combat Leopard. Le journal télévisé sait ce qui le « rend si particulier » : il est rapide, maniable et facile à réparer. La rédaction de la Tagesschau a explosé de fierté : « Ces chars, surtout dans leurs versions les plus modernes, sont supérieurs aux engins russes et peuvent détruire l'adversaire au combat. Le 'Leopard' est considéré par les spécialistes comme le meilleur char de combat au monde toutes générations confondues ».
Dans le mauvais film
L'ancien commandant en chef de l'armée usaméricaine en Europe, Ben Hodges, a clairement indiqué sur la chaîne de radio US NPR que l'Ukraine pourrait ainsi porter un coup au corridor conquis par la Russie du Donbass à la péninsule annexée de Crimée. Pour ce faire, l'Ukraine pourrait former une unité lourdement blindée avec des chars de combat occidentaux, « le fer de lance d'une force qui pourrait percer les lignes russes en direction de Marioupol ». On se serait cru dans un mauvais film, dans la Deutsche Wochenschau** hitlérienne. Et quand on sait que le Leopard porte en lui les gènes techniques d'un développement de Porsche, du « Königstiger » [Tigre royal] développé par Porsche [et Henschel], la dernière arme miraculeuse de la Seconde Guerre mondiale, on ne s'étonne plus de rien.
Une offensive de printemps sanglante
L'ancien général de l'OTAN Hans-Lothar Domröse s'attend à « une offensive de printemps terriblement sanglante ». Personne n'aime parler officiellement de la possible réponse sanglante de l'armée russe. Mais contrairement aux médias et aux politiques allemands ivres de guerre, la population allemande est sceptique : dans le dernier sondage d’opinion DeutschlandTrend pour le magazine matinal de la télévision publique ARD, seule une courte majorité s'est prononcée en faveur de la livraison de chars de combat lourds à l'Ukraine. Si l'on tient compte du fait que cette majorité a été obtenue au prix d'un pilonnage continu depuis des mois par tous les canaux, on sait que les médias n'ont pas encore complètement atteint leur objectif.
Un plan de paix à la Kissinger ?
« Le moment Kissinger pour un plan de paix est-il proche ? » demande la chaîne "ntv en étayant la « position Kissinger » par une citation du chef d'état-major usaméricain Mark Milley - tout de même le militaire le plus haut gradé des USA - , qui avait déjà déclaré avant Noël avec une franchise déconcertante : « La probabilité d'une victoire militaire de l'Ukraine, définie comme l'expulsion des Russes de toute l'Ukraine, y compris de la Crimée qu'ils revendiquent, n'est pas élevée dans un avenir prévisible ».
Combat final manifestement sur le sol allemand
Une majorité de médias et de politiques ne veut pas entendre parler de négociations. Mais alors que la lutte contre la Russie devait jusqu'à présent être menée jusqu'au dernier Ukrainien, des existentialistes comme Anton Hofreiter [président vert de la commission Europe du Bundestag] et Marie-Agnes Strack-Zimmermann [présidente libérale (FDP) de la commission Défense] veulent manifestement mener le combat final sur le sol allemand. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, dit sans ambages où nous allons : « La Russie doit savoir qu'une guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée ». Le bunker antiatomique usaméricain le plus sûr au monde se trouve à Cheyenne Mountain, dans l'État du Colorado. Stoltenberg y a peut-être réservé une place.
NdT
* Tagesthemen est la deuxième émission d'informations de la première chaîne allemande, après l'édition de 20 heures de la Tagesschau (JT).
**Die Deutsche Wochenschau (« revue hebdomadaire allemande ») était une émission d'actualités cinématographiques diffusée de 1940 à 1945 sous le Troisième Reich pour servir la propagande nazie dans le contexte de la mise au pas de la société allemande.
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